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  • « Diego Maradona » : L’enfant terrible du foot a enfin son biopic

     

     

    Lorsqu’il arrive à Naples en 1984, il est accueilli par 75.000 personnes, comme un dieu vivant. La ville la plus pauvre d’Europe vient de s’acheter le joueur le plus cher du monde : Diego Maradona. Avec le Napoli, l’Argentin va enflammer les stades, mais l’ancien gamin des bidonvilles reste un colosse aux pieds d’argile.

     

    Dans ses films, le réalisateur britannique Asif Kapadia parvient toujours à nous présenter des personnages iconiques sous des angles inédits ou méconnus. Avec « Senna » en 2010, il déroulait ainsi le fil du mal profond qui rongeait de l’intérieur le pilote de F1, jusqu’à l’accident qui lui coûta la vie en 1994. « Amy », Oscar 2016, nous dévoilait les pulsions autodestructrices et cette célébrité « asphyxiante » qui ont conduit au décès de la chanteuse.

    Génie, mais quant à lui bien vivant, même s’il est passé à plusieurs reprises très près du gouffre, Diego Maradona et son histoire hors du commun constituait donc un sujet parfait pour Asif Kapadia. S’appuyant sur des images inédites et le témoignage apaisé du footballeur argentin, le réalisateur se concentre surtout sur ses sept saisons passées en Italie, à Naples, de 1984 à 1991 ; cette ville aussi fiévreuse que lui, où il est devenu une star planétaire et où il finit par se perdre dans les excès…

     

    « Maradona est quelqu’un de plutôt vulnérable. D’un côté, il est typiquement latin, très macho et très sûr de lui. Mais quand vous regardez son visage et ses yeux, c’est comme un enfant, il est perdu », rapporte le réalisateur du documentaire consacré au joueur, Asif Kapadia.

     

    Ce dernier a donc dû convaincre l’ancien footballeur de témoigner et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça n’a pas été facile… Car Maradona, c’est la grandeur d’un mythe, mais aussi sa décadence. Entre addiction à la cocaïne et fricotage avec la mafia, ce prodige a fini par ternir son image à tout jamais.

     

    Pourquoi Maradona ?

    J’ai un peu grandi avec lui. J’avais envie d’en savoir plus sur ce génie toujours au bord du chaos. J’ai voulu parler de la bataille intérieure que Diego menait avec Maradona, ce personnage devenu son plus dangereux adversaire. Et puis je suis fan de football. Je joue le mardi soir. Sur un terrain, je ne suis pas Maradona, je suis plutôt inutile, souvent à terre. Mais je suis tellement d’accord avec lui quand il dit que le foot est le seul moment où il oubliait tout. On ne pense pas au travail, aux soucis. Et lui qui vivait en permanence sous la pression publique et médiatique en avait beaucoup.

     

    Combien de fois l’avez-vous rencontré ?

    Cinq ou six fois. La première, en septembre 2016. Il vivait à Dubai, à Palm Jumeirah, l’île artificielle en forme de palmier géant. J’étais avec une équipe de tournage. Pendant quatre jours, j’ai reçu le même message : « Diego ne se sent pas très bien aujourd’hui, peut-être demain ». Dubai coûte cher, on payait une équipe à ne rien faire, j’ai dit que je devais rentrer. Et ça s’est débloqué… Il n’avait pas l’air au fond du trou. Il m’a serré la main, on a fait une photo et il m’a dit : « Ok, nous allons faire un grand film, au revoir ». Ça a duré à peine cinq minutes. C’est toujours comme ça avec lui la première fois.

     

    « Naples a été le cycle le plus important pour Maradona. Ces années-là, il était le meilleur joueur du monde et il a gagné ses principaux titres. » 

     

    Et ensuite ?

    Les autres rencontres, jusqu’à trois heures, étaient plus sympas. Il était dans son canapé, une photo de Mère Teresa sur un mur, de tous ses enfants sur un autre. Sa copine venait écouter de temps en temps. Il était meilleur quand elle n’était pas là… Lors de notre première discussion, je lui ai demandé de me parler de Claudia, la mère de ses enfants, avec laquelle il était en guerre totale à l’époque. « Ne prononcez même pas son nom, s’il vous plaît ! ». Il y a beaucoup de douleurs accumulées dans cette famille, avec toutes ces histoires d’enfants [cinq reconnus en Argentine et Italie, d’autres putatifs à Cuba]. Ses filles m’ont beaucoup aidé, dont Dalma qui disait : « C’est génial que vous puissiez parler de mon père de son vivant. Peut-être qu’il comprendra mieux sa vie ».

     

    Pourquoi vous être concentré sur sa période napolitaine ?

    Je me suis rendu compte que le même cycle se répétait partout : il arrive en héros, tout va bien et tout le monde l’adore, puis il commence à faire n’importe quoi, ça dégénère, les gens le détestent et il part ailleurs, où ça recommence. Il a quitté Barcelone en disgrâce après avoir déclenché une bagarre en finale de la Coupe d’Espagne sous les yeux de Juan Carlos. Naples a été le cycle le plus important. Ces années-là, il était le meilleur joueur du monde et il a gagné ses principaux titres. Ses problèmes, notamment avec la drogue, sont nés dans cette ville.

     

    Vous présentez des images incroyables et jamais vues. D’où viennent-elles ?

    Le tout premier agent de Diego, Jorge Cyterszpiler, pressentait qu’il allait devenir une star. Il avait eu l’idée géniale d’embaucher deux cameramen pour le suivre partout, sur le terrain et en dehors. Il pensait en faire un film. Ça a commencé en 1981, avant même son transfert à Barcelone. Mais le film dont il rêvait n’a jamais eu lieu. Maradona a changé d’agent. On a retrouvé des cassettes un peu partout, à Buenos Aires et à Naples. C’est dingue : ils ont commencé le film en 1981 et je l’ai terminé en 2019 !

     

    « Diego est célèbre, bruyant et surtout talentueux, ce qui n’est pas toujours le cas des gens qui occupent l’espace… » 

     

    Où étiez-vous lors de sa fameuse « main de Dieu », pendant le match Argentine-Angleterre de la Coupe du Monde 1986 ?

    Devant ma télé, à Londres, où mon frère se mariait. Naturellement je soutenais l’Angleterre. Quand Diego marque son fantastique second but en dribblant quasiment toute notre équipe, c’est parce qu’elle était encore sous le choc du premier, quatre minutes plus tôt. Cette main… Je ne peux pas le détester à cause de ça. Tous les joueurs du monde peuvent tricher si c’est l’occasion d’obtenir une faute, un penalty, un but. Et le spectateur fait moins la fine bouche si son équipe en bénéficie. Il faut aussi se souvenir qu’à l’époque, les attaquants rapides comme Diego se faisaient découper par les défenseurs. Alors ils tentaient des choses… En visionnant les archives, je me suis rendu compte qu’il a utilisé sa main trois ou quatre autres fois dans sa carrière !

     

    Quel genre de dieu est-il ? Icare qui s’est trop brûlé les ailes ?

    Il y a de ça, oui. Mais je crois surtout que c’est un dieu très humain. Doué de qualités hors norme, mais aussi vulnérable, imparfait, immature. Tout ce qu’il a traversé est incroyable. C’est un survivant.

     

    Il y a votre film, une pièce en France, une série en préparation pour Amazon. Comment expliquer cette fascination pour Maradona ?

    Diego est célèbre, bruyant et surtout talentueux, ce qui n’est pas toujours le cas des gens qui occupent l’espace… Il a tout gagné dans le sport le plus populaire du monde. Et puis c’est un personnage à part entière, avec une dramaturgie inscrite dans son parcours de petit gars sorti de la pauvreté grâce au foot. La plupart des joueurs n’existent plus quand ils arrêtent. Lui se réinvente, dérape, grossit, se range jusqu’à la prochaine fois.

     

    « Maradona, il est mort tellement de fois déjà, et il est toujours revenu. Donc personne n’y croira vraiment quand ça arrivera ! »

     

    Un tel homme peut-il avoir une mort normale ?

    Quand j’ai dit à Naples que j’avais fait des films sur Ayrton Senna et Amy Winehouse, un type m’a regardé, sincèrement horrifié : « Vous allez porter malheur et tuer Diego ! ». J’ai dû lui expliquer qu’ils avaient disparu avant que je m’intéresse à eux. Maradona, il est mort tellement de fois déjà, et il est toujours revenu. Donc personne n’y croira vraiment quand ça arrivera !

     

    Quel sera votre prochain héros ?

    Je vais m’offrir un break côté biographies. J’ai fait aussi de la fiction, et notamment deux épisodes de « Mindhunter », une série de David Fincher. Je ne vais pas abandonner le documentaire mais j’ai besoin de faire autre chose, davantage consacré à l’état du monde.

     

    Propos recueillis par Stéphane Joby pour le JDD

     

     

    Rebelle. Héros. Tricheur. Dieu… Découvrez la bande-annonce de « Diego Maradona » par le réalisateur oscarisé de « Amy », en sélection officielle au Festival de Cannes. Le 31 juillet au cinéma.

     

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    Synopsis : Le 5 juillet 1984, Diego Maradona est engagé par le club SSC Napoli pour un montant inédit qui établit un nouveau record du monde : pendant sept ans, le « gamin en or » accomplit des miracles. Il faut dire que le footballeur le plus mythique de la planète trouve vite ses marques dans une ville où l’on dit que même le diable a besoin de gardes du corps…

    Si Maradona semble avoir la grâce sur le terrain, il a moins de chance dans sa vie personnelle. Et quand la magie s’est dissipée, il est presque devenu captif de la ville… « Diego Maradona », réalisé à partir de 500 heures d’images inédites issues des archives personnelles du footballeur, est le récit déjanté et inoubliable d’un homme au talent exceptionnel, mêlant gloire, désespoir, trahison, corruption et rédemption.

     

     

     

  • Il y a trente ans, le public français découvrait Roberto Benigni

     

     

    Il y a trente ans, à l’occasion de la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes en juin 1989, le public français découvrait avec émerveillement le troisième film en tant que réalisateur de Roberto Benigni, « Il Piccolo Diavolo ».

     

    Après « Tu mi turbi » en 1983, et les débuts de Roberto Benigni à la réalisation ainsi que ceux de sa future épouse, l’actrice italienne Nicoletta Braschi, à l’écran, son deuxième long-métrage sorti un an plus tard, « Non ci resta che piangere », s’attirait tant les faveurs du public italien que de la critique, en étant le plus gros succès commercial en Italie l’année de sa sortie (1984).

