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  • Jean-Paul Gaultier et la parenthèse enchantée

     

     

    Il y a un an précisément, au Grand Palais, se célébrait non sans un certain sens du solennel la carrière de Jean-Paul Gaultier, bien que toujours en vie. A cette occasion, on exposait certaines des créations les plus marquantes de sa carrière, qui n’est pas encore terminée, je suppose. De la robe en toile cirée en passant par les seins coniques pour Madonna, jusqu’à la fabuleuse robe haute couture commençant en marinière pour devenir un éblouissement fait de plumes, cette démonstration tournait pourtant un peu à vide. En vulgarisant et en expédiant ainsi quelques modèles sélectionnés, on nous faisait oublier qui était réellement Jean-Paul Gaultier, avant d’être un habilleur mondain pour icones de la pop-culture.

    A la manière d’une visite au musée, les visiteurs, après de longues heures de queue, avaient enfin le loisir de contempler, dans un environnement sombre et étudié, des œuvres qui pourtant n’avaient pas trente ans d’existence. Etrange paradoxe, en l’espèce, que de venir contempler de très près des pièces conçues sur une période de quinze années, comme on viendrait se recueillir devant des antiquités babyloniennes retournées de ces mondes à tout jamais perdus. Très peu de couturiers ont pu connaître de leur vivant pareils honneurs. Le génial Yves Saint Laurent, peut-être, dans les années 90, au Louvre et dans une salle extérieure, mais dans une bien moindre mesure. Ce n’est d’ailleurs qu’une fois mort qu’il aura finalement droit à sa grande exposition, mais « seulement » au Petit Palais…

    Cette exposition Gaultier a donc été conçue avant tout pour l’exportation. Avec son tapage médiatique, on y décelait en fin de compte surtout le principe de la jolie vitrine faite pour nous vendre ensuite des livres et des produits dérivés estampillés aux rayures et aux nom et prénom du créateur, en alignement asymétrique. Misère de notre temps où l’on récupère tout pour le mettre dans des boîtes. Et comble de l’ironie pour celui qui a dépoussiéré la mode en France, en se jouant des codes et des différents niveaux de hiérarchie pour évoquer le luxe et le style, avec un premier parfum sorti dont le packaging était une boîte de conserve.

    Jean-Paul Gaultier apparaît au début des années 80, comme un lapin qui sort d’un clap, au milieu d’un champ de bataille moribond et venteux, après ses passages studieux au sein des maisons Cardin et Jean Patou. Le premier, connu en son temps, au début des années 60, pour ses innovations, à l’instar de Courrèges et Paco Rabanne, et le deuxième pour sa haute couture et ses fourrures, son savoir faire et le prestige d’une grande maison parisienne d’avant-guerre. Jean-Paul Gaultier gardera de ces expériences un goût prononcé pour l’innovation, le détournement des codes, mais aussi une précision sans faille dans la modélisation et la connaissance parfaite du vêtement.

    Dans cette période post-Punk, avec cet esprit épingle à nourrice, motif écossais et godillots militaires qui nous vient tout droit de Londres, et qui le caractérise rapidement, le jeune homme à la brosse peroxydée en utilise les principaux motifs pour se lancer et affiner son propre style. Fort d’une première collection et d’un défilé qui remportent un grand succès critique, mais pas commercial, il devra tout de même attendre l’aide du groupe financier Japonais Kashiyama pour s’épanouir et donner la pleine impulsion à son imagination et son audace, ses principaux partenaires pendant toute la décennie qui allait suivre.

    Après dix longues années de pattes d’éph et de chemises col pelle à tarte, le vêtement se radicalise et tout se rétrécit à nouveau. Ouf… Renoma, une célèbre marque de prêt à porter tient le haut du pavé depuis les années 60, mais n’arrive plus à suivre la tendance de la rue, à l’orée de cette décennie qui s’ouvre avec la crise, le sida et François Mitterrand. Place donc à une nouvelle génération de jeunes gens audacieux, nourris au punk, aux multi-références culturelles et biberonnés aux slogans émancipateurs. Il y a bien aussi Kenzo, déjà dans la place, et ses quelques innovations, mais qui restent bien sages et complexées car trop assujetties à la toute omniscience d’Yves Saint Laurent qui règne sans partage sur la mode en France et dans le monde. Le maître de la Couture de la Rive Gauche, qu’elle soit Haute ou bien prête à porter, reste indéboulonnable et les bourgeoises et autres happy fews de l’époque ne respirent que pour ce couturier aux célèbres lunettes et à la voix surannée.

    Les grandes maisons d’antan, Dior, Balenciaga, Guy Laroche, Balmain, Givenchy, Chanel ou bien encore Jean-Louis Scherrer sont toutes à l’agonie. N’ayant voulu tabler que sur de la Haute Couture, les salons d’essayage de l’Avenue Montaigne paraissent bien vides dans ces années-là, si ce n’est encore quelques commandes passées par de riches épouses d’armateurs grecs, ou bien des licences pour ceinturons ou chemises ici et là. Mais c’est surtout avec la parfumerie que toutes ces maisons jadis prestigieuses parviennent à sauver les meubles.

