Catégorie : Musique

  • Gregorio Allegri : Miserere Mei, Deus

     

     

    C’est une prouesse digne du génie qu’il était : alors qu’il n’avait que 14 ans, Mozart entendit le « Miserere » d’Allegri, œuvre dont le Vatican interdisait la retranscription, et la reporta sur une partition… de mémoire. C’est ainsi qu’il est parvenu jusqu’à nous aujourd’hui.

     

    Le musicien Gregorio Allegri, prêtre et ténor de la chapelle pontificale, écrivit une œuvre sublime, le « Miserere », autour de 1638. Le Vatican, souhaitant s’en réserver l’exclusivité, en conserva le manuscrit, tout en en défendant la reproduction et l’exécution à l’extérieur de la divine enceinte.

    En 1770, soit près de 150 ans plus tard, le jeune Wolfgang Amadeus Mozart effectuait, en compagnie de son père, son premier périple en Europe. Se trouvant à Rome, ils se rendirent tous deux, un soir, à la Chapelle Sixtine pour y écouter l’œuvre. En rentrant à leur pension, Léopold, le père, s’extasiait devant ce qu’il venait d’entendre, et se lamentait dans le même temps : « Qu’il est dommage qu’une œuvre aussi belle ne puisse être jouée hors du Vatican ! ». Son fils lui répondit : « Mais si, père, c’est possible ! ». Le soir même, Wolfgang Amadeus Mozart couchait sur le papier, de tête, la partition du Miserere d’Allegri, œuvre à neuf voix pour deux chœurs.

    Il l’avait entendue une fois, et la connaissait par cœur… Donc, si vous aussi, vous en sentez le courage, allez, c’est parti, vous avez une nuit pour me retranscrire tout ça !

     

     

     

    Et en cadeau, une version du « Miserere » enregistrée en public le 14 octobre 2012 au Muziekgebouw d’Amsterdam, lors du 75ème anniversaire du Nederlands Kamerkoor.

    Dirigé par Risto Joost
    Solistes : Heleen Koele (soprano), Annet Lans (soprano), Dorien Lievers (alto), Kees Jan de Koning (basse/bariton)
    Choeur : Nederlands Kamerkoor

    Image / Edition : Ovamus Creative Productions
    Son : A-A-Audio

    Camera : Onno van Ameijde, Steven van Eck, Marco Schürmann
    Filmé avec 2x Sony FS100 (kit lens), 1x Sony FS700 (metabones + Canon L series 70-200mm II)

    © 2012 all rights reserved

     

    [arve url= »https://vimeo.com/62321724″ align= »center » maxwidth= »900″ /]

     

     

     

  • Chorus, ainsi soit-il…

     

     

    En 1978, alors qu’il n’y a plus d’émission rock à la télé française et que l’on vit la fin du mouvement Punk, Antoine de Caunes lance « Chorus », un concept simple : de la musique live, jouée sur scène devant un public. 

     

    Introduite par un générique réalisé par Bazooka, un collectif de graphistes anti-conformistes, Chorus incarne donc le rock, la fin du punk et les débuts de la new wave à la télévision française. Diffusée chaque dimanche sur Antenne 2, après la messe dominicale, de septembre 1978 à juin 1981, Chorus compose durant près de trois ans avec les plus grands noms de la scène internationale, du post punk et de la new wave ! Le concept épuré de l’émission rompt avec la courte tradition du rock à la télévision. Depuis le début des années 70 avec « Pop 2 », émission où le discours des rock critics est omniprésent, puis « Rockenstock » en 1972 et « Juke Box » en 1975, l’esprit de sérieux guettait déjà le rock. Chorus contre-balance ce côté intellectuel du rock avec une volonté de dérision assumée.

    C’est dans cette forme de simplicité qu’Antoine de Caunes va dépasser le statut de jeune sensation de saison et installer les fondations du « performer » télévisuel que l’on a connu par la suite avec « Les Enfants du Rock », « Rapido » ou « Nulle Part Ailleurs ». Son talent indéniable, sa jeunesse et son apparence plutôt propre sur lui, confèrent à Antoine de Caunes une certaine liberté pour faire passer sur la scène du Théâtre de l’Empire ou celle du Palace un subtil cocktail d’artistes encore classés à l’époque dans la sous-culture et d’artistes dont la renommée est déjà frémissante.

