Catégorie : Musique

  • Gainsbourg Toujours

     

     

    Il y a vingt-cinq ans disparaissait Serge Gainsbourg. Expos, disques, émissions, il est partout…

     

    A la Mairie du 9ème Arrondissement, où Lucien Ginzburg a passé son enfance, au 11 Rue Chaptal, se tient jusqu’au 10 avril « De Gainsbourg à Gainsbarre », une expo de photos d’Odile Montserrat et Pierre Terrasson, proches de l’artiste. Des clichés intimistes et pour la plupart inédits. Tony Frank, lui, expose à la Galerie de l’Instant, jusqu’au 31 mai, de magnifiques portraits en noir et blanc de Serge, avec ou sans Jane. Du 4 mars au 8 avril 2016, la galerie d’art contemporain HEGOA met en place l’exposition « Gainsbourg Toujours 25 Ans » dans plusieurs lieux de son quartier du Carré Rive Gauche (7ème arrondissement), sous l’égide de Nathalie Atlan Landaburu.

    Côté musique, ça thématise dur chez Mercury / Universal, sa maison de disques, qui réédite l’intégrale de l’artiste, un double DVD de 79 titres et interviews filmées (« D’autres nouvelles des étoiles »), un double CD qui réunit pour la première fois un Best of Gainsbourg et un Best of de ses interprètes (« Gainsbourg & Co »), de Bardot à Paradis, ou encore « London Paris », une compil de ses morceaux les plus pop-psyché des années 60.

    Enfin, l’émission « Monte Le Son » sur France 4 consacrera une soirée spéciale Gainsbourg et Bashung, quant à lui disparu le 14 mars 2009, avec un documentaire diffusé le 16 mars à 22h45, dit par Alain Chamfort, et revenant sur leurs parcours croisés (« Gainsbourg / Bashung : Fantaisie Nelson »). Aux larmes, et caetera…

     

    F.T. pour le Magazine ELLE (11 mars 2016)

     

     

     

  • George Martin, le cinquième Beatle, s’en est allé…

     

     

    George Martin, le producteur légendaire et mentor des Beatles, surnommé « le cinquième Beatle », est décédé le mardi 8 mars, à l’âge de 90 ans, a annoncé ce mercredi Ringo Starr. « Que Dieu bénisse George Martin, la paix et l’amour pour Judy et sa famille […] George va nous manquer », a écrit l’ex-batteur des Fab Four sur son compte Twitter, avant de publier une ancienne photo du producteur accompagné des membres du groupe.

     

    George Martin, jeune directeur artistique de Parlophone, division de EMI, produisait du jazz et de la musique classique lorsqu’il découvrit les Beatles en 1962. Il les auditionne pour la première fois le 6 juin 1962, alors que le groupe a essuyé un refus catégorique de tous les labels de musique d’Angleterre auxquels son manager Brian Epstein a proposé ses morceaux. Le premier sentiment de Martin sur ce qu’il entend ce jour-là n’est guère engageant. Il les trouve « assez horribles ». Il décide malgré tout de les signer, Parlophone voulant rajeunir son image tout en s’ouvrant à d’autres genres musicaux que le classique ou le Jazz.

    Plus que la qualité intrinsèque des premières compositions des Beatles, ce qui a attiré l’attention de George Martin, c’est leur humour, d’abord, et un fort potentiel artistique, fait d’enthousiasme, de fraîcheur, de candeur et d’insouciance. Son oreille infaillible a aussi été séduite par l’enchevêtrement des voix de Lennon et McCartney, qui constitue une originalité certaine dans le paysage du rock ‘n’ roll à l’époque, où on a plus affaire à des formations accompagnant un chanteur qu’à un groupe en tant que tel, sans leader mais avec plusieurs voix se complétant si parfaitement. Préalablement à l’enregistrement des deux premiers singles des Beatles chez Parlophone, « Love Me Do » et « Please Please Me », Martin décide d’évincer le premier batteur, Pete Best, au profit de Richard Starkey, alias Ringo Starr, qui officie alors avec Rory Storm and The Hurricanes.

    Un bon ingénieur du son, c’est celui qui écoute les propositions, qui les analyse et qui passe les idées initiales des musiciens au spectre de son propre ressenti et de sa propre expérience, tout en respectant le sens premier voulu par le compositeur. George Martin impose que le tempo de « Please Please Me » soit accéléré, Et par ce simple artifice, ce qui ne devait être qu’un coup d’essai au destin assez incertain devient rapidement le premier coup de maître d’une longue série. Le single monte ainsi à la première place des charts anglais en cet automne 62.

