Étiquette : Les Frères Coen

  • Silence Plateau | Fargo (Policier, 1996)

     

     

    Au premier abord, Fargo, des frères Coen, est un film de série B complètement idiot, et ennuyeux au possible. Un vendeur de voiture financièrement aux abois fait appel à deux malfrats de seconde zone pour kidnapper sa femme, et demander une rançon à son riche beau-père. Ça, c’est le premier degré…

     

    Et puis on se dit que si « Fargo » fait probablement partie des cent meilleurs films de tous les temps, c’est sans doute qu’il y a une raison. Alors on se force à persévérer. Et en effet, on prend conscience que ce film est un petit bijou :  un vrai « exercice de style ». Le style Coen… Des personnages on ne peut plus ordinaires, plutôt loosers, sortis du fin fond du Minnesota, un déclencheur (ici, le kidnapping) qui tourne au fiasco, des psychopathes décérébrés, et un paysage d’horizons enneigés qui s’étendent à l’infini.

    Les frères Coen partent d’un fait divers, à la fois horrible et très banal. Grâce à un comique de situation fait de décalage, à la fois dans les personnages (une enquêtrice enceinte jusqu’au cou), comme dans les situations qui dégénèrent (la scène de kidnapping), ou dans les dialogues (dont on se demande « mais qu’est-ce que ça vient faire là ? », au beau milieu d’une scène dramatique), ils arrivent à transformer le pitoyable en jouissif.

    En fin de parcours, on comprend le génie des frères Coen : génie de création, pour l’imagination de chacune des scènes construites comme des sketchs humoristiques, génie des dialogues, dont l’absurdité et le décalage face à la situation nous coupe le souffle, génie du jeu d’acteurs, qui parlent et agissent avec placidité dans une situation pourtant stressante, génie de direction photo avec des plans images époustouflants, génie de la BO enfin, avec une musique efficace de Carter Burwell, fidèle parmi les fidèles.

    Face à tant de bêtise, « aurez-vous le courage d’en rire » ? C’est le message de l’affiche du film, et toute la philosophie du cinéma des frères Coen.

     

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  • Silence Plateau | No Country For Old Men (Drame, 2008)

     

    « No Country For Old Men » : le 12ème film des frères Coen, quatre fois oscarisé, dont meilleur film et meilleur scénario adapté (du roman éponyme de Cormac McCarthy).

    Un très bon scénario (ce qui n’est pas toujours le cas chez les frères Coen) qui de fait, met en valeur le génie et l’art du cinéma des frères Coen. Cette fois on n’a pas juste les acteurs, ou juste l’humour décalé, ou juste le 400ème degré : on a le package pour un super film. Probablement le film le plus abouti des frères Coen.

    Tout y est, réglé, millimétré. Plusieurs scènes sont depuis devenues d’anthologie. Un vrai régal pour les yeux, avec une photo impeccable. Pour le cerveau, avec un scénario qui prend son temps pour faire durer notre plaisir et montrer qu’il ne fait pas semblant. Pour le plaisir de se délecter d’un humour qui ne se voit pas mais qu’on sent bien partout et derrière tout.

    L’avancée dans l’histoire suit celle de Llewelyn Moss vers son destin. Un jour de chasse dans le désert, il tombe sur une fusillade après un échange de drogue qui a mal tourné et s’empare de la mallette d’argent. Pas de musique à effets sonores en fond, pas de couleurs claquantes qui détournent nos yeux du personnage ni de décors grandioses qui feraient diversion. Juste l’histoire, les acteurs (Javier Barden, grandiose), des personnages archi-ordinaires placés dans une situation extra-ordinaire par le pur fait du hasard et enfin, pour pimenter le tout, un psychopathe frigide tout droit sorti de nulle part.

    En fil rouge, comme très souvent chez les frères Coen, un Tommy Lee Jones en shérif qui décrypte pour nous leur cinéma : le macabre des faits divers, le « tout ça pour de l’argent » déjà entendu dans Fargo comme autant de « non-sens ». Avec le sentiment que cette fois, il n’y a plus « le courage d’en rire ».

     

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  • Festival de Cannes 🎬 Clap 14 : Deux jours avant la Palme d’or

     

     

    « Sicario » de Denis Villeneuve est décidément mon favori. Le réalisateur canadien de « Prisoners » (2013), « Incendies » (2010) et « Enemy » (2013) affirme tenir là « son meilleur film ». Après avoir tenu le spectateur en haleine, cloué dans son fauteuil, pendant deux heures, le film a été plébiscité par une standing ovation.

    L’histoire : celle de Kate Macy (Emily Blunt), agent du FBI, en lutte contre les cartels de la drogue à la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis (le mot « Sicario » désigne les tueurs à gage qui travaillent pour les cartels). Le suspense d’un thriller, de la tension, de l’action et une mise en scène réaliste, au plus près du terrain, sont les ingrédients d’un très bon film orchestré par un homme devenu maître en la matière. Il pose la question du rôle des Etats-Unis, étendard du bien en guerre contre le mal. Or on sait que la réalité est plus nuancée et que, parfois, les bonnes intentions n’excusent pas tout. Combattre le mal par le mal et enfreindre les règles ne font pas forcément du combattant un héros.