    Le concept de « Créateur » viendra en fait du Japon dès 1978, avec deux noms qui émergent, Rei Kawakubo et sa marque Comme des Garçons, et Yohji Yamamoto. Tous deux présentent leur première collection à Paris en 1980. Issey Miyake, quant à lui, déjà dans le circuit depuis 1973 au Japon, bénéficiera de cette ouverture pour venir proposer ses savants plissages à la capitale française. Ce qu’on appellera l’« antifashion », avec cette approche plus cérébrale du vêtement, va remettre en perspective tout l’édifice de la mode. Porter du beau, oui, mais cette fois-ci avec du sens…

    D’ailleurs, le mot « Mode » n’aura plus vraiment de légitimité avec cette façon de redéfinir l’habillement, puisque malgré les obligations commerciales et les délais qui incombent pour livrer en temps et en heure les dites collections, ces vêtements proposés ne sont plus l’histoire d’une saison, voire même destinés à un homme ou à une femme. Ils sont tout bonnement des pièces avec leur propre histoire, leur propre cheminement, et porter tel ou tel vêtement devient pour celui qui l’acquiert plus qu’un code ou une appartenance sociale.

    Avec des silhouettes le plus souvent noires ou bleu marine, ces grandes chemises de popeline de coton blanches aux formes destructurées, assymétriques, savantes, ces vestes, ces robes aux volumes étonnants, ces touches de rouge parfois cinglant l’ensemble, la révolution viendra donc bien du pays du Soleil Levant…

    Jean-Paul Gaultier va ainsi arriver dans ce sillage, accompagné aussi de trois autres grands noms qui vont marquer les années 80 : Claude Montana, Thierry Mugler et Azzedine Alaïa. Quatre griffes qui en France vont faire frémir pendant dix ans au moins les attentes des fashion addicts.

    Si les trois homologues de Gaultier ont une vision de la femme quelque peu fantasmée, avec tout ce que l’on se rappelle des années 80, les vestes taille de guêpe hypra épaulées chez Montana, par exemple, arboreront des arrondis goldorakesques. Quand Mugler préfèrera les épaules en angles et les silhouettes louchant entre la pin-up 50′ et des courbes insectoïdes, Alaïa accentuera une femme hyper féminine tout droit sortie d’un compte médiéval austère et sexy à la fois.

    Une marque comme Marithé & François Girbaud, jusqu’ici confidentielle, va se servir de ce tremplin et l’engouement nouveau pour la « mode autrement », pour revenir aussi au devant de la scène avec ses métamorpho-jeans et ses premières collections capsules.

    Quant à Gaultier, il est le plus remarquable des trois, le plus ingénieux, celui qui maniera humour, désinvolture en même temps que savoir-faire et amour du travail bien fait. Jean-Paul Gaultier ne va donc pas chercher coûte que coûte, comme Montana et Mugler, à idéaliser une femme en la rendant fétichiste, futuriste et ultra sexuée. Non, lui va proposer beaucoup plus que ça…

    Il y a de l’humilité dans la démarche créative de Jean-Paul Gaultier. Il cite, il égrène ses souvenirs, ce qu’il a vu, vécu, aimé, et il les restitue, en les passant par son prisme personnel. Des créations diffractées, toutes à la fois drôles, enjouées et mélancoliques. Des silhouettes fortes, inédites et belles, qui offrent aux femmes beaucoup plus d’affirmation encore, un travail qui fut commencé en son temps par Saint Laurent, et pour les hommes, une féminisation audacieuse, ludique et une façon de porter un vêtement qui n’est plus juste qu’un uniforme sociétal.

    Le succès est assez immédiat, car c’est sûrement Gaultier qui correspond le plus à son époque. Chacun de ses paris est pertinent, même s’ils ne remplissent qu’en partie leur mission, comme la fameuse jupe pour homme qu’il sera le premier à oser faire porter par ses mannequins homme sur les podiums.

    Une boutique s’ouvre Rue Vivienne, avec des téléviseurs dans le sol sur lesquels des défilés passent en boucle. Quelque chose de magique s’opère. Pour tous ceux qui ont toujours ressenti de l’excitation à la simple évocation du vêtement et des créateurs, rentrer dans cette boutique et découvrir les pièces reconnaissables à leur petite languette en haut, c’est un véritable enchantement. Et Jean-Paul Gaultier, c’est le plus « créateur » de tous, le plus galvanisant…

    Cette manière de travailler les imprimés, les coupes inimitables, la sophistication de chaque silhouette, avec cette manière de porter des vestes hyper-contrées à col châle avec les épaules tombantes, les pantalons extra-larges qui montent au dessus du nombril, des rangers revisitées à bout cubique, broderie et dentelle qui se superposent sur des imprimés camouflage. Jean-Paul Gaultier, c’est ça, sublimer l’anodin de la rue ou le motif désuet en le poussant à son paroxysme. C’est faire du moderne avec du vieux. Rejouer les vieux films de Jean Gabin et de Micheline Presle, mais avec une fougue nouvelle, une énergie incroyable.

    Celui qui réinvente la marinière et qui détourne le corset va séduire le monde entier, à commencer par les grandes divas de l’époque en pleine gloire. Si Grace Jones a Alaïa, lui, c’est avec Madonna qu’il triomphe en 1989.