     

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    L’accession de « Please Please Me » à la première place des charts anglais marque donc le début d’une fructueuse collaboration entre les Beatles et George Martin, qui durera sept années et produira ces chefs d’oeuvre absolus qui mèneront les Beatles du Cavern Club à Liverpool jusqu’au toit du monde. Bien-sûr, il y a le talent des Fab Four, et leurs mélodies imparables, mais c’est bien cet ingénieur du son de génie qui va façonner cette pierre brute pour en faire un diamant à la beauté incomparable.

    De « Strawberry Fields Forever » à « Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band », en passant par « Eleanor Rigby », « Yesterday » ou « Penny Lane », dans les studios d’Abbey Road, l’expérimentation devient la règle, avec le grand sorcier George Martin qui accompagne la mutation des quatre garçons dans le vent, devenus en quelques années des compositeurs tant géniaux que prolixes. Il intervient en matière de composition ou d’orchestration, et c’est encore lui qui, en plus de jouer du piano, arrange trompettes, hautbois, violoncelles, swarmandal et mellotron, le tout agrémenté d’effets sonores et autres innovations technologiques.

     

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    George Martin, le cinquième Beatle… Le compositeur, producteur et arrangeur détestait ce surnom, attribué à tant d’autres, et ne voulait pas en entendre parler. « Cinquième Beatle ? C’est stupide. Je n’aurais jamais pu écrire et encore moins interpréter toutes ces chansons ».

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Quand George Martin inventait le son des Beatles

     

     

     

  • Ok Go : en apesanteur

     

     

    Le groupe de rock américain OK Go, reconnu pour l’originalité de ses vidéos, nous revient avec son dernier clip, « Upside Down & Inside Out », qui présente la particularité d’avoir été entièrement tourné en apesanteur dans un avion Zero G de la compagnie russe S7 Airlines.

    Réalisé par Trish Sie, la soeur du leader du groupe Damian Kulash Jr, ce clip met en scène les musiciens dans une chorégraphie étonnante et colorée.

    Pour simuler cet état d’apesanteur, l’avion Zero G doit effectuer un vol parabolique de 27 secondes maximum. La réalisation de ce clip d’environ trois minutes aura donc nécessité huit vols paraboliques successifs. Entre chaque session d’apesanteur, l’équipe disposait de cinq minutes pour préparer la scène suivante, avant que l’avion n’entame son nouveau vol parabolique. On distingue d’ailleurs dans le clip les coupures entre les scènes, à 0:46, 1:06, 1:27, 1:48, 2:09, 2:30, et 2:50.

    Pour découvrir tous les détails de cette expérience étonnante, c’est ici.

     

    Le Clip…

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    Le Making-Of…

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    A noter que Damian Kulash Jr a rendu un hommage émouvant aux victimes du Bataclan sur son compte Soundcloud, avec son titre « Bataclan »…

     

     

     

     

  • Behind The Scene de la nouvelle video 3D des Chemical Brothers

     

    Récemment, The Mill collaborait avec les réalisateurs Dom&Nic afin créer une video musicale incroyable pour le nouveau titre des Chemical Brothers, « Wide Open ». La vidéo montre un monde dans lequel la grande danseuse Sonoya Mizuno se transforme lentement en une version d’elle-même en impression 3D.

    Pour réaliser cet effet, The Mill a utilisé différentes techniques avancées VFX à l’aide d’outils de Motion Capture et de 3D Tracking. Cette vidéo montre rapidement comment ils ont procédé pour aboutir à ce résultat étonnant.

