Catégorie : Appfilm

  • Festival de Cannes 2016 | Le Palmarès

     

     

    La cérémonie de clôture du Festival de Cannes 2016 s’ouvre sur une vidéo mettant en scène Laurent Lafitte dans différents films. Plus décontracté et à l’aise, plus sûr de lui, l’humoriste et acteur nous offre une version soft et classique de la présentation. Exit les upercut un peu trash de l’ouverture.

    La Palme d’or du Court-Métrage est remise par Marina Foïs, qui met les femmes à l’honneur dans son intervention : « Oups, je n’ai cité que des femmes ». 5 008 films présentés, seulement 10 sélectionnés et la Palme d’or qui revient au 8ème court-métrage du Brésilien Juanjo Gimenez, « Time Code », qui déclare, à l’instar de Woody Allen : « Je ne crois pas à la compétition entre films ».

    La Caméra d’or du Premier Film est décernée à « Divines » de Uda Benyamina, qui hurle dans le micro un véritable plaidoyer pour les femmes, puis un discours de remerciements drôle et touchant qui ne s’arrête plus, au point de contraindre Laurent Lafitte à jouer « les oiseaux de mauvais augure » afin d’écourter la séquence.

    Palme d’honneur à Jean-Pierre Léaud : la salle se lève sous un tonnerre d’applaudissements. « Je suis né à Cannes en 1959 », déclare-t-il, avant de qualifier la « Nouvelle Vague » de « vent de liberté qui souffle dans le cinéma ».

    Ibrahim Maalouf met ensuite la salle en joie avec un intermède musical génial dans lequel il reprend quelques musiques de film qui ont ponctué l’histoire du Festival de Cannes, tout particulièrement avec la BO du film de Quentin Tarantino, « Pulp Fiction ».

    Le Prix d’interprétation masculine est attribué à Shahab Hosseini, acteur iranien de 42 ans, pour « Le Client » de Asghar Farhadi, dont il est l’acteur fétiche et avec lequel il avait déjà tourné « Une Séparation » en 2011 et « A Propos d’Elly » en 2009. Il avait déjà été sélectionné aux Oscars en 2014 dans la catégorie des meilleurs films étrangers pour son film « Le Passé » avec Bérénice Béjo.

    Prix du Jury : « American Honey » de Andrea Arnold.

    Prix d’interprétation féminine : pour la Philippine Jaclyn Jose dans « Ma’ Rosa » de Brillante Mendoza.

    Prix du scénario : Asghar Farhadi pour « Le Client ».

    Prix de la mise en scène : ex aequo Olivier Assayas pour « Personal Shopper » et Cristian Mungiu pour « Baccalauréat ».

    Grand Prix : Xavier Dolan pour « Juste la fin du monde » d’après une pièce de Jean-Luc Lagarce, à qui il rendra hommage dans un discours assez long, écrit sur une feuille qu’il va lire avec des sanglots dans la voix et beaucoup d’émotion, se racontant lui-même à travers ses mots.

    Palme d’or : Ken Loach pour « Moi, Daniel Blake ». Très applaudi, le réalisateur britannique parle du capitalisme qui met à la rue des millions de personnes tandis qu’une poignée d’autres s’enrichit. « Un autre monde est possible » conclut-il. Le film du réalisateur de 79 ans raconte l’histoire d’un menuisier de 59 ans qui se bat pour obtenir l’aide sociale. Lors de l’un de ses rendez-vous au Job Center, il rencontre Rachel, une mère célibataire de deux enfants forcée d’accepter un logement à 450 kilomètres de sa ville natale pour ne pas être placée en foyer d’accueil. Seconde palme d’or pour le réalisateur, dix ans après « Le vent se lève » en 2006, et qui succède à « Deephan » de Jacques Audiard, primé l’an dernier.

    A l’année prochaine…

     

     

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  • Festival de Cannes 2016 | Episode 6 : Le Festival en chiffres

     

     

    Le Festival de Cannes, c’est :

    ✓ 800 millions d’euros générés par le marché du Film (plus d’un milliard de dollars).

    ✓ Un investissement de 20 millions d’euros qui rapportent en retour 72 millions de bénéfices.

    ✓ 195 millions de retombées économiques.

    ✓ L’événement le plus médiatisé après les jeux olympiques.

    ✓ Une ville de 73.000 habitants qui passe au triple avec 36.000 festivaliers, 3.000 saisonniers et 90.000 visiteurs durant ces 11 jours, soit 200 000 personnes.

    ✓ 670.000 repas servis et 97.000 nuitées, soit 15 % du chiffre annuel des hôtels-restaurants.

    ✓ 39.000 euros la nuit la plus chère au Majestic, dans la Penthouse Suite de 650 m² en duplex, avec des prestations haut de gamme comme un salon de coiffure privé, une salle de fitness et une terrasse sur le toit de 150 m² avec piscine au 7ème étage de l’hôtel, permettant ainsi d’admirer la vue sur la baie de Cannes et la montée des marches du Palais des Festivals.

    ✓ 3 mois pour fabriquer la palme d’or chez Chopard, en or 18 carats (118 grammes d’or) et cristal de roche, pour une valeur de 20.000 euros.

    ✓ 500 caméras de sécurité soit 1 caméra pour 147 habitants.

    ✓ 570.000 dollars la location d’un yacht pour 1 semaine.

    ✓ 24 marches à monter sur le tapis rouge de 60 mètres de long, changé 3 fois par jour soit 1 800 mètres de tapis rouge.