    Courant 90, Claude Montana montre déjà ses limites. Thierry Mugler aussi. Leurs styles ne font plus recette et n’arrivent déjà plus à suivre ce qui se profile en venant directement de Belgique. En l’occurence, une nouvelle génération de créateurs tout droit sortie de la prestigieuse Académie Royale d’Anvers. Anne Demeulemeester, Martin Margiela, Dries Van Noten, Walter Van Beirendonck et Dirk Bikkembergs, j’en oublie probablement, qui font partie de ce qu’on appelle les Six d’Anvers ou la Première Vague. Dans des styles très différents les uns des autres, ils vont rebattre encore une fois les cartes et émouvoir les éditorialistes et les fashion addicts. Ils seront les nouvelles coqueluches pour un certain nombre d’années. Et il y a aura une deuxième puis une troisième vague, avec Raf Simons, Véronique Branquinho, Kris Van Assche parmi les plus connus. Un engouement sans précédant pour la mode belge qui va redéfinir une nouvelle fois les contours de la Hype. Mais ceci est une autre histoire, car les arcanes de la mode sont des méandres où l’on se perd facilement, pour qui ne tient pas le fil rouge dès l’entrée du labyrinthe.

    Pour Gaultier, l’état de grâce va durer encore un peu, de par l’aura qu’il génère au delà des aficionados. Alaïa, lui qui n’a jamais rien fait comme tout le monde, en n’organisant ni défilés, ni collections deux fois par an, et surtout en travaillant à son rythme, a du coup toujours su garder son cap et est encore aujourd’hui d’ailleurs extrêmement courtisé.

    Viennent ensuite les années 2000 qui voient le monde de la mode de nouveau être chamboulé avec l’arrivée des grandes enseignes telles H&M, Zara ou Mango, qui loin de vouloir proposer de l’innovation, vendent exactement ce que le consommateur modeste attendait depuis toujours, soit des ersatz, des mirages et toujours cette satanée impression de pouvoir avoir un style à vil prix. Mais tout cela a un prix, justement, dans tous les sens du terme. L’amour du travail bien fait, l’artisanat, la confection suivie laisse leur place au mondialisme aveugle et à l’industrialisation négrière.

    Paradoxalement, en ce début de nouveau millénaire, on voit le retour des vieilles maisons telles Givenchy, Balenciaga qui emboîtent le pas à Chanel, qui s’était relancée quinze ans plus tôt avec Karl Largerfeld comme directeur artistique vedette. Cette nouvelle décennie verra donc l’avènement des directeurs artistiques, ceux qui donnent le La pour chacune des collections en devenir. Plus que la maison qu’ils représentent, les directeurs artistiques sont de vraies stars, des divas qui dans ce nouveau siècle où la communication sera reine, apportent souvent plus que le produit lui-même. John Galliano pour Dior et Hedi Slimane en sont les plus emblématiques.

    Jean Paul Gaultier, dans tout ça, nage la brasse coulée. Heureusement, ses collaborations pour la maison Hermès feront des miracles et consolideront définitivement sa crédibilité. Il va peu à peu abandonner le prêt-à-porter, qu’il préfère laisser au cynisme ambiant pour se concentrer sur la Haute Couture. Et c’est bien ici, dans l’exception, qu’il laissera finalement sa véritable empreinte…

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    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Dévoreur Hubertouzot

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Hubert Touzot : Photographe dévoreur d’images

     

     

     

  • Silence Plateau | Straight Outta Compdon

     

     

    Straight Outta Compdon : Biopic du groupe de gangsta-rap californien N.W.A.

    Le film porte le nom du premier album studio du groupe américain de rap N.W.A., sorti en 1988, et qui figure au Panthéon des disques les plus cultes pour les amateurs de rap. A sa sortie, l’album fait le buzz avec le titre « Fuck Tha Police » dans lequel le groupe dénonce le racisme et la violence des forces de police de la ville de Los Angeles. Le titre met en scène un tribunal avec des plaignants qui dénoncent les mauvais traitements et le délit de faciès perpétrés par les policiers. Rien de bien méchant, dirait-on aujourd’hui dans les paroles assez sages finalement, refrain hormis. Sorti il y a plus de vingt ans, ce morceau est toujours incroyablement d’actualité. On retrouve exactement la même polémique dix ans plus tard, à la sortie du film français « La Haine » de Mathieu Kassovitz autour du titre de Minister Amer « Sacrifice de poulets » en 1995 qui raconte une soirée d’émeutes en banlieue parisienne. A l’époque, le Ministre de l’intérieur demande un procès à l’issue duquel le groupe sera contraint de se séparer. Dans le même temps, aux Etats-Unis, le disque de N.W.A. se vend à plus de 3 millions d’exemplaires et devient double disque de platine. Il se classe 9ème au Top des albums de R’n’B et de hip-hop et figure sur la liste des 1001 albums qu’il faut avoir écoutés au moins une fois dans sa vie. « Fuck Tha Police » est désormais à la 425ème place des 500 meilleures chansons de tous les temps selon le magazine Rolling Stones. Interdit d’antenne et parfois même de concert en raison des paroles jugées violentes, le groupe n’en compte pas moins dix millions d’albums vendus rien qu’aux Etats-Unis. La légende est née.