     

     

     

  • Benjamin Millepied quitte Garnier

     

     

    Benjamin Millepied a annoncé lors d’une conférence de presse jeudi 4 février 2016 qu’il quittait l’Opéra Garnier. Chorégraphe de renommée internationale, ce passionné de 38 ans avait été embauché en novembre 2014 pour tenter l’aventure à Paris en tant que Directeur de la danse. C’est Stéphane Lissner, Directeur de l’Opéra qui l’avait choisi parmi plusieurs autres candidats : « Je ne regrette pas mon choix et si Benjamin part trop tôt, d’autres partent trop tard » a-t-il déclaré plein de sous-entendus. « Il a amélioré l’organisation du travail, veillé à la santé des artistes, fait émerger un certain nombre de danseurs et travaillé à notre avenir numérique avec la 3ème scène sur laquelle il s’est beaucoup investie ». Une conférence de presse quelques jours seulement avant le gala de présentation de la nouvelle saison, un communiqué de presse pour annoncer sa démission quelques heures avant… Il s’agit pour le moins d’un départ un peu précipité et plutôt mystérieux…

    Né à Bordeaux en 1977, fils d’une professeur de danse contemporaine et d’un entraîneur sportif, Benjamin est en quelque sorte tombé dans la marmite quand il était petit. Il apprend les bases de la discipline avec sa maman dès l’âge de 4 ans avant d’intégrer à 13 ans le Conservatoire de Lyon. Dès le départ, il est fasciné par New-York. Il rêve de pièces telles que « West Side Story » de Leonard Bernstein, ou de « Soleil de Nuit » de Michaïl Barychnikov. Son objectif est clairement d’intégrer la School of American Ballet, l’école de danse du New-York City Ballet. Il commence par des stages d’été, deux années de suite, pour finalement être intégré en 1993. Un an plus tard, à force de travail et de talent, il tient son premier rôle et son ascension sera fulgurante. Le prodige remporte le Prix de Lausanne en 1994, quitte l’école pour intégrer le Ballet et atteint son graal en 2001, l’année où il est nommé étoile au Ballet de New-York City. A 24 ans seulement, ce petit garçon biberonné à la danse africaine de Dakar où il a passé les quatre premières années de sa vie touche du doigt son rêve et le ciel. On a souvent parlé de la force de caractère des danseurs liée à la rigueur extrême de leur discipline. Benjamin Millepied est de ceux-là, qui avancent avec un objectif et se donnent les moyens d’y arriver, l’oeil fixé sur le but, droit devant. Il aurait pu s’arrêter là et faire carrière en tant que danseur, mais non. Formé par Jérôme Robbins qui devient son mentor, il ne peut que naturellement prendre le même chemin que lui pour devenir à son tour chorégraphe et metteur- en -scène. Cet homme qui fut son professeur est un monstre de l’histoire de la danse aux Etats-Unis. Soliste, co-réalisateur de « West Side Story », Maître du Ballet de New-York, c’est un modèle pour Benjamin Millepied.

    Dès son arrivée à Paris, Benjamin Millepied annonce clairement ses intentions. Il succède à Brigitte Lefèvre. La saison est déjà commencée et Benjamin Millepied n’a d’autre choix que d’accompagner une saison 2014-2015 préparée par son prédécesseur. Il lui faudra attendre une année entière avant qu’il puisse s’exprimer à travers ses choix de ballets pour la saison qui s’ouvrira le 24 septembre 2015 avec un gala qui va littéralement pulvériser tous les records de vente de billets. Malgré ce succès incroyable, il démissionne quatre mois plus tard. Que s’est-il passé ?

    La « patte Millepied » c’est l’avenir. Son souhait : faire entrer le ballet de Paris dans le XXIe siècle. A son arrivée, Benjamin Millepied trouve une Maison poussiéreuse totalement repliée sur elle-même, qui marche à la baguette, uniquement centrée sur la danse, avec un ordre hiérarchique quasi-militaire organisé en cinq grades à monter ce qui « induit une manière de parler aux danseurs « subalternes » que je n’accepte pas ». Comme le dira la journaliste Elisabeth Quin : « Benjamin Millepied au poste de directeur du ballet de l’opéra de Paris, c’est un peu le glamour qui rencontre le Roi-Soleil ». Premier changement : mettre plus en avant les danseurs, tous les danseurs, y compris les jeunes talents et pas seulement les étoiles en titre du Ballet. Il promeut de jeunes danseurs dont l’avancement était attendu depuis longtemps en coulisses mais pour lesquels il ne se passait rien, ce qui était source de démotivation. Le pari relevé de donner aux jeunes des rôles principaux a redonné un souffle à la troupe, de l’espoir, de l’envie, de la motivation. Pour son premier ballet, « Clear, Lou, Bright, Forward », il choisit ses danseurs parmi les coryphées, l’équivalent des figurants au cinéma, et non parmi les étoiles comme c’était la tradition. Une révolution qui va créer des jalousies et des mécontentements auprès d’étoiles qui ont travaillé si dur pour grimper au sommet de la hiérarchie interne et qui le vivent comme une injustice. « Les étoiles donnent l’exemple, inspirent, mais ça ne veut pas dire qu’à l’intérieur du corps de ballet il n’y a pas plein d’autres d’étoiles ». De quoi déclencher la fureur et la fronde de ces étoiles qui ont tout sacrifié pendant des années depuis leur enfance pour obtenir, enfin, ces premiers rôles.