    ✓ 1.869 films visionnés avant la sélection, 49 retenus provenant de 28 pays différents. 20 de ces films sont en compétition pour la palme d’or dont 4 sont français.

    ✓ Seulement 3 réalisatrices et 2 l’année dernière.

    ✓ 1.200 tonnes de déchets supplémentaires.

    Côté beauté, on n’est pas en reste. Maquilleur officiel depuis 1997, L’Oréal travaille tous les jours d’arrache-pied. Les stars du Festival font un détour par le 7ème étage de l’hôtel Martinez, loué entièrement pour loger les stars égéries de la marque, comme Eva Longoria ou Laetitia Casta, et installer les salons (Show-Room).

    ✓ 17 maquilleurs y travaillent chaque jour pour réaliser 700 mises en beauté.

    ✓ 380 mascaras.

    ✓ 400 bouteilles de laque Elnet.

    ✓ 600 flacons de vernis à ongles.

    ✓ 1.600 rouges-à-lèvres.

    ✓ 2.800 coiffures réalisées par les studios Dessange, utilisant 300 mètres d’extensions et quelques 20.000 épingles, soit environ 15 kg d’épingles et kirbys pour les attaches.

    ✓ 30 coiffeurs qui travaillent chaque jour.

    ✓ 1 booking agent pour prendre les rendez-vous.

    ✓ 200 sacs cadeaux VIP.

    ✓ 300 photos de stars à trier chaque jour.

    ✓ 16h à 18h les heures de rush pour la montée des marches.

    ✓ 180 litres de shampoing.

    ✓ 120 brosses utilisées.

    Le Festival, c’est aussi un lieu de fête gigantesque durant 12 jours. Les sponsors rivalisent d’ingéniosité pour attirer les stars les plus connues à leurs soirées. Il y a un véritable business publicitaire en marge du Festival. Quatorze marques y sont invitées chaque année. C’est le cas de L’Oréal, Magnum, Orange, Nespresso, HP, Chopard, Dessange, Franck Provost, toutes espérant voir leur nom cité au détour d’une interview ou apparaître à l’image, capté par une caméra. Les plages sont rebaptisées « Nespresso » ou « Schweppes ». Chaque marque fait appel à des stratèges de l’événementiel, des GO du marketing. La société d’Antoine Dray passe ainsi de 7 à 96 employés pour gérer le festival.

    ✓ 360.000 flûtes à champagne remplies.

    ✓ 180.000 tasses Nespresso servies à l’intérieur du palais des Festivals. Même la salle de délibération du jury est équipée de machines.

     

     

    Vidéo histoire du Festival :

    [youtube id= »jHkj1l7QWXQ » align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

     

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  • Festival de Cannes 2016 | Episode 5 : Xavier Dolan, le retour

     

     

    On l’adore ! Depuis « Mommy », la révélation de 2014, les aficionados se sont rués sur sa filmographie pour rattraper leur retard.

     

    Petit génie qui nous vient du Québec, à tout juste 20 ans, Xavier Dolan se fait remarquer lors de « La quinzaine des réalisateurs » (qui récompense les nouveaux talents) avec son film « J’ai tué ma mère » en 2009. Chouchou de Cannes, et de nous aussi, il ne cesse de nous épater chaque année, abonné semble-t-il au Festival… On le retrouve partout : la voix québécoise de Harry Potter, c’est lui. Celle de Twilight, aussi. Xavier Dolan a ainsi doublé plus de 150 films et séries ! Un acharné du travail, mais pas que, car il faut préciser que le petit Xavier est tombé dans la marmite quand il avait quatre ans. Fils d’un papa comédien, il enchaîne les publicités, puis les longs métrages, puis les séries. Vous recherchez un enfant, un ado pour jouer dans votre film, votre série ou votre pub ? Pas de problème. Il y a Xavier…

    Pour la réalisation de son deuxième long métrage, « Les amours imaginaires », Xavier Dolan a créé sa propre boîte de production « Sons of Manual », en hommage à son père Manuel Tadros. La fourmi sait ce qu’elle fait et où elle va, visiblement très bien conseillée. Et le voilà reparti pour Cannes. Huit minutes d’ovation et d’applaudissements. Incroyable ! Du coup, forcément, un peu comme avec Tarantino, on attend impatiemment le film suivant. Sauf que là, pas besoin d’attendre deux ans. Xavier Dolan fait tout plus vite que les autres. Même les films… En 2011, il se lance dans son troisième long métrage « Laurence Anyway » : l’histoire d’un transgenre et de sa compagne dans les années 1990. La critique le qualifie de « meilleur film de Dolan », avec « une énergie cinématographique à couper le souffle. Nous avons été honorés de pouvoir regarder ce grand génie à l’oeuvre » déclare le jury du film de Toronto qui lui décerne le Prix du meilleur film canadien à l’unanimité. Rien que ça. On dirait que plus Dolan fait de films, meilleurs ils sont. Autant ne pas se priver.

    La consécration ultime arrive en 2014 à Cannes, avec le film « Mommy ». Xavier Dolan reçoit un Prix ex-aequo avec l’un des papes de la nouvelle vague, Jean-Luc Godard. Se retrouver ainsi en compétition avec l’un des plus fameux réalisateurs de l’histoire du cinéma français, le père de « Pierrot le Fou », « A bout de souffle » ou « Le Mépris », quel fierté ! L’année suivante, il revient à Cannes pour juger les films des autres, dans le jury cette fois, et aux côtés des frères Coen, excusez du peu, et de son ami Jake Gyllenhall. Finalement, Cannes, c’est un peu devenu chez lui.

