Catégorie : Société

  • Le T-Shirt Propre : Un T-Shirt Made In France et Bio

     

     

    Parce que cela fait aussi partie de notre mission, même de notre devoir, de promouvoir des initiatives qui vont dans le bon sens et qui démontrent qu’il possible d’emprunter une autre voie en consommant différemment, nous suivons naturellement de près l’aventure du T-Shirt Propre. 

     

    En juin 2016, Mathieu Lebreton et son neveu Fabien Burguière lançaient le T-Shirt Propre en s’appuyant sur une campagne de crowdfunding via la plateforme de financement participatif Ulule. Une marque qui se veut éthique, locale, et surtout Made in France.

    Comme toutes les bonnes idées, celle du T-Shirt Propre est née un an plus tôt lors d’une discussion entre amis, de celles où on refait le monde. « On s’est rendu compte d’un manque d’éthique, mais aussi de bon sens, dans la fabrication des vêtements », raconte Fabien Burguière. Le jeune homme de 24 ans explique : «Un simple tee-shirt peut parcourir 48.000 kilomètres, entre l’endroit où il est fabriqué, et son arrivée dans nos armoires ».

     

    Le T-Shirt Made in France & Bio, c’est Propre !

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    L’industrie de la mode est en effet la deuxième industrie la plus polluante au monde, après l’industrie pétrolière. Selon la Banque Mondiale, elle est responsable à elle seule de 20 % de la pollution de l’eau dans le monde. Impact sur l’environnement, mais aussi absence de droits sociaux, conditions de travail dangereuses et travail infantile, ce secteur qui emploie 75 millions de personnes dans le monde est un symbole des excès de la mondialisation.

    Une sensibilité à laquelle adhère aussi son oncle, Mathieu Lebreton, éducateur à la vie scolaire du lycée Louis Querbes : « Fabien et moi partageons ces valeurs d’écologie, d’éthique dans la consommation, alors pourquoi ne pas se lancer ? ».

    Aujourd’hui, ce T-Shirt conçu Proprement par Fabien et Mathieu est en vente en ligne. Made in France, 100 % coton Bio, leur objectif est de re-placer l’éthique au coeur de la conception de leurs vêtements. Consommer autrement, localement, de façon responsable, c’est possible, et c’est Propre !

     

    Teasing LTP 2017

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    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Le T-Shirt Propre

     

     

     

  • Le serre-tête à pompons by Hubert

     

     

    Dans ma série de billets d’humeur devenue culte, « Hubert a des p*bip*ains de problèmes dans la vie », je souhaitais aborder aujourd’hui le cas du port de casque audio dans la rue. Vous savez, cet imposant serre-tête à pompons que n’importe qui se doit désormais d’arborer, comme si c’était super cool, et qui au mieux donne à celui qui le porte une vague ressemblance avec un gars des pistes de porte avions ou alors au pire, une sorte de protège-oreilles pour personne hyper frileuse des conduits auditifs.

     

    C’est à dire que si vous n’êtes pas un DJ qui était juste sorti entre deux sets pour remettre des pièces dans l’horodateur, l’utilité intrinsèque de cet objet dans la rue ou dans les champs n’a objectivement pas lieu d’être.

     

    … Et là on me rétorque immédiatement, entre un « rétrograde », un « réac » ou encore un « facho de la coolitude », que nous traversons une époque où le ridicule ne tue plus personne et que, par conséquent, à l’instar des modes et de leurs conséquences sur les effets de masse, avec comme principe « si je saute par la fenêtre, etc… », on peut ainsi sans questionnement aucun imiter une allure empruntée à un look 80’s de ces premiers rappeurs qui s’étaient créé une attitude « street, musicos, pointue et amateur de bons sons ». Pourquoi pas… Il y a quelques semaines, j’évoquais d’ailleurs ici un cas similaire de mimétisme avec le port de la barbe à outrance.

    C’est donc de manière virale, incontrôlable, mais dictée par un inconscient apathique et spongieux que le phénomène s’est installé durablement, ou juste le temps nécessaire pour que des communicants zélés puissent parvenir à essayer de nous faire croire que l’objet en question, en plus d’être parfaitement encombrant, fragile et doué d’une durée de vie toute relative, est tout bonnement indispensable pour écouter La Musique que l’on aime, qui le plus souvent pourtant nous est proposée en format compressé Mp3. Avec ou sans fil, en couleur, parrainé par tel DJ ou rappeur du moment, une majorité silencieuse défile ainsi, écoutant ses playlists favorites.

    Vous vous arrêtez donc deux minutes et vous interrogez sur la tournure que prend ce micro-événement, ce phénomène insignifiant face à tant de problématiques autrement plus préoccupantes… Mais pourtant, comme un effet papillon, tout fait sens et finit par se rejoindre. Que dit en substance ce que nous constatons à chaque vision de ces gens que nous croisons si curieusement couronnés ? « Moi, dans la rue, on ne Me parle pas, on ne M’aborde pas, on Me fout la paix parce que j’écoute Ma Musique, Mon Son ». Ou encore une variante à cette sentence : « Même si Je suis dans la rue, ailleurs, Je fais comme si J’étais chez Moi et je ne change pas Mes habitudes et Mes plaisirs ».

     

    Il y aurait d’ailleurs aussi beaucoup à dire sur la façon de se mouvoir au milieu des autres, d’évoluer dans le décor anonyme, où l’on se rend compte que tout va de concert avec la manière de se comporter vis à vis d’un autre, comme nous.