    Second changement : multiplier les programmes, en passant de deux ou trois créations au programme par an à dix créations. Troisième changement : supprimer le concours. Un concours qui happe l’attention des danseurs et dans lequel ils s’investissent plus que dans leurs rôles, devenant une obsession et créant des tensions et des jalousies entre les danseurs qui se retrouvent être des concurrents féroces plutôt que des partenaires bienveillants. Il faut savoir que ce concours de promotion interne n’existe nulle part ailleurs. Benjamin Millepied souhaitait assouplir ce système compétitif de promotion des danseurs, libérer la compagnie de ce qu’il voyait comme un «  attachement borné à la tradition ». Il était mal à l’aise face à cette compétition qui crée selon lui un stress énorme pour « des danseurs qui tremblent et n’arrivent même pas à articuler un mot ». Quatrième changement : plus de travail et de manière plus régulière. Les danseurs passent de trois à cinq cours par semaine, un cours par jour. Cinquième changement : ouvrir le Ballet à tous les autres arts de manière transversale. Il propose par exemple que le foyer soit utilisé comme lieu d’exposition d’art moderne, que la musique du ballet soit le fruit d’un partenariat avec des musiciens, qu’il y ait des échanges avec des danseurs d’autres pays. Il fait venir des stars étrangères pour danser à Paris et organise des échanges afin de créer l’émulation. Il a un rapport très fort à la culture en général. Il propose également de s’ouvrir à la banlieue « Nous devrions aller vers les banlieues. La danse est un moyen magnifique d’intégration » précise-t-il à Paris Match. Progressiste, il s’indigne du manque de danseurs noirs dans la compagnie : « Dans une ville aussi cosmopolite, je ne comprends pas qu’aucun danseur de couleur ne fasse partie de cette grande compagnie. Comment voulez-vous que le public se reconnaisse ? » déclare t-il au magazine Têtu. En juillet 2015, il confie le premier rôle à une danseuse métisse, Laetizia Galloni, dans « La fille mal gardée ». Un rôle normalement destiné à une danseuse étoile, du jamais vu au Palais Garnier ! Sixième changement : Benjamin Millepied a tout de suite pris à bras-le-corps le problème de la santé des danseurs, regrettant que la médecine de la danse n’existe pas en France. Il s’intéresse à leur nutrition. « Il faut repenser les emplois du temps, la pause déjeuner qui est plutôt vers 16 heures qu’à midi et qui dure trente minutes, évoquer les habitudes alimentaires, l’hygiène de vie… » s’indigne-t-il dans le documentaire « Relève ». Il fait changer tous les parquets pour ménager les articulations des danseurs.

    Pour mener à bien ces réformes et apporter une bouffée d’air frais au ballet, Benjamin Millepied peut compter sur sa force de caractère qui l’a déjà mené là où il est, et sur son immense savoir pour tout ce qui touche au monde de la danse. Brillant, concentré, persuasif, il est curieux de tout, ouvert à tous les arts. Avec sa belle gueule, ses yeux bleus à tomber par terre, son charme et sa grâce, il attire les investisseurs et les mécènes autant que le public. C’est un véritable engouement. Un plus pour la danse classique et contemporaine qui trouve là un porte-étendard accessible au grand public, chouchou de la presse tout autant que des critiques. Mais après le rêve américain, le « french dream » sera de courte durée. Nourrev avant lui avait essayé de relever le défi. Il avait dû affronter la grève des danseurs du ballet et aurait sans doute également été amené à partir s’il n’avait eu le soutien à l’époque du ministre de la culture en personne, Jack Lang. Difficile de bousculer l’Histoire pour écrire l’avenir.