     

    Et voici venue 2016, l’année de son sixième film. L’année de son cinquième passage à Cannes.

     

    Le casting du film en compétition « Juste la fin du monde » est hallucinant : Vincent Cassel, Marion Cotillard, Nathalie Baye, Gaspard Uliel, Léa Seydoux. Vincent Cassel dans un film de Xavier Dolan : on brûle de le voir. Un tel duo, c’est du petit lait. C’est irréel. Les cinéphiles, fans de Dolan ET de Cassel vont mourir sur place. C’est tellement improbable, qu’on en a peur d’être déçus.

    Si en plus on nous annonce qu’en 2017, un autre Dolan va sortir cette fois avec Susan Sarandon, Jessica Chastain, la très subtile oscarisée Kathy Bates (« Misery », « Beignets de tomates vertes », « Primary Colors », « Monsieur Schmidt ») et Kit Harington (« Games of Thrones »), on se met à se dire qu’on est des petits veinards. Monsieur Dolan peut choisir ses acteurs. Et il ne se prive pas de piocher parmi les plus grands et les plus demandés du moment. Il semblerait que tourner avec Dolan aujourd’hui, ce soit comme tourner avec Woody Allen autrefois : ça ne se refuse pas !

    Que les médias arrêtent donc de nous parler de Kristen Stewart. La star 2016 à Cannes, la véritable star, c’est et ce sera Xavier Dolan. A n’en pas douter.

     

    Dolan parle de son film « Juste la fin du monde » sur la tv québécoise.

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  • Festival de Cannes 2016 | Episode 4 : En piste MC Laurent !

     

     

    Il est beau, il est drôle, il a 42 ans et c’est un surdoué. Laurent Lafitte sera maître de cérémonie pour l’ouverture du Festival de Cannes le mercredi 11 mai 2016 et pour la remise des Prix le 22 mai lors de la cérémonie de clôture. Vous pourrez assister à sa retransmission en direct sur Canal + à partir de 19h15, en clair et en exclusivité depuis le Palais des Festivals. Lambert Wilson a fait le job pendant deux années consécutives, en 2014 et 2015, en rendant hommage aux femmes dans le cinéma sur un plateau habillé à la Stark comme une freebox.

    Alors qui est Laurent Lafitte ? Si son nom ne nous dit rien, son visage en revanche nous est très familier. C’est toujours le bon copain : dans « L’art de la Fugue » aux côtés d’Agnès Jaoui en 2015 ou « Les Petits Mouchoirs » de Guillaume Canet en 2010. Certains diront « le gendre idéal », type « Neuilly-Passy » au sourire plein de dents blanches, costume-chemise et raie sur le côté. Lui-même n’hésite pas à se décrire ainsi dans ses interviews, lorsqu’il raconte qu’il a grandi dans le très bourgeois 16ème arrondissement de Paris. On est en 1988, il a quinze ans, il étudie au lycée en classe de seconde. Régis Milcent cherche un adolescent pour son téléfilm « L’enfant et le Président », l’histoire d’un enfant qui va promener son chien et rencontre le président. Laurent Lafitte répond donc à l’annonce parue dans France Soir, à laquelle il joint un photomaton. Il sera retenu et donnera la réplique à Michael Lonsdale. Il s’inscrit ensuite au Cours Florent puis au Conservatoire National d’art dramatique, ce qui rassure ses parents, « Mon baccalauréat à moi ! », et c’est parti pour lui ! En 1993, le grand public fait sa connaissance grâce à la sitcom « Classe Mannequins » sur M6, après quoi il enchaîne de nombreuses séries : « Avocats et Associés », « Julie Lescaut », « Femmes de Loi », « Caméra Café » ou « Section de Recherches ».

    Mais Laurent Lafitte est bien plus qu’un acteur de rôles secondaires. C’est un pensionnaire de la Comédie Française depuis 2012, un petit génie de la comédie, et c’est en cela qu’il nous intrigue. Quand on y regarde de plus près, on trouve dans son parcours autre chose de plus profond et de plus riche : un don véritable pour la comédie, un art très difficile. Faire rire n’est pas donné à tout le monde et demande intelligence et finesse, du talent en somme. Son premier one man show est un immense succès : il tient le Palais des Sports plus de six mois, soit cent représentations avec son spectacle « Laurent Lafitte, comme son nom l’indique » et remporte le Prix Raimu de la comédie. La critique est dithyrambique.

    Laurent Lafitte est donc drôle, talentueux, beau gosse, bourré de génie et tout ça, sans se prendre au sérieux. Preuve en est son personnage hilarant de Marina dans certains sketches de « La Revue de Presse de Catherine et Lilliane » auxquels il participe dans « Le Petit Journal » sur Canal+, ou ceux aux côtés de Zabou à la radio sur France Inter dans l’émission « A votre écoute, coûte que coûte ». Ce n’est donc pas un hasard s’il a été choisi par l’excellent Albert Dupontel pour son prochain film « Au-revoir là haut » ou par Thierry Frémaux et Pierre Lescure pour présenter la cérémonie d’ouverture du Festival de Cannes. Ca n’est d’ailleurs pas la première fois qu’il est sollicité :  il a présenté la 25ème Nuit des Molières en 2011 et fait hurler de rire la salle lors d’un sketch aux Césars en 2013.

     

     

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    Nous sommes donc extrêmement impatients de le découvrir sur scène mercredi soir et de voir ce qu’il nous aura concocté. A force de travail et de ténacité, voici venue l’heure des récompenses et de la Palme.