    N.W.A. est un groupe de rap « West Coast » qui a popularisé le style « Gangsta Rap » entre 1982 et 2002. Les initiales sont un acronyme pour Niggaz With Attitude. Il s’agit de copains qui ont grandi ensemble à Compton, un quartier de la banlieue de Los Angeles, connu pour ses gangs et ses activités criminelles. Eric Lynn Wright (Easy-E) monte le groupe en 1986. Son père était facteur et sa mère directrice d’école. Il subvient à ses besoins en dealant. Comme l’explique Jerry Heller, le manager de N.W.A. : « Le quartier dans lequel il a grandi était dangereux. Il n’était pas très costaud. Voyou, c’était un rôle qu’on connaissait ; ça donnait un certain niveau de protection dans le sens où les gens hésitaient à vous chercher des emmerdes. Mais dealer, c’était un rôle qui donnait un certain privilège ainsi que du respect ». (« Ruthless : A memoir » 2007). En 1986, Eric a 22 ans et il a engrangé 200.000 dollars de la vente de drogue.

    A cette époque, Andre Romelle Young (Dr Dre), 21 ans, est DJ. Il travaille dans un club, « The Eve After Dark », où il peut observer les rappeurs qui se produisent sur scène. Son père, Theodore Young, joue dans un groupe de R’n’B amateur qui s’appelle « The Romells », d’où son second prénom. Andre se lance dans la production de ses propres morceaux et mixe sur une radio locale dans l’émission « The Traffic Jam » avec un copain, Antoine Carraby (DJ Yella), lui aussi DJ au club. Il organise parfois des soirées événements dans lesquelles il invite des guests comme un certain Ice Cube. O’Sea Jackson aka Ice Cube, classé 8ème sur la liste des meilleurs Mc de tous les temps établie par MTV, classé dans les 50 meilleurs conteurs de hip-hop et 11ème meilleur rappeur de tous les temps, est présenté comme le parolier du groupe. Il se produit lors de soirées organisées par Dr Dre, qui s’intéresse rapidement à son potentiel lyrique. Il commence à écrire des paroles et des chansons à l’âge de 16 ans, notamment le fameux « Boyz n’ Tha Hood ». En 1984 il forme le groupe C.I.A.

    Jerry Heller, quant à lui, fut pendant dix ans, de 1965 à 1975, le manager de véritables stars comme Marvin Gaye, Elton John, Pink Floyd, Van Morrison ou Otis Redding. Après une traversée du désert, il reprend une usine de fabrication de disques à Los-Angeles, Macola Records. C’est alors qu’il rencontre Easy-E. Ensemble, ils vont fonder en 1987 le Label « Ruthless Records » pour faire la promotion d’artistes locaux (Dr Dre, DJ Yella, Ice Cube) et produire les disques de N.W.A. Leur premier succès est « Boyz n’ Tha Hood » et sa mélodie d’introduction si reconnaissable :

     

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    Dans le film, le réalisateur décrit Dr Dre comme le moteur et le ciment du groupe. C’est lui qui propose à Easy-E de se ranger après la mort de son cousin et d’utiliser ses économies pour se lancer dans la production. C’est lui aussi qui produit les morceaux. C’est lui qui promeut Ice Cube en tant que parolier. C’est lui enfin qui propose à Easy-E de chanter sur leur musique, faute de chanteur dans le groupe. Dr Dre, DJ Yella, Ice Cube, Easy-E chez Ruhtless Records, N.W.A. est né. Et le Gangsta-Rap est né. Un sous-genre plus agressif du hip-hop, basé sur le crime et la délinquance, dont les thèmes privilégiés sont les problèmes ethniques et la délinquance, avec des paroles inspirées de la dure réalité de la rue.

    En 1989, Ice Cube quitte le groupe pour des raisons de divergences financières. Il fera une magnifique carrière solo dans le rap puis au cinéma. En 1991, Dr Dre quitte le groupe après une dispute avec Suge Knight, le garde-du-corps de Easy-E. Il produira une multitude d’artistes comme Snoop-Dog, Eminem, 2Pac ou les Pussicats Dolls. En 1995, Easy-E décède du sida après s’être réconcilié avec les deux autres rappeurs.

    Réalisé par F. Gary Gray en 2015, « Straight Outta Compdon » est le biopic sur le groupe de rap américain N.W.A. Ce sont Ice Cube et Dr Dre qui ont souhaité en 2014 produire un film autobiographique. D’abord proposé à John Singleton qui avait déjà réalisé un film sur Ice Cube en 1991, puis à Peter Berg (« Very Bad Things » en 1998, « Le Royaume » en 2007, « Du Sang et des Larmes » en 2013), c’est finalement Gray qui reprend le projet. Gray a lui aussi grandi à Compton. Il a d’abord réalisé des clips musicaux pour des artistes de hip-hop et de R’n’B, dont Ice Cube en 1993 pour le clip de « It Was a Good Day », ou encore Dr Dre, Queen Latifah et Jay-Z. Réalisateur de « Braquage à l’Italienne» avec Charlize Theron, Donald Sutherland et Edward Norton, il signe-là son 9ème film, juste avant le 7ème volet de « Fast and Furious ». C’est le fils de Ice Cube qui joue le rôle de son père. Il s’est entraîné pendant deux ans afin de lui rendre hommage. Le tournage a eu lieu à Compton même, là où les personnages ont grandi. La date de sortie du film correspond à la date de l’anniversaire des 20 ans de la mort de Easy-E. Le fils de Easy-E a lui aussi voulu interpréter le rôle de son père, mais il n’a pas été choisi au casting sur l’avis de Ice Cube. Le tournage est mouvementé : le 29 janvier 2015, Suge Knight, l’un des instigateurs du projet, ancien garde-du-corps de Easy-E, renverse avec sa voiture Terry Carter le producteur et l’acteur Cle Soan, tuant le premier, et des gangs ont tiré sur les membres de l’équipe lors d’une fusillade.

