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Marceline Loridan-Ivens nous a quittés mardi 18 septembre à l’âge de 90 ans. L’écrivaine et cinéaste, survivante d’Auschwitz, raconte son retour à la vie dans «  L’Amour après  », un livre de souvenirs et sur le Paris d’après-guerre, paru en février 2018, quelques mois avant sa disparition.

 

Elle avait déjà publié « Et tu n’es pas revenu » en 2015, témoignage saisissant d’une femme déportée à 15 ans. Quelques mois avant sa disparition, Marceline Loridan-Ivens poursuivait encore son oeuvre de mémoire avec son dernier livre, « L’amour après », paru en février 2018. L’écrivaine et cinéaste y évoque l’épreuve de la reconstruction après la déportation et nous raconte comment s’inscrivent la séduction, le désir, la jouissance, dans un corps qui a été humilié et nié par les tortionnaires nazis.

Marceline Loridan-Ivens est née en 1928, issue d’une famille juive polonaise. Elle est arrêtée et déportée en 1944, avec son père. Envoyée au Konzentrationslager d’Auswitch-Birkenau, dans le même convoi que Simone Veil, dont elle est restée proche tout au long de sa vie, elle est ensuite transférée à Bergen-Belsen puis au camp de Theresienstadt.

Marceline Loridan-Ivens a survécu à l’univers concentrationnaire durant deux ans, entre 15 et 17 ans. Expérience qu’elle racontait en 2015 dans son livre « Et tu n’es pas revenu ». Son dernier récit, « L’amour après », témoigne du retour si difficile à la vie et la découverte de l’amour.

 

« Nous revenions d’un ailleurs incroyable, incommensurable, inadmissible… Et nous revenions de ces lieux où les gens mourraient tous. Nous les voyions, tous nos camarades, mourir, se transformer en odeurs, en flammes, en cendres, en horreur. Nous nous demandions à chaque instant si nous sortirions par la cheminée ou par la porte. En regardant la réalité en face, sans beaucoup d’espoir que ce soit par la porte… Nous ne savions plus ce qu’était le deuil. »

 

Lorsqu’elle rentre de l’enfer, Marceline dit « avoir tout vu de la mort sans rien connaître de l’amour ». Elle se sent incapable d’avoir des enfants, et passe ses nuits à Saint-Germain-des-Prés, où elle fréquente des écrivains tels que Roland Barthes ou Georges Perec, curieuse et avide d’apprendre.

 

« J’avais ce goût fou, de la culture, de la lecture. Ce fut une période essentielle pour moi. C’est la seule chose qui m’a tenue… Essayer de trouver un sens à la vie. Voir comment on peut se battre dans ce monde pour survivre. »

 

En 1960, c’est dans le film de Jean Rouch et Edgard Morin, « Chronique d’un été », que Marceline témoigne pour la première fois de son expérience.

 

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« C’est moi qui ai demandé de porter le Nagra, le magnétophone. J’avais le courage de dire ce que j’avais à dire, mais je ne voulais pas qu’ils l’entendent sur le moment.  »

 

Dans « L’amour après », Marceline Loridan, « elle, la survivante qui trimbale son enfer avec elle, qui commande encore à ses nerfs, à ses muscles, et a tout asséché en elle », évoque son corps qui « ne frémit pas, ne se réchauffe pas, ne s’excite pas sous les caresses incessantes ». Cette difficulté à s’abandonner dans les bras d’un homme…

 

« Pour l’abandon et le fantasme, il faut du temps… Surtout quand on revient des camps. »

 

Marceline Loridan-Ivens a choisi de vivre librement, hors des sentiers battus. Lorsqu’elle rencontre le cinéaste néerlandais Joris Ivens, elle trouve son grand amour : « Je crois qu’il est temps d’en venir à mon grand amour ».

 

« Joris était un homme exceptionnel. D’abord, il était très beau, c’est vrai, et il avait vécu des expériences dans les années 30 qui l’avaient profondément marqué. »

 

Grand documentariste engagé, de trente ans son aîné, c’est en mêlant le militantisme à l’amour qu’ils réalisent ensemble des documentaires sur la guerre du Vietnam ou la Révolution Culturelle en Chine : « J’ai beaucoup aimé faire ce métier ».

 

En 2002, Marceline réalise « La Petite Prairie aux Bouleaux » avec Anouk Aimé, retournant par la fiction à Birkenau, sur les lieux de ses souffrances et de ses traumatismes. Rescapée de la Shoah, Marceline Loridan-Ivens aura passé sa vie entière à dénoncer dans ses films, dans ses livres ou dans les écoles, l’injustice et la violence.

 

« Il faut toujours continuer, ne jamais s’arrêter. Et puis surtout, il faut aimer la vie. »

 

 

 

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