     

    Muré, entouré par cette barrière auditive et hostile, l’Homo-Erectus, qu’il soit mâle ou femelle, dans l’avant-dernière étape de son évolution ou plutôt de son isolation, souhaite pourtant communiquer avec la terre entière, les oreilles saturées et les yeux plongés dans le bain luminescent de l’écran de sa tablette ou de son téléphone devenu, semblerait-il, la seule source fiable du pourquoi du comment. Ecouter et voir le monde, certes, mais surtout pas si c’est à moins d’un mètre. Quand à l’ultime étape, le stade final, un devenir plausible pour le bipède, ce sont ses pouces qui semblent avoir remplacé ce que l’on appelait jadis le cerveau…

    Ainsi, pour revenir et finir sur le sujet premier de ce billet, lorsque les communicants et autres refourgueurs de choses inutiles auront tari leurs stocks de cache-oreilles, ils proposeront le mieux du mieux, la solution ultime : La Boite En Carton sur la tête avec laquelle vous pourrez choisir vos ambiances, reproduire votre chambre à coucher, votre salon ou pourquoi pas, le confort absolu d’une forme recroquevillée dans l’utérus de votre maman.

    Mais vous n’êtes pas obligés de me croire…

     

     

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    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Beats, Marshall… Le succès du casque audio décrypté

     

     

     

  • La Trottinette by Hubert

     

     

    Dans la série désormais célèbre « Hubert a des P*bip*ains de problèmes dans la vie », aujourd’hui : La Trottinette.

     

    Je trottine, tu trottines… Nous trottinons… Ils trottinette(nt)…

    C’est en 1916 qu’un brevet est déposé par un inventeur américain du nom d’Arthur Hugo Cecil Gibson, que le constructeur allemand Krupp reprendra à son compte pour produire cet engin en version motorisée de 1919 à 1922. En 1967, Roland Puisset réalise les premières esquisses de ce qui deviendra quarante ans plus tard la trottinette électrique.

    Voilà pour l’histoire…

     

     

     

    Ce petit bidule à roulettes, donc, jusqu’à un présent aléatoire, a toujours été l’apanage des enfants (de 3 à 11 ans… 12… Allez, 13, mais n’y revenez pas…). Avec cette technique consistant à déambuler en se servant du pied pour s’élancer et se propulser sur quelques mètres, l’enfant avait son propre moyen de locomotion, sa manière à lui de signifier à ses parents une certaine autonomie.

    La trottinette ou un bon compromis, avant de passer à la bicyclette, puis au Solex et un jour à la voiture, ultime symbole de liberté mais aussi de fierté masculine… Un phallus à moteur, en quelque sorte.

     

    Mais alors, qu’est-il arrivé, au juste ? Comment est-on parti de la voiture, de la moto ou du vélo, pour se rabougrir à ce point et finir par s’enticher de ce moyen de locomotion aussi désuet que tartignole ?

     

    Sans l’ombre d’un doute, sans un quelconque questionnement philosophique (être ou ne pas être naze…), l’homo Erectus de nos grandes cités, débarrassé de toute dignité et de toutes valeurs intrinsèques, a opté pour le ridicule qui ne tue pas… mais qui ridiculise, en fait.

    Il est cependant vrai que cette atrophie subite du bulbe rachidien se remarque surtout dans les grandes villes. A la campagne, par exemple, on ne verra jamais un cultivateur se rendre à son champ ou à sa grange le matin au chant du coq avec cette, ce… truc… non, non.

    L’émergence (voire le tsunami…) de cette planche à roulettes munie d’un guidon tient aussi sûrement de la boboïsation manifeste (autre grand fléau de nos société occidentales) de nos us et coutumes, avec comme maître-mot de toujours paraître « coooool », « sympaaaaaa » et hyper, super, hyper… Super… Sup… Tout ça, quoi…

    C’est avec les prises de conscience actuelles, de l’écologie au pain au chocolat plutôt que la Chocolatine, en passant par Netflix ou le smoothie, tout cela mélangé au blender chauffant dans les cerveaux de tous ces métro-sexuels barbus en veste trop courte Zadig et Voltaire ou Sandro, et spécialistes en professions liées au digital, que la décision fût prise.

    Voyez-les passer sous votre nez partout dans la rue, sur les pistes cyclables ou autres trottoirs, droits comme des I, fiers comme Artaban, le regard hiératique chaussé de lunettes Tom Ford… Contemplez-les ainsi dans leurs vies, vaquer à leurs activités quotidiennes, toujours entre deux rendez-vous.

    C’est là qu’une petite voix intérieure me chuchote : « napalm, cocktail Molotov, grenade à fragmentation ou juste quelques petites billes… ? ». Non, je dois prendre sur moi et remballer mes pulsions homicides fatwaïesques…

    Aujourd’hui, donc, la trottinette est devenue électrique. Elle se loue, même. Une démocratisation de l’ineptie, comme un besoin collectif de se sentir moins con, puisque tout le monde le fait.

    Vivement l’évolution ultime de ce moyen de transport, avec comme prochaine étape la trottinette collective… Euh… En fait, la brouette… mais électrique.

    Et vous n’êtes pas obligés de me croire…

     

     

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    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Hubert Touzot : Photographe dévoreur d’images

     

     

     

  • Polaroid SX-70, l’appareil photo qui changea le monde

     

     

    En 1972, lors de l’assemblée générale annuelle de la société Polaroid, Edwin Land montait sur scène, sortait un appareil photo de sa poche et prenait cinq clichés en dix secondes… La révolution était en marche.

     

    L’appareil photo en question présenté par Edwin H. Land ce jour de 1972, le Polaroid SX-70, devenait ainsi le tout premier boitier instantané SLR, SLR comme Single-Lens Reflex. En plus d’être le tout premier appareil photo à utiliser l’iconique film instantané Polaroid au désormais célèbre cadre blanc, il sera aussi le tout premier appareil à pouvoir être transporté dans la poche. Tout ça pour dire, c’est à cet « instant » que tout commença, et que l’univers de la photographie connaîtra son ultime révolution, en ouvrant la voie à la démocratisation de la photo, pour aboutir aux modes d’utilisation actuels de l’appareil photo, entre numérique, compact et téléphone mobile.

    Près de 50 ans plus tard, le SX-70 reste un des meilleurs appareils instantanés jamais conçus, et une armée de nostalgiques chevronnés de la photo instantanée ne jurent encore aujourd’hui que par lui. Mais comment les blâmer, tant l’esthétique de cet appareil révolutionnaire reste magique, avec ses finitions chromage métallique ou PVC noir et ses façades en cuir au chic absolu.

