Étiquette : Festival de Cannes

  • Une Palme d’or et des films en bois

     

     

    Faute au Covid-19 et par mesure de sécurité, respect des gestes barrières et tout le toutim, pas de Festival de Cannes cette année. Sans cet imprévu inédit qui aura sacrément bousculé l’actualité du monde ces derniers mois, la grande fête du cinéma aurait dû s’achever le 23 mai, avec un palmarès qui aurait sans doute une fois de plus divisé.

     

    Spike Lee devait être le président du jury de cette édition 2020 et on espérait de sa part des partis pris résolument éclectiques et pertinents. Autre ironie du sort, puisqu’avec le réalisateur noir américain toujours très engagé, il aurait flotté dans l’air comme un parfum prémonitoire, compte tenu des événements survenus par la suite dans le courant du mois de juin, notamment aux Etats-Unis, bousculant certitude, émotion et revendications diverses.

    Il y avait bien-sûr une liste de films sélectionnés, dévoilée par Thierry Frémaux et Pierre Lescure le 03 juin dernier, mais ceux-ci seront finalement présentés dans d’autres festivals dès la rentrée, ou bien sortiront directement en salle, en étant néanmoins labellisés « Festival de Cannes 2020 ». Toujours est-il que la plupart de ces films n’auront pas pu bénéficier de l’aura du prestigieux rendez-vous de mai et de sa célèbre magie, celle qui embellit, qui customise et qui légitime.

     

     

     

    Tel un vulgaire éternuement dans son coude, cette 73ème édition du Festival va par conséquent vaporiser dans l’air ces 56 films, qui auraient dû normalement être projetés à Cannes cette année, soit dans le cadre de la sélection officielle soit dans l’une des autres catégories (La Quinzaine, Un Autre Regard, …).

    Entre les productions les plus attendues, comme « The French Dispatch » de Wes Anderson, « Été 85 » de François Ozon, « Lovers Rock » de Steve McQueen, « ADN » de Maïwenn, « The Real Thing » de Kōji Fukada et tous les autres, les habitués de la Croisette, les sempiternels chouchous, les éternels outsiders, les inoxydables revenants, le tout saupoudré de nouveaux concepts dans l’air du temps, entre parité, minorités et sujets devant coller le plus possible à l’actualité ou à la société, Cannes est devenu ce gigantesque chaudron, où le cinéma n’aurait finalement plus trop son mot à dire, laissant la place aux maux et tumultes du monde.

     

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    N’ayant pu voir à ce jour aucun de ces films, nous reviendrons plutôt sur ces Palmes d’or qui n’ont pas toujours été du goût de tout le monde, ou encore sur ces films célébrés comme s’il s’agissait de chefs d’œuvre absolus, alors que rétrospectivement, il n’en reste pourtant plus grand-chose aujourd’hui…

    Plus qu’un festival international où robes de couturiers hors de prix, smokings, champagne et autres promesses de distributeurs ou de producteurs voltigent, passent et trépassent, Cannes représente depuis sa création en 1946 tout ce qui se doit d’être le plus prestigieux, le plus Français, en quelque sorte, malgré la valse incessante des films (ou devrions-nous dire produits ?) venus de tous les horizons et sélectionnés pour cette grande kermesse, cette foire aux vanités.

    Parenthèse enchantée d’une dizaine de jours durant laquelle on célèbre pelle-mêle le luxe, les sourires éclatants, le chic bon teint et paradoxalement, depuis une vingtaine d’années, des films sociaux qui dépeignent une réalité crue. Époque oblige, les derniers jurys qui se sont succédés se sont sentis investis d’une mission souveraine, divine, remarquable, fondamentale : faire rentrer au forceps cette dure réalité de la vie dans ce sanctuaire du « trendy ».

     

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    Dès 1999, avec le premier film des frères Dardenne, « Rosetta », David Cronenberg (président du jury cette année-là) décide de casser la chaine en or, en récompensant un film qui dépeint la misère sociale près de chez nous, la souffrance d’un pan d’une population malmenée par le grand capital.

    Ce film tout droit sorti d’un épisode de l’émission belge « Strip Tease » nous fait subir ce qu’endurent les gens pauvres au quotidien, entre licenciement, recherche d’emploi, environnement sinistre, avec comme point d’orgue le morceau de bravoure, une Emilie Dequenne traînant pendant un quart d’heure une bonbonne de gaz trop lourde pour elle jusqu’à la caravane où elle habite. Cut. Noir, générique de fin… Les lumières se rallument. Applaudissements. Ferveur. A l’aube de ce 21ème siècle, qui contrairement à celui qui s’achève, saura forcément protéger l’humanité des guerres et des pandémies, un public trié sur le volet, vêtu de pied en cap de Givenchy et Balenciaga, redécouvre que la pauvreté existe encore, et ça lui semble tellement sexy…

    À l’époque, toute la presse dite de gauche crie au génie, salut l’audace du jury et les deux frères réalisateurs deviennent instantanément les chouchous du festival. Car il faut bien admettre que c’est tellement exotique, toute cette misère que l’on vient déverser sur la Croisette, pour le simple divertissement des festivaliers…

    Les frères Dardenne remporteront une deuxième Palme six ans plus tard avec « L’Enfant » et encore une histoire collant à une certaine réalité sociale, sans que ne soit livrée une quelconque signification du pourquoi on fait des films pour le cinéma. Depuis, les deux cinéastes belges sont présents chaque année sur la Croisette avec un nouveau film, traitant avec morgue et générique sans musique de notre monde dysfonctionnel, avec à l’affiche des acteurs connus, venus « se mettre en danger ».

     

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    En 2000, c’est au tour de Lars von Trier, encore bien vu par la profession à l’époque, de repartir avec la suprême récompense, même si la comédie musicale « Dancer in the Dark » n’est certainement pas le film le plus réussi du réalisateur de « Breaking The Wave ». Là encore, cette histoire de travailleuse humiliée, bafouée, jugée puis condamnée à mort, remporte l’adhésion. Avec Luc Besson comme président du jury cette année-là, on aurait pu raisonnablement attendre que son choix se porte sur un autre film que cette longue agonie de Björk pendant 02h20… L’artiste islandaise y déroule ses chansons tout en travaillant d’arrache-pied à la chaîne d’une usine métallurgique dans l’Amérique profonde, décor principal du troisième opus de la « Trilogie Coeur d’Or ».

