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Grand nom de la musique électronique, la Française Chloé sort une version live de son dernier album en date, « Endless Revisions », paru en 2017. Parfaite démonstration du sens profond des vingt ans de carrière de cette boulimique du son, qui a toujours su communier et partager avec son public.

 

Considérée comme un véritable ovni de la scène électro minimale, Chloé transporte, hypnotise, étonne et dérange parfois. C’est une volonté de sa part de casser les clichés, en tentant toujours de se démarquer et d’installer ce léger décalage nécessaire à son équilibre, mais sans prétention ni arrogance. Après vingt ans de carrière marqués au sceau de la discrétion, son public est toujours présent, assidu et pointu ; ce public qu’elle électrise par ses rythmes martelés et cette attitude « Rock’n’Roll » qui lui colle à la peau. Et cette communion avec ses fidèles se ressent évidemment dans ses sets… Elle parvient avec finesse à allier les basses qui s’étirent en contraste et les tempos lents caractéristiques de la minimale à des instruments analogiques comme guitare, batterie ou encore saxo.

DJing, live, bandes originales, production, collaborations… Bref, on peut le dire, Chloé ne s’arrête jamais.

 

« M’enfermer dans une yourte et travailler sur un disque, c’est un fantasme, bien entendu, mais concrètement inenvisageable… »

 

Chloé est née à Paris, d’un père basque et d’une mère anglophone ; pour la petite anecdote, ses parents se sont rencontrés à Ibiza, et l’expression « être destiné à » prend ici tout son sens ! Dans l’appartement parisien des Thévenin, des étagères pleines à craquer de vinyles… Ses parents l’enrobent délicatement d’un univers musical riche et très varié, allant du jazz au rock en passant par le classique.

Elle commence ainsi très jeune à s’intéresser à la composition et débute cet apprentissage musical de longue haleine en tâtant de la guitare. Elle en joue d’ailleurs encore aujourd’hui. A dix-huit ans, elle découvre le monde de la musique électronique, à une époque où ce courant était encore peu médiatisé. Elle participe à des raves, commence à sortir en club (Palace, Folie’s Pigalle, Rex Club…) et naît en elle le désir de commencer à mixer. Elle achète ses premiers vinyles, l’histoire est en marche…

C’est donc à cette époque, à la fin des années 90, que sa fusion avec la musique électronique s’initie. Car oui, entre Chloé et l’électro, on peut aisément parler de fusion, d’évidence. La déferlante minimale débarquée tout droit d’Allemagne commence à se répandre dans toute l’Europe.

S’ensuivent alors des rencontres déterminantes pour la suite de sa carrière, en particulier au Pulp, club lesbien mythique qui a fermé ses portes en 2007, dont elle deviendra résidente. Chloé y fera la connaissance de Jennifer Cardini, Sextoy ou encore Fany Corral. Un groupe d’amies se forme, une famille… Avec son partenaire et complice Ivan Smagghe, programmateur chez Radio Nova, elle fonde le label Kill The Dj, considéré comme une antre d’alchimistes qui cherchent sans cesse à conjuguer les contraires.

Elle se produira aussi beaucoup à l’étranger lors de grosses tournées (Barcelone, Berlin, Tokyo, New York). En Allemagne, elle s’amourache du club « Robert Johnson » situé en périphérie de Francfort, là même où elle fait ses gammes et en devient résidente.

 

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En 2002, Chloé sort un maxi inattendu sur le label Karat, « Erosoft », contre-pied absolu de ce que l’époque réclamait en matière de tube formaté. On nageait en pleine électroclash et elle balançait une poignée de chanson Lo-fi… Elle enfonce le clou en 2004 avec une compilation mixée d’une rare subtilité, intitulée « I Hate Dancing », non sans se départir de son esprit provocateur et d’autodérision. Les maxis « Take Care » et « Sometimes » marquent à leur tour l’époque. De week-end en week-end, les meilleurs clubs lui offrent une place d’honneur et Chloé se produit également dans de grands festivals tels que Mutek, Marsatac, Sonar…

Elle réalisera en 2006 un mix album à quatre mains incroyable – et volontairement indéfinissable – en collaboration avec son ami Ivan Smagghe. « Dysfunctional Family » sort sur leur label Kill The Dj, avec encore et toujours le même respect du dancefloor et cette idée folle à la clé : vouloir le rendre plus beau, plus doux, plus intelligent et plus ouvert.