    La photographie instantanée est décidément de retour en multipliant toujours plus de déclinaisons du Polaroid SX-70, et attire depuis quelques années des adeptes de plus en plus jeunes.

     

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    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] L’histoire de Polaroid

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  • Et si le sac à main se portait sur la tête ?

     

     

    Dans la série « Hubert a de gros gros problèmes dans la vie », aujourd’hui une question fondamentale est posée : « Et si le sac à main se portait sur la tête ? »

     

    C’est un phénomène culturel et comportemental qui existe depuis l’invention de cet accessoire de maroquinerie, destiné en théorie à la gente féminine. On a tout de suite en tête les années 50-60, avec ces femmes coquettes, façon Mad Men, ou bien ces héroïnes hitchcockiennes qui exhibaient des micro-sacs munis de anses, accrochés à l’avant-bras légèrement infléchi, avec à son extrémité, la main tenant nonchalamment une paire de gants. Ce maintien relevait toute la silhouette, avec la robe coordonnée et le chapeau inclus. C’était structuré, géométrique, sophistiqué, imparable. Autant d’images caractéristiques et surannées que l’on se plaît toujours à revoir aujourd’hui, dans tout ce qui exploite cette époque.

    Depuis quelque temps, soit un demi-siècle plus tard, cette manière désuète de tenir un sac à main que j’appellerais donc pour l’occasion, « Le Porté Main », a refait son apparition. Stupeur et surprise générale. Oui, quoi, pourquoi, comment, pardon, qui ? Nostalgie d’une époque ultra-codifiée, quand la différence entre les femmes et les hommes était donc surlignée à tout point de vue, mimétisme temporel singé ou bêtement réévalué ? Il se trouve que ce qui était anodin, standard dans ces années-là pour les femmes citadines, est réinterprété de nos jours en toute désinvolture, et ce, malgré toute cette eau qui entre-temps a coulé sous nos ponts.

    Je parle de la femme émancipée de cette fin des années soixante, puis de la femme qui avorte, de celle qui prend la pilule, qui travaille, qui vote, de la femme qui divorce et qui n’a donc plus besoin de ce colifichet, ne pouvant contenir de toute façon qu’un tube de rouge à lèvres, un fard à paupière et un micro porte-monnaie. Pour tous ces féministes courroucés, l’objet incriminé est le symbole abject de l’avilissement, de la stigmatisation et l’enfermement de la femme dans le rôle d’une potiche guindée.

    Ce même objet qui pour certains autres messieurs aussi est à jamais indissociable de la femme. Cette femme, qu’ils idéalisent en la conceptualisant jusqu’à l’abstraction, l’alignant parmi d’autres mots clefs de leur propre moteur de recherche. Séduction, coiffure, sein, escarpin, jambe, rouge à lèvres, blonde… Analogie suggestive, fantasmée et fétichiste. Vision définitive de ce que doit être une femme… Ou leur maman ?

    Relayé pendant trois décennies à l’usage exclusif des grand-mères ou de Madame de Fontenay, le sac à main redevient d’un seul coup furieusement tendance courant 2000. Un ou deux panneaux publicitaires plus tard, il suffira d’une happy few aperçue dans la rue avec, pendouillant à son bras, l’un de ces articles de la marque OhLaLaCéboCécher, ainsi qu’un affolement général dans toutes les rédactions des magazines de mode, et Hop La ! Le rouleau compresseur de la fatalité se met en marche. Ce qui est d’abord un désir, une envie, devient caprice puis se change en nécessité, en obligation et enfin, le stade ultime de la névrose, l’obsession morbide, un but dans la vie. Si la Rolex pour le mâle était le signe incontestable de sa réussite (avec gros pénis en option), le sac griffé inabordable en serait l’équivalent pour la femme.

    Mais revenons sur l’attitude et la façon de tenir le dit objet. Mal arboré, cela peut s’avérer désastreux pour celles ou ceux qui tenteraient d’en faire une attitude chic. Premier problème de taille, avec le temps, les sacs à main se sont agrandis tandis que les cerveaux, eux, rétrécissaient. On peut donc à loisir croiser dans les rues des jeunes filles qui semblent s’être jetées avidement sur ce qu’elles ont cru être la nouvelle tendance ou le comble du swagg, sans réfléchir au préalable au le sens même d’une telle démarche.

    Dès que toutes celles qui ont obtenu une longueur de cheveux suffisante et assimilé après un long travail de recherche devant leur miroir les mouvements adéquats pour faire vivre leur double capillaire… ou d’autres encore qui ont appris le maintien, l’élégance et la sobriété en regardant studieusement à la télévision Les Anges Ch’tis de Marseille à Miami, peuvent donc déjà passer à un stade supérieur et s’exercer avec n’importe quel genre de placébo, qu’il soit en plastique, en toile ou autre, petit ou démesuré, en attendant d’avoir un vrai. Elle le laissent ainsi pendre à l’avant-bras toujours infléchi, et à la place de la paire de gants dans la main, désormais, un smartphone dans sa coque protectrice aux mille couleurs de l’arc en ciel.

    Notre époque en est rendue à un tel niveau d’absurdité en tout genre et d’ignorance crasse que sur ce seul exemple du sac à main, il est aisé, par exemple, de voir une jeune fille en survêtement qui, à défaut de posséder un de ces coûteux sacs, n’en exploite que le maintien avec un simple sac en plastique rempli des achats effectués dans un magasin. En province, on dit poche : « je peux avoir une poche pour mettre mes courses, s’il vous plait ?! »… Y en a qui disent aussi pochon… Oui, c’est comme chocolatine, là… Mais bon…

    Cette caricature involontaire où l’on joue à la « madame » a pourtant un avantage évident, celui de muscler le long supinateur, biceps et triceps, avec au bout d’un mois, comme résultat, un bras hypertrophié… (cocasserie). Alors, forcément, à un moment donné, ce phénomène exponentiel va dépasser le cadre fillette-fifille-dadame pour se retrouver aussi chez certains jeunes hommes (oh), envieux sans doute de cette exclusivité féminine. Et là, l’ineptie monte encore d’un cran. Allez, deux…

    Avec le petit Trench ceinturé jusqu’à l’asphyxie, le cheveu court plaqué sur le côté, la silhouette slimmy, les joues creusées et la démarche rapide et saccadée de celui qui n’a pas que cela à faire dans la vie, tous ces vendeurs de grandes enseignes ou de boutiques de luxe, qui ont dégoté tous ces gros sacs en cuir de marque pour une bouchée de pain à des soldes presse ou à des ventes privées, arborent donc leur Prada, Gucci et autres Tom Ford au bout du bras en équerre, abolissant ainsi tout critère de jugement et définitivement toute limite.

