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  • Festival de Cannes 2016 | Le Palmarès

     

     

    La cérémonie de clôture du Festival de Cannes 2016 s’ouvre sur une vidéo mettant en scène Laurent Lafitte dans différents films. Plus décontracté et à l’aise, plus sûr de lui, l’humoriste et acteur nous offre une version soft et classique de la présentation. Exit les upercut un peu trash de l’ouverture.

    La Palme d’or du Court-Métrage est remise par Marina Foïs, qui met les femmes à l’honneur dans son intervention : « Oups, je n’ai cité que des femmes ». 5 008 films présentés, seulement 10 sélectionnés et la Palme d’or qui revient au 8ème court-métrage du Brésilien Juanjo Gimenez, « Time Code », qui déclare, à l’instar de Woody Allen : « Je ne crois pas à la compétition entre films ».

    La Caméra d’or du Premier Film est décernée à « Divines » de Uda Benyamina, qui hurle dans le micro un véritable plaidoyer pour les femmes, puis un discours de remerciements drôle et touchant qui ne s’arrête plus, au point de contraindre Laurent Lafitte à jouer « les oiseaux de mauvais augure » afin d’écourter la séquence.

    Palme d’honneur à Jean-Pierre Léaud : la salle se lève sous un tonnerre d’applaudissements. « Je suis né à Cannes en 1959 », déclare-t-il, avant de qualifier la « Nouvelle Vague » de « vent de liberté qui souffle dans le cinéma ».

    Ibrahim Maalouf met ensuite la salle en joie avec un intermède musical génial dans lequel il reprend quelques musiques de film qui ont ponctué l’histoire du Festival de Cannes, tout particulièrement avec la BO du film de Quentin Tarantino, « Pulp Fiction ».

    Le Prix d’interprétation masculine est attribué à Shahab Hosseini, acteur iranien de 42 ans, pour « Le Client » de Asghar Farhadi, dont il est l’acteur fétiche et avec lequel il avait déjà tourné « Une Séparation » en 2011 et « A Propos d’Elly » en 2009. Il avait déjà été sélectionné aux Oscars en 2014 dans la catégorie des meilleurs films étrangers pour son film « Le Passé » avec Bérénice Béjo.

    Prix du Jury : « American Honey » de Andrea Arnold.

    Prix d’interprétation féminine : pour la Philippine Jaclyn Jose dans « Ma’ Rosa » de Brillante Mendoza.

    Prix du scénario : Asghar Farhadi pour « Le Client ».

    Prix de la mise en scène : ex aequo Olivier Assayas pour « Personal Shopper » et Cristian Mungiu pour « Baccalauréat ».

    Grand Prix : Xavier Dolan pour « Juste la fin du monde » d’après une pièce de Jean-Luc Lagarce, à qui il rendra hommage dans un discours assez long, écrit sur une feuille qu’il va lire avec des sanglots dans la voix et beaucoup d’émotion, se racontant lui-même à travers ses mots.

    Palme d’or : Ken Loach pour « Moi, Daniel Blake ». Très applaudi, le réalisateur britannique parle du capitalisme qui met à la rue des millions de personnes tandis qu’une poignée d’autres s’enrichit. « Un autre monde est possible » conclut-il. Le film du réalisateur de 79 ans raconte l’histoire d’un menuisier de 59 ans qui se bat pour obtenir l’aide sociale. Lors de l’un de ses rendez-vous au Job Center, il rencontre Rachel, une mère célibataire de deux enfants forcée d’accepter un logement à 450 kilomètres de sa ville natale pour ne pas être placée en foyer d’accueil. Seconde palme d’or pour le réalisateur, dix ans après « Le vent se lève » en 2006, et qui succède à « Deephan » de Jacques Audiard, primé l’an dernier.

    A l’année prochaine…

     

     

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  • Festival de Cannes 2016 | Episode 6 : Le Festival en chiffres

     

     

    Le Festival de Cannes, c’est :

    ✓ 800 millions d’euros générés par le marché du Film (plus d’un milliard de dollars).

    ✓ Un investissement de 20 millions d’euros qui rapportent en retour 72 millions de bénéfices.

    ✓ 195 millions de retombées économiques.

    ✓ L’événement le plus médiatisé après les jeux olympiques.

    ✓ Une ville de 73.000 habitants qui passe au triple avec 36.000 festivaliers, 3.000 saisonniers et 90.000 visiteurs durant ces 11 jours, soit 200 000 personnes.

    ✓ 670.000 repas servis et 97.000 nuitées, soit 15 % du chiffre annuel des hôtels-restaurants.

    ✓ 39.000 euros la nuit la plus chère au Majestic, dans la Penthouse Suite de 650 m² en duplex, avec des prestations haut de gamme comme un salon de coiffure privé, une salle de fitness et une terrasse sur le toit de 150 m² avec piscine au 7ème étage de l’hôtel, permettant ainsi d’admirer la vue sur la baie de Cannes et la montée des marches du Palais des Festivals.

    ✓ 3 mois pour fabriquer la palme d’or chez Chopard, en or 18 carats (118 grammes d’or) et cristal de roche, pour une valeur de 20.000 euros.

    ✓ 500 caméras de sécurité soit 1 caméra pour 147 habitants.

    ✓ 570.000 dollars la location d’un yacht pour 1 semaine.

    ✓ 24 marches à monter sur le tapis rouge de 60 mètres de long, changé 3 fois par jour soit 1 800 mètres de tapis rouge.

    ✓ 1.869 films visionnés avant la sélection, 49 retenus provenant de 28 pays différents. 20 de ces films sont en compétition pour la palme d’or dont 4 sont français.

    ✓ Seulement 3 réalisatrices et 2 l’année dernière.

    ✓ 1.200 tonnes de déchets supplémentaires.

    Côté beauté, on n’est pas en reste. Maquilleur officiel depuis 1997, L’Oréal travaille tous les jours d’arrache-pied. Les stars du Festival font un détour par le 7ème étage de l’hôtel Martinez, loué entièrement pour loger les stars égéries de la marque, comme Eva Longoria ou Laetitia Casta, et installer les salons (Show-Room).

    ✓ 17 maquilleurs y travaillent chaque jour pour réaliser 700 mises en beauté.

    ✓ 380 mascaras.

    ✓ 400 bouteilles de laque Elnet.

    ✓ 600 flacons de vernis à ongles.

    ✓ 1.600 rouges-à-lèvres.

    ✓ 2.800 coiffures réalisées par les studios Dessange, utilisant 300 mètres d’extensions et quelques 20.000 épingles, soit environ 15 kg d’épingles et kirbys pour les attaches.

    ✓ 30 coiffeurs qui travaillent chaque jour.

    ✓ 1 booking agent pour prendre les rendez-vous.

    ✓ 200 sacs cadeaux VIP.

    ✓ 300 photos de stars à trier chaque jour.

    ✓ 16h à 18h les heures de rush pour la montée des marches.

    ✓ 180 litres de shampoing.

    ✓ 120 brosses utilisées.

    Le Festival, c’est aussi un lieu de fête gigantesque durant 12 jours. Les sponsors rivalisent d’ingéniosité pour attirer les stars les plus connues à leurs soirées. Il y a un véritable business publicitaire en marge du Festival. Quatorze marques y sont invitées chaque année. C’est le cas de L’Oréal, Magnum, Orange, Nespresso, HP, Chopard, Dessange, Franck Provost, toutes espérant voir leur nom cité au détour d’une interview ou apparaître à l’image, capté par une caméra. Les plages sont rebaptisées « Nespresso » ou « Schweppes ». Chaque marque fait appel à des stratèges de l’événementiel, des GO du marketing. La société d’Antoine Dray passe ainsi de 7 à 96 employés pour gérer le festival.

    ✓ 360.000 flûtes à champagne remplies.

    ✓ 180.000 tasses Nespresso servies à l’intérieur du palais des Festivals. Même la salle de délibération du jury est équipée de machines.

     

     

    Vidéo histoire du Festival :

    [youtube id= »jHkj1l7QWXQ » align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

     

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  • Pierre Paulin | Rétrospective à Beaubourg

     

     

    Choisi par deux présidents de la République, Georges Pompidou et François Mitterrand, pour réaménager une partie de l’Elysée, le designer Pierre Paulin est une grande figure de la création de l’après-guerre. Une rétrospective lui est consacrée à Beaubourg.

     

    Depuis le 11 mai 2016, ça sent bon les années 60, au Centre Pompidou à Paris. Première rétrospective d’ampleur pour Pierre Paulin, l’un des designers les plus emblématiques des Trente Glorieuses. Décédé en 2009, il fut le designer des présidents Pompidou et Mitterrand, mais officia aussi pour le Musée du Louvre. A partir de 1958, il révolutionne l’histoire du design avec une innovation technologique, la Jersey Mania. Très inspiré par le goût scandinave, il dessine des meubles confortables qui épousent les formes du corps. Un nouvel art de vivre…

    « Pierre a apporté quelque chose de tout à fait passionnant, c’est la notion du tissu stretch, qui permettait de cacher les structures du siège, et de le rendre rondouillet, sympathique et intégrable. C’est là une révolution dans le monde de la tapisserie, et dans la conception même du siège. » (Maïa Paulin, associée et épouse de Pierre Paulin)

    « Pierre Paulin va reprendre le procédé du maillot de bain, qu’on voit fleurir dans les années 50. Il va venir enfiler ce système de chaussette en jersey sur ses structures de mobilier. Et ça, c’est complètement nouveau. Par ce système, Pierre Paulin va faire disparaître le piètement, les pieds des pièces de mobilier, et ses sièges vont devenir des ponctuations chromatiques, d’une seule et même couleur très vive, qu’il va disperser dans ses aménagements. » (Cloé Pitiot, commissaire de l’exposition)

    « J’ai pu développer quelque chose qui m’était assez cher. Quand on utilise des techniques nouvelles, immédiatement, on débouche sur des esthétiques nouvelles. » (Pierre Paulin, 2007)

     

    Visionnaire des formes, Pierre Paulin fait ses gammes, avec des lignes toujours rondes et épurées, et une palette bien vitaminée.