     

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    Quatrième enfant de Luigi Benigni (1918-2004) et Isolina Papini (1918-2004), Roberto Benigni naît le 27 octobre 1952 à Castelfiorentino en Toscane, près d’Arezzo, dans une famille modeste.

    Après un passage au séminaire à Florence, Roberto Benigni se fait connaître en Italie d’abord comme chanteur et musicien, avant de démarrer sa carrière de comédien au théâtre en 1972. En 1977, il fait ses débuts au cinéma dans « Berlinguer ti voglio bene » (titre anglais : « Berlinguer, I Love You ») de Giuseppe Bertolucci, le frère de Bernardo, dont il signe le scénario original.

    Au cours des années qui suivent, avant cette année 1989 qui marque un tournant décisif dans sa carrière avec la présentation de son troisième long-métrage, « Il Piccolo Diavolo », à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes, Benigni apparaît dans des petits rôles chez successivement Luigi Zampa, Bernardo Bertolucci, Costa-Gavras, Marco Ferreri et évidemment Jim Jarmusch, notamment dans « Down by Law » en 1986.

     

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    En 1988, Roberto Benigni se lance donc dans la réalisation de son troisième film, « Il Piccolo Diavolo ». Il fait appel pour le scénario original à Vincenzo Cerami, à son vieux complice et mentor Giuseppe Bertolucci pour l’histoire, ainsi qu’à Nicoletta Braschi dans le rôle de Nina, qu’il épousera en 1991.

    Le sujet est assez simple : Le père Maurizio (Walter Matthau) est appelé pour un exorcisme. Il réussit ainsi à libérer une femme de l’être qui la possède, mais celui-ci prend vie dans un corps autonome (Roberto Benigni). Ce diable, qui affirme s’appeler Célestine (Giuditta en VO), semble s’être échappé de l’au-delà pour découvrir le monde.

    Célestine rappelle un peu un enfant : il est curieux et n’a pas la moindre idée sur la manière dont fonctionne la société des vivants. Il se découvre d’un coup une passion pour le dessert italien de la zuppa inglese… Le petit diable n’est pas méchant, juste un peu narcissique. Il va néanmoins bouleverser complètement la vie du pauvre père Maurizio, qui se trouve au bord de la crise de nerfs à force de devoir endiguer ses extravagances.

    Célestine rencontre une femme, Nina (Nicoletta Braschi) qui le fascine, surtout lorsqu’il découvre qu’elle a sous sa jupe quelque chose de bien mystérieux, différent de ce qu’il voit sur lui-même. Il s’agit en fait d’une diablesse envoyée par l’au-delà pour le ramener là d’où il vient.

     

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    « Il Piccolo Diavolo ne raconte pas une histoire d’aujourd’hui et ne se borne pas à interpréter les vues ou les contradictions de notre société contemporaine. Non, il va plus loin. C’est un film rare et unique. C’est la fusion de toutes les cultures, le face à face de Gog et MagogIl Piccolo Diavolo unit les mentalités de tous temps dans un champ d’action qui irait de Voltaire à Toshiro Mifune. » (Roberto Benigni en 1989)

     

    Lors de sa présentation à la Quinzaine 1989, Roberto Benigni tint à remercier Wim Wenders et le jury « pour avoir su discerner dans « Le Petit Diable » deux des plus hautes vertus de l’âme humaine : la modestie et l’humilité. Plus magnifique que Cazotte, plus charnel que Rabelais, plus léger que Calir, plus élégant qu’Ophüls, « Le Petit Diable » s’est inspiré de ces quatre maîtres et de leurs prédécesseurs. Il a même fait connaître ceux qui étaient dans l’ombre. »

    Le film n’est certes pas aussi abouti que les futures productions de Benigni, à commencer évidemment par « La Vie est Belle » consacré à Cannes et aux Oscars en 1998, mais sa faim de poésie comique est déjà là. Et même si elle reste parfois mieux exploitée par d’autres que par lui même, ses films et celui-là en particulier se regardent toujours avec tendresse et humour. Un bon petit film italien à redécouvrir…

     

     

     

  • Les films X les plus cultes des années 60 et 70

     

     

    Des sujets finalement assez féministes avant l’heure, le premier animal « animé » de l’histoire du sexe au cinéma, une actrice star disparue à tout jamais et une autre devenue une fervente militante anti-porno… Découvrez ce qui se cache derrière les affiches des films X les plus cultes des années 60 et 70.

     

    Les « Films Classés X » ont acquis une bien mauvaise réputation dès leur apparition dans les salles obscures durant les années 60. Et même ceux d’entre nous qui apprécient le grain d’image caractéristique de cette époque sont souvent déçus par l’esthétique de ces productions, entre costumes moulants, jeu d’acteurs épouvantable et les clichés qui vont avec…

    L’ouvrage « X-Rated Adult Movie Posters of the 60’s and 70’s » de Peter DoggettTony Nourmand et Graham Marsh paru en août 2017 tente de rendre justice à ces films dont la plupart n’ont certes pas marqué l’histoire du 7ème Art, mais qui sont malgré tout représentatifs d’une période à tout jamais révolue, avant que le Sida ne ramène le monde à une triste réalité, après l’effervescence de la fin des 60’s, et que le porno ne sombre dans l’auscultation gynécologique, dénuée de toute poésie.

    Sur plus de 300 pages, « X-Rated Adult Movie Posters of the 60’s and 70’s » nous replonge donc dans les archives cinématographiques de ces années-là, pour y dénicher des affiches de films originales, de « Faster, Pussycat! Kill! Kill! » à « Flesh Gordon », en passant par le cultissime « Deep Throat », ainsi que d’autres titres moins courants que vous ne connaissez probablement pas.

    En plongeant ainsi dans les arcanes du cinéma porno des années 1960 et 1970, il est intéressant de noter que même si ces films semblent aujourd’hui désuets et bien fades, ils sont néanmoins truffés d’éléments qu’il serait impossible de porter à l’écran de nos jours, même s’ils n’y sont souvent que suggérés. Fétichisme, transsexuels, fantasmes de viol y sont assez largement répandus…

     

     

    DEBBIE DOES DALLAS (1978)

    Il est presque impossible d’écrire sur le porno de ces années sans évoquer « Debbie Does Dallas », qui connut un énorme succès à sa sortie en salle en 1978 et qui reste l’un des cinq films pour adultes les plus rentables de tous les temps. Et ce n’est pas trop compliqué de comprendre pourquoi… Tout d’abord, il y a l’histoire, qui reprend tous les poncifs du genre, des pom-pom girls aux footballeurs américains, en passant par le concept ambitieux pour l’héroïne de coucher avec autant d’hommes que possible pour le plus d’argent possible…

    Ensuite, il y a le charme innocent de cette beauté blonde aux yeux de biche, Bambi Woods, dont le surnom à l’écran fut choisi par le réalisateur du film lui-même. Il faisait référence au fait qu’elle ressemblait selon lui « à une biche prise dans les phares d’une voiture lorsqu’elle avait des relations sexuelles à l’écran ». Hormis cette explication singulière, « Debbie Does Dallas » acquit son statut de film culte moins par sa qualité intrinsèque que par les rumeurs en tout genre qui fleurirent à l’époque.

    Bambi Woods ne tournera en tout et pour tout que cinq films, pour ensuite disparaître à tout jamais des écrans-radars de l’industrie pornographique en 1986. On la prétendit morte d’une overdose, mais aucune trace de sa disparition dans les registres. De nombreuses femmes tentèrent de se faire passer pour elle, sans pouvoir réellement étayer leurs dires. En 2005, un documentaire anglais de Channel 4, « The Dark side of Porn : Debbie does Dallas uncovered » (« Le côté obscur de la pornographie : Debbie Does Dallas démasquée »), employait les services d’un détective privé pour tenter de retrouver Bambi Woods, sans succès.

    Vous voulez l’âge d’or du porno ? Ne cherchez pas plus loin, vous y êtes…

     

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    FRITZ THE CAT (1972)

    « Nous ne sommes pas classés X pour rien, bébé ! ». C’est le slogan clamé haut et fort par « Fritz the Cat », qui se targue d’être le premier animal star du porno de l’histoire du cinéma. Fritz est aussi un socialiste radical qui proteste contre le système et combat le racisme, tout en trouvant quand même le temps de participer, entre deux manifs, à quelques longues séances de sexe en groupe avec d’autres félines de son espèce…

    Les connotations politiques y sont ici évidentes – les policiers sont représentés en cochons, les raids des gangs liés au trafic de drogue deviennent de plus en plus violents, comme l’époque à laquelle ils se référent, et un corbeau noir est abattu au cours d’une émeute qu’il n’a pas déclenchée. Sorti en 1972, en pleine guerre du Vietnam, ce film résonna avec son temps pour devenir culte et donner lieu à une suite en 1974, « Les Neuf Vies de Fritz the Cat ». Fritz est le premier long métrage d’animation à recevoir un classement X aux États-Unis.

     

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    DEEP THROAT (1972)

    Avez-vous déjà consulté un médecin, pour découvrir finalement que vous aviez un clitoris dans la gorge ? C’est précisément ce qui arrive à Linda, sexuellement frustrée, quand elle tente de comprendre pourquoi elle ne peut jamais atteindre l’orgasme. « Deep Throat », connu pour être l’un des films pornographiques les plus emblématiques de tous les temps, utilise cette révélation singulière comme point de départ. S’ensuit pour Linda une quête effrénée de son propre plaisir, en prodiguant le plus de fellations possible… Voilà pour l’histoire.

    Initiateur de la tendance « porno chic », le film a également lancé la carrière de Linda Lovelace, née dans le Bronx en 1949, et devenue plus tard une fervente militante anti-porno comme une « bonne » chrétienne. Sa vie personnelle ne fut cependant que controverse… Non seulement a-t-elle dû endurer une longue relation abusive avec un mari qui l’a apparemment poussée dans la pornographie, mais elle a également beaucoup écrit sur l’exploitation de la femme par l’industrie du film. Pour toutes ces raisons, Lovelace est toujours l’une des stars les plus fascinantes de l’histoire du porno.