    Mais non, il y a sûrement une autre explication, une vérité plus terrible encore. Peut-être qu’ils ne peuvent pas faire autrement parce qu’on les y a tout bonnement obligé. Qui ? Eh bien ces malfaisants qui retiennent leur mère en otage, avec comme seule condition pour leur remise en liberté l’obligation de porter dans la rue, à la vue de tous et de sotte façon, un gros sac à main encombrant, sachant que s’ils ne coopèrent pas, les mamans seront torturées, violées puis exécutées de la pire manière (l’ordre de cette horrible description peut être bien entendu inversé).

    Petit rappel sur l’évolution de l’aspect de cet ustensile sur trois décennies, ainsi que son déplacement géographique sur le corps de son ou sa propriétaire. Tout d’abord, les années 80, avec le sac à dos qui comme son nom l’indique, se positionne… Et oui sur le dos. Dans les années 90, il va se porter en bandoulière et migre alors sur le devant du corps ou sur le côté. Il est communément appelé DJ Bag dans le Marais (à Paris) et Besace (à Saint-Cloud)… Pouvions-nous imaginer que dans les années 2000, ce sac finirait son périple anatomique pendu de manière aussi saugrenue au bout des avant-bras ? « NOOOOON !!! » (foule en colère ralliée à ma cause). Quoi qu’il en soit, on sait maintenant que le ridicule ne tue pas, car si c’était vrai, cela ferait belle lurette que la terre serait devenue un vaste désert.

    Il resterait bien une dernière possibilité pour porter son cabas, sa gibecière, son bagage, son sacotin ou que sais-je encore… Mais je ne suis pas sûr de pouvoir le dire. Allez d’accord, si vous insistez… Là, maintenant, en avant-première, pour peut-être une prochaine mouvance, une nouvelle attitude cool à adopter, une façon, « La Façon » qui ferait que, Ah oui, c’est ça ! Le porter… sur la tête ! Bah, c’est une technique que j’ai en fait chipée à ces femmes ou à ces hommes qui dans certains pays du monde transportent de l’eau ou des choses lourdes ainsi. Un moyen traditionnel, immuable et efficace qui offre paradoxalement à celle ou celui qui l’utilise, une silhouette particulière, une allure altière et gracieuse.

    Imaginez ce spectacle dans les rues de nos villes, femmes et hommes avec leurs vies sur la tête, leurs nécessités, leur but. Et enfin, l’élégance…

     

     

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    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Dévoreur Hubertouzot

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Hubert Touzot : Photographe dévoreur d’images

     

     

     

  • H&M : Close the Loop

     

     

    Engagée depuis plusieurs années dans une mode éthique avec sa ligne « Conscious », la marque H&M continue sur sa lancée et propose désormais des vêtements recyclés avec sa nouvelle collection « Close The Loop ».

     

    La nouvelle bonne résolution d’H&M : « boucler la boucle de ses textiles ». L’enseigne, qui collecte déjà depuis 2013 des vieux vêtements afin de les recycler, prolonge son engagement en s’inscrivant dans une mode éthique et durable. La marque suédoise propose aujourd’hui « Close The Loop », une collection entièrement réalisée à base de coton et laine recyclés.

    Jeans, chemises, sweatshirts, vestes et T-shirts sont confectionnés à partir des textiles qui ont été rapportés dans les magasins. Les enjeux ? Réduire l’impact environnemental de l’industrie de la mode, en limitant les déchets textiles qui finissent dans les décharges. Un pari réussi avec ces pièces en denim pour hommes, femmes et enfants. Composée de toutes les tendances (jean à bords asymétriques, skinny noir, blouson bomber et hoodie oversize), cette collection prouve que vêtements recyclés peuvent rimer avec tenue stylée.

    H&M nous a depuis très longtemps habitués à des communications très mode avec des stars très glam. Ici la marque ne déroge pas à la règle, mais nous livre un discours légèrement différent : un film sous forme de manifeste qui partage des valeurs anti-diktats. Et au passage on échange Beyoncé contre Iggy Pop, ce qui ne manque pas d’une certaine classe.

     

     

     

    Eh oui, c’est qu’en l’occurrence H&M parle de sa collection éco-responsable : « Close The Loop ». Fondée sur une filière recyclage mise en place dans ses boutiques depuis 2013, « Close The Loop » propose des vêtements conçus à base d’au moins 20% de coton recyclé et jusqu’à 80% de textile biologique. Certes, 20% c’est encore peu, mais dans la mesure où c’est H&M qui a fortement contribué à rendre la mode à ce point jetable, l’initiative paraît surtout inévitable. Allez, ne soyons pas cyniques et espérons que dans le futur cela puisse devenir une norme.

    Quoiqu’il en soit, H&M respecte ici la sacro-sainte règle qui prévaut en matière de démarche RSE : penser responsable, agir concrètement, dans la durée, et en évitant toute prise de parole précipitée qui pourrait être taxée de greenwashing. Puis, quand l’initiative est établie, récolter les lauriers…

     

    Article par Emeline Blanc © Glamour Paris & © Couscous Royal

     

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  • Serena Williams tombe le haut pour la prévention du cancer du sein

     

     

    A l’occasion du lancement d’Octobre Rose, la championne de tennis Serena Williams s’engage dans le combat pour la prévention du cancer du sein avec un clip.

