Catégorie : Vos Articles

  • Silence Plateau | Le Procès de Viviane Ansalem (Drame judiciaire, 2014)

     

    Gett, Le Procès de Vivian Ansalem (Drame judiciaire, 2014) de Shlomi et Ronit Elkabetz

    Top 10 de 2014 des meilleurs films étrangers (Awards)

     

    Une femme dans une salle vide et spartiate qui s’avère être une salle d’audience. Face à elle, trois juges religieux. Et à côté d’elle, deux hommes : l’un est son avocat, l’autre le mari dont elle aimerait divorcer.

    C’est tout ? Ca peut sembler bien peu, mais au contraire. Ce huis clos, presque entièrement tourné dans cette pièce vide, concentre notre attention sur les personnages : l’objectif pour Viviane, obtenir le divorce. Pourquoi ? Comment en est-elle arrivée là ? Que s’est-il passé ? Nous le découvrons par bribes au fur et à mesure du film et des témoignages à la barre de proches : famille, voisins ou rabbin.

    Le suspense (Va-t-il accepter ? Va-t-elle réussir à obtenir sa signature ?) nous tient en haleine. Il ne se passe pas grand chose en termes d’action, hormis quelques rebondissements, et pourtant on ne s’ennuie pas une seule seconde. Car au-delà de Viviane, il y a la condition des femmes dans certains pays, le poids de la religion sur leur vie quotidienne, la pression sociale de la famille, le carcan de l’honneur à tout prix et l’ingérence dans la vie privée des femmes jusque dans leur sexualité.

    L’interrogatoire des juges tourne à l’inquisition, à la limite de l’aberration, voire du burlesque. Encore aujourd’hui, il n’y a pas de mariage civil en Israël : l’union de deux amoureux se fait exclusivement au sein de la religion. De fait, la loi religieuse prive les femmes du droit au divorce, les enfermant dans une sorte de prison à perpétuité, car tant que le mari refuse le divorce, celui-ci ne peut pas être prononcé.

    « Gett » est le troisième  film d’une trilogie : « Prendre Femme » en 2004 et « Les Sept Jours » en 2008.

     

     

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    Instant-City-Le-Proces-de-Vivian-Ansalem-Affiche

     

     

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  • Silence Plateau | La Rage Au Ventre (Drame, 2015)

     

    Antoine Fuqua n’est pas un inconnu. Originaire de Pennsylvanie, il a déjà quelques films à son actif comme « Piégé » en 2014, « Training Day » avec Denzel Washington en 2001, « Les Larmes du Soleil » en 2003 avec Bruce Willis, ou « Equalizer » plus récemment en 2014. Des films d’action, un peu bourrins mais pas idiots grâce au choix d’excellents acteurs.

    « La Rage au Ventre », c’est exactement ça : un film au scénario banal. Un homme au sommet de sa gloire qui a tout, perd tout et doit remonter la pente en partant de tout en bas pour de nouveau retrouver le sommet. Les dialogues sont neutres : ni bons, ni mauvais. Les situations de transition sont caricaturales et « déjà vues ». On se croirait dans « Rocky » version 2015. L’épouse qui veut que son mari arrête le combat, l’adversaire méchant qui veut l’affronter, la rencontre avec un vieil entraîneur à la carrière stoppée en plein vol, le sweet à capuche, le gymnase dans un quartier paumé. Tout est prévisible et cousu de fil blanc enlevant tout suspense à l’histoire, jusque dans le mélo et le contenu des situations dramatiques qui servent de nœuds au scénario : l’enfance en foyer, la perte de la garde de sa fille, la mort de sa femme, les copains qui s’envolent au premier coup dur, les jeunes des quartiers qui finissent entre quatre planches… Rien n’est original ni surprenant dans le pitch.

    La réalisation est brouillonne : l’image bouge sans arrêt, trop, de sorte qu’on manque le détail de la moitié des scènes, surtout dans les combats. La caméra va trop vite, change sans arrêt d’angle de vue, ne laissant pas au spectateur le temps de souffler et de se poser pour regarder la scène, le glissant dans un stress permanent. Ce qui sauve le film, ce sont les acteurs et la photographie (Mauro Fiore). Les images sont magnifiques, les couleurs et la lumière en particulier. La bande son propose l’excellente musique de Eminem, dont le film devait être, à la base, la suite de « 8 Mile ».