     

    « Il est très attaché à la couleur, et en particulier aux couleurs du Nord. Les bleus glacier, les gris perlés, qu’il mélange avec d’autres couleurs plutôt indiennes, les jaunes safran, les roses tyriens, les bleus cyan, les verts pomme. » (Cloé Pitiot)

    Inventeur du siège-langue ou du fauteuil-champignon, c’est peut-être parce que Pierre Paulin rêve de design automobile qu’il décape à ce point les grands classiques du design mobilier. Avec lui, la causeuse ou la boudeuse ont de la pêche…

    « Tout est parti du siège automobile. Ou comment faire léger et pratique. Et si vous regardez le siège-champignon, il est directement inspiré du siège-crapaud. » (Maïa Paulin)

     

    Plus qu’un simple designer, Pierre Paulin a aussi donné forme à un nouvel art de vivre.

     

    « On a découvert dans les années 60 la convivialité. Ca impliquait des sièges d’une toute autre nature. Il va donc débrider tous les codes qui se trouvaient jusqu’alors dans nos architectures ou dans la manière de poser nos mobiliers. Et jusqu’à dans la manière d’assoir le corps, en fait. » (Cloé Pitiot)

    « Le Japon a été très décisif. A partir du travail sur les tatamis, il a décliné ces techniques pour ses fameux tapis-sièges. Il a aussi été très influencé par le monde oriental, avec en particulier ce tapis qui vient du mur, en descendant vers le sol, et sur lequel on peut s’assoir. Car dans les années 60, on vivait très ras-le-sol. » (Maïa Paulin)

    Avec Pierre Paulin, c’est aussi la naissance du design sculpture. Pour beaucoup de ses sièges, on peut parler de sculptures car on peut tourner autour… Ce ne sont pas des sièges que l’on colle contre un mur. Ils sont beaux, et quel que soit l’angle sous lequel on les regarde…

    Sculptural et confortable, tel est le leitmotiv Pierre Paulin.

    A découvrir à Beaubourg, jusqu’au 22 septembre 2016.

     

    L’événement Pierre Paulin au Centre Pompidou :

    [youtube id= »gs4vZSq40_I » align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

     

     

     

     

  • Interview Exclusive | Michael Cohen

     

     

    Acteur, réalisateur et écrivain, né en 1970, étudiant au Cours Florent dès l’âge de 15 ans, Michael Cohen débute aux côtés de Francis Huster en 1992 au Théâtre Antoine, dans une pièce dédiée au compositeur Gustave Mahler : « Putzi ». Nommé aux Molière de la « révélation masculine » en 2016, il compte à son actif plus de 50 films, téléfilms ou séries tournés, huit pièces de théâtre et cela en 25 ans de carrière, ce qui témoigne d’un artiste très prolixe. C’est en 2010 qu’il réalise son premier long métrage : « Ca commence par la fin » dans lequel il joue le rôle principal, celui de Jean, qui vit une passion dévorante et destructrice avec Gabrielle, jouée par Emmanuelle Béart.

    Mais Michel Cohen n’est pas qu’un comédien, un réalisateur ou un acteur, c’est aussi un dramaturge talentueux, auteur de trois pièces : « Les abîmés » (1999), l’histoire de quatre jeunes gens abîmés, prêts à ré-apprendre et à aimer, « Le soleil est rare et le bonheur aussi » (1999), l’histoire d’un jeune couple qui vit ensemble depuis un an ou deux, mais dont chacun  malgré tout garde en lui un secret que l’autre ignore, et « Le sacrifice du cheval » (2013), sur une génération perdue et la difficulté d’aimer. En 2013, Michael Cohen publie son deuxième roman aux Editions Julliard : « Un livre », l’histoire de Thomas Milho qui découvre un matin que son ex-compagne a écrit un livre sur leur histoire. Disponible et chaleureux, il a accepté de répondre à quelques questions pour Instant City, à l’occasion de la sortie de son dernier film, « L’invitation », librement inspiré de la bande dessinée éponyme de JIM et Dominique Mermoux, parue en 2010 (Editions Vents d’Ouest).

     

    INTERVIEW

     

    IC : A 15 ans, vous vous êtes inscrit au Cours Florent ?

    Michael Cohen : J’ai rencontré quelqu’un qui allait aux cours tous les mercredis et qui m’a proposé d’y aller, ce que j’ai fait. A partir de là, j’ai assisté à tous les cours, pas seulement ceux du mercredi réservés aux étudiants. Je me suis mis à lire Tchékov, Molière, Corneille. J’ai lu et appris énormément de choses à travers les grands auteurs de théâtre. Etre comédien a été pour moi comme une vocation. Pourtant je n’étais pas dans une famille d’artistes et rien ne me prédestinait à ça. Personne ne pouvait imaginer que j’allais faire ce métier car je n’avais pas le profil pour. Dès l’âge de 10 ou 12 ans j’allais beaucoup au cinéma tout seul. Je me souviens avoir vu « Il était une fois en Amérique» ou « Le Père-Noël est une ordure ». J’aimais particulièrement Romy Schneider et Catherine Deneuve, deux actrices qui m’ont marqué très tôt. Je suis tombé amoureux des actrices. J’ai d’ailleurs par la suite  joué le fils de Catherine Deneuve dans «Le héros de la famille». C’était très émouvant. C’est une actrice qui se remet sans cesse en question, qui a le trac comme nous, qui a envie de bien faire. De fait on est face à elle comme face à une vraie partenaire et non face à une star. Je me disais :  « c’est incroyable ! »

     

    IC : Quels souvenirs gardez-vous de cette époque ?

    Michael Cohen : J’en garde le souvenir d’une époque magique, magnifique. J’ai fait des rencontres formidables, des amis que j’ai gardés. J’ai vécu des émotions incroyables : c’était un peu comme si tout s’ouvrait en moi, comme une seconde naissance. J’étais au bon endroit, exactement là où je devais être.

     

    IC : Quel est la plus forte impression que vous gardez de Francis Huster ?

    Michael Cohen : Je le croisais quand il donnait des cours magistraux auxquels on pouvait assister. J’ai eu la chance qu’il m’engage au théâtre Antoine à 19 ans pour la pièce « Putzi ». Il m’a mis le pied à l’étrier. C’est un metteur-en-scène et un professeur assez génial qui encourage à prendre des risques et à chercher une forme de liberté en permanence. C’est quelqu’un qui s’associe à une vraie folie douce dans la vie en général et dans ce métier. Avec des excès, de la flamboyance et du panache.

     

    IC : Pour quelle raison un comédien se met-il à écrire des pièces de théâtre ?

    Michael Cohen : Pour les mêmes raisons que je suis entré au cours Florent :  il y a beaucoup d’acteurs et je me suis dit « Pourquoi moi ? Il ne faut pas que j’attende qu’on vienne me chercher, il faut que j’écrive mes pièces ». J’ai commencé à écrire par nécessité avec l’envie de prouver quelque chose, de montrer ce que j’avais dans le ventre. Très vite j’ai eu l’impression que j’arrivais à raconter une histoire et des émotions qui m’étaient propres et que je pouvais en faire un spectacle.

     

    IC : Quels sont les thèmes qui vous sont chers ?

    Michael Cohen : Je parle un peu toujours du même thème : le couple, la vie à deux et le rapport à l’autre en amour,  ce que cela provoque, ce que ça construit, ce que ça détruit, comment on trouve une place dans son histoire d’amour et comment on se répare de notre enfance. La pièce « Les abîmés » que j’ai écrite,  parle  des jeunes adultes qui essaient de se réparer de leur enfance parce qu’on ne leur a  pas donné les armes pour s’aimer et pour aimer les autres. On apprend a faire beaucoup de choses dans la vie, mais on n’apprend pas à aimer les gens et à trouver sa place dans la vie à deux. Or, l’amour adulte vient de ce que nous avons vécu enfant, de ce que nous avons vu autour de nous, de notre expérience personnelle.

    Mon premier film, « Ca commence par la fin », est une conséquence plus extrême de l’amour racontée avec l’ironie du désespoir. Le tournage a été  éprouvant mais il fallait en passer par là. Je n’aurais pas pu  faire ce film  avec quelqu’un d’autre, quelqu’un avec qui je ne vivais pas car je voulais parler de cette intimité là dans le couple. La douleur devient une drogue, on est perdu on ne sait plus où on est. Jean, le personnage dans le film,  n’arrive pas a arrêter cette relation passionnelle parce que tout lui manque chez Gabrielle :  sa peau, son odeur et même la douleur qu’elle provoque chez lui. Quand on vit ce genre d’amour passion  on ne s’en rend pas compte. C’est un film brut et réel, fort et marquant. Soit le spectateur n’a jamais vécu ça et il passe à côté du film, soit il a vécu une histoire similaire et cela suscite des sensations fortes. Il m’est arrivé que des gens dans la rue m’en parlent et me disent merci pour avoir su retranscrire à l’écran ce qu’ils avaient vécu dans leur vie.