     

    La « Médaille du Jour » de Radio France est décernée à une joueuse de tennis qui enlève le haut, pour la bonne cause. Et pas n’importe quelle joueuse, en l’occurence, mais « La Joueuse », la star du tennis mondial Serena Williams. L’Américaine a posté une vidéo sur son compte Instagram dimanche 30 septembre, qui a déjà été vue par plus de deux millions de personnes. On y voit le visage de Serena en gros plan. Puis la caméra dézoome et dévoile le buste de la star du tennis nue, la poitrine cachée par ses mains.

    Il ne s’agit pas d’une pub ou d’une quelconque opération commerciale. Si elle l’a fait, c’est en fait pour promouvoir le dépistage du cancer du sein, à l’occasion du lancement d’Octobre Rose 2018. « Un sujet qui concerne toutes les femmes, de toutes les couleurs, partout dans le monde », dit-elle. Rien qu’en France, ce sont plus de 54.000 nouveaux cas chaque année, et près de 12.000 décès. Et Serena Williams ne fait pas que poser sur cette vidéo, elle chante aussi…

     

    https://www.instagram.com/p/BoUJN25na2Y/?utm_source=ig_web_button_share_sheet

     

     

    « Oui, cela m’a demandé un effort, mais je l’ai fait parce que c’est un sujet qui concerne toutes les femmes, de toutes les couleurs, de partout dans le monde. Le dépistage précoce est crucial. Il sauve tant de vies. »

     

    La chanson, « I Touch Myself », « Je me touche » en français, a été écrite par la chanteuse des Divynils, Chrissy Amphlett. Cette Australienne est morte d’un cancer du sein à 53 ans, en 2013. Voilà pourquoi Serena Williams entonne cette chanson en soutien à l’organisation Breast Cancer Network Australia et pour lancer Octobre Rose, le mois du dépistage du cancer du sein.

    Check it out… And let’s kill that fuckin’ beast !

     

     

     

  • Comment Instant City préfigurait dès 1968 notre société actuelle

     

     

    Projet de ville nomade, Instant City marque l’aboutissement d’une démarche d’aporie architecturale initiée par le collectif anglais Archigram avec « Plug-in-City » en 1964. L’architecture disparaît, laissant place à l’image, l’événement, l’audiovisuel, ainsi qu’aux gadgets et autres simulateurs environnementaux.

     

    Instant City développe l’idée d’une « métropole itinérante », un package qui s’infiltre provisoirement au sein d’une communauté. Cette ville superpose, « le temps d’un instant », de nouveaux espaces de communication à une ville existante : un environnement audiovisuel (des mots et des images projetés sur des écrans suspendus) s’associe à des objets mobiles (ballons dirigeables avec des tentes suspendues, capsules, mobile-homes) ainsi qu’à des objets technologiques (grues à portique, raffineries, robots), pour créer une ville de consommation d’informations, destinée à une population en mouvement.

    Première étape d’un réseau d’information, d’éducation, de loisirs et d’équipements, Instant City est raccordée (« Plugged-In ») aux secteurs périphériques entourant une métropole par une flotte de véhicules tout-terrain et d’hélicoptères. Ainsi, la communauté locale est intégrée dans la communauté métropolitaine. Cette idée d’infiltration vise alors à être complémentaire, plutôt qu’étrangère, aux communautés qui sont visitées. Par la suite, les véhicules seront transformés en dirigeables.

     

    Instant City est une ville instantanée qui s’installe sur un site, crée un événement pour ensuite disparaître, signifiant ainsi que l’architecture peut ne pas être uniquement que construction et n’être à l’inverse qu’événement, en tant qu’action dans le temps présent.

     

    Mais Instant City est aussi l’une des premières architectures de réseau, 25 ans avant Internet : réseau d’informations, flux, vecteur, rassemblant des fragments urbains dispersés. Elle est un scénario qui, une fois mis en acte, est soumis à une réécriture, celle de tous ses habitants qui vont l’animer. Instant City n’a donc aucune forme fixe, aucun préalable. Elle témoigne d’une représentation impossible, celle d’une ville qui n’a pas d’existence en soi, qui n’est qu’un incident dans le temps et dans l’espace.

    Dialectique entre permanent et transitoire, mobile et éphémère, Instant City incarne l’utopie d’une architecture libérée de tout ancrage, d’une ville volante, aérienne, et transforme l’architecture en situation, en environnement réactif. L’architecture s’y offre à la fois comme objet de consommation et création d’un environnement artificiel.

    Archigram, association des termes architecture et télégramme, est à l’origine une revue d’architecture avant-gardiste britannique des années 1960. La revue, dont neuf numéros sortiront de 1961 à 1974, est initiée par six architectes, Peter Cook, David Greene, Mike Webb, Ron Herron, Warren Chalk et Dennis Crompton. Leur principale inspiration vient d’un projet de décor de film de Cedric Price, « Fun Palace » (1960-1961).

    Le collectif dominera l’architecture radicale des décennies 1960 et 1970. Influencé par les utopies urbaines de la première moitié du XXème siècle, il cherche à renouveler l’architecture et l’urbanisme.

    La forte iconographie d’Archigram puise dans la science-fiction et la BD, ouvrant ainsi l’architecture et les concepts environnementaux à la culture pop naissante.

     

    Il y a cinquante ans, Archigram et leur concept architectural « Instant City » reposant sur la mobilité et la « déterritorialisation », en réaction à la société de consommation naissante et à la modification profonde des modes de vie, préfigurait de façon étonnante ce que serait la société d’aujourd’hui, fondée sur l’itinérance, l’image, l’audiovisuel et la technologie.

     

    La nouvelle Instant City se veut ainsi la suite logique du concept originel, en s’adaptant aux exigences et évolutions de la société actuelle, en particulier technologiques. Internet, smartphones ou tablettes permettent mobilité et accessibilité. Aujourd’hui, on peut mener à bien un projet en collaboration avec quelqu’un vivant à l’autre bout du monde.

