Auteur/autrice : Instant-Chris

  • La Légende de Marley

     

     

    Bob Marley fut un artiste engagé, et trente-sept ans après sa mort, le roi du reggae reste le représentant incontesté de la musique du tiers-monde, mais aussi le symbole de l’émancipation de ces métis jamaïcains socialement rejetés.

     

    Mort très jeune, Bob Marley a eu le temps, toutefois, d’imposer en Occident cette musique au tempo lascif et ses tubes planétaires. L’album hommage titré « Tribute Bob Marley, la Légende » paraissait le 10 juin 2016.

    Car il y a le reggae et il y a Bob Marley… Le rastaman superstar de la Jamaïque est décédé le 11 mai 1981. Trente-sept ans plus tard, son album « Legend » reste l’un des disques les plus vendus au monde.

    Alors comment ce gamin de la misère, enfant illégitime, métis et socialement rejeté, a su gagner une audience planétaire ? Réponse avec le musicien et fan Tété et le journaliste Bruno Blum.

    « Au départ, le jeune Robert Nesta Marley quitte sa campagne pour le ghetto de Trench Town. A Trench Town, il commence la musique en jouant avec Peter Tosh, car celui-ci est un des seuls mecs du ghetto qui possède une guitare. Ce sont les tout débuts, avec les Wailers. Bien avant qu’ils ne se renomment Bob Marley and The Wailers. A l’époque, ils commencent à jouer du rock-steady. » (Tété)

    « Le premier album des Wailing Wailers, comme ils s’appellent au moment de la sortie du disque en 1965, c’est du pur ska. Sur cet album figure le titre « Rude Boy » qui sera un de leurs tout premiers hits. » (Bruno Blum)

     

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    Après plusieurs No 1 en Jamaïque, Marley, loin de rouler sur l’or, décide d’émigrer aux Etats-Unis en 1966.

     

    « Marley fait Woodstock. Sauf qu’il ne participe pas au festival en tant que musicien, mais il va y vendre des petits colliers de perles pour se faire un peu d’argent. L’histoire de Marley, c’est la survie. En 1979, Marley sort son morceau « Survival« , et ça n’est pas surfait, pour la peine. La Jamaïque, il faut le rappeler, ça n’est pas du tout l’image qui figure sur les cartes postales. La Jamaïque est ultra-violente et le Jamaïcain n’est pas cool. A tel point que dans les bals du samedi soir, les mecs buvaient de la bière. Enormément de bière… Et quand vous avez une musique un petit peu électrique, et un tempo assez enlevé, les mecs finissaient par se battre. Le premier tube de Marley, c’est « Simmer Down » en 1964. Simmer Down, ça veut dire « Hé mec, reste cool ». Et en fait, il y a un mec qui a l’idée géniale de ralentir le tempo. Le reggae, c’est juste ça, du rock-steady dont on a ralenti le tempo. » (Tété)

     

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    Le tournant international dans la carrière de Marley, c’est sa rencontre avec le producteur Chris Blackwell à Londres en 1973. Blackwell dit : « Moi, je la comprends, cette musique, mais les gens ne vont pas la comprendre, car le principe du reggae, c’est que les temps sont à l’envers. Nous, on a l’habitude, les 2, les 4, comme on dit. Avec le rythme one-drop, vous avez le charley qui fait tss tss tss tss, et sur le 3ème temps, vous avez la grosse caisse qui fait boum, et la caisse claire qui fait clac… »

    Le coup de génie de Chris Blackwell, c’est de vendre Marley comme un artiste de rock, et non comme un artiste de reggae. On ajoute des solos de guitare, une image plus rock. Marley apparaît sur les photos avec ses musiciens, alors qu’en Jamaïque, les groupes de rock, ça n’existe pas. Plus qu’un simple pape du reggae, Bob Marley est surtout celui qui a occidentalisé le genre.

    « Ce qui marche dans le monde à l’époque, c’est le disco. Marley veut partir à la conquête du monde. Et surtout, il veut être numéro 1 aux Etats-Unis. « Could You Be Loved », en 1980, c’est la version de Marley du beat disco. Si on se remet le morceau en tête, on y trouve le même charley que sur un track disco. » (TéTé)

    La consécration pour Marley, c’est un concert enregistré à Londres en 1975, qui fera l’objet d’un album live, et sur lequel figure le morceau « No Woman No Cry ». Cette chanson, c’est l’histoire d’une femme qui a perdu son gamin, décédé dans une tuerie au milieu du ghetto, et Marley dit à cette femme qu’il ne faut pas pleurer, que tout ira bien. Ce message d’espoir devient l’hymne absolu de la musique reggae. Numéro 1 partout dans le monde, sauf aux US, on ne compte plus le nombre de reprises, des Fugees à Boney M, en passant même par Joe Dassin, avec « Si tu penses à moi »…

     

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    « My right, I know what that is. You see ? And I don’t care who the guy is, because my right is my right »

     

    Représentant du mouvement Rasta, Bob Marley devient aussi un symbole universel de contestation et d’émancipation. Avec des chansons comme autant d’hymnes aux opprimés, Marley a réussi avec sa musique de paysan illettré à conquérir la planète. Chez Marley, il y a le combat politique, d’émancipation, la lutte des classes, mais aussi son voeu pour le fameux « One Love », à savoir de réunir les gens au rythme de son universalité.

     

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    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Bob Marley Official

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Bob Marley Biography

     

     

     

  • Sixto Rodriguez : Searching for Sugar Man

     

     

    En 2006, lors d’un voyage en Afrique du Sud, le réalisateur suédois Malik Bendjelloul découvre l’histoire étonnante d’un chanteur américain d’origine mexicaine, Sixto Rodriguez, oublié dans son propre pays, mais à qui la jeunesse sud-africaine voue un culte absolu. Suite à sa rencontre avec deux fans de Rodriguez, dont Stephen « Sugar » Segerman, propriétaire du magasin de disques Mabu Vinyl, au Cap, Malik Bendjelloul démêle les fils de cette histoire insolite.

     

    Sixto Rodriguez enregistre donc deux albums pour le label américain Sussex, en 1970 et 1971. Parmi le déferlement de nouveautés que connaissent les magasins de disques américains à cette époque, ces deux Lps sombrent dans l’oubli sans laisser d’autres traces que les quatre étoiles attribuées par l’hebdomadaire spécialisé américain Billboard à « Cold Fact », le premier en date.

    Au même moment, en Afrique du Sud, en plein apartheid, Rodriguez devient, à son insu, l’icône de cette jeunesse blanche afrikaner et contestataire, qui colporte en ses rangs la légende suivant laquelle le chanteur s’était donné la mort sur scène.

    Ainsi, « Searching for Sugar Man » réalisé par Malik Bendjelloul en 2012, relate l’enquête de Stephen « Sugar » Segerman et de son comparse Craig Bartholomew, partis à la recherche de Sixto Rodriguez, le chanteur oublié. Ce magnifique film documentaire à la dramaturgie originale a remporté un certain nombre de prix depuis sa sortie, parmi lesquels le Prix du public international du Festival de Sundance 2012 ainsi que l’Oscar du meilleur film documentaire en 2013.