     

    IC : Pour quelle raison un acteur se met-il à réaliser des films ?

    Michael Cohen : Il y a l’envie au départ de ne pas attendre qu’on vienne vous chercher pour travailler. Mais il y a aussi le désir de raconter des histoires, de témoigner de certaines choses au sujet de la société dans laquelle je vis, du monde dans lequel je vis. Quand un comédien ne travaille pas pendant 2 ou 3 mois, il est en attente, souvent il a peur de ce qui va se passer « après » : Est-ce que ça va revenir ? On n’est jamais rassuré, à n’importe quel niveau qu’on soit, célèbre ou pas. Et s’il n’y a rien ?  Si on ne me rappelle pas ? On vit, on travaille, on existe à partir du désir de quelqu’un d’autre. Quand on fait ce métier, on doit accepter de n’être jamais serein, de vivre dans l’angoisse. C’est le prix à payer pour vivre de notre passion. On a cette chance de faire un métier qu’on a choisi, qu’on aime et ce malgré l’angoisse du lendemain. Pour ma part, je me mets à écrire. A la question « que feriez-vous si ça devait s’arrêter ? » je n’ai pas de réponse, donc je continue !

     

    IC : Parmi toutes vos casquettes (écrivain, dramaturge, réalisateur, acteur, comédien), avez-vous une petite préférence ou bien est-ce justement l’éclectisme qui vous plait ?

    Michael Cohen : C’est une question à laquelle je n’arrive jamais à répondre. A la base, mon premier désir était de devenir comédien. De là se sont rajoutées les différentes casquettes que je n’arriverais pas à dissocier.  Je ne fais pas de différence entre le théâtre et le cinéma.

     

    IC : « L’Invitation » est votre 2ème réalisation au cinéma ? Après un premier film, est-ce plus facile de monter un projet, de trouver un producteur, des financements, des distributeurs ?

    Michael Cohen : Pour les producteurs, oui. Mais pas pour les financements.  C’est très difficile. « L’invitation » est une comédie sur l’amitié, donc c’est un peu plus facile que pour mon premier film dont l’histoire était compliquée, c’est un peu plus calibré. Le sujet est assez fort avec un point de départ qui résonne chez beaucoup de gens et un budget relativement petit. Mais cela reste malgré tout extrêmement compliqué de financer les films en général. Beaucoup de films aujourd’hui s’arrêtent en cours de production à cause de cela. On a mis 2 ans à monter le film. Trouver l’argent, trouver des gens pour investir nécessite de faire des concessions comme ré-écrire certaines choses par exemple quand on vous dit :  « cette scène est trop bavarde » ou « il manque telle ou telle chose ». Cependant on ne m’a rien imposé. Pour faciliter les financements, j’avais aussi d’abord pensé à des  acteurs têtes d’affiche. Je n’aurais pas pu monter le film avec des inconnus mais il y a eu plusieurs refus. Alors j’ai pensé à Nicolas. Et là, tout est devenu tellement évident ! Dès que l’idée m’est venue, je n’ai cessé de me dire que ce rôle était pour lui. Il m’a d’ailleurs dit la même chose après la lecture du scénario : « c’est incroyable, ce rôle est fait pour moi ! ». Il se l’est un peu réapproprié, il a ré-écrit des choses. Il y a une adéquation, une communion entre nous sur ce projet.

     

    IC : Qu’est-ce qui a été plus facile du fait d’être « déjà passé par là » dans la réalisation du projet tout entier ?

    Michael Cohen : La seconde fois, je suis plus fort de l’expérience de la première fois mais il y a toujours des problèmes qu’on n’a pas anticipés. C’est comme gravir une montagne qui paraît insurmontable : une fois au sommet on se dit « voilà, on l’a fait ! ». c’est une expérience passionnante mais très compliquée. La phase la plus dure est la recherche de financement. Sur le moment on se décourage beaucoup, il y  a de nombreuses  remises en question. On ne sait jamais si on a raison ou si ce sont les autres qui ont raison. Une fois que le scénario est validé, on passe enfin à autre chose, à l’artistique et au concret.

     

    IC : Avez-vous été influencé par les critiques faites pour « Ca commence par la fin » ?

    Michael Cohen : je n’y ai pas pensé. Quand on fait les choses, quand on construit un nouveau projet, un nouveau film, l’objectif est de raconter une histoire du mieux possible. Inconsciemment, les choses que j’ai entendues sont restées en moi sans doute. Ce deuxième film est dans la continuité du premier, assez nerveux avec une énergie assez forte, il y a un vrai fil rouge entre les deux films. Pour le coup c’est mieux maîtrisé et l’expérience du premier m’a donné plus de savoir faire. Il y a une cohérence je trouve entre les deux films. En même temps, « L’invitation » est un film plus ouvert car l’amitié est un thème qui touche tout le monde, avec une relation qui a des hauts et des bas, avec des non-dits. Ce film est moins clivant que le premier.

     

    IC : Est-ce que vous retrouvez la même équipe technique de production ?

    Michael Cohen : Quelques uns mais beaucoup  n’étaient pas libres étant sur d’autres projets. C’est moitié/ moitié.

     

    IC : Comment êtes-vous tombé sur la BD de Jim ?

    Michael Cohen : On me l’a donnée à lire après la sortie de mon premier film. Ca a été un coup de foudre. J’ai eu envie tout de suite d’aller vers ce projet. J’ai même halluciné de voir que personne avant moi ne s’y était intéressé et  de pouvoir avoir les droits.J’ai rencontré Jim, je lui ai dit ce que je voulais faire. Jim est quelqu’un de curieux, ouvert, partant pour de nouvelles aventures. Je lui ai promis que je ne  gâcherai pas son travail. Quand il vend ses droits,  un auteur n’a plus de droit de regard sur l’oeuvre finale normalement, mais je lui ai toujours fait lire le scénario et il m’a donné chaque fois un retour très intelligent et très fin. Je n’étais pas tenu de le faire contractuellement, mais c’était un collaborateur avec un œil précis et des notes intéressantes.

     

    IC : Avez-vous hésité entre le rôle de Léo et celui de Raphaël ?

    Michael Cohen : Oui, tout à fait. Au début je cherchais des acteurs pour jouer le rôle de Raphaël et je pensais jouer celui de Léo et en pensant à Nicolas je me suis rendu compte que je me trompais complètement et qu’il serait un formidable Léo. Il a dit en lisant le scénario :  « Léo c’est moi » .

     

    IC : Auriez-vous une anecdote à nous raconter qui caractériserait un peu l’atmosphère sur le tournage ?

    Michael Cohen : On a tourné pendant 10 jours de nuit sur le bord d’une route en banlieue tout au début du tournage ce qui a créé  une certaine atmosphère dès le départ, un peu comme si on partait loin tous ensemble. Nous étions dans une bulle assez étrange et du coup on alternait moments d’euphorie et moments de fatigue comme si notre horloge interne avait changé de rythme. Cette sensation se retrouve dans le film. On a l’impression d’être dans un monde un peu à part. Le montage a été une autre étape de travail : j’ai redécouvert  le film. Je me suis posé en voyant les images et j’étais content. Je me disais qu’on avait réussi un pari assez fou de faire ce film, de parler de l’intime, de l’amitié, en essayant d’être un peu universel. J’aime parler de l’intimité dans l’universel, toucher à la part intime qu’on a tous et qui nous relie tous les uns avec les autres.

     

    IC : Parlez-nous de la BO du film.

    Michael Cohen : Il y a beaucoup de musiques existantes des années 90, du Gainsbourg, Balthazar, et une musique originale de Alexis Rault. La musique est ce qui coûte le plus cher dans un film.

     

    IC : « Le soleil est rare et le bonheur aussi » ce sont des paroles d’une chanson de Serge Gainsbourg : « Valse de Melody ». « L’amour s’égare au long de la vie – Le soleil est rare et le bonheur aussi – Mais tout bouge – Au bras de Melody »

    Michael Cohen : C’est quelqu’un qui a beaucoup compté dans ma vie artistique et dans ma vie tout court par ses chansons, ses films, ce qu’il était, son œuvre. Je l’ai rencontré très jeune et j’avais 20 ans quand il est mort. C’est quelque chose dont je me souviens très bien. Son style, ses chansons, son cynisme, sa clairvoyance sur la vie, sur les femmes, son ironie, comme un papa imaginaire avec sa folie, ses excès, sa façon de narguer un peu la vie, en flamboyance, avec du panache. Le personnage de l’invitation est un peu emprunt de ça, un petit côté « gainsbourien », cette impertinence avec un grand cœur. Le personnage de Léo avait déjà ce côté dans la BD et je l’ai amené plus loin dans cette direction. Un personnage aussi insupportable qu’attachant avec des répliques assez cinglantes. Même quand il « casse » son pote c’est avec tendresse et c’est pour lui dire, lui faire comprendre quelque chose, ce n’est jamais gratuit. A un moment de l’histoire, Léo doit réveiller ses amis et surtout son ami Raphaël en pleine nuit, à 3h du matin, pour lui demander de venir le chercher sur une route de campagne parce qu’il est en panne. Au début ça peut passer pour une blague de connard mais on se rend compte que Léo va faire beaucoup de bien à son meilleur ami.

