Étiquette : Jim Morrison

  • Hervé Muller a rejoint son pote Jim…

     

     

    Son nom n’évoquera pas forcément grand chose aux jeunes générations, mais Hervé Muller était l’une des plumes les plus affutées des magazines Best, Actuel ou Rock & Folk, de la fin des années 60 au début des 80′. Il nous quittait le 22 mars 2021, sur la pointe des pieds…

     

    Le journaliste et auteur, né dans l’est de la France et âgé de 72 ans, souffrait depuis les années 80 de fibromyalgie, une maladie rare qui lui occasionnait, entre autres, de terribles troubles du sommeil. Entre la fin des 60’s et celle des 70’s, cet ami intime de Jim Morrison aura collaboré à Best, Actuel, Rock & Folk, Libé et le Matin de Paris.

    Si une de ses vieilles connaissances, une autre légende du journalisme musical, Gérard Bar-David, ne nous avait pas alertés, nous ne l’aurions probablement jamais su… Car cette triste nouvelle, nous aurions dû l’apprendre dans les colonnes de Libération ou de Rock & Folk, deux médias amnésiques qui existent pourtant toujours aujourd’hui, avec lesquels Hervé Muller avait pendant longtemps collaboré et apposé sa fameuse signature au bas de nombreux articles. Hélas, plus personne au sein de ces rédactions ne semble vouloir s’en souvenir…

    Hervé Muller était pourtant un immense rock-critic, même s’il était aussi doté d’un solide caractère de cochon. Fameux journaliste rock à Actuel, Best, Rock & Folk, correspondant aux USA de Libé, auteur à succès et biographe de Jim Morrison, Hervé était un vrai héros du rock, jusqu’à ce que la maladie le rattrape au crépuscule des années 80.

     

     

     

    Au printemps 1971, c’est chez Hervé Muller qu’échoue Jim Morrison une nuit, ramassé ivre mort devant la porte de la Cantine du Circus par un ami du journaliste, Gilles Yepremian. Les deux hommes se lieront d’amitié. Muller consacrera une première biographie au Roi Lézard en 1973, « Jim Morrison, au-delà des Doors », puis nous livrera sa version des faits sur les derniers jours du leader des Doors à Paris, avec « Jim Morrison, mort ou vif », publié en 1991, vingt ans après la disparition de Morrison.

    A la fin des années 70, Hervé Muller assure la rubrique rock du Matin de Paris. Au même moment, après avoir produit le premier album éponyme de Trust en 1979, il devient le manager d’un jeune espoir de la variété-rock hexagonale, du nom de Jean-Patrick Capdevielle. La même année, ce dernier cartonne avec son hit « Quand t’es dans le désert », extrait de son premier 33 tours. Mais au début des années 80, Hervé Muller s’installe à New York et disparaît des écrans-radars. On le retrouve à Paris quinze ans plus tard, en 2006, lorsqu’il témoigne dans un documentaire de Michaëlle Gagnet consacré à Morrison, intitulé « Les derniers jours de Jim Morrison ».

    Son vieux compère Gérard Bar-David lui rendait ainsi un dernier hommage, dans un article intitulé « Le dernier voyage d’Hervé Muller », publié sur son site Gonzo Music le 11 mai 2021 : « Atteint de de fibromyalgie, une maladie rare qui lui occasionnait, entre autres, de terribles troubles du sommeil, il pouvait s’endormir en un clin d’œil, en plein jour, comme s’il tombait en état de léthargie instantanée. Il souffrait également du « Complexe de Diogène », entassant chez lui tout ce qu’il pouvait. Sans doute aussi la solitude devait lui peser. Hervé ne devait pas vraiment supporter l’homme qu’il était devenu.

