Auteur/autrice : Instant-Chris

  • La Fondation Carmignac, entre ciel et terre

     

     

    L’île de Porquerolles accueille depuis cet été un lieu singulier : la Fondation Carmignac. Un musée dédié à l’art contemporain, qui abrite 70 oeuvres majeures, de Warhol à Basquiat en passant par Lichtenstein. Toutes appartiennent au créateur du lieu, l’homme d’affaires Edouard Carmignac.

     

    C’est le succès de l’été… Presque quatre mois après son ouverture au large de Hyères, la Fondation Carmignac a déjà attiré plus de 50.000 visiteurs. Malgré la mer à franchir et la pinède à traverser, on s’y précipite.

    Cette fondation a été créée par l’homme d’affaires Edouard Carmignac, milliardaire classé 33ème fortune de France par le très sérieux magazine Forbes. Il a confié à son fils Charles la responsabilité de gérer et exposer sa collection personnelle d’art contemporain. 

    Cette année, il ouvre ainsi au public sa propriété de l’île de Porquerolles, et c’est ici que sont exposées 70 oeuvres parmi les trois-cents qu’il possède. 

     

    « La Fondation Carmignac est née en 2000, il y a 18 ans, au départ pour gérer et valoriser la Collection Carmignac que mon père Edouard a constituée au fil de l’eau. Il a toujours été entouré d’oeuvres d’art, chez lui. Enfant, je me souviens d’avoir toujours vu des tableaux sur les murs. » (Charles Carmignac, Directeur de la Fondation Carmignac)

     

    Edouard Carmignac a commencé à collectionner de l’art contemporain dans les années 80 ; l’art américain des années 60, 70 et 80, le Pop Art.

    Le Pop Art, c’est d’ailleurs le point de départ de sa collection. Dans les années 80, Carmignac achète beaucoup de Roy Lichtenstein. Il rencontre aussi Jean-Michel Basquiat qui lui peint un portrait. Et pour décorer son bureau, le roi de la finance se paye deux toiles du maître Andy Warhol. 

     

    « Quand on rentre dans son bureau, on découvre un Mao et un Lénine peints par Warhol. Deux tableaux que vous pourrez voir à Porquerolles. Mon père n’a évidemment pas choisi ces toiles parce qu’il embrassait les idées de ces deux personnages, mais plutôt parce que ce sont deux figures de révolutionnaires, qui ont bouleversé l’état des choses en partant de rien. » (Charles Carmignac)

     

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    Aux côtés de Basquiat, Lichtenstein ou Warhol, beaucoup d’autres grands noms, comme Alexander Calder ou David LaChapelle, des peintures de Gerhard Richter, Yves Klein ou encore Keith Haring. Et depuis ce printemps, un Botticelli.

    Côté jardin, on se promène pour découvrir des sculptures monumentales…

     

    « Parmi les oeuvres qui me touchent le plus, on peut découvrir une oeuvre qui s’intitule Les Alchimistes. Ce sont trois visages sculptés par l’artiste espagnol Jaume Pensa. Des oeuvres au pouvoir assez mystérieux, trois visages aux yeux clos, trois regards qui convergent vers un petit banc sous un arbre, avec quelque chose d’assez spécial qui opère face à ces oeuvres. »

     

    Au cours de ses fréquents voyages en Asie du Sud-Est ou en Amérique du Sud, Edouard Carmignac enrichit sa collection d’oeuvres d’artistes émergents, collection qui offre aujourd’hui un panel historique et géographique assez large.

     

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    Il n’y a pas vraiment d’axe ou de thèmes particuliers qui orientent les acquisitions, mais c’est plutôt une question d’émotion forte ou d’énergie. Il faut avant tout que les oeuvres touchent ceux qui les contemplent. C’est une collection qui reste finalement assez accessible. 

    La propriété est située dans le parc naturel de Port-Cros. Dans ce site protégé, il est interdit d’agrandir le bâtiment existant. Un vrai casse-tête… Tout l’enjeu a été pour les architectes de dégager des espaces d’exposition sous la surface du sol. Le visiteur rentre dans une villa provençale, et sous la surface de cette villa, 2000 m2 d’espace se déploient, sans jamais donner l’impression qu’on est en sous-terrain.

    Par tout un jeu de perception de l’espace, on a plutôt l’impression d’être au ras du sol. Pour un maximum d’intimité avec les oeuvres, 50 visiteurs maximum sont accueillis à la fois. Dans ce mas provençal, tout est nature et détente. La forêt entre par les fenêtres, l’eau par le toit, et pour parfaire cette ambiance de vacances, la visite se fait même pieds nus…

     

    « Le rituel qui consiste à se déchausser pour pénétrer dans les espaces d’exposition amène un silence, une quiétude et crée quelque chose au niveau symbolique qui est assez fort. » (Charles Carmignac)

     

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  • Ricardo Bofill nous présente La Fábrica, son paradis sur terre

     

     

    En 1973, l’architecte espagnol Ricardo Bofill achète une cimenterie à l’abandon datant de l’époque de la Première Guerre mondiale, près de Barcelone, pour y édifier son paradis sur terre. Voici donc l’histoire de la Fábrica…

     

    Lorsque Ricardo Bofill découvre un peu par hasard cette cimenterie laissée à l’abandon depuis 1968, il ressent immédiatement le potentiel énorme de l’édifice. L’idée folle de transformer la structure d’origine du bâtiment en une maison d’habitation unique et spectaculaire germe dans son esprit : La Fábrica est née.

    La première fois qu’il vit la cimenterie, Ricardo Bofill se trouva face à un complexe de plus de 30 silos composé d’énormes locaux équipés de machines. Il y découvrit 4 kilomètres de galeries souterraines, d’imposantes structures en béton armé qui ne soutenaient plus rien et des escaliers suspendus qui ne menaient plus nulle part. Un lieu hors du temps et désormais sans but mais empreint d’un charme surréel et aux formidables potentialités de transformation.