     

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    Et maintenant, un florilège d’affiches cultes figurant dans le livre…

     

     

    Affiches :

    01. « Appetites », starring Sarah Flatt. Directed by Gary Khan, 1973.
    02. « Back Seat Cabbie », starring Margaret Leigh and Janet Topaz. Directed by C. Walsh, 1969.
    03. « Come One Come, All! », starring Tony Vorno, Gina Montaine and Henry Dillon. Directed by Tony Vorno, 1970.
    04. « Cool It, Baby! », starring Beverly Baum, Joseph Marzano and Christine Cybelle. Directed by Lou Campa and Joseph Marzana, 1967.
    05. « Days of Sin and Nights of Nymphomania », starring Preben Nicolaisen, Anders Dahlerup and Annette Post. Directed by Poul Nyrup, 1963.
    06. « Debbie Does Dallas », starring Bambi Woods, Christie Ford and Robert Kerman. Directed by Jim Buckley, 1978.
    07. « Deep Throat », starring Linda Lovelace, Harry Reems and Dolly Sharp. Directed by Gerard Damiano, 1972.
    08. « Flesh Gordon », starring Jason Williams, Suzanne Fields and John Hoyt. Directed by Howard Ziehm and Michael Benveniste, 1974.
    09. « I Want You! », starring John Holmes, 1970.
    10. « I Was A Man », starring Ansa Kansa. Directed by Barry Mahon, 1967.
    11. « Is There Sex After Marriage », starring John Dullghan, Lori Brown and Beerbohn Tree. Directed by Richard Robinson, 1973.
    12. « Love and Kisses », starring Kathy Knight, Ruth Alda, Charles Napier and Paul Norman. Directed by Don Dorsey, 1970.
    13. « Sex Cures the Crazy », 1968.
    14. « Sex Odyssey », 1970.
    15. « Smoke and Flash », starring Richard Howell, Ed Sansone and Lee Parker. Directed by Joseph Mangine, 1968.

    16. « X-Rated Adult Movie Posters of the 60’s and 70’s », de Peter DoggettTony Nourmand et Graham Marsh (2017)

    © Courtesy of « X-Rated Adult Movie Posters of the 60s and 70s » by Tony Nourmand and Graham Marsh

     

     

     

  • Marquese Scott : The King of Urban Dance

     

     

    Marquese Scott est un danseur américain qui a commencé sa carrière professionnelle par la « Poppins Dance » au tout début des années 2010, avant de faire des apparitions remarquées dans diverses émissions télévisées telles que The Ellen DeGeneres Show, des publicités ou des performances live dans le cadre de spectacles de danse urbaine. Il a signé depuis chez Xcel Talent Agency et il est l’un des membres fondateurs du team Dragon House.

     

    Lors de ses premières apparitions publiques, vues au passage par plus de 130 millions de personnes aux Etats-Unis, CBS a qualifié les prestations de Marquese Scott de « tout simplement époustouflantes ». Quant à Ellen DeGeneres, elle l’a trouvé « absolument incroyable », Gather reconnaissait avoir assisté au « meilleur dubstep de tous les temps » et Perez Hilton déclarait : « sérieusement, comparé à ce que vient de faire ce mec, le moonwalk de Michael Jackson ressemble à une promenade dans le parc ». Excusez du peu…

    Marquese Scott fut repéré pour la première fois dans un concours organisé à la patinoire d’Inglewood en Californie, là même où il est né en 1981. Il a commencé à prendre la danse très au sérieux alors qu’il était au lycée à Indianapolis, où il rejoint le club de danse urbaine fréquenté par ses amis.

    Après ses études, il rentre dans l’armée mais continue à danser à chaque fois qu’il en a l’occasion. Après avoir quitté la Marine en 2003, il rejoint sa famille installée à Atlanta, en Géorgie. Marquese Scott trouve un petit boulot chez Wal-Mart, consacre tout son temps libre à développer son propre style et commence à cette époque à filmer ses prestations publiques dans les parcs et à les publier sur YouTube.

    Mais c’est la 53ème publication de Marquese Scott sur YouTube en septembre 2011, une vidéo où on le voit danser sur un remix de « Pumped Up Kicks » de Foster the People, qui propulse le danseur au rang de célébrité. La vidéo est devenue rapidement virale et sera visionnée pas moins de 1,5 million de fois en l’espace de quatre jours. Aujourd’hui, huit ans après sa publication, elle affiche plus de 139 millions de vues au compteur…

     

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    En novembre 2012, nous retrouvions Marquese Scott aka NonStop et ses potes de Dragon House pour un dubstep sur « Illusion of Choice » de Gramatik, que nous vous avions présenté à l’époque, quand nous étions encore tout petits… comme notre grosse sensation danse du moment.

     

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    Et maintenant, j’espère que vous êtes chauds pour votre premier cours de danse dispensé par le Maître, Professor Marquese Scott himself…

     

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    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Marquese Scott Official

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Marquese Scott YouTube

     

     

     

  • Lino Ventura : le mythe aurait eu cent ans cette année

     

     

    Plus de trente ans après sa disparition, on célébrait le 14 juillet 2019 le centenaire de la naissance de Lino Ventura, né à Parme le 14 juillet 1919. Ancien champion d’Europe de catch, sa présence devant la caméra fascinait autant qu’elle impressionnait. Des « Tontons Flingueurs » à « L’aventure c’est l’aventure », retour sur le parcours d’un acteur unique.

     

    Pourquoi Lino Ventura est-il encore aujourd’hui un tel mythe, plus de trente ans après sa disparition ?

    Certainement déjà grâce à ses films, à commencer par la comédie culte parmi les comédies cultes, « Les Tontons Flingueurs ». Entre 1954, avec son tout premier film, « Touchez pas au Grisbi », et sa disparition en 1987, en 33 ans de carrière, Lino Ventura va tourner pas moins de 75 films, soit une moyenne de deux films par an, ce qui est considérable.

    Lino Ventura, c’est évidemment Fernand Naudin, le chef de ces « Tontons » qui flinguaient à tout va en maniant la langue d’Audiard. C’est encore le brigadier Théo Dumas, l’obstiné « con qui marche et qui va plus loin que deux intellectuels assis » (les excellents Charles Aznavour et Maurice Biraud, en l’occurrence) d’un « Taxi pour Tobrouk ». C’est toujours le Simon de Claude Lelouch dans « La Bonne Année », un braqueur de bijouteries à l’âme tendre et aux manières viriles qui séduit une très belle et très distinguée antiquaire campée par Françoise Fabian.

    Pour tous ces films passés à la postérité, Lino Ventura fait donc encore partie aujourd’hui des acteurs français les plus iconiques, déjà car ces films étaient bons. Mais aussi parce que Lino avait une vraie gueule, une présence. Il a d’ailleurs joué dans un film qui s’appelait « Les Grandes Gueules »…

    Une petite anecdote : nous sommes en 1953 ou 54. Pour son prochain film, « Touchez pas au Grisbi », Jacques Becker cherche un acteur pour donner la réplique à l’immense Jean Gabin. Pas un acteur normal, non, mais un gros dur, un physique de tueur à gage. Un type dit à Becker qu’il connaît un gars qui pourrait faire l’affaire, un catcheur. Le parfait homme de main… Ventura, qui n’a jamais joué dans un film et qui n’a jamais pris le moindre cours de comédie, se retrouve à faire un essai, en présence de Gabin.

    Lino Ventura fait donc pour la première fois de sa vie face à une caméra. On lui demande comme dans n’importe quel essai à l’époque de dire deux ou trois phrases. Gabin, à qui on ne la raconte pas en terme de jeu, lance à Becker : « Mais qui c’est, ce gars ? T’as vu cette présence ! Quelle gueule ! ». et Lino a le rôle…

    Avec « Touchez pas au Grisbi », l’acteur commence une incroyable carrière tandis que l’inoubliable Pépé le Moko interrompt avec ce film noir sa longue traversée du désert qui avait fait sacrément pâlir son étoile après la Deuxième Guerre mondiale… Les deux taiseux tourneront six films ensemble et deviendront d’inséparables amis.

     

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    D’où lui vient cette incroyable force caractère ?

    Angiolino Giuseppe Pasquale Ventura naît le 14 juillet 1919, à Parme. En 1927, il est âgé de huit ans lorsqu’il quitte l’Italie avec sa mère pour rejoindre son père parti travailler comme représentant de commerce à Paris quelques années auparavant. Mais arrivés à Montreuil le 7 juin 1927, la mère et le fils ne retrouveront jamais Giovanni. Le père a disparu dans la nature.

    A 21 ans, comme il a gardé la nationalité italienne, Lino Ventura se retrouve enrôlé dans l’armée italienne au début de la Seconde Guerre mondiale. Le jeune homme n’a pas de conviction particulière et il se tiendra toute sa vie toujours éloigné de la politique.

    Il déserte au moment de l’effondrement du régime fasciste (juillet 1943) pour rejoindre à Paris Odette qu’il a épousée le 8 janvier 1942. Redoutant d’être dénoncé, il doit se cacher dans une maison servant de grange à Baracé, dans le Maine-et-Loire, afin de ne pas être arrêté par les Allemands (il y reviendra après la guerre et achètera cette maison).

    Après la guerre, il entame une carrière de catcheur professionnel, plus rémunératrice que la lutte, et participe à des combats à la salle Wagram et au Cirque d’Hiver, où il lutte sous le nom de Lino Borrini (le nom de famille de sa mère), alias « la fusée italienne ». Sa carrière de catcheur atteint son apogée en février 1950 lorsqu’il devient champion d’Europe des poids moyens pour l’Italie.

    Mais sa carrière prend fin brutalement le 31 mars 1950, après qu’Henri Cogan le blesse en le projetant dans des chaises métalliques, lui occasionnant une double fracture ouverte à la jambe droite. Il devient alors organisateur de combats pour une vingtaine de catcheurs de son écurie.

    Lino Ventura gardera de cette expérience de catcheur, mais aussi de son enfance, une certaine aptitude à la bagarre. Car lorsqu’on était un petit immigré italien en France dans ces années-là et qu’on se faisait traiter de « macaroni », il fallait savoir jouer des coudes (et des poings) pour se faire respecter.

     

    « Ça a marqué beaucoup ma vie. C’est pour ça que je suis autant à fleur de peau dès qu’on touche à la dignité de l’homme. » (Lino Ventura)

     

    Dans nombre de ses films, et en particulier « Les Tontons Flingueurs », on sent que l’acteur sait se battre et qu’il n’a pas besoin d’être doublé pour les scènes de baston… Et c’est probablement pour toutes ces raisons que Lino Ventura se forgera cette incroyable force de caractère qui sautait aux yeux lorsqu’on le voyait jouer au cinéma.

     

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    Force de caractère mais grande sensibilité…

    Comme souvent chez ce genre de rocs, on décèle sous la carapace des failles et des blessures encore béantes. Et Lino Ventura ne fait pas exception à la règle. Certes, il était une vraie force de caractère, mais pour mieux masquer une grande sensibilité.

    D’abord, Lino Ventura s’est construit tout seul, sans la figure tutélaire du père pour l’aider à trouver sa place dans la société.