    Et Jake Gyllenhaal est absolument incroyable. Il parvient à totalement nous faire oublier tous ceux qui avant lui se sont essayés à cet exercice avec succès, Sylvester Stallone dans « Rambo », De Niro dans « Raging Bull », Will Smith dans  « Ali », ou d’autres encore qui se sont frottés à ce type de roles, de Denzel Washington dans « Hurricane Carter » à Mickey Rourke dans « Homeboy », en passant par Russel Crowe. Le vrai pari du film, c’est celui-là. Dix mois de préparation physique pour l’acteur à raison de plusieurs heures de sport par jour. Sept kilos de masse musculaire en plus. Cours de boxe avec un coach particulier pour acquérir les bons gestes et les bonnes postures. On peut saluer la performance de l’acteur : d’abord bourrin, élevé dans un foyer, violent et plein de colère, totalement dépendant de sa femme qui gère entièrement sa vie et prend toutes les décisions, le personnage de Billy Hope gagne peu à peu en profondeur grâce au talent de Jake Gyllenhaal qui disparaît incroyablement derrière Billy pour réapparaître en milieu de film où l’on retrouve peu à peu « sa pâte ». Un rôle à Oscar, espérons-le. Ce serait mérité. D’autant que sort cette semaine le film « Everest », ce qui fait deux films pour une cérémonie. Petit plaisir supplémentaire du film (il y en a peu, alors il faut en profiter), après la performance de Jake et les scènes de combat (grâce aux conseils de deux opérateurs caméra ayant filmé 40 ans de combats pour la télévision), le plaisir de retrouver Rachel McAdams, tant appréciée dans « Il était temps » et True Detective ».

     

    La Rage Au Ventre (2015) réalisé par Antoine Fuqua (« Southpaw » ou « Le Gaucher »)

    Avec Jake Gyllenhaal, Forest Whitaker, 50 Cent, Rachel McAdams – Note critique de 4,4 /5

     

     

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    Instant-City-La-Rage-Au-Ventre-Affiche

     

     

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  • Lacoste : The Big Leap | Life is a beautiful sport

     

    Le dernier film publicitaire de Lacoste, « The Big Leap », est tout simplement magnifique. La musique est incroyable, la photo parfaite. Et ce saut dans le vide après une course effrénée donne des frissons. C’est ça, l’amour. C’est ça, la vie. Il faut s’y jeter tout entier, à corps perdu. Et c’est le scénario génial du réalisateur britannique Seb Edwards. L’adrénaline, la peur et le frisson du premier baiser sont les mêmes que ceux qu’on peut ressentir quand on fait du sport ou quand on relève toutes sortes de défis. Chaque événement doit être vécu à fond.

    Le réalisateur n’en est pas à son premier spot. Il a déjà travaillé pour de nombreuses marques comme Goodyear, Nokia, SonyPlaystation ou Total. Cette fois, il s’agit de Lacoste pour l’agence BETC Paris. La marque a mis les petits plats dans les grands afin de se donner une visibilité maximum avant les Jeux Olympiques d’hiver à Sotchi où elle était le sponsor officiel de l’Equipe de France, profitant du retrait du sponsor Adidas.

    Quant à la musique, on y retrouve deux grosses pointures de la musique électronique du moment : le groupe britannique Disclosure avec son morceau « You And Me » remixé par Flume, aka Harley Streten, un Australien de 22 ans qui s’est fait connaître pour ses remix sur internet.

     

     

    Disclosure, ce sont deux frères, Guy et Howard Lawrence, originaires du Surrey, qui montent leur groupe en 2010, pour atteindre la première place des ventes au Royaume-Uni trois ans plus tard avec leur album « Settle », et être invités dans la foulée à Coachella. La voix, c’est celle de la chanteuse Eliza Doolittle. En fait, les garçons enregistrent des instrumentaux et font interpréter leurs titres par des chanteurs invités. C’est une chanteuse anglaise de 27 ans qui a sorti son album en 2010, occupant directement la 3ème place des charts anglais. Quant à Flume, c’est un DJ également producteur qui dès l’âge de 13 ans a eu l’idée de produire des disques conditionnés dans une boîte de céréales. Son premier album en 2012 a connu un succès exceptionnel, premier des ventes dans son pays et 10ème en France avec plus de 91.000 ventes. Que des petits génies de la cuvée 2010 qui sont devenus des stars en trois ans !

    Les Comédiens sont Paul Hamy qui a commencé sa carrière en 2013 avec deux longs métrages : « Suzanne » avec Sarah Forestier et  « Elle s’en va » avec Catherine Deneuve. Anna Brewster est anglaise. Elle est à la fois mannequin et comédienne.

    Avec plus de 3,5 millions de vues sur YouTube, c’est un joli coup marketing pour la marque au crocodile qui a sorti le grand jeu. Et un coup de maître ! On adore.

     

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  • Jake Gyllenhaal : le caméléon

     

    Jake Gyllenhaal (Jacob de son vrai prénom) est de cette génération des nouveaux acteurs besogneux de Hollywood qui courent après les « rôles de composition », succédant à la vieille génération des Jack Nicholson, Meryl Streep, Dustin Hoffman ou plus proche comme Edward Norton ou Nicolas Cage. Parmi ces jeunes talents, on compte aussi Bradley Cooper (« American Sniper » en 2014, « American Bluff en 2013, « Very Bad Trip » en 2009),  Hugh Jackman (X-Men, « Prisonner » en 2013) ou Vigo Mortensen (« A history of violence » en 2005, « Loin des hommes » en 2014 ou encore « La Route » en 2009).