     

     

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  • Festival de Cannes 2016 | Episode 3 : Les films sélectionnés

     

     

    On a eu de belles surprises l’année dernière avec « Le Fils de Saul », « La Tête Haute », « Mon Roi », « La Loi du Marché » ou « Vice Versa ».

     

    Après une sélection de 49 films sur les 1.800 reçus, Thierry Frémaux et Pierre Lescure proposent cette année davantage de têtes connues qu’en 2015. On commence avec un grand habitué de Cannes, Woody Allen, dont le dernier film (il en tourne un par an ; en 2015, il était présent avec « L’homme irrationnel ») « Café Society » fera l’ouverture du Festival le 11 mai, en même temps qu’il sortira dans toute la France. L’histoire à New-York, dans les années 1930, d’un jeune homme qui part tenter sa chance à Hollywood (Jesse Eisenberg, le Mark Zuckerberg de « The Social Network » en 2010 et Kristen Stewart, rescapée de « Twilight »). C’est la 3ème fois qu’un film de Woody Allen ouvre le Festival (2002 et 2011) et il s’agit là de sa 14ème sélection, hors compétition, le cinéaste refusant de concourir pour la Palme d’Or. A 80 ans, Woody Allen est toujours aussi prolixe.

    Autres têtes d’affiche : Pedro Almodovar avec « Julieta », l’histoire d’une mère à la recherche de sa fille perdue de vue, Ken Loach avec « Moi, Daniel Blake », Paul Verhoeven avec « Elle » (hors compétition) ou Emir Kusturica avec « Le long de la voie lactée ».

    Du côté de la France, les frères Dardenne avec « La Fille Inconnue », Olivier Assayas avec « Personal Shopper », Nicole Garcia avec « Mal de Pierres », Bruno Dumont avec « Ma Loute » et Alain Guiraudie avec « Rester Vertical » tenteront leur chance.

    Mais notre chouchou, c’est le très attendu  fils prodige du cinéma : Xavier Dolan. Après l’excellentissime « Mommy » qui avait enflammé les critiques du monde entier en 2014, après un passage à Cannes en tant que membre du jury en 2015, il revient sur la Croisette pour présenter son nouveau film : « Juste la fin du monde » et on a hâte de voir ça.

    Quant à la surprise qui fait monter le suspense, c’est Sean Penn avec son film « The Last Face ». Présent l’an dernier aux côtés de sa compagne Charlize Théron (avec qui il a rompu depuis) venue présenter « Mad Max: Fury Road » (de retour de Haïti, on se souvient qu’il avait profité de l’avion présidentiel), double Oscar du meilleur acteur en 2004 (« Mystic River ») et 2009 (« Harvey Milk ») , réalisateur de quatre films dont le très populaire « Into The Wild » en 2007, quinze ans après « The Pledge », il revient à la réalisation avec son 5ème film. Celui-ci raconte une histoire d’amour houleuse entre la directrice d’une organisation humanitaire (forcément) dans un Libéria ravagé par la guerre et un docteur qui travaille à ses côtés. Dans les rôles principaux, Charlize Théron (sans surprise) et l’excellent Javier Bardem, ainsi que deux Français : Jean Reno, qui s’exporte décidément très bien aux Etats-Unis, et Adèle Exarchopoulos (« La Vie d’Adèle », Palme d’Or en 2012).

    Du côté du film d’animation, c’est au tour de Steven Spielberg de venir prendre le soleil à Cannes à l’ombre de son « Bon Gros Géant »,  succédant à « Vice Versa » l’année dernière et « Le Petit Prince ». Depuis « E.T. » en 1982, tout le monde adore Spielberg. Président du jury en 2013, multi-oscarisé, ce monstre du cinéma sera-t-il physiquement présent ? Ce serait plus que formidable, et cela apporterait un peu de joie et de brillance au Festival.

    Impossible de terminer cet article sans évoquer LE film le plus attendu des fans : celui de la surdouée Jodie Foster : « Money Monster » . Avec au casting Georges Clooney ET Julia Roberts, que demander de plus ? Le film sortira en salle en France le 13 mai, en même temps que le festival où il sera projeté hors compétition. Si l’équipe du film vient sur la Croisette, ce sera juste incroyable ! Le pitch : un gourou de la finance également présentateur de télévision, Lee (Clooney), voit débarquer en direct sur son plateau un jeune spectateur, Kyle, qui a perdu toutes ses économies en suivant ses conseils. Armé et ceinturé d’explosifs, il prend le présentateur en otage devant des millions de téléspectateurs. Un scénario alléchant, du suspense, de la moralité, un sujet brûlant d’actualité, de supers acteurs que le public affectionne, ce film sera sans doute le blockbuster du printemps.

    En conclusion, on se rend compte d’une année sur l’autre que le cinéma n’est pas une si grande famille que ça et que les inter-connexions y sont fréquentes. Avec ce sentiment d’y retrouver un peu toujours les mêmes professionnels, comme si l’on se donnait rendez-vous à Cannes, entre amis, pour l’année suivante.

     

     

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  • Festival de Cannes 2016 | Episode 2 : Le Jury

     

     

    Que nous réserve le jury de Cannes cette année ?

