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  • Cinquante ans après leur création, les Shadoks pompent toujours

     

     

    Les Shadoks ont 50 ans ! C’est en 1968 qu’apparaissaient pour la première fois à la télévision française ces drôles d’oiseaux créés par Jacques Rouxel. Leur style, leur univers décalé et leur humour absurde sont au cœur d’une exposition au musée Tomi Ungerer, à Strasbourg, jusqu’au 08 juillet 2018. Instant City vous propose de découvrir ou de redécouvrir cette série télévisée OVNI.

     

    Les Shadoks, la fameuse série télévisée d’animation imaginée par Jacques Rouxel en 1968 donne lieu à une exposition au Musée Tomi Ungerer, à Strasbourg. Par leur humour surréaliste et absurde, ces drôles d’oiseaux obsédés par la construction de machines infernales qui ne fonctionnent jamais et immortalisés par la voix de Claude Piéplu ont révolutionné le dessin animé.

     

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    Il y a cinquante ans, donc, débarquaient sur le petit écran les aventures cosmiques des Shadoks. Vous vous souvenez ? Ces oiseaux pas très futés, aux ailes minuscules, qui ont pour ennemis jurés les intelligents Gibis qui s’amusent toute la journée. De la Cour des Shadoks à Paris aux côtés du réalisateur Thierry Dejean au Musée Tomi Ungerer à Strasbourg, avec la commissaire d’exposition Thérèse Willer, nous reparcourons ensemble le phénomène « Shadoks », véritable révolution pour toute une génération.

     

    « Au tout début, l’émission fit scandale. Les gens écrivaient en masse pour se plaindre, arguant entre autres choses que c’était une honte d’avoir à payer la redevance pour voir des programmes aussi stupides. » (Thierry Dejean, réalisateur et auteur du livre « Les Shadoks de Jacques Rouxel » paru aux Editions Hoëbeke)

     

    « Outre l’idiotie du sujet, les dessins sont vraiment en dessous de tout. La technique y est vraiment ramenée à sa plus simple expression. J’espère pour vous que seul le manque de crédits en est la cause. » (lettre de protestation lue par Jean Yanne en février 1969 dans le cadre de la chronique télévisée « Les Français écrivent aux Shadoks »)

     

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    « A l’époque, il se disait communément que les Shadoks avaient partagé la France en deux et que c’était la nouvelle bataille d’Hernani, opposant éternellement les modernes et les classiques, ou encore qu’ils avaient contribué au déclenchement des événements de mai 68. » (Thierry Dejean)

     

    Les secousses cosmiques des Shadoks interviennent tous les soirs à la télévision française, à une heure de grande écoute. Et c’est la voix mythique de Claude Piéplu, narrateur de la série, qui rythme ce rendez-vous quotidien. En 1993, à l’occasion des 25 ans de la première diffusion des Shadoks, Michel Field interroge Jacques Rouxel et Claude Piéplu dans Le Cercle de Minuit :

     

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    Le véritable créateur des Shadoks, c’est donc Jacques Rouxel. Il se présente au Service de la Recherche de l’ORTF, son projet sous le bras, avec le désir d’adapter à la télévision le principe des comic strips, ces courtes bandes dessinées en général composées de quatre à six cases disposées horizontalement, que l’on pouvait trouver à la fin des quotidiens de l’époque. Jacques Rouxel est non seulement le concepteur des Shadoks, mais il en est aussi l’auteur, tant du scénario que des textes et du dessin. Son style graphique est épuré, minimaliste. Un rond, un triangle, deux lignes suffisent à figurer un Shadok. Cette utilisation des formes géométriques témoigne ainsi de la forte influence de la peinture moderne chez Rouxel.

     

     

    Parmi ses sources d’inspiration, on trouve pêle-mêle un tableau très célèbre de Paul Klee s’intitulant « La Machine à Gazouiller » peint en 1922 et exposé au MoMa à New York, dans lequel on peut reconnaitre la forme caractéristique des Shadoks, jusqu’aux dessins d’un illustrateur célèbre de l’époque, Saul Steinberg, qui a fait beaucoup de couvertures pour le NewYorker.