    Quant au réalisateur Malik Bendjelloul, il n’aura pas survécu à sa quête. Il se donne la mort le 13 mai 2013.

    A découvrir absolument…

     

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    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Sugarman Official

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Mabu Vinyl

     

     

     

  • Chet Baker, un ange passe…

     

     

    Chet Baker était jeune, beau, et doublé d’un trompettiste de génie. Les femmes l’ont adoré, des hommes l’ont admiré, comme le photographe et cinéaste Bruce Weber, qui a décidé de nous raconter l’histoire de Chet le Maudit, avec le film documentaire « Let’s Get Lost », sorti en 1988. Interviews des femmes de sa vie (il fut marié trois fois), de ses enfants, mais surtout vérité et émotion qui percent dans la voix à peine audible du musicien au visage ravagé par l’héroïne interprétant Almost Blue. Il avait 58 ans…

     

    Chet Baker, trompettiste de jazz, né en 1929 au fin fond de l’Oklahoma, commence sa carrière dans les années 1950. Il joue avec Stan Getz, Charlie Parker, acquiert une belle célébrité avec Gerry Mulligan, s’établit en Europe, voit sa carrière perturbée par l’alcool et les drogues, et finit par tomber par la fenêtre de sa chambre d’hôtel à Amsterdam, en mai 1988, en plein montage du film « Let’s Get Lost ».

    Bruce Weber, photographe de mode réputé, est passionné par son sujet. A partir de témoignages, d’interviews de Chet Baker lui-même, de séances d’enregistrement et de concerts, d’images d’archives et d’extraits des quelques films de série Z dans lesquels Chet a joué, il reconstitue à la manière d’un puzzle la vie mouvementée du trompettiste. Fasciné, il s’attarde sur le visage usé offert par le musicien lors de ses dernières confidences, pour mieux laisser éclater la beauté du jeune homme, qui fut en son temps comparé à James Dean.

    L’admiration de Weber pour Chet remontait au début des années 80. Lui qui érotisait chaque campagne Calvin Klein, à coups de photos noir et blanc sentant le sexe et le linge, était tombé en arrêt sur un exemplaire vinyl d’un de ces albums de Chet de 1955, dont la cover était systématiquement due au photographe William Claxton.

    Même si le film est parfois complaisant (le montage des témoignages contradictoires de sa femme et de ses maîtresses), et quelquefois voyeur (les confessions de Chet sur sa toxicomanie), « Let’s Get Lost » est avant tout un immense hymne d’amour à la musique. La trompette évanescente et plaintive s’élève sur les images en noir et blanc d’un Baker disloqué, noyé dans l’héroïne, mais qui retrouve, au contact de l’instrument, son orgueil de musicien. Chet Baker, qui n’a jamais su déchiffrer une partition, qui n’a jamais répété de toute sa vie, qui a été dédaigné pendant longtemps par les puristes du fait de son physique de dieu, aura marqué malgré tout le jazz de son empreinte indélébile, par la longueur de ses notes, par ses silences, amenant une profondeur et une mélancolie à son jeu, reconnaissable entre tous.

    Le 23 juillet 2008, vingt ans après sa première sortie en salle, « Let’s Get Lost » faisait l’objet d’une restauration en haute définition.

    Un documentaire émouvant… A ne pas rater…

     

     

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    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Bruce Weber

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] William Claxton

     

     

     

  • Marceline Loridan-Ivens, itinéraire d’un siècle

     

     

    Marceline Loridan-Ivens nous a quittés mardi 18 septembre à l’âge de 90 ans. L’écrivaine et cinéaste, survivante d’Auschwitz, raconte son retour à la vie dans «  L’Amour après  », un livre de souvenirs et sur le Paris d’après-guerre, paru en février 2018, quelques mois avant sa disparition.

     

    Elle avait déjà publié « Et tu n’es pas revenu » en 2015, témoignage saisissant d’une femme déportée à 15 ans. Quelques mois avant sa disparition, Marceline Loridan-Ivens poursuivait encore son oeuvre de mémoire avec son dernier livre, « L’amour après », paru en février 2018. L’écrivaine et cinéaste y évoque l’épreuve de la reconstruction après la déportation et nous raconte comment s’inscrivent la séduction, le désir, la jouissance, dans un corps qui a été humilié et nié par les tortionnaires nazis.

    Marceline Loridan-Ivens est née en 1928, issue d’une famille juive polonaise. Elle est arrêtée et déportée en 1944, avec son père. Envoyée au Konzentrationslager d’Auswitch-Birkenau, dans le même convoi que Simone Veil, dont elle est restée proche tout au long de sa vie, elle est ensuite transférée à Bergen-Belsen puis au camp de Theresienstadt.

    Marceline Loridan-Ivens a survécu à l’univers concentrationnaire durant deux ans, entre 15 et 17 ans. Expérience qu’elle racontait en 2015 dans son livre « Et tu n’es pas revenu ». Son dernier récit, « L’amour après », témoigne du retour si difficile à la vie et la découverte de l’amour.

     

    « Nous revenions d’un ailleurs incroyable, incommensurable, inadmissible… Et nous revenions de ces lieux où les gens mourraient tous. Nous les voyions, tous nos camarades, mourir, se transformer en odeurs, en flammes, en cendres, en horreur. Nous nous demandions à chaque instant si nous sortirions par la cheminée ou par la porte. En regardant la réalité en face, sans beaucoup d’espoir que ce soit par la porte… Nous ne savions plus ce qu’était le deuil. »

     

    Lorsqu’elle rentre de l’enfer, Marceline dit « avoir tout vu de la mort sans rien connaître de l’amour ». Elle se sent incapable d’avoir des enfants, et passe ses nuits à Saint-Germain-des-Prés, où elle fréquente des écrivains tels que Roland Barthes ou Georges Perec, curieuse et avide d’apprendre.

     

    « J’avais ce goût fou, de la culture, de la lecture. Ce fut une période essentielle pour moi. C’est la seule chose qui m’a tenue… Essayer de trouver un sens à la vie. Voir comment on peut se battre dans ce monde pour survivre. »

     

    En 1960, c’est dans le film de Jean Rouch et Edgard Morin, « Chronique d’un été », que Marceline témoigne pour la première fois de son expérience.

     

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    « C’est moi qui ai demandé de porter le Nagra, le magnétophone. J’avais le courage de dire ce que j’avais à dire, mais je ne voulais pas qu’ils l’entendent sur le moment.  »

     

    Dans « L’amour après », Marceline Loridan, « elle, la survivante qui trimbale son enfer avec elle, qui commande encore à ses nerfs, à ses muscles, et a tout asséché en elle », évoque son corps qui « ne frémit pas, ne se réchauffe pas, ne s’excite pas sous les caresses incessantes ». Cette difficulté à s’abandonner dans les bras d’un homme…

     

    « Pour l’abandon et le fantasme, il faut du temps… Surtout quand on revient des camps. »

     

    Marceline Loridan-Ivens a choisi de vivre librement, hors des sentiers battus. Lorsqu’elle rencontre le cinéaste néerlandais Joris Ivens, elle trouve son grand amour : « Je crois qu’il est temps d’en venir à mon grand amour ».