     

     

     

    01. Instant City, Before IC, a Sleeping Town, 1969 – Airship Sequence of Effect on an English Town
    Dessin encre sur calque 32.2 x 46 cm (998 01 72) © Philippe Magnon

    02. Instant City, Descent, 1969 – Airship Sequence of Effect on an English Town
    Dessin encre sur calque 32.2 x 46 cm (998 02 72) © Philippe Magnon

    03. Instant City, Event, 1969 – Airship Sequence of Effect on an English Town
    Dessin encre sur calque 32.2 x 46 cm (998 03 72) © Philippe Magnon

    04. Instant City, Highest Intensity, 1969 – Airship Sequence of Effect on an English Town
    Dessin encre sur calque 32.2 x 46 cm (998 04 72) © Philippe Magnon

    05. Instant City, Infiltration, 1969 – Airship Sequence of Effect on an English Town
    Dessin encre sur calque 32.2 x 46 cm (998 05 72) © Philippe Magnon

    06. Instant City, Network, Takes Over, 1969 – Airship Sequence of Effect on an English Town
    Dessin encre sur calque 32.2 x 46 cm (998 06 72) © Philippe Magnon

    07. Dirigeable Instant City M3, 1969 
    Dessin Photomontage 55.5 x 85 cm (998 01 74) © Philippe Magnon

    08. Airship « Zeppelin » Model, 1969 
    Installation plastique, tissu synthétique, métal, peinture & papier 60 x 190 x 60 cm (998 01 68) © Philippe Magnon

    09. Instant City Visits Bournemouth, 1968 
    Dessin Photomontage 23 x 34.5 cm (998 01 71) © Philippe Magnon

    10. Instant City in a Field Long Elevation Part 1, 1969 
    Sérigraphie encre sur papier 56.5 x 220 cm (998 01 69) © Philippe Magnon

    11. Instant City in a Field Long Elevation Part 2, 1969 
    Sérigraphie encre sur papier 56.5 x 220 cm (998 01 69) © Philippe Magnon

    12. Instant City Rupert IC 2, 1969 
    Dessin encre sur calque 45.5 x 57 cm (998 01 73) © Philippe Magnon

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] La Collection Peter Crook à découvrir à La Frac Centre-Loire (Orléans)

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Archigram at Index Grafik

     

     

     

  • Lettre au grand Jacques

     

     

    « La mort, ce n’est désagréable que pour ceux qui restent… »

     

    Mon grand Jacques, voilà, tu t’en es allé. Tu as fini par partir, et probablement sans te retourner. Trop fier, peut-être, mais aussi trop sensible et modeste pour ne pas nous quitter, comme ça, l’air de rien, sur la pointe des pieds. C’est à peine si on ne t’a pas entendu siffler nonchalamment, pour nous faire croire que tu étais encore là. Alors, puisque tu ne t’es pas retourné, je le ferai à ta place, si tu me le permets.

    Car, pour moi, tu étais le dernier saltimbanque, de cette lignée d’artistes qui symbolisait tant la France d’avant, depuis Charles Trenet, que tu aimais tant, à Yves Simon et Georges Moustaki, en passant par Edith Piaf, Serge Gainsbourg, Leo Ferré ou Boris Vian. Je sais bien que tu tiquerais de m’entendre dire ça, alors que tu n’as finalement jamais été en décalage avec le monde dans lequel tu évoluais.

    Non, ce que je veux dire, c’est que tu as accompagné les changements du monde, le corps dedans et l’esprit ailleurs. Ailleurs comme au dessus, avec recul, distance et empathie. Mais toujours les pieds bien ancrés dans son temps, le grand Jacques…

     

    « Tu t’es passé

    Aux écouteurs

    Ce truc d’Higelin,

    Remember… »

     

    [arve url= »https://www.franceinter.fr/embed/player/aod/5cfe10be-e80c-44d0-8dab-38d072a8d7f9″ align= »center » title= »L’enfance de Jacques Higelin » maxwidth= »900″ aspect_ratio= »21:3″ /]

     

    Tu es né avec la guerre. De ton enfance, tu as gardé cet amour charnel de la musique, et du jazz en particulier. Comme ton alsacien de père, cheminot et musicien, te l’a inculqué, tu en feras de même plus tard avec tes propres enfants. A l’âge de 14 ans, tu passeras même une audition au Théâtre des Trois Baudets avec un autre grand Jacques, Canetti, qui remarquera ton talent précoce, mais qui ne te retiendra finalement pas du fait de ton jeune âge, tout en te donnant rendez-vous « dans dix ans ».

     

    « Môme, je voyais La Nouvelle-Orléans en rêve, par la musique. Je remontais le ressort du phonographe et je m’allongeais très vite pour pas rater le début. Crrr, crrr, je fermais les yeux… Et là, je recevais des images pendant trois minutes, des musiciens en train de jouer, les bars enfumés, les rues, les enseignes. Je me repassais toujours les mêmes 78 tours parce que je voulais VOIR. Ça me bouleversait parce que j’avais l’impression de faire un super saut dans le temps. »  (Interview donnée à Libération le 17.02.2010)

     

    Alors, comme Jacques Canetti t’avait donné rendez-vous dans dix ans, c’est vers le Cours Simon et l’Art Dramatique que tu te tournes à 16 ans. Ton premier petit rôle au cinéma, tu l’obtiens en 1959 avec « Nathalie Agent Secret ». En plus de 50 ans, à ton corps défendant, tu ne quitteras jamais vraiment le cinoche, avec une trentaine de films au compteur, quelques productions télé et diverses pièces de théâtre.