    Et puis, Lino Ventura, c’est aussi l’homme de cœur qui arrivera à dominer sa pudeur et sa sensibilité pour alerter à la télévision la population française, dès 1965, du peu de considération qu’avaient alors les pouvoirs publics pour les enfants souffrant d’un handicap.

    Lui qui n’aime pas beaucoup les médias et qui n’a pas forcément l’habitude de s’épancher en public, celui qui incarne l’oncle Fernand dans « Les Tontons Flingueurs » ou le flic intraitable dans « Adieu Poulet » va devoir pour la première fois se faire violence en levant le voile sur sa vie privée, et interpeller les Français sur quelque chose qui le touche au plus profond de son être.

    Avec son épouse Odette, pour sa fille Linda, « une enfant pas comme les autres », il crée en 1966 l’association Perce-Neige qui avait pour premier objectif de venir en aide à l’enfance inadaptée. Aujourd’hui, ce qu’il qualifiera de « son œuvre la plus remarquable » est plus active que jamais et gère 35 maisons qui accueillent plus de 900 enfants.

     

    R… Comme Rital…

    Luisa Borrini, la mère de Lino qui l’éleva seule, transmettra à son fils le goût des pâtes et de la cuisine : « Manger avec des amis et leur faire la cuisine, c’est pour moi un immense plaisir », dira-t-il.

    Et en bon italien, les potes, les copains, avec qui il partageait régulièrement un bon gueuleton, et les anecdotes truculentes qui vont avec, c’était forcément essentiel à l’équilibre du bonhomme…

     

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    Même s’il était très attaché à son pays d’accueil, Lino Ventura est resté un « Rital » dans l’âme et un modèle pour tous ces descendants d’immigrés italiens qui vivent aujourd’hui en France, comme la famille de Roberto Alagna.

     

    « Lino Ventura parlait Français sans aucun accent, ayant passé l’essentiel de sa vie en France, et s’exprimait en italien avec une pointe d’accent de Parme. Mais surtout, il parlait un Français châtié, lui qui avait été élevé par sa mère et qui avait commencé à faire des petits boulots à l’âge de neuf ans, pour l’aider… Exactement la vie qu’ont eue mes oncles quand ils sont arrivés en France. » (Roberto Alagna)

     

    S… Comme Secret…

    Lino Ventura n’avait pas beaucoup l’habitude d’afficher ses sentiments. Pourtant, dans « La Bonne Année » avec Françoise Fabian, il doit forcer sa nature profonde.

     

    « C’est moi qui dis ça : « qu’est-ce que c’est pour vous, une femme ? Et Lino répond « une femme ? une femme, c’est… c’est un homme qui pleure de temps en temps. Il n’aimait pas beaucoup jouer les séducteurs… Non, il voulait jouer les mecs. Les mecs honnêtes, les mecs forts, les mecs drôles. Il ne voulait surtout pas s’attendrir. » (Françoise Fabian)

     

    Bourru mais attachant, aux côtés de Gabin ou Delon, Ventura étaient un des derniers géants du cinéma français.

     

     

     

    A présent, ne boudons pas notre plaisir en nous délectant, probablement une millième fois, mais ça n’est pas grave, de la scène culte de la cuisine dans « Les Tontons Flingueurs »…

     

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    Source : « Signé Lino Ventura » de Clelia Ventura (Ed. Marque-Pages) / Wikipedia

     

     

     

  • Marlon Brando et Tetiaroa, sa seule histoire d’amour

     

     

    Il y a quinze ans, presque jour pour jour, disparaissait l’un des derniers monstres sacrés de Hollywood. Marlon Brando nous quittait le 1er juillet 2004. Portrait d’un acteur hors du commun, qui vécut un amour inconditionnel pour la Polynésie française.

     

    Marlon Brando fût sans conteste l’un des acteurs parmi les plus influents de toute l’histoire du cinéma, de l’aveu même de ceux qui sont aujourd’hui la référence en la matière : Dustin Hoffman, Robert de Niro, Al Pacino, Paul Newman, Jack Nicholson, Johnny Depp et bien d’autres encore.

    Au fil de sa longue carrière cinématographique, Brando n’a eu de cesse que d’évoquer sa rencontre avec le monde polynésien, qui servit d’ailleurs de cadre au tournage de la deuxième version des « Révoltés du Bounty » en 1962, sur les lieux mêmes de cette histoire rocambolesque mais authentique, à Matavai.

     

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    Il l’évoquait d’ailleurs dans son livre autobiographique « Les chansons que m’apprenait ma mère » paru en 1997 : « Je dois à Tahiti les plus beaux moments de ma vie. Si j’ai jamais approché la paix véritable, c’est sur mon île ». L’île de Tahiti le fascinait au point qu’il n’a pas hésité à refuser l’offre que lui faisait David Lean d’incarner « Lawrence d’Arabie » à l’écran en 1962, de peur d’être éloigné d’elle trop longtemps. Le réalisateur projetait en effet de tourner son film en Jordanie, sur une période de six mois, période jugée trop longue par la star qui avança le prétexte fallacieux de craindre de « s’évaporer comme un flaque ».

     

    Tetiaroa, l’île d’une autre vie

    De cette grande réalisation épique dont on lui fera porter la responsabilité de son coût exorbitant, Marlon Brando sortira avec cette image d’excentrique impossible à gérer. Une image qui lui collera à la peau jusqu’à la fin de sa vie. Francis Ford Coppola aurait pu lui aussi en faire les frais lorsqu’il a fallu présenter à La Paramount la candidature de l’acteur pour le rôle principal du « Parrain 1 ». Mais l’histoire en a décidé autrement et le rôle du Parrain parachèvera l’entrée de Marlon Brando au Panthéon des plus grands acteurs de sa génération.

     

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    Sur son atoll de Tetiaroa, payé 200.000 dollars en 1966, Marlon Brando se construit son monde à lui, pour mieux fuir la presse et l’univers d’Hollywood pour lesquels il ressent un profond dédain. Il y fonde une autre petite famille, avec sa femme Tarita et ses deux enfants, Tehotu et Cheyenne. Sa fille Cheyenne qui disparaîtra tragiquement en 1995, à l’âge de 25 ans.

    Son épouse tahitienne Tarita Teriipaia, rencontrée sur le plateau des « Révoltés du Bounty », qualifie sa vie avec la légende de « déchirure ». Pendant 42 ans, Brando interdira en effet à sa compagne de lui exprimer son amour. Un an avant sa mort, l’acteur brise enfin la carapace qui l’emprisonne depuis si longtemps et se met à marmonner comme dans ses films un silencieux « je t’aime » à l’adresse de Tarita…

    Les cendres de Marlon Brando furent dispersées à sa demande dans la Vallée de la Mort aux États-Unis et à Tetiaroa.

     

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    A deux pas de Tahiti, un hôtel hors normes est inauguré le 1er juillet 2014, dix ans jour pour jour après la disparition de la star. Ses 35 villas posées sur l’atoll de Tetiaroa où vécut Marlon Brando inventent un nouvel art hôtelier : prestations grandioses, nature magnifiée, écologie respectée. Robinson est enchanté…

     

    Tumi a 26 ans, la grâce d’une sirène née du lagon clair et un regard dans lequel volent les oiseaux de mer. Elle les connaît tous, ils sont sa passion. Aigrette sacrée, fou à pieds rouges, sterne fuligineuse, nodi noir, frégate du Pacifique… Elle suit chaque couple, veille sur les nichées, prière de ne pas déranger.

    Accompagnatrice d’excursions et formée aux sagesses de la nature, Tumi est princesse de Tetiaroa, l’atoll de six kilomètres carrés dont les 13 îlots, ici on dit « motu », flottent à 53 kilomètres au nord de Tahiti. Tous les Polynésiens savent que cette galette de corail coiffée de cocotiers et de filaos était jadis le refuge de la dynastie royale des « Pomare » (XVIIIème et XIXème siècles). Les souverains tahitiens venaient en famille y faire la pause, s’y ressourcer.

    En ces temps initiaux, le ciel était volontiers courtois et dispensait d’utiles conseils de gouvernement, désignait les traîtres à sacrifier sur l’autel (« marae ») des dieux « maho’i » autant que les jeunettes à épouser dès demain. Le « mana », l’esprit des îles, scellait alors une sensuelle harmonie entre une nature prodigue et la sérénité des hommes.

    Les rois ont filé, le mana est resté. Aujourd’hui, Tetiaroa brille de nouveaux feux. Tumi aussi, héritière des lumières de son peuple, d’un fil tendu entre ciel et lagon. Sûr qu’elle sait parler avec le vent, les fleurs et les étoiles. Exactement comme le faisait son grand-père, Marlon Brando. Il vécut ici, de 1970 à 1990, en Robinson magnifique : « Mon esprit s’apaise toujours quand je m’imagine la nuit, assis sur mon île du Pacifique », racontait-il.

    Le 1er juillet 2014, soit dix ans jour pour jour après la disparition du propriétaire des lieux, The Brando était inauguré à Tetiaroa. Un hôtel hors normes… Première bonne nouvelle : aucun bungalow sur pilotis comme on en trouve communément dans ce genre d’endroits, mais 35 villas pelotonnées au beau milieu des arbres, en harmonie totale avec ce lieu d’exception. Bref, une cachette dont on se confie le secret entre bonnes fortunes, un refuge à faire rêver tous les voyageurs en quête d’ailleurs.

     

     

     

     

    L’hôtel est né d’une folie. Celle de Marlon, d’abord. Venu ici en 1960 à l’occasion du tournage du film « Les Révoltés du Bounty », dans les eaux mêmes où Fletcher Christian déclencha la mutinerie contre le capitaine Bligh en 1789, il en repartit avec une épouse, Tarita, qui joue le rôle de Maimiti, sa conquête polynésienne à l’écran, et la ferme intention d’acquérir Tetiaroa : « C’est encore plus beau que tout ce que j’avais pu imaginer ».

    L’atoll appartient à la fille d’un dentiste qui n’y met jamais les pieds. 200.000 dollars plus tard et après avoir promis de n’abattre aucun arbre endémique, Brando tient son royaume polynésien. Tout à son euphorie, il veut en faire le paradis sur terre, son An 01 à lui, très loin des sunlights et des prétentions d’Hollywood. Il fait construire 14 « fare » (maison, en tahitien) grands ouverts sur le merveilleux bleu pâle du lagon, histoire de partager l’émotion, paréo et pieds nus dans le sable, avec quelques égarés de passage.