    On connait le goût prononcé du cinéaste danois pour torturer et humilier les actrices dans ses films. Ici, c’est donc Björk qui s’y colle, telle la fashion addict devant une paire de chaussure Jimmy Choo, probablement attirée avant tout par cette hype entretenue autour du réalisateur, avant que celui-ci ne soit conspué quelques années plus tard et ne finisse par tomber en désuétude, pour avoir joué dangereusement avec les limites du point Godwin… Catherine Deneuve fera aussi partie du voyage. Au final, rétrospectivement, avec « Dancer in the Dark », on reste sur un gros malentendu…

     

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    Dans la liste des autres chouchous qui sont présents chaque année dans la sélection cannoise, que leurs films soient bons ou torchés, d’ailleurs, on trouve forcément l’indéboulonnable Michael Haneke ; l’imperturbable réalisateur autrichien qui, quoiqu’il arrive, ne manquerait pour rien au monde une édition du festival, toujours avec son dernier film sous le bras, dans son holster, prompt à nous dégainer sa morale. Lui aussi remporte deux Palmes, d’abord avec « Le Ruban Blanc » en 2009, une histoire sur la naissance du mal et l’éternel traumatisme allemand de ces années d’avant-guerre, où les germes du nazisme apparaissaient sans que personne ne s’en offusque pour autant. Un film boursouflé et vain, enrubanné d’une somptueuse photographie en noir et blanc, afin de tenter de camoufler la vacuité et la prétention du propos.

    Trois ans plus tard, c’est le film « Amour » qui est récompensé  en grande pompe. « La vieillesse, c’est pas bien » aurait pu être le slogan collé sur l’affiche du film ou accompagnant le dossier de presse. Ici, on nous gratifie pendant plus de deux heures de la lente décrépitude d’un couple de vieillards au crépuscule de leurs vies (troubles intestinaux compris…), mais avec néanmoins un casting 4 Etoiles (Jean-Louis Trintignant, Emmanuelle Riva et Isabelle Huppert).

    Ce ne sont ni le manque de point de vue ni les faibles qualités de mise en scène qui nous laissent sceptiques devant ce spectacle d’entomologiste zélé et un brin psychopathe, mais plutôt qu’il y ait autant d’actrices et d’acteurs si talentueux qui se pressent systématiquement pour en être, à chaque nouveau projet dans lequel se lance le réalisateur de « Funny Games ».

     

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    « Dheepan », Palme d’or en 2015, n’est pas le meilleur film de son auteur, Jacques Audiard, loin s’en faut. Bon, estimons-nous heureux, nous l’avons échappé belle, car un autre film, son principal rival, « La Loi du Marché » de Stéphane Brizé, était pressenti pour remporter la plus haute distinction cette année-là. Il devra se contenter du prix d’interprétation masculine pour Vincent Lindon.

    Avec ces deux films, en tout cas, on nage la brasse coulée dans le social avec Palme (plaquée or), masque et tuba, pour aller contempler de plus près chômage, banlieues, petites gens et un nouveau parangon devenu incontournable, l’immigration. Et il faut reconnaître qu’en 2015, le Festival de Cannes a bien coché toutes les cases. Résultat des courses, tout le monde tombe en pâmoison devant toutes ces vieilles lubies post soixante-huitardes enfin remises au goût du jour. « Fini, le cinéma bourgeois ! », clame-t-on du haut des marches. C’est le retour de l’Internationale…

     

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    En 2016, c’est au tour de Ken Loach d’être de nouveau récompensé pour « Moi, Daniel Blake », dix ans après sa précédente Palme d’or pour « Le Vent se Lève ». Lui aussi est sélectionné pratiquement chaque année… Mais s’il y a bien un réalisateur au monde capable d’être vraiment formaliste tout en traitant le sujet social comme personne, c’est bien lui. Ses films sont le plus souvent des réquisitoires contre le monde de l’argent, mais Ken Loach n’oublie jamais l’essentiel : faire avant tout du cinéma, faire exister ses personnages et passionner le spectateur pour ses histoires, sans l’assommer où le regarder de haut.

    Car l’Anglais n’occulte jamais la notion de plaisir, même si chacune de ses œuvres donne à réfléchir, force à se questionner ou à tout remettre en cause. Ken Loach ne se cache pas, soit derrière un misérabilisme antipathique comme les frères Dardenne, soit le naturalisme ennuyeux et sentencieux de Stéphane Brizé ou encore la pose prétentieuse et arrogante du cinéma de Michael Haneke. Loin de toutes ces afféteries, le réalisateur britannique de « Sorry We Missed You » serait finalement le seul à mériter son rond de serviette sur la Croisette, même pour parler de politique et d’engagement.

     

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    Mais Pedro Almodóvar, dans tout ça ? Sauf erreur ou oubli, le réalisateur espagnol, que l’on convoque pourtant chaque année à Cannes, repart systématiquement bredouille. Et ce n’est pas faute de nous y avoir offert des films magnifiques, toujours à la gloire de ce cinéma que l’on adore, comme son dernier opus, « Douleur et Gloire » en 2019, une véritable merveille.

     

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    En 2017, c’est justement sous la présidence d’Almodóvar que le choix de la Palme d’or s’est étrangement porté sur « The Square » du Suédois Ruben Östlund ; un pensum prévisible, parfait exemple du film qui court les festivals et dans lequel on traite laborieusement de tous nos maux actuels, en une série de vignettes vernies à l’épate. Face à lui, le film de Robin Campillo, « 120 Battements par Minute », fait quant à lui l’unanimité. Avec son sujet pourtant exactement dans la ligne de mire des débats de société de l’époque et un bouche à oreille sans fausse note, le film du réalisateur du formidable « Eastern Boys », repartira malgré tout avec le Grand Prix du Jury.

     

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    Francis Ford Coppola appartient au cercle très fermé des réalisateurs récompensés à deux reprises, pour « Conversation Secrète » en 1974 et « Apocalypse Now » en 1979), avec le Danois Bille AugustPelle le Conquérant » et « Les Meilleurs Intentions »).

    Mais au-delà de la subjectivité, des goûts et des couleurs, des intérêts ou de ce vernis crypto-politico-bien-pensant passé à soi-même, Cannes regorge bien évidemment, et surtout (heureusement…) de films passés à la postérité, depuis « Quand Passent les Cigognes » (1958) à « Paris, Texas » (1984), en passant par « La Dolce Vita » (1962), « Le Guépard » (1963), « Blow Up » (1966), « L’Epouvantail » (1973) ou « Le Tambour » (1979).