    Mais à ton retour de l’armée en 1962, tu prends les deux décisions les plus importantes de toute ta vie : tu ne veux plus être comédien et tu seras musicien. Tu retrouves le guitariste Henri Crolla, fils adoptif virtuel de Jacques Prévert et Paul Grimault, frère de rue de Mouloudji et accompagnateur d’Yves Montand, que tu avais connu en 1959 sur le tournage du film « Saint-Tropez Blues ». C’est Henri qui t’avait initié à la guitare avant l’armée…

    De ta correspondance avec la comédienne Irène Lhomme avec qui tu as joué sur le film d’Henri Fabiani, « Le bonheur est pour demain », tu as gardé le goût des mots, que tu cultives désormais en écrivant tes propres chansons. « Chanter une chanson, c’est raconter une petite histoire de trois minutes ».

    En 1962, tu deviens donc guitariste… Commence alors pour toi ton lent apprentissage du métier. Tu traînes les cafés-théâtres, tu te cherches mais tu n’oses pas encore chanter tes propres textes. Moustaki te prend sous son aile et tu vas l’accompagner sur ses tours de chant pendant quelque temps. Malgré les bonnes résolutions prises à ton retour de l’armée, tu referas tout de même quelques crochets par le cinéma, en particulier avec « Bébert et l’Omnibus » d’Yves Robert en 1963. « Faut bien bouffer… ». Tu n’as pas à te justifier, il était pas mal, ce film.

     

    « Il faut dire que Jacques a une silhouette assez romantique. Avec ses grands manteaux, ses cheveux un peu en bataille. En France, on avait cette nostalgie de Gérard Philippe, mort trop jeune. Tous ces rôles, Le Prince de Hambourg, Caligula, servis par cette figure magnifique d’acteur, voulant faire la révolution, avec cette volonté de rendre accessible le théâtre au plus grand nombre et toucher tous ces gens qui n’y vont jamais… Il y avait une parenté entre le jeune Higelin et Gérard Philippe… » (Rufus)

     

    Et là, comme quoi le destin est parfois écrit, tu retrouves par hasard Jacques Canetti en 1964, précisément dix ans après votre première rencontre… Comme convenu… Canetti travaille sur la première anthologie discographique des chansons de Boris Vian, « Boris Vian 100 Chansons », et il te propose d’enregistrer sept chansons de l’artiste aux mille facettes, dont certaines alors inédites. Tu mets même un texte de Vian en musique : « Je Rêve ». Ce titre sera d’ailleurs ton tout premier enregistrement en tant que compositeur interprète, et tu figureras sur cette anthologie aux côtés de Serge Reggiani, Pierre Brasseur, Catherine Sauvage, Cécile Vassort, Philippe Clay ou encore Lucienne Vernay. Excusez du peu…

     

    « C’est un disque qui est réalisé dans une allégresse folle. Je m’en souviens très bien car j’étais présente aux enregistrements, même si j’étais encore petite. Jacques Higelin était déjà extraordinaire. Il était gai, talentueux, avec cette folie en lui, cette gentillesse et cette tendresse qui le caractérisaient. Mais parmi toutes les qualités qu’on reconnaît à Higelin, on en oublie souvent une, et de taille : c’est un très grand musicien. Le disque paraît, dans une édition somptueuse, mais ne marche pas du tout… » (Françoise Canetti, la fille de Jacques)

     

    Jacques Canetti te présente alors le parolier Marc Moro, alias « Mac Ormor », et t’encourage à te lancer dans le grand bain. Ensemble, vous faites « Priez pour Saint-Germain-des-Prés ». C’est aussi à cette époque que tu rencontres des artistes qui deviendront pour la plupart de vieux compagnons de route : Marc’O, RufusBulle Ogier, Jean-Pierre Kalfon, Georges MoustakiAreski Belkacem et bien-sûr celle qu’on prendra pendant si longtemps pour ta soeur, Brigitte Fontaine.

    En 1966, tu tombes raide dingue de Nicole Courtois, ta Nini, avec qui tu auras ton premier enfant, le petit Arthur. Il en aura fait du chemin, le p’tit Arthur, entre ses premiers pas dans la chanson en 1971 avec son « petit tambour du roi » sur ton album « Jacques Crabouif Higelin » et aujourd’hui…

    Avec Brigitte Fontaine et Rufus, à La Vieille-Grille puis au Théâtre des Champs-Élysées, tu crées la pièce « Maman j’ai peur » qui obtient un succès critique et public si important qu’elle restera plus de deux saisons à l’affiche à Paris et donnera lieu à une tournée européenne.

     

     

    Je fais ta connaissance en 1977, avec le film de Gérard Pirès sorti en 1973, « Elle court, elle court la banlieue ». Bon, faut dire ce qui est, pas forcément un chef d’oeuvre… Mais ce petit film sans prétention a toujours gardé une place particulière dans mon coeur. On venait tout juste de rentrer d’Afrique, et ce long-métrage dépeignait la vie à Paris, si étonnante pour de petits sauvages comme nous, et cette banlieue, fantasmée, empreinte de modernité, Orly, le périphérique (récemment ouvert et déjà bouché), Fip Radio, tout ça, quoi…

    En 1973, le « Métro-Boulot-Dodo » commençait ainsi sa carrière de leitmotiv à la mode. Une étude sociologique servit de point de départ et d’alibi scientifique au film, illustration légère et enlevée de l’odyssée urbaine de millions de Parisiens et de banlieusards.

    Au pas de charge aller-retour, Gérard Pirès (le futur réalisateur de Taxi) poursuivait les trépidantes cohortes des heures de pointe. Fort malicieusement, la satire sociale chatouille là où ça fait mal, mais sait s’arrêter aux limites de la fantaisie et de la farce vaudevillesque (Victor Lanoux s’attaquant à son rival au moyen d’un véhicule de chantier). Avec Marthe Keller, vous rivalisiez de jeunesse et de charme dans ce petit film joyeux, baigné de musique pop, sympathique instantané d’une époque qui semble aujourd’hui si lointaine.