    Après avoir fait l’acquisition de ce lieu incroyable, Ricardo Bofill lance donc son projet insensé de redonner vie à cette friche industrielle oubliée de tous depuis longtemps. Passées les premières années de démolition partielle, son équipe commence à aménager l’intérieur de la structure en un espace d’habitation et de travail alliant respect du lieu originel et modernité.

     

     

     

     

    La première étape de la réhabilitation de Ricardo Bofill fut d’éliminer les éléments superflus ayant agressé au fil du temps l’installation d’origine, datant du début du siècle dernier. Au cours de la première industrialisation de la Catalogne, ce complexe avait accueilli de nouvelles chaînes de production.

    De nombreuses parties furent ensuite verrouillées puis recouvertes, transformant la cimenterie en site stratifié, tout comme les lieux habités pendant des siècles. Respectant l’évolution historique du bâtiment, Bofill a tenté de retrouver une harmonie supérieure en creusant dans le béton tel un sculpteur cherchant à dégager une forme.

    L’insertion d’éléments propres au langage architectural – portes, fenêtres, façades – a permis de créer des parcours et des perspectives donnant naissance à un atelier, des espaces d’exposition, des salles de concert et enfin une résidence privée. La conception de l’espace vert atténue aujourd’hui l’impact du brutalisme caractéristique des structures d’origine en béton.

     

     

     

     

    Reconstruction 3D de « La Fábrica – Taller De Arquitectura », projet original de l’architecte Ricardo Bofill :

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    Avec l’esprit visionnaire qui le caractérise, Ricardo Bofill transforme peu à peu l’ancienne cimenterie désaffectée en atelier d’architecture. Expression même de l’idée de régénération architecturale de Bofill, la Fábrica abrite aujourd’hui un grand cabinet ainsi que la maison privée de l’architecte espagnol.

    Bofill a conçu chaque lieu de cette vaste reconstruction comme étant unique, avec sa fonction propre. Une variété d’espaces de détente ou de travail sont créés, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur de la propriété. Tandis que la cuisine et la salle à manger situées au rez-de-chaussée sont le point de rencontre privilégié de la famille, il consacre d’autres espaces à son cabinet d’architecture.

     

     

     

    « La vie se déroule ici en une séquence continue, et il y a très peu de différence entre le travail et le loisir. » (Ricardo Bofill)

     

    L’extérieur a été tapissé de végétation, et recouvert de gazon, mais aussi d’eucalyptus, de palmiers et d’oliviers. Il déborde aujourd’hui d’une verdure luxuriante, comme si la nature avait repris ses droits en ce lieu sacré. « J’ai l’impression de vivre dans un univers fermé qui me protège de l’extérieur et de la vie quotidienne », comme le définit Ricardo Bofill.

     

     

     

    Mara Corradi, journaliste dans le secteur de l’architecture et du design et collaboratrice du magazine d’architecture en ligne FloorNature, réalisait en juin 2015 une interview exceptionnelle de Ricardo Bofill.

     

    Pourquoi avez-vous décidé de faire de cette cimenterie désaffectée le siège de votre cabinet d’architecture ? Que cherchiez-vous à l’époque et quelles ont été les qualités que vous aviez ressenties dans cet ouvrage en 1973 ?

    Je cherchais un endroit qui, tout comme les ateliers catalans traditionnels où les artistes vivent et travaillent, pouvait abriter aussi bien ma vie privée que ma vie professionnelle car, dans mon cas, il y a bien peu de différences entre ces deux sphères. La Fàbrica m’a donné la possibilité de transformer une ruine en cabinet et en maison et j’ai ainsi pu démontrer que « la forme ne suit pas nécessairement la fonction ».

     

    Sur votre site, vous décrivez l’établissement d’origine comme un ensemble d’éléments de construction sans signification apparente : « Stairs that climbed up to nowhere, mighty reinforced concrete structures that sustained nothing, pieces of iron hanging in the air, huge empty spaces filled nonetheless with magic ». Quelle part de cette atmosphère surréelle êtes-vous parvenu à conserver aujourd’hui et grâce à quels choix ?

    J’ai conservé une grande partie de cette atmosphère surréelle. Et c’est justement cette étape qui a été la partie la plus difficile du processus de démantèlement et de construction.

     

    La fascination que vous avez éprouvée face à cette installation vous a amené à vous lancer dans l’aventure d’en repenser entièrement l’usage et les fonctions. Peut-on définir cette démarche comme votre manifeste de régénération architecturale ?

    Oui, absolument. J’ai pu prouver que l’on pouvait tout obtenir à partir d’un espace donné. Au fil des années, mon équipe a réussi à réaliser dans le monde entier plusieurs projets de reconversion de bâtiments industriels. Nous abordons la tâche avec beaucoup de respect et de sensibilité pour leur passé industriel et effectuons les transformations sans jamais perdre de vue les critères de performance et de durabilité.

     

    La Fàbrica évoque aujourd’hui non seulement les ruines du Piranèse mais aussi un décor de film de science-fiction. La durabilité a-t-elle sa place dans une intervention de cette nature ?

    Bien qu’il soit difficile d’améliorer les prestations énergétiques des bâtiments existants, aussi bien mon cabinet que mes espaces privés ont été conçus de manière à optimiser l’efficacité énergétique et la durabilité.

     

    Project: Ricardo Bofill
    Location: Barcelona (Spain)
    Gross floor area (office and garden): 5000 m2
    Beginning of work: 1973
    Completion: 1975
    Photography: © Courtesy of Ricardo Bofill Taller de Arquitectura

     

    « L’architecte renégat » Ricardo Bofill nous fait la visite de « La Fábrica » :

    [arve url= »https://vimeo.com/109712826″ align= »center » title= »In Residence Ep 14: “Ricardo Bofill” by Albert Moya for NowNess » description= »Ricardo Bofill » maxwidth= »900″ /]

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Ricardo Bofill Officiel

    [kleo_icon icon= »link » icon_size=« large »] FloorNature

     

     

     

  • Rachid Taha, Rock The Casbah

     

     

    Nous avons voulu rendre hommage à un artiste du métissage, entre sa culture d’origine, algérienne, et le rock anglo-saxon. Rachid Taha, le leader du groupe Carte de Séjour, s’est éteint le 12 septembre 2018. Il avait 59 ans.