    De 1992 à 2015, en 20 ans, le problème des gangs, des banlieues comme Compdon et des violences policières est toujours le même, depuis les émeutes de Los Angeles en 1992 à celles de Baltimore en 2015.

     

    Always’s into something :

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    VOSTF :

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    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Bibliographie : « Ruthless : a memoir » par Jerry Heller et Gil Reavill

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Filmographie : « Boyz N Tha Hood » réalisé par John Singleton (1991)

     

     

     

     

  • Sarah Lark | Le Pays du Nuage Blanc

     

     

    Une idée de lecture ? Le Pays du Nuage Blanc (Tome 1), Le Chant des Esprits (Tome 2), Le Cri de la Terre (Tome 3) de Sarah Lark

     

    Cette grande fresque, entre « Les oiseaux se cachent pour mourir » pour la saga familiale et « La leçon de piano » pour le cadre, nous entraîne durant presque une centaine d’années sur les traces de deux familles. La Nouvelle Zélande du temps des pionniers, quand tout est à construire, nous explose à la figure avec des airs de Far West. Mais revenons en Angleterre, en 1852, là où tout a commencé.

    Gwyneira, jeune aristocrate fougueuse à l’esprit trop libre pour l’époque, n’imaginant pas faire face aux contraintes d’une vie d’épouse anglaise rangée, accepte face aux difficultés financières de son père de suivre un homme charismatique, propriétaire d’un grand élevage de moutons, et père d’un jeune homme plutôt difficile à marier, dont elle va bientôt devenir la femme. De son coté, Helen, jeune préceptrice, répond à la petite annonce d’un homme soit-disant nanti vivant en Nouvelle Zélande, à la recherche d’une (bonne) épouse anglaise.

    Pour financer la traversée, elle accepte d’accompagner de jeunes orphelines jusqu’à Christchurch. Helen va rencontrer Gwyneira sur le navire, au cours des trois longs mois de traversée, et l’amitié qui va se nouer liera la destinée de leurs familles sur des générations. Dès l’instant où les jeunes femmes vont apercevoir ce grand nuage blanc accroché à la montagne de cette île lointaine, un nouveau personnage à part entière apparaît lui aussi : La Nouvelle Zélande.

    Dans ce pays, la vie va s’avérer difficile pour l’une et pour l’autre, pour des raisons différentes. L’auteur décrit si bien les couleurs, les lumières et son peuple maori, que l’on se retrouve pris entre réalité et magie des esprits, entre immenses territoires et huis clos. Les deux femmes vont devoir affronter les hommes, pionniers ou maoris, mais aussi la terre elle-même. On découvre la vie d’Helen mariée à un homme pauvre et violent, qui en dépit de tout trouvera sa paix intérieure dans l’éducation d’enfants maoris, et celle de Gwyneira mariée à un homosexuel, qui devra quant à elle, affronter la violence de son beau père, perdue dans un immense domaine.

    Nous partons au fil de paysages majestueux à la découverte de la faune et la flore endémique, de traditions maories méconnues, du rôle des guérisseurs aux plantes miraculeuses, comme une sorte de documentaire, un instantané de la vie au début du 20ème siècle, de l’autre côté de la terre. Entre tradition et modernisme, les villes grandissent, les moyens de transport raccourcissent les distances, et les familles s’agrandissent entre bonheurs et drames.

    Le fil rouge du deuxième tome, le chant des esprits, nous raconte la vie de Kura, jeune métisse et petite fille de Gwineyra, et une fois encore le destin des deux familles d’Helen et Gwyneira va s’entremêler. Nous allons voyager cette fois dans tout le pays, sur les pas de Kura, et la difficulté d’être métisse tiraillée entre deux cultures.

    Dans le troisième tome, le cri de la terre, nous accompagnerons cette fois Gloria, l’arrière petite-fille de Gwineyra libre et sauvage, de Londres à San Francisco, pour le pire et le meilleur. Je ne vous en dévoile pas plus, à vous de découvrir des personnages complexes, au fil d’une très belle histoire.

    A dévorer…

     

     

     

  • Hiatus Kayote, le sommet de la neo-soul !

     

     

    Hiatus Kayote est un groupe de soul australien, dirigé par l’incroyable Nai Palm, guitariste et chanteuse du projet. Connu en partie grâce à un featuring avec Q-Tip (rappeur hors-norme de Tribe Called Quest), Hiatus Kayote gagne par la suite un grammy bien mérité !

    Le 1er Mai 2015 sortait « Choose Your Weapon », le meilleur album des vingt dernières années. Les musiciens originaires de Melbourne ont cette fois encore créé un monde qui nous dépasse ! Quelque chose d’insensé ! Un interdit incroyablement jouissif ! Une bombe atomique de la Soul ! Une pépite, un trésor, un bonheur qui se savoure du début jusqu’à la fin !

    Âmes sensibles s’abstenir…

     

     

    Retrouvons Hiatus Kayote en live au Village Underground à Londres (2014)

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    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Hiatus Kayote Official

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Hiatus Kayote @ The Guardian

     

     

     

  • Une idée de spectacle ? Novecento…

     

     

    Une idée de spectacle ? Novecento, avec André Dussollier et quatre musiciens talentueux. Tiré du texte d’Alessandro Baricco, publié en 1994.