     

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    Et puis, je commence à découvrir le musicien. Et quel musicien… Tu te tournes résolument vers le rock avec les albums « BBH 75 » puis « Irradié », auquel participe Louis Bertignac, futur guitariste de Téléphone. Avec l’album « Alertez les bébés ! » où alternent compositions rock et chansons, tu reçois d’ailleurs le prix de l’académie Charles-Cros. Quand même…

    Tu deviens alors, dans les années qui suivent, un des chanteurs rock parmi les plus populaires de France, notamment grâce à des prestations scéniques où tu donnes beaucoup de ta personne, dans une débauche d’énergie communicative avec le public. « No Man’s Land », avec « Pars » (ton premier tube en 1977), le double album « Champagne et Caviar » (initialement sorti en deux albums simples : « Champagne pour tout le monde » et « Caviar pour les autres… »), et l’album en public « Higelin à Mogador », font de toi l’égal de Bernard Lavilliers ou de Téléphone.

     

    « À l’époque, les choses étaient bloquées pour moi, je tournais en rond, ça n’allait pas. Alors j’ai pris une mitrailleuse […] Nous avions le sentiment d’être des perdants magnifiques, véhiculant un esprit combatif, une classe sauvage. J’étais une lame de couteau. »

     

    Dans les années 80, je te découvre aussi sur scène, et là, quelle claque… De l’intimiste Cirque d’Hiver en 1981, « un endroit qu’on peut prendre comme ça et serrer sur son coeur », à la démesure de Bercy en 1985, tu marques définitivement l’histoire de ton empreinte d’incroyable musicien et d’immense showman. On te voit et on t’entend partout, sur disque, en concert, chez les Carpentier, avec une programmation quelque peu inhabituelle pour l’émission, et toujours un peu au cinéma.

     

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    Pour graver dans la cire l’incroyable aventure de Bercy à l’automne 1985, tu sors ton triple album « Higelin à Bercy » et tu resteras un mois à l’affiche de cette salle immense, inaugurée l’année précédente. Tu chantes dans un décor de cinéma, avec scènes tournantes, plateaux mobiles, effets multiples, arrivée des musiciens en jeep ou en moto…

    Après le rock, c’est la world music qui pénètre ton monde, toi qui aimais tellement l’Afrique : tu invites Mory Kanté et Youssou N’Dour à venir t’accompagner, eux qui étaient encore complètement inconnus du grand public. Un soir, même, Barbara et Gérard Depardieu (en pleine préparation de leur spectacle commun, « Lily Passion ») te rejoignent également sur scène. Quel souvenir, mon Jacques…

     

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    « Je lis plus les journaux alors j’ai peur de rien, la télé, la radio, c’est du mou de veau pour les chiens. »

     

    Ah oui, je voulais aussi te dire que jamais je ne pourrais te reprocher tes prises de position ou tes engagements, que je n’ai pas toujours partagés, j’avoue, car toi, contrairement à beaucoup d’autres, tu l’as toujours fait avec sincérité, honnêteté et naïveté. C’est important, la naïveté. Comme disait Bashung – lui aussi, tu l’aimais bien : « Etre naïf, c’est être novateur, parce qu’il faut être vraiment naïf pour découvrir autre chose ». Et finalement, je tombe toujours d’accord avec toi…

     

    Désolé, mon grand Jacques, mais il m’aura fallu un peu de temps pour réaliser qu’avec toi disparaissait notre enfance… J’espère juste que tu seras parti fier du chemin accompli depuis tes premiers pas à Chelles, et de ce que tu auras transmis à tes enfants. So long, mon grand Jacques…

     

    © AFP / Olivier Laban-Mattei

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour Aller Plus Loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Jacques Higelin Wikipedia

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Jacques, Jacques Higelin

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Interview de Jacques Higelin à Libération en 2010

     

     

     

  • Canicule, cette petite chienne qui nous éprouve…

     

     

    Une vague de chaleur s’abat actuellement sur l’Europe. À Paris, la température atteint régulièrement les 36 degrés. La canicule est donc au rendez-vous. Mais d’où vient son nom ? 

     

    Les beaux jours sont synonymes de soleil, glaces sucrées et vilains coups de soleil. En revanche, ce que nous vivons actuellement en Europe, désigné communément par le terme de « Canicule », représente un phénomène exceptionnel, mais qui devrait l’être de moins en moins, si on s’en tient à ce que nous prédisent les spécialistes du climat.

    Cruelle, la « Canicule » n’épargne personne et nous la redoutons tous. Certains gestes sont essentiels pour la supporter. S’hydrater régulièrement, porter des vêtements amples et légers, se reposer… Mais peut-être est-ce aussi l’occasion de s’interroger sur l’origine du nom qui désigne ce phénomène.

    Peut-être l’avez-vous remarqué, le terme « Canicule » a comme base le mot latin « Canis », signifiant « chien ». Et comme l’indique le Trésor de la Langue française, « Canicula » n’est autre que le diminutif féminin de « Canis », soit « petite chienne ». Alors quel rapport établir entre cette éprouvante période de chaleur qui s’abat actuellement sur l’Europe et l’animal réputé meilleur ami de l’Homme ?

    « Canicula » désignait chez les Anciens la plus brillante des étoiles fixes, étoile principale de la constellation du Grand Chien et située à plus de huit années-lumière de la Terre. Mais elle est également la cinquième étoile par ordre de distance au Soleil. Et cela a toute son importance… Toujours selon le Trésor de la Langue française, dès l’Antiquité, les Anciens ont observé que l’étoile centrale de notre système solaire se levait et se couchait avec la constellation du Grand Chien, entre le 22 juillet et le 23 août. Période de l’année pendant laquelle surviennent généralement les fortes chaleurs…

    L’étoile Canicula est aujourd’hui connue sous le nom de « Sirius » (Alpha Canis Majoris) qui vient du Grec « Seirius » , signifiant « brûlant », « ardent ». Comme souvent, les noms des constellations, des planètes ou des corps célestes de notre univers sont en lien avec le divin. Ainsi, Sirius est le nom du chien d’Orion, un célèbre et beau chasseur de la mythologie grecque. La mythologie égyptienne, quant à elle, associerait l’étoile Sirius à Anubis, le dieu des Morts, au corps d’homme et à la tête de chacal.

     

    Source : Claire Conruyt pour Le Figaro