     

    « Joris était un homme exceptionnel. D’abord, il était très beau, c’est vrai, et il avait vécu des expériences dans les années 30 qui l’avaient profondément marqué. »

     

    Grand documentariste engagé, de trente ans son aîné, c’est en mêlant le militantisme à l’amour qu’ils réalisent ensemble des documentaires sur la guerre du Vietnam ou la Révolution Culturelle en Chine : « J’ai beaucoup aimé faire ce métier ».

     

    En 2002, Marceline réalise « La Petite Prairie aux Bouleaux » avec Anouk Aimé, retournant par la fiction à Birkenau, sur les lieux de ses souffrances et de ses traumatismes. Rescapée de la Shoah, Marceline Loridan-Ivens aura passé sa vie entière à dénoncer dans ses films, dans ses livres ou dans les écoles, l’injustice et la violence.

     

    « Il faut toujours continuer, ne jamais s’arrêter. Et puis surtout, il faut aimer la vie. »

     

     

     

  • Christine & The Queens mixe Rihanna et Kate Bush sur BBC1

     

     

    Au lendemain de son triomphe sur scène à l’Apollo de Londres le 20 novembre, Christine & The Queens faisait une halte sur BBC 1 pour une session live exclusive. Après avoir interprété son single « 5 dollars » en anglais (extrait de son second album « Chris » également sorti dans la langue de Shakespeare), Héloïse Letissier s’est réapproprié une chanson de Rihanna en y intercalant le refrain du mythique « Wuthering Heights » de Kate Bush. A checker…

     

    Entourée de ses danseurs et de ses musiciens, Héloïse Letissier alias « Chris » de Christine & The Queens, a repris « Kiss is Better » de Rihanna en y intercalant le refrain de « Wuthering Heights » de Kate Bush. Un « Mashup » audacieux, interprété de façon très impliquée, avec une voix renversante, et soutenu de bout en bout par de splendides arrangements dominés par les choeurs.

     

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    Auparavant, elle avait interprété avec ses danseurs le single « 5 Dollars » extrait de son deuxième album, « Chris ».

     

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    Le concert de Christine & The Queens à l’Eventim Apollo de Londres, la veille de cette prestation, a été unanimement salué par la presse anglaise, impressionnée, et en particulier par le réputé New Musical Express.

     

    « Depuis le début, l’art de Christine & The Queens consiste à explorer ses douleurs profondes et à les surpasser », écrit El Hunt dans le NME. « Chris a de nombreux talents – production, imagination, voix, créativité physique – mais sa qualité majeure est sa capacité à se connecter directement à son public. Quand elle chante, on sent la douleur des blessures. C’est une des choses les plus rares qui soient ; quelque chose d’instinctif qu’il est impossible de simuler. »

     

     

     

    La tournée française de Christine & The Queens se conclut le mois prochain par deux haltes à Paris Bercy (Accor Hotel Arena), les 18 et 19 décembre. Auparavant elle sera le 4 décembre à Nantes (Zénith), le 5 décembre à Bordeaux (Arkea Arena), le 6 décembre à Montpellier (Zénith), le 11 décembre à Genève (Suisse), le 12 décembre à Strasbourg (Zénith), le 14 décembre à Lyon (Halle Tony Garnier) et le 15 décembre à Toulouse (Zénith).

     

    Article : Tom Skinner pour NME

    Photo à la Une : Héloïse Letissier de Christine & The Queens à Cannes le 10 novembre 2018. © Pierre Villard / NMA2018 / SIPA

     

     

     

  • Thierry Le Luron, l’inimitable

     

     

    L’humoriste star des années Giscard et Mitterrand, Thierry Le Luron, nous quittait il y a tout juste trente-deux ans.

     

    Une carrière d’imitateur fulgurante et une fin tragique pour un être qui masquait ses failles d’enfant non-désiré et une grande mélancolie derrière le rire et l’excitation de la nuit. Hommage au « Petit Prince de l’humour »…

    Provocateur et persifleur, trente-deux ans après sa mort, Thierry Le Luron reste l’inimitable imitateur. De 1971 à 1985, avec ses parodies et un succès fulgurant, Thierry Le Luron n’aura pas seulement été le miroir d’une décennie, il aura aussi bouleversé la profession.

     

    « On m’a souvent demandé si je n’en avais pas assez de prendre la personnalité des autres. Est-ce que vous n’avez pas plutôt envie de trouver un jour la vôtre ? Je crois que j’imite les gens justement avec ma personnalité. Ca n’est donc pas un personnage qui prend ma personnalité, c’est moi qui lui donne la mienne au travers de la sienne… »

     

    Avec son auteur Bernard Mabille et le documentariste Mathias Goudaud, voyons comment, en quinze ans de carrière, ce joyeux luron a redéfini les règles de l’exercice de l’imitation.

    « Il va inventer l’imitation et vraiment en faire un art à part entière, sur la base d’un spectacle d’une heure et demi à deux heures, comme toutes les stars de l’époque, du chanteur à l’humoriste. » (Mathias Gouraud)

     

    « C’est le premier à faire accéder le petit imitateur de première partie de spectacle au statut de vedette à part entière. On n’avait jamais vu ça avant. » (Bernard Mabille)

     

    Révélé par la télévision en 1970, Le Luron va très vite vendre énormément de disques. Il est un grand chanteur, il voulait d’ailleurs être chanteur d’opéra, et il se sert de toutes les chansons connues de l’époque pour les transformer en parodies implacables. Au début de sa carrière, il compte déjà une vingtaine de voix à son répertoire. En tout, il en utilisera une centaine. Il fut aussi un des premiers à imiter autant les voix de femmes, de Dalida à Mireille Mathieu, en passant par Line Renaud ou Alice Sapritch, qui seront autant ses amies que ses victimes, s’avouant même parfois blessées par ses imitations, mais lui pardonnant finalement sa délicieuse insolence, tant son talent était immense.

    Mais plus qu’une simple voix, certes de caméléon, Le Luron a vite compris qu’il fallait aussi du fond. Il ajoutera donc rapidement des politiques à son répertoire. C’est ainsi qu’il se retrouve naturellement avec Coluche sur ce même terrain de l’humour politique.

     

    « Thierry Le Luron ne va pas bouleverser la politique, certes, mais il n’empêche qu’il devient vite un caillou dans la chaussure de pas mal d’hommes politiques. » (Mathias Gouraud)

     

    Il devient plus féroce et caustique dès l’instant où il découvre Lenny Bruce aux Etats-Unis, un des plus grands imitateurs américains, et il se dit tout naturellement que pour exister et surtout durer, il va falloir qu’il ajoute cette corde à son arc, tout en devenant plus « mordant », au delà de ses premières imitations de chanteurs ou de chanteuses.