     

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    Et pour finir, revenons sur le dernier sacre de la cuvée 2019, « Parasite ». Succès surprise en salle, critique de surcroît, le film est naturellement gratifié de la récompense suprême. Bong-Joon-Ho, le réalisateur sud-coréen auteur de films remarquables tels que « Mother », « The Host » ou « Memories of Murder », est arrivé à Cannes sur la pointe des pieds, sans se douter un seul instant que « Parasite » allait finalement devenir son chef d’œuvre absolu, aux yeux d’un jury assez sûr de lui sur ce point… Mais en l’occurrence, ça n’est pas le cas, maintenant que l’hystérie est retombée et que les superlatifs sont retournés dans leur boîte jusqu’à la sortie d’un prochain film que le public plébiscitera de manière tout aussi irrationnelle.

    Si « Parasite » n’en est pas pour autant une purge, il a néanmoins bénéficié du parfait timing. Car tous ces jurys qui se sont enchaînés (dans les deux sens du terme…) depuis vingt ans, sans s’être donné le mot, ont un peu trop abusé de la caution « film sociétal », en y rajoutant trop souvent une bonne pincée d’austérité ; quand, dans le même temps, nous avons également eu droit à une vague de films dits d’auteur, pourtant magnifiques mais auxquels le grand public est resté complètement hermétique : « Winter Sleep » (2014), « The Tree of Life » (2011), « Oncle Boonmee » (2010), « Elephant » (2003), et encore bien d’autres œuvres plébiscitées par les critiques exigeants.

     

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    Alors, c’est dans ce contexte que « Parasite » a réussi l’exploit d’être le mix presque parfait, voire miraculeux, entre film sociétal (une famille pauvre qui s’oppose à une riche) et comédie, avec ce ton empreint d’acerbe et de burlesque (on pense évidemment à Claude Chabrol ou à Luis Buñuel).

    Et le réalisateur de « Okja » n’aurait plus eu qu’à saupoudrer son histoire de ces prestigieuses références pour que le mélange devienne parfait, mais hélas il semblerait que quelqu’un ait dévissé le capuchon et que tout le sel, le poivre et le sucre se soient déversés dans la préparation… En substance, un discours assez appuyé, trop ironique et cinglant, venu brouiller l’idée initiale de renvoyer dos à dos deux castes opposées dans cette lutte des classes qui va virer au cauchemar.

    Car « Parasite » est dans toute sa première partie magnifiquement mis en scène. Tout s’y imbrique parfaitement en une redoutable symbiose entre le décor – la maison moderne, presque intimidante, habitée par les riches et filmée comme un protagoniste à part entière – et tous ces personnages qui sont un à un détaillés.

    Mais le film ne va hélas pas tenir la distance et s’écroule de tout son poids dans la deuxième partie, avec l’apport au chausse-pied d’improbables coups de théâtre, plus grotesques qu’inspirés, pour ne pas savoir se terminer et s’étirer jusqu’à ce final pataud et raté…

     

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    Face à « Parasite », on nous proposait pourtant « Le Traître » du réalisateur italien Marco Bellocchio (81 ans), un chef d’œuvre absolu, impressionnant de maîtrise et de force, qui est hélas passé totalement sous les radars. Car ce film était définitivement le vrai choc de cette sélection cannoise 2019. Au final, pratiquement personne ne l’a vu en salle, la presse n’ayant pas jugé utile ou politiquement correct de mettre en avant cette histoire de Cosa Nostra. Sans doute pas assez de social, de pauvres, de chômeurs, de migrants, de femmes maltraités ou de bébés koalas violés…

    Malheureux et de surcroît tellement révélateur du constat terrible que le Festival s’est perdu au fil de ces vingt dernières années, tant « Le Traître » est un film majeur, une oeuvre jubilatoire, une pépite et une énorme baffe dans la tronche des cinéphiles et des amoureux de cinéma. Et c’est ce que l’on aime, non ? Mais les voix de la hype et du clientélisme en ont décidé autrement et « Parasite » est devenu l’archétype du film qu’il faut absolument avoir vu pour ne pas mourir idiot ; une oeuvre drôle, cruelle et futée à la fois, qui fait du bien à notre intelligence et qui nous flatte juste ce qu’il faut pour nous laisser y croire…

    Et si finalement le Festival de Cannes avait définitivement perdu son âme et qu’il ait été, comme toutes les autres institutions, rattrapé par Google et ses algorithmes, qui déterminent en temps réel ce que l’époque, le marché ou les masses attendent d’un film… Ce qu’ils veulent voir… ou plutôt consommer.

     

     

     

  • Le Festival de Cannes… à Orléans.

     

     

    C’est une idée pour le moins originale… Le Comité Jean Zay (Ministre de l’Education et des Beaux-Arts orléanais, à l’initiative de la création du Festival de Cannes en 1939) organisera en novembre 2019 la fameuse première édition du Festival, annulée à cause du début de la seconde guerre mondiale. 

     

    Les films sélectionnés à l’époque seront projetés à Orléans, parmi lesquels « Le Magicien d’Oz » avec Judy Garland ou « La Loi du Nord » avec Michèle Morgan. Un jury établira un palmarès, comme tous les ans sur la Croisette depuis 1946. 

    Assassiné en 1944, Jean Zay n’avait finalement pas pu voir son idée de festival de cinéma international devenir réalité. 

     

     

     

    Tout avait pourtant si bien commencé…

    En Septembre 1939, après plusieurs mois de discussions diplomatiques et de négociations économiques, la ville de Cannes est prête à accueillir son premier Festival international du Film. Mais ce qui aurait dû être un rassemblement cinématographique « du monde libre », pour contrer les dérives totalitaires ressenties à la Mostra de Venise de 1938, sera finalement rattrapé par l’Histoire…

    Un mois avant le début de la manifestation, les stars et les touristes commencent à affluer sur la Croisette. La MGM affrète un transatlantique avec, à son bord, les plus grandes vedettes américaines de l’époque : Tyrone Power, Gary Cooper, Douglas Fairbanks ou encore Norma Shearer. Louis Lumière, Fernandel et la Duchesse de Windsor sont également présents.

    Dans cette archive audio, Jean Zay explique les missions du Festival en devenir et expose le déroulé de la manifestation. Dîner d’inauguration, Nuit du Cinéma, Dîner de l’élégance et autres réjouissances sont au programme.