     

    IC : Parlez-nous de Raphaël que vous jouez.

    Michael Cohen : Raphaël est un personnage auquel il est plus facile de s’identifier. Il n’est ni brillant, ni vraiment drôle, mais pas non plus le contraire. Il y a une forme de lâcheté dans sa vie sentimentale, il ne trouve pas sa place et c’est ça qui est touchant. Du coup il s’est renfermé intérieurement, s’est endormi, a perdu une forme de flamboyance dans sa vie. Il a besoin d’être réveillé. On peut tous passer par cette phase là :  un jour, on baisse la garde et on cesse de se battre pour se réveiller parce que la vie peut nous endormir, nous fatiguer, on peut être découragé. Raphaël ne s’en rend même pas compte, « il regarde passer les trains » comme dit sa compagne Hélène. Leo l’appelle en pleine nuit et le réveille concrètement et symboliquement.  Ca va être violent et ça va lui faire du bien. Raphaël refuse ce « test de l’amitié » , il le prend très mal. Il se cabre d’avoir été testé d’une part et d’autre part de ne pas être « le seul et l’unique » ami car Léo a appelé plusieurs amis ce soir-là afin de voir « qui » allait venir, et « qui » était un « vrai » ami. Raphaëll cherche sa place et n’arrive pas à dire les mots rassurants  qu’attend sa compagne Hélène. C’est quelqu’un qui après avoir été bousculé va retrouver son énergie interne, sa lumière. Les gens perdent un peu de cette lumière au fur et et à mesure que la vie avance, à cause des épreuves que nous traversons.

     

    IC : Est-ce vous qui avez choisi votre meilleur ami ou est-ce lui qui vous a choisi ?

    Michael Cohen : On s’est choisi tous les deux. On s’est rencontré quand j’étais à l’école parce qu’on séchait les cours sans se connaître et on se retrouvait dans les mêmes salles de cinéma pour aller voir des films. On avait la même passion pour le cinéma.

     

    IC : Quel est votre endroit préféré sur Terre ?

    Michael Cohen : Je suis un amoureux de Paris. J’adore cette ville, la plus jolie. Elle m’inspire car  on y découvre toujours des choses. J’adore la filmer, la regarder. Pourtant je suis né et j’ai grandi en banlieue mais je me sens très parisien. J’adore voyager, j’adore partir mais j’adore aussi revenir. J’aime beaucoup l’Italie pour sa nourriture et l’art.

     

    IC : Quel est la valeur qui a le plus d’importance à vos yeux ?

    Michael Cohen : La justice, être juste. Si mon fils pouvait me dire « tu as fait des erreurs mais tu as été juste » ce serait formidable.

     

     

    Bande Annonce « Ca commence par la fin » :

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    Serge Gainsbourg : « Valse de Mélody » :

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  • Karl, Chanel… et Yves

     

     

    1983, un certain Karl Lagerfeld investit les murs de l’une des plus vieilles maisons de Haute Couture françaises, Chanel. Avec ce nouveau directeur artistique, cette institution moribonde rêve de retrouver de sa superbe d’antan, voire même de rajeunir.

     

    Cet ancien grand ami d’Yves Saint Laurent, qui vient d’être engagé par la famille Wertheimer à qui appartient cette maison depuis 1954, tient ici peut-être sa revanche sur celui qui l’a toujours dépassé en tout point. Une rivalité qui existe depuis leur première rencontre, à l’aune de leurs carrières respectives et qui lie les deux hommes, comme un étrange sortilège où s’entremêlent estime, jalousie, respect et amants partagés.

    Même après le faste des années 70 et la flamboyance de ses collections, Yves Saint Laurent reste encore l’ultime référence dans ce milieu d’exception et est considéré par tous comme un génie absolue. Karl Lagerfeld, quant à lui, dont le parcours créatif a été plus laborieux, ne semble posséder que le talent.

    Néanmoins, cette pureté et cet état de grâce fragile, instable, suspendu au-dessus de Saint Laurent, ont toujours eu besoin de Pierre Bergé pour être canalisés, contenus et exploités. Saint Laurent, aussi génial qu’il put être comme créateur et magicien des femmes, restait aussi ce styliste, ce modéliste en blouse blanche qui travaillait toujours à l’ancienne, prisonnier de son statut, accaparé uniquement par cette fonction de devoir renouveler des collections les unes après les autres, année après année, sans conscience réelle de ce que cela représentait.

    Lagerfeld, plus pragmatique et plus visionnaire, a toujours peu laissé de place au hasard ou à une quelconque magie. Travailleur acharné, méthodique et opiniâtre, il savait que son heure viendrait un jour, forcément. Tout ce savoir et cette culture amassée, ces différentes expériences au fil des années, allaient bientôt être payants. Avec l’entité Chanel qu’on lui mettait entre les mains, c’était là une opportunité inespérée de pouvoir enfin concrétiser tout ce qui avait échoué jusqu’à présent, avec ses différents projets avortés. Un laboratoire et une rampe de lancement.

    Yves Saint Laurent a connu le succès et les éloges dès le début de sa carrière, d’abord brièvement chez Dior, avant d’être remercié par Marcel Boussac, puis avec sa propre maison créée sous l’impulsion de Pierre Bergé. Saint Laurent – Bergé, une alchimie rare et ce don de pouvoir tout transformer en or. La marque, représentée par ce célèbre logo composé des trois initiales Y S L entrelacées, était devenu un symbole qui exprimait aussi bien le luxe, que la France et l’exception.

     

    Mais des Saint Laurent, il n’y en a qu’un par siècle, voire aucun…

     

    Lagerfeld, quant à lui, n’arrivera jamais à obtenir la moindre reconnaissance ou un quelconque engouement juste avec juste son nom sur une étiquette. Toutes ses tentatives de collections, de sa propre initiative et à différentes époques, se sont toujours soldées par des échecs ou ont été confrontées à une indifférence polie.

    Mais faisons un bon en arrière jusqu’en 1955. Karl Otto Lagerfeld est remarqué par Pierre Balmain à un concours, en y terminant d’ailleurs ex-equo avec Yves Saint Laurent. Le célèbre couturier de la rue François 1er propose à ce jeune homme brillant d’origine Allemande de l’assister dans son travail et ses réalisations. Lagerfeld comprend et apprend vite les rouages du métier, les rapports entre les gens, les attentes de la clientèle. Il observe et ne laisse rien de côté, jusqu’au plus petit détail, jusqu’au moindre petit rôle, tout ce qui constitue les arcanes d’une maison de couture. Brûlant les étapes grâce à son caractère émancipé et volontaire, il se voit confier quatre ans plus tard le poste de directeur artistique de la Maison Patou. Une maison de haute couture à l’ancienne, avec ses rites et ses habitudes d’un autre temps, où Lagerfeld se sentira vite à l’étroit. Il y apprendra cependant la rigueur et le sens du détail.

    Quand d’autres stylistes ambitieux et forts des expériences vécues dans les grandes maisons de couture, choisiraient alors de continuer logiquement leur ascension comme on ambitionnerait l’Everest, Karl lui choisit plutôt d’emprunter des chemins plus modestes. Comme par exemple, après avoir manié l’organdi et la crêpe de soie, préférer se concentrer sur des collections de vêtements de prêt-à-porter destinées à des grandes enseignes en France, en Italie, en Allemagne ou même au Japon. Comprendre le métier, tous les métiers de la mode de A à Z… C’est avec la maison Chloé en 1963 qu’il décide de renouer avec le luxe, en y créant toute une gamme de bijoux fantaisie et des collections de prêt-à-porter couture.

    C’est aussi une époque en pleine ébullition. La mode longtemps restée statique se mue sous l’impulsion d’une nouvelle génération de stylistes tels que Paco Rabanne, Pierre Cardin ou André Courrèges, dont la démarche est en parfaite adéquation avec les nouveaux courants de pensée libertaires de l’époque. La révolution des mœurs et des idées contestataires est devancée par leurs vêtements aux formes radicales et aux matériaux modernes voire futuristes. Cette refonte passe aussi par une démocratisation du luxe et l’idée que le chic et l’allure doivent être à la portée de tous.

     

    Yves Saint Laurent qui ronronne dans sa maison de Haute Couture va se saisir de cette opportunité et proposer très vite une ligne de prêt-à-porter à prix plus abordable. En surfant ainsi sur le prestige de son nom et de son savoir faire, ses collections vont s’exporter partout dans le monde. C’est un carton plein.

     

    Dans son coin, Lagerfeld reste à l’affût, observant scrupuleusement la société en pleine mutation qui ne cesse de changer. Il constate également impuissant l’ascension inexorable de celui qui vient d’être de nouveau acclamé, cette fois-ci pour ses robes-trapèzes Mondrian, et enrage silencieusement de n’être toujours qu’un prête-nom. Est-ce par frustration ou par manque, ou pour un idéal qui semble s’éloigner à chaque fois qu’il avance vers lui, que Lagerfeld multiplie les collaborations comme styliste ou designer, comme avec Fendi ? La marque italienne lui laisse une liberté totale et lui accorde une confiance sans borne pour en changer à sa guise l’esprit, en commençant par son logo qu’il redessine lui-même, avec ces deux F encastrés que l’on peut voir sur tous les sacs à main ou les escarpins qui se vendent dans le monde entier depuis 50 ans.