    Denis Villeneuve, dans une interview à TF1, explique qu’il voit son film « comme un petit film de guerre » et décrit « le fantasme des Etats-Unis » de croire qu’ils peuvent régler les problèmes de cette manière, hors de leur territoire ». Pour l’anecdote, en interactions, on trouve : Xavier Dolan, un compatriote, Josh Brolin, présent aussi dans le film « No Country for Old Men » des frères Coen et Roger Deakins à la photo chez les Coen et chez Villeneuve.

     

     

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  • Festival de Cannes 🎬 Clap 09 : Le gala d’ouverture

     

     

    Hier mercredi 13 mai à 19h00, s’est ouvert le 68ème Festival de Cannes, dans la grande salle de projection Louis Lumière au Palais des Festivals, avec Lambert Wilson en Maître de Cérémonie, 2300 personnes dans la salle et pas moins de cent millions de spectateurs devant leur téléviseur, ordinateur ou smartphone.

    « Cannes est une femme » a-t-il déclamé sur la scène, équipée d’un écran géant et habillée à la Stark, comme une freebox. Après un discours un peu long, mais bien documenté sur les femmes en général et les actrices en particulier, Lambert Wilson rend hommage à « Mademoiselle Deneuve », qui est alors ovationnée par la salle, puis à Emmanuelle Bercot, surprise et gentiment applaudie. Benjamin Millepied, Directeur de la danse à l’Opéra Garnier (et petit ami de Nathalie Portman), présente ensuite une chorégraphie sur la musique du film d’Alfred Hitchcock, « Sueurs Froides » (Vertigo), dont les images défilent sur l’écran géant en toile de fond.

    Après vingt minutes de palabres, on entre enfin dans le vif du sujet et notre attention se réveille avec l’accueil et la présentation du jury. Quelles robes ? Quelle coiffure ? On attend avec impatience de découvrir notre Sophie Marceaunationale, Jake Gyllenhaal et Xavier Dolan, plus jeune membre du jury de toute l’histoire du festival, coqueluche très applaudie du public (et aussi réalisateur de « Mommy »).

    On se régale ensuite d’une rétrospective de la carrière des Frères Coen, avec des extraits jouissifs de leurs films et des scènes cultes comme celle de « The Big Lebowsky », lorsque les deux compères jettent les cendres de leur comparse à la mer. A voir ces images, on se remet en tête tous ces gags, ces personnages incroyables, hauts en couleur, issus de leur imagination, leur mise en scène géniale et on aurait presque envie de se faire une soirée ciné Coen à la maison, pour tous les revoir. A leur arrivée sur la scène, la salle se lève pour une ovation méritée.

    Vient ensuite la présentation en avant-première des films en compétition. Bandes-annonces qui confirment mon pronostic sur les cinq films les plus susceptibles d’être choisis (bandes-annonces disponibles sur le Site officiel du Festival De Cannes) :

    ✓ Dheepan de Jacques Audiard
    ✓ Sicario de Denis Villeneuve
    ✓ Sea of Trees (La Forêt des Songes) de Gus Van Sant
    ✓ Macbeth de Justin Kurzel
    ✓ The Lobster de Yorgos Lanthimos

    Pour conclure, Julianne Moore, absolument magnifique (la plus belle tenue de la soirée : une robe Armani Privé noire et des bijoux verts Bulgari), déclare à 19h40 le 68ème Festival de Cannes ouvert. Lambert Wilson profite de sa présence à Cannes pour lui remettre le Prix d’interprétation féminine gagné en 2014 pour sa performance dans « Maps to the Stars » (Miss Moore était restée bruncher avec son mari à Long Island). Après la cérémonie, on la retrouve avec un immense plaisir sur le plateau de Canal + dans « Le Grand Journal ». Très juste dans « Still Alice », déjantée dans « The Big Lebowsky », inoubliable dans la scène de la pharmacie de « Magnolia », elle se prête avec grâce et intelligence aux questions de l’équipe d’Antoine de Caunes.

    Les retours presse sont assez mauvais ce matin : « Le clap d’ouverture fait flop » titre Le Parisien ce matin, « le plaidoyer de Lambert Wilson pour la femme divise Twitter » peut-on lire encore. D’autres journaux optent pour mettre l’accent sur la couverture de Charlie Hebdo qui caricature Catherine Deneuve sous le titre plusieurs fois repris : « Charlie Hebdo se paye Catherine Deneuve ».

    Mais la plupart des articles concernent bien sûr la montée des marches, les diaporamas des stars et le commentaire de leur tenue. Des paillettes et du glamour pour faire rêver le grand public, loin, bien loin des films et de la compétition.

     

     

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  • Festival de Cannes, J − 03 🎬 Clap 06 : Les frères Coen

     

     

    Les frères Coen font partie de ces cinéastes, comme Tarantino, qui ont rencontré leur public, un public de Fans fidèles et collectionneurs.

