Les frÚres Coen font partie de ces cinéastes, comme Tarantino, qui ont rencontré leur public, un public de Fans fidÚles et collectionneurs.
Ils ont un vrai univers, reconnaissable entre tous, avec une vraie personnalité : la « Coen Touch ». Elle se définit par plusieurs critÚres : des personnages ultra-ordinaires, placés dans des situations extra-ordinaires, un humour potache, des décors épurés (déserts, campagnes infinies, grands horizons enneigés), des répliques cinglantes bien placées, un ton totalement décalé.
Leur humour est particulier. Parmi les diffĂ©rentes formes dâhumour, on en compte six, prĂ©cisĂ©ment, chez les FrĂšres Coen, câest une Ă©vidence, il sâagit avant tout dâun humour « de situation », un humour de « dĂ©calage » ou de contraste. Le film « Fargo » est celui qui lâillustre le mieux. Une femme flic, sur une scĂšne de crime, en plein hiver et en pleine nuit, dans un dĂ©cor de neige, enceinte jusquâau cou (Frances McDormand, Ă©pouse de Joel Coen, et Oscar de la Meilleure Actrice en 1997 pour ce rĂŽle). Ou bien la femme qui se prend les pinceaux dans le rideau de douche, et tombe dans lâescalier lors de son kidnapping.
Chaque scĂšne tire sa force de la distorsion entre lâintention simplissime, et le rĂ©sultat totalement en dĂ©calage, prenant des allures de catastrophe planĂ©taire, suite Ă un infinitĂ©simal grain de sable qui a grippĂ© le rouage, dĂ©calant toute la programmation. Le comique est dĂ©clenchĂ© par lâabsurditĂ© effarante des consĂ©quences dĂ©coulant dâun geste banal au possible.
Tout cela mis en scĂšne de maniĂšre magistrale, avec une belle photo, des paysages vides et infinis, qui renforcent bien cette idĂ©e dâabsurde, en ne focalisant lâattention que sur le minuscule fait qui va tout faire dĂ©raper. Et forcĂ©ment des acteurs puissants qui mettent leur talent au service de lâhumour. Pas de scĂ©nario, pas de dĂ©cor, rien qui puisse dĂ©tourner lâattention de la camĂ©ra, et donc du spectateur, de la dualitĂ© cause absurde â consĂ©quence exponentielle. Il y a du gĂ©nie lĂ -dedans.
La patte Coen, câest enfin une Ă©quipe fidĂšle qui ressemble davantage Ă une grande famille de cinĂ©ma. Dâun film Ă lâautre, on reconnaĂźt le « Style Coen » : la musique (Carter Burwel, compositeur sur 14 films), la photo (Roger Deakins, directeur photo sur 11 films), les comĂ©diens, et donc le jeu et la direction dâacteurs, les rĂŽles de tueurs psychopathes dĂ©nuĂ©s de tout sentiment qui tuent comme on lave ses chaussettes⊠Dans une scĂšne de « No Country for Old Men », le Marshal, jouĂ© par Tommy Lee Jones, lit le journal du coin, et tombe sur un article qui raconte un fait divers hallucinant de violence et dâabsurditĂ©, qui prĂȘterait Ă rire : câest lĂ tout le cinĂ©ma des frĂšres Coen. La vie, lâactualitĂ©, les journaux, sont remplis de ces histoires et faits divers Ă la puissance comique, comme une alternative au premier degrĂ© dramatique.
Parce quâil vaut mieux en rire avec les frĂšres Coen, que dâen pleurer.
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