     

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    Le premier Festival International du film de Cannes est à la veille de son inauguration, les fêtes battent leur plein et les invités vivent au rythme de la Dolce Vita méditerranéenne. Le Palm Beach et les villas accueillent les touristes aristocrates et les illustres résidents Cannois. Le Comte d’Herbemont, chargé des festivités, prévoit un calendrier mondain pour la durée du Festival et, avant le début de la manifestation, organise une fabuleuse soirée à l’Eden Roc.

    La haute société se presse également au Bal des Petits Lits Blancs, gala caritatif au profit des enfants atteints de tuberculose. Ce soir-là, alors que Fernandel se prépare en coulisses, un violent orage éclate au-dessus de la Croisette, comme pour annoncer les événements aux portes de la France.

     

     

     

    1er septembre : invasion de la Pologne à la date prévue de l’inauguration du Festival

    D’abord retardé en raison des circonstances internationales, le Festival est officiellement annulé le 27 août 1939. En effet, la signature du pacte germano-soviétique le 23 août a sonné le glas des festivités et la ville a commencé à se vider aussi rapidement qu’elle s’était remplie. Le 1er septembre, date prévue de l’inauguration du Festival, les troupes allemandes envahissent la Pologne.

    Le 3 septembre, la guerre est déclarée. Les 26 films qui composent la Sélection 1939 ne rencontreront jamais leur public à Cannes. Seule projection à être maintenue en privé malgré la situation : « Quasimodo » (« The Hunchback of Notre-Dame ») de William Dieterle, pour lequel les Américains ont construit une reproduction de Notre Dame en carton-pâte sur la plage.

    En 1958, Philippe Erlanger, initiateur du Festival de Cannes, reviendra sur la gestation de la manifestation et le spectre de l’édition 1939 auprès de François Chalais, journaliste indissociable de la légende cannoise tant ses « Reflets de Cannes » ont forgé la mythologie de l’évènement.

     

    La Palme d’or 1939 décernée en 2002

    En 2002, Le Festival décide de rendre hommage à cette édition laissée dans l’ombre de son histoire. Sept titres de la Sélection de l’époque sont projetés, parmi lesquels « Le Magicien d’Oz » de Victor Fleming. Un Jury nommé pour l’occasion sous la présidence de l’écrivain Jean d’Ormesson et composé de Dieter Kosslick, directeur du Festival de Berlin, Alberto Barbera, directeur de Festivals en Italie (directeur artistique de la Mostra de Venise depuis 2012, la boucle est bouclée !), Lia Van Leer, directrice du Festival de Jérusalem, Ferid Boughedir, réalisateur tunisien et Raymond Chirat, historien du Cinéma, est chargé d’attribuer le Palmarès du Festival 1939.

    Avec 63 ans de retard, donc, la Palme d’or est décernée à l’unanimité à « Pacific Express » (« Union Pacific ») de Cecil B. DeMille, dont le titre fait écho au projet initial du Festival « de créer entre tous les pays producteurs de films un esprit de collaboration ». Non sans humour, le Jury rend également hommage « à deux espoirs féminins pour lesquels il forme des vœux chaleureux et confiants et auxquels il ose promettre une grande carrière, Judy Garland dans « Le Magicien d’Oz » (« The Wizard of Oz ») de Victor Fleming et Michèle Morgan dans « La Loi du Nord » de Jacques Feyder… »

     

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  • « 100 Years », le film de John Malkovitch… qui sortira dans 100 ans

     

     

    « 100 Years : The Movie You Will Never See » était présenté à Cannes en mai 2016, sans toutefois y avoir été projeté au public. Au lieu de cela, le film était remisé à l’abri des regards indiscrets, protégé par un système de sécurité très spécial, jusqu’à sa véritable sortie en salle, le 18 novembre 2115…

     

    Oui, le 18 novembre 2115, vous avez bien lu… « 100 Years : The Movie You Will Never See » est un projet à la fois étonnant, original et totalement frustrant, voire agaçant ou dérangeant, selon… John Malkovich et le réalisateur Robert Rodriguez présentait donc le film, dans le cadre du Festival de Cannes 2016, film dont la sortie en salle n’est pas prévu avant novembre 2115, à bon entendeur, salut !

    « 100 Years : The Movie You Will Never See » est le genre de film qui intrigue et qui intéresse, du fait du secret qui plane autour de lui et de l’impossibilité de le découvrir avant une centaine d’années. C’est la marque de cognac de luxe Louis XIII, propriété de la maison Rémy Martin, qui est à l’origine de ce projet fou, qui sera utilisé comme le plus singulier des spots publicitaires… En effet, ce cognac a pour particularité d’être un mariage de 1200 eaux-de-vie de quarante ans d’âge (mariage pour tous), qui une fois mis en bouteille, doit être consommé seulement après 100 ans.

     

    « 100 Years : The Movie You Will Never See » Future Teaser

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    Afin de prolonger ce teasing infernal, l’unique copie du film se trouve ainsi remisée dans un coffre-fort spécial depuis 2015, au siège de Rémy Martin, qui se déverrouillera le 18 novembre 2115, comme nous l’explique Ludovic du Plessis, le directeur exécutif : « Nous voulions un coffre-fort qui s’ouvre d’une manière inédite et jusque-là jamais encore utilisée : grâce à la force du temps. Une fois que la porte est fermée, le compte à rebours commence et il n’y a plus aucun moyen d’ouvrir le coffre, tant que les cent ans ne se sont pas écoulés ».

    L’avant-première, ne rêvez pas, se fera aussi en 2115 et ne sera pas accessible « au commun des mortels »… Seuls ceux qui pourront présenter une invitation en métal seront autorisés à y assister. Il n’y a que mille précieux sésames dans le monde, distribués à diverses personnalités influentes et fortunées qui les transmettrons, à leur mort, à la génération suivante et qui lui permettrons d’assister à cette cérémonie un peu spéciale.