     

    Pionnier du rock alternatif, défenseur du Chaâbi algérois, amoureux du Punk, du Raï ou encore de la Techno, en 35 ans de carrière, Rachid Taha n’a cessé de surprendre, d’émouvoir, mais aussi de troubler par ce mélange des genres parfois grinçant.

    En 1985, cet Algérien arrivé en France à l’âge de dix ans réinterprète le célèbre titre de Charles Trenet, « Douce France », avec son groupe habilement prénommé Carte de Séjour. Les cinq membres de la joyeuse bande se sont rencontrés à l’usine. Avec ce titre, ils questionnent ainsi l’intégration des immigrés dans la société française, en pleine cohabitation, peu de temps après la marche des Beurs et la création de SOS Racisme. Ils expriment les inquiétudes de la jeunesse de l’époque.

     

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    « Tout le monde s’attendait à ce que je chante plutôt une chanson du genre la prison, les menottes… Et on arrive avec notre Douce France. C’était pour la peine encore plus violent que prévu… » (Rachid Taha en 2016)

     

    Dans les années 90, Rachid Taha se lance dans une carrière solo et continue de conjuguer sonorités d’Orient et d’Occident. Il explose au grand jour en 1993, en ressuscitant « Ya Rayah », l’hymne des exilés interprété autrefois par le chanteur algérien Dahmane Elharrachi. Dans cette chanson, Taha exhume une mélodie entêtante qui évoque en même temps espoir et mélancolie.

    Et quand il ne révise pas ses classiques, Taha expérimente et laisse libre cours à sa fascination pour la Techno, le Vaudou et la Transe, dans des titres psychédéliques.

     

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    Mais le chanteur a beau être uniforme, il reste fidèle à sa cause : lutter contre la xénophobie et tordre le cou aux clichés.

     

    « Hier, je regardais une émission de télévision dans laquelle ils parlaient de flamenco. Eh bien, durant ces deux heures pendant lesquelles ils ont parlé de flamenco, à aucun moment ils ont évoqué l’influence des arabes dans cette musique. J’étais sidéré… La télévision, c’est quand même son rôle d’apprendre aux jeunes. La seule façon pour que les jeunes ne connaissent pas le racisme, ça reste l’éducation. » (Archive INA / Novembre 1987)

     

    En 1998, c’est l’histoire du Raï que Rachid Taha marquera de son empreinte avec Khaled et Faudel. Le trio « 1, 2, 3 Soleils » (Taha, Khaled, Faudel) remplit le Palais des Sports de Bercy et écoule son disque à près d’un million d’exemplaires.

     

    « 1, 2, 3 Soleils, c’était un peu les Pink Floyd du Raï. C’était une grosse production, avec la section rythmique et la bassiste de David Bowie, l’orchestre d’Oum Kalthoum qui venait d’Egypte, quand même, et tout ça mélangé à de l’électro. C’est pour cette raison que c’est resté très moderne. » (Rachid Taha en 2016)

     

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    Reconnu internationalement par ses pairs lorsqu’il reprend « Rock The Casbah » des Clash, c’est Mick Jones lui-même, membre fondateur du groupe anglais, qui l’accompagne en personne à la guitare.

     

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    En neuf albums et 35 ans de carrière, l’audace et la créativité de Rachid Taha ont contribué à ouvrir la chanson française à d’autres visages et d’autres sonorités. Son dernier album, enregistré peu avant sa mort, sortira en 2019.

     

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  • La Maison Rouge s’envole une dernière fois avant fermeture

     

     

    C’est avec sa dernière exposition, « L’Envol », que « La Maison Rouge », espace d’exposition d’art contemporain, va fermer ses portes définitivement. Antoine de Galbert, un collectionneur passionné, avait voulu y décloisonner la création, en ouvrant ce lieu en 2004.

     

    Pour les amateurs d’art contemporain, cet espace de création était devenu familier… La Maison Rouge fermera donc ses portes le 28 octobre, après 14 ans d’existence. C’est le choix assumé du propriétaire des lieux, Antoine de Galbert, qui ouvrira ensuite un nouveau chapitre de sa vie de mécène.

    Pour cette dernière exposition, « L’Envol ou le Rêve de Voler », il présente au public deux-cents objets d’art variés, tous réunis autour d’un thème hautement symbolique : l’envol.

     

    « Evidemment qu’on se s’envole pas, mais on en a le rêve, toujours… J’ai dit récemment au sujet de la Maison Rouge que ce rêve était devenu réalité. » (Antoine de Galbert, fondateur de la Maison Rouge)

     

    A l’occasion de cette dernière exposition, il est très intéressant de voir la manière dont les pièces sont agencées, ensemble, à travers diverses collections et différentes époques, avec une grande modernité.

     

    « Quand on ouvre un tel lieu, c’est toujours avec le plaisir de pouvoir apporter une certaine subjectivité, fondée forcément sur son propre goût et des choix personnels que vous faites partager aux visiteurs. » (Antoine de Galbert)

     

    C’est toujours touchant, un lieu de culture qui ferme… Triste de penser qu’on ne pourra plus avoir accès au regard personnel du collectionneur.