    A Tarita, à ses enfants, le géant éclaire son utopie : « Etablir à Tetiaroa une communauté autosuffisante où se trouveraient associés la recherche et la formation, l’agriculture, l’aquaculture et le tourisme, au sein d’un environnement préservé pour le bénéfice de tous. Et créer une communauté non polluante qui ne bouleverserait pas l’équilibre écologique du lagon. »

    Toutefois, du rêve à sa réalisation… Un mini-hôtel, un élevage de tortues puis de homards, des recherches menées sur l’atoll par la Fondation Cousteau, rien ne marche. En 1990, Brando quitte Tetiaroa. Il n’y reviendra pas…

     

     

     

    Heureusement, le mana veille… Et si le délire générait l’avant-garde ? Et si le rêveur croisait un entrepreneur ? Et si, d’une passion commune, ils inventaient ensemble l’impossible ? Richard Bailey, tout le monde l’appelle Dick, est également californien. Sa bobine d’étudiant cache une heureuse soixantaine. Francophile émérite capable de glisser dans la même phrase « paradigme » et « nonobstant », Bailey a construit, en trente années, le premier pôle hôtelier de Polynésie. L’enseigne Pacific Beachcomber brille à Tahiti, à Moorea, à Bora-Bora (deux adresses), ainsi que sur deux paquebots de croisières dont le fameux Paul Gauguin.

    A partir de 1999, il croise Brando ici, là-bas, ailleurs. Ensemble, ils parlent nature, hôtel, innovation, héritage polynésien. C’est décidé, son graal sera Tetiaroa.

     

    « Lorsque nous évoquions l’avenir de son atoll, nous avions la même vision : la protection absolue et non négociable de sa nature (14 espèces d’oiseaux, 158 espèces végétales dont 38 indigènes, 167 familles de poissons, etc.), son ouverture aux chercheurs et aux visiteurs, l’invention d’un site touristique à l’impact proche de zéro. Marlon avait mille idées sur la question. Je me suis engagé à en respecter l’esprit. » (Richard Bailey)

     

    Brando s’éteint le 1er juillet 2004, et une partie de ses cendres est dispersée sur l’atoll. Dick rentre à Tahiti avec le dossier The Brando ficelé et financé. Passons sur les embûches. Les neuf héritiers qui se chamaillent, les écologistes locaux qui hurlent à la trahison, l’absence de passe qui complique l’arrivée des engins de construction, l’évacuation des fosses dont Brando faisait ses décharges, la nécessité de rectifier l’angle de la piste d’atterrissage, les ministères tahitiens qui rechignent…

    Le 1er juillet 2014, dix ans jour pour jour après la mort de Marlon, Dick et Philippe Brovelli, son bras droit depuis toujours, avec Silvio Bion, nommé directeur, inaugurent l’hôtel The Brando. Mission accomplie.

     

     

     

    Deux des fils de la star sont présents. Teihotu, 46 ans, fils de Tarita et père de Tumi. Il est resté longtemps le seul habitant de Tetiaroa, préférant la chanson des vagues s’abattant sur le récif aux lumières de la ville. Et Miko, né d’une autre épouse, son contraire, adorant les micros, détaillant ses trente années passées à Los Angeles aux côtés de Michael Jackson.

    Il est venu avec un flacon d’Eau Sauvage, aussitôt donné à Dick Bailey : « Il a appartenu à Marlon. Tu asperges les différentes parties de l’hôtel, pour que papa soit encore là ». Tumi a souri. Elle préfère cette intimité familiale à l’idée hollywoodienne un temps caressée d’accueillir ici la caste du Parrain, avion piloté par Travolta avec à bord Brad et Angelina, de Niro et Nicholson, Madonna et Beyoncé, Barbra, Sean, Leonardo…

     

    Les paillettes, peut-être, mais l’héritage Brando exigeait aussi de la sincérité et de la profondeur. Bailey portait le devoir de bâtir un microcosme inspiré, pensé pour remporter la bataille de l’énergie. Trois sources ont été retenues afin d’alimenter le domaine et ses 35 villas servies par 150 membres du personnel.

     

    En premier, le SWAC (Sea Water Air Conditioning), une géniale idée de Brando. Son principe : puiser l’eau du Pacifique à grande profondeur (ici, 935 mètres) là où elle est à 4°C, grâce à un tuyau de 2,5 kilomètres de long, afin d’assurer la climatisation du domaine et d’alimenter le spa en eau à la pureté millénaire. Coût : 6,5 millions d’euros et zéro émission.

    Deuxième source d’énergie, le soleil. Quelque 2.400 panneaux solaires sont installés le long des 775 mètres de la piste d’atterrissage de l’atoll. C’est assez pour éclairer les villas, les lieux communs (deux restaurants, deux bars, des salons) et les logements du personnel.

    Enfin, par sécurité, une petite unité de transformation d’huile de coprah (extraite de la noix de coco). Sans oublier la récupération des eaux de pluie, une station de dessalement d’eau de mer et le recours parcimonieux à la nappe phréatique.

    Le diktat vert génère une répartition quasi militaire des ressources : la désalinisation est réservée aux salles de bains, le potager hors-sol est arrosé avec les eaux usagées retraitées, la buanderie puise dans la nappe, etc… Et, pour les déplacements, c’est  en mode voiturettes électriques à l’heure du ménage ou du service en villa et bicyclette quand les résidents veulent faire le tour de l’atoll en suivant le chemin glissé sous la cocoteraie ou bien juste se rendre au bar, au restaurant, au spa (2.000 m²) ou sur le court de tennis tapissé de moquette façon gazon anglais.

    A Tetiaroa, une seule règle de vie édictée par Philippe Brovelli et Silvio Bion : « L’envie du moment. Chacun mange quand il le souhaite, boit ce qu’il veut, fait ce qui lui plaît ». On ne saurait inventer plus belle équation du bonheur. Du coup, certains clients ne sortent jamais de leur villa. Avec 95 mètres carrés pour deux (chambre au lit de star, salle de bains et salon), une vaste terrasse solarium, une piscine privée, un kiosque idéal pour une dînette les yeux dans les yeux, un écran connecté au monde entier, le service permanent d’un majordome et un accès direct à la plage des Sirènes (généralement déserte) tapissée par un lagon au bleu unique. On les comprend…

    Pourtant, impossible de ne pas succomber au charme des installations du Brando. Le restaurant de plage et sa déclinaison gastronomique, « Les Mutinés », 20 couverts seulement, réservation obligatoire, une carte courte, un délice inclus dans le tarif de base et une cave aux références aussi grandioses qu’inattendues sous ces latitudes (en supplément). Guy Martin a délégué ici Antoine Gonzalez, un trentenaire passionné, pour réinventer la cuisine des îles avec le mahi-mahi, le thon ou la bonite, avec aussi des saint-jacques à peine saisies enveloppées de jus de yuzu et céleri, des crevettes rôties à l’huile de chorizo, bouillon aux saveurs de paella…

    Les bars ensuite, pieds dans le sable au milieu des pandanus ou bien perché sur la terrasse dominant la vaste piscine. Architecte et décorateur ont retenu l’idée du nid, joli tressage en alvéoles de bois locaux. Une réussite qui inspire Aurélien, chef barman inventeur d’une vingtaine de cocktails dédiés à Tetiaroa. Entre autres, le « Dirty Old Bob » (en hommage à l’assistant de Marlon) : bourbon, ananas, miel des ruches installées à l’abri de la cocoteraie, citron vert et bitter. Ou le « Tetiaroa Waters », référence au bleu unique du lagon : vodka dans laquelle ont infusé des fleurs de tiare, jus de pamplemousse, eau de coco glacée, trait de curaçao.

    Le « Spa Deep Nature », enfin, niché dans la palmeraie, à l’écart des villas. Un soin quotidien est inclus dans le séjour. Ses concepteurs promettent les recettes du bien-être telles que les inventa la tradition polynésienne.

     

     

     

    Brando avait exigé que ces basiques hôteliers soient complétés par une sorte d’université des îles, un centre d’études pour experts et scientifiques. Deux entités complètent donc le dispositif. La Tetiaroa Society, présidée par Hinano Bagnis, est l’organisme de recherche installé sur l’atoll. Son laboratoire high-tech peut accueillir une douzaine de chercheurs, qui travaillent aussi bien sur l’acidité de l’océan que sur la migration des baleines à bosse (juillet et août), le développement du corail, la nidification des sternes blanches, la population des requins et des raies manta.

     

     

     

    Quant à l’association Te Mana o te Moana, elle fait le lien entre la préservation de ce fragile écosystème et la clientèle. Sa présidente, la vétérinaire Cécile Gaspar, est une experte des tortues vertes. Ses observations montrent qu’elles font un périple de trois mois et 4.500 kilomètres, jusqu’aux îles Fidji, avant de revenir pondre à Tetiaroa, entre octobre et mars. Les hôtes du Brando peuvent accompagner les chercheurs, qui deviennent alors semeurs de savoirs. Pareillement, ils partent à la découverte des motus en compagnie des guides de Te Mana o te moana. Côté ciel comme dans l’eau, pour admirer les damzelles, ces mini-poissons bleu Klein qui bécotent les bouquets de corail. Approcher, oui ; admirer, certainement ; altérer, pas question.

    Quand elle accompagne les curieux jusqu’à Tahuna Iti, le motu aux oiseaux, Tumi raconte, jumelles à la main, le bulbul à ventre rouge, la frégate ariel, la marouette, la sterne à dos gris. Jamais elle ne révèle sa filiation, encore moins sa fierté d’être la gardienne d’un trésor. Son grand-père le promit un jour : « Si j’en ai le pouvoir, Tetiaroa restera toujours un endroit qui rappellera aux Tahitiens ce qu’ils sont et ce qu’ils étaient des siècles auparavant ». Tumi regarde le ciel, ouvre grands les bras pour s’offrir au vent du large et aux parfums d’océan. Elle est le mana de Tetiaroa.

     

    C’est bel et bien Marlon Brando lui-même qui a voulu Tetiaroa telle qu’elle est aujourd’hui, dans ses moindres détails. Car cette vision qu’il eut de son île correspond point par point à ses valeurs, à sa conception du positionnement de l’homme au sein de cette nature qu’il se doit de respecter, ainsi qu’aux positions fortes que l’acteur a toujours défendues, au risque de se mettre à dos une partie de l’industrie du film, comme ce fut d’ailleurs le cas.

    Mais Tetiaroa est aussi la preuve qu’un projet de cette ampleur nécessite la conjonction parfaite du rêve et du pragmatisme. Et lorsque ces deux visions cohabitent dans le respect, tout semble possible. 