     

    Après les frères Coen, Sophie Marceau, Jake Gyllenhaal, Sienna Miller, Xavier Dolan, Rossy de Palma et Guillermo Del Toro en 2015, difficile de faire mieux. Ce qui pourrait d’ailleurs ne pas être le cas en 2016…

    Le président cette année sera Georges Miller, réalisateur australien (à ne pas confondre avec Claude Miller, réalisateur de « La Petite Voleuse »), réalisateur de la série des « Mad Max ». Il sera entouré de huit autres personnalités du cinéma, à parité quatre hommes et quatre femmes,  dont les actrices Vanessa Paradis (qui chanta « Le Tourbillon de la Vie » pour Jeanne Moreau en 1995), Kirsten Dunst et Valeria Golino (également réalisatrice), de l’acteur danois Mads Mikkelsen (Prix d’interprétation à Cannes en 2012) et du réalisateur Arnaud Desplechin, cinéaste français de 55 ans, à qui l’on doit « Trois souvenirs de ma jeunesse », César du meilleur réalisateur en février dernier et « Un conte de Noël » en 2008 avec Catherine Deneuve. Rien de très excitant en somme.

    Au milieu de cette monotonie, on  notera la présence salvatrice de l’excellent Donald Sutherland et celle de László Nemes, réalisateur hongrois du superbe « Le Fils de Saul », Oscars 2016 et Golden Globe du meilleur film étranger, présenté en compétition à Cannes l’année dernière où il remportait le Grand Prix. A noter tout de même la présence au jury de Katayoon Shahabi, productrice de documentaires iranienne inconnue du grand public, qui pourrait être un gage de qualité, grâce à un œil averti et un regard différent.

    Un jury classique, hétérogène, qui manque de la folie qu’avait celui de l’an passé. Reste à savoir si la sélection des 21 films en compétition permettra de donner un peu de peps et d’intérêt au Festival.

     

     

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  • Festival de Cannes 2016 | Episode 1 : L’Affiche

     

     

    Cannes 2016 : A vos marques !

     

    Le joli mois de mai approche, et avec lui, le Festival de Cannes. Il s’agit du 69ème Festival depuis sa création en 1946, sur une idée de Philippe Erlanger, chef du service des échanges artistiques au Ministère des Affaires étrangères, choqué par l’ingérence des gouvernements fascistes allemands et italiens dans la sélection des films à la Mostra de Venise dans les années 1930.

    Il se déroulera du 11 au 22 mai 2016. L’affiche a été dévoilée le lundi 21 mars. Inspirée du film de Jean-Luc Godard « Le Mépris » sorti en 1963, avec Michel Piccoli et Brigitte Bardot, on y voit l’acteur dans une scène du film gravir les marches de la Villa Malaparte à Capri (conçue en 1937 par l’architecte Adalberto Libera pour l’écrivain italien Curzio Malaparte), rappelant ainsi la montée des Marches du Festival. Cette fois, Piccoli semble se diriger droit vers le ciel de la Côte d’Azur ou « vers l’horizon infini d’un écran de projection » surplombant la Méditerranée. « À la veille de son 70ème anniversaire, en choisissant de s’afficher sous l’emblème de ce film à la fois palimpseste et manifeste, le Festival renouvelle son engagement fondateur : rendre hommage aux créateurs, célébrer l’histoire du cinéma et accueillir de nouvelles façons de regarder le monde. À l’image d’une montée de marches en forme d’ascension vers l’horizon infini d’un écran de projection » indique la direction du FIF dans son communiqué. Un film mythique de l’époque de La Nouvelle Vague.

    Hervé Chigioni, directeur du studio de création Lagency et Gilles Frappier, son graphiste, ont choisi un fond jaune, comme le peignoir de Bardot dans la scène, comme la couleur de la Palme d’Or, « comme la lumière méditerranéenne qui se change en or ». L’affiche a été créée à partir de photogrammes du film : une image obtenue sans appareil photo, uniquement en plaçant des objets sur une surface photosensible et en l’exposant ensuite directement à la lumière. L’agence Lagency officie au Festival depuis 2014. Une collaboration nouvelle très remarquée car rompant totalement avec le classicisme convenu des années antérieures et cela, pas toujours du goût de la critique. Un pari de la direction du Festival pour lui redonner un coup de fouet.

    L’acteur Michel Piccoli sera le premier à fouler le tapis rouge le 11 mai pour l’ouverture du Festival. Ayant débuté au théâtre à 18 ans, c’est dans ce film de Godard qu’il atteint son rêve de célébrité, 18 ans après ses débuts au cinéma en 1945. Acteur fétiche de Claude Sautet, qu’il accompagne à Cannes en 1970 pour « Les choses de la vie », il crée le scandale en 1973 avec « La Grande Bouffe » de Marco Ferreri. Il reçoit le Prix d’interprétation de Cannes en 1983 pour « Le Saut dans le Vide » de Marco Bellochio et sera membre du Jury en 2007.

     

     

    Instant-City-Cannes-2016-Affiche-Officielle

     

     

     

     

    Scène de la Villa Malaparte dans le film « Le Mépris » :

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    Bande Annonce « Le Mépris » :

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    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

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  • Silence Plateau | Straight Outta Compdon

     

     

    Straight Outta Compdon : Biopic du groupe de gangsta-rap californien N.W.A.