     

    D’abord l’histoire : un bébé est abandonné sur un transatlantique, de ceux qui à cette époque déversent des flots d’immigrants venus de partout faire fortune en Amérique. Comme il est dit dans le spectacle, le premier qui voit l’Amérique, il a ça dans les yeux depuis tout petit, et il sera le premier à crier, en voyant la Statue de la Liberté : «  America ! ». Revenons à notre bébé, baptisé du nom de l’année en cours, Novecento. Découvert par un mécanicien sur le piano de la salle de bal des premières classes, il va grandir caché dans les cales, élevé par le personnel du bord, sans descendre à terre puisqu’il n’a jamais été déclaré et donc n’a pas de papiers. Puis, vers huit ans, un soir de traversée, il s’assoit derrière le clavier d’un piano, et une assistance médusée découvre un génie de la musique, passant du ragtime au blues ou au jazz, au gré de son humeur, ou de ce que les personnes, le temps ou la mer, lui inspire.

    Cette histoire, c’est un ancien trompettiste de l’orchestre de bord, joué par André Dussollier, qui nous la raconte. Au moment où le Virginian va être démantelé, il nous raconte les cinq ans qu’il y a passé à bord au côté de Novecento, qui n’a jamais finalement mis un pied à terre de toute sa vie. Des salles de bal où il joue pour la clientèle huppée de la première classe à la salle commune de la troisième classe où il termine la nuit au son des tarentelles, on découvre un pianiste émouvant, innocent dans le bon sens du terme, comme s’il avait été préservé des perversités de la terre ferme.

    André Dussollier nous raconte donc cette histoire, parfois sur un rythme effréné, tout en faisant des pas de danse ou de claquettes, dans une forme olympique ! Un spectacle vivant, à la musique parfaite, à ne pas manquer. Pour ceux qui ne pourraient pas voir le spectacle, un film est sorti en 1998, avec Tim Roth dans le rôle de 1900, « La légende du pianiste sur l’océan », sur une bande son d’Ennio Morricone, non moins talentueuse.

    La tournée en province se termine, le spectacle reprendra à Paris en fin d’année.

     

     

    Instant-City-Novecento-006

     

     

     

  • Silence Plateau | Clara et les Chics Types

     

     

    Bertrand, Louise, Frédéric, Charles ou Mickey sont des amis qui se connaissent depuis l’enfance, mais qui ont emprunté différents chemins socio-professionnels et connu divers amours ou fortunes.

     

    Ce qui pourtant les rattache, les lie les uns aux autres, ce sont des idéaux, des utopies, des souvenirs et ce groupe de musique confidentiel qu’ils forment depuis des années, les Why Not. Leur dernier grand projet est d’aller donner un concert dans leur ancienne école. En chemin, Bertrand fait la rencontre inopinée de Clara, une jeune femme fantasque qui vient de fuir son futur époux le jour même de la cérémonie de mariage. C’est le coup de foudre, la rencontre de plein fouet avec les grandes espérances…

    Revoir aujourd’hui « Clara et les Chics Types » de Jacques Monnet, sorti en 1981, c’est un peu comme l’effet de la crème Nivea, du lait concentré sucré en tube, ou encore le goût d’un chausson aux pommes… Dans la lignée de « L’année prochaine… Si tout va bien » de Jean-Louis Hubert ou de « La Gifle » de Claude Pinoteau, c’est un retour en arrière sur une époque qui semble désormais fantasmée, tant tout semble y être doux, utopique, tendre et souriant. « Clara et les Chics Types », plus que les autres films, c’est un baume qui fait du bien à nos gerçures et nos crevasses.

    On y parle de souhaits, d’espoir, d’amitié, de petites trahisons, de mensonges, du temps qui passe et de ces amours qui se fanent avant même d’avoir été cueillis. On dirait qu’il y a cent ans, mille ans, ou même que cette époque n’a jamais existé, que tout est inventé, édulcoré. Entendre ces timbres de voix, ces tessitures. Revoir ces visages, ces gestes. Les ambiances, la lumière, les sons, tout cet univers d’avant, comme si entre-temps des drames terribles avaient eu lieu. Un monde qui aurait basculé. Non, ça n’est pas que de la nostalgie que de retrouver la bande du Splendid à leurs débuts ; Isabelle Adjani, si naturelle, c’est autre chose… Tous les acteurs que l’on voit dans le film sont eux aussi en devenir, avant qu’ils n’aient muté pour la plupart d’entre eux en institutions boursouflées. Tous, la trentaine à peine, jouaient pourtant déjà sur le registre de la nostalgie.

    Les dialogues de Jean Loup Dabadie, comme si souvent, sont pleins de tendresse, de justesse, de cette petite musique mélancolique qui donne aussi aux films et aux acteurs pour lesquels ils sont écrits cette intemporalité. Et puis, il y a la musique de Michel Jonasz. Tout ce qui confère au film sa tonalité, cette façon de ne pas crâner, de ne pas s’imposer, mais qui au final trace des sillons, des scarifications et redéfinit nos émotions. C’est sur la cristallisation de ces infinis petits moments de bonheur que l’on serre entre ses mains très fort, mais qui s’envolent quand même. Pour cette phrase dite à la toute fin par Thierry Lhermitte se regardant dans une glace déformante… Ce que l’on devient ou pas. Ce que l’on est ou ce que l’on voudrait être.