    Quatre décennies plus tard, alors que cette émission est entrée dans le cercle des programmes cultes, l’Ina a rassemblé pour le plus grand plaisir des yeux et des oreilles les meilleurs moments live de Chorus.

    En 2010, Antoine de Caunes revient sur le concert donné par le groupe de rock britannique Police, sur la scène du Théâtre de l’Empire, à Paris, enregistré pour « Chorus » et diffusé sur Antenne 2 le 23 décembre 1979.

    A redécouvrir d’urgence…

     

    [youtube id= »gmLrrdSP9pg » align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

     

    instant-city-chorus-dvd

     

     

     

  • Premiers souvenirs du p’tit Lucien…

     

     

    « Ma mère était une sainte, et elle l’est toujours. Elle eut trois enfants, dont deux jumeaux. Dont moi… Tout gamin, j’échafaudais des projets magnifiques. Je pensais à la peinture, à la musique, à l’architecture, à la sculpture… Et à la poésie…

     

    Mon passé ne m’a rien appris sinon que le seul moyen de conserver la vie était de la laisser aller à la dérive et de voir ce qui se passerait.

    J’ai perdu mon père il y a quelques années. Il est toujours vivant dans ma mémoire. J’avais six mois, je pense, quand j’entendais Rapsody In Blue. Il était pianiste de boîte de nuit. Après, j’ai entendu durant une quinzaine d’années tous les jours cette rapsodie. Bon, ici, 1935, 36, mes souvenirs chavirent, mais mon père est toujours là.

    Joseph Ginsburg, marié à Brucha Goda Besman, donnent naissance en 1928, à un petit garçon qu’ils appellent Lucien. Lucien Ginsburg, devenu Serge Gainsbourg, justement par ce voyage initiatique. Nous sommes ici au 11bis de la rue Chaptal, et je passe la porte. En 1935, juste à côté de l’école des filles se trouve, ici prémonition de la guerre, on dirait bazooka, se trouve donc, disais-je, la porte de l’école maternelle que j’ai franchie à l’âge de 5 ou 6 ans. Et comme une prémonition, flash forward, à côté de cette école maternelle se tenait la Société des Auteurs Compositeurs et Editeurs de Musique. Le bas relief date de 1937, 38, je pense… 37, je crois. Il y avait Beethoven qui me narguait de la hauteur de son génie. Et puis, et puis ici s’ouvraient… Mes fantasmes.

    J’étais un assez bon élève à l’école communale…

    L’orchestre jouait un brillant tango
    Dans ses bras il tenait sa belle
    Moi, sur la table, j’ai pris un couteau
    Et ma vengeance fut cruelle

    Oui, j’étais grise,
    j’ai fait une bêtise
    J’ai tué mon gigolo
    Devant les copines
    comme une coquine
    Dans le coeur j’y ai mis mon couteau…

    Voilà… C’est Fréhel qui chantait ça. Je n’ai pas chanté ça gratuitement. Nous sommes toujours rue Chaptal, et j’avais reçu la croix d’honneur, parce que j’étais bon élève, et Fréhel m’invita dans ce café. Je me souviens très bien, 1938. Diabolo grenadine. Elle, elle était au rouge. Et voilà le trottoir que je prenais Rue Henner jusqu’à la rue Paul Escudier, en patins à roulettes… »

     

     

    [ultimate_google_map width= »100% » height= »300px » map_type= »ROADMAP » lat= »48.880962″ lng= »2.333804″ zoom= »15″ scrollwheel= » » infowindow_open= »infowindow_open_value » marker_icon= »default » streetviewcontrol= »false » maptypecontrol= »false » pancontrol= »false » zoomcontrol= »false » zoomcontrolsize= »SMALL » top_margin= »page_margin_top » map_override= »0″][/ultimate_google_map]

     

     

     

  • OnStage | B.B. King

     

     

    Le dernier King of Blues nous quittait le 14 mai 2015, à l’âge de 89 ans. Après Freddie King en 1976 et Albert King en 1992, c’était au tour de B.B. King de tirer sa révérence.