    Ayant compris que les hommes politiques n’appréciaient guère son humour corrosif, et qu’ils étaient même prêts à utiliser la censure contre lui, voire les ciseaux puisqu’il fut régulièrement coupé au montage de certaines émissions, Le Luron va ainsi privilégier le direct, sans même répéter l’après-midi. La surprise est donc totale, et ses coups d’éclat n’en seront que plus jubilatoires.

    Ce sera le cas avec « L’emmerdant, c’est la rose » en 1984, adressé à Mitterrand, président depuis trois ans. On n’avait jamais vu un imitateur aller aussi loin, brocardant le président de la sorte, en le regardant droit dans les yeux, à travers une caméra. Evidemment, cela fait l’effet d’une bombe, d’autant plus que c’est un public majoritairement de gauche qui assiste au show, et qui va reprendre en coeur cette chanson.

     

    « Thierry Le Luron, c’était no limit, il se permettait tout, avec un culot incroyable. » (Bernard Mabille)

     

    Thierry Le Luron meurt deux ans plus tard, à l’âge de trente-quatre ans seulement. Il aura notamment ouvert la voie au « Bebette Show » de Collaro ou aux « Guignols de l’Info », en permettant l’entrée des imitateurs qui lui succéderont dans le star system.

     

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  • Focus | Romain Gary et François Truffaut, résonances entre deux auteurs et leurs œuvres

     

    [kleo_pin type= »circle » left= »yes » right= » » top= » » bottom= » »]          « FOCUS » : un article de fond sur un thème que nos rédacteurs ont sélectionné.

     

     

    L’année 2014 commémorait à la fois le centenaire de la naissance de Romain Gary (1914-1980) et le trentième anniversaire de la mort de François Truffaut (1932-1984). Entre les deux auteurs, apparaissent des symétries, des parallèles, des points de convergence, à commencer par leur amour partagé de la littérature et du cinéma.

     

    Nommé Consul Général à Los Angeles en 1956, Romain Gary côtoie le tout Hollywood, épouse l’actrice Jean Seberg (pressentie par Truffaut pour le rôle de Jacqueline Bisset dans « La Nuit Américaine »), s’essaye à la mise en scène (01), et plusieurs de ses romans sont adaptés au cinéma (02). Quant à François Truffaut, d’abord critique dans « Arts » et dans « Les Cahiers du Cinéma », auteur d’un livre d’entretiens avec Alfred Hitchcock, il aurait certainement embrassé une carrière de romancier s’il n’avait été cinéaste. Passionné de littérature, il s’inspire de romans pour plusieurs de ses films (03), dont certains passages sont commentés d’une voix off, celle de Madame Jouve, par exemple, dans « La Femme d’à Côté » (1981). Et il n’est pas rare de voir les héros truffaldiens lire ou taper à la machine à écrire.

     

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    [kleo_grid type= »2″ animation= »yes »][kleo_feature_item]

     

    SOMMAIRE

    Le schéma familial
    Le poids du manque et celui du trop plein
    Je me suis toujours été un autre
    Les femmes, précieuses alliées
    Enquête d’identités

    Le rapport de la judéité
    Deux esprits libres
    De la fiction, faire une réalité
    C’est la fin
    Encore aujourd’hui
    Notes

    [/kleo_feature_item][/kleo_grid]

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    Le schéma familial

    Leur destin d’auteurs prend naissance dans un même schéma familial : un père absent et une figure maternelle déterminante.

    Dans son premier film « Les 400 Coups » (1959), Truffaut fait le portrait à charge d’une mère autoritaire, volage, encombrée par un fils qui trouve refuge dans les livres et les salles obscures. Dans « La Promesse de l’Aube » (04), Romain Gary rend hommage à sa mère juive qui « n’était qu’amour » et voyait en lui un héros en devenir.

    « Avec l’amour maternel, la vie vous fait, à l’aube, une promesse qu’elle ne tient jamais. Chaque fois qu’une femme vous prend dans ses bras et vous serre sur son cœur, ce ne sont plus que des condoléances. On revient toujours gueuler sur la tombe de sa mère comme un chien abandonné. Jamais plus, jamais plus, jamais plus ».

     

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    Le poids du manque ou celui du trop plein

    Le cinéma de Truffaut comble un vide. « Le cinéma m’a sauvé la vie » déclare-t-il (05). Ferrand, le metteur en scène de « La Nuit Américaine » (1973), joué par Truffaut, sermonne son acteur Alphonse, interprété par Jean-Pierre Léaud : « Ne fais pas l’idiot, Alphonse. Tu es un très bon acteur, le travail marche bien. Je sais, il y a la vie privée, mais la vie privée est boiteuse pour tout le monde. Les films sont plus harmonieux que la vie, Alphonse. Il n’y a pas d’embouteillages dans les films, il n’y a pas de temps morts. Les films avancent comme des trains, tu comprends ? Comme des trains dans la nuit ».

    Pour Romain Gary, l’écriture libère d’un trop plein. Un besoin qu’il qualifie de « physiologique » le pousse à écrire dix heures par jour ! « L’écriture est un processus d’élimination, indispensable à mon équilibre psychique. Après je sors soulagé » (06). Se libérer des espoirs – voire de la mythomanie – de sa mère.

    Ambassadeur de France ! C’est ainsi qu’elle le rêvait. La France, patrie des Droits de l’homme, le paradis sur terre, aux yeux de Mina, juive polonaise, acharnée dans sa lutte pour survivre. En 1928, cette francophile invétérée quitte Vilnius et émigre à Nice avec son fils de 14 ans… Toute la vie de Gary est conditionnée par l’exigence maternelle. « Il me fallait tenir ma promesse, revenir à la maison couvert de gloire, après cent combats victorieux, écrire Guerre et Paix, devenir Ambassadeur de France, bref, permettre au talent de ma mère de se manifester » (04). Il s’engage dans les Forces aériennes françaises libres, rejoint De Gaulle à Londres, Leclerc en Afrique du Nord, risque sa vie plus d’une fois, est nommé Compagnon de la Libération, Commandeur de la Légion d’honneur, devient Consul Général de France en Californie et obtient deux fois le prix Goncourt (07) !

     

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    « Je me suis toujours été un autre »

    Né Roman Kacew, il s’invente un premier pseudonyme, Romain Gary, pour « Education Européenne » (1945, Prix des Critiques). Gary veut dire « brûle » en russe. Après trois autres prête-noms, Fosco Sinibaldi, Shatan Bogat (le « vagabond opulent » ou selon les sources, « le riche Satan » en russe) et Lucien Brûlard, Gary s’efface derrière Ajar, qui signifie « braise » en russe (08).