     

     

     

    Source : Jean-Pierre Chanial pour Le Figaro

     

     

     

  • Histoire d’un Hit : « Der Kommissar » de Falco (1982)

     

     

    1982. Johann Hölzel a 25 ans. Né à Vienne en Autriche, il sort son premier album solo « The Einzelhaft » (le mitard). Celui-ci compte dix chansons, parmi lesquelles « Der Kommissar », le second morceau de la tracklist.

     

    Durant 3 minutes 52, Falco parle de drogue, de rap, de descentes de police, de dealers, de gangs et de murs tagués, le tout en allemand teinté d’un très fort accent autrichien, avec quelques mots et expressions anglaises ou italiennes. Un vrai charabia… Et pourtant ! Très vite, « Der Kommissar » sort en single et grimpe jusqu’à la première place en Autriche avant de passer les frontières pour atteindre la France. En quelques mois, il gagne le Royaume-Uni, franchit l’Atlantique et en mars 1983 se positionne en tête des charts aux Etats-Unis.

    Du jamais vu ! « Der Kommissar » fait le tour de la planète et devient un succès international. Inspiré par la new-wave et le rap américain, le morceau se vend à plus de 7 millions d’exemplaires dont 1 million en France, où la chanson est reprise en français sous le titre « Clair commissaire » par Matthew Gonder. Surnommé « le premier rappeur blanc », Falco est aussi le premier à aligner un titre en allemand au classement du Billboard et le seul germanophone à avoir été n°1 aux Etats-Unis. Une légende.

    Falco (en hommage au skieur sauteur à ski Falko Weisspflog, médaille de bronze aux championnats du monde épreuve grand tremplin en 1978) sortira un second album en 1984 qui fera un flop, puis un troisième en 1986, « Rock me Amadeus » qui sera à nouveau un grand succès, numéro 1 du Hit-Parade aux USA pendant trois semaines. Il décède à 40 ans dans un accident de voiture en République Dominicaine, percuté par un bus. Le film « Verdammt wir leben noch » auquel participe Grace Jones, retrace sa vie et sa carrière fulgurante et incroyable.

    A noter également que Falco compte parmi ses fans les plus inconditionnels le groupe Metallica qui reprend certains de ses titres assez régulièrement en concert…

     

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    Music video by Falco performing Der Kommissar (Original Video)

    © 1982 GIG Records, Markus Spiegel Ges.m.b.H.,Vienna, Austria

     

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    Music video by Falco performing Der Kommissar (U.S. Official Video)

    (C) 1982 GIG Records, Markus Spiegel Ges.m.b.H.,Vienna, Austria

     

     

     

     

     

  • Sergio Leone : Nationalité Cinéma

     

     

    En 2019, nous avons au moins trois bonnes raisons de célébrer Sergio Leone : les 90 ans de sa naissance, les 30 ans de sa disparition et les 35 ans du film considéré comme « plus grand que le cinéma », « Il était une fois en Amérique ». Retour sur la vie et l’oeuvre de l’immense réalisateur italien.

     

    Si Sergio Leone (1929-1989) n’aura réalisé en tout et pour tout que sept films durant une carrière prématurément interrompue à l’âge de 60 ans, son influence est majeure dans l’histoire du cinéma, notamment par sa relecture du western. En inventant le « Western Spaghetti » il y a 55 ans, avec « Pour une poignée de dollars » sorti en 1964, il sut donner au genre tant des couleurs européennes qu’un second souffle, et révéla du même coup la star Clint Eastwood.

    Aujourd’hui, trente ans après sa disparition, Sergio Leone est enfin reconnu, mais il a pourtant longtemps été un cinéaste très sous-estimé par l’industrie. Le mépris qui avait accueilli ses premiers westerns « Made in Italy » a ensuite fait place au profond respect qu’impose l’œuvre d’un véritable auteur ; Sergio Leone est devenu une référence incontestable, pour ses pairs, pour les cinéphiles comme pour le grand public, en ne signant que sept films qui auront marqué durablement notre imaginaire.

     

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    La route était déjà toute tracée pour Sergio Leone quand il naît le 3 janvier 1929, d’un père pionnier du cinéma italien, Vincenzo Leone, dont le nom de scène est Roberto Roberti, né le 5 août 1879 à Torella dei Lombardi, en Campanie, et mort le 9 janvier 1959 (à 79 ans) dans cette même ville, et d’une mère actrice, Edwige Valcarenghi, au pseudonyme de Bice Waleran. Premier signe du destin, ce père tutélaire réalisa le tout premier western italien, malheureusement perdu aujourd’hui, « La Vampire Indienne » sorti en 1913, avec son épouse dans le rôle-titre, le terme « vampire » désignant à l’époque une femme fatale.

    Élève effacé dans une école religieuse de Rome, Sergio se retrouve étonnamment dans la même classe que son futur compositeur fétiche, auquel ses oeuvres resteront identifiées à jamais, Ennio Morricone. Second signe du destin… Celui qui deviendra son plus proche collaborateur et ami, lui rappellera d’ailleurs cette rencontre des années plus tard, Leone l’ayant oubliée.

     

    Sergio Leone (2e en haut) et Ennio Morricone (4e en haut) enfants à l’école Saint-Jean-Baptiste-de-La-Salle de Rome (Expo Sergio Leone CInémathèque Française)

     

     

    Pionnier du cinéma italien, dont il devra pourtant s’éloigner dans les années 30, du fait de son aversion profonde pour le fascisme ambiant, Roberto Roberti parvient néanmoins à ouvrir les portes du 7ème Art à son fils Sergio, dès la fin de ses études, à 18 ans. Sergio Leone entame alors une interminable première partie de carrière d’assistant-réalisateur, qui durera de 1946 à 1962, avec notamment une série d’adaptations au cinéma d’oeuvres lyriques célèbres (Rigoletto, Il trovatore, La forza del destino…), réalisées par Carmine Gallone. Leone prendra soin plus tard d’occulter ces films de son esprit comme de sa biographie officielle (et pour cause, il n’était même pas crédité au générique…), alors que ses propres films afficheront ensuite une indéniable dimension lyrique.

    Mais un film émergera pourtant de cette période, tant il marquera à tout jamais l’oeuvre de Sergio Leone. En 1948, il est assistant-réalisateur sur « Le Voleur de Bicyclette » de Vittorio De Sica. Il n’est toujours pas crédité au générique à ce titre, certes, mais fait une apparition furtive aux côtés de l’acteur Lamberto Maggiorani, en jeune séminariste s’abritant de la pluie. C’est selon Leone ce film qui sera le réel déclencheur de sa carrière.

     

    Sergio Leone (à droite, à côté de Lamberto Maggiorani) interprétant un jeune prêtre dans « Le Voleur de bicyclette » (Vittorio de Sica, 1948) (Fondazione Cineteca di Bologna)

     

     

    Dans les années 50, lorsque les Américains décentralisent la réalisation de grosses productions à Cinecitta, notamment des péplums, Sergio Leone devient l’assistant (toujours non-crédité) de Robert WiseHélène de Troie » en 1956), Fred ZinnemannAu risque de se perdre » en 1959), William WylerBen-Hur » en 1959, notamment sur la course de chars) et Robert AldrichSodome et Gomorrhe » en 1962), dont il quittera le plateau avant la fin du tournage pour cause de climat général quelque peu houleux…

    Le péplum connaît alors son âge d’or, dans les années 50 et jusqu’au tout début des 60. Et Sergio Leone y contribuera largement, mais toujours comme assistant ; dès 1949, avec « Fabiola » d’Alessandro Blasetti, puis « Quo Vadis » de Mervyn LeRoy (1951), « Prynée, Courtisane d’Orient » de Mario Bonnard (1953), qu’il retrouve en 1958 sur « L’esclave d’Orient », avant « Sous le Signe de Rome » (1959) de Guido Brignone.

    Désormais pleinement reconnu dans ce rôle d’assistant-réalisateur, Sergio Leone se voit confier la réalisation des « Derniers Jours de Pompéi », en remplacement de Mario Bonnard, malade. Il ne sera toujours pas crédité au générique, mais les compétences techniques acquises tout au long de ces seize années passées en tant qu’assistant-réalisateur lui confèrent une solide réputation et lui permettent enfin d’accéder en 1961 à sa première réalisation pleine et entière, encore un péplum, « Le Colosse de Rhodes ».

    Le cinéaste confessera plus tard avoir eu un immense plaisir à tourner ce premier film sous son propre nom. Il y fait même quelques apparitions dans certaines scènes de foule…

     

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    « Pour un Européen de son âge, les États-Unis étaient le paradis. Et pour Leone, le cinéma était encore bien plus haut que le paradis… Dans une très belle interview qu’il avait fait pour la Cinémathèque française, quelqu’un lui demandait pourquoi il ne faisait pas de films sur l’Italie, et il répondit : « peut-être que quand l’Italie sera grande comme les États-Unis, alors je ferai des films sur l’Italie ». En substance, seuls les Etats-Unis étaient assez grands pour son cinéma… Cette dimension d’enfant, de rêveur, c’est la clef pour comprendre Sergio Leone. » (Gian Luca Farinelli, Directeur de la Cinémathèque de Bologne et du Festival Il Cinema Ritrovato)

     

    Après cette adhésion au genre dominant de l’époque, le péplum, Sergio Leone va être à l’origine d’une véritable révolution… S’il n’a pas à proprement parler réalisé le premier « Western Spaghetti », considéré comme étant « Duel au Texas » de Ricardo Blasco en 1963, tombé depuis dans l’oubli, Leone enfonce malgré tout le clou l’année suivante avec le succès foudroyant de son « Pour une poignée de dollars » sorti en 1964, qui grave dans le marbre pour l’éternité les codes du genre. A noter que la musique du film est composée par un certain Dan Savio qui n’est autre qu’Ennio Morricone en personne, pour la toute première collaboration de ces deux monstres sacrés du 7ème Art.

     

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    Le Western, propriété inaliénable d’Hollywood, est alors en perte de vitesse aux Etats-Unis et se voit peu à peu supplanté par les productions « Made In Italy » ainsi que par quelques succès allemands, avec plus de 500 films réalisés sur une dizaine d’années. Cette renaissance du genre, jalousée par l’Amérique, lui vaudra ce qualificatif de « Western Spaghetti », que Leone détestait : « ce terme de Spaghetti Western, c’est un des plus cons que j’ai jamais entendu de toute ma vie ».

    Ayant tourné beaucoup de ses multiples co-réalisations « péplumiennes » en Espagne, Leone estime que les paysages de l’Almeria conviendraient parfaitement au Western. En 1963, il découvre au cinéma « Yojimbo » (« Le Garde du Corps ») d’Akira Kurosawa et décide d’en transposer le cadre du Japon médiéval à celui de l’ouest américain. Il conçoit alors le personnage de « l’homme sans nom », entre chasseur de prime et défenseur de la veuve et l’orphelin, pour lequel il trouve la parfaite incarnation en un acteur inconnu et dont il va faire une star : Clint Eastwood.