    Né en 1980 à Los Angeles, âgé de 35 ans, il vient d’une famille qui baigne dans le cinéma : son père est réalisateur, sa mère scénariste et sa sœur actrice. Quant à sa marraine, elle n’est autre que la bombe sexy de « Un Poisson nommé Wanda », Jamie Lee Curtis, et son parrain Paul Newman ! Jake grandit à Los Angeles dans l’ombre des studios de Hollywood. Dès ses premiers rôles, on reconnaît chez lui un vrai choix de carrière : son interprétation d’un adolescent schizophrène pris d’hallucinations dans « Donnie Darko » en 2001 est encensée par la critique. C’est en 2005 qu’il se fait connaître du grand public avec « Le Secret de Brokeback Moutain » de Ang Lee, qui n’est pourtant au départ qu’un petit film indépendant, nouvelle preuve des choix réfléchis de l’acteur. Autre exemple : en 2009, il refuse le rôle de « Avatar »  au profit de « Brothers ». Il n’hésite pas à faire confiance à de jeunes réalisateurs (Duncan Jones pour « Source Code ») qui ne disposent que de tout petits budgets, ou à jouer dans des clips comme celui des Shoes, un duo d’électro-rock français originaire de Reims.

    Jake Gyllenhaall n’hésite pas non plus à se mettre en danger en ne choisissant pas la facilité. Il sélectionne ses projets et choisit ses rôles avec attention. Les derniers l’obligent à plonger dans des univers psychologiquement prenants et donc risqués : « Prisoners », « Night Call », « Enemy », trois rôles qui lui permettent d’approfondir son travail avec des personnages sur le fil qui lui ont valu une acclamation quasi-unanime de la critique et de nombreuses nominations pour sa performance d’acteur. C’est un acteur qui bosse, qui prend des risques, qui n’hésite pas à se remettre en question et dont la filmographie parle pour lui. Il accepte des rôles difficiles qui nécessitent un travail physique demandant du courage (« Everest » en 2015). Un acteur intelligent et surdoué en plus d’être beau, avec déjà 24 ans de carrière et 36 films au compteur. On attend l’Oscar avec impatience.

    On peut le voir en ce moment dans « La rage au ventre » du réalisateur Antoine Fuqua. On le retrouvera aux côtés d’Amy Adams dans un film de Tom Ford « Nocturnal Animals » puis dans un projet sur l’attentat de Boston « Stronger » de David Gordon Green basé sur le livre éponyme écrit par l’une des victimes.

     

     

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  • Interview Exclusive | Jim, de la bande dessinée au cinéma

    Interview Exclusive | Jim, de la bande dessinée au cinéma

     

    Jim (de son vrai nom Thierry Terrasson) est un auteur de BD qu’on n’a plus besoin de présenter : 110 albums, 1,3 million d’exemplaires vendus, du théâtre, des courts-métrages, et un rêve : le cinéma. Parce que Jim nous fait rêver, nous avons voulu à notre tour nous intéresser à ses rêves.

     

    IC : Vous avez déclaré « rêver de cinéma depuis vos 18 ans » (interview « My little discoveries » – Mars 2013). Qu’est-ce qui vous attire dans le 7ème Art que vous ne retrouvez pas dans le 9ème ?

    Thierry Terrasson : Le monde de la BD et celui du cinéma sont différents : faire de la BD reste un travail solitaire. Parfois on est deux, trois, mais on jouit d’une liberté totale de création. Je peux imaginer un personnage, dire une phrase d’une certaine façon, le dessiner comme j’en ai envie, découper le texte comme il me semble et raconter ce qui me chante. Je peux jouer avec tous les éléments mis à ma disposition pour évoquer des choses, les faire ressentir ou créer un mouvement, et cela juste d’un coup de crayon. Ce sont les possibilités infinies que nous offre la BD.

    L’une des qualités du cinéma qui m’attire, c’est le travail en équipe. On se retrouve soudain plusieurs à projeter notre ressenti, nos idées sur le film. Chacun, selon sa compétence (réalisateur, metteur en scène, scénariste, responsable photo, acteurs…). Un acteur apportera au texte de la finesse, une certaine intensité, un sous-texte, autant de choses qui vont agrémenter la simple idée de départ. De la même façon, le lieu influe sur les idées qu’on avait, c’est pour cette raison que j’essaie de ne pas trop dessiner de story-boards. Ce sont souvent les plans les moins intéressants car les plus calculés. Je préfère les surprises, les accidents qui  donnent la sensation d’attraper la vie au vol.

     

    IC : Vous avez participé aux scénarios de sept courts-métrages : Comment se sont créées à chaque fois les rencontres et les opportunités ?