     

    « 100 Years : The Movie You Will Never See » Nature Teaser

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    Dans la bande-annonce du film, Malkovich explique : « L’intention du film, c’est de nous questionner sur l’état du monde dans cent ans ». Le délégué général du Festival de Cannes, Thierry Frémaux, exprimait en 2016 sa confiance dans le projet. « 100 Years est un projet très innovant. J’espère que nos descendants le prendront en compte au moment de décider de la Palme d’Or 2116. »

    Rendez-vous donc en novembre 2115, pour enfin découvrir « 100 Years : The Movie You Will Never See »… Alors, pour nous aider à patienter (car qui sait…), nous pouvons déjà nous rabattre sur les trois teasers, « Future », « Nature » et « Retro »…

    #notcomingsoon

     

    « 100 Years : The Movie You Will Never See » Retro Teaser

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    Instant-City-100-Years-The-Movie-You-Will-Never-See-002

     

     

    « 100 Years : The Movie You Will Never See » Featurette

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  • Festival de Cannes 2016 | Episode 8 : Picasso en peau de mouton (1953)

     

     

    En 1953, Pablo Picasso dérogeait à la règle du smoking, obligation incontournable du Festival de Cannes, pour fouler le tapis rouge et monter les marches. Le Maître réussit à obtenir une dérogation. Accompagné de Jacqueline, l’actrice Véra Clouzot et son mari Henri-Georges Clouzot, qui obtint cette année-là le Grand Prix du Jury pour son film « Le Salaire de la Peur », le peintre porte sur la photo une simple veste en peau de mouton. Que faisait donc Picasso à Cannes cette année-là ? Pourquoi un peintre sur le tapis rouge, habituellement réservé aux stars du cinéma ? Il faut se rappeler que Jean Cocteau, grand ami poète du Maître et aussi réalisateur, est alors président du jury. Mais pas seulement…

    En 1952, Henri-Georges Clouzot et Picasso sont voisins, le premier habitant à Saint-Paul de Vence et le second à Vallauris. Clouzot aura l’idée de réaliser en 1955 le documentaire « Le Mystère Picasso », Grand Prix Spécial du Jury au Festival de Cannes l’année suivante. « C’est une bonne idée, il faudra en reparler » lui avait dit le peintre. Le réalisateur filme Picasso peignant sur un papier spécialement choisi pour l’occasion, et dont les spécificités permettent de voir le dessin se faisant devant la caméra, sans voir le peintre. Le film est en noir et blanc, mais les traits de Picasso apparaissent en couleur. Cette fois, Picasso portera le smoking, le nœud papillon et le chapeau melon. Cette anecdote fait désormais partie de la légende du festival.

     

     

    Le Mystère Picasso :

    [youtube id= »ZBZzyVBr4U8″ align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Images INA des membres du jury en 1953

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Picasso à Cannes en 1956

     

     

     

  • Festival de Cannes 2016 | Le Palmarès

     

     

    La cérémonie de clôture du Festival de Cannes 2016 s’ouvre sur une vidéo mettant en scène Laurent Lafitte dans différents films. Plus décontracté et à l’aise, plus sûr de lui, l’humoriste et acteur nous offre une version soft et classique de la présentation. Exit les upercut un peu trash de l’ouverture.

    La Palme d’or du Court-Métrage est remise par Marina Foïs, qui met les femmes à l’honneur dans son intervention : « Oups, je n’ai cité que des femmes ». 5 008 films présentés, seulement 10 sélectionnés et la Palme d’or qui revient au 8ème court-métrage du Brésilien Juanjo Gimenez, « Time Code », qui déclare, à l’instar de Woody Allen : « Je ne crois pas à la compétition entre films ».

    La Caméra d’or du Premier Film est décernée à « Divines » de Uda Benyamina, qui hurle dans le micro un véritable plaidoyer pour les femmes, puis un discours de remerciements drôle et touchant qui ne s’arrête plus, au point de contraindre Laurent Lafitte à jouer « les oiseaux de mauvais augure » afin d’écourter la séquence.

    Palme d’honneur à Jean-Pierre Léaud : la salle se lève sous un tonnerre d’applaudissements. « Je suis né à Cannes en 1959 », déclare-t-il, avant de qualifier la « Nouvelle Vague » de « vent de liberté qui souffle dans le cinéma ».

    Ibrahim Maalouf met ensuite la salle en joie avec un intermède musical génial dans lequel il reprend quelques musiques de film qui ont ponctué l’histoire du Festival de Cannes, tout particulièrement avec la BO du film de Quentin Tarantino, « Pulp Fiction ».

    Le Prix d’interprétation masculine est attribué à Shahab Hosseini, acteur iranien de 42 ans, pour « Le Client » de Asghar Farhadi, dont il est l’acteur fétiche et avec lequel il avait déjà tourné « Une Séparation » en 2011 et « A Propos d’Elly » en 2009. Il avait déjà été sélectionné aux Oscars en 2014 dans la catégorie des meilleurs films étrangers pour son film « Le Passé » avec Bérénice Béjo.

    Prix du Jury : « American Honey » de Andrea Arnold.

    Prix d’interprétation féminine : pour la Philippine Jaclyn Jose dans « Ma’ Rosa » de Brillante Mendoza.

    Prix du scénario : Asghar Farhadi pour « Le Client ».

    Prix de la mise en scène : ex aequo Olivier Assayas pour « Personal Shopper » et Cristian Mungiu pour « Baccalauréat ».

    Grand Prix : Xavier Dolan pour « Juste la fin du monde » d’après une pièce de Jean-Luc Lagarce, à qui il rendra hommage dans un discours assez long, écrit sur une feuille qu’il va lire avec des sanglots dans la voix et beaucoup d’émotion, se racontant lui-même à travers ses mots.

    Palme d’or : Ken Loach pour « Moi, Daniel Blake ». Très applaudi, le réalisateur britannique parle du capitalisme qui met à la rue des millions de personnes tandis qu’une poignée d’autres s’enrichit. « Un autre monde est possible » conclut-il. Le film du réalisateur de 79 ans raconte l’histoire d’un menuisier de 59 ans qui se bat pour obtenir l’aide sociale. Lors de l’un de ses rendez-vous au Job Center, il rencontre Rachel, une mère célibataire de deux enfants forcée d’accepter un logement à 450 kilomètres de sa ville natale pour ne pas être placée en foyer d’accueil. Seconde palme d’or pour le réalisateur, dix ans après « Le vent se lève » en 2006, et qui succède à « Deephan » de Jacques Audiard, primé l’an dernier.

    A l’année prochaine…

     

     

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  • Festival de Cannes 2016 | Episode 6 : Le Festival en chiffres

     

     

    Le Festival de Cannes, c’est :

    ✓ 800 millions d’euros générés par le marché du Film (plus d’un milliard de dollars).

    ✓ Un investissement de 20 millions d’euros qui rapportent en retour 72 millions de bénéfices.

    ✓ 195 millions de retombées économiques.

    ✓ L’événement le plus médiatisé après les jeux olympiques.