    Brûle, brûlard, braise… Faut-il y voir un hommage à Blaise Cendrars (de son vrai nom Frédéric Louis Sauser), avec la fille duquel il eut une courte liaison, qui comme lui, vit un temps en Russie, combat dans l’armée française, se passionne pour l’Afrique, est naturalisé Français, fait Commandeur de la Légion d’honneur, signe une oeuvre prolifique… ? Il ne serait pas étonnant que Gary se soit trouvé des affinités avec le poète dont l’oeuvre mêle autant réel et imaginaire.

    Pas plus qu’à Truffaut qui s’imagine un double cinématographique en Antoine Doinel, la vie ne suffit à Gary… au point qu’il s’en invente plusieurs. « Je lisais au dos de mes bouquins : plusieurs vies bien remplies… Aviateur, diplomate, écrivain… Rien, zéro, des brindilles au vent, et le goût de l’absolu aux lèvres. La vérité est que j’ai été très profondément atteint par la plus vieille tentation protéenne de l’homme : celle de la multiplicité. Une fringale de vie, sous toutes ses formes et dans toutes ses possibilités, que chaque saveur goûtée ne faisait que creuser davantage ». Le vrai, le faux s’emmêlent et s’alimentent comme des vases communicants. Gary travestit sa vie dans « La Promesse de l’Aube », qualifiée pourtant d’autobiographique, et fait de sa vraie vie une oeuvre romanesque dans laquelle il s’amuse à changer souvent de rôle. « Je me suis toujours été un autre » écrit-il dans « Vie et Mort d’Emile Ajar ».

    Gary écrit la légende, s’invente « un mélange de sang juif, cosaque et tartare », une naissance dans un wagon aux confins des steppes russes. Et dit se souvenir « des coups de feu, de la Révolution de 1917… Ma mère était comédienne au théâtre. Elle jouait pour les soldats, pour les comités d’ouvriers, pour les Soviets. On allait d’usine en usine, en traîneau, en plein hiver. Ma mère m’emmenait partout. Je me souviens des soldats de l’Armée Rouge qui étaient tous très gentils avec moi… » (04).

    « La vie, c’était l’écran » (05) pour Truffaut, tout autant attaché à fuir le monde réel. « Mon cinéma est un prolongement de la jeunesse avec un refus de voir la vie telle qu’elle est, le monde dans son état réel, et, en réaction, le besoin de créer quelque chose qui participe un peu du conte de fées ».

     

     

    Les femmes, précieuses alliées

    La vie ne suffisant pas à Gary, les femmes vont lui être utiles. « Chaque fois que vous aimez une femme, vous changez de peau » (09). Comme Truffaut qui tombe amoureux de la plupart de ses actrices, qui se projette dans « L’homme qui aimait les femmes » (1977) en un Charles Denner obsédé par les jambes féminines, Gary multiplie les conquêtes et les aventures à un rythme quasi obsessionnel. Si bien que l’âge venant, il est terrorisé à l’idée de perdre sa vigueur sexuelle. Il traduit sa crainte dans l’un de ses plus savoureux romans, « L’Angoisse du roi Salomon » (1979, Mercure de France) et prévient dans plusieurs interviews : « Je ne connaîtrai jamais la vieillesse. D’une manière ou d’une autre, je ne veux connaître cet état absolument effrayant où l’on devient vraiment vieux… Je crois que je peux prendre cet engagement devant vos spectateurs » (09).

     

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    Enquête d’identités

    A 36 ans, François Truffaut décide de rechercher l’identité de son père, qu’il n’a jamais connu. Il s’en remet à Albert Duchenne, patron de l’agence de détectives Dubly, rencontré pour « Baisers Volés » (1968). Après quelques semaines, l’enquêteur lui révèle le nom de son père, Roland Lévy, son origine juive, son métier, chirurgien-dentiste, son adresse. En septembre 1968, Truffaut se rend à Belfort observer discrètement son père sortir de son immeuble pour sa promenade du soir. Truffaut découvre un homme d’une soixantaine d’années, seul, de corpulence assez forte. Truffaut reste caché et repart avec ses questions sans réponses… finir la soirée dans une salle de cinéma.

    L’identité paternelle ? Gary préfère s’en amuser. Il affirme que son père est Ivan Mosjoukine, plus grande star russe du cinéma muet, un bel homme à fière allure que sa mère adulait, et en qui il se trouve une certaine ressemblance… Information formellement démentie par Myriam Anissimov dans sa remarquable biographie (10) : le père de Gary, Arieh-Leïb Kacew, s’avère être en réalité un polonais juif, propriétaire d’un magasin de fourrures à Vilnius.

     

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    Le rapport à la judéité

    Apprenant l’origine juive de son père, Truffaut s’en émeut mais ne s’en étonne pas. Le cinéaste « s’est toujours senti juif. Cette judéité, il l’associe à son penchant pour les proscrits, les martyrs, les marginaux, à l’affirmation de cet autre qu’il dit avoir été tout au long de sa jeunesse » (11).

    Le rapport à la judéité est aussi complexe chez Gary qui l’a tour à tour assumée, littérairement exploitée (« Gros-Câlin », « La Vie Devant Soi »…) et cachée, notamment en temps de guerre. « Tout ce que je leur avais dit à Paris lorsqu’on m’a interrogé… c’est que j’étais demi-juif. Je ne renie pas mes origines, je prends simplement des précautions pour l’avenir » (12).

    Aucun des deux n’est croyant, cela n’empêchant pas une certaine forme de mysticisme. Julien Davenne, joué par Truffaut, dans « La Chambre Verte » (1978), rejette la présence du prêtre et se construit sa propre liturgie dans un culte rendu aux morts, si intense qu’il prend le pas sur la vie.

    « Mes rapports avec la vie sont très mystiques, mais les religions organisées, les dogmes me sont totalement étrangers, confie Romain Gary. Je me sens épouvanté par le rituel. Ceci dit, je suis incapable de croire qu’il n’y ait rien d’autre que nous… » (06)

     

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    Deux esprits libres

    Les deux hommes sont des esprits libres, tendres et cruels, critiques à l’égard de leur oeuvre, tourmentés, d’une sensibilité tendant à la mélancolie, d’une indépendance confinant à la solitude, et paradoxalement, inlassables curieux de la nature humaine. Alors que Truffaut en explore souvent les ressorts dans l’espace triangulaire de la passion amoureuse (« Jules et Jim », « Le Dernier Métro »…), qu’il n’a jamais vraiment milité que pour la défense du cinéma, Gary est agité de questionnements plus politiques.