    Gravement malade, il devait absorber une foultitude de médicaments, dont certains contre l’hypertension artérielle. Or il semblerait que ces derniers temps, il aurait omis de suivre son traitement. Le médecin-légiste a conclu qu’il était décédé d’un arrêt cardiaque. Et aujourd’hui, nous avons enfin pu accompagner Hervé Muller pour son dernier voyage. C’était au Père-Lachaise, juste à côté de là où repose son vieux pote Jim depuis déjà un demi-siècle et, de surcroit, le jour anniversaire de la mort de Bob Marley. Un signe !  Nous sommes le mardi 11 mai 2021… So long Hervé Muller… »

     

     

     

  • Jim Morrison, derniers jours à Paris

     

     

    Fondé en juillet 1965 à Los Angeles, The Doors n’aura existé que huit ans. Huit années et six albums studio enregistrés par la formation originelle, qui ont suffi à faire entrer ses membres dans la légende. D’abord avec des titres emblématiques qui ont jalonné la carrière du groupe, comme « Break On Through » ou « Light My Fire », mais aussi et surtout grâce à son leader, le chanteur Jim Morrison.

     

    Poète maudit, véritable performer, cet artiste charismatique et tourmenté a eu une vie pour le moins tumultueuse, faite d’excès en tout genre. Sa disparition précoce, le 03 juillet 1971 à Paris, a contribué à créer la légende mais a mis un terme à l’une des aventures musicales parmi les plus novatrices du 20ème siècle. The Doors sera finalement dissout en 1973, deux ans après la mort de son chaman. Six ans plus tard, la voix de Jim Morrison sur le titre « The End » contribuera à façonner une autre légende, celle du film de Francis Ford Coppola :  « Apocalypse Now ».

    Lorsqu’il arrive à Paris le 12 mars 1971, Jim Morrison a 27 ans et il semble décidé à tourner définitivement la page de ses années Doors. Condamné par la justice américaine pour son comportement jugé obscène lors de la première date de leur grande tournée américaine, à Miami le 1er mars 1969, après un an et demi d’un procès qui l’aura terriblement éprouvé, il souhaite changer de vie, se réinventer, et surtout laisser derrière lui son pire ennemi : l’alcool. Gilles Yepremian a fréquenté le chanteur à l’époque, après l’avoir recueilli un soir, ivre mort. « Le rock le fatiguait. Il s’autodétruisait à petit feu, pour casser cette image de rock star qui lui collait à la peau ».

     

     

     

    « A 27 ans, je suis trop vieux pour être chanteur de rock… »

    Jim Morrison, très affecté par les disparitions récentes de Brian Jones, Janis Joplin ou Jimi Hendrix, n’a plus goût à rien, à part pour la poésie, mais qui ne parvient cependant pas à lui rendre un semblant d’équilibre et de sérénité. Sam Bernett dirigeait alors le Rock’n’Roll Circus, une boîte à la mode, dont l’ex-leader des Doors devint un client assidu. « C’était un garçon dont le comportement pouvait changer du tout au tout en l’espace d’une minute. Il pouvait être agréable, adorable, de bonne compagnie et de bonne conversation, mais le problème, c’est qu’il buvait énormément, et dès lors qu’il avait dépassé la limite, il devenait vite insupportable et ingérable ».

    Le Rock’n’Roll Circus, cette discothèque parisienne où se retrouvaient les célébrités du moment, en ce début des années 70. De nombreuses anecdotes racontent les nuits sulfureuses durant lesquelles se croisait toute la faune d’artistes aux tenues excentriques, de Michel Polnareff à Yves Saint Laurent et Pierre Bergé, venus s’encanailler avec les mauvais garçons, les dealers et les groupies accrochées aux pattes d’eph’ de Keith Richards, Mick Jagger ou Jimi Hendrix.

     

    « Pourquoi je bois ? Pour pouvoir écrire de la poésie… »

    A Paris, Jim Morrison chine chez les bouquinistes, sur les quais de Seine. Lui qui veut devenir poète, il lit beaucoup et aime s’asseoir durant des heures sur un banc, place des Vosges, pour écrire ce qui ne restera que l’ébauche de son oeuvre littéraire. « Il dit qu’il veut mener les adolescents au-delà de l’odyssée juvénile traditionnelle. Il veut leur faire atteindre le champ symbolique de l’inconscient, dans le cadre d’un projet à la fois culturel et poétique. » (Hervé Luxardo, historien, Université Paris III Sorbonne).