    ✓ Une ville de 73.000 habitants qui passe au triple avec 36.000 festivaliers, 3.000 saisonniers et 90.000 visiteurs durant ces 11 jours, soit 200 000 personnes.

    ✓ 670.000 repas servis et 97.000 nuitées, soit 15 % du chiffre annuel des hôtels-restaurants.

    ✓ 39.000 euros la nuit la plus chère au Majestic, dans la Penthouse Suite de 650 m² en duplex, avec des prestations haut de gamme comme un salon de coiffure privé, une salle de fitness et une terrasse sur le toit de 150 m² avec piscine au 7ème étage de l’hôtel, permettant ainsi d’admirer la vue sur la baie de Cannes et la montée des marches du Palais des Festivals.

    ✓ 3 mois pour fabriquer la palme d’or chez Chopard, en or 18 carats (118 grammes d’or) et cristal de roche, pour une valeur de 20.000 euros.

    ✓ 500 caméras de sécurité soit 1 caméra pour 147 habitants.

    ✓ 570.000 dollars la location d’un yacht pour 1 semaine.

    ✓ 24 marches à monter sur le tapis rouge de 60 mètres de long, changé 3 fois par jour soit 1 800 mètres de tapis rouge.

    ✓ 1.869 films visionnés avant la sélection, 49 retenus provenant de 28 pays différents. 20 de ces films sont en compétition pour la palme d’or dont 4 sont français.

    ✓ Seulement 3 réalisatrices et 2 l’année dernière.

    ✓ 1.200 tonnes de déchets supplémentaires.

    Côté beauté, on n’est pas en reste. Maquilleur officiel depuis 1997, L’Oréal travaille tous les jours d’arrache-pied. Les stars du Festival font un détour par le 7ème étage de l’hôtel Martinez, loué entièrement pour loger les stars égéries de la marque, comme Eva Longoria ou Laetitia Casta, et installer les salons (Show-Room).

    ✓ 17 maquilleurs y travaillent chaque jour pour réaliser 700 mises en beauté.

    ✓ 380 mascaras.

    ✓ 400 bouteilles de laque Elnet.

    ✓ 600 flacons de vernis à ongles.

    ✓ 1.600 rouges-à-lèvres.

    ✓ 2.800 coiffures réalisées par les studios Dessange, utilisant 300 mètres d’extensions et quelques 20.000 épingles, soit environ 15 kg d’épingles et kirbys pour les attaches.

    ✓ 30 coiffeurs qui travaillent chaque jour.

    ✓ 1 booking agent pour prendre les rendez-vous.

    ✓ 200 sacs cadeaux VIP.

    ✓ 300 photos de stars à trier chaque jour.

    ✓ 16h à 18h les heures de rush pour la montée des marches.

    ✓ 180 litres de shampoing.

    ✓ 120 brosses utilisées.

    Le Festival, c’est aussi un lieu de fête gigantesque durant 12 jours. Les sponsors rivalisent d’ingéniosité pour attirer les stars les plus connues à leurs soirées. Il y a un véritable business publicitaire en marge du Festival. Quatorze marques y sont invitées chaque année. C’est le cas de L’Oréal, Magnum, Orange, Nespresso, HP, Chopard, Dessange, Franck Provost, toutes espérant voir leur nom cité au détour d’une interview ou apparaître à l’image, capté par une caméra. Les plages sont rebaptisées « Nespresso » ou « Schweppes ». Chaque marque fait appel à des stratèges de l’événementiel, des GO du marketing. La société d’Antoine Dray passe ainsi de 7 à 96 employés pour gérer le festival.

    ✓ 360.000 flûtes à champagne remplies.

    ✓ 180.000 tasses Nespresso servies à l’intérieur du palais des Festivals. Même la salle de délibération du jury est équipée de machines.

     

     

    Vidéo histoire du Festival :

    [youtube id= »jHkj1l7QWXQ » align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

     

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  • Festival de Cannes 2016 | Episode 5 : Xavier Dolan, le retour

     

     

    On l’adore ! Depuis « Mommy », la révélation de 2014, les aficionados se sont rués sur sa filmographie pour rattraper leur retard.

     

    Petit génie qui nous vient du Québec, à tout juste 20 ans, Xavier Dolan se fait remarquer lors de « La quinzaine des réalisateurs » (qui récompense les nouveaux talents) avec son film « J’ai tué ma mère » en 2009. Chouchou de Cannes, et de nous aussi, il ne cesse de nous épater chaque année, abonné semble-t-il au Festival… On le retrouve partout : la voix québécoise de Harry Potter, c’est lui. Celle de Twilight, aussi. Xavier Dolan a ainsi doublé plus de 150 films et séries ! Un acharné du travail, mais pas que, car il faut préciser que le petit Xavier est tombé dans la marmite quand il avait quatre ans. Fils d’un papa comédien, il enchaîne les publicités, puis les longs métrages, puis les séries. Vous recherchez un enfant, un ado pour jouer dans votre film, votre série ou votre pub ? Pas de problème. Il y a Xavier…

    Pour la réalisation de son deuxième long métrage, « Les amours imaginaires », Xavier Dolan a créé sa propre boîte de production « Sons of Manual », en hommage à son père Manuel Tadros. La fourmi sait ce qu’elle fait et où elle va, visiblement très bien conseillée. Et le voilà reparti pour Cannes. Huit minutes d’ovation et d’applaudissements. Incroyable ! Du coup, forcément, un peu comme avec Tarantino, on attend impatiemment le film suivant. Sauf que là, pas besoin d’attendre deux ans. Xavier Dolan fait tout plus vite que les autres. Même les films… En 2011, il se lance dans son troisième long métrage « Laurence Anyway » : l’histoire d’un transgenre et de sa compagne dans les années 1990. La critique le qualifie de « meilleur film de Dolan », avec « une énergie cinématographique à couper le souffle. Nous avons été honorés de pouvoir regarder ce grand génie à l’oeuvre » déclare le jury du film de Toronto qui lui décerne le Prix du meilleur film canadien à l’unanimité. Rien que ça. On dirait que plus Dolan fait de films, meilleurs ils sont. Autant ne pas se priver.

    La consécration ultime arrive en 2014 à Cannes, avec le film « Mommy ». Xavier Dolan reçoit un Prix ex-aequo avec l’un des papes de la nouvelle vague, Jean-Luc Godard. Se retrouver ainsi en compétition avec l’un des plus fameux réalisateurs de l’histoire du cinéma français, le père de « Pierrot le Fou », « A bout de souffle » ou « Le Mépris », quel fierté ! L’année suivante, il revient à Cannes pour juger les films des autres, dans le jury cette fois, et aux côtés des frères Coen, excusez du peu, et de son ami Jake Gyllenhall. Finalement, Cannes, c’est un peu devenu chez lui.