     

     

    Les cartoons de Saul Steinberg étaient extrêmement connus pour la sobriété de leur ligne, ce que l’on appelait le « One Line Drawing ». Et Jacques Rouxel s’est aussi très certainement souvenu des « Trois Brigands » de Tomi Ungerer pour concevoir ses Shadoks.

     

     

     

    Au delà des influences graphiques, les Shadoks suivent la vague des expérimentations sonores de l’époque. Robert Cohen-Solal compose la bande son du programme, avec comme influence majeure Pierre Schaeffer, en charge à l’époque du Service de la Recherche de l’ORTF et considéré comme l’inventeur de la musique concrete.

     

    « La Musique Concrète, ce sont les premiers samples, bien-sûr, mais aussi les premières expériences d’enregistrement de sons provenant du quotidien, et qui sont rejoués et retravaillés à l’aide d’instruments électro-acoustiques. » (Thierry Dejean)

     

     

    Cette inventivité dans les formes artistiques s’accompagne d’une réflexion sur la méthode de travail. Chaque saison des Shadoks comporte 52 épisodes, pour quatre saisons au total. Cela signifie beaucoup de Shadoks à dessiner, et un rythme effréné à suivre en terme de production, puisque l’émission sera diffusée chaque soir entre 1968 et 1973.

     

    « La première saison des Shadoks sera réalisée grâce à une machine ingénieuse dénommée l’animographe, inventée par Jean Dejoux, chercheur à la RTF. Cet appareil avait été conçu à l’origine pour réaliser des dessins animés, mais il obligeait les animateurs à travailler sur un format très petit. On disait d’ailleurs à l’époque qu’il était inconcevable de faire du Walt Disney avec l’animographe. Face au manque cruel de budget à la télévision française, la série des Shadoks fut donc créée avec très peu de moyens. Cette machine permettait ainsi de faire du dessin animé à moindre coût. »

     

    Dans les Shadoks, on peut voir une critique acerbe du travail. Les personnages passaient leur existence entière à pomper… pour rien. Y est abordé aussi le thème de l’absurdité de la condition humaine : pourquoi doit-on se tuer à travailler alors qu’on est condamné à mourir ? Tout ça dans le contexte de mai 68, les Shadoks nous renvoient aux slogans de l’époque : « ne perdez pas votre vie à la gagner » ou encore « ne travaillez jamais ». Les Shadoks étaient donc définitivement dans l’air du temps.

     

    « Pour moi, Les Shadoks, c’était un peu ma madeleine de Proust, avec la sensation que ce programme était un moment de liberté que la télévision nous offrait, à nous, enfants. Alors qu’au départ, Les Shadoks s’adressaient aux adultes et étaient d’ailleurs diffusés à un moment de la journée qui leur était plutôt réservé… »

     

    Pendant toute la période de diffusion des épisodes des Shadoks, Jacques Rouxel recevra ainsi une abondante correspondance d’enfants qui lui témoigneront leur reconnaissance et leur soutien…

     

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    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour Aller Plus Loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Les Shadoks Fan Page

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  • Hommage à Zaha Hadid, première et unique femme lauréate du prix Pritzker

     

     

    Le Prix Pritzker, c’est un peu le Nobel de l’architecture. Cette distinction suprême, d’un montant alloué de 100.000 dollars, existe depuis 1979. Et il faudra attendre 25 ans, soit en 2004, pour qu’une femme en soit enfin la lauréate.

     

    En 2004, c’est donc Zaha Hadid, une architecte irakienne vivant au Royaume-Uni où elle avait créé sa propre agence en 1980, qui reçoit le Prix Pritzker. Une candidate de poids, puisqu’elle fut également le second architecte au monde à bénéficier d’une rétrospective de son œuvre au célèbre Musée Guggenheim de New-York. Ce fut aussi la première femme, mais aussi la seule à ce jour, à remporter ce prestigieux concours.