    Le documentaire « Relève » de la chaîne Canal + est le premier faux-pas de Benjamin Millepied. Il est à peine arrivé dans la Grande Maison qu’il tient dans ce portrait des propos blessants. Ses critiques sur la rigidité de l’enseignement de la danse ont fini par créer une mauvaise ambiance au sein de la compagnie qui compte 158 danseurs. Pour Josua Hoffalt, danseur étoile, « l’ambiance était tendue. Il faut dire que l’on avait tous très mal pris les critiques qu’il avait formulées dans le documentaire « Relève » diffusé sur Canal + ainsi que dans une interview donnée au Figaro en décembre 2015. Il se disait insatisfait de la façon dont « ça » danse sur scène, « Etre danseur, c’est s’exprimer, pas tenter de ressembler à un motif sur du papier-peint ! ». Au final, ses remarques, en plus de nous blesser, montraient qu’il n’avait pas compris la culture de la maison. On n’efface pas le vécu d’une telle institution qui existe depuis plus de 300 ans avec tout ce que cela sous-entend en termes de hiérarchie et de fonctionnement. Benjamin Millepied était très enthousiaste à son arrivée mais il a sans doute commis l’erreur de vouloir faire table rase du passé. »

    Dépoussiérer une institution aussi ancienne et lui apporter un souffle nouveau plus moderne n’est pas chose aisée et il faut y aller avec des pincettes. Benjamin Millepied ne semble pas avoir eu envie d’être obligé en permanence de justifier ses choix, ses décisions et de gérer les humeurs et la sensibilité des danseurs en grogne. Jeune, on pense que les idées, parce qu’elles sont bonnes, sont légitimes et doivent s’imposer à l’humain ; plus âgé, on comprend qu’on doit d’abord s’intégrer, comprendre l’humain, se faire accepter et observer avant que de vouloir changer la moindre armoire de place. Faire du temps un allié. C’est ce que Benjamin Millepied n’a pas su faire. Grève des techniciens, lourdeurs de fonctionnement, le chorégraphe a fini par se mettre trop de monde à dos. « La difficulté, c’est le changement » dit-il dans une interview au Figaro. Il a sous-estimé la difficulté de bousculer cette vieille dame et la complexité du fonctionnement de cette très ancienne institution devenue patrimoine national. D’autres se sont cassé les dents sur les murs des Palais comme l’Australien Ross Stretton nommé à la tête du Royal Ballet de Londres où il ne resta que 13 mois. Benjamin Millepied quitte lui la fonction au bout de 14 mois.

    C’est Aurélie Dupont, 43 ans, soliste, qui succèdera à Benjamin Millepied. Il lui avait déjà proposé auparavant de devenir sa directrice adjointe en tant que Maître du ballet, offre qu’elle avait alors déclinée : « Etre maître de ballet ou directeur de la danse, ce n’est pas du tout la même chose » a-t-elle précisé. Dans une interview sur Europe 1, Aurélie Dupont estime que Benjamin Millepied « aurait dû prendre son temps » pour mettre en place son projet. « Il est passionné, il veut que ça aille vite (..) mais il aurait dû prendre son temps parce que les idées étaient bonnes. Benjamin n’avait pas mesuré que le poste implique 80 % de tâches administratives et 20 % seulement d’artistique ». Patrick Dupond se plaignait de journées surchargées à ce poste « C’était des journées de 17 heures. J’habitais quasiment au Palais Garnier ou à l’Opéra Bastille. Je dormais très très peu chez moi ». Pour Brigitte Lefèvre, qui a occupé ce poste pendant 20 ans avant Benjamin Millepied, c’est « Un garçon qui a énormément de charme, une curiosité à fleur de peau, qui a envie de beaucoup de choses (..) Il aurait dû être nommé chorégraphe plutôt que directeur de la danse. Lui a-t-on fait prendre la mesure de ce que représentait ce poste ? ». Quant au danseur étoile Josua Hoffalt, membre du Conseil administratif de l’Opéra de Paris, très remonté contre Benjamin Millepied dans son article au Nouvel Observateur, de conclure : « Nous avons appris aujourd’hui (5/02) que sa remplaçante était Aurélie Dupont. C’est une réelle surprise, nous ne l’avions pas vu venir. Mais nous lui donnerons sa chance (sic!) et l’accueilleront à bras ouverts… comme nous l’avions fait avec Benjamin Millepied ». Espérons qu’après l’avoir accueillie comme lui, ils ne la renverront pas, elle aussi, de la même manière. Les détenteurs des grades et du pouvoir qui en ont bavé pour en arriver là ne sont pas prêts à lâcher leurs privilèges acquis dans la souffrance !