     

    Et voici venue 2016, l’année de son sixième film. L’année de son cinquième passage à Cannes.

     

    Le casting du film en compétition « Juste la fin du monde » est hallucinant : Vincent Cassel, Marion Cotillard, Nathalie Baye, Gaspard Uliel, Léa Seydoux. Vincent Cassel dans un film de Xavier Dolan : on brûle de le voir. Un tel duo, c’est du petit lait. C’est irréel. Les cinéphiles, fans de Dolan ET de Cassel vont mourir sur place. C’est tellement improbable, qu’on en a peur d’être déçus.

    Si en plus on nous annonce qu’en 2017, un autre Dolan va sortir cette fois avec Susan Sarandon, Jessica Chastain, la très subtile oscarisée Kathy Bates (« Misery », « Beignets de tomates vertes », « Primary Colors », « Monsieur Schmidt ») et Kit Harington (« Games of Thrones »), on se met à se dire qu’on est des petits veinards. Monsieur Dolan peut choisir ses acteurs. Et il ne se prive pas de piocher parmi les plus grands et les plus demandés du moment. Il semblerait que tourner avec Dolan aujourd’hui, ce soit comme tourner avec Woody Allen autrefois : ça ne se refuse pas !

    Que les médias arrêtent donc de nous parler de Kristen Stewart. La star 2016 à Cannes, la véritable star, c’est et ce sera Xavier Dolan. A n’en pas douter.

     

    Dolan parle de son film « Juste la fin du monde » sur la tv québécoise.

    [youtube id= »Vcgo2GPFtA0″ align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

     

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  • Festival de Cannes 2016 | Episode 4 : En piste MC Laurent !

     

     

    Il est beau, il est drôle, il a 42 ans et c’est un surdoué. Laurent Lafitte sera maître de cérémonie pour l’ouverture du Festival de Cannes le mercredi 11 mai 2016 et pour la remise des Prix le 22 mai lors de la cérémonie de clôture. Vous pourrez assister à sa retransmission en direct sur Canal + à partir de 19h15, en clair et en exclusivité depuis le Palais des Festivals. Lambert Wilson a fait le job pendant deux années consécutives, en 2014 et 2015, en rendant hommage aux femmes dans le cinéma sur un plateau habillé à la Stark comme une freebox.

    Alors qui est Laurent Lafitte ? Si son nom ne nous dit rien, son visage en revanche nous est très familier. C’est toujours le bon copain : dans « L’art de la Fugue » aux côtés d’Agnès Jaoui en 2015 ou « Les Petits Mouchoirs » de Guillaume Canet en 2010. Certains diront « le gendre idéal », type « Neuilly-Passy » au sourire plein de dents blanches, costume-chemise et raie sur le côté. Lui-même n’hésite pas à se décrire ainsi dans ses interviews, lorsqu’il raconte qu’il a grandi dans le très bourgeois 16ème arrondissement de Paris. On est en 1988, il a quinze ans, il étudie au lycée en classe de seconde. Régis Milcent cherche un adolescent pour son téléfilm « L’enfant et le Président », l’histoire d’un enfant qui va promener son chien et rencontre le président. Laurent Lafitte répond donc à l’annonce parue dans France Soir, à laquelle il joint un photomaton. Il sera retenu et donnera la réplique à Michael Lonsdale. Il s’inscrit ensuite au Cours Florent puis au Conservatoire National d’art dramatique, ce qui rassure ses parents, « Mon baccalauréat à moi ! », et c’est parti pour lui ! En 1993, le grand public fait sa connaissance grâce à la sitcom « Classe Mannequins » sur M6, après quoi il enchaîne de nombreuses séries : « Avocats et Associés », « Julie Lescaut », « Femmes de Loi », « Caméra Café » ou « Section de Recherches ».

    Mais Laurent Lafitte est bien plus qu’un acteur de rôles secondaires. C’est un pensionnaire de la Comédie Française depuis 2012, un petit génie de la comédie, et c’est en cela qu’il nous intrigue. Quand on y regarde de plus près, on trouve dans son parcours autre chose de plus profond et de plus riche : un don véritable pour la comédie, un art très difficile. Faire rire n’est pas donné à tout le monde et demande intelligence et finesse, du talent en somme. Son premier one man show est un immense succès : il tient le Palais des Sports plus de six mois, soit cent représentations avec son spectacle « Laurent Lafitte, comme son nom l’indique » et remporte le Prix Raimu de la comédie. La critique est dithyrambique.

    Laurent Lafitte est donc drôle, talentueux, beau gosse, bourré de génie et tout ça, sans se prendre au sérieux. Preuve en est son personnage hilarant de Marina dans certains sketches de « La Revue de Presse de Catherine et Lilliane » auxquels il participe dans « Le Petit Journal » sur Canal+, ou ceux aux côtés de Zabou à la radio sur France Inter dans l’émission « A votre écoute, coûte que coûte ». Ce n’est donc pas un hasard s’il a été choisi par l’excellent Albert Dupontel pour son prochain film « Au-revoir là haut » ou par Thierry Frémaux et Pierre Lescure pour présenter la cérémonie d’ouverture du Festival de Cannes. Ca n’est d’ailleurs pas la première fois qu’il est sollicité :  il a présenté la 25ème Nuit des Molières en 2011 et fait hurler de rire la salle lors d’un sketch aux Césars en 2013.

     

     

    [youtube id= »P2gYoRXNEnw » align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

     

    Nous sommes donc extrêmement impatients de le découvrir sur scène mercredi soir et de voir ce qu’il nous aura concocté. A force de travail et de ténacité, voici venue l’heure des récompenses et de la Palme.

     

     

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  • Festival de Cannes 2016 | Episode 3 : Les films sélectionnés

     

     

    On a eu de belles surprises l’année dernière avec « Le Fils de Saul », « La Tête Haute », « Mon Roi », « La Loi du Marché » ou « Vice Versa ».