    Thierry Terrasson : Parfois, des gens sonnent à ma porte, mais la plupart du temps, c’est une envie très instinctive au démarrage, et je cherche alors qui le projet peut intéresser. Souvent en allant chercher dans mes connaissances, parfois en découvrant de nouvelles personnes. On parle là d’une majorité de courts métrages joyeusement amateurs. Seuls les tout derniers prennent un tournant plus professionnel. Je ne fais plus tout, tout seul, ou avec quelques copains. Mon dernier court-métrage, « Vous êtes très jolie, mademoiselle » a été réalisé en faisant appel à des professionnels. Ce n’est plus moi qui tiens la caméra, ce qui est une étape décisive : il s’agit de passer le relais à quelqu’un de calé en photo, en cadrage, qui saura faire bien mieux que ce qu’on ferait, et lui faire confiance ! Chacun son métier.

     

    IC : En 1986, vous réalisiez votre premier court métrage «Chipie St Jill». Quel était le pitch ? Quels étaient vos moyens ? 

    Thierry Terrasson : Les moyens ? Illimités ! (rires) En fait, «  Chipie St Jill » est mon tout premier court métrage, co-réalisé avec mon frère Philippe : il avait 17 ans et moi 19, on parle donc ici d’une histoire de gamins ! Le Crédit Agricole nous avait soutenus dans notre projet en nous faisant un don de 13 000 francs (2 000 euros). Le court parlait d’admiration, de la manière qu’a chacun d’admirer quelqu’un d’autre. On y sentait à plein nez les influences de « 37°2 le matin » et de « La lune dans le caniveau », deux film de Jean-Jacques Beineix. Nos moyens étaient très limités. Comme nous étions inscrits à un club photo et vidéo, un professionnel rencontré là-bas nous avait gracieusement prêté sa caméra et nous avons tourné en 16mm pendant les six mois qu’a duré le tournage. On a très vite réalisé qu’on pouvait faire des miracles à notre petit niveau. Je me souviens d’une anecdote : la scène se déroule sur un quai où sont amarrés des paquebots, dans le port de La Rochelle. Une DS devait être déchargée d’un des paquebots. Facile à écrire, ça prend deux minutes sur un coin de table, mais à tourner ? En discutant avec des hommes sur le chantier naval, contre un petit billet, ils ont accepté de monter et descendre le véhicule pendant une demie- heure, de quoi tourner nos plans. Ça parait tout bête, mais à l’âge qu’on avait, c’était un vrai moment magique pour nous. Pour finir, le court-métrage a fait le tour de quelques festivals et a eu le premier prix au festival du Futuroscope. C’était notre première projection publique, autant dire un régal !

     

    « Si je devais donner un conseil à tous ceux qui veulent démarrer, ce serait celui-là : ne restez pas dans votre coin. Il existe de nombreux clubs vidéos qui permettent de projeter sur écran ce que vous faites. C’est plus intéressant que de poster une vidéo sur U Tube, en tout cas, c’est complémentaire. La réaction du public dans une salle permet de voir très vite si ce que l’on a tourné fonctionne ou pas… et de se remettre en question. »

     

    IC : Votre frère en était co-réalisateur et acteur. La passion du cinéma, une histoire de famille ?

    Thierry Terrasson : Philippe a bifurqué vers l’architecture de son côté. Mais oui, au départ, c’était une vraie passion commune. On a grandi côte à côte à discuter des mêmes films. On venait d’une petite ville de province, c’était sans doute ça ou mourir d’ennui…

    Pour ma part, j’ai toujours adoré raconter des histoires, que ce soit à travers l’écriture, la bande dessinée ou la prise de vue réelle. Ce qui me passionne, c’est de prendre un bout d’histoire et de la faire évoluer en y ajoutant un drame, une rencontre, une situation un peu dingue… Ce qui m’intéresse, c’est de trouver des ponts entre tout ça. Prendre ce que la vie nous offre de plus piquant et de meilleur pour essayer d’en faire quelque chose. J’aime faire vivre des tas de choses à mes personnages, les surprendre, les secouer… Je suppose que c’est ma drogue !

     

    IC : Hubert Touzot est un acteur récurrent de vos courts-métrages. Pouvez-vous nous parler un peu de lui ?

    Thierry Terrasson : Hubert Touzot est un photographe qui a un vrai talent et mérite que l’on découvre son travail. Je lui rends hommage dans l’un de mes prochains albums « De beaux moments ». C’est aussi un super ami, la personne la plus drôle que je connaisse. Il a un cerveau connecté je ne sais où, ce qui lui permet de constamment partir en vrille sur n’importe quel sujet. Il a fait un peu de scène à une époque… Il me conseille, je le conseille. Nous avons même fait un livre ensemble : « T’chat ». Nous nous faisions passer pour une fille et faisions tourner en bourrique des hommes avides de sexe sur les premiers réseaux sociaux. On en pleurait de rire ! L’éditeur un peu moins quand il a vu les chiffres de vente désastreux (rires). C’était il y a cinq ans environ. Hubert l’avait signé U’br. Il écrit toujours, le bougre. Mais son vrai virage est la photographie.