     

    « Jim Morrison est mort, mais son corps bouge encore. » (Le Figaro, juillet 1971)

    Mais dans la nuit du 2 au 3 juillet 1971, le corps sans vie de Jim Morrison est retrouvé à Paris, dans la baignoire de l’appartement qu’il occupe avec sa compagne Pamela Courson, au 3ème étage du 17/19 Rue Beautreillis, dans le quartier du Marais. Ce décès aux circonstances mystérieuses ne sera rendu public que quelques jours plus tard par ses amis Agnès Varda et Alain Ronay, qui organiseront à la hâte ses obsèques au Père Lachaise, auxquelles n’assisteront d’ailleurs que cinq personnes. Arrêt cardiaque ? Overdose ? Suicide ? Complot de la CIA ? Étrangement, la police n’ordonne aucune autopsie, suscitant des interrogations qui n’en finiront plus, dès lors, de nourrir le mythe du chanteur poète au destin tragique.

    Avec cette mort brutale, Jim Morrison rejoint le Club des 27, constitué de ces icônes libertaires, parmi lesquelles Janis Joplin, Brian Jones, Jimi Hendrix ou Robert Johnson, toutes foudroyées à 27 ans, et qui se seront, chacune à leur manière, brûlé les ailes dans un combat perdu d’avance contre leurs démons intérieurs. En 1970, il ironisait, en déclarant à qui voulait bien l’entendre : « Vous êtes en train de boire avec le numéro 4 », comme pour conjurer le sort. Ou pas…

     

     

     

    Entre espoir et dérive, en éclairant les circonstances de la disparition du Roi Lézard et ses zones d’ombre, le documentaire d’Olivier Monssens, « Jim Morrison, derniers jours à Paris », produit en 2021 pour Arte, tente ainsi de percer le mystère de l’homme derrière la légende, et en particulier de celui qu’il était devenu ces derniers mois à Paris, après avoir fui les États-Unis, laissant derrière lui sa panoplie de rock star.

    Dans cet exil volontaire, le génie tourmenté balance entre espoirs d’une nouvelle vie auprès de ses héros littéraires, Rimbaud en tête, et errance autodestructrice dans un Paris où la contreculture commence à flirter avec l’héroïne. Enrichie de nombreuses archives, une enquête sur un cold case, doublée d’un portrait brossé par ceux qui l’ont connu pour, peut-être, refermer le dossier Morrison, un demi-siècle après sa mort. Entre portrait documenté et investigation, un retour sur les derniers mois du chanteur des Doors, Jim Morrison, dont la mort brutale et mystérieuse à Paris en juillet 1971 n’a cessé de nourrir le mythe.

    A checker également l’ouvrage « Jim Morrison, mort ou vif » publié en juin 1991 par le chroniqueur Hervé Muller, qui nous a quittés en mars 2021. On lui doit d’ailleurs certains des tout derniers clichés de Morrison saisis à Paris, parmi lesquels la photo à la une de cet article… So long, Mr Muller.

     

    Quand je jette un regard en arrière sur ma vie
    Je suis frappé par des cartes postales
    Instantanées, détériorés,
    Posters fanés d’un temps qui m’échappe…

     

    Documentaire d’Olivier Monssens (France, 2021, 52 mn)

    [youtube id= »kOXmNWJeOHk » align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

    Documentaire de Michel Dailloux (France, 2006, 50 mn)

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  • Agnès Varda : Entretien avec une icône du 7ème Art

     

     

    Agnès Varda nous a quittés le 29 mars. Face aux images de sa vie, elle revient sur son parcours, ses combats, et répond aux questions de Pierre Michel.

