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« Larlépem-vous louchébem ? »

 

Pierre Dac, de son vrai nom André Isaac, est un comédien français connu qui joua sur de nombreuses scènes de théâtres parisiens tels que Le Casino de Paris dans « Phèdre », le théâtre Montparnasse avec « La petite maison de thé » ou le théâtre Edouard VII dans « Le mari ne compte pas ». C’est aussi un acteur reconnu dès les années 1930 avec « Potiche » d’Abel Gance, « La belle américaine » de Pierre Tchernia ou encore « Le trio infernal » de Francis Girod.

Mais pas que… C’est aussi un humoriste français, connu pour le duo qu’il forma avec Francis Blanche. Ses sketches passent en radio où il anime des émissions : « Malheur aux barbus » de 1951 à 1957, « Signé Furax » de 1956 à 1960 sur France Inter, « Bons baisers de partout » de 1965 à 1974 toujours sur Inter.

Mais pas que… C’est aussi un philosophe.

Mais pas que… Il fut tour à tour plusieurs fois médaillé (Croix de Guerre et Légion d’Honneur), grand résistant sur Radio Londres, franc-maçon, dépressif et suicidaire (deux tentatives), candidat à la Présidentielle en 1965 (« Les temps sont durs, votez MOU »), fumeur (mort d’un cancer du poumon) et célibataire sans enfant.

Mais pas que… Tout le monde connaît le sketch de Coluche « Le Schmilblick » : c’est Pierre Dac !  Les mots « loufoque », « Chleuhs » : c’est lui ! Car Pierre Dac est un grand amoureux et ambassadeur de la langue française. C’est en 1950 que Pierre Dac (enfin, les frères Jules et Raphaël Fauderche) crée cet objet imaginaire qui ne sert absolument à rien et peut donc absolument servir à tout. D’abord jeu télévisé présenté par Guy Lux en 1969, puis sketch comme on l’a vu en 1975, il est aujourd’hui synonyme de « truc », de « bidule » ou de « machin », avant de passer dans le langage courant à travers les expressions : « Ca ne fait pas avancer le schmilblick tout ça ! » et « Mais qu’est-ce que c’est que ce schmilblick ? ». Ou comment un mot inventé par un homme comme une bouffonnerie a fait son petit bonhomme de chemin jusqu’à faire partie intégrante de la langue française ! Tout le monde ne crée pas de nouveaux mots, n’est-ce pas monsieur Dac ?

Le Louchébem est une forme d’argot particulier au métier de boucher, né au milieu du XIXe siècle. Une sorte de jargon du boucher, pourrait-on dire. On le parlait principalement à Paris et à Lyon et il reste encore très connu dans la profession. Comment ça marche ? On remplace la première lettre du mot par un « L ». Par exemple, prenons le mot « boucher ». Cela donnera donc « loucher ». Il faut ensuite placer la lettre du début de mot ainsi supprimée en fin de mot, puis ajouter un suffixe . Le « boucher » deviendra ainsi le « louchébem ».

Le rapport entre Pierre Dac et le louchébem ? Le chansonnier de l’absurde qui aime tourner en dérision les situations cocasses de la vie quotidienne jongle avec les mots et apprécie les calembours. Il devient « le roi des loufoques », un mot issu du langage oral louchébem et inconnu du grand public. C’est lui qui rendra populaires des expressions oubliées empruntées à la langue des bouchers, le métier de son père. Ironique pour un artiste qui débuta à « La vache enragée », un cabaret de Montmartre !

Tout le monde utilise aujourd’hui sans le savoir des expressions issues de ce langage oral créé de toutes pièces. Ainsi en est-il des expressions suivantes : « à oilpé ». « Poil » devient « loilpé », « à loilpé » puis « a oilpé ». Ou encore : « c’est un ouf ! » vient de « fou », puis « louf » et « loufoque ».  Ou bien : « en douce » devient « loucdé » et « en loucdé ». Pour finir, « portefeuille » se transforme en « lortefeuille » puis « larfeuille » et « filou » devient « loufiah ».

Ainsi, dans les cités, les jeunes savent-ils seulement qu’ils parlent en fait un langage vieux de plus de 150 ans ? Celui-là même parlé dans la résistance pendant la Seconde Guerre Mondiale, que l’on retrouve dans la littérature chez Alphonse Boudard et Raymond Queneau, ou dans le Rap du groupe français IAM par Akhénaton.

Les « Fables » de La Fontaine passées au crible du loucébem (Par Christophe Mérel, Editions Edilivres en 2011), ça donne à peu près ça : « la ligalleçatte et la lourmifem » ou « la lenouillegrem et le boeuf », ou encore « le lorbeauquem et le lenardrem ». Pour les amoureux de la langue et les fans d’argot.

« La ligalleçate, layanatte lantéchem

Loutem l’étélem,

se louvatrem lorfas lépourvuedé

Lanquem la lisboque lufem lenuevem. »

Certains restaurants en ont fait une marque de fabrique et l’on y pratique le Louchébem tout en servant de magnifiques pièces de viande.

 

 

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