     

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    Le film remporte un immense succès international et donne lieu l’année suivante à sa suite, « Et pour quelques dollars de plus » (1965), plus sophistiqué, pour aboutir en 1966 au cultissime « Le Bon, la Brute et le Truand », sommet du western italien, avant son ultime sublimation par Leone trois ans plus tard, mais ça, c’est une autre histoire…

     

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    Mais alors, comment définir le style de Sergio Leone ? Car tout est dans le style, vous en conviendrez… Nous pourrions dire que le style inimitable de Leone, c’est d’abord un sens inné du cadrage en Techniscope (écran large), où se succèdent très gros plans et plans larges, une temporalité syncopée, qui passe de la lenteur à l’action subite, brutale, une violence assumée et une reconstitution documentée et non complaisante de cet ouest américain, localisée plus précisément sur la frontière mexicaine, comme pour y conserver des racines latines. Dans ses films, tout est chaleur et poussière, teinté de réalisme, dans des décors crasseux, des costumes élimés, des trognes, une violence omniprésente… Reflet d’une époque qui trouvera son pendant en Amérique chez Sam PeckinpahLa Horde Sauvage », 1969).

     

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    Après cette trilogie dite des « Dollars » – « Pour une poignée de dollars » (1964), « Et pour quelques dollars de plus » (1965), « Le Bon, la Brute et le Truand » (1966) – Sergio Leone se lance en 1968 dans la réalisation de son (presque…) dernier western, pour ouvrir un nouveau triptyque, « Il était une fois dans l’Ouest », un des meilleurs westerns jamais réalisés.

    Pour la première fois, il tourne aux États-Unis, dans les paysages de la Monument Valley, rebaptisée « John Ford Valley », pour rendre hommage à tous les films qu’y a tournés le vétéran américain adulé par Leone depuis toujours. « Il était une fois dans l’Ouest » est un aboutissement, une consécration, avec au générique Henry Fonda, icône absolue du western, et Charles Bronson, que pour la petite histoire, Leone ne put pas se payer sur son premier film…

     

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    Sublime film sur la corruption et la violence, fondements sur lesquels s’est construite l’Amérique, « Il était une fois dans l’Ouest » est la quintessence du cinéma de Leone. Son chef-d’œuvre absolu… Sa scène d’introduction demeure anthologique, dans son mutisme, son temps étiré et une bande son jamais égalée, où des tueurs attendent « L’Homme à l’harmonica » (Charles Bronson) à la descente du train… tout est dit. Le reste n’est que littérature.

    Le film fut cependant un échec financier cuisant à sa sortie, tant en Italie, rassasiée de westerns spaghettis, qu’aux États-Unis qui entraient dans l’ère du western post-guerre du Vietnam et par conséquent plutôt pro-indien (« Little Big Man » d’Arthur Penn en 1970, « Soldat Bleu » de Ralph Nelson en 1970 ou encore « Jeremiah Johnson » de Sydney Pollack en 1972). Seule la France fit un triomphe au film, qui fut classé 2ème au box-office derrière « La Grande Vadrouille », excusez du peu, et qui lança même la mode des longs manteaux inspirés des cache-poussières portés par les tueurs dans le film de Leone.

    Sergio Leone enchaîne sur « Il était une fois la révolution » (1972), avec un autre vétéran du western, James CoburnPat Garrett et Billy the Kid » de Peckinpah) et Rod Steiger. Leone renoue avec la veine du western mexicain, traitant de la révolution zapatiste avec un œil ironique, alors que l’Italie plonge dans les années de plomb. Il y exprime avec force son abjection pour tout mouvement révolutionnaire et s’attire encore l’ire de cette même critique qui n’aura de cesse que de l’encenser plus tard…

     

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    Nous passerons rapidement sur les deux films suivants, « Mon Nom est Personne » en 1973 et « Un génie, deux associés, une cloche » en 1975 qui ne seront que coréalisés par le Maître.

     

    « « Il était une fois en Amérique », c’est un film plus grand que le cinéma, à savoir qu’il en transcende les limites. Avec ce film, c’est un peu comme si la bataille de Waterloo nous était racontée par la cantinière ou le petit tambour… La grande histoire contée par le petit figurant. […] « Il était une fois en Amérique », c’est le plus grand film de Sergio Leone, son œuvre majeure, sur le destin d’un tout petit bonhomme qui aurait été sans Leone au huitième plan sur la photo… » (Frédéric Bonnaud, directeur de la Cinémathèque Française)

     

    Puis vint l’heure de son dernier long métrage, « Il était une fois en Amérique » (1984), que certains considéreront comme son chef d’oeuvre absolu et en même temps son chant du cygne, tant ce film concentre toute la nostalgie du Maître, fondée sur une écriture achronique.

    Ultime oeuvre de Sergio Leone, intemporel testament mélancolique auquel il consacra douze années de sa vie, notamment pour préparer le scénario adapté du livre « The Hoods » de Harry Grey, le film nous fait suivre le destin de Noodle sur trois époques différentes de sa vie, régulièrement lié à trois amis dont Max et son amour inconditionnel pour Deborah qu’il a rencontrée dans sa jeunesse.

    Affichant une distribution exceptionnelle, de Robert de Niro à James Wood, en passant par Elisabeth McGovern, Jennifer Connely et Joe Pesci, le film projeté à Cannes hors compétition, est bien accueilli. Mais il est ensuite massacré par ses producteurs américains, qui réduisent les 4h11 initiales à seulement 1h30, sans tenir compte de la temporalité sur laquelle repose tout le sens du film. Et pourtant… Que dire de cette immense et magnifique fresque ? Qu’entre autres choses, ici le mot « Cinéma » prend tout son sens.

    Sergio Leone ne s’en remettra pas… Il tente de rebondir en écrivant son nouveau projet « Stalingrad », sur la grande bataille du même nom ; sujet encore épique, à sa dimension, et qui sera mené à terme des années plus tard par Jean-Jacques Annaud. Leone meurt d’une crise cardiaque en 1989, alors que le film allait entrer en préproduction.

     

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    Sergio Leone éprouvait une vraie fascination pour le cinéma américain. Rappelons qu’il était né en 29, année de la plus grande crise économique que le monde ait connu, mais aussi l’année de l’arrivée du cinéma sonore en Italie. Leone a connu l’âge d’or du cinéma hollywoodien en salle, dont il fut ensuite privé durant les années de fascisme en Italie. Il ne pouvait ainsi concevoir autre cadre à son cinéma que celui de cette Amérique fantasmée, en plan aussi large que l’étaient ses rêves d’enfant. Même s’il fut d’abord boudé, voire méprisé par l’industrie, pour être ensuite encensé, Sergio Leone réussit le tour de force de devenir avec ses films l’un des grands chroniqueurs de l’histoire américaine…

     

    En 2018, la Cinémathèque Française de Paris, en collaboration avec celle de Bologne et son commissaire Gian-Luca Farinelli, lui consacrait une exposition doublée d’une rétrospective exceptionnelle. On pouvait y suivre le parcours chronologique et initiatique de Sergio Leone, depuis la première salle consacrée à son enfance, déjà ancrée dans le cinéma, jusqu’au dernier scénario de « Stalingrad ».

    Émouvant de parcourir ce chemin dans les pas du maître, habité de grands films et de l’enthousiasme d’un homme dans sa création toujours renouvelée, qui ne voyait que par le cinéma et qui l’a finalement si bien servi. Sa vision, son traitement du temps et de l’espace demeurent toujours une influence majeure pour un Tarantino ou Clint Eastwood lui-même, dont tous les westerns émanent de Leone, dans leurs sujets et comme leurs mises en scène, mais pour bien d’autres encore.

    Émouvant de voir aussi toutes ces photos, ces dialogues entre la peinture de Goya, de Degas et ses plans de cinéma, les passerelles qu’il jeta entre Homère et le western, le parallèle avec Kurosawa… Les musiques indispensables d’Ennio Morricone (qui aura prochainement sa rétrospective à la Cinémathèque) baignent de l’atmosphère des films chacun de nos pas. Émotion encore quand on se trouve devant le poncho de Clint Eastwood, les costumes de ses deux chefs d’oeuvre « Il était une fois dans l’Ouest » et « Il était une fois en Amérique ». Il était une fois le cinéma de Sergio Leone… Monumental.

     

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    Sources : France Culture, Sens Critique, See Mag, Wikipedia

     

     

     

  • Marion Gervais : « Louis, c’est nous »

     

     

    Après « Anaïs s’en va-t’en guerre » et « La Belle Vie », Marion Gervais nous donne à voir son nouveau documentaire « Louis dans la Vie », en replay sur France TV jusqu’au 4 août.

     

    Louis fête ses 18 ans, l’entrée dans l’âge adulte et dans le monde du travail, comme apprenti en CAP peinture. Premier amour, premier appart, premier job, premier argent propre…  L’amorce d’une vie rangée, après les coups durs, la violence, les déviances. Mais ça cogne dans la tête de Louis. Il étouffe. Ces maisons vides dont il peint les murs pour un salaire de misère, c’est pas pour lui ! Louis rêve de tailler la route au volant de son camion, partir loin. Sans bien savoir où. Il se fait tatouer une boussole sur le torse. Mais le nord c’est où, c’est où le sud ?

    Pendant un an, la caméra de Marion Gervais suit Louis qui avance dans la vie comme un funambule aux gestes brusques, sous le regard de sa mère, son amoureuse, sa tutrice… et Marion elle-même, qui ont peur pour lui.

     

    Connais-tu Louis depuis longtemps ?

    J’ai rencontré Louis avec « La Belle Vie », au Skate Park. J’ai tout de suite eu un rapport très fort avec ce môme. J’ai été saisie par sa puissance de vie et son énergie rare. Après « La Belle Vie », j’ai dit à Juliette (ndlr : Juliette Guigon, productrice, Squaw Productions) que j’aimerais tellement filmer Louis, sa façon d’être sur un fil, comme ça, sa façon de trébucher et de se relever. De chercher son issue… C’était un petit combattant de la vie, il n’avait que 15 ans à l’époque !