    Le film porte le nom du premier album studio du groupe américain de rap N.W.A., sorti en 1988, et qui figure au Panthéon des disques les plus cultes pour les amateurs de rap. A sa sortie, l’album fait le buzz avec le titre « Fuck Tha Police » dans lequel le groupe dénonce le racisme et la violence des forces de police de la ville de Los Angeles. Le titre met en scène un tribunal avec des plaignants qui dénoncent les mauvais traitements et le délit de faciès perpétrés par les policiers. Rien de bien méchant, dirait-on aujourd’hui dans les paroles assez sages finalement, refrain hormis. Sorti il y a plus de vingt ans, ce morceau est toujours incroyablement d’actualité. On retrouve exactement la même polémique dix ans plus tard, à la sortie du film français « La Haine » de Mathieu Kassovitz autour du titre de Minister Amer « Sacrifice de poulets » en 1995 qui raconte une soirée d’émeutes en banlieue parisienne. A l’époque, le Ministre de l’intérieur demande un procès à l’issue duquel le groupe sera contraint de se séparer. Dans le même temps, aux Etats-Unis, le disque de N.W.A. se vend à plus de 3 millions d’exemplaires et devient double disque de platine. Il se classe 9ème au Top des albums de R’n’B et de hip-hop et figure sur la liste des 1001 albums qu’il faut avoir écoutés au moins une fois dans sa vie. « Fuck Tha Police » est désormais à la 425ème place des 500 meilleures chansons de tous les temps selon le magazine Rolling Stones. Interdit d’antenne et parfois même de concert en raison des paroles jugées violentes, le groupe n’en compte pas moins dix millions d’albums vendus rien qu’aux Etats-Unis. La légende est née.

    N.W.A. est un groupe de rap « West Coast » qui a popularisé le style « Gangsta Rap » entre 1982 et 2002. Les initiales sont un acronyme pour Niggaz With Attitude. Il s’agit de copains qui ont grandi ensemble à Compton, un quartier de la banlieue de Los Angeles, connu pour ses gangs et ses activités criminelles. Eric Lynn Wright (Easy-E) monte le groupe en 1986. Son père était facteur et sa mère directrice d’école. Il subvient à ses besoins en dealant. Comme l’explique Jerry Heller, le manager de N.W.A. : « Le quartier dans lequel il a grandi était dangereux. Il n’était pas très costaud. Voyou, c’était un rôle qu’on connaissait ; ça donnait un certain niveau de protection dans le sens où les gens hésitaient à vous chercher des emmerdes. Mais dealer, c’était un rôle qui donnait un certain privilège ainsi que du respect ». (« Ruthless : A memoir » 2007). En 1986, Eric a 22 ans et il a engrangé 200.000 dollars de la vente de drogue.

    A cette époque, Andre Romelle Young (Dr Dre), 21 ans, est DJ. Il travaille dans un club, « The Eve After Dark », où il peut observer les rappeurs qui se produisent sur scène. Son père, Theodore Young, joue dans un groupe de R’n’B amateur qui s’appelle « The Romells », d’où son second prénom. Andre se lance dans la production de ses propres morceaux et mixe sur une radio locale dans l’émission « The Traffic Jam » avec un copain, Antoine Carraby (DJ Yella), lui aussi DJ au club. Il organise parfois des soirées événements dans lesquelles il invite des guests comme un certain Ice Cube. O’Sea Jackson aka Ice Cube, classé 8ème sur la liste des meilleurs Mc de tous les temps établie par MTV, classé dans les 50 meilleurs conteurs de hip-hop et 11ème meilleur rappeur de tous les temps, est présenté comme le parolier du groupe. Il se produit lors de soirées organisées par Dr Dre, qui s’intéresse rapidement à son potentiel lyrique. Il commence à écrire des paroles et des chansons à l’âge de 16 ans, notamment le fameux « Boyz n’ Tha Hood ». En 1984 il forme le groupe C.I.A.

    Jerry Heller, quant à lui, fut pendant dix ans, de 1965 à 1975, le manager de véritables stars comme Marvin Gaye, Elton John, Pink Floyd, Van Morrison ou Otis Redding. Après une traversée du désert, il reprend une usine de fabrication de disques à Los-Angeles, Macola Records. C’est alors qu’il rencontre Easy-E. Ensemble, ils vont fonder en 1987 le Label « Ruthless Records » pour faire la promotion d’artistes locaux (Dr Dre, DJ Yella, Ice Cube) et produire les disques de N.W.A. Leur premier succès est « Boyz n’ Tha Hood » et sa mélodie d’introduction si reconnaissable :

     

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    Dans le film, le réalisateur décrit Dr Dre comme le moteur et le ciment du groupe. C’est lui qui propose à Easy-E de se ranger après la mort de son cousin et d’utiliser ses économies pour se lancer dans la production. C’est lui aussi qui produit les morceaux. C’est lui qui promeut Ice Cube en tant que parolier. C’est lui enfin qui propose à Easy-E de chanter sur leur musique, faute de chanteur dans le groupe. Dr Dre, DJ Yella, Ice Cube, Easy-E chez Ruhtless Records, N.W.A. est né. Et le Gangsta-Rap est né. Un sous-genre plus agressif du hip-hop, basé sur le crime et la délinquance, dont les thèmes privilégiés sont les problèmes ethniques et la délinquance, avec des paroles inspirées de la dure réalité de la rue.

    En 1989, Ice Cube quitte le groupe pour des raisons de divergences financières. Il fera une magnifique carrière solo dans le rap puis au cinéma. En 1991, Dr Dre quitte le groupe après une dispute avec Suge Knight, le garde-du-corps de Easy-E. Il produira une multitude d’artistes comme Snoop-Dog, Eminem, 2Pac ou les Pussicats Dolls. En 1995, Easy-E décède du sida après s’être réconcilié avec les deux autres rappeurs.