     

    Agnès Varda, c’est 64 ans de cinéma, 01 coupe au bol, 12 longs-métrages, 17 documentaires, 14 courts-métrages, 03 Césars, 01 Palme d’Honneur, 01 Oscar d’Honneur.

    Agnès Varda, c’est aussi trois métiers : cinéaste, photographe et plasticienne… C’est aussi « Cléo de 5 à 7 », « Les 101 Nuits de Simon Cinéma ». Agnès Varda, c’est des visages, des villages, mais aussi des plages, Knokke-le-Zout, Sète ou Los Angeles. Agnès Varda, c’est une rue, Mouffetard, un chat… enfin, deux chats, un jardin à Bruxelles, deux enfants dans une cour intérieure Rue Daguerre, Paris 14ème.

     

    [arve url= »https://vimeo.com/256883028″ align= »center » title= »Agnès Varda : « Cléo de 5 à 7 » (1962) » description= »Agnès Varda » maxwidth= »864″ /]

     

    « Pialat m’a fait naître, et Varda m’a fait exister. » (Sandrine Bonnaire)

     

    En fin d’année dernière, un hommage lui était rendu au Festival International du Film de Marrakech. Et fin 2017, un Oscar d’honneur lui était décerné, récompense qu’elle est la première femme réalisatrice à recevoir : « Ce qui est impressionnant chez Varda, c’est qu’elle a plusieurs vies de cinéaste. » (Frédéric Bonnaud, Directeur de la Cinémathèque Française)

     

    Pour quelqu’un qui ne voulait pas vraiment faire carrière, vous vous êtes plutôt pas mal débrouillée ?

    « Ça n’est pas du tout une histoire de se débrouiller… Ça n’est pas moi qui ai cherché les honneurs. Dans mon petit discours aux Oscars, j’ai presque fait rire, en disant que je n’avais jamais fait gagner d’argent à aucun producteur. Mais mes films existent, c’est un fait. Ce sont mes films qu’ils ont récompensés. Et évidemment, j’en suis très fière. »

     

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    Petit flash-back. Nous vous retrouvons en 1964, quand un journaliste vous pose une question qu’il avait aussi posée à Jacques Demy, votre mari : « Jacques Demy nous a dit que pour lui, le bonheur était une donnée qu’il fallait défendre, et que la dramatisation du bonheur, c’était la défense du bonheur ». Et pour vous ?

    « C’est drôle… Non, pour moi, c’est un cadeau, le bonheur. Je veux dire par là que ça vient en plus. Vous avez des gens qui ont en eux tous les éléments du bonheur et qui ne sont pas heureux. Et vous avez des gens qui n’ont pas de quoi être heureux et qui le sont. »

    « C’est ce que je disais à cette époque. Mais ça reste vrai. Même à l’âge que j’ai et avec les difficultés que je connais, ressentir des instants de bonheur, ou un peu plus que des instants, c’est un don qu’on a ou qu’on n’a pas… Ça peut être presque rien, une rencontre, un paysage, et d’un coup, on est habité par la beauté du monde. Et moi, j’ai le bonheur d’avoir ce don… »

     

    Ça n’est pas votre seul don, d’ailleurs… Vous êtes une filmeuse, une filmeuse de femmes, mais pas que… Vous les avez filmées en noir, en blanc, de profil comme de face. Vous les avez filmées hautes en couleur et en musique. Les femmes, vous les avez montrées jeunes, vieilles. Vous avez filmé des femmes démunies, voire dénudées, en chair comme en pierre. Alors une question : est-ce que vous pensez faire un cinéma de femmes, ou tout simplement être une femme cinéaste ?