     

     

     

     

    Bande annonce du documentaire « Relève » de Canal +

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  • Renaud is back

     

     

    Renaud is back avec « Toujours Debout », son nouveau single et quatorze nouvelles chansons.

    Gainsbourg est parti, Bashung est parti, mais Renaud revient enfin, cette semaine, sur toutes les plates-formes de téléchargement, avec son nouveau tube « Toujours Debout ». Il faudra patienter jusqu’en mars pour écouter son album qui selon le chanteur-compositeur lui-même serait le meilleur depuis « Mistral Gagnant ». A 63 ans, après 23 albums, 20 millions d’exemplaires vendus et trois films, Renaud est « toujours vivant » et a « toujours la banane ». Annoncé il y a trois jours à ses fans sur sa page « Les amis de Renaud », l’album, en fin de mixage au studio de Bruxelles, n’a toujours pas de titre. Dans un entretien sur France Inter, Renaud se raconte : il va super bien, se lève tôt pour rattraper le temps perdu, lit des livres « tout en fumant cigarette sur cigarette, malheureusement » avoue-t-il et n’a pas bu depuis 128 jours.

    Après sept ans d’absence, la voix est presque toujours la même, rocailleuse, un peu râpeuse à l’accent parisien. Elle est cependant plus douce, plus ronde et moins puissante. On retrouve également la même qualité d’écriture, avec des mots simples mais qui frappent justes. Ce sont toutes les années 1980 qui ressurgissent. Nous reviennent en mémoire « Marche à l’ombre »  et  «Morgane de toi ». On retrouve la même gouaille et le même sens critique face à la société. Depuis « Rouge Sang » en 2006, Renaud s’était retiré dans le Lubéron, dans le petit village de l’Isle-sur-Sorgue. Tous les jours au bistrot, victime de l’alcool, en perte d’idées et d’inspiration jusqu’à sa rencontre avec Grand Corps Malade qui lui redonne le goût de l’écriture, « Le dragon qui a lâché sa flamme » dit-il. Il reconnaît avoir passé un peu trop de temps à boire, plus d’un litre de pastis par jour, mais va beaucoup mieux, preuve en est son humour corrosif qu’il n’a pas perdu et sa capacité à tacler les « trous du cul » en tous genres.

     

    « J’suis retapé, remis sur pieds,

    droit sur mes guibolles, ressuscité,

    toujours vivant (…)

    Il est pas né

    ou mal barré

    le crétin qui voudra m’enterrer »

     

    Les paroles coulent sur une rengaine familière et optimiste que l’on retient immédiatement. On l’aura compris, le nouveau Renaud est sensible, fragile et parfois un peu perdu, un peu hésitant et extrêmement touchant. Deux titres « J’ai embrassé un flic » et « Hyper Casher » seront consacrés aux victimes des attentats, « A mes potes, mes amis de Charlie Hebdo et à tous ces inconnus qui ont été victimes de la barbarie ».

    Une tournée dans tous les Zéniths de France, le Phoenix Tour 2016, est annoncée sur sa page facebook. « Je suis un peu un Phoénix qui renaît des ses cendres, mais ses cendres de la vie de tous les jours (…) Je n’ai plus de cernes sous les yeux, je marche droit, je ne titube plus (..) Et là vous me voyez rayonnant ». Un hommage à ses fans et à son public, avant de passer les frontières vers la Belgique, la Suisse et au Québec.

     

    « Je ne vous ai jamais oubliés

    Et pour ceux à qui j’ai manqué

    Vous les fidèles je reviens vous dire merci

    Vous m’avez manqué vous aussi

    Trop content de vous retrouver »

     

     

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    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Renaud Officiel

     

     

     

     

  • Ben Frost compose la musique du docu Bombing Isis

     

     

    Ben Frost, le photographe et réalisateur Richard Mosse et le directeur de photographie Trevor Tweeten ont collaboré au documentaire « Bombing Isis » (bombarder Isis) diffusé sur la chaîne anglaise Channel 4 en octobre 2015.