    En ce début des années 80, Chanel n’a plus de prestigieux que ses parfums. Le nom associé au N°5, best-seller incontournable de la parfumerie, reste malgré tout magique, et à sa simple évocation, les yeux brillent. Lagerfeld accepte ce nouveau défi, qui sera de superviser l’ensemble des collections Haute Couture, prêt-à-porter et accessoires, sans en mesurer encore l’ampleur de la tâche et de l’attente. Il s’agit surtout pour lui d’une question d’amour propre, de prestige et d’orgueil, en sachant qu’il met aussi les pieds dans une prison dorée.

    Avec son sens inné et précurseur du marketing et de la communication, il va rapidement réaliser tout le potentiel qui dort derrière cette simple enseigne et qui dépasse de très loin par sa simple évocation le prestige des autres noms avec lesquels il a collaboré jusqu’à présent. Cette place dans la lumière, il va peut-être enfin pouvoir y accéder, en vampirisant la marque de l’intérieur pour y graver son empreinte durablement. Force est de constater que 39 ans plus tard, Chanel c’est Karl Lagerfeld et Karl Lagerfeld est Chanel.

    Mais revenons au tout début de cette aventure exceptionnelle. En se voyant conférer les pleins pouvoirs et une latitude totale, celui qui arbore déjà à l’époque un catogan va consciencieusement dépoussiérer cette maison située au 21 de la rue Cambon, fondée en 1910, et ce pièce par pièce, objet par objet.

     

    Car finalement, l’esprit Chanel, c’est quoi ?

     

    Des cardigans en jersey et tweed à boutons dorés, de nombreux emprunts à une mode militaire prussienne et masculine, des cabans, des pantalons taille haute, des tailleurs sans col, les célèbres petits sacs matelassés avec leurs chaînes dorées entrelacées de cuir et leurs deux C dorés croisés, un esprit minimaliste et sans exubérance, toute l’influence d’une mode garçonne typique des années 20. Tout ce que Madame Chanel à son époque avait créé comme nouveaux codes vestimentaires émancipateurs, mais devenus aussi avec le temps des artefacts, des chaînons manquants dans l’évolution de la mode.

    Ce nouveau directeur artistique est surtout choisi pour redonner à cette maison, à défaut d’une âme, une ambition, une place privilégiée dans le monde de la mode. On a suivi son parcours et constaté les petits miracles qu’il a obtenus chez les concurrents chez qui il a pu officier précédemment.

    Karl Lagerfeld va donc d’abord digérer toute l’œuvre de la femme au collier de perles, car il sait qu’on attend de lui qu’il restitue l’éclat d’antan à cette maison, comme le ferait un faussaire. Un travail servile, soigné mais sans éclat. Juste de quoi satisfaire de riches et vieilles Américaine nostalgiques. Heureusement, Lagerfeld a appris tout au long de son parcours initiatique que la mode est amnésique. Car son projet est en vérité beaucoup plus ambitieux. C’est à une métamorphose qu’il songe plutôt, mais qui ne se fera pas non plus du jour au lendemain. Lagerfeld n’est ni fou ni téméraire. Il est méthodiste et allemand accessoirement.

    Discipliné, la première collection qu’il présente est un hommage circonspect à tout ce que cette maison de couture a pu proposer de plus acclamé. Il pioche dans les modèles les plus représentatifs imaginés par Gabrielle Chanel, ainsi que dans certains accessoires iconiques. En élève appliqué, il passe le test du premier défilé sans une faute de goût. Et la bourgeoise se pâme… Karl fait des baisemains et des ronds de jambe, et badin, joue le jeu.

    La révolution se fera en douceur, par étapes, en gommant progressivement les aspects « mémère » de l’esprit Chanel et en poussant juste certains détails vestimentaires. Il teste au fur et à mesure les réactions à cette réforme qui a pour but d’évacuer à terme les archétypes et certains gimmicks encombrants et obsolètes. Alors on commence à voir des baskets dans un défilé, des combinaisons de moto nippées les unes aux autres, puis un blouson en cuir, des cuissardes. Des matériaux nouveaux tels que le denim utilisé pour l’un de ses fameux cardigans sans col.

    Pas un vêtement, un accessoire, un élément qui cependant ne ramène pas au premier coup d’œil à cet esprit Chanel. Astucieux, ludique, comme une musique constituée de samples, ces échantillons de morceaux connus que l’on utilise pour être greffé sur une autre création originale. Lagerfeld fait de même avec, par exemple, les deux C croisés qui deviennent du métal ou de l’or avant d’être montés sur un bracelet en cuir ou une ceinture. Chanel devient logo et Chanel devient alors terriblement cool.

     

    L’une des principales forces de Karl Lagerfeld, constitutives de son talent, c’est qu’il peut sans difficulté s’adapter aux différentes époques qu’il traverse.

     

    Epoques qu’il comprend et qu’il assimile à chaque fois, grâce à la connaissance de tout ce qui les compose, que ce soit culturel, populaire et politique. Il vit pleinement le présent et déteste ressasser le passé, tout en ayant déjà un pied dans l’avenir. En ce sens, c’est aussi l’exact contraire de ce qu’était Saint Laurent, qui lui ne supportait le présent que grâce au passé, comme échappatoire et comme source vitale essentielle. Il aimait s’entourer et vivre parmi les antiquités, les objets anciens. L’avenir le terrorisait. D’une lente et moelleuse mélancolie proustienne, il glissa jusqu’à sa mort avec la dépression.

    De son côté, Lagerfeld ne laisse rien au hasard. Il se nourrit du présent et de chacune de ses nouveautés. Au début des années 90, il va anticiper ce que la société deviendra ensuite et sait déjà comment utiliser le pouvoir de l’image et de la communication, deux concepts qui vont bientôt prendre une place inédite dans nos sociétés. Chanel ne sera pas qu’une marque de vêtements de plus, s’adressant à des femmes fortunées. Lagerfeld va lui donner du sens, une direction, et au lieu de se contenter d’un succès mondial, il va peu à peu pousser toujours plus loin les expériences et les concepts. C’est tout un univers cohérent qu’il va mettre en place, en commençant par des défilés monstres, conçus comme d’énormes happenings organisés au Grand Palais, qui vont refléter l’époque et sa démesure, sans occulter la vacuité de la mode et de ce qu’elle représente dans l’inconscient collectif. Avec d’énormes moyens engagés, ces shows sont aussi des forces de frappe stratégiques et financières qui subjuguent, humilient et écrasent toute concurrence.

    Au delà du spectacle et de son premier degré, Lagerfeld se joue d’un monde de luxe hypertrophié à la limite de la rupture, parfois beau mais trop souvent vaniteux, mégalo jusqu’au grotesque, jusqu’à l’écoeurement. Lui-même tourne sur la piste de ce cirque baroque, en devenant progressivement un concept, une abstraction, une icône pop déclinée sur tous supports, dessinée, reproduite, facilement identifiable, immuable et totalement en phase avec l’époque. Lagerfeld a dépassé toutes ses espérances. Il est devenu tout simplement l’incarnation de la mode. Etrange paradoxe, cependant, pour quelqu’un à l’égo-trip surdimensionné qui peut en même temps dépenser tant d’énergie, abattre un tel travail, et finalement donner autant de sa vie pour une maison qui a existé avant lui et qui existera sûrement après.

    Karl Lagerfeld est bel et bien un paradoxe, ne souhaitant pas être scruté de trop près et ne se prêtant à aucune analyse. Il a toujours brouillé son image, au point de mentir sur sa date de naissance. Il a changé maintes et maintes fois d’aspect jusqu’à celui que nous lui connaissons aujourd’hui, depuis qu’il a entamé ce régime draconien qui lui permit de perdre une quarantaine de kilos, devenu ainsi cet étrange personnage autant reflet que fantôme, enfin débarrassé de toute contingence liée à un âge ou à un quelconque repaire temporel.

    Il est devenu une œuvre parmi ses œuvres, ce mutant protéiforme dont l’image iconographique qu’il s’est lui-même créée est indissociable non seulement de la maison dont il est l’ambassadeur, mais aussi de la mode en général et de ce qu’elle représente dans l’inconscient collectif. Celui qui peut concevoir des robes vendues des milliers d’euros mais aussi des vêtements éphémères pour H&M.

    Et cette revanche alors, qu’il a finalement assouvie in extrémis au détriment de son vieil ami Yves, aidé en cela par l’érosion du temps et la lassitude ? Il ne s’en souvient plus… Car il est si loin, ce temps d’une mode ultra codifiée, avec ses repaires stricts et tellement vains. Aujourd’hui, Chanel est un empire tout aussi puissant, si ce n’est plus, que l’identité Saint Laurent ; le double C croisé de son logo possède la même force d’évocation que la tour Eiffel sur un T-shirt, et bien plus identifiable désormais que les trois lettres Y S L.

