Pierre Soulages, le maître du noir et de l’outrenoir, est exposé actuellement dans son musée de Rodez, et il fera l’objet d’une grande rétrospective au Musée du Louvre à la fin de l’année 2019, afin de célébrer son centième anniversaire.
Pierre Soulages, le plus célèbre peintre et sculpteur aveyronnais, aura cent ans cette année. Il commence sa carrière en 1946, mais le véritable tournant survient en 1979, il y a précisément 40 ans, quand il révolutionne l’art abstrait en inventant le terme « Outrenoir ». Revenons sur le style d’une des plus grandes figures de la peinture informelle.
« J’étais en train de rater un tableau, en train de me noyer dans une sorte de marécage noirâtre, lorsque je me suis aperçu que je faisais une autre peinture… » (Pierre Soulages, avril 2012)
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« Il utilise un seul pigment de noir, le noir d’ivoire, depuis toutes ces années. Et ce pigment de noir donne ces toiles merveilleuses. Lorsque vous êtes devant une peinture de Pierre Soulages, le noir n’est pas uni, n’est pas lisse et n’est pas toujours posé de la même manière… Derrière ce noir, il y a en fait toujours une quête de la lumière. » (Camille Morando, Historienne de l’art)
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« Ce qui compte pour moi, c’est toujours le reflet sur l’état de surface. Quand c’est lisse, cela donne une lumière différente que lorsque l’on utilise un pinceau… On obtient alors des stries qui font vibrer la lumière. C’est sur ce principe que se fonde ce que je fais avec ma peinture. Ma passion pour le noir, d’autres l’avaient éprouvée avant. Puisque déjà il y a 350 siècles, les hommes descendaient dans les endroits les plus obscurs de la terre, dans les grottes – il n’y a pas plus sombre qu’une grotte – et il allaient y peindre avec du noir… » (Pierre Soulages, avril 2012)
Le travail de Soulages sur ce noir donne soit des aplats extrêmement mats, soit des stries lumineuses, et ce noir devient peu à peu gris, blanc, vert, en variant selon votre positionnement face au tableau.
« Celui qui regarde le tableau se retrouve dans le tableau… Et lorsque celui qui regarde ce tableau se déplace, il ne perçoit pas toujours le même reflet, et ne contemple en fait jamais le même tableau… Ce tableau est présent dans l’instant même du regard. Une seconde plus tard, ça n’est plus tout à fait le même. C’est la caractéristique principale du genre de peinture que je fais aujourd’hui. Un rapport différent à l’espace et au temps, de celui de la peinture traditionnelle. » (Pierre Soulages, avril 2012)
La peinture de Soulages est abstraite, mais contrairement à Malevitch ou Mondrian, il n’y a pas de théorie dans ses oeuvres. Soulages n’est pas un conceptuel, et il ne travaille pas avec un récit philosophique sous-jacent.
« Je n’ai pas inventé l’art abstrait, mais lorsque j’étais enfant, j’aimais les arbres sans feuille… Si on aime les formes d’un arbre, on les distingue. Certains arbres sont noueux, torturés, d’autres sont purs et droits. Et au fond, on regarde un arbre comme on peut contempler une sculpture abstraite. Ce sont les qualités physionomiques des formes qui provoquent l’émotion. » (Pierre Soulages, avril 2012)
« Cette place que l’on laisse à l’imagination du spectateur, à ce qu’il ne voit pas, à travers ce qu’il voit, ça me paraît très important, très actuel et très propre à notre travail de peintre abstrait. » (Pierre Soulages, mai 1981)
Vous pourrez découvrir (ou redécouvrir…) Pierre Soulages sous toutes ses coutures au Musée du Louvre, du 11 décembre 2019 au 9 mars 2020, à l’occasion de la rétrospective qui lui sera consacrée. Un hommage exceptionnel au peintre qui fêtera ses cent ans (il est né le 24 décembre 1919), à travers une exposition inédite et personnelle installée dans le cadre prestigieux du Salon Carré, situé entre la Galerie Apollon et la Grande Galerie.
Le Salon Carré, écrin à la hauteur de cet artiste iconique, qui l’affectionne tout particulièrement… Car y sont présentés les Primitifs italiens, « dont les oeuvres caractérisent pour lui l’évolution de la peinture occidentale et le passage à une représentation de l’espace tridimensionnel ». Quant à l’exposition, celle-ci prendra la forme « d’une sélection d’oeuvres majeures illustrant chacune de ses sept décennies, provenant des plus grands musées français et étrangers ».
L’idée derrière cette rétrospective ? « Montrer à la fois la continuité d’une oeuvre toute entière élaborée à l’intérieur de la même conception d’une abstraction », s’exprimant en particulier par « des titres purement classificatoires (technique, dimensions, date) et la rupture intervenue à mi-chemin, en 1979, qui donna naissance à une peinture neuve ». C’est en effet à cette époque que Pierre Soulages propose ce qui deviendra sa couleur fétiche, « l’outrenoir ».
Une exposition qui joue également sur la lumière et son rapport intime avec le noir, caractéristique de l’oeuvre de Soulages. Bref, une exposition toute en nuances à découvrir pour les amateurs du noir et de ses variantes.
A ne rater sous aucun prétexte…