    Appréciant beaucoup le travail d’au moins deux des trois artistes évoqués plus haut, à commencer par le premier, Ben Frost, musicien électronique expérimental islandais, et le second, Richard Mosse, photographe, qui avaient déjà collaboré notamment pour un photo-reportage composé de clichés pris en infrarouge, dans cette République Démocratique du Congo en guerre, j’ai découvert avec intérêt ce mini-docu sur la guerre menée par l’armée américaine contre le groupe terroriste Isis dans le Golf Persique.

     

     

    Richard Mosse - Infra
    Richard Mosse – Infra

     

    « C’est le triomphe de la guerre moderne. Elle jette le voile sur la culpabilité morale individuelle, dissimulant ses mains ensanglantées sous des gants de lys blanc »

     

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    Les trois compères se sont donc retrouvés sur le porte-avion nucléaire USS Theodore Roosevelt, en charge du commandement des missions de bombardement sur la Syrie et l’Irak.

    Ils déclarent : « Une grande activité règne à bord, et tout est bien entendu digne d’intérêt. Mais en tant qu’artistes, nous avons été notamment très impressionnés par ces sublimes forces physiques en action sur le pont, le bruit assourdissant de ces machines de métal, l’intense chaleur (jusqu’à 65°C), ces vibrations qui font trembler tout le corps de la tête aux pieds, le fracas du pont, les catapultages incessants de ces avions d’une valeur de plusieurs millions de dollars chargés de bombes mortelles. »

    « Pourtant, l’équipage qui travaille au quotidien dans cet environnement hostile, reste parfaitement calme, communique par gestes et codes précis, comme les acteurs d’une pièce de théâtre absurde. Nous avons même noté des gestes de tendresse envers ces machines tueuses, lorsque ces hommes inspectaient les missiles ou nettoyaient le pont d’éventuels débris. »

    Et ils concluent : « C’est le triomphe de la guerre moderne. Elle jette le voile sur la culpabilité morale individuelle, dissimulant ses mains ensanglantées sous des gants de lys blanc. »

    A vous de vous faire votre propre opinion…

     

    Qu’en pensez-vous ? Dites le nous en commentaire…

     

     

  • The Doors | Soundstage New York 1969 (Part 1)

     

     

    Une tranche essentielle de l’histoire du rock que cette performance live des Doors aux WNET-PBS TV Studios, à New York, les 28 et 29 avril 1969. Il s’agit en fait d’un extrait des « Soundstage Performances 1967-1969 » compilant trois showcases live du groupe, de Toronto (1967) à New York (1969), en passant par le Danemark (1968).

     

    Les Doors ne s’étaient plus produits ensemble depuis le concert calamiteux de Miami le 1er mars 1969, et la condamnation de Jim Morrison pour comportement indécent et outrage aux bonnes moeurs, qui conduira à l’annulation des concerts de la tournée américaine du groupe jusqu’en juillet de cette même année.

    Ce 28 avril 1969, Jim Morrison apparait donc barbu, sans son célèbre pantalon en cuir, éprouvé par ses démêlés avec la justice. Ce qui n’empêchera pas Les Doors de nous livrer ce jour-là une performance exceptionnelle, adaptant les quatre morceaux joués à la théâtralité, à la présence scénique énorme et à l’imprévisibilité d’un Morrison qui donne le meilleur de lui-même.

    Le lendemain de cette performance, le groupe donnera une interview exclusive à la chaine PBS. C’est à cette occasion que Jim Morrison se livrera à une prédiction étonnante préfigurant l’avenir de la musique dans les vingt ans qui suivront cet évènement : « I can envision one person, with tapes and electronic set-ups, singing or speaking, and using machines. (Je peux voir une personne, avec des bandes électromagnétiques et des configurations électroniques, chantant ou parlant et utilisant des machines) ».

    Suite à ce TV Show, les Doors ressentiront de nouveau l’envie de se produire sur scène, et entreront dans ce qui sera probablement l’une des périodes les plus créatives qu’ils aient connues, avec des concerts qui rentreront dans les annales, en constituant le matériel à leur nouvel opus live, « Absolutely Live », ainsi que l’enregistrement de l’album « Morrison Hotel » qui marquera le retour du groupe au tout premier plan.

     

    The Doors⎥ Soundstage New York 1969 (Part 1)
    Live of 28 – 29th April 1969, WNET-PBS TV Studios, New York.