    Réalisé par F. Gary Gray en 2015, « Straight Outta Compdon » est le biopic sur le groupe de rap américain N.W.A. Ce sont Ice Cube et Dr Dre qui ont souhaité en 2014 produire un film autobiographique. D’abord proposé à John Singleton qui avait déjà réalisé un film sur Ice Cube en 1991, puis à Peter Berg (« Very Bad Things » en 1998, « Le Royaume » en 2007, « Du Sang et des Larmes » en 2013), c’est finalement Gray qui reprend le projet. Gray a lui aussi grandi à Compton. Il a d’abord réalisé des clips musicaux pour des artistes de hip-hop et de R’n’B, dont Ice Cube en 1993 pour le clip de « It Was a Good Day », ou encore Dr Dre, Queen Latifah et Jay-Z. Réalisateur de « Braquage à l’Italienne» avec Charlize Theron, Donald Sutherland et Edward Norton, il signe-là son 9ème film, juste avant le 7ème volet de « Fast and Furious ». C’est le fils de Ice Cube qui joue le rôle de son père. Il s’est entraîné pendant deux ans afin de lui rendre hommage. Le tournage a eu lieu à Compton même, là où les personnages ont grandi. La date de sortie du film correspond à la date de l’anniversaire des 20 ans de la mort de Easy-E. Le fils de Easy-E a lui aussi voulu interpréter le rôle de son père, mais il n’a pas été choisi au casting sur l’avis de Ice Cube. Le tournage est mouvementé : le 29 janvier 2015, Suge Knight, l’un des instigateurs du projet, ancien garde-du-corps de Easy-E, renverse avec sa voiture Terry Carter le producteur et l’acteur Cle Soan, tuant le premier, et des gangs ont tiré sur les membres de l’équipe lors d’une fusillade.

    De 1992 à 2015, en 20 ans, le problème des gangs, des banlieues comme Compdon et des violences policières est toujours le même, depuis les émeutes de Los Angeles en 1992 à celles de Baltimore en 2015.

     

    Always’s into something :

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    VOSTF :

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    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Bibliographie : « Ruthless : a memoir » par Jerry Heller et Gil Reavill

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Filmographie : « Boyz N Tha Hood » réalisé par John Singleton (1991)

     

     

     

     

  • Silence Plateau | Clara et les Chics Types

     

     

    Bertrand, Louise, Frédéric, Charles ou Mickey sont des amis qui se connaissent depuis l’enfance, mais qui ont emprunté différents chemins socio-professionnels et connu divers amours ou fortunes.

     

    Ce qui pourtant les rattache, les lie les uns aux autres, ce sont des idéaux, des utopies, des souvenirs et ce groupe de musique confidentiel qu’ils forment depuis des années, les Why Not. Leur dernier grand projet est d’aller donner un concert dans leur ancienne école. En chemin, Bertrand fait la rencontre inopinée de Clara, une jeune femme fantasque qui vient de fuir son futur époux le jour même de la cérémonie de mariage. C’est le coup de foudre, la rencontre de plein fouet avec les grandes espérances…

    Revoir aujourd’hui « Clara et les Chics Types » de Jacques Monnet, sorti en 1981, c’est un peu comme l’effet de la crème Nivea, du lait concentré sucré en tube, ou encore le goût d’un chausson aux pommes… Dans la lignée de « L’année prochaine… Si tout va bien » de Jean-Louis Hubert ou de « La Gifle » de Claude Pinoteau, c’est un retour en arrière sur une époque qui semble désormais fantasmée, tant tout semble y être doux, utopique, tendre et souriant. « Clara et les Chics Types », plus que les autres films, c’est un baume qui fait du bien à nos gerçures et nos crevasses.

    On y parle de souhaits, d’espoir, d’amitié, de petites trahisons, de mensonges, du temps qui passe et de ces amours qui se fanent avant même d’avoir été cueillis. On dirait qu’il y a cent ans, mille ans, ou même que cette époque n’a jamais existé, que tout est inventé, édulcoré. Entendre ces timbres de voix, ces tessitures. Revoir ces visages, ces gestes. Les ambiances, la lumière, les sons, tout cet univers d’avant, comme si entre-temps des drames terribles avaient eu lieu. Un monde qui aurait basculé. Non, ça n’est pas que de la nostalgie que de retrouver la bande du Splendid à leurs débuts ; Isabelle Adjani, si naturelle, c’est autre chose… Tous les acteurs que l’on voit dans le film sont eux aussi en devenir, avant qu’ils n’aient muté pour la plupart d’entre eux en institutions boursouflées. Tous, la trentaine à peine, jouaient pourtant déjà sur le registre de la nostalgie.

    Les dialogues de Jean Loup Dabadie, comme si souvent, sont pleins de tendresse, de justesse, de cette petite musique mélancolique qui donne aussi aux films et aux acteurs pour lesquels ils sont écrits cette intemporalité. Et puis, il y a la musique de Michel Jonasz. Tout ce qui confère au film sa tonalité, cette façon de ne pas crâner, de ne pas s’imposer, mais qui au final trace des sillons, des scarifications et redéfinit nos émotions. C’est sur la cristallisation de ces infinis petits moments de bonheur que l’on serre entre ses mains très fort, mais qui s’envolent quand même. Pour cette phrase dite à la toute fin par Thierry Lhermitte se regardant dans une glace déformante… Ce que l’on devient ou pas. Ce que l’on est ou ce que l’on voudrait être.

    C’est drôle mais c’est triste. C’est simple mais c’est grand.