    Rétrospectivement l’univers de Saint Laurent reste fort, tenu par quelque chose de mystique et de grand. Et Lagerfeld n’est pas dupe… Il sait que dans 50 ans, ce qu’il a entrepris, créé et propagé ne sera plus qu’une vague anecdote dans l’histoire de la mode,  comme un ultime pied de nez warholien.

     

     

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    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Dévoreur Hubertouzot

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Hubert Touzot : Photographe dévoreur d’images

     

     

     

  • Jim : Interview Exclusive | Les coulisses de la création

     

     

    Jim (de son vrai nom Thierry Terrasson) est un auteur de BD qu’on n’a plus besoin de présenter : 120 albums, 1,5 million d’exemplaires vendus, du théâtre, des courts-métrages, et un rêve, le cinéma. Parce que Jim nous fait rêver, nous avons voulu à notre tour nous intéresser à ses rêves.

     

    IC : Vous avez déclaré « rêver de cinéma depuis vos 18 ans » (interview « My little discoveries » – Mars 2013). Qu’est-ce qui vous attire dans le 7ème Art que vous ne retrouvez pas dans le 9ème ?

    Thierry Terrasson : Le monde de la BD et celui du cinéma sont différents : faire de la BD reste un travail solitaire. Parfois on est deux, trois, mais on jouit d’une liberté totale de création. Je peux imaginer un personnage, dire une phrase d’une certaine façon, le dessiner comme j’en ai envie, découper le texte comme il me semble et raconter ce qui me chante. Je peux jouer avec tous les éléments mis à ma disposition pour évoquer des choses, les faire ressentir ou créer un mouvement, et cela juste d’un coup de crayon. Ce sont les possibilités infinies que nous offre la BD.

    L’une des qualités du cinéma qui m’attire, c’est le travail en équipe. On se retrouve soudain plusieurs à projeter notre ressenti, nos idées sur le film. Chacun, selon sa compétence (réalisateur, metteur en scène, scénariste, responsable photo, acteurs…). Un acteur apportera au texte de la finesse, une certaine intensité, un sous-texte, autant de choses qui vont agrémenter la simple idée de départ. De la même façon, le lieu influe sur les idées qu’on avait, c’est pour cette raison que j’essaie de ne pas trop dessiner de story-boards. Ce sont souvent les plans les moins intéressants car les plus calculés. Je préfère les surprises, les accidents qui  donnent la sensation d’attraper la vie au vol.

     

    IC : Vous avez participé aux scénarios de sept courts-métrages : Comment se sont créées à chaque fois les rencontres et les opportunités ?

    Thierry Terrasson : Parfois, des gens sonnent à ma porte, mais la plupart du temps, c’est une envie très instinctive au démarrage, et je cherche alors qui le projet peut intéresser. Souvent en allant chercher dans mes connaissances, parfois en découvrant de nouvelles personnes. On parle là d’une majorité de courts métrages joyeusement amateurs. Seuls les tout derniers prennent un tournant plus professionnel. Je ne fais plus tout, tout seul, ou avec quelques copains. Mon dernier court-métrage, « Vous êtes très jolie, mademoiselle » a été réalisé en faisant appel à des professionnels. Ce n’est plus moi qui tiens la caméra, ce qui est une étape décisive : il s’agit de passer le relais à quelqu’un de calé en photo, en cadrage, qui saura faire bien mieux que ce qu’on ferait, et lui faire confiance ! Chacun son métier.

     

    IC : En 1986, vous réalisiez votre premier court métrage «Chipie St Jill». Quel était le pitch ? Quels étaient vos moyens ? 

    Thierry Terrasson : Les moyens ? Illimités ! (rires) En fait, «  Chipie St Jill » est mon tout premier court métrage, co-réalisé avec mon frère Philippe : il avait 17 ans et moi 19, on parle donc ici d’une histoire de gamins ! Le Crédit Agricole nous avait soutenus dans notre projet en nous faisant un don de 13 000 francs (2 000 euros). Le court parlait d’admiration, de la manière qu’a chacun d’admirer quelqu’un d’autre. On y sentait à plein nez les influences de « 37°2 le matin » et de « La lune dans le caniveau », deux film de Jean-Jacques Beineix. Nos moyens étaient très limités. Comme nous étions inscrits à un club photo et vidéo, un professionnel rencontré là-bas nous avait gracieusement prêté sa caméra et nous avons tourné en 16mm pendant les six mois qu’a duré le tournage. On a très vite réalisé qu’on pouvait faire des miracles à notre petit niveau. Je me souviens d’une anecdote : la scène se déroule sur un quai où sont amarrés des paquebots, dans le port de La Rochelle. Une DS devait être déchargée d’un des paquebots. Facile à écrire, ça prend deux minutes sur un coin de table, mais à tourner ? En discutant avec des hommes sur le chantier naval, contre un petit billet, ils ont accepté de monter et descendre le véhicule pendant une demie- heure, de quoi tourner nos plans. Ça parait tout bête, mais à l’âge qu’on avait, c’était un vrai moment magique pour nous. Pour finir, le court-métrage a fait le tour de quelques festivals et a eu le premier prix au festival du Futuroscope. C’était notre première projection publique, autant dire un régal !

     

    « Si je devais donner un conseil à tous ceux qui veulent démarrer, ce serait celui-là : ne restez pas dans votre coin. Il existe de nombreux clubs vidéos qui permettent de projeter sur écran ce que vous faites. C’est plus intéressant que de poster une vidéo sur YouTube, en tout cas, c’est complémentaire. La réaction du public dans une salle permet de voir très vite si ce que l’on a tourné fonctionne ou pas… et de se remettre en question. »

     

    IC : Votre frère en était co-réalisateur et acteur. La passion du cinéma, une histoire de famille ?

    Thierry Terrasson : Philippe a bifurqué vers l’architecture de son côté. Mais oui, c’était une vraie passion commune de gosse, comme beaucoup, d’ailleurs. On a grandi côte à côte à discuter des mêmes films. On venait d’une petite ville de province, c’était sans doute ça ou mourir d’ennui (rires)…

    Pour ma part, j’ai toujours adoré raconter des histoires, que ce soit à travers l’écriture, la bande dessinée ou la prise de vue réelle. Ce qui me passionne, c’est de prendre un bout d’histoire et de la faire évoluer en y ajoutant un drame, une rencontre, une situation un peu dingue… Ce qui m’intéresse, c’est de trouver des ponts entre tout ça. Prendre ce que la vie nous offre de plus piquant et de meilleur pour essayer d’en faire quelque chose. J’aime faire vivre des tas de choses à mes personnages, les surprendre, les secouer… Je suppose que c’est ma drogue !

     

    IC : Hubert Touzot est un acteur récurrent de vos courts-métrages. Pouvez-vous nous parler un peu de lui ?

    Thierry Terrasson : Hubert Touzot est un photographe qui a un vrai talent et mérite que l’on découvre son travail. Je lui rends d’ailleurs hommage dans l’un de mes derniers albums « De beaux moments ». C’est aussi un super ami, la personne la plus drôle que je connaisse. Il a un cerveau connecté je ne sais où, ce qui lui permet de constamment partir en vrille sur n’importe quel sujet. Il a fait un peu de scène à une époque… Il me conseille, je le conseille. Nous avons même fait un livre ensemble : « T’chat ». Nous nous faisions passer pour une fille et faisions tourner en bourrique des hommes avides de sexe sur les premiers réseaux sociaux. On en pleurait de rire ! L’éditeur un peu moins quand il a vu les chiffres de vente désastreux (rires). C’était il y a cinq ans environ. Hubert l’avait signé U’br. Il écrit toujours, le bougre. Mais son vrai virage est la photographie.

     

    IC : En 2001, vous recevez un 1er prix avec « Le Jeune » et en 2005 votre court-métrage « George » reçoit trois prix, puis se vend à trois chaînes de télévision. Les choses se sont accélérées durant ces quatre années ?

    Thierry Terrasson : Disons que ça a marqué une petite étape : je me suis dit qu’il était peut-être temps, maintenant, de tenter l’aventure du long. Ecrire, trouver le bon sujet, convaincre des producteurs, tout cela est indispensable pour franchir cette étape. C’est aussi pour ça que mes projets BD ont évolué, et ressemblent de plus en plus à des films sur le papier, car ce sont les mêmes périodes. Je suis de plus en plus régulièrement à Paris et j’apprends pas mal de la relation avec les producteurs. C’est d’ailleurs un paradoxe magnifique : si j’avais écouté les conseils des producteurs, je n’aurais pas écrit les scénarios de BD qu’ils souhaitent à présent adapter en film. Il y a quelque chose de très frais dans la création d’une BD.

     

     

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    « Les projets BD et ciné se mêlent donc de plus en plus. Maintenant quand j’écris, je ne sais pas toujours si je l’imagine d’abord en film ou en livre. »

     

    IC : De quoi ont été faites ces onze dernières années depuis 2005 ?

    Thierry Terrasson : J’ai écrit, imaginé des personnages, des situations. J’ai fait des lectures avec des acteurs, j’ai rencontré des réalisateurs et des producteurs. J’ai beaucoup travaillé à essayer de comprendre le fonctionnement du milieu du cinéma grâce aux rencontres : il s’agit là d’un travail sous-terrain pour parvenir à cerner le métier de scénariste de cinéma, ce qui n’est pas du tout la même approche que scénariste de BD. D’un côté c’est une industrie, de l’autre encore un artisanat.

