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Avec le vrai-faux documentaire « Tout Simplement Noir » sorti en salle le 08 juillet, les mauvaises langues n’auront probablement pas manqué de relever qu’on n’aurait pas pu rêver meilleur timing pour ce genre de pochades malpolies.

 

Et pourtant… « Tout Simplement Noir » aurait dû sortir en avril, donc bien avant l’affaire George Floyd ou le retour sur le devant de la scène médiatique du feuilleton Traoré. Jean-Pascal Zadi, l’acteur principal, concède que juste avant la date de sortie en salle initiale, on a certes assisté au plaidoyer (peu convaincant) de l’actrice Aïssa Maïga lors de la cérémonie des Césars 2020, censé mettre en avant la représentation, selon elle encore insuffisante, des noirs dans le cinéma français ; preuve s’il en est que ce sujet ne date décidément pas d’hier, et qu’il risque de faire encore longtemps partie de ces thèmes sociétaux qui divisent.

Le pitch de « Tout Simplement Noir », en deux mots : JP, un acteur antillais de 38 ans, quelque peu ringard, vivote grâce à de petites vidéos publiées sur YouTube, où il se met en scène dans des sketchs le plus souvent limites et rarement du meilleur goût… Affublé de chaînes ridicules autour du cou, il interpelle les passants dans la rue. Dans une de ces vidéos, on le voit d’ailleurs se faire rabrouer par Maboula Soumahoro, signe rassurant que la militante de toutes les causes finissant par « iste » peut faire preuve d’un soupçon d’autodérision, probablement à son corps défendant…

Las de ses pitreries, JP opte finalement pour le premier degré, en tentant d’organiser une marche de la fierté noire dans Paris. On imagine que derrière ce semblant de conscience qui le rattrape, il essaie simplement de faire parler de lui, en s’emparant tant bien que mal de l’alibi communautariste. On assiste alors à ses pérégrinations et rencontres fortuites, avec aussi bien des inconnus que des personnalités plus connues, comme Fabrice Eboué, Joey Starr, Lilian Thuram, Claudia Tagbo, Vikash Dhorasoo, Lucien Jean-Baptiste, Eric Judor, pour ne citer qu’eux.

 

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Le concept de « Tout Simplement Noir » pourrait participer de la parfaite petite bricole opportuniste, de celles qui caressent dans le sens du poil tant la communauté noire, remontée, que la blanche, en mal de genoux à terre. Mais que nenni… Jean-Pascal Zadi, l’instigateur de cette farce caustique, ne compte justement pas rester sur des chemins balisés par l’outrance de la société actuelle et s’en tenir à une quelconque caution politiquement correcte.

Plus on avance dans le film et plus le projet de JP se délite, au fil des interventions successives des personnalités qui jouent leur propre rôle, en défilant devant lui et sa caméra. Le personnage placide et maladroit campé par Jean-Pascal Zadi nous fait en même temps la démonstration que tout n’est pas si simple et que la question « noire » ne se résume pas à une couleur de peau, ni même à une histoire commune, mais bien aux individus eux-mêmes.

Avec son physique débonnaire, un peu gauche – on croirait même parfois entendre Homer Simpson – le Martiniquais va bousculer « dans son shaker » tant les préjugés que les clichés qui ont la vie dure. Et cette (fausse) comédie ne va jamais précisément là où on pourrait l’attendre. Renvoyant sans cesse dos à dos les notions de communauté, de religion, de couleur ou de politique, on assiste, non sans une certaine jubilation, à un flot d’autocritique et de petites piques, dans ce qui pourrait constituer une séance d’acupuncture collective et salvatrice.

« Tout Simplement Noir » est brinquebalant, parfois mal fichu, car ce film ne se pense pas en terme de rythme ou de punchlines, mais plutôt comme une succession linéaire de morceaux d’anthologie, où chacun va rire et souvent jaune. Oui, on rit jaune, orange, rouge, voire noir ou blanc, et on est souvent confronté à nos propres petites lâchetés et hypocrisies.

Nombre de guests connus acceptent finalement de se prêter à ce jeu de chamboule-tout faussement naïf et premier degré, et nous révèlent leur nature profonde, en grossissant simplement le trait qui les définit néanmoins intrinsèquement, avec une mention spéciale à l’humoriste Fary, dans un contre-emploi assez jouissif.

À l’heure où tout débat de société est immanquablement séquestré par des minorités bruyantes et toxiques, et où tout se doit d’être binaire, avec d’un côté les éternelles victimes et de l’autre les horribles colonialistes, il faut saluer ce petit film sans prétention qui insuffle une bonne bouffée d’oxygène dans une atmosphère actuelle tellement viciée.

« Tout Simplement Noir » est une sacrée bonne nouvelle. Et on sort de la projection tout simplement moins con…

 

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    Photographe, auteur, poète et machine à remonter le temps, avec une cape de mousquetaire toujours portée un peu de biais.

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