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Une fois de plus, les Daft Punk sont là où on les attend le moins… Tandis que des rumeurs persistantes couraient depuis déjà plus d’un an sur la sortie imminente de leur cinquième album, sept ans après « Random Access Memories », ou encore sur la composition de la musique du prochain long-métrage de Dario Argento, ce lundi 22 février, nous apprenions leur séparation, annoncée laconiquement par le biais d’une vidéo intitulée « Epilogue », publiée sur YouTube.

 

Comme quoi la vie est parfois étrange… Il y a quelques jours, nous pensions célébrer prochainement les 25 ans de l’album de Daft Punk, « Homework », certes sorti en France le 20 janvier 1997, mais réalisé en 1996. Car avec ce premier Lp du duo français, on parle bien de la pierre philosophale de la French Touch.

Quelques années après que Laurent Garnier et Erik Rug eurent commencé à faire résonner le son français hors de nos frontières, et que dans leur sillon, d’autres artistes posaient les bases du mouvement au tout début des années 90, de La Funk Mob (Cassius) à Dimitri from Paris, en passant par DJ Yellow, Bob Sinclar, Jack de Marseille, Jérôme Pacman ou Shazz, St Germain publiait son immense « Boulevard » en septembre 1995, Motorbass nous gratifiait de son sublime « Pansoul » en 1996, Etienne de Crécy nous balançait son emblématique « Super Discount » la même année. Ces trois albums essentiels connaissent un succès mondial et sont encensés par la presse internationale.

Et pendant ce temps… Thomas Bangalter, né à Paris le 03 janvier 1975, et Guy-Manuel de Homem-Christo, né à Neuilly-sur-Seine le 08 février 1974, se rencontraient au Lycée Carnot le 06 juin 1986. En 1992, les deux adolescents fondent Darlin’ avec Laurent Brancowitz, futur guitariste du groupe versaillais Phoenix, en hommage à la chanson des Beach Boys.

 

 

 

Même si la carrière de Darlin’ est éphémère et confidentielle, le premier et unique single éponyme du groupe inspirera à Dave Jennings, un journaliste du magazine anglais Melody Maker, une critique passablement cinglante, en qualifiant la musique du trio de « daft punky trash », littéralement « déchets de punk idiot ».

 

 

 

 

En 1993, reprenant à leur compte la citation du fameux journaliste, Thomas et « Guy-Man » fondent le duo Daft Punk. Quelques mois plus tard, en septembre 93, durant une rave organisée à EuroDisney par le Dj anglais Nicky Holloway, les deux comparses rencontrent Stuart McMillan et Orde Meikle, les patrons du label écossais Soma Quality Recordings et membres du duo techno Slam, qui se produisent également ce soir-là.

 

 

 

Le lendemain, les deux Slam se rendent chez les parents de Thomas Bangalter, à Montmartre. Ils y écoutent quatre titres, dont trois vont se retrouver sur le Ep « The New Wave », paru chez Soma au printemps 1994. Ce maxi passe relativement inaperçu, mais à défaut du succès escompté, la « techno adolescente française » de Daft Punk retient malgré tout l’attention de quelques journalistes et critiques anglais….

 

 

 

En revanche, confidentiel, le second single du duo qui sort en mai 1995, toujours chez Soma, ne le restera pas longtemps… Le morceau « Da Funk » (SOMA 025), avec sa basse surpuissante et sa boucle acid entêtante, va marquer les années 1990 et bien au-delà. Le brûlot électro paraît dans la foulée sur la compilation « Soma Quality Recordings – Volume 2 » le 30 octobre 1995.

 

 

 

Toujours en 1995, tandis que Thomas Bangalter crée son propre label Roulé, avec comme première sortie le fameux « Trax On Da Rocks », « Da Funk » traverse la Manche d’une traite – retour à l’envoyeur – pour atterrir sur la compilation « Future Funk » de Radio Nova. Après un troisième et ultime Ep publié chez Soma, « Indo Silver Club » (SOMA 035), le duo français signe finalement chez Virgin Records en octobre 1996. La révolution est en marche…

 

 

 

« Que sait-on exactement de Daft Punk, à quelques jours de la sortie de son premier album Homework ? Que ce duo est effrontément jeune. Qu’il est français mais émoustille l’étranger (Angleterre, Etats-Unis) comme peu d’autres avant lui. Que ses membres gardent chacun leur label indépendant tout en ayant signé avec la multinationale Virgin pour leur projet commun. » (David Blot pour Les Inrocks, janvier 1997)