    Son truc, c’était de jouer à piquer la casquette des flics, de voler une barre de Crunch au supermarché, ou un barbecue aux bonnes sœurs qu’il allait rendre après l’avoir utilisé. Il y avait de l’espièglerie, on n’était pas du tout dans la délinquance. Et puis, sa route a pris une voie plus dure. A un moment, je craignais pour sa vie, il a fait partie d’un gang. Il me semblait en danger, j’avais vraiment peur qu’il meure. Il allait avoir 18 ans. Il risquait la prison. Il m’a dit : « Marion, si je vais en prison, je deviens fou ! ». C’était le moment de prendre ma camera et d’accompagner Louis dans ce combat. Quand je lui ai demandé s’il voulait faire le film, il m’a dit « Pour toi, Marion, je le fais. Allez go go go ! ».

     

    Tu filmes et tu es là pour tes personnages…

    Ma caméra, c’est comme je suis aussi dans la vie. On est là les uns pour les autres. Cette caméra, elle prend, elle observe, elle enregistre, mais elle peut soutenir, elle peut aider. Louis vient chez moi régulièrement, comme les skateurs, comme Anaïs. Je ne vais pas filmer avec ma vie qui reste à côté. Tout est imbriqué, en définitive.

     

    Quel lien fais-tu entre tes documentaires ?

    Je filme les rites de passage, cette façon de passer d’une rive à une autre. Louis, il quitte l’adolescence pour devenir un jeune adulte, avec les choix et les renoncements que cela implique. Des choix cruciaux, dans un univers chaotique. Il renonce à l’argent facile de la délinquance et à l’adrénaline, pour devenir apprenti peintre chez Saint Maclou.

    Alors se posent à lui des questions brutales : Comment faire pour rentrer dans ces clous, lorsqu’on rêve de surf, de mer et d’espace ? Au-delà de l’amour que je lui porte, je voulais être là pour Louis, pour comprendre, pour assister à cette transition. Comme « La Belle Vie », comme « Anaïs », le tournage creuse toujours le terrain fragile, fébrile, de ces êtres qui cheminent sur des sentiers caillouteux et pentus, à la recherche d’eux mêmes.

     

    Et qui peinent à trouver leur place…

    Oui, parce qu’en définitive, on a toujours de la peine à trouver sa place dans la société. Ce n’est pas au sein d’une société qu’on trouve sa liberté, c’est avec sa propre intériorité. Long cheminement… C’est à eux de trouver cette place, c’est beaucoup plus compliqué, mais plus vibrant. Ils cherchent, ils cherchent. Pour Anaïs, elle a réussi, grâce à sa détermination et sa rage, à se construire sa place. Pour Louis, le combat commence. Sortir de la délinquance, apprendre un métier pour gagner « de l’argent propre » puis partir, peut-être, avec son surf…

     

    Ils y arrivent ?

    Je ne sais pas encore pour Louis. Il doit s’apaiser. Il y a de la souffrance chez lui, mais sa puissance de vie est hors norme. Si « Anaïs » et les garçons de « La Belle Vie » finissent par réaliser leurs rêves, Louis se sert du rêve pour rester vivant. Je ne sais pas si Louis réussira à partir à l’autre bout du monde avec sa planche de surf… En tout cas, les cartes sont entre ses mains, mais il lui faut du temps, grandir encore. Son instinct est fort. Il me fait penser à l’un de mes héros, Neal Cassady, alter ego et compagnon de route de Jack Kerouac, qui lui inspira son héros de « Sur La Route » et qui avait cette énergie semblable. Ce sont des êtres qui ont la vie qui déborde de partout. Presque trop vivant pour les possibilités de ce monde.

    A côté de Louis, les autres semblent être à l’arrêt, les piles à plat ! Les hyperactifs comme Louis sont des êtres condamnés au mouvement permanent, avec des crises d’angoisse qui montent. Il lui arrivait régulièrement de monter dans les tours. « Arrête avec ta camera, ça me casse les couilles ! ». Et quelques secondes après, c’est terminé, tout est effacé par le présent. Louis a des valeurs fortes. Il est romanesque, c’est une sorte de gentleman. Il est droit dans ses bottes.

     

    Tu as une responsabilité énorme vis-à-vis de ce jeune homme dont la vie est rendue publique. Comment vit-il cela ?

    On l’a fait venir à Paris pour le visionnage du film monté, avec Louis, Juliette, ma productrice, Ronan Sinquin, le monteur de mon film, son petit frère et moi. On était tous bouleversés. A la fin, Louis m’a regardée et m’a dit « C’est stylé Marion ! ». Il était content, mais il était aussi angoissé de la sortie du film. Il ne sait pas trop ce que tout cela veut dire. C’est pour cela que je ne veux pas l’exposer, l’emmener aux projections. C’est un sauvage, il a besoin de ses repères.

     

    Louis est dans son monde mais il nous renvoie à nous mêmes…

    Oui, il touche à quelque chose d’universel, qui est de l’ordre de l’humain dans cette société, cette brutalité du monde où l’on doit courber l’échine, où la place de l’homme passe par son asservissement, d’une manière ou d’une autre. Là où il travaille, dans le bâtiment, c’est très apparent, mais à plein d’autres endroits, cette soumission existe, plus édulcorée, moins visible mais bien là. Je trouve que Louis nous permet de réfléchir sur nos vies et je le remercie pour ça. C’est fort, notamment dans les scènes avec sa tutrice, sur les chantiers. Lui du haut de ses 18 ans, elle, de ses 50 ans. Avec cette question en toile de fond, « que faisons-nous de nos existences ? Ça veut dire quoi choisir sa vie ? ».

     

    Ce film l’a-t-il changé ?

    Ils sont très contents de lui dans sa nouvelle entreprise. Je ne sais pas si c’est lié au film, mais j’observe qu’il est plus posé, il donne des leçons aux gars de la bande du Skate Park maintenant, comme un grand frère. Il est en train de réparer les blessures d’une enfance… Louis est toujours accompagné de ses rêves, passer son permis, avoir son camion et partir. J’espère de tout mon cœur qu’il arrivera à les réaliser. Je lui ai dit l’autre jour « N’éteins pas ta flamme, Louis. Dans deux ans, avec un métier dans la poche, tu traces ta route ! ». Il a juré, craché !

     

    Propos recueillis par Anne Rohou pour Instant City.

    « Louis dans la Vie » de Marion Gervais, à revoir en Replay sur France-Tv jusqu’au 04 août

     

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  • J’ai 50 ans by Hubert

     

     

    Dans ma série de billets d’humeur devenue culte, « Hubert a des p*bip*ains de problèmes dans la vie », je souhaitais aborder aujourd’hui : Mes 50 ans.

     

    On est jeune. On s’en fout. Tout nous indiffère car on croit dur comme fer (et ça rime…) que tel sera notre état, immuable, permanent, et ce pour toute la durée de notre éternelle existence. Et puis un jour, en une ellipse, une perte de mémoire momentanée, on se retrouve dans un autre corps.

    Les signes de la vieillesse se manifestent par à-coups. On ne semble pas changer pendant des années et puis ça vous tombe sur le coin de la gueule, comme ça, un pauvre matin blême, alors que vous jetiez un regard encore endormi, mais pétri de certitudes, dans le miroir de la salle de bain.

    La surprise et l’étonnement font vite place à l’effroi. Et le constat est impitoyable… Vous avez des cernes et des plis qui n’étaient pas là avant, et qui ne semblent plus vouloir s’estomper depuis que vous les avez découverts… Oui, ceux-là, juste sous vos yeux qui ont d’ailleurs rétréci. Et au-dessus des yeux, on peut noter comme un affaissement des paupières, dans les coins. Tout votre regard paraît voilé… L’expression que vous affichiez encore hier soir, pétillante, arrogante, est aujourd’hui celle de quelqu’un qui exprime la lassitude, la fatigue comme nouvelle teinte de peau.

    Alors, on se calme et on se dit que c’est le temps, probablement, et cette petite grippe qui n’en finit plus de nous asticoter. Demain, un peu d’ U.V., de la crème Machin, des fruits bios… et il n’y paraîtra plus ! Les jours passent. Vous allez vaquer à vos occupations. Ces mois de merde, avec leurs journées qui se finissent en plein après-midi, se font racheter par le printemps. Le beau temps revient.

    Un matin, de nouveau devant ce satané miroir au dessus du lavabo, vous n’en croyez tellement pas ces yeux que vous ne reconnaissez plus. Les poches et les cernes, les rides et cette teinte sur votre visage, se sont accentuées. La fraîcheur a cette fois-ci bel et bien disparu. Et vous ressemblez de plus en plus à un portrait de Bernard Buffet.

    Mais bon dieu, qu’est-ce qui se passe pendant que vous dormez ? Ils ont les clés de chez vous, ça n’est pas possible autrement… Bande de fumiers. Ah, les salauds ! Dans la rue, les magasins, partout, on vous appelle désormais « monsieur ». On vous vouvoie. C’est immonde, inacceptable. Voilà, ça se passe comme ça, sans que l’on nous demande notre avis sur la question. Ni vote ni référendum !

    Il y aurait pu y avoir une autre manière de voir les choses. Par exemple, on accepte de mourir, ok, mais on reste jeune toute la vie et puis quand c’est l’heure de partir, « paf », on meurt. C’est tout… Net, simple, un peu comme quand votre ordinateur vous lâche.

    Mais celui ou celle qui a paramétré nos vies semble avoir prévu l’exact contraire. Il s’est dit un truc du genre : « tiens, ce qui serait plutôt sympa, ce serait de garder en forme le vivant dans son corps un quart de son existence et puis après, jusqu’à la fin, il n’en finirait plus de s’étioler, lentement mais sûrement, sur une durée restant à déterminer, mais qui pourrait aller jusqu’à 50 ans. Allez, 60, mais par pure gourmandise… Un peu comme une fleur qui se fane en slow-motion. Ce serait drôle, non ? ». Ben non, justement, pas drôle du tout !

    Parce qu’avoir 50 ans, c’est quand même tout un concept. C’est comme avoir la tête de Michel Piccoli. C’est se retourner sur sa vie passée pour ensuite regarder ce qu’il va rester, tout en pensant à ce que l’on va bien pouvoir en faire. Marié ou pas, enfants, chat, chien, perruche ou célibataire, 50 ans, on n’est pas à l’abri d’un petit touché rectal pour prévenir des laideurs à venir…

    Alors peut-être vaut-il mieux le prendre avec ce petit côté revenu de tout, en conservant précieusement les expériences acquises. Ces moments chouettos que tous les petits couillons nés après 2000 ne connaîtront jamais. Et un regard cauteleux à souhait jeté sur ces mouflets qui s’agitent dans leur puérilité joyeuse et béate.

    Bref, j’ai 50 ans et je vous emmerde.

    Mais vous n’êtes pas obligés de me croire…