    Ils ont un vrai univers, reconnaissable entre tous, avec une vraie personnalité : la « Coen Touch ». Elle se définit par plusieurs critères : des personnages ultra-ordinaires, placés dans des situations extra-ordinaires, un humour potache, des décors épurés (déserts, campagnes infinies, grands horizons enneigés), des répliques cinglantes bien placées, un ton totalement décalé.

    Leur humour est particulier. Parmi les différentes formes d’humour, on en compte six, précisément, chez les Frères Coen, c’est une évidence, il s’agit avant tout d’un humour « de situation », un humour de « décalage » ou de contraste. Le film « Fargo » est celui qui l’illustre le mieux. Une femme flic, sur une scène de crime, en plein hiver et en pleine nuit, dans un décor de neige, enceinte jusqu’au cou (Frances McDormand, épouse de Joel Coen, et Oscar de la Meilleure Actrice en 1997 pour ce rôle). Ou bien la femme qui se prend les pinceaux dans le rideau de douche, et tombe dans l’escalier lors de son kidnapping.

    Chaque scène tire sa force de la distorsion entre l’intention simplissime, et le résultat totalement en décalage, prenant des allures de catastrophe planétaire, suite à un infinitésimal grain de sable qui a grippé le rouage, décalant toute la programmation. Le comique est déclenché par l’absurdité effarante des conséquences découlant d’un geste banal au possible.

    Tout cela mis en scène de manière magistrale, avec une belle photo, des paysages vides et infinis, qui renforcent bien cette idée d’absurde, en ne focalisant l’attention que sur le minuscule fait qui va tout faire déraper. Et forcément des acteurs puissants qui mettent leur talent au service de l’humour. Pas de scénario, pas de décor, rien qui puisse détourner l’attention de la caméra, et donc du spectateur, de la dualité cause absurde – conséquence exponentielle. Il y a du génie là-dedans.

    La patte Coen, c’est enfin une équipe fidèle qui ressemble davantage à une grande famille de cinéma. D’un film à l’autre, on reconnaît le « Style Coen » : la musique (Carter Burwel, compositeur sur 14 films), la photo (Roger Deakins, directeur photo sur 11 films), les comédiens, et donc le jeu et la direction d’acteurs, les rôles de tueurs psychopathes dénués de tout sentiment qui tuent comme on lave ses chaussettes… Dans une scène de « No Country for Old Men », le Marshal, joué par Tommy Lee Jones, lit le journal du coin, et tombe sur un article qui raconte un fait divers hallucinant de violence et d’absurdité, qui prêterait à rire : c’est là tout le cinéma des frères Coen. La vie, l’actualité, les journaux, sont remplis de ces histoires et faits divers à la puissance comique, comme une alternative au premier degré dramatique.

    Parce qu’il vaut mieux en rire avec les frères Coen, que d’en pleurer.

     

     

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  • Festival de Cannes, J − 10 🎬 Clap 02 : Le Jury

     

     

    Force est de constater que l’on a un super jury cette année au Festival de Cannes.

    Dévoilé le 29 avril, il se compose de huit personnes :

    ✓ Trois réalisateurs : Les frères Coen (Palme d’Or en 1991 pour « Barton Fink »), Xavier Dolan (réalisateur de « Mommy », Prix du Jury à Cannes en 2014) et Guillermo del Toro (les trois « Hobbit » et « Pacific Rim » 2013).

    ✓ Quatre acteurs : Jake Gyllenhaal (« Nightcrawler »), Sophie MarceauRossy de Palma (actrice fétiche de Pedro Almodovar), Sienna Miller (« American Sniper »)

    ✓ Une musicienne : Rokia Traore, 41 ans, qui vient du Mali. Elle a déjà sorti trois albums, dont l’un a remporté la Victoire de la Musique en 2008 dans la catégorie « Musique du monde ». Son lien avec le cinéma, c’est sa participation en 2005 à la bande originale du film « Kirikou et les bêtes sauvages » aux cotés de Youssou N’ Dour et Manu Dibango.

    Ce sont Pierre Lescure (69 ans), élu en 2014 Président du Festival, et Thierry Frémaux (54 ans), délégué général du festival depuis 2007, qui invitent une personnalité au poste de Président du Jury. Cette année, c’est la première fois depuis sa création en 1946 qu’un binôme remplit cette fonction. Les frères Coen ont été choisis en hommage aux frères Lumière, et « à tous les frères du cinéma », dont certains qui gagnèrent la Palme d’Or, comme les frères Taviani en 1976 (« Padre, Padrone ») ou les frères Dardenne, en 1998 (« Rosetta ») et 2005 (« L’enfant »).

    Nul doute qu’avec ce jury à la très forte personnalité, nous aurons des surprises à l’arrivée, je l’espère, en tout cas. Même si, il faut le dire, le jury ne participe pas à la sélection des films, et donc, ne peut que choisir « le moins pire » pour la palme. Mais faisons confiance à la folie créatrice des Coen ou d’un Dolan. Tous, sont des artistes de talent. La curiosité est grande et le suspense entier !

     

     

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