     

    IC : En 2001, vous recevez un 1er prix avec « Le Jeune » et en 2005 votre court-métrage « George » reçoit trois prix, se vend à trois chaînes de télévision. Les choses se sont accélérées  durant ces quatre années ?

    Thierry Terrasson : Disons que ça a marqué une petite étape : je me suis dit qu’il était peut-être temps, maintenant, de tenter l’aventure du long. Ecrire, trouver le bon sujet, convaincre des producteurs, tout cela est indispensable pour franchir cette étape. C’est aussi pour ça que mes projets BD ont évolué, et ressemblent de plus en plus à des films sur le papier. Je suis de plus en plus régulièrement à Paris et j’apprends pas mal de la relation avec les producteurs.

     

     

    Jim 003

     

     

    « Les projets BD et ciné se mêlent donc de plus en plus. Maintenant quand j’écris, je ne sais pas toujours si je l’imagine d’abord en film ou en livre. »

     

    IC : De quoi ont été faites ces  dix dernières années depuis 2005 ?

    Thierry Terrasson : J’ai écrit, imaginé des personnages, des situations. J’ai fait des lectures avec des acteurs, j’ai rencontré des réalisateurs et des producteurs. J’ai beaucoup travaillé à comprendre le fonctionnement du milieu grâce aux rencontres : il s’agit là d’un travail sous-terrain pour parvenir à cerner le métier de scénariste de cinéma, ce qui n’est pas du tout la même approche que scénariste de BD. D’un côté c’est une industrie, de l’autre encore un artisanat.

     

    IC : Quel est votre technique pour écrire ?

    Thierry Terrasson : Au départ, je notais toutes mes idées dans des carnets, des feuilles volantes… Aujourd’hui je les intègre directement dans mon smartphone. Je prends ensuite du fil et une aiguille et j’essaie de coudre les idées ensemble. C’est, de l’avis de spécialistes bien informés, une très mauvaise méthode, car j’essaie d’intégrer la structure après coup. Ils ont sans doute raison mais c’est la méthode que je préfère. J’écris le weekend, la semaine, chez moi vers Montpellier, ou dans le train, ou chez belle-maman, un peu n’importe où. Chez moi, je suis infichu d’écrire dans mon atelier (consacré au dessin), j’ai une pièce dans laquelle j’aime écrire. Avoir un lieu ainsi dédié à l’écriture nous met en condition et donne un cadre, un cérémonial qui met le cerveau en position « écriture ». Même si, en vérité, j’écris vraiment n’importe où. Et je dois bien avouer que la plupart des nouveaux projets naissent en vacances, ou en trajet. Comme quoi, il n’y a pas de secret : il faut agiter son cerveau pour en sortir quelque chose !

     

    IC : de l’écriture à la réalisation, quelles sont les étapes à franchir ?

    Thierry Terrasson : Vous voyez ces militaires en camp d’entraînement, qui avancent à plat ventre dans la boue sous des barbelés ? Ecrire un film, ça m’évoque un peu ça (rires).

    Je n’ai aucun réseau et je sors de nulle part.

     

    « Ma notoriété entre peu en ligne de compte : parfois, quelqu’un me connaît et accepte donc de lire mon travail plus facilement. Mais j’ai forcément tout à prouver chaque fois, ce qui est le jeu. »

     

    Ecrire un scénario de BD a au final si peu à voir avec écrire un scénario de long métrage. Je travaille de plus en plus avec des producteurs, mais les décisions ultimes appartiennent aux distributeurs et aux chaînes de télévision. Il suffit de trouver un éditeur pour qu’une bande dessinée existe. Au cinéma, le producteur n’investit plus d’argent, il va démarcher des investisseurs : les chaînes de télévision, les distributeurs, les aides diverses… Pour les convaincre, le producteur essaie d’avoir un maximum d’atouts en main : des acteurs, un scénario, son passif… Il est bien loin le temps où les producteurs investissaient sur leurs fonds propres, sur leur seule foi en un projet…

     

    IC : Entre 2012 et 2015, vous avez connu plusieurs très grands succès d’édition avec « Une nuit à Rome » Tomes 1 & 2, avec « Héléna » Tomes 1 & 2, avec « Un petit livre oublié sur un banc » Tomes 1 & 2.

    Thierry Terrasson : Même si je m’essaie au cinéma, je resterai toujours attaché à la liberté que m’offre la BD. C’est un vrai bonheur de passer de l’un à l’autre. En ce moment, je me régale en BD de cette extrême liberté. Je dois bien avouer que je savoure ce bonheur là tous les jours !

     

    IC : Sur quels projets travaillez-vous actuellement ?