En 2007, Chloé sort son premier véritable album, « The Waiting Room », toujours prompte à mélanger dans son chaudron une culture musicale très étoffée et des textures minimales résolument dancefloor. Tout au long de cet opus, on perçoit la volonté de Chloé de retranscrire un univers intime, avec des titres comme « I Want You » ou encore « Be King to Me », sans pour autant renier les rythmiques. Une flopée de plaques tectoniques se caressent ici pour mieux se mêler là, glissant de morceaux expérimentaux pétris de musique dite savante aux pulsions vitales et autres beats martiaux toujours très subtilement agencés.

« The Waiting Room » forme ainsi un puzzle ambitieux, qui propulse les troubles du cœur sur la piste de danse et prend le danseur par la main. Chloé y voit l’aboutissement d’un projet sur lequel elle a travaillé sur la longueur, entre ses remixes, ses maxis et ses dates de tournées.

Au début de l’année 2009, elle lance le projet « Plein Soleil », avec Krikor, son frère d’armes, ainsi qu’un nouveau cd mixé, « Live at Robert Johnson ». Émouvant, sombre et sensuel, il sonne comme une suite logique au mix à quatre mains évoqué plus haut.

2010 marque la sortie de son deuxième album, « One in Other ». Sur ce disque, la patte Chloé, c’est tout le contraire du son qu’elle conçoit dans les clubs et pour ses sets, avec beaucoup de mid et de downtempo, des beats peu accrocheurs pour qui voudrait danser. Chloé nous délivre une musique abstraite mais évocatrice, froide mais bourrée d’humanité, et qui reste de l’électro sans renoncer à faire du rock, comme la batterie de « Distant », le saxo de « You » ou la fin de « One in Other » nous le démontrent. Et quand « One Ring Circus » vient s’enchaîner, on frôle l’apothéose, qu’on atteint définitivement avec « Slow Lane ».

 

« Travailler la place des sons dans l’espace, c’est mon moteur. »

 

En 2017, Chloé nous revient donc avec « Endless Revisions », qui n’est finalement que le troisième album d’une carrière qui s’étend sur deux décennies. Et sa version live, sortie le 11 janvier 2019, est l’exemple parfait de la capacité d’adaptation permanente d’une artiste en pleine maturité, qui peut aujourd’hui passer aisément du club techno au festival généraliste.

 

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Plus nerveux et plus aérien, le live raconte toujours une histoire différente, en fonction du moment et de l’endroit, quand la version sur disque n’est qu’un instantané : « Je me sers de l’énergie que je partage avec le public, pour revisiter en direct. C’est donc un travail qui a été mûri au fil de mes lives, les uns après les autres. Et sur chaque live, les moments sont différents. De nouvelles choses en sortent à chaque fois, des sortes d’accidents ; c’est un live sans fin… », explique-t-elle.

 

« Chaque live est différent, nourri parfois de petits accidents, c’est un peu un live sans fin. »

 

« Faire des sets qui peuvent durer entre deux et six heures, c’est ce qui me plaît. Et d’ailleurs, plus je joue longtemps, plus j’ai le temps d’installer progressivement tous les éléments du puzzle. Tout ça, c’est comme un jeu de construction… Jouer pendant quatre heures des choses qui sont systématiques et entêtantes, ça peut être génial, mais en ce qui me concerne, au bout d’un moment, je m’étouffe moi-même… »

 

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Figure de la culture club à ses débuts, Chloé Thévenin symbolise ce qu’est devenue la musique électronique. L’heure est à la diversité, aux collaborations, aux intersections entre genres a priori opposés. Et c’est tout sauf une passade, pour elle.

 

« Personnellement, ça n’est pas comme ça que je vois les choses. Je ne suis pas du genre à me dire : « tiens, c’est à la mode, donc je vais le faire ». Une chose est sûre, on assiste à une démocratisation de la musique électronique, une fusion des genres : on a moins envie de leur mettre des étiquettes. »

 

Et ça tombe bien, car les étiquettes, Chloé les utilise seulement pour classer sa formidable collection de disques et de sons…

 

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Chloé, « Endless Revisions Live » (Lumière Noire Records). Album disponible.

En concert le 26 janvier à Paris (Elysée Montmartre)

 

 

 

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