    Gary est un combattant acharné ; « même si aucun livre au monde ne pourra briser le cou à la haine », il porte en lui un grand « espoir de fraternité », pilier de toute son oeuvre. Dans « Les Racines du Ciel », le personnage principal se bat contre le massacre des éléphants en Afrique. Morel est l’allégorie de Gary, révolté par la privation de liberté, l’abus de pouvoir, l’injustice, le racisme, le fanatisme, la lâcheté… « Tous mes personnages sont des contestataires. C’est peut-être le seul fil conducteur de toute mon oeuvre. Il n’existe pas un roman de moi qui ne soit une protestation… C’est mon rôle d’écrivain de gueuler comme un écorché » estime Gary (06), toujours fidèle aux idéaux de sa mère. « Quand on pense à l’histoire de l’homme, on s’aperçoit que la plus grande puissance spirituelle humaine, c’est la Connerie, avec un C majuscule ». Ecœuré par l’indignité, la fin de la grandeur européenne, la médiocrité humaine…, Gary ne renonce pas. « Mes airs amusés et ironiques ne tromperont personne : le phénomène humain continue à m’effarer et à me faire hésiter entre l’espoir de quelque révolution biologique et de quelque révolution tout court » (13). Gary assouvit sa soif de changer le monde et les hommes dans ses romans, où in fine l’humour et l’innocence triomphent.

     

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    De la fiction, faire une réalité

    En 1975, Gary porte la mystification à son paroxysme, en organisant l’escroquerie littéraire du siècle. Il change de nom pour signer « La Vie Devant Soi ». « Il y avait la nostalgie de la jeunesse, du début, du premier livre, du recommencement… C’était une nouvelle naissance. Tout m’était donné encore une fois. J’avais l’illusion parfaite d’une nouvelle création de moi-même par moi-même » (12).

    La duplicité va plus loin. Dans un mouvement contraire au processus créatif classique, qui va du vrai à la fiction, Gary fait de son invention une réalité et trouve l’idée géniale de donner vie à son identité virtuelle. Il choisit Paul Pavlowitch, son petit cousin, pour endosser le rôle d’Emile Ajar. Duperie mémorable qui lui vaut, à ce jour, d’être le seul détenteur de deux prix Goncourt. Mais la mystification dépasse l’auteur. Gary enrage d’être enfermé dans « la combine métaphysique infernale » qu’il a lui-même échafaudée, et ne supporte pas de voir Paul Pavlowitch tirer gloire de sa propre création. Gary n’est plus maître de l’histoire et n’arrive plus à tirer les fils de sa marionnette.

     

     

    C’est la fin

    La vie échappe à Gary et ne lui suffit définitivement plus. Reste à écrire le mot fin. Le 1er décembre 1980, dans son appartement parisien, il se tire une balle dans la bouche… Ce n’est qu’à titre posthume que Gary tombe le masque.

    L’imposture est révélée dans « Vie et Mort d’Emile Ajar », publié le 17 juillet 1981. Mais là encore, le 3 juillet 1981, sa doublure, Paul Pavlowitch, préempte le devant de la scène et lui grille la vedette dans un témoignage lumineux d’intelligence, sur le plateau d’Apostrophes, pour la parution de son livre « L’homme que l’on croyait ». Paul Pavlowitch s’interroge : « Je ne sais pas si Gary était vraiment, je ne sais pas s’il a vécu par lui-même. J’ai tendance à croire qu’il n’existait pas »… (14)

    Quatre ans plus tard, Truffaut succombe d’une tumeur au cerveau.

     

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    Encore aujourd’hui

    De leur vivant et encore aujourd’hui, l’un et l’autre obtiennent un succès international. Truffaut obtient l’Oscar du meilleur film étranger pour « La Nuit Américaine » en 1974. Il est admiré de Spielberg qui, en 1977, lui confie un rôle dans « Rencontres du Troisième Type ». Gary est un écrivain adulé en Allemagne, en Pologne et aux Etats-Unis.

    Leurs films et romans se relisent et se revoient avec un plaisir changeant à mesure que nos vies passent. Et quand l’un et l’autre s’amusent à faire résonner l’écho d’une oeuvre à l’autre, qu’on reconnaît des répliques déjà prononcées, comme fiers d’avoir saisi le clin d’œil, on a cette délicieuse impression de les avoir approchés.

     

     

    Auteur : Anne Rohou

     

     

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    01. « Les Oiseaux vont mourir au Pérou », titre d’une de ses nouvelles, (Folio Gallimard, 1962); Kill! (1972).

    02. « Les Racines du Ciel » de John Huston (1958) ; « Clair de Femme » de Costa-Gavras (1979) ; « Au-delà de cette limite, votre ticket n’est plus valable » de George Kaczender (1981) ; « La Vie Devant Soi » de Moshé Mizrahi (1977) ; « Les Cerfs-volants » de Badel (1984) et de Jérôme Cornuau (2007) ; Adaptation de « La Tête Coupable », « The Impostors » réalisé par Frédéric Blum.

    03. « Tirez sur le pianiste » de David Goodis, 1960; « Jules et Jim » de Henri-Pierre Roché, 1961 ; « Farenheït 451 » de Ray Bradbury, 1966 ; « La mariée était en noir »  1967 et « La Sirène du Mississippi » 1969, de William Irish.

    04. « La Promesse de l’Aube » (1960, Gallimard)

    05. « Les films de ma vie » de François Truffaut, Flammarion, 1975.

    06. « Romain Gary, Le Nomade multiple », 2 CD, entretien avec André Bourin, Archives Sonores, Les grandes heures Ina / France Culture, diffusées sur France Culture en mai et juin 1969.

    07. « Les Racines du Ciel » de Romain Gary en 1956 et « La Vie Devant Soi » d’Emile Ajar en 1975.

    08. Il signe Emile Ajar « Gros-Câlin » en 1974, « La Vie Devant Soi » en 1975 et « L’Angoisse du roi Salomon » en 1979, Gallimard.

    09. Entretien télévisé avec Jacques Busnel dans l’appartement parisien de Romain Gary, archives Ina.

    10. « Romain Gary, le caméléon » de Myriam Anissimov, Ed. Denoël.

    11. « François Truffaut » d’Antoine de Baecque et Serge Toubiana, Biographies, Ed. Gallimard, 1996.

    12. « La Nuit Sera Calme », 1974, Gallimard.

    13. Citation de Romain Gary, au sujet du recueil de nouvelles « Les oiseaux vont mourir au Pérou (Gloire à nos illustres pionniers) », Folio, 2009.

    14. Apostrophes, interview de Paul Pavlowitch, 1981, Antenne 2, archives Ina.

     

     

     

  • Il était une fois… Michel Audiard

     

     

    « J’parle pas aux cons, ça les instruit »

     

    Trente-trois ans que le type à la casquette a cassé sa pipe. Et voilà, enfin, un documentaire qui ne se contente pas d’empiler les dialogues qui flinguent. Dans ce portrait, il y a d’ailleurs plus d’images de vélo que de scènes de films, et plus de littérature que de cinéma.

    Il était une fois, donc, un gosse abandonné du 14ème arrondissement, qui passe son certif et puis c’est marre, veut devenir coureur cycliste, mais finit livreur de journaux, puis journaliste, puis critique de cinéma, puis auteur de polars, puis dialoguiste, parce que les mots lui viennent plus vite que le petit blanc coule au zinc.