 

Le 20 janvier 1997, « Homework » sort dans les bacs, et c’est une grosse claque dans la gueule. La Daft Punk Mania déferle sur le monde et rien ne pourra plus l’arrêter. A l’instar du livret intérieur de l’album, qui expose toutes leurs obsessions musicales (du poster de Kiss à l’autocollant d’Andy Gibb, de la pochette de Chic à la carte postale des Beach Boys, en souvenir de leur premier groupe Darlin’), ils révèlent une machine à danser et à penser la musique électronique. Même si le disque divise une partie de la critique, personne n’imagine encore la déflagration, la secousse tellurique qu’« Homework » va produire sur l’échelle de Richter de la planète musicale.

Comme si les deux compères pressentaient déjà ce qui les attendaient et cherchaient à se protéger de cette tornade qui allait tout embarquer sur son passage, ils se réfugient derrière de simples masques, achetés pour un shooting photo par leur manager Pedro Winter dans un magasin de farces et attrapes. Puis, au fil du temps, le duo travaille son image et crée sa légende. Tandis que les masques deviennent des casques futuristes pour la promotion de leur deuxième album, « Discovery », Thomas Bangalter et Guy Manuel de Homem-Christo s’éloignent des médias pour parfaire leur art de l’absence. Et Daft Punk devient une griffe, une abstraction, un concept…

 

 

 

 

Alors voilà, 28 ans de carrière, quatre albums studio, quelques pas de côté et 10 millions de disques plus tard, les Daft Punk se séparent. Et on se dit d’abord un truc du genre « oui, ok, encore un coup de com… ». Et puis, en y réfléchissant bien, on se dit ensuite « 28 ans, quand même… », et peu à peu, les souvenirs reviennent.

 

Avril 1995, Camden Market à Londres, avec Jojo (Jojo comme Jean-Sebastien Bach…), des affiches fleurissent sur les murs de la ville : Daft Punk Live. Quelques mois plus tard, « Da Funk » commence à tourner sur Nova et ça ne ressemble pas vraiment à ce qu’on a l’habitude d’entendre… Toujours en 1995, on découvre « Trax On Da Rocks » d’un certain Thomas Bangalter, sans faire tout de suite le lien avec Daft Punk.

 

 

 

Janvier 1997, de retour de soirée au petit matin, chez Jojo (toujours Jojo, comme Jean-Sebastien Bach…)… On déchire le cellophane et on pose « Homework » sur la platine. « Ah ouais, quand même… ». Le 11 avril 2013, la boucle est bouclée. 18 ans presque jour pour jour après avoir découvert pour la première fois le nom de Daft Punk sur une affiche à Londres, un teaser de 1:51 min est diffusé sur l’écran géant du Festival de Coachella, devant un public en fusion. Une semaine plus tard, « Get Lucky » déferle sur les radios et chaînes de Tv du monde entier. Daft Punk rentre dans la légende.

 

 

 

Et on réalise que les Daft Punk font finalement partie du décor depuis toujours, qu’ils ont participé comme les autres artistes cités au début de cet article aux prémices de la French Touch, mais qu’ils en sont ensuite devenus les véritables accélérateurs. Car sans qu’on s’en rende vraiment compte, ils ont intégré la bande-son de nos trente dernières années, à l’instar d’un Jimi Hendrix ou d’un James Brown, en d’autres temps, et on s’est habitué à ce rythme auquel ils nous ont astreints, entre absence, attente et buzz mondial. En l’espace de 25 ans, ils ont su imposer la musique électronique au monde entier, en écrivant leur partition réglée au cordeau, avec intelligence et détermination, mais sans jamais vendre leur âme ni céder aux sirènes du remix facile. Alors oui, petit pincement au coeur…

 

« L’underground, c’est un mot con. Si tu veux faire de la musique et que tu veux en vivre, tu ne cherches pas l’underground. Être underground, c’est être inconnu. Le simple fait de vendre cinq mille disques dans le monde, ça suffit à sortir de l’underground. La vraie différence se fait entre ce qui est authentique et ce qui est calibré. » (Thomas Bangalter, interviewé par David Blot pour Les Inrocks, janvier 1997)

 

Daft Punk : « Epilogue » (1993 – 2021)

 

 

 

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