     

    Instant-City-Clara-et-les-Chics-Types-Affiche

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Dévoreur Hubertouzot

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Hubert Touzot : Photographe dévoreur d’images

     

     

     

  • Silence Plateau | The Revenant (Western, 2015)

     

     

    « The Revenant » de Alejandro Inarritu, avec Leonardo DiCaprio (2015 – 2h36)

     

    « The Revenant » est un Western New Age. Ce genre cinématographique dont l’action se situe lors de la conquête de l’Ouest en Amérique du Nord, au XIXe siècle, retrace en général des épisodes de la naissance de la nation. D’abord muet dans les années 1920 avec Broncho Billy, Hollywoodien en Technicolor dans les années 1950 avec John Wayne et Gary Cooper, spaghetti dans les années 1960 avec Clint Eastwood et le renouveau des réalisateurs italiens comme Sergio Leone (d’où son surnom), crépusculaire dans les années 1970 avec Sam Peckinpah, en série à la télévision avec « Bonanza » ou « Il était une fois dans l’ouest », période d’apogée du western, il disparaît peu à peu dans les années 1990 et 2000.

    Après l’an 2000, on parle désormais de « western contemporain ». Ce nouvel âge d’un western différent démarre avec Kevin Costner et « Danse avec les loups » en 1990. On laisse alors une place d’importance au décor, à l’immensité et à la lenteur. En  2007, avec « No country for old men » puis en 2010 avec « True Grit », les frères Coen réinventent le genre avec un humour toujours dosé, bercé de magnifiques paysages et un soin tout particulier pour la photographie. On est là, avec le nouveau western, loin, bien loin du rythme effréné des cavalcades et autres attaques de diligences. La cadence est à la lenteur, aux paysages sublimes et aux personnages dont on s’applique à traiter en profondeur la psychologie. Tarantino emboîte le pas des frères Coen avec « Django Unchained » en 2012, très loin encore des cow-boys et autres Indiens. On s’intéresse aux femmes (« The Homesman » en 2014), à l’esclavage ou aux chasseurs de prime (« Les Huit Salopards »).

    Avec « The Revenant » en 2015, Alejandro Inarritu, le réalisateur mexicain, oscarisé en 2015 pour « Birdman », monte encore une nouvelle marche. Il s’agit bien d’un western : l’action se déroule aux Etats-Unis d’Amérique, au début du XIXème Siècle. Il y a des Indiens, un fort, des soldats en uniforme. Les éléments du genre sont bien là. La différence et la nouveauté se trouvent dans le traitement et la réalisation. Il y a l’immensité, les paysages grandioses, le vide et de grandes étendues désertes de forêt et de neige. Il y a bien aussi une chasse à l’homme mue par un désir violent de vengeance. Mais il y a bien plus… Tourné au Canada en lumière uniquement naturelle, ce qui limite le nombre d’heures possibles de prises de vue chaque jour, le film prend le temps. Le réalisateur nous donne l’opportunité de vivre de l’intérieur un morceau de vie d’un homme dans sa totalité. Il prend le temps de raconter une histoire, de nous la faire ressentir à travers tous nos sens : à travers le décor, le silence de la forêt, la violence des scènes (extraordinaire scène de combat entre Glass et le grizzly), la dureté de la survie avec des scènes incroyables de réalisme : lorsque Glass cautérise le trou dans sa gorge, ou quand il se glisse dans le corps d’un cheval pour se réchauffer après lui avoir ôté les boyaux.

    Inspiré de faits réels, le film raconte l’histoire incroyable de Hugh Glass, un trappeur qui eut un fils avec une Indienne, Hawk, et qui travaille depuis la mort de sa femme avec un négociant en  fourrures, le capitaine Andrew Henry.

    Le film pourtant très long passe à une vitesse vertigineuse. N’étant pas sans rappeler Tom Hanks dans « Seul au monde » en 2000, « The Revenant » n’est pas qu’un film, c’est une ambiance, une atmosphère, avec des images et une photographie grandioses qui transmettent brillamment la sensation de vide et de solitude de cet homme face à l’obligation de survivre. Que ce soit pour revoir sa femme ou pour venger la mort de son fils, chacun est tenu en vie par un moteur surpuissant inouï qui lui permet dans les situations les plus désespérées de trouver la force et le ressort de s’en sortir grâce à un mental et une volonté ahurissante, un peu comme Beatrix Kiddo, l’héroïne de « Kill Bill » dans la scène du truck lorsqu’elle essaie de faire bouger ses doigts de pied, ou lorsqu’elle se retrouve enterrée vivante. Le point commun à tous ces personnages est une lutte héroïque pour braver tous les obstacles. En cela, ce sont des héros.

    Une gageure pour Léonardo Di Caprio dans la course aux Oscars 2016 puisqu’il a choisi ce rôle plutôt que celui de Steve Jobs dans le film éponyme. Un choix courageux quand on sait à quel point le tournage a été difficile et éprouvant : neuf mois au lieu de trois en raison d’une météo capricieuse, baignades dans des rivières glacées, siestes dans des carcasses d’animaux, dégustation de foie de bison cru… Un tournage cauchemardesque comme s’en explique Inarritu dans une interview pour « The Hollywood Reporter ». Des paysages de neige avec des températures pouvant aller jusqu’à – 40°, des techniciens excédés qui quittent le plateau, des scènes épiques avec 200 figurants, autant de conditions qui ont fait d’une pause vacances de six semaines une nécessité. Mais au final, un film qui marque un tournant par sa nouveauté et méritait en cela un Oscar. Grandiose. Et deux autres pour les acteurs Leonardo Di Caprio et Tom Hardy…

     

     

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    Instant-City-The-Revenant-004

     

     

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