     

    IC : Quel est votre technique pour écrire ?

    Thierry Terrasson : Au départ, je notais toutes mes idées dans des carnets, des feuilles volantes… Aujourd’hui je les intègre directement dans mon smartphone. Je prends ensuite du fil et une aiguille et j’essaie de coudre les idées ensemble. C’est, de l’avis de spécialistes bien informés, une très mauvaise méthode, car j’essaie d’intégrer la structure après coup. Ils ont sans doute raison mais c’est la méthode que je préfère, elle a le mérite d’être porteuse de vraies idées de scènes fortes. Après, c’est plus long, forcément… J’écris le weekend, la semaine, chez moi vers Montpellier, ou dans le train, ou chez belle-maman, un peu n’importe où. Chez moi, je suis infichu d’écrire dans mon atelier (consacré au dessin), j’ai donc une pièce dans laquelle j’aime écrire. Avoir un lieu ainsi dédié à l’écriture nous met en condition et donne un cadre, un cérémonial qui met le cerveau en position « écriture ». Même si, en vérité, j’écris vraiment n’importe où. Et je dois bien avouer que la plupart des nouveaux projets naissent en vacances, ou en trajet. Comme quoi, il n’y a pas de secret : il faut agiter son cerveau pour en sortir quelque chose ! C’est un processus physique, finalement.

     

    IC : De l’écriture à la réalisation, quelles sont les étapes à franchir ?

    Thierry Terrasson : Vous voyez ces militaires en camp d’entraînement, qui avancent à plat ventre dans la boue sous des barbelés ? Ecrire un film, ça m’évoque un peu ça (rires).

    Je n’ai aucun réseau et je sors de nulle part. Depuis des années, je commence à établir des ponts, à mieux connaître le fonctionnement interne.

     

    « Ma notoriété entre peu en ligne de compte : parfois, quelqu’un me connaît par la BD et accepte donc de lire mon travail plus facilement. Mais j’ai forcément tout à prouver chaque fois, ce qui est le jeu. »

     

    Ecrire un scénario de BD a au final si peu à voir avec écrire un scénario de long métrage. Il suffit de trouver un éditeur pour qu’une bande dessinée existe. Au cinéma, le producteur n’investit plus d’argent, il va démarcher des investisseurs : les chaînes de télévision, les distributeurs, les aides diverses… Pour les convaincre, le producteur essaie d’avoir un maximum d’atouts en main : des acteurs, un scénario, son passif… Il est bien loin le temps où les producteurs investissaient sur leurs fonds propres, sur leur seule foi en un projet…

     

    IC : Entre 2012 et 2015, vous avez connu plusieurs très grands succès d’édition avec « Une nuit à Rome » Tomes 1 & 2, avec « Héléna » Tomes 1 & 2, avec « Un petit livre oublié sur un banc » Tomes 1 & 2.

    Thierry Terrasson : Même si je m’essaie au cinéma, je resterai toujours attaché à la liberté que m’offre la BD. C’est un vrai bonheur de passer de l’un à l’autre. En ce moment, dès que j’ai un peu de temps, je me régale en BD de cette extrême liberté. Je dois bien avouer que je savoure ce bonheur-là tous les jours !

     

    IC : Sur quels projets travaillez-vous actuellement ?

    Thierry Terrasson : En BD, j’ai attaqué « Une nuit à Rome 3 », puis je ferai le 4… Il est très difficile de quitter certains personnages qui nous sont très proches… Au ciné, je travaille sur plusieurs projets en écriture, dont un en co-réalisation avec Stéphan Kot, un vieux complice talentueux. Et je peaufine des scénarios de comédie dont deux que je souhaite réaliser. Je ne m’étends pas encore trop sur le sujet car il reste encore beaucoup de travail dessus, mais j’ai bon espoir que 2017 soit l’année des tournages…

    En septembre 2015 a démarré le tournage de l’adaptation à l’écran de ma BD « L’invitation », réalisée par Michael Cohen, avec Nicolas Bedos. J’ai eu le sentiment que quelque chose se mettait en route. Je suis allé à plusieurs reprises sur le tournage, et j’ai pu découvrir un premier montage non définitif, qui m’a semblé être la meilleure adaptation possible de la BD. Je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre, et j’ai été vraiment séduit par l’aspect humain du film de Michael. On sort du film avec l’envie d’appeler un de ses meilleurs amis pour lui dire d’aller voir le film, pour partager ça. Il y a quelque chose qui dépasse le récit pour nous toucher dans notre propre vie, j’ai l’impression.

    Pour revenir à la BD, nous avons achevé, Lounis Chabane (« Héléna ») et moi-même, le tome 1 d’une BD qui s’appelle « l’Erection ». Tout un programme ! Et je dois dire que ça a été un vrai bonheur à travailler. Pour preuve, nous sommes déjà sur le tome 2. En parallèle, avec le réalisateur Bernard Jeanjean (« J’me sens pas belle »), nous avons écrit l’adaptation cinématographique du film qu’il va réaliser, et nous en sommes à la phase du casting. Je crois qu’il est clair que tout se mélange effectivement entre ciné et BD…

     

    IC : Merci Thierry d’avoir accepté de répondre à nos questions.

    Thierry Terrasson : Mais c’est moi. Merci à vous !

     

     

    Instant-City-Jim-012

     

     

    Et en cadeau, le court-métrage de Thierry Terrasson : « Vous êtes très jolie Mademoiselle » :

     

    [vimeo id= »83614567″ align= »center » mode= »normal » autoplay= »no » maxwidth= »900″]

     

     

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  • Turner et la Couleur

     

     

    A deux pas de la Rotonde et du Cours Mirabeau, à Aix-en-Provence, l’exposition « Turner et la Couleur » réunit une centaine d’oeuvres du peintre anglais William Turner.

     

    « Le peintre de la lumière », comme on l’a surnommé, est sans doute l’un des plus grands peintres paysagistes du 19ème siècle. Avant-garde du mouvement impressionniste, il peint des milliers d’aquarelles et d’huiles où la couleur prend une place centrale.

    « Turner démarre une carrière de peintre très jeune. C’est le fils d’un barbier. Il va commencer par suivre des cours de peinture, pour finalement intégrer la Royal Academy à seize ans, et sera académicien à 21 ans. C’est ce qu’on appelle un prodige de la peinture. » (Sophie Aurant-Hevanessian, directrice de la programmation culturelle de l’Hôtel de Caumont).

    L’enfant prodige est aussi un très grand voyageur. A partir de 1802, il se rend en Europe plus d’une vingtaine de fois, en France, en Suisse, en Italie et tout autour de la Méditerranée, où il observe la lumière. « C’est quelqu’un qui a une excellente mémoire visuelle, la mémoire des couleurs, en particulier. Non seulement il prend des repères topographiques des paysages qu’il découvre, mais il note les détails des couleurs, les détails de relief… ».

    Lorsque Turner meurt, on retrouve plus de trois mille carnets de croquis, dans lesquels il reproduisait au crayon les lieux qu’il avait visités, parfois avec une précision incroyable. Mais le plus souvent, ils étaient simplement esquissés. Il inscrivait le nom des couleurs, et de retour dans son atelier, ses notes lui suffisaient pour reproduire ce qu’il avait vu.

    Au début du 19ème, de nouveaux pigments de couleur sont inventés ; le Bleu de Cobalt, le Rouge Vermillon, le Jaune Chrome. Turner a été un des premiers artistes à utiliser ces pigments, et il ne pourra plus s’en passer. A partir des années 1810, il les emploiera tellement, en particulier les jaunes, qu’on dira de lui qu’il avait la fièvre jaune. Ce jaune qui est devenu peu à peu une caractéristique de ses toiles.

    C’est aussi l’époque où les premières études sur la couleur sont publiées. « Newton découvre qu’à travers la lumière se découpe un prisme chromatique, avec les couleurs primaires, le jaune, le bleu et le rouge. Goethe dit que non seulement on note ce premier prisme chromatique, mais qu’on découvre aussi un prisme complémentaire, qui va du jaune au bleu, en passant par le pourpre et le vert. A travers ces études sur la couleur, Turner va découvrir les assemblages infinis de ces couleurs. Il va donc expérimenter à travers ses aquarelles, dans lesquelles on peut découvrir des dégradés de couleurs absolument vertigineux ».

    Dans une série d’aquarelles consacrée à Marseille, très rarement exposée, Turner travaille littéralement la couleur. Il y fait des expérimentations, en utilisant plusieurs couleurs qu’il travaille pour représenter le Fort Saint-Jean de Marseille. Il utilise un motif précis pour jouer avec différentes couleurs, et ces aquarelles soulignent ces lumières chaudes de l’été qu’il affectionnait particulièrement.

    Toute sa vie, Turner sera très critiqué par ses contemporains. Et il régnait une incompréhension certaine quant à l’emploi peut-être excessif de la couleur. On parle « des folies de Turner », ces formes dissoutes et abstraites si éloignées de ce qui se faisait à l’époque. Et bien-sûr, toujours ces couleurs et cette lumière presque éblouissantes, qui font de Turner un peintre moderne.