    Track List :

    1) Tell All The People
    2) Alabama Song
    3) Back Door Man
    4) Wishful Sinful

     

     

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  • TheYellowBeats, à l’âge de raison

     

     

    Le 1er décembre 2015 sortait le dernier opus de TheYellowBeats, « Exotica », que nous attendions avec impatience, tant ses productions précédentes laissaient augurer encore bien des directions musicales à explorer. Et à l’écoute de ce nouvel album, force est de constater que le résultat est au-delà de nos espérances.

     

    « Exotica », c’est une invitation au voyage. Et pour cause, cet album est le fruit d’un séjour initiatique de plusieurs mois à Montréal. A son écoute, on sillonne la ville, on déambule, on descend l’Avenue du Parc, la Rue de Bleury, vers le Saint-Laurent… Et surtout, on fait de belles rencontres… On se laisse juste guider par le rythme de la cité et par les beats du maestro. Les nappes de clavier sont omniprésentes, en arrière-plan, créant une ambiance feutrée, ouatée, comme à travers la vitre de la voiture, les voix de la mutine Emilie McAll et de Griot s’entremêlent joliment avec le sax tenor de la belle Beth, tout cela soutenu par la basse ronde et néanmoins puissante de Shaun Ryan.

    Avec « Exotica », TheYellowBeats a indéniablement encore franchi un cap déterminant, en intégrant dans sa musique de coeur, le hip-hop, les multiples influences de la bouillonnante scène alternative soul et jazz de Montréal. Il en résulte un album magnifiquement produit, très abouti, tout en finesse et en subtilité.

    Pour cet opus, TheYellowBeats se met donc en retrait, caché derrière ses machines, pour laisser la part belle à de nombreuses collaborations, de l’immense Griot (Louis Aka Trudel), « Back To Reality », au flow implacable et à la spiritualité débordante, à l’envoutante Émilie McAll Pinard, en passant par l’époustouflante Beth McKenna, le très talentueux Gabriel Vinuela-Pelletier, l’incommensurable Shaun Ryan, sans oublier l’excellentissime Abiyshai Yisrael aka Odd Man Black, le frangin Aymeric Alias, et bien-sûr l’indéfectible partner Jean-Baptiste Beltra, aka TheNotch.

    En substance, encore une jolie pépite pour égailler notre hiver…

    A découvrir le track « Beat Around The Bush », extrait de l’album, en live au Bleury-Bar à Vinyle, dans le cadre de la soirée de lancement de l’album à Montréal.

    Et pour télécharger « Exotica » sans plus attendre, c’est ici !

    TheYellowBeats remercie Le Bleury-Bar à Vinyle, Urban Science, Laurine Haddock, XS Music, Instant City.

     

     

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    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] TheYellowBeats.com

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] TheYellowBeats Soundcloud

     

     

     

  • Le CND de Pantin, dédié au 6ème Art

     

     

    Le « 9-3 » est un département vivier de l’Art : la danse y a élu domicile en 1998. Un lieu unique entièrement dédié à ce 6ème Art de la scène. Le Centre National de la Danse, c’est d’abord un bâtiment rénové et confortable, situé sur les rives du canal de l’Ourcq, avec deux plateaux, douze studios, une médiathèque, une cinémathèque et une salle de projection. Ce sont aussi des spectacles, des formations, des stages et des ressources mises à la disposition des compagnies et des antennes, comme le CND Lyon / Rhône-Alpes.

    Le CND s’est vu confier trois missions : conserver le patrimoine, former des professionnels et favoriser la création. Avec 11 millions d’euros par an de budget et 93 salariés à temps plein, la renommée du Centre est internationale. Une vingtaine d’artistes y sont en résidence et plus de 400 compagnies bénéficient d’une mise à disposition des studios. Le Centre compte également entre ses murs une école de danse qui délivre des diplômes d’Etat de professeur de danse ou d’artiste chorégraphe.

    A l’affiche, une programmation au fil des saisons qui s’organise sur trois temps forts : l’automne, le printemps et l’été. Au printemps 2016 donc, le CND proposera le programme « AFFICHE » : plusieurs thématiques dont les danses folkloriques. Et cet été : « CAMPING » vous offrira une expérience unique en Europe avec une plate-forme internationale permettant de rencontrer des artistes, avec des cours, des conférences.

    Rendez-vous donc sur le site du CND pour plus d’information.