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« Belle du Seigneur », le pavé incontournable écrit par Albert Cohen, sorte d’extrapolation de « L’amour dure trois ans » de Beigbeder, a cinquante ans. Que sa taille imposante ne vous rebute pas, l’hiver est propice à la lecture de ce genre de classique, où l’on ne s’ennuie jamais, à condition de garder le fil !

 

Les cent premières pages décrivent le contexte social années 30 des principaux protagonistes, issus de la bourgeoisie et vivant à Genève. Ensuite sont évoquées les parentés, souvent dépeintes de façon cocasse, d’un côté petits bourgeois conservateurs, de l’autre bouillants céphaloniens… Vient après le poste du mari, Adrien Deume, jeune oisif empâté et fort soucieux de lui-même, qui doit son avancement soudain à la Société des Nations grâce à un supérieur manipulateur, qui va l’éloigner de son épouse dans le but de la séduire.

Après avoir résisté, essentiellement pour le principe, la belle tombe dans les mailles du filet de ce beau parleur, qui décrit les affres de la passion avec moultes détails. Le mari parti durant trois mois, les premiers temps de leur passion sont décrits par le menu, chacun voulant se mettre en valeur pour faire perdurer l’amour naissant, ils ne peuvent passer quelques heures loin l’un de l’autre… Stendhal ou Marivaux n’auraient pas pu mieux l’écrire… Hélas, le mari rentre plus tôt que prévu, par conséquent les oncles hauts en couleur de l’amant l’assistent pour enlever la belle ! Un véritable vaudeville ! D’autant plus que l’époux éperdu envisage de mettre fin à ses jours.

Aux temps heureux succèdent les jours sans grâce où l’on s’ennuie, peu à peu, où tous les détails, autrefois charmants, deviennent insupportables… Solal est un paria, l’antisémitisme gronde en 1935, sa nationalité française est révoquée et il n’a plus l’apanage de son rang social à la Société des Nations. Les hôtels de luxe où l’on ne sait que faire pour passer le temps, où l’on rencontre des gens dits de la bonne société qui vous fuient comme la peste… A présent l’heure est grave, l’ennui s’installe durablement, et Solal ne sait plus quel subterfuge inventer pour conserver l’intérêt d’Ariane, si fantasque au début.

Il connaît tout d’elle, ses moindres réactions, ses souvenirs d’enfance, sa famille… Ses emballements et ses centres d’occupations sont taris… Ils s’installent dans une villa nommée la Belle de Mai, alors qu’Ariane s’occupe des préparatifs (et notamment l’installation de wc supplémentaires), Solal essaie désespèrement de reprendre possession de son niveau social auprès de ses anciens amis de Paris. Point de souci d’argent, juste la passion qui n’est plus… Coup de théâtre, la belle avoue à son amant qu’elle a fréquenté alors qu’elle était mariée à son petit Deume. Il devient fou, ne cesse de la tourmenter pour connaître les détails, la repousse, la bat…

Cela redonne d’abord du panache à leur amour éteint, mais cela finira mal, forcément ! ils sont exclus, ils sont encore jeunes mais n’ont pas d’avenir… Bref, je vous conseille à tous niveaux de vous lancer à corps perdu dans cette peinture d’une époque, qui trouvera écho dans notre actualité, qui voit la montée des extrémismes affronter la mollesse de certains pachas, ronflant odieusement dans leurs fauteuils de velours.

 

 

 

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