    « Je pense être une cinéaste, qui est femme. Il y a des hommes qui font de très beaux films sur les femmes, et il y a des femmes qui parlent des femmes, si elles veulent. Je ne suis pas dans les ghettos, moi… Je suis pour un cinéma actif, inventif. »

     

    Parlons réalisation, maintenant. Quand vous avez commencé au sein de la Nouvelle Vague, au milieu des Truffaut, Chabrol, Rivette ou Godard, vous étiez la seule femme, et pourtant vous avez déclaré : « métier d’homme, ça ne veut rien dire… Un métier d’homme, ce serait un métier qu’une femme ne peut pas exercer, et ces métiers, il y en a vraiment peu… » (Agnès Varda, 1978)

    « Les metteurs en scène, ils ne font rien. On leur demande juste d’être sur le coup, on leur demande de penser au film et d’avoir une vision aigüe. » (Agnès Varda, 1964)

    « Il faudra faire face dans très peu de temps à un phénomène complètement naturel, à savoir quand il y aura autant de femmes cinéastes que d’hommes cinéastes. » (Agnès Varda, 1978)

     

    Alors, en 2019, et pour n’en citer que quelques-unes, nous avons donc les Emmanuelle Bercot, Valérie Donzelli, Maïwenn, Catherine Corsini, Agnès Jaoui, Julie Delpy, Houda Benyamina, Céline Dorski, Noemi Lowski, Claire Burger, Jeanne Herry, et quand on voit toutes ces femmes, ça vous inspire quoi ?

    « Ça me fait vraiment plaisir. Quand j’ai commencé, il y avait déjà des femmes qui travaillaient. Moi, je me suis retrouvée dans la lumière, parce que j’ai fait quelque chose de tellement radical que j’ai été classée dans la Nouvelle Vague. Maintenant, je suis un peu la potiche des femmes cinéastes. On me met souvent devant, un peu trop, d’ailleurs, parce que parmi ces femmes-là, il y en a qui ont vraiment beaucoup de talent. »

     

    Comment on en vient à croiser la route de Jim Morrison ?

    « On avait un ami commun. Lui aussi avait fait ses études de cinéma à UCLA. Et comme Jacques Demy et moi, on représentait les petits nouveaux de la Nouvelle Vague, parce que ça n’était pas encore arrivé à Los Angeles, et comme on a commencé quatre ou cinq ans avant Spielberg, Coppola et toute cette génération de réalisateurs, Jim était content de faire notre connaissance. Quelques années plus tard, il s’est installé à Paris et on se voyait, tranquillement. Il venait dans ma cuisine, on discutait, avec Jacques. Mon regret, c’est de ne jamais avoir fait de photo de lui, ni à Los Angeles, ni à la maison… Mais tous les gens l’embêtaient tellement avec ça. J’ai préféré malgré tout garder cette distance, ce respect. C’était un être exceptionnel. »

     

    [arve url= »https://www.dailymotion.com/video/x1ht6xk » align= »center » title= »Agnès Varda : « Cléo 5 à 7 » : Extrait 2 avec Jean-Luc Godard et Anna Karina » description= »Agnès Varda » maxwidth= »900″ /]

     

     

    On est de retour avec vous, Agnès Varda, et on avait un petit extrait de « Cléo de 5 à 7 » à vous montrer… Dans votre vie, il y a eu des femmes, mais aussi des hommes. Il y a eu vos compagnons, Antoine Bourseiller, le père de Rosalie, et bien-sûr Jacques Demy, votre mari, le père de Mathieu. Il y eut aussi des initiales célèbres, JLG pour Jean-Luc Godard, et JR pour… JR. Deux hommes aux lunettes fumées, même si dans votre premier long-métrage, JLG avait accepté de les enlever.

    « Ça, c’est un sketch à l’intérieur de Cléo… J’avais peur que le sujet soit trop sérieux. Cette femme en danger de mort. Alors j’ai inséré ce petit clip au milieu. Et Jean-Luc et Anna, qui étaient adorables, ont accepté de le faire. Et puis Jean-Luc, je l’ai beaucoup aimé. On était très amis, Jacques Demy, Anna Karina, lui et moi. Puis on s’est perdu de vue, comme ça arrive souvent dans la vie. Avec Jean-Luc, on a failli se retrouver dans « Visages, Villages ». Il n’a pas ouvert la porte, mais je l’aime quand même. »

     

    Si vous le voulez bien, on va arriver chez un jeune premier, Harrison Ford.