     

    « Qui dit fermeture ne signifie pas que tout va disparaître. Les murs vont disparaître, certes, mais la Fondation Antoine de Galbert va continuer à alimenter de nombreux autres lieux et événements culturels. Le monde entier est fait de gens passionnants, qui écrivent, qui dansent, qui chantent ou qui jouent. Donc tout reste possible. » (Antoine de Galbert)

     

    L’exposition « L’Envol ou le Rêve de Voler » est à découvrir à la Maison Rouge jusqu’au 28 octobre 2018…

     

     

    [arve url= »https://www.dailymotion.com/video/x6lagp5″ align= »center » title= »Exposition « L’Envol » à la Maison Rouge – Bande-Annonce » description= »Exposition L’Envol à la Maison Rouge » maxwidth= »900″ /]

     

    [arve url= »https://www.dailymotion.com/video/x6rczg6″ align= »center » title= »Interviews / Bruno Decharme, Antoine de Galbert, Barbara Safarova, Aline Vidal, exposition « L’envol ou le rêve de voler » » maxwidth= »900″ /]

     

     

     

  • A la recherche de Nezifah Momodu

     

     

    Click Click, Click Click Boom…

     

    On découvrait Nezifah Momodu en 2015, lorsqu’elle postait sur le mystérieux Tumblr « Intellectual Pxrnography » la vidéo d’une minute 30, « Snippet of the Texas Cypher », qui devenait très vite virale. Et forcément, à l’écoute du morceau, qui semble être totalement improvisé, mais n’en est pas moins d’une efficacité redoutable, on ne pouvait résister à l’envie d’en savoir un peu plus sur la belle inconnue qui déroule son flow implacable sur la vidéo.

     

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    La belle amazone se prénomme donc Nezifah Momodu. Rien dans Google, hormis un lien vers sa chaîne YouTube où ne figure d’ailleurs à l’époque que la fameuse vidéo,  de qualité médiocre, posée là, sans plus d’information. Ça commence bien… Ah, en revanche, elle a sa page Souncloud. Mais toujours pareil, on n’y trouve en mai 2015 que le morceau, ou plutôt la bande-son de la vidéo.

     

     

     

    Bon, ça commence à devenir agaçant, et si le mystère qui plane autour de Nezifah Momodu est voulu et planifié, on doit reconnaître que c’est vraiment bien joué. De guerre lasse, le morceau « Snippet of the Texas Tech Cypher » figurera dans la playlist Instant City d’avril 2016, avec comme seul commentaire masquant difficilement notre profonde amertume :

    « Nom de code Nezi Nomodu… La MC nigériane nous assène son flow implacable sur son désormais célèbre « Snippet Of The Texas Tech Cypher ». ce freestyle d’une minute trente nous motive à en savoir plus sur la lady. Redoutable… »

    Click Click, Click Click Boom… Nous perdons de vue la belle…

     

    Mais rien n’y fait, à chaque fois que je revois cette vidéo, Lady Nezifah Momodu me revient à la mémoire. Faut pas me faire des coups pareils, je suis un bileux… Au hasard de mes recherches de sujets d’articles, je retombe sur la miss et plus d’informations qui devraient pouvoir nous aider, enfin, à lever le voile sur notre mystérieuse MC.

    Alors voilà, nous pouvons désormais affirmer que Nezifah Momodu est une artiste musicienne, peintre et écrivaine américaine d’origine nigériane, aux influences Hip-Hop 90’s et Pop Art 70’s. Nezifah concentre son travail pictural sur des toiles acryliques toujours liées à la « Black Youth » ainsi qu’à la « Pop Culture ». Elle y combine de multiples couleurs mélangées à un trait épais, ce qui pourrait la définir comme « Pop Artist ».

     

     

     

    Née le 19 septembre 1991, Nezifah a toujours été très influencée par la musique. Suite au décès de son père, elle s’est plongée dans l’étude de la poésie et de la littérature, ce qui marquera profondément son style musical, alliant des mélodies très marquées fin des 80’s et 90’s à des lyrics radicaux et revendicatifs. Elle maîtrise ce don du flow qui lui permet de changer le commun en or…

     

    « Le fait que les gens regardent encore cette vidéo aujourd’hui et la commentent est complètement fou. Merci à tous pour votre incroyable soutien, même s’il est parfois critique, car il m’aide à poursuivre mon rêve que j’avais de toute façon décidé de poursuivre quoi qu’il en soit… Lololol ! Plus sérieusement, encore merci pour cette force que vous m’offrez. Ça m’aide à grandir. »

     

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    « Click Click, Click Click Boom…

    Step into the room with that muthafckin doom                                     

    on the beat like a treble, spittin fire like the devil

    if you step up to my level, all that beef is gon be settled

    its tha, sista sista,

    tryna kick it witcha

    niggas cross the globe beggin me to paint they picture,

    its tha O.G. the N.E.Z the funkified original muthafuckin MC

    I be the  niggity nezi, no nigga can test me, dont even contest me

    I got that thing, keep that wadda dadda ding, 

    murder anyone you bring if they step into the ring 

    I’m the illest, grab ya muthafckin medication,

    when I breathe on the track its a hyperventilation

    all you rappers is abysmal, rhymes schemes is dismal 

    you mental like asylum, you can’t step into my phylum 

    I be wildin and hot sidin’ while profiling on you

    while I’m ridin I be shinin and be stylin on you

    I be rollin, click be swollen, then be holdin, no controllin, cops patrolling,  

    lives is stolen, bullet holes but no consoling 

    all you niggas feces, you aint my species

    you can’t reach me, even in your Mitsubishis

    Holla Holla, BLOT, bringin all wahala

    prayin like its Salat, while Im stealing all your gwala

     Im da wan wit da gun bout to murder some

    when I Hop pon the track, they say murder cum

    I got the kinda flow ya wanna bang ya head to

    I’m killin everybody if they got an issue

    Listen, flow keep switchin, servin out evictions

    rappin everyday like its payin my tuition

    I’m the one hitta spitta, quick to pull the trigga

    the thrilla in manilla fading all you bitch niggas

    Hardest rapper in the cypher and I own a purse

    and If they flow sound cold its cause I wrote the verse. »

     

    © Intellectual Pxrnography

     

     

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  • Gwenn Germain : « Celles et Ceux des Cimes et Cieux »

     

     

    Inspiré par les univers de Hayao Miyazaki et Moebius, Gwenn Germain réalisait en 2015 un petit chef-d’oeuvre d’animation salué dans le monde entier.