    Il était une fois, surtout, un mec à genoux devant Rimbaud et Céline, mais faisant mine de ne pas être intello par pudeur et pour emmerder la Nouvelle Vague ; un grand désillusionné, aussi, depuis que, tout jeune homme, il fut le témoin écoeuré de l’épuration, avec lynchage par les « braves gens » d’une petite nana trop peu farouche avec l’occupant et qu’il aimait bien.

    « Se méfier des hommes et n’en aimer qu’une poignée », telle était la ligne de conduite de ce grand partisan des « copains d’abord », qui faisait ses deuils en silence et avec de l’encre (« La Nuit, le Jour et toutes les autres nuits » est disponible en poche). On connaît les copains les plus célèbres : Blier, Ventura, Serrault, Gabin, Carmet, Maurice Biraud et… Mireille Darc, et ils sont tous là dans des archives épatantes et rieuses. En bonus d’intelligence : Jacques Audiard, qui décrypte si bien son père. On sort de ce documentaire ému, instruit, et moins con.

     

    Source : Guillemette Odicino / Télérama

     

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    Et cadeau de la maison, un florilège de citations d’Audiard…

     

    ✓ « On est gouvernés par des lascars qui fixent le prix de la betterave et qui ne sauraient pas faire pousser des radis. » (Les Tontons Flingueurs)

    ✓ « Si on mettait un point rouge sur la tête de tous les cons, le monde ressemblerait à un champ de coquelicots. » (Les Tontons Flingueurs)

    ✓ « Moi, les dingues, j’les soigne, j’m’en vais lui faire une ordonnance, et une sévère, j’vais lui montrer qui c’est Raoul. Aux quatre coins d’Paris qu’on va l’retrouver, éparpillé par petits bouts, façon puzzle… » (Les Tontons Flingueurs)

    ✓ « Moi, quand on m’en fait trop, j’correctionne plus, j’dynamite, j’disperse, j’ventile. » (Les Tontons Flingueurs)

    ✓ « Les cons, ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît. » (Les Tontons Flingueurs)

    ✓ « Les ordres sont les suivants : on courtise, on séduit, on enlève et en cas d’urgence on épouse. » (Les Barbouzes)

    ✓ « Quand les types de 130 kilos disent certaines choses, ceux de 60 kilos les écoutent. » (100 000 dollars au soleil)

    ✓ « La tête dure et la fesse molle, le contraire de ce que j’aime. » (Comment réussir quand on est con et pleurnichard)

    ✓ « Un pigeon, c’est plus con qu’un dauphin, d’accord, mais ça vole. » (Faut pas prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages)

    ✓ « Mais pourquoi j’m’énerverais ? Monsieur joue les lointains ! D’ailleurs je peux très bien lui claquer la gueule sans m’énerver ! » (Le cave se rebiffe)

    ✓ « Quand on mettra les cons sur orbite, t’as pas fini de tourner. » (Le Pacha)

    ✓ « La justice, c’est comme la Sainte Vierge. Si on la voit pas de temps en temps, le doute s’installe. » (Pile ou Face)

    ✓ « Si la connerie n’est pas remboursée par les assurances sociales, vous finirez sur la paille. » (Un Singe en Hiver)

    ✓ « Deux intellectuels assis vont moins loin qu’une brute qui marche. » (Un Taxi pour Tobruk)

    ✓ « Vous savez quelle différence il y a entre un con et un voleur ? Un voleur, de temps en temps, ça se repose. » (Le Guignolo)

    ✓ « Dans la vie, il faut toujours être gentil avec les femmes, même avec la sienne. » (Série Noire)

    ✓ « Je suis pas contre les excuses, je suis même prêt à en recevoir. » (Les Grandes Familles)

    ✓ « Il vaut mieux s’en aller la tête basse que les pieds devant. » (Archimède le Clochard)

    ✓ « Quand on a pas de bonne pour garder ses chiards, eh bien on en fait pas. » (Mélodie en Sous-Sol)

    ✓ « Plus t’as de pognon, moins t’as de principes. L’oseille, c’est la gangrène de l’âme. » (Des pissenlits par la racine)

    ✓ « Deux milliards d’impôts ? J’appelle plus ça du budget, j’appelle ça de l’attaque à main armée. » (La chasse à l’homme)

    ✓ « Je suis ancien combattant, militant socialiste et bistrot. C’est dire si, dans ma vie, j’en ai entendu, des conneries. » (Un idiot à Paris)

    ✓ « Le flinguer, comme ça, de sang froid, sans être tout à fait de l’assassinat, y’aurait quand même comme un cousinage. » (Ne nous fâchons pas)

    ✓ « A travers les innombrables vicissitudes de la France, le pourcentage d’emmerdeurs est le seul qui n’ait jamais baissé. » (Une Veuve en Or)

     

     

     

  • Yukio Mishima, l’homme derrière sa légende

     

     

    Le métier d’écrivain, c’est avant tout de raconter une histoire. Et pour certains d’entre eux, la réalité finit par rejoindre la fiction, quand ils essaient de faire de leur propre vie une oeuvre d’art. Le 25 novembre 1970, le romancier japonais Yukio Mishima met fin à ses jours par Seppuku, un événement qui a marqué le monde entier, tout autant que la longue liste de livres qu’il a laissée derrière lui.

     

    Né en 1925 sous le nom de Kimitake Hiraoka, Yukio Mishima écrit sa première histoire à l’âge de 12 ans. Sous l’aile bienfaitrice de l’écrivain Yasunari Kawabata, le jeune homme publie son premier roman « Tōzoku » en 1948. Mais c’est avec le suivant, « Confession d’un Masque », paru l’année suivante, que la carrière de Mishima explose internationalement. Il écrira ensuite plus de 40 ouvrages tout au long de sa courte vie.

     

    « Je n’aime pas la littérature… C’est un peu comme un Don Juan, mais qui n’aime pas les femmes. »

     

    De cette bibliographie prolifique sont nées de nombreuses adaptations au cinéma ou au théâtre. Dès 1958, le grand Kon Ichikawa réalise « Le Pavillon d’Or », très fidèle à l’esprit du roman qu’il porte à l’écran. En 2017, c’est « A Beautiful Star » de Daihachi Yoshida qui débarque dans les salles au Japon. Ce métrage reconceptualise le roman « Utsukushii Hoshi » à notre époque en racontant l’histoire d’une famille qui pense être composée d’extraterrestres.

     

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    Quant à la scène internationale, elle se prête également au jeu de l’interprétation. Le très érotique « L’école de la Chair » du Français Benoît Jacquot (Orsan Productions), avec Elisabeth Huppert, sort chez nous en 1998.