     

    Après une sélection de 49 films sur les 1.800 reçus, Thierry Frémaux et Pierre Lescure proposent cette année davantage de têtes connues qu’en 2015. On commence avec un grand habitué de Cannes, Woody Allen, dont le dernier film (il en tourne un par an ; en 2015, il était présent avec « L’homme irrationnel ») « Café Society » fera l’ouverture du Festival le 11 mai, en même temps qu’il sortira dans toute la France. L’histoire à New-York, dans les années 1930, d’un jeune homme qui part tenter sa chance à Hollywood (Jesse Eisenberg, le Mark Zuckerberg de « The Social Network » en 2010 et Kristen Stewart, rescapée de « Twilight »). C’est la 3ème fois qu’un film de Woody Allen ouvre le Festival (2002 et 2011) et il s’agit là de sa 14ème sélection, hors compétition, le cinéaste refusant de concourir pour la Palme d’Or. A 80 ans, Woody Allen est toujours aussi prolixe.

    Autres têtes d’affiche : Pedro Almodovar avec « Julieta », l’histoire d’une mère à la recherche de sa fille perdue de vue, Ken Loach avec « Moi, Daniel Blake », Paul Verhoeven avec « Elle » (hors compétition) ou Emir Kusturica avec « Le long de la voie lactée ».

    Du côté de la France, les frères Dardenne avec « La Fille Inconnue », Olivier Assayas avec « Personal Shopper », Nicole Garcia avec « Mal de Pierres », Bruno Dumont avec « Ma Loute » et Alain Guiraudie avec « Rester Vertical » tenteront leur chance.

    Mais notre chouchou, c’est le très attendu  fils prodige du cinéma : Xavier Dolan. Après l’excellentissime « Mommy » qui avait enflammé les critiques du monde entier en 2014, après un passage à Cannes en tant que membre du jury en 2015, il revient sur la Croisette pour présenter son nouveau film : « Juste la fin du monde » et on a hâte de voir ça.

    Quant à la surprise qui fait monter le suspense, c’est Sean Penn avec son film « The Last Face ». Présent l’an dernier aux côtés de sa compagne Charlize Théron (avec qui il a rompu depuis) venue présenter « Mad Max: Fury Road » (de retour de Haïti, on se souvient qu’il avait profité de l’avion présidentiel), double Oscar du meilleur acteur en 2004 (« Mystic River ») et 2009 (« Harvey Milk ») , réalisateur de quatre films dont le très populaire « Into The Wild » en 2007, quinze ans après « The Pledge », il revient à la réalisation avec son 5ème film. Celui-ci raconte une histoire d’amour houleuse entre la directrice d’une organisation humanitaire (forcément) dans un Libéria ravagé par la guerre et un docteur qui travaille à ses côtés. Dans les rôles principaux, Charlize Théron (sans surprise) et l’excellent Javier Bardem, ainsi que deux Français : Jean Reno, qui s’exporte décidément très bien aux Etats-Unis, et Adèle Exarchopoulos (« La Vie d’Adèle », Palme d’Or en 2012).

    Du côté du film d’animation, c’est au tour de Steven Spielberg de venir prendre le soleil à Cannes à l’ombre de son « Bon Gros Géant »,  succédant à « Vice Versa » l’année dernière et « Le Petit Prince ». Depuis « E.T. » en 1982, tout le monde adore Spielberg. Président du jury en 2013, multi-oscarisé, ce monstre du cinéma sera-t-il physiquement présent ? Ce serait plus que formidable, et cela apporterait un peu de joie et de brillance au Festival.

    Impossible de terminer cet article sans évoquer LE film le plus attendu des fans : celui de la surdouée Jodie Foster : « Money Monster » . Avec au casting Georges Clooney ET Julia Roberts, que demander de plus ? Le film sortira en salle en France le 13 mai, en même temps que le festival où il sera projeté hors compétition. Si l’équipe du film vient sur la Croisette, ce sera juste incroyable ! Le pitch : un gourou de la finance également présentateur de télévision, Lee (Clooney), voit débarquer en direct sur son plateau un jeune spectateur, Kyle, qui a perdu toutes ses économies en suivant ses conseils. Armé et ceinturé d’explosifs, il prend le présentateur en otage devant des millions de téléspectateurs. Un scénario alléchant, du suspense, de la moralité, un sujet brûlant d’actualité, de supers acteurs que le public affectionne, ce film sera sans doute le blockbuster du printemps.

    En conclusion, on se rend compte d’une année sur l’autre que le cinéma n’est pas une si grande famille que ça et que les inter-connexions y sont fréquentes. Avec ce sentiment d’y retrouver un peu toujours les mêmes professionnels, comme si l’on se donnait rendez-vous à Cannes, entre amis, pour l’année suivante.

     

     

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  • Festival de Cannes 2016 | Episode 2 : Le Jury

     

     

    Que nous réserve le jury de Cannes cette année ?

     

    Après les frères Coen, Sophie Marceau, Jake Gyllenhaal, Sienna Miller, Xavier Dolan, Rossy de Palma et Guillermo Del Toro en 2015, difficile de faire mieux. Ce qui pourrait d’ailleurs ne pas être le cas en 2016…

    Le président cette année sera Georges Miller, réalisateur australien (à ne pas confondre avec Claude Miller, réalisateur de « La Petite Voleuse »), réalisateur de la série des « Mad Max ». Il sera entouré de huit autres personnalités du cinéma, à parité quatre hommes et quatre femmes,  dont les actrices Vanessa Paradis (qui chanta « Le Tourbillon de la Vie » pour Jeanne Moreau en 1995), Kirsten Dunst et Valeria Golino (également réalisatrice), de l’acteur danois Mads Mikkelsen (Prix d’interprétation à Cannes en 2012) et du réalisateur Arnaud Desplechin, cinéaste français de 55 ans, à qui l’on doit « Trois souvenirs de ma jeunesse », César du meilleur réalisateur en février dernier et « Un conte de Noël » en 2008 avec Catherine Deneuve. Rien de très excitant en somme.

    Au milieu de cette monotonie, on  notera la présence salvatrice de l’excellent Donald Sutherland et celle de László Nemes, réalisateur hongrois du superbe « Le Fils de Saul », Oscars 2016 et Golden Globe du meilleur film étranger, présenté en compétition à Cannes l’année dernière où il remportait le Grand Prix. A noter tout de même la présence au jury de Katayoon Shahabi, productrice de documentaires iranienne inconnue du grand public, qui pourrait être un gage de qualité, grâce à un œil averti et un regard différent.

    Un jury classique, hétérogène, qui manque de la folie qu’avait celui de l’an passé. Reste à savoir si la sélection des 21 films en compétition permettra de donner un peu de peps et d’intérêt au Festival.

     

     

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