     

    Nous retrouvons donc B.B. King en 2010, dans le cadre du Crossroads Festival, organisé au Toyota Park à Bridgeview, IL (en banlieue de Chicago).

    Réunie sur scène, au service de « Blues Boy » et Lucille, qui ne l’aura jamais quitté jusqu’à la fin, pour célébrer le blues, une sacrée brochette de musiciens : Eric ClaptonRobert CrayJimmie Vaughan et d’autres, pour une reprise dantesque de « The Thrill Is Gone ».

     

    « I’m free now, baby, I’m free from your spell… »

    [vimeo id= »155603649″ align= »center » mode= »normal » autoplay= »no » maxwidth= »900″]

     

    Et nous passerons ensuite un moment en compagnie du King, qui nous racontait en 2012 l’histoire du meilleur repas de toute sa longue vie…

     

    « Anyone asking me for food, I would never, ever deny them… »

    [vimeo id= »48616080″ align= »center » mode= »normal » autoplay= »no » maxwidth= »900″]

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] BB King Museum

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] BB King Official

     

     

     

  • La Légende de Marley

     

     

    Bob Marley fut un artiste engagé, et trente-sept ans après sa mort, le roi du reggae reste le représentant incontesté de la musique du tiers-monde, mais aussi le symbole de l’émancipation de ces métis jamaïcains socialement rejetés.

     

    Mort très jeune, Bob Marley a eu le temps, toutefois, d’imposer en Occident cette musique au tempo lascif et ses tubes planétaires. L’album hommage titré « Tribute Bob Marley, la Légende » paraissait le 10 juin 2016.

    Car il y a le reggae et il y a Bob Marley… Le rastaman superstar de la Jamaïque est décédé le 11 mai 1981. Trente-sept ans plus tard, son album « Legend » reste l’un des disques les plus vendus au monde.

    Alors comment ce gamin de la misère, enfant illégitime, métis et socialement rejeté, a su gagner une audience planétaire ? Réponse avec le musicien et fan Tété et le journaliste Bruno Blum.

    « Au départ, le jeune Robert Nesta Marley quitte sa campagne pour le ghetto de Trench Town. A Trench Town, il commence la musique en jouant avec Peter Tosh, car celui-ci est un des seuls mecs du ghetto qui possède une guitare. Ce sont les tout débuts, avec les Wailers. Bien avant qu’ils ne se renomment Bob Marley and The Wailers. A l’époque, ils commencent à jouer du rock-steady. » (Tété)

    « Le premier album des Wailing Wailers, comme ils s’appellent au moment de la sortie du disque en 1965, c’est du pur ska. Sur cet album figure le titre « Rude Boy » qui sera un de leurs tout premiers hits. » (Bruno Blum)

     

    [youtube id= »DQaIOZPkoH8″ align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

     

    Après plusieurs No 1 en Jamaïque, Marley, loin de rouler sur l’or, décide d’émigrer aux Etats-Unis en 1966.

     

    « Marley fait Woodstock. Sauf qu’il ne participe pas au festival en tant que musicien, mais il va y vendre des petits colliers de perles pour se faire un peu d’argent. L’histoire de Marley, c’est la survie. En 1979, Marley sort son morceau « Survival« , et ça n’est pas surfait, pour la peine. La Jamaïque, il faut le rappeler, ça n’est pas du tout l’image qui figure sur les cartes postales. La Jamaïque est ultra-violente et le Jamaïcain n’est pas cool. A tel point que dans les bals du samedi soir, les mecs buvaient de la bière. Enormément de bière… Et quand vous avez une musique un petit peu électrique, et un tempo assez enlevé, les mecs finissaient par se battre. Le premier tube de Marley, c’est « Simmer Down » en 1964. Simmer Down, ça veut dire « Hé mec, reste cool ». Et en fait, il y a un mec qui a l’idée géniale de ralentir le tempo. Le reggae, c’est juste ça, du rock-steady dont on a ralenti le tempo. » (Tété)

     

    [youtube id= »R91b5saK5z0″ align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

    [youtube id= »hqfbJaYvbiw » align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

     