     

    Gwenn Germain, âgé aujourd’hui de 26 ans, est déjà connu dans le monde entier pour avoir réalisé en 2015 un film d’animation absolument fabuleux ! Seul aux commandes de ce projet, ce jeune prodige a créé un court-métrage à mi-chemin entre les univers de Moebius, Hayao Miyazaki et Syd Mead. Ces trois artistes ont inspiré le jeune Français, qui nous embarquait dans une aventure exceptionnelle au coeur du monde de « Celles et Ceux des Cimes et Cieux ».

     

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    Gwenn Germain était en 2015 étudiant au Creapole ESDI (École Supérieure de Design Industriel). A l’époque, âgé de seulement 23 ans, « seul dans sa cabane », le jeune homme réalisait un film d’animation exceptionnel au design incroyable. Inspiré par Moebius, Hayao Miyazaki et Syd Mead, il nous livrait une animation époustouflante, encensée par les fans du monde entier. Il lui aura fallu cinq longs mois de dur labeur pour arriver à un tel résultat !

    Le film met en scène un jeune garçon vivant dans un village, sur un arbre gigantesque. Après quelques péripéties, celui-ci chute brutalement de l’arbre pour atterrir en territoire inconnu… Comment fera-t-il pour retrouver les siens ? On vous laisse le découvrir dans ce petit court-métrage aussi grandiose que magnifique, qui promet de belles surprises.

     

     

     

    Merci à Gwenn Germain pour cet incroyable court-métrage digne des plus grands réalisateurs. A la rédaction, nous sommes encore surpris qu’il n’ait mis que cinq mois, qui plus est seul, pour réaliser un tel chef-d’oeuvre. On vous encourage à soutenir ce jeune prodige français, dont on pourrait entendre parler dans les années à venir.

    A découvrir d’urgence…

     

     

     

  • « Jean-Michel Basquiat » à la Fondation Louis Vuitton, jusqu’au 14 janvier 2019

     

     

    Ce sont les événements picturaux incontournables de la rentrée : les deux expositions consacrées à Jean-Michel Basquiat et Egon Schiele à la Fondation Louis Vuitton. L’une des figures majeures de l’art contemporain confrontée à l’un des sommets de l’expressionnisme du début du XXème Siècle.

     

    Des artistes ultra-doués, torturés, morts très jeunes… Le premier il y a trente ans, en 1988, à l’âge de 28 ans et le second en 1918, au même âge. Deux destins, deux oeuvres coups de poing…

     

     

     

    Fulgurants et sans concession, l’art et la manière de Jean-Michel Basquiat ont marqué la scène artistique des années 80. Contemporain d’Andy Warhol et de Keith Haring, en dix ans de carrière, le jeune new-yorkais a coloré de sa fougue et de ses idées sombres plus de mille toiles. Trente ans après sa mort, survenue à l’âge de 28 ans, les peintures de cet autodidacte qui a fait ses débuts sur les murs de Manhattan affolent encore les marchands d’art.

    La Fondation Louis Vuitton lui consacre une rétrospective exceptionnelle, l’occasion de déchiffrer son esprit ultra-contemporain à travers le regard du commissaire de l’exposition, Dieter Buchhart, de son ami le créateur de mode Jean-Charles de Castelbajac et de ses soeurs.

     

    « Il était déterminé à laisser une trace et à devenir un grand artiste. Il y travaillait sans relâche. » (Lisane Basquiat, soeur de Jean-Michel Basquiat)

     

    « Jean », comme l’appelaient ses proches, est issu de la petite bourgeoisie de Brooklyn et fréquente les musées depuis son plus jeune âge. Lorsqu’il est hospitalisé à sept ans, suite à un accident de voiture, sa mère lui offre le livre d’anatomie « Gray’s Anatomy » d’Henry Gray, illustré par des dessins de H.V. Carter, et c’est une révélation… En s’inspirant de l’ouvrage, Il fait ses premiers croquis et rêve de devenir dessinateur de cartoon.

     

    « C’est certainement cet événement qui a suscité son intérêt pour le fonctionnement du corps humain, des os, des organes… » (Dieter Buchhart, commissaire de l’exposition)

     

    Mais avant d’exposer ses figures écorchées dans les plus grandes galeries, c’est dans la rue que Jean-Michel Basquiat se fait connaitre. A l’âge de 17 ans, il forme avec son ami Al Diaz le duo « Samo », de l’expression « Same All Shit », en Français « toujours la même merde ». Ensemble, ils recouvrent les murs de Manhattan d’interjections enragées et réussissent à faire parler d’eux.

     

     

     

    « Peu importe à quel événement culturel vous assistiez à New York, le collectif Samo était toujours passé par là juste avant vous. C’est ainsi que les membres de Samo se firent connaître. » (Dieter Buchhart, commissaire de l’exposition)

     

    En 1979, le duo Samo se sépare. Jean-Michel Basquiat se consacre désormais à la peinture et New York l’inspire.

     

    « Dans les années 80, New York n’est pas le New York d’aujourd’hui. La ville est beaucoup plus underground, vibrante, dangereuse. L’essence même de New York à l’époque est rythmique, comme une vibration. » (Jean-Charles de Castelbajac)

     

    Portes, palissades, toiles de fortune, Basquiat recouvre tout ce qu’il peut de sa colère débordante. Car dans ses créations, explique-t-il, « il y a 80 % de rage et 20 % de mystère ». Début 1981, Bruno Bischofberger, grand marchand d’art, décèle son énorme potentiel. A l’époque, Basquiat n’a que 20 ans mais s’apprête à devenir une star.