    C’est drôle mais c’est triste. C’est simple mais c’est grand.

     

    Instant-City-Clara-et-les-Chics-Types-Affiche

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Dévoreur Hubertouzot

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Hubert Touzot : Photographe dévoreur d’images

     

     

     

  • Festival Américain de Danse : American Realness

     

     

    Pour la première fois en Europe et en France, le festival américain de danse « American Realness » pose ses valises près de Paris du 07 au 09 avril 2016. Pendant trois jours, des chorégraphes américains vont investir le Centre National de Danse de Pantin, aux bords du Canal de l’Ourcq. Ce festival créé en 2010 par Benjamin Snapp à New-York, en partenariat avec le Abrons Arts Center, s’intéresse à la nouvelle danse et à la danse contemporaine. Les artistes programmés représentent la création artistique et les pratiques contemporaines.

    Cette programmation intervient dans le cadre du projet DANSE initié par les services culturels de l’Ambassade de France à New-York. Ce plan d’échange en est à sa seconde année et doit durer jusqu’en 2018.

    American Realness célèbre donc le printemps au CND, mais aussi dans le cadre des Subsistances à Lyon et du Théâtre Garonne à Toulouse, présentant les œuvres performatives de Ligia Lewis, Dana Michel ou encore du très radical Keyon Gaskin.

     

     

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    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] American Realness

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  • Silence Plateau | The Revenant (Western, 2015)

     

     

    « The Revenant » de Alejandro Inarritu, avec Leonardo DiCaprio (2015 – 2h36)

     

    « The Revenant » est un Western New Age. Ce genre cinématographique dont l’action se situe lors de la conquête de l’Ouest en Amérique du Nord, au XIXe siècle, retrace en général des épisodes de la naissance de la nation. D’abord muet dans les années 1920 avec Broncho Billy, Hollywoodien en Technicolor dans les années 1950 avec John Wayne et Gary Cooper, spaghetti dans les années 1960 avec Clint Eastwood et le renouveau des réalisateurs italiens comme Sergio Leone (d’où son surnom), crépusculaire dans les années 1970 avec Sam Peckinpah, en série à la télévision avec « Bonanza » ou « Il était une fois dans l’ouest », période d’apogée du western, il disparaît peu à peu dans les années 1990 et 2000.

    Après l’an 2000, on parle désormais de « western contemporain ». Ce nouvel âge d’un western différent démarre avec Kevin Costner et « Danse avec les loups » en 1990. On laisse alors une place d’importance au décor, à l’immensité et à la lenteur. En  2007, avec « No country for old men » puis en 2010 avec « True Grit », les frères Coen réinventent le genre avec un humour toujours dosé, bercé de magnifiques paysages et un soin tout particulier pour la photographie. On est là, avec le nouveau western, loin, bien loin du rythme effréné des cavalcades et autres attaques de diligences. La cadence est à la lenteur, aux paysages sublimes et aux personnages dont on s’applique à traiter en profondeur la psychologie. Tarantino emboîte le pas des frères Coen avec « Django Unchained » en 2012, très loin encore des cow-boys et autres Indiens. On s’intéresse aux femmes (« The Homesman » en 2014), à l’esclavage ou aux chasseurs de prime (« Les Huit Salopards »).

    Avec « The Revenant » en 2015, Alejandro Inarritu, le réalisateur mexicain, oscarisé en 2015 pour « Birdman », monte encore une nouvelle marche. Il s’agit bien d’un western : l’action se déroule aux Etats-Unis d’Amérique, au début du XIXème Siècle. Il y a des Indiens, un fort, des soldats en uniforme. Les éléments du genre sont bien là. La différence et la nouveauté se trouvent dans le traitement et la réalisation. Il y a l’immensité, les paysages grandioses, le vide et de grandes étendues désertes de forêt et de neige. Il y a bien aussi une chasse à l’homme mue par un désir violent de vengeance. Mais il y a bien plus… Tourné au Canada en lumière uniquement naturelle, ce qui limite le nombre d’heures possibles de prises de vue chaque jour, le film prend le temps. Le réalisateur nous donne l’opportunité de vivre de l’intérieur un morceau de vie d’un homme dans sa totalité. Il prend le temps de raconter une histoire, de nous la faire ressentir à travers tous nos sens : à travers le décor, le silence de la forêt, la violence des scènes (extraordinaire scène de combat entre Glass et le grizzly), la dureté de la survie avec des scènes incroyables de réalisme : lorsque Glass cautérise le trou dans sa gorge, ou quand il se glisse dans le corps d’un cheval pour se réchauffer après lui avoir ôté les boyaux.

    Inspiré de faits réels, le film raconte l’histoire incroyable de Hugh Glass, un trappeur qui eut un fils avec une Indienne, Hawk, et qui travaille depuis la mort de sa femme avec un négociant en  fourrures, le capitaine Andrew Henry.