    Le tournant international dans la carrière de Marley, c’est sa rencontre avec le producteur Chris Blackwell à Londres en 1973. Blackwell dit : « Moi, je la comprends, cette musique, mais les gens ne vont pas la comprendre, car le principe du reggae, c’est que les temps sont à l’envers. Nous, on a l’habitude, les 2, les 4, comme on dit. Avec le rythme one-drop, vous avez le charley qui fait tss tss tss tss, et sur le 3ème temps, vous avez la grosse caisse qui fait boum, et la caisse claire qui fait clac… »

    Le coup de génie de Chris Blackwell, c’est de vendre Marley comme un artiste de rock, et non comme un artiste de reggae. On ajoute des solos de guitare, une image plus rock. Marley apparaît sur les photos avec ses musiciens, alors qu’en Jamaïque, les groupes de rock, ça n’existe pas. Plus qu’un simple pape du reggae, Bob Marley est surtout celui qui a occidentalisé le genre.

    « Ce qui marche dans le monde à l’époque, c’est le disco. Marley veut partir à la conquête du monde. Et surtout, il veut être numéro 1 aux Etats-Unis. « Could You Be Loved », en 1980, c’est la version de Marley du beat disco. Si on se remet le morceau en tête, on y trouve le même charley que sur un track disco. » (TéTé)

    La consécration pour Marley, c’est un concert enregistré à Londres en 1975, qui fera l’objet d’un album live, et sur lequel figure le morceau « No Woman No Cry ». Cette chanson, c’est l’histoire d’une femme qui a perdu son gamin, décédé dans une tuerie au milieu du ghetto, et Marley dit à cette femme qu’il ne faut pas pleurer, que tout ira bien. Ce message d’espoir devient l’hymne absolu de la musique reggae. Numéro 1 partout dans le monde, sauf aux US, on ne compte plus le nombre de reprises, des Fugees à Boney M, en passant même par Joe Dassin, avec « Si tu penses à moi »…

     

    [youtube id= »mZ6VezKMoRY » align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

     

    « My right, I know what that is. You see ? And I don’t care who the guy is, because my right is my right »

     

    Représentant du mouvement Rasta, Bob Marley devient aussi un symbole universel de contestation et d’émancipation. Avec des chansons comme autant d’hymnes aux opprimés, Marley a réussi avec sa musique de paysan illettré à conquérir la planète. Chez Marley, il y a le combat politique, d’émancipation, la lutte des classes, mais aussi son voeu pour le fameux « One Love », à savoir de réunir les gens au rythme de son universalité.

     

    [youtube id= »e7eXCkdImsY » align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

    [youtube id= »J2pDMGHQxRA » align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Bob Marley Official

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Bob Marley Biography

     

     

     

  • Sixto Rodriguez : Searching for Sugar Man

     

     

    En 2006, lors d’un voyage en Afrique du Sud, le réalisateur suédois Malik Bendjelloul découvre l’histoire étonnante d’un chanteur américain d’origine mexicaine, Sixto Rodriguez, oublié dans son propre pays, mais à qui la jeunesse sud-africaine voue un culte absolu. Suite à sa rencontre avec deux fans de Rodriguez, dont Stephen « Sugar » Segerman, propriétaire du magasin de disques Mabu Vinyl, au Cap, Malik Bendjelloul démêle les fils de cette histoire insolite.

     

    Sixto Rodriguez enregistre donc deux albums pour le label américain Sussex, en 1970 et 1971. Parmi le déferlement de nouveautés que connaissent les magasins de disques américains à cette époque, ces deux Lps sombrent dans l’oubli sans laisser d’autres traces que les quatre étoiles attribuées par l’hebdomadaire spécialisé américain Billboard à « Cold Fact », le premier en date.

    Au même moment, en Afrique du Sud, en plein apartheid, Rodriguez devient, à son insu, l’icône de cette jeunesse blanche afrikaner et contestataire, qui colporte en ses rangs la légende suivant laquelle le chanteur s’était donné la mort sur scène.