    Dans les années 1870, Pissarro et Monet feront le voyage en Angleterre, pour y étudier les oeuvres de Turner. Car son influence est indéniable. C’est d’ailleurs troublant à quel point la peinture de Turner préfigure l’impressionnisme. Son toucher subtil, l’emploi à outrance de certaines couleurs et ces formes diluées nous indiquent que nous ne sommes ni dans le réalisme ni dans le naturalisme, mais déjà dans le courant pictural qui marquera définitivement la rupture entre peinture académique et art moderne.

    A découvrir à l’Hôtel de Caumont (Aix-en-Provence), jusqu’au 18 septembre 2016…

     

    Instant-City-Turner-002

     

     

     

  • Festival de Cannes 2016 | Episode 5 : Xavier Dolan, le retour

     

     

    On l’adore ! Depuis « Mommy », la révélation de 2014, les aficionados se sont rués sur sa filmographie pour rattraper leur retard.

     

    Petit génie qui nous vient du Québec, à tout juste 20 ans, Xavier Dolan se fait remarquer lors de « La quinzaine des réalisateurs » (qui récompense les nouveaux talents) avec son film « J’ai tué ma mère » en 2009. Chouchou de Cannes, et de nous aussi, il ne cesse de nous épater chaque année, abonné semble-t-il au Festival… On le retrouve partout : la voix québécoise de Harry Potter, c’est lui. Celle de Twilight, aussi. Xavier Dolan a ainsi doublé plus de 150 films et séries ! Un acharné du travail, mais pas que, car il faut préciser que le petit Xavier est tombé dans la marmite quand il avait quatre ans. Fils d’un papa comédien, il enchaîne les publicités, puis les longs métrages, puis les séries. Vous recherchez un enfant, un ado pour jouer dans votre film, votre série ou votre pub ? Pas de problème. Il y a Xavier…

    Pour la réalisation de son deuxième long métrage, « Les amours imaginaires », Xavier Dolan a créé sa propre boîte de production « Sons of Manual », en hommage à son père Manuel Tadros. La fourmi sait ce qu’elle fait et où elle va, visiblement très bien conseillée. Et le voilà reparti pour Cannes. Huit minutes d’ovation et d’applaudissements. Incroyable ! Du coup, forcément, un peu comme avec Tarantino, on attend impatiemment le film suivant. Sauf que là, pas besoin d’attendre deux ans. Xavier Dolan fait tout plus vite que les autres. Même les films… En 2011, il se lance dans son troisième long métrage « Laurence Anyway » : l’histoire d’un transgenre et de sa compagne dans les années 1990. La critique le qualifie de « meilleur film de Dolan », avec « une énergie cinématographique à couper le souffle. Nous avons été honorés de pouvoir regarder ce grand génie à l’oeuvre » déclare le jury du film de Toronto qui lui décerne le Prix du meilleur film canadien à l’unanimité. Rien que ça. On dirait que plus Dolan fait de films, meilleurs ils sont. Autant ne pas se priver.

    La consécration ultime arrive en 2014 à Cannes, avec le film « Mommy ». Xavier Dolan reçoit un Prix ex-aequo avec l’un des papes de la nouvelle vague, Jean-Luc Godard. Se retrouver ainsi en compétition avec l’un des plus fameux réalisateurs de l’histoire du cinéma français, le père de « Pierrot le Fou », « A bout de souffle » ou « Le Mépris », quel fierté ! L’année suivante, il revient à Cannes pour juger les films des autres, dans le jury cette fois, et aux côtés des frères Coen, excusez du peu, et de son ami Jake Gyllenhall. Finalement, Cannes, c’est un peu devenu chez lui.

     

    Et voici venue 2016, l’année de son sixième film. L’année de son cinquième passage à Cannes.

     

    Le casting du film en compétition « Juste la fin du monde » est hallucinant : Vincent Cassel, Marion Cotillard, Nathalie Baye, Gaspard Uliel, Léa Seydoux. Vincent Cassel dans un film de Xavier Dolan : on brûle de le voir. Un tel duo, c’est du petit lait. C’est irréel. Les cinéphiles, fans de Dolan ET de Cassel vont mourir sur place. C’est tellement improbable, qu’on en a peur d’être déçus.

    Si en plus on nous annonce qu’en 2017, un autre Dolan va sortir cette fois avec Susan Sarandon, Jessica Chastain, la très subtile oscarisée Kathy Bates (« Misery », « Beignets de tomates vertes », « Primary Colors », « Monsieur Schmidt ») et Kit Harington (« Games of Thrones »), on se met à se dire qu’on est des petits veinards. Monsieur Dolan peut choisir ses acteurs. Et il ne se prive pas de piocher parmi les plus grands et les plus demandés du moment. Il semblerait que tourner avec Dolan aujourd’hui, ce soit comme tourner avec Woody Allen autrefois : ça ne se refuse pas !

    Que les médias arrêtent donc de nous parler de Kristen Stewart. La star 2016 à Cannes, la véritable star, c’est et ce sera Xavier Dolan. A n’en pas douter.

     

    Dolan parle de son film « Juste la fin du monde » sur la tv québécoise.

    [youtube id= »Vcgo2GPFtA0″ align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

     

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  • A la chasse aux tornades en vidéo 360°

     

     

    Le 8 mai 2016, plusieurs tornades se sont formées  dans le Colorado.

    Un chasseur de tornades, Reed Timmer, a posté une vidéo à 360°, filmée grâce à une caméra fixée sur le toit de sa voiture.

     

     

     

  • Festival de Cannes 2016 | Episode 4 : En piste MC Laurent !

     

     

    Il est beau, il est drôle, il a 42 ans et c’est un surdoué. Laurent Lafitte sera maître de cérémonie pour l’ouverture du Festival de Cannes le mercredi 11 mai 2016 et pour la remise des Prix le 22 mai lors de la cérémonie de clôture. Vous pourrez assister à sa retransmission en direct sur Canal + à partir de 19h15, en clair et en exclusivité depuis le Palais des Festivals. Lambert Wilson a fait le job pendant deux années consécutives, en 2014 et 2015, en rendant hommage aux femmes dans le cinéma sur un plateau habillé à la Stark comme une freebox.

    Alors qui est Laurent Lafitte ? Si son nom ne nous dit rien, son visage en revanche nous est très familier. C’est toujours le bon copain : dans « L’art de la Fugue » aux côtés d’Agnès Jaoui en 2015 ou « Les Petits Mouchoirs » de Guillaume Canet en 2010. Certains diront « le gendre idéal », type « Neuilly-Passy » au sourire plein de dents blanches, costume-chemise et raie sur le côté. Lui-même n’hésite pas à se décrire ainsi dans ses interviews, lorsqu’il raconte qu’il a grandi dans le très bourgeois 16ème arrondissement de Paris. On est en 1988, il a quinze ans, il étudie au lycée en classe de seconde. Régis Milcent cherche un adolescent pour son téléfilm « L’enfant et le Président », l’histoire d’un enfant qui va promener son chien et rencontre le président. Laurent Lafitte répond donc à l’annonce parue dans France Soir, à laquelle il joint un photomaton. Il sera retenu et donnera la réplique à Michael Lonsdale. Il s’inscrit ensuite au Cours Florent puis au Conservatoire National d’art dramatique, ce qui rassure ses parents, « Mon baccalauréat à moi ! », et c’est parti pour lui ! En 1993, le grand public fait sa connaissance grâce à la sitcom « Classe Mannequins » sur M6, après quoi il enchaîne de nombreuses séries : « Avocats et Associés », « Julie Lescaut », « Femmes de Loi », « Caméra Café » ou « Section de Recherches ».

    Mais Laurent Lafitte est bien plus qu’un acteur de rôles secondaires. C’est un pensionnaire de la Comédie Française depuis 2012, un petit génie de la comédie, et c’est en cela qu’il nous intrigue. Quand on y regarde de plus près, on trouve dans son parcours autre chose de plus profond et de plus riche : un don véritable pour la comédie, un art très difficile. Faire rire n’est pas donné à tout le monde et demande intelligence et finesse, du talent en somme. Son premier one man show est un immense succès : il tient le Palais des Sports plus de six mois, soit cent représentations avec son spectacle « Laurent Lafitte, comme son nom l’indique » et remporte le Prix Raimu de la comédie. La critique est dithyrambique.

    Laurent Lafitte est donc drôle, talentueux, beau gosse, bourré de génie et tout ça, sans se prendre au sérieux. Preuve en est son personnage hilarant de Marina dans certains sketches de « La Revue de Presse de Catherine et Lilliane » auxquels il participe dans « Le Petit Journal » sur Canal+, ou ceux aux côtés de Zabou à la radio sur France Inter dans l’émission « A votre écoute, coûte que coûte ». Ce n’est donc pas un hasard s’il a été choisi par l’excellent Albert Dupontel pour son prochain film « Au-revoir là haut » ou par Thierry Frémaux et Pierre Lescure pour présenter la cérémonie d’ouverture du Festival de Cannes. Ca n’est d’ailleurs pas la première fois qu’il est sollicité :  il a présenté la 25ème Nuit des Molières en 2011 et fait hurler de rire la salle lors d’un sketch aux Césars en 2013.

     

     

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    Nous sommes donc extrêmement impatients de le découvrir sur scène mercredi soir et de voir ce qu’il nous aura concocté. A force de travail et de ténacité, voici venue l’heure des récompenses et de la Palme.

     

     

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