    « Harrison Ford… Quand on l’a rencontré, on l’a trouvé tellement sympathique, intelligent. Jacques m’a demandé de faire des essais pour lui, parce qu’il voulait le mettre dans Model Shop avec Anouk Aimée. Et la Columbia a refusé, en disant que ce gars n’avait aucun avenir. Jacques était très déçu mais on est resté ami. Jacques Demy l’avait repéré, il avait confiance en lui et il était convaincu qu’il ferait quelque chose. Harrison a dit que ça l’avait aidé à patienter pendant quatre ou cinq ans, le temps qu’on lui donne sa chance, car il savait qu’un grand metteur en scène trouvait qu’il avait du talent. »

     

    On retourne aux Etats-Unis avec votre documentaire « Murs, Murs » en 1982.

    « Vous savez, c’est ma façon de faire du documentaire. Approcher au plus près le sujet. Là, le sujet, ce sont ces « murals » qui sont peints sur les murs. J’ai toujours été très curieuse des gens et de leurs oeuvres. J’ai fait ce documentaire très attentivement. J’ai passé plusieurs mois non seulement à trouver les murals intéressants, mais aussi à découvrir qui les avait réalisés. Il n’y avait pas d’intérêt pour ça à l’époque. Souvent, ils n’étaient même pas signés. Avec ce film, j’ai rendu aux auteurs leurs droits d’artiste. »

     

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    35 ans plus tard, vous collaborez avec JR, et cette fois, vous faites vous aussi des murals. Et dans « Visages, Villages », c’est vous qui affichez en grand tous ces visages.

    « Avec ce film, c’était l’idée qu’on en a marre de voir des gens qui ont toujours quelque chose à vendre. Alors qu’il faudrait plutôt qu’on mette à l’honneur des gens simples, des gens de la rue. Le facteur dans le film, c’est un exemple de ceux que j’ai envie de mettre en avant. Si j’ai encore envie de filmer, c’est pour capturer des moments, des instants avec des gens simples, qui n’ont pas forcément beaucoup de choses à dire, mais qui dans leur comportement, dans leur rapport à l’autre, sont beaux. »

     

    Agnès Varda s’en est allée et nous a laissés sans Varda… Au revoir et merci…

     

    Propos recueillis par Pierre Michel pour Tchi Tcha

     

     

     

     

     

  • The Doors | Soundstage New York 1969 (Part 1)

     

     

    Une tranche essentielle de l’histoire du rock que cette performance live des Doors aux WNET-PBS TV Studios, à New York, les 28 et 29 avril 1969. Il s’agit en fait d’un extrait des « Soundstage Performances 1967-1969 » compilant trois showcases live du groupe, de Toronto (1967) à New York (1969), en passant par le Danemark (1968).

     

    Les Doors ne s’étaient plus produits ensemble depuis le concert calamiteux de Miami le 1er mars 1969, et la condamnation de Jim Morrison pour comportement indécent et outrage aux bonnes moeurs, qui conduira à l’annulation des concerts de la tournée américaine du groupe jusqu’en juillet de cette même année.

    Ce 28 avril 1969, Jim Morrison apparait donc barbu, sans son célèbre pantalon en cuir, éprouvé par ses démêlés avec la justice. Ce qui n’empêchera pas Les Doors de nous livrer ce jour-là une performance exceptionnelle, adaptant les quatre morceaux joués à la théâtralité, à la présence scénique énorme et à l’imprévisibilité d’un Morrison qui donne le meilleur de lui-même.