    Ainsi, « Searching for Sugar Man » réalisé par Malik Bendjelloul en 2012, relate l’enquête de Stephen « Sugar » Segerman et de son comparse Craig Bartholomew, partis à la recherche de Sixto Rodriguez, le chanteur oublié. Ce magnifique film documentaire à la dramaturgie originale a remporté un certain nombre de prix depuis sa sortie, parmi lesquels le Prix du public international du Festival de Sundance 2012 ainsi que l’Oscar du meilleur film documentaire en 2013.

    Quant au réalisateur Malik Bendjelloul, il n’aura pas survécu à sa quête. Il se donne la mort le 13 mai 2013.

    A découvrir absolument…

     

    [youtube id= »RXQsPwIvjFI » align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Sugarman Official

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Mabu Vinyl

     

     

     

  • Chet Baker, un ange passe…

     

     

    Chet Baker était jeune, beau, et doublé d’un trompettiste de génie. Les femmes l’ont adoré, des hommes l’ont admiré, comme le photographe et cinéaste Bruce Weber, qui a décidé de nous raconter l’histoire de Chet le Maudit, avec le film documentaire « Let’s Get Lost », sorti en 1988. Interviews des femmes de sa vie (il fut marié trois fois), de ses enfants, mais surtout vérité et émotion qui percent dans la voix à peine audible du musicien au visage ravagé par l’héroïne interprétant Almost Blue. Il avait 58 ans…

     

    Chet Baker, trompettiste de jazz, né en 1929 au fin fond de l’Oklahoma, commence sa carrière dans les années 1950. Il joue avec Stan Getz, Charlie Parker, acquiert une belle célébrité avec Gerry Mulligan, s’établit en Europe, voit sa carrière perturbée par l’alcool et les drogues, et finit par tomber par la fenêtre de sa chambre d’hôtel à Amsterdam, en mai 1988, en plein montage du film « Let’s Get Lost ».

    Bruce Weber, photographe de mode réputé, est passionné par son sujet. A partir de témoignages, d’interviews de Chet Baker lui-même, de séances d’enregistrement et de concerts, d’images d’archives et d’extraits des quelques films de série Z dans lesquels Chet a joué, il reconstitue à la manière d’un puzzle la vie mouvementée du trompettiste. Fasciné, il s’attarde sur le visage usé offert par le musicien lors de ses dernières confidences, pour mieux laisser éclater la beauté du jeune homme, qui fut en son temps comparé à James Dean.

    L’admiration de Weber pour Chet remontait au début des années 80. Lui qui érotisait chaque campagne Calvin Klein, à coups de photos noir et blanc sentant le sexe et le linge, était tombé en arrêt sur un exemplaire vinyl d’un de ces albums de Chet de 1955, dont la cover était systématiquement due au photographe William Claxton.

    Même si le film est parfois complaisant (le montage des témoignages contradictoires de sa femme et de ses maîtresses), et quelquefois voyeur (les confessions de Chet sur sa toxicomanie), « Let’s Get Lost » est avant tout un immense hymne d’amour à la musique. La trompette évanescente et plaintive s’élève sur les images en noir et blanc d’un Baker disloqué, noyé dans l’héroïne, mais qui retrouve, au contact de l’instrument, son orgueil de musicien. Chet Baker, qui n’a jamais su déchiffrer une partition, qui n’a jamais répété de toute sa vie, qui a été dédaigné pendant longtemps par les puristes du fait de son physique de dieu, aura marqué malgré tout le jazz de son empreinte indélébile, par la longueur de ses notes, par ses silences, amenant une profondeur et une mélancolie à son jeu, reconnaissable entre tous.

    Le 23 juillet 2008, vingt ans après sa première sortie en salle, « Let’s Get Lost » faisait l’objet d’une restauration en haute définition.

    Un documentaire émouvant… A ne pas rater…

     

     

    [vimeo id= »59014546″ align= »center » mode= »normal » autoplay= »no » maxwidth= »900″]

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Liens externes » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Bruce Weber

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] William Claxton

     

     

     

  • Christine & The Queens mixe Rihanna et Kate Bush sur BBC1

     

     

    Au lendemain de son triomphe sur scène à l’Apollo de Londres le 20 novembre, Christine & The Queens faisait une halte sur BBC 1 pour une session live exclusive. Après avoir interprété son single « 5 dollars » en anglais (extrait de son second album « Chris » également sorti dans la langue de Shakespeare), Héloïse Letissier s’est réapproprié une chanson de Rihanna en y intercalant le refrain du mythique « Wuthering Heights » de Kate Bush. A checker…

     

    Entourée de ses danseurs et de ses musiciens, Héloïse Letissier alias « Chris » de Christine & The Queens, a repris « Kiss is Better » de Rihanna en y intercalant le refrain de « Wuthering Heights » de Kate Bush. Un « Mashup » audacieux, interprété de façon très impliquée, avec une voix renversante, et soutenu de bout en bout par de splendides arrangements dominés par les choeurs.