    Thierry Terrasson : Je travaille sur plusieurs projets en écriture, dont un en co-réalisation avec Stéphan Kot, un vieux complice talentueux. Et je peaufine des scénarios de comédie.

    En septembre 2015 démarre le tournage de l’adaptation de ma BD «L’invitation», par Michel Cohen avec Nicolas Bedos. Le sentiment que quelque chose se met en route.

    Et en BD, j’achève un album dans la lignée de « Une Nuit à Rome », qui s’appelle : « De beaux moments », aux éditions Grand Angle, et va sortir fin août « Où sont passés les grands jours, Tome 2 » avec Alex Tefengki au dessin.

    Et avec Lounis Chabane (Héléna), nous sommes sur deux tomes d’une BD qui va s’appeler « l’Erection ». Tout un programme !

     

    IC : Merci Thierry d’avoir accepté de répondre à nos questions.

    Thierry Terrasson : Mais c’est moi. Merci à vous !

     

     

    Thierry Terrasson 004

     

     

    Et en cadeau, le court-métrage de Thierry Terrasson : « Vous êtes très jolie Mademoiselle » :

     

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  • Silence Plateau | Voyage en Chine (Drame, 2015)

     

    « Voyage en Chine » – Film français de Zoltan Mayer (2015 – 1h36)

     

    Le fils de Liliane, Christophe, est mort. Comme c’est le cas dans de nombreuses familles, il s’était expatrié en Chine. Liliane et Christophe ne s’étaient donc plus vus depuis plusieurs années. Chacun attendant que l’autre fasse le premier pas et le trajet en avion. Obligée d’aller sur place pour des raisons administratives liées au rapatriement du corps, Liliane va redécouvrir son fils, sa vie, ses amis, ses passions et petit à petit, elle va se découvrir elle-même et renaître à la vie, aux autres, à l’amour.

    « Voyage en Chine » est une très, très belle histoire, toute en émotions et en sentiments. Il ne se passe rien, le rythme de narration est lent, pas non plus de musique ni de paysages à couper le souffle. On est dans la simplicité extrême : celle de ces habitants qui accueillent Liliane avec tant de respect et de partage. On est dans l’humilité et le recueillement. On est dans la méditation et la réflexion, le ressenti. Yolande Moreau est extraordinaire de silence et de retenue. On tombe amoureux de cette Chine-là, de ses traditions, de ses villageois, de ses coutumes. On comprend le choix de Christophe et on aimerait y aller pour simplement nous asseoir là avec eux et partager le thé. Un film attachant et émouvant. Un joli moment de cinéma. Une soirée toute en émotion.

    Zoltan Mayer signe là son premier film : il avait tourné un documentaire en 2011 sur la vieillesse intitulé « Le sens de l’âge ».

     

     

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    Instant-City-Voyage-en-Chine-001

     

     

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  • Silence Plateau | Up In The Air (Comédie Dramatique, 2009)

     

    « Up In The Air » – Film américain de Jason Reitman (2009 – 1h49) – 6 nominations aux Golden Globe 2010

     

    « Up In the Air » est un film de Jason Reitman, un jeune scénariste canadien de 37 ans, déjà remarqué en 2007 pour « Juno » qui trône régulièrement dans tous les top 30 des plus belles histoires d’amour, et le délicieux « Thank you for smoking » en 2006, aux répliques incroyables. Georges Clooney en guest star est irrésistible, comme d’habitude, dans un rôle qui ressemble étrangement à sa vie : celle d’un célibataire endurci, confiant dans ses certitudes et prosélyte du « tout laisser tomber » pour une liberté totale. Vous l’aurez compris : le prisonnier n’est pas celui qu’on croit. Et une jeune stagiaire au caractère bien trempé va se charger de le lui rappeler.

    Le film est intelligent. Les dialogues sont travaillés et savoureux. On ne s’ennuie pas et tout le monde s’y retrouve à travers la confrontation de ces deux générations aux aspirations opposées, sur fond de crise économique et de licenciements à outrance (ou comment annoncer à un salarié que sa vie est foutue). La réalisation est propre et efficace, à l’image du personnage de Ryan Bingham. On retrouve avec un réel plaisir l’actrice Vera Farmiga (Les Dossiers Warren, Les Infiltrés, The Judge, Un automne à New-York avec Richard Gere) et la jeune Anna Kendrick (Twilight). Un très bon moment de cinéma avec un excellent scénario, des répliques cinglantes, des rebondissements et une photographie soignée. L’occasion de se (re) demander : quoi faire de sa vie, seul ou accompagné ?