     

    « Basquiat apparaît comme un ovni aux yeux des amateurs d’art. Comme l’écriture automatique de ces médiums ou de ces sorciers vaudous qui écrivent dans la pénombre et transcrivent la parole de ceux qui sont partis. » (Jean-Charles de Castelbajac)

     

    Basquiat crée à partir de mots, d’images et de pictogrammes. Un univers complètement nouveau pour l’époque. Il initie l’ère du « copier-coller ». Une méthode dont se sert Basquiat pour dénoncer racisme et inégalités, car être noir dans le new York des années 80 reste une condition difficile. Sa mère est portoricaine, son père est haïtien, et dans ses toiles, il invoque aussi le vaudou et la sorcellerie.

     

    « Il y a tellement de gens que l’art néglige… parce que tout dépend finalement de celui qui tient le pinceau. Les noirs ne sont jamais représentés de façon réaliste. Ils ne sont pas suffisamment présents dans l’art moderne. » (extrait de « Jean-Michel Basquiat, la rage créative », documentaire de David Schulman, en diffusion le 19 octobre à 23h30 sur Arte)

     

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    « Quand on y réfléchit, il y a quelque chose de tentaculaire dans l’oeuvre de Jean-Michel Basquiat… Quand on pense qu’il a peint plus de 800 toiles en l’espace de sept ou huit ans. Avec des périodes distinctes et des techniques toutes différentes. Peintures, détournements, tout y passe. A la manière de Picasso, qui crée une tête de  taureau à partir d’un guidon de bicyclette, Basquiat fait sa Chapelle Sixtine à partir d’une palissade. » (Jean-Charles de Castelbajac)

     

    En 1983, Basquiat se lie d’amitié avec son idole, Andy Warhol. De cette rencontre naîtra une collaboration foisonnante. Mélange d’effervescence et de compétition, cette association donne lieu à de nombreuses toiles et photos, ainsi qu’à une exposition.

     

    « Ça n’avait jamais existé auparavant, ce genre de collaboration, entre deux artistes gigantesques et de générations différentes. » (Jeffrey Deitch, conseiller en art)

     

    Après presque deux ans de création commune, ils se séparent en 1985. Rattrapé par ses addictions, Jean-Michel Basquiat voit son génie décliner peu à peu. Il meurt d’une overdose en 1988, à l’âge de 27 ans. Pourtant, trois décennies après sa disparition, ses prophéties résonnent encore…

     

     

     

    « Beaucoup des thèmes qu’il aborde dans ses toiles restent malheureusement aujourd’hui encore d’actualité, partout dans le monde. Nous continuons à faire face au racisme et aux discriminations. C’est pour cette raison que Jean émeut encore les gens aujourd’hui, tant son message résonne encore. » (Jeanine Basquiat, soeur de Jean-Michel Basquiat)

     

     

     

  • Le Musée Eugène Delacroix, intime et atemporel

     

     

    Prenez le temps de vous ressourcer dans un site unique au cœur de Saint-Germain-des-Prés à Paris… Avec son jardin, le musée-atelier d’Eugène Delacroix est un lieu de création à taille humaine, intime et atemporel. Venez y découvrir régulièrement de nouvelles expositions ainsi que de nombreuses manifestations artistiques.

     

    Le Musée National Eugène Delacroix fut fondé à la fin des années 1920 par la Société des Amis d’Eugène Delacroix. Il a ouvert pour la première fois en juin 1932, avec une première exposition dédiée au peintre et à ses proches, « Delacroix et ses amis ».

    Installé dans le dernier appartement occupé par le peintre, ainsi que son dernier atelier, où il vécut de décembre 1857 à sa mort, le 13 août 1863, le musée a été créé, plus de soixante ans après le décès de Delacroix, par des peintres, des collectionneurs, des conservateurs, réunis en association pour sauver les lieux, menacés de destruction. Présidée par Maurice Denis, dont l’implication pour le musée fut sans faille, la Société des Amis d’Eugène Delacroix réunissait aussi Henri MatissePaul SignacÉdouard VuillardGeorge Desvallières, notamment.

    Le Musée Eugène-Delacroix fut donc conçu en hommage à Eugène Delacroix, peintre, dessinateur, graveur et écrivain. Sa collection propre, singulière, est la seule au monde à présenter la diversité des talents de cet immense artiste et à souligner l’influence majeure que son œuvre exerça sur la création artistique.

    Vous aimez la peinture, la littérature et la poésie ? A l’occasion des vacances de la Toussaint, venez profiter d’un choix de cadeaux et de présents pour petits et grands, disponibles à la librairie du musée. Vous y serez accueillis du mercredi au lundi, de 9h30 à 17h30. L’entrée est libre !

    Et n’oubliez pas de vous abonner à la page Facebook du Musée Eugène Delacroix pour suivre son actualité !

    © Musée du Louvre / Antoine Mongodin

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Musée Eugène Delacroix

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  • La dernière provocation de Banksy

     

     

    Une œuvre de Banksy s’autodétruit juste après avoir été vendue pour plus d’un million d’euros.

     

    Quelle audace ! Le street artist le plus connu au monde a encore mystifié son monde d’une façon extraordinaire avec un geste inédit dans l’histoire de l’art. Une de ses toiles adjugée plus d’un million d’euros vendredi soir chez Sotheby’s à Londres s’est ensuite auto-détruite sous le regard médusé des participants.

     

    Adjugée… vendue… et détruite ! Une version sur toile de la célèbre « Girl with Balloon » du street-artist Banksy était en vente, vendredi 5 octobre, chez Sotheby’s, à Londres. Mais à la surprise générale, juste après avoir été adjugée pour 1,04 million de livres sterling (1,18 million d’euros), soit quatre à cinq fois sa valeur estimée, la toile, peinte à la bombe et à l’acrylique, est sortie de son cadre, en passant par une déchiqueteuse dissimulée dans celui-ci. « Sotheby’s s’est fait Banksé », écrit la maison d’enchères dans un communiqué (en anglais) et qualifie l’événement de « totalement inattendu ».