    Le film pourtant très long passe à une vitesse vertigineuse. N’étant pas sans rappeler Tom Hanks dans « Seul au monde » en 2000, « The Revenant » n’est pas qu’un film, c’est une ambiance, une atmosphère, avec des images et une photographie grandioses qui transmettent brillamment la sensation de vide et de solitude de cet homme face à l’obligation de survivre. Que ce soit pour revoir sa femme ou pour venger la mort de son fils, chacun est tenu en vie par un moteur surpuissant inouï qui lui permet dans les situations les plus désespérées de trouver la force et le ressort de s’en sortir grâce à un mental et une volonté ahurissante, un peu comme Beatrix Kiddo, l’héroïne de « Kill Bill » dans la scène du truck lorsqu’elle essaie de faire bouger ses doigts de pied, ou lorsqu’elle se retrouve enterrée vivante. Le point commun à tous ces personnages est une lutte héroïque pour braver tous les obstacles. En cela, ce sont des héros.

    Une gageure pour Léonardo Di Caprio dans la course aux Oscars 2016 puisqu’il a choisi ce rôle plutôt que celui de Steve Jobs dans le film éponyme. Un choix courageux quand on sait à quel point le tournage a été difficile et éprouvant : neuf mois au lieu de trois en raison d’une météo capricieuse, baignades dans des rivières glacées, siestes dans des carcasses d’animaux, dégustation de foie de bison cru… Un tournage cauchemardesque comme s’en explique Inarritu dans une interview pour « The Hollywood Reporter ». Des paysages de neige avec des températures pouvant aller jusqu’à – 40°, des techniciens excédés qui quittent le plateau, des scènes épiques avec 200 figurants, autant de conditions qui ont fait d’une pause vacances de six semaines une nécessité. Mais au final, un film qui marque un tournant par sa nouveauté et méritait en cela un Oscar. Grandiose. Et deux autres pour les acteurs Leonardo Di Caprio et Tom Hardy…

     

     

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  • Silence Plateau | Brooklyn (Drame, 2016)

     

     

    Réalisé par John Crowley, « Brooklyn » raconte l’histoire d’Eilis Lacey, une jeune Irlandaise qui décide de quitter sa mère et sa sœur avec lesquelles elle vit dans la maison familiale pour émigrer aux Etats-Unis et tenter sa chance, rêvant d’une vie plus gaie et plus moderne. A travers elle, ce sont tous les migrants partis vers le Nouveau Monde dont on nous conte l’histoire, leur souffrance de quitter famille, terre, patrie, amis et leur déchirement entre l’ancien et le nouveau, le passé et l’avenir, la fidélité et l’espoir.

    La photographie est classique et impeccable, les acteurs simples et touchants, le scénario profond sans jamais tomber dans la mièvrerie. Les personnages ont été choisis avec soin, issus de milieux modestes pour que le spectateur puisse facilement s’identifier. On est loin des grandes démonstrations avec force vedettes et têtes d’affiches évoluant dans des familles aisées.

    « Brooklyn » nous raconte ceux qui ont fait l’Amérique, tous ces gens partis de rien, avec juste une valise et leurs rêves : l’amour, une famille, un pavillon neuf sur un terrain dans ce qui deviendra un lotissement. Et dans tout le film la présence acidulée des années 1950, des robes aux voitures couleur bonbon, comme pour mieux rompre avec les tons ternes et durs de l’Irlande. Brooklyn est un film sensible et tendre.

     

     

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    Instant-City-Brooklyn-006

     

     

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  • Falco, le premier rappeur blanc (1982)

     

     

    1982. Johann Hölzel a 25 ans. Né à Vienne en Autriche, il sort son premier album solo « The Einzelhaft » (le mitard). Celui-ci compte dix chansons, parmi lesquelles « Der Kommissar », le second morceau de la tracklist.

     

    Durant 3 minutes 52, Falco parle de drogue, de rap, de descente de police, de dealers, de gangs et de murs tagués, le tout en allemand teinté d’un très fort accent autrichien, avec quelques mots et expressions anglaises ou italiennes. Un vrai charabia. Et pourtant ! Très vite le titre sort en solo et grimpe jusqu’à la première place en Autriche avant de passer la frontière pour atteindre la France. En quelques mois, il gagne le Royaume-Uni, franchit l’Atlantique et en mars 1983 se positionne en tête des charts aux Etats-Unis.

    Du jamais vu ! Le titre fait le tour de la planète et devient un succès international. Inspiré par la new-wave et le rap américain, le morceau se vend à plus de 7 millions d’exemplaires dont 1 million en France, où la chanson est reprise en français sous le titre « Clair commissaire » par Matthew Gonder. Surnommé « le premier rappeur blanc », Falco est aussi le premier à aligner un titre en allemand au classement du Billboard et le seul germanophone à avoir été n°1 aux Etats-Unis. Une légende.

    Falco (en hommage au skieur sauteur à ski Falko Weisspflog, médaille de bronze aux championnats du monde épreuve grand tremplin en 1978) sortira un second album en 1984 qui fera un flop, puis un troisième en 1986, « Rock me Amadeus » qui sera à nouveau un grand succès, numéro 1 du Hit-Parade aux USA pendant trois semaines. Il décède à 40 ans dans un accident de voiture en République Dominicaine, percuté par un bus. Le film « Verdammt wir leben noch » auquel participe Grace Jones, retrace sa vie et sa carrière fulgurante et incroyable.

     

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    Music video by Falco performing Der Kommissar (Original Video)

    © 1982 GIG Records, Markus Spiegel Ges.m.b.H.,Vienna, Austria

     

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    Music video by Falco performing Der Kommissar (U.S. Official Video)

    (C) 1982 GIG Records, Markus Spiegel Ges.m.b.H.,Vienna, Austria