    Le lendemain de cette performance, le groupe donnera une interview exclusive à la chaine PBS. C’est à cette occasion que Jim Morrison se livrera à une prédiction étonnante préfigurant l’avenir de la musique dans les vingt ans qui suivront cet évènement : « I can envision one person, with tapes and electronic set-ups, singing or speaking, and using machines. (Je peux voir une personne, avec des bandes électromagnétiques et des configurations électroniques, chantant ou parlant et utilisant des machines) ».

    Suite à ce TV Show, les Doors ressentiront de nouveau l’envie de se produire sur scène, et entreront dans ce qui sera probablement l’une des périodes les plus créatives qu’ils aient connues, avec des concerts qui rentreront dans les annales, en constituant le matériel à leur nouvel opus live, « Absolutely Live », ainsi que l’enregistrement de l’album « Morrison Hotel » qui marquera le retour du groupe au tout premier plan.

     

    The Doors⎥ Soundstage New York 1969 (Part 1)
    Live of 28 – 29th April 1969, WNET-PBS TV Studios, New York.

    Track List :

    1) Tell All The People
    2) Alabama Song
    3) Back Door Man
    4) Wishful Sinful

     

     

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  • Jean This Is The End (Théâtre)

    Jean This Is The End (Théâtre)

     

    Dimanche soir, mauvais temps sur Paris… Direction le Café de la Gare, pour aller voir cette pièce dénichée par Monsieur mon mari. « Jean, This Is The End » de Manon Rony. Mais ça parle des Doors ou quoi ? Oui, des Doors, de Jim Morrisson. Sa dernière semaine de vie à Paris, au travers de scènes cultes, dans la loge d’un club parisien. Mais la pièce est surtout centrée sur un autre personnage : le dealer, Jean. Le dealer de Pam et des autres stars de l’époque. Vivantes ou pas. Cette drogue qui en a déjà fait mourir certains à 27 ans. Pam a besoin de lui. Jim a besoin de Pam. Sam a besoin de Jean pour sa clientèle…Tout le monde aime Jean. Plus que Jim ?

    La pièce nous fait plonger dans l’univers sexe, drogues et rock ‘n’ roll du début des années 70. La bande son est juste parfaite : Jimmy Hendrix, Janis Joplin… et les Doors évidemment !

    Une pièce qui donne envie de réécouter les Doors en boucle, et de comprendre pourquoi on a passé l’été de ses 15 ans à lire l’oeuvre de Jim Morrisson !

    Jim : « Je me suis acharné à devenir plus célèbre que les Beatles, qui eux-mêmes se disent plus célèbres que Jésus. Tu vois où ça me place. »

     

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    Jean This Is The End 001

     

     

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    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Ticketac – Jean This Is The End

     

     

  • Jim Morrison | Le futur de la musique (1969)

    Jim Morrison | Le futur de la musique (1969)

     

     

    Dans une interview datant de 1969, Jim Morrison est questionné à propos de sa vision du futur de la musique. Il nous livre alors une analyse plutôt claire, mais surtout curieusement visionnaire…

     

    Il évoque le mariage de la musique noire et de la musique blanche traditionnelle, qui ont enfanté le rock’n’roll, et le chanteur des Doors prédit ensuite rien de moins que l’arrivée de la musique électronique, près de 20 années avant son avènement. Et ça donne ça…

     

    « Je pense qu’aujourd’hui, les deux genres qui sont les piliers de la musique de ce pays sont d’une part la black music, le blues, et d’autre part la musique folk qui prend ses racines en Europe. J’imagine qu’on appelle ça country music. Ce sont les deux courants mainstream aux États-Unis. Il y a dix ans, ce qu’on a appelé le rock’n’roll était un mélange de ces deux formes. »

     

    « J’imagine que dans quatre ou cinq ans, les nouvelles générations reviendront à une synthèse entre ces deux mouvements, plus un troisième qui s’appuiera davantage sur l’électronique et les bandes magnétiques. On peut tout à fait imaginer une seule personne, entourée de machines, de bandes, d’éléments électroniques, qui chanterait ou parlerait, et utiliserait ces machines. »

     

    Amazing…

     

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    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] The Doors