     

    https://www.instagram.com/p/Bokt2sEhlsu/?utm_source=ig_embed

     

     

    Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux montrent le public réagir avec stupéfaction et amusement, immortalisant l’instant en mitraillant de photos la toile déchiquetée, tandis que deux employés de la maison d’enchères s’en approchent pour l’emporter.

     

     

     

    Un artiste très critique du marché de l’art

     

    Sur son compte Instagram, Banksy a publié une photo de ce moment qui a pris tout le monde de court, avec pour simple commentaire : « Going, going, gone… ».  En français : « Adjugé, disparu… ». S’agit-il d’une farce ? Y avait-il seulement un acheteur pour ce tableau ? L’œuvre originale est apparue pour la première fois sur un mur de Londres en 2006, et le subversif Banksy a souvent critiqué l’establishment et le marché de l’art. Cette autodestruction porte donc toutes les traces de son sarcasme.

     

     

     

    Une première dans l’histoire de la vente aux enchères

     

    « On dirait qu’on vient de se faire bankser », a réagi Alex Branczik, un responsable de la maison d’enchères, dans un communiqué. « C’est certainement la première fois dans l’histoire de la vente aux enchères qu’une oeuvre d’art se déchiquette automatiquement après être passée sous le marteau », a également dit Sotheby’s.

    « Nous avons discuté avec l’acheteur qui a été surpris par cette histoire. Nous sommes en discussion pour les prochaines étapes », a fait également savoir Sotheby’s auprès du Financial Times en refusant de dévoiler l’identité de l’acheteur. Ce dernier était-il dans le coup ? Si ce n’est pas le cas, la toile est-elle revendable en l’état ? Et s’il avait décroché en réalité l’oeuvre la plus stupéfiante de Banksy ? Certains mauvaises langues prétendent même que la toile a déjà pris de la valeur suite à cet incident…

    Affaire à suivre…

     

     

     

  • La Scala de Paris : un nouveau théâtre ouvre sur les ruines d’un ancien cinéma porno

     

     

    La naissance d’un nouveau lieu culturel à Paris est assez rare pour être signalée. La Scala renaît donc de ses cendres, sur les ruines d’un ancien cinéma porno, après 18 mois de travaux et 19 millions d’euros d’investissements privés.  

     

    Il y a dans Paris des lieux singuliers, aux destinées bien étranges, bien extraordinaires. C’est le cas de la Scala-Paris, sise Boulevard de Strasbourg. Sortie de terre en 1873, dans une capitale en pleine révolution européenne, elle est née d’un caprice, celui d’une riche veuve amoureuse du célèbre opéra milanais. Tentative égotique de rivaliser avec cet édifice de renommée mondiale, la salle, aux dimensions certes plus modestes, devient très vite un café-concert prestigieux, la coqueluche du Tout-Paris.

    De Fréhel à Félix Mayol, en passant par Mistinguett et Yvette Guilbert, tous se pressent à la Scala jusqu’en 1910, en ce lieu où politiques et artistes viennent se divertir jusque tard dans la nuit. L’après-guerre et la crise de 1929 entraînent une baisse de fréquentation et scelle le destin de ce haut lieu du cabaret parisien.

    Entré en léthargie, le lieu se réveille en 1935, flambant neuf, totalement modifié, suite au rachat par un exploitant de cinéma. Transformée en un cinéma « Art Déco » de toute beauté, la Scala-Paris redevient très vite à la mode, réunissant lors de nombreuses avant-premières tout le gratin du 7ème art jusque dans les années 1960. Puis, le quartier subissant de profondes mutations, les ateliers d’antan disparaissant les uns après les autres pour laisser place peu à peu à la prostitution, aux trafics de drogues et aux squats, l’endroit devient de moins en moins fréquentable.

     

     

     

    Abandonnée, vendue une nouvelle fois, la salle devient en 1977 le premier multiplex de cinéma porno. C’est le début d’une longue déchéance. Très vite, comme le dit le nouveau propriétaire, Frédéric Biessy, l’endroit devient de moins en moins recommandable, de plus en plus glauque, « un des plus grands lupanars de la capitale ».

    Véritable lieu de perdition, la Scala-Paris pense avoir tout vu… Suite à une succession de ventes, conséquence d’une spéculation immobilière féroce, l’ancienne salle mythique tombe en 1999 dans l’escarcelle de la secte « l’Église Universelle du Royaume de Dieu », qui compte bien faire du lieu sa succursale parisienne. Vent debout, les édiles parisiens se lèvent pour faire barrage à ce dessein, en imposant aux nouveaux et heureux propriétaires une affectation culturelle.

    La salle, dans un état pitoyable, se rendort à nouveau. En 2006, un détail architectural – un voisin obtient l’autorisation de s’agrandir en rognant sur la sortie de secours limitant ainsi le nombre de places possibles à une future salle de spectacle – va bloquer tout projet à venir. James Thierrée, un temps intéressé, va finir par abandonner l’idée d’en faire son théâtre.

     

    « Au cœur de Paris, une fosse éventre la capitale. Propre, nette, elle marque l’emplacement de la Scala-Paris, lieu légendaire de la fin du XIXème siècle, tombée en désuétude au fil du temps et des aléas de la vie des Grands Boulevards. Cette salle au destin chaotique, chargée d’histoires, devrait renaître de ses cendres à l’automne 2018 grâce au rêve fou des Biessy, un couple, amoureux de théâtre. »

     

    Après ces multiples vies, certaines plus glorieuses que d’autres, La Scala-Paris renaît enfin de ses cendres. Mélanie et Frédéric Biessy, respectivement associée-gérante du fonds d’investissement Antin Infrastructure Partners et producteur-tourneur privé de spectacle via sa société Les Petites Heures, en font l’acquisition, espérant redonner vie à la scène d’antan, la transformer en un lieu atypique, où l’art vivant pourra s’exprimer sans contrainte. La salle, imaginée par Richard Peduzzi, le scénographe de Patrice Chéreau et Luc Bondy, devra être astucieusement modulable.