     

    [youtube id= »VOg2SXtU3Kg » align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

     

    Auparavant, elle avait interprété avec ses danseurs le single « 5 Dollars » extrait de son deuxième album, « Chris ».

     

    [youtube id= »HKpiIolS3e0″ align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

    Le concert de Christine & The Queens à l’Eventim Apollo de Londres, la veille de cette prestation, a été unanimement salué par la presse anglaise, impressionnée, et en particulier par le réputé New Musical Express.

     

    « Depuis le début, l’art de Christine & The Queens consiste à explorer ses douleurs profondes et à les surpasser », écrit El Hunt dans le NME. « Chris a de nombreux talents – production, imagination, voix, créativité physique – mais sa qualité majeure est sa capacité à se connecter directement à son public. Quand elle chante, on sent la douleur des blessures. C’est une des choses les plus rares qui soient ; quelque chose d’instinctif qu’il est impossible de simuler. »

     

     

     

    La tournée française de Christine & The Queens se conclut le mois prochain par deux haltes à Paris Bercy (Accor Hotel Arena), les 18 et 19 décembre. Auparavant elle sera le 4 décembre à Nantes (Zénith), le 5 décembre à Bordeaux (Arkea Arena), le 6 décembre à Montpellier (Zénith), le 11 décembre à Genève (Suisse), le 12 décembre à Strasbourg (Zénith), le 14 décembre à Lyon (Halle Tony Garnier) et le 15 décembre à Toulouse (Zénith).

     

    Article : Tom Skinner pour NME

    Photo à la Une : Héloïse Letissier de Christine & The Queens à Cannes le 10 novembre 2018. © Pierre Villard / NMA2018 / SIPA

     

     

     

  • Charles Bradley, la voix de la Soul

     

     

    Sa voix restera dans l’histoire de la soul : Charles Bradley aurait eu 70 ans le 5 novembre mais il rugit encore sur disque. « Black Velvet », son tout dernier album posthume, a été affectueusement conçu par ses amis de Daptone Records comme un hommage à l’immense artiste qu’était Charles Bradley…

     

    Une voix déchirante, pétrie de douleurs et de drames, puissante et fragile à la fois, voici ce que laisse Charles Bradley, star de la soul révélée sur le tard, après une vie de débrouille et de deuils, ainsi que trois albums sur le mythique label Daptone Records, et quelques chansons ici et là rassemblées sur ce disque posthume.

    À la barre, un homme brisé, aujourd’hui encore, par la mort de son ami : Thomas Brenneck, son producteur, musicien, auteur et bien plus que ça. Très affecté encore, il se confie : « Je ne sais pas comment je suis supposé aller de l’avant en tant qu’artiste car Charles était mon vaisseau-amiral. Seul le temps pourra m’aider ».

     

    « Pour moi, la perte est immense. Rassembler toute cette musique, cela semblait être la meilleure chose à faire mais ça ne m’a finalement pas aidé, en aucun cas… » (Thomas « TNT » Brenneck, producteur et ami de Charles Bradley)

     

    Sur ce disque, des chansons jamais dévoilées, des reprises de Nirvana (« Stay Away »), Sixto Rodriguez (« Slip Away ») ou Neil Young (« Heart Of Gold »), des raretés  aussi, mais pas de nouveaux titres, la maladie étant déjà trop présente pour enregistrer des prises. « Il n’était jamais assez bien pour que j’appuie sur le bouton « Record », confesse Thomas Brenneck. Il aurait dû se reposer davantage. Quand on se voyait, ça me brisait le cœur de le voir essayer de chanter sans en avoir la force, alors on profitait juste l’un de l’autre, je ne pouvais pas me résoudre à l’enregistrer alors qu’il n’était pas à 100 % ».