     

     

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    Instant-City-Up-In-The-Air-003

     

     

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  • Silence Plateau | One Chance (Biopic, 2015)

     

    One Chance : « Un incroyable talent » – Film britannique de David Frankel (Le diable s’habille en Prada – 2006)  2015 – 1h45

    On les aime bien, ces films britanniques qui racontent simplement mais sans vulgarité, et surtout avec beaucoup d’humour, la vie des ouvriers de l’industrie dans des villes oubliées et perdues. Après « Full Monty » et dans la veine de « Billy Eliott », avec « One Chance », on retrouve avec plaisir l’envie de rêver et d’espérer. Et pourquoi pas ? Après la danse, c’est l’opéra (qui n’est pas sans rappeler « Le Concert » sorti 2009) qui est mis à l’honneur.

    Paul Potts (ça ne s’invente pas…) chante depuis l’enfance et n’a qu’un rêve : se produire devant Pavarotti, son idole. Il va tout faire pour atteindre ce rêve, malgré les obstacles, nombreux. Parmi eux, ses copains d’école dont il est devenu le bouc émissaire, son père qui ne jure que par l’usine et déteste l’opéra, les accidents de la vie, le manque d’argent, la maladie : on peut le dire, Paul Potts a la poisse. Ce qui le sauvera, c’est l’amour. Celui de sa femme sans doute et celui de sa mère.

    Dans « One Chance », il y a beaucoup de fraîcheur, d’humour, de bons mots, de réparties savoureuses, de situations burlesques. C’est ce qu’on appelle « un film qui fait du bien ». On a plaisir à le regarder et petit bonus, il nous redonne la patate ! Moralité : ne jamais au grand jamais renoncer à son rêve. Y croire, encore et toujours, envers et contre tous. Car « One Chance » est inspiré d’une histoire vraie. Celle d’un timide vendeur de smartphones qui se retrouve à chanter devant la reine d’Angleterre après avoir gagné un télécrochet « Britain’s Got Talent » en 2007. Exactement comme Susan Boyle en 2009.

     

     

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    Instant-City-One-Chance

     

     

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  • Happy 40′ Monty Python !

     

    « Monty Python and the Holy Grail » en version musicale pour les 40 ans de la sortie du film.

    Monthy Python Flying Circus, c’est une troupe britannique composée de six humoristes qui se sont rencontrés à la fac et se produisent dans des spectacles composés de sketchs, jusqu’à ce que la BBC leur propose de créer une série TV échappant à toute censure. Durant 45 épisodes, de 1969 à 1974, les Monty Python travaillent leur style, comme les collages surréalistes dans les images d’animation. Chaque émission est une succession de sketchs unis par un fil conducteur qui lui donne son identité propre. Leurs succès est tel qu’il dépasse largement les frontières du Royaume-Uni, en 1975 à l’occasion de leur second long métrage :  « Monty Python Sacré Graal ! ». Suivront « La Vie de Brian » en 1979 et « Le Sens de la Vie » en 1983. Ils seront même invités à se produire dans un show à New-York qu’on peut voir en version filmée dans « Monty Python à Hollywood » (Monty Python Live at the Hollywood Bowl) en 1980. Un temps séparés, ils suivront chacun leur chemin sur des projets différents avant de se retrouver en 2013, alors que l’un d’entre eux, Terry Jones, annonce la reformation de la troupe en même temps qu’un nouvel et ultime spectacle lors d’une conférence de presse à Londres. Les dix représentations données en juillet 2014 afficheront complet. 20 000 tickets partis en 45 secondes pour la première représentation. La troupe désormais à cinq (Graham Chapman est décédé en 1989) joue ses meilleurs sketchs pour son spectacle d’adieu. La dernière représentation sera rediffusée dans le monde entier (sur Arte pour la France).

    La seule parenthèse à leurs vies de célibataires de la troupe fut leurs retrouvailles en 2009, pour un reportage tourné à l’occasion des 40 ans de leur première apparition à l’antenne de la BBC. Pour fêter cet anniversaire, Bill Jones tourna un documentaire racontant en six épisodes l’histoire des Monty Python par eux-mêmes : « Monty Python, toute la vérité ou presque ». Aujourd’hui, c’est un autre anniversaire que fêtent le distributeur Park Circus et Sony Pictures : les 40 ans de la sortie du film « Monty Python and the Holy Grail ». Pour un soir seulement, une version nouvelle, complètement musicale, sera diffusée le 14 octobre 2015. Plus de 500 cinémas britanniques participeront à cette soirée unique avant la sortie par la suite d’une version DVD / Blue Ray dans les pays anglophones. Une seconde vie pour ce film tourné avec des bouts de ficelle (et quelques noix de coco) et financé par des groupes de rock fans comme Led Zeppelin ou Pink Floyd (2 millions d’entrées pour seulement 250 000 dollars de budget de tournage). Terry Gilliam a souvent raconté que le National Trust leur avait refusé de tourner dans les châteaux, les accusant de ne pas respecter la dignité du lieu, ce qui avait obligé la troupe à découper de faux décors en carton peint et à tourner plusieurs scènes simplement dans un parc en plein centre de Londres. L’occasion de voir et revoir ces scènes tordantes, de se remémorer toutes ces anecdotes de tournage et de vérifier si Arthur et ses chevaliers ne trouvent finalement pas le Graal chez Harrod’s.