    Avant d’investir plus de 15 millions d’euros, dont près de 9 millions apportés par le seul couple sur leurs fonds propres, nos deux passionnés de théâtre font une étude approfondie des lieux, sollicitent l’avis de différents corps de métiers pour évaluer la viabilité de leur projet, trouver une autre sortie de secours et améliorer la capacité d’accueil. Un petit tour sur Google Earth, une plongée dans les dédales de passages inter-immeubles, et une possibilité voit le jour en passant par la rue du faubourg Saint-Denis. Le rêve fou d’ouvrir un nouveau théâtre d’envergure en plein cœur de la capitale se concrétise.

     

    « La Scala est bleue des pieds à la tête, les loges, les murs. Le sol est gris-bleu. C’est le bleu, l’histoire de la Scala, le rêve. » (Richard Peduzzi, scénographe)

     

    En 2016, au moment de leur rachat, les lieux étaient improbables : « C’était une friche totalement abandonnée depuis plus de dix ans, en ruine, et habitée par 200 pigeons », se souvient Frédéric Biessy. Avec son épouse Mélanie, ils n’ont cependant pas reculé devant l’ampleur des travaux qui ont duré un an et demi. La scénographie du lieu a été confiée à Richard Peduzzi, qui a signé la plupart des décors de théâtre et d’opéra de Patrice Chéreau.

    Leur problématique est simple : que faire de cet immense bloc de béton de 25 mètres sur 15 ? Comment l’aménager en une salle moderne, attractive et totalement transformable, pour passer de 550 à 700 places ? Pas de souci, les Biessy font appel aux talents, aux réflexions de nombreuses personnalités du monde du spectacle pour avoir leurs avis et donner corps à leur utopie. Alors qu’il ne reste que les murs, les artistes de tous horizons se succèdent pour visiter le chantier – la plupart seront associés au spectacle à venir.

    Ainsi, Isabelle Huppert, Micha Lescot, les sœurs Labèque, Catherine Frot, Aurélien Bory, Jan Fabre, entre autres, viennent s’approprier les lieux, s’en inspirer, réinventer l’espace. En parallèle, le couple propose à Pierre-Yves Lenoir, l’ancien administrateur de l’Odéon-Théâtre de l’Europe, à Olivier Schmitt, écrivain et ancien journaliste, à Rodolphe Bruneau-Boulmier, compositeur et producteur à France Musique et enfin à Aline Vidal, galeriste, de rejoindre l’équipe. L’objectif : créer un lieu de vie singulier, unique, un théâtre transcendé, différent de ce qu’offre déjà la capitale, à l’économie alliant les avantages des modèles américains et français. Un pari audacieux, qui pourrait bien dépasser leurs espérances les plus folles.

     

    « C’est un lieu qui attire parce qu’il est nouveau, parce qu’il est un peu particulier dans l’environnement culturel parisien. » (Mélanie Biessy)

     

    Les travaux commencés, les fondations creusées, l’ouverture prévue pour septembre 2018, il est temps pour Mélanie et Frédéric Biessy de se pencher sur leur première programmation. Ils l’ont présentée en avant-première lors du dernier festival d’Avignon, au cours d’une mini-croisière sur le Rhône. Et elle sera exceptionnelle…

     

    Pour commencer, c’est Yoann Bourgeois, l’artiste circassien jouant des équilibres, qui essuiera les plâtres avec un spectacle inspiré par la magie des lieux, qui s’appellera tout simplement « Scala ».

     

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    Puis, Thomas Jolly reviendra avec l’un de ses premiers spectacles, « l’Arlequin Poli par l’Amour » de Marivaux.

     

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    Le réalisateur Jaco Van Dormael et sa complice Michèle Anne de Mey présenteront plusieurs de leurs spectacles dont « Cold Blood », « Kiss and Cry » et « Amor ».

     

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    Le metteur en scène, sociétaire de la Comédie-Française, Clément Hervieu-Léger montera « La Dame de la Mer » d’Henrik Ibsen courant 2018.

     

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    En parallèle, Alain Platel fera découvrir au public parisien son « Projet Bach », Bertrand Chamayou y jouera des pièces pour piano de John Cage. Enfin, en février-mars 2019, une carte blanche sera offerte à l’artiste plasticien Aurélien Bory pour investir les lieux à sa guise. Loin d’être exhaustive, cette liste d’événements a tout pour nous mettre l’eau à la bouche… Car il y aura aussi du nouveau cirque, du théâtre, des concerts, de la danse, soit une programmation plus proche du théâtre subventionné que du théâtre privé. Et l’objectif de fréquentation est ambitieux. Mélanie Biessy prévoit « une jauge de 80 à 90 % de remplissage ».

    Alors, y a-t-il encore de la place pour de nouvelles salles à Paris et suffisamment de spectateurs ? On peut s’interroger même si ces nouvelles salles font des efforts sur la politique tarifaire. Jean Robert-Charrier, le directeur du théâtre de la Porte-Saint-Martin, voisin de la Scala, se montre plutôt optimiste, même s’il faut tenir compte de l’enjeu financier : « Il est difficile de tenir économiquement une salle, en créer une est encore plus difficile. Mais, ajoute-t-il, il n’y a que le projet artistique qui compte ».

     

    « Plus on propose des spectacles exigeants, plus on a un public jeune. » (Jean Robert-Charrier, à la tête du théâtre de la Porte-Saint-Martin)

     

    Jean Robert-Charrier affirme que le renouvellement du public ne se fait pas avec « les vieux spectacles et les vieilles recettes » du théâtre privé, mais avec des affiches plus qualitatives. « Les jeunes se concentrent sur des spectacles exigeants. Et ça c’est très rassurant », conclut-il.

     

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    Source :  pour L’Oeil d’Olivier