     

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    Mais ce qui a marqué la postérité, ce n’est pas nécessairement la quantité de romans et de nouvelles produits par Yukio Mishima, mais bien sa vie elle-même. Car l’existence de cet écrivain fut tout aussi romanesque que celle d’un personnage de fiction. Son parcours inspire d’ailleurs au réalisateur américain Paul Schrader un film en 1985, « Mishima, une vie en quatre chapitres ». Il y relate la vie de Mishima en quatre parties distinctes, dont trois sont inspirées de ses livres. Quant au quatrième chapitre, il raconte la mort de l’écrivain, ô combien dramaturgique, le tout accompagné par la sublime B.O. de Philippe Glass.

     

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    Néanmoins, le rapport de Mishima au corps ne se situe pas que dans la souffrance… Il multiplie les histoires d’amour, notamment avec l’acteur androgyne Akihiro Miwa auprès de qui il fait une apparition dans « Le Lézard Noir » de Kinji Fukasaku. Malgré des écrits explicites et de nombreux amants, l’homosexualité de Mishima est encore aujourd’hui un tabou au Japon.

    Dans « Mishima Boys », manga scénarisé par le très politique Eiji Otsuka, c’est en grand patron du nihilisme que Yukio Mishima est représenté. Il guide trois jeunes gens vers des actes extrêmes, sur fond de théâtre Nô. Même dans ce discours, la dramaturgie n’est jamais loin, et Mishima y apparaît autant comme metteur en scène que maître à penser.

     

     

     

     

     

    « Pardon ? Vous me demandez ce que c’est, la morale ? La réponse est très simple : la morale, c’est la cage. »

     

    Et pour cause, son passé politique est des plus ambigus. L’homme est un nationaliste convaincu, qui rassemble autour de lui un petit groupe de gens armés, afin de défendre les valeurs du Japon traditionnel. Comme le montre le film « 25 Novembre 1970 : Le jour où Mishima choisit son destin » de Kōji Wakamatsu (Disidenz Films), c’est en suivant une rhétorique stricte, prônant aussi bien le culte du corps que le Bushido, le code des principes moraux que les samouraïs japonais étaient tenus d’observer, que Yukio Mishima décide de perpétrer un coup d’état.

    Quand il se fait huer par l’armée et réalise que son plan est un échec, il décide de se donner la mort à la manière des samouraïs.

     

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    « Je me demande quel dénouement tu vas choisir pour conclure ta vie. Comme on dit : « La voie du samouraï est la mort ». »

     

    Marguerite Yourcenar considère à raison que sa mort était son oeuvre la plus « travaillée ». Difficile d’en douter quand on voit le film « Yūkoku, rites d’amour et de mort », écrit et réalisé par l’écrivain lui-même en 1965, soit cinq ans avant son suicide. « Yūkoku », patriotisme en Français, raconte en effet le dernier jour de Takeyama Shinji, lieutenant fictif incarné à l’écran par l’écrivain. Après un coup d’état raté, le personnage se trouve dans l’obligation de mourir par Seppuku, pour sauver son honneur.

     

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    Le film est adapté d’une nouvelle éponyme écrite par Mishima et semble prédire avec précision le destin tragique de son auteur. La fascination pour sa propre fin et le cérémonial qui l’accompagne sont évidents. Maudit, détruit, ce film de 30 minutes en noir et blanc, réalisé en deux jours seulement, unique réalisation de Mishima qui joue lui-même le rôle du lieutenant Takeyama Shinji, est ressorti au Japon grâce à une pellicule miraculeusement retrouvée en 2005.

    Le film a longtemps été le Saint Graal de tout admirateur de Mishima. Il était en effet réputé perdu, sa femme ayant demandé la destruction de tous les négatifs et copies existantes et interdit la diffusion des copies restantes après le suicide de son mari. Cependant, la Cinémathèque Française n’a jamais pu se résoudre à détruire sa copie et l’aurait projetée de façon confidentielle pendant des années. On pensait donc que le film était perdu à jamais pour le grand public jusqu’à la mort de Yuko, la veuve de Mishima. Sa disparition en 2005 a permis la « découverte » du négatif et d’un certain nombre de copies positives.

    « Yūkoku » est ainsi l’unique film laissé par l’un des plus grands écrivains du siècle. Suivant exactement la narration d’une nouvelle de Mishima, « Patriotisme », écrite quelques années plus tôt, ce film montre de façon stylisée la dernière étreinte amoureuse et le Seppuku d’un jeune lieutenant entièrement dévoué à l’honneur samouraï, le Bushido : répétition de la mort spectaculaire que l’écrivain choisira de se donner, le 25 novembre 1970, à Tokyo.

    Film ultra-esthétique, cinéma wagnérien, prolongement filmique du théâtre Nô ou encore document historique, « Yūkoku » occupe une place unique dans l’art cinématographique du XXème siècle. Ce film est surtout connu pour préfigurer le suicide de Mishima par Seppuku en novembre 1970 lors de l’échec de sa tentative de coup d’état avec sa milice d’auto-défense la Tate no Kai (la société du bouclier).

     

    Il est aujourd’hui complexe de cerner l’homme derrière la légende que Yukio Mishima s’est lui-même forgée. Artiste aux multiples facettes, il reste autant une énigme qu’une intarissable source de fascination.

     

     

     

  • Steve Cutts : Happiness

     

     

    A l’heure du Black Friday et des périodes de soldes incessantes, de la surconsommation et de l’achat compulsif, Steve Cutts nous livre sa version animée du monde actuel, entre folie collective et schizophrénie. 

     

    Avec son court-métrage d’animation « Happiness », primé aux Webby Awards 2018, dans la catégorie « Animation », Steve Cutts nous conte l’histoire de la recherche implacable du bonheur et de l’accomplissement personnel d’un rongeur, pris dans une course effrénée, funeste et sans but.

    Le regard de l’illustrateur anglais est acerbe et féroce sur le monde qui l’entoure, à la manière des caricaturistes d’un autre temps ou des Freak Brothers. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que tout passe à la moulinette impitoyable de son trait de crayon, des marques internationales aux excès de la société de consommation, en passant par notre mode de vie ou notre addiction au téléphone portable.

    Dans les illustrations de Steve Cutts, le consommateur en prend pour son grade, représenté comme un être décérébré et hideux, gavé à la mal-bouffe et aux anxiolytiques. On pourrait penser que Cutts va trop loin, mais quelques scènes hallucinantes filmées ces dernières années à l’occasion du Black Friday aux Etats-Unis ou d’opérations promotionnelles en France (pour une pâte à tartiner, ça vous dit quelque chose ?) nous ramènent au triste constat que la réalité dépasse souvent la fiction…

    A noter que Steve Cutts a réalisé un des « Couch Gags » de la série d’animation « The Simpsons » en 2016 ainsi que le clip vidéo animé du titre de Moby, « Are You Lost In The World Like Me ? ».

    A découvrir…

     

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    Et en prime, le « Couch Gag » réalisé pour la série The Simpsons en 2016, le clip vidéo du titre de Moby « Are You Lost In The World Like Me ? », ainsi que quelques illustrations de Steve Cutts…

     

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    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Steve Cutts Official

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