     

     

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    Et en cadeau, « Monty Python and the Holy Grail » en Lego…

     

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    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Monthy Python Official

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] « Live at Aspen » (1998)

     

     

  • Si vous aimez lire, tentez la Causette…

     

    Envie d’un magazine à lire sur la plage, dans une chaise longue ? Je vous présente Causette, un magazine qui s’adresse aux femmes « plus féminines du cerveau que du capiton ». Cent pages de lecture intelligente pour celles qui en ont assez « d’être prises pour des quiches ». Avec des rubriques politiques et culturelles, des reportages, des interviews, des enquêtes et des portraits (des vrais, pas des « paparazzades »). De vrais articles longs, intéressants et remplis d’informations, remplacent les petits pitchs zapping avec d’énormes photos, pleins de publicités des magazines féminins. Pas de people, mais des gens : artistes, politiques, écrivains ou paysans. Pas de pages maquillage, mode, santé, mais des livres, des films, du théâtre. Causette, c’est un peu la petite sœur de la revue XXI avec ses reportages longs et soignés.

    Le premier numéro est sorti le 7 mars 2009 à 20 000 exemplaires. Il est publié par la maison d’édition Gynéthic de Grégory Lasus-Debat et Gilles Bonjour. Au départ, il s’agit davantage d’un fanzine : un magazine créé par des fans, pour des fans, rédigé par une bande de copains sur un bord de table chez l’un ou chez l’autre, avec des articles qui tournent « entre copines ». Grégory n’a que 27 ans. Un père chauffeur de taxi, une mère aide-soignante, GLD vit et étudie à Bordeaux en fac d’histoire, jusqu’à son arrivée à Paris en 2007, date à laquelle il se lance dans le journalisme comme pigiste (avec un passage à Charlie Hebdo) avant d’avoir l’idée d’un magazine féminin différent. Il déclare dans une interview au Figaro : « On met en valeur les femmes plutôt qu’on ne les dégrade indirectement en sanctifiant des modèles qu’elles n’atteindront jamais. »

    Des potes pour rédiger des articles, reste l’étape 2, à savoir trouver des financements. Grégory va voir un copain à lui, Gilles Bonjour, qui travaille dans une banque comme cadre informatique. Celui-ci accepte d’investir 70 000 euros dans le projet, tandis que Grégory obtient 30 000 euros d’un « crédit à la consommation ». et c’est parti ! Deux copains qui placent leurs économies, empruntent même, pour se lancer dans une aventure sans aucune certitude, il faut quand même avoir un certain courage. Leur ligne éditoriale : de l’humour, un ton décalé et une pointe de féminisme qui permettent au journal en 2011 de devenir le premier magazine féminin à être reconnu « publication d’information politique et générale », et d’obtenir de nombreux prix (« meilleur magazine de presse » en 2012 puis « Coup de Cœur » meilleur magazine de l’année en 2013).

    Il y a très peu de salariés à Causette : les articles sont écrits à la pige et le succès rend plus facile les appels de fonds, d’autant que la progression des ventes est étonnante : + 44 % de 2011 à 2012, + 28 % l’année suivante pour atteindre 67 000 exemplaires vendus en 2013, trois fois plus qu’à ses débuts, et ce en seulement cinq ans. Une progression suffisamment surprenante pour intéresser le Times qui parle du «  symbole de la renaissance féministe en France ». Des copains qui partent sans moyens et se retrouvent avec un mag qui marche et se vend bien, sacrée réussite ! Le passage d’une revue bimensuelle d’amateurs éclairés qui font tout eux-mêmes (« On n’a jamais compté nos heures. C’était le journal de notre vie, c’était dans nos tripes : on vivait Causette, on chiait causette, on dormait Causette » exprime une collaboratrice) à une revue mensuelle professionnelle devient un cap indispensable à franchir.

    Le lectorat très particulier de Causette est devenu une véritable communauté : 155 000 followers sur la Page Facebook du magazine. Les lectrices organisent des fêtes, des Tea Party, des pic-nic… Ce sont pour la plupart des femmes entre 25 et 45 ans, plutôt de catégorie moyenne et supérieure, exigeantes, intellectuelles et actives. « Une fois de plus, lu de la première à la dernière page » twitte Elise. « Découverte de ce magazine féminin hautement subversif ! Passionnant ! Bravo » écrit bdesnos…

    Les vacances sont l’occasion de se poser pour bronzer et pour lire : l’occasion pourquoi pas de découvrir un nouveau magazine, pour nous les femmes qui le valons bien.

     

    ☯  Prix Passion du Magazine de l’année 2015

    ☯  Numéro de juillet & août 2015 – 05 euros

     

     

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