     

    [youtube id= »Cx8qITIIRiU » align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

    L’album « Black Velvet » célèbre donc l’immense artiste qu’était Charles Bradley, respectueusement compilé par ses amis et famille du label Daptone Records. Même si les morceaux de cet ultime opus balaient chronologiquement toute la carrière du « Soul Man », il ne s’agit en aucun cas d’une anthologie de ses plus grands succès ou d’autres énièmes remâchages sans profondeur d’âme des chansons qui l’ont rendu célèbre.

    Non, cet album constitue plutôt une exploration profonde des recoins les moins abordés de l’univers attendrissant et touchant que Charles Bradley et son producteur de toujours, co-auteur et ami Tommy « TNT » Brenneck, ont façonné ensemble en studio tout aux long des dix années qu’a duré leur fructueuse collaboration.

     

    « L’art, surtout en ce qui concerne Charles, est intimement lié à la douleur, celle qu’il a en fait endurée toute sa vie. Quand il chantait, tout venait de ce grand puits de douleur et d’angoisse, il transportait tout ça et ne savait pas vraiment le transmettre avec des mots. Il transformait ce négatif en positif, et l’exprimait à travers l’amour. » (Thomas « TNT » Brenneck, producteur et ami de Charles Bradley)

     

    Charles Bradley a succombé au cancer sur la route, en tournée. Sa voix reste un témoignage formidable, celui d’une vie passée à lutter contre l’adversité. Charles Bradley n’aura jamais pleinement profité des fruits de sa carrière stratosphérique, pas plus de dix ans. Son seul héritage s’écoute, et il sonne merveilleusement juste et bien.

     

     

    Source : Yann Bertrand, France Info

     

     

     

  • Une block-party dans le Bronx en 1977, ça ressemblait à ça…

     

     

    Vous vous demandez sûrement à quoi ressemblait une block-party dans le Bronx en 1977 ? Asseyez-vous, papi va vous expliquer…

     

    Bon, commençons par le commencement… Une block-party est, dans la culture américaine, une fête de quartier qui réunit le voisinage autour de quelques musiciens. Les block-parties ont vu leur popularité croître à partir des années 1970, notamment à New York, dans les boroughs de Manhattan (quartier de Harlem), du Queens, de Brooklyn ou du Bronx. Ces block-parties ont eu une influence très importante dans l’éclosion de la culture hip-hop, du rap, ou du dee jaying.

    Le principe de la block-party est simple : on ferme les deux côtés d’une rue avec des barrières et un service de sécurité, on branche les éclairages et la sono sur un lampadaire dont on détourne le courant, et on fait payer un faible droit d’entrée pour que les gens du quartier viennent faire la fête, loin des lumières de la ville. Le Dj arrive : c’est un personnage-clé, le héros de la nuit. Avec sa mallette de 45 tours dont il a détaché les étiquettes afin que les curieux — ou les Djs concurrents — ne viennent pas deviner sa sélection musicale, il a de quoi secouer la nuit new-yorkaise.

    A présent, remontons à cette année 1977. Comme nous l’avons déjà évoqué dans l’article « From Mambo to Hip-Hop, a South Bronx Tale », le début des seventies à New York voit émerger différents styles musicaux, parmi lesquels le hip-hop ou la funk. Dans ce document sonore exceptionnel à découvrir absolument, capturé sur le vif à l’occasion d’une de ces block-parties organisées dans le Bronx, des Djs se succèdent derrière les platines, tout ça dans un bordel indescriptible. Le « maître de cérémonie » coupe même le son pendant un instant, tentant de ramener un peu d’ordre, et demander au public de repasser derrière les barrières.

    Tout ça pour dire, à ne pas rater, cet enregistrement est vraiment représentatif d’une époque…

     

     

    [soundcloud url= »https://api.soundcloud.com/tracks/205794925″ params= »auto_play=false&hide_related=false&show_comments=true&show_user=true&show_reposts=false&visual=true » width= »100% » height= »450″ iframe= »true » /]

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Block Party by Anderson Zaca

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Brooklyn Street Art