    Le style particulier de Zaha Hadid est facilement reconnaissable : futuriste, plein de lignes, de courbes, d’arcs de cercle. Un style très rond et sensuel, formé d’entrelacs géométriques et de sphères aériennes dont on se demande comment elles ont pu être construites tant elles défient la pesanteur, grâce aux nouveaux matériaux et à l’informatique, par des formes qui naguère auraient été classées au rang de science-fiction. Essaimées un peu partout sur la planète, comme autant de matérialisations d’un talent unique, du centre aquatique des JO à Londres au Musée d’Art Contemporain à Rome, en passant par le Pavillon Chanel à Hong-Kong, le Wangjing Soho à Pékin, les Tours Signature à Dubaï ou la gare de Naples… toutes ces œuvres sont regroupées dans un ouvrage paru aux éditions Parenthèses en 2009, « Zaha Hadid L’Intégrale ».

     

     

     

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour Aller Plus Loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Zaha Hadid Architects

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Zaha Hadid on Vimeo

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Zaha Hadid Frac Centre

     

     

     

  • Nathaniel Rateliff & The Night Sweats, entre tristesse et jubilation

     

     

    L’Américain Nathaniel Rateliff et son groupe, The Night Sweats, viennent de sortir « Tearing At The Seams », un album dans lequel la musique sert une forme de lâcher prise. Ils seront en concert au Trianon à Paris le 9 avril.

     

    Il n’y a qu’à voir Nathaniel Rateliff, bonhomme imposant, autant que sa barbe, entouré de ses Night Sweats sur scène : l’expérience est intense. Alors, pour ce deuxième album, l’idée était de retranscrire cette énergie indescriptible et inhérente au live sur les douze pistes d’un disque creusé en une semaine dans le désert du Nouveau-Mexique.

     

    « C’est une façon de rassembler, notre soul, en quelque sorte. On joue la plupart des titres en direct, dans la même pièce, et j’ai le sentiment que ça apporte un côté plus authentique. Et puis, c’est ce que nous faisons sur la route depuis trois ans. Je voulais que notre entente sur scène, en tant que musiciens, se retrouve sur l’enregistrement. Nous sommes quasiment comme des frères. C’est bon pour le groupe qu’on se soucie les uns des autres. »

     

    La soul, le blues, la country, peut importe l’étiquette, pourvu que le groupe serve une musique débordante, jubilatoire, mais pas que… Car selon le bassiste des Night Sweats, et meilleur ami de Nathaniel Rateliff, Joseph Pope : « la juxtaposition entre la tristesse et la jubilation, c’est ce qui fait la vie. Vous ne pouvez pas être uniquement heureux ». Il faut avoir vécu bien des choses pour chanter de cette façon, il faut aussi avoir en tête de divertir le public, assommé par une époque très peu souvent joyeuse, notamment aux Etats-Unis.

     

    « Avoir un public nous donne une responsabilité. Non pas que nous soyons un groupe politique, mais on veut rassembler tout le monde, et dire que oui, nous vivons une période sombre, mais essayons de voir tout ce qui nous rassemble, et pas ce qui nous sépare. »

     

    On pense aux génies de Stax Records, label qui accueille Nathaniel Rateliff en son sein, on pense au Delta du Mississippi, propre à transformer les galères en musique de joie. On pense surtout que la soul authentique survivra encore longtemps, tant qu’il y aura d’aussi bons disques pour l’entretenir.

     

    Nathaniel Rateliff & The Night Sweats, « Tearing At The Seams » (Stax Records/Caroline). Album disponible.

     

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  • Happy Birthday, Mr Gainsbourg

     

     

    Le 2 avril 2018, Serge Gainsbourg aurait eu 90 ans. À cette occasion, France 5 diffuse le documentaire « Gainsbourg, Art(s) et Essai(s) » et un coffret de 4 CD accompagnés d’un DVD propose plus de 70 chansons, dont de nombreuses ont été interprétées par d’autres artistes que lui, de Brigitte Bardot à Juliette Greco, en passant évidemment par Jane Birkin.

     

    Serge Gainsbourg fut un artiste surdoué. Un interprète, bien-sûr, mais aussi un auteur : « A l’inverse des autres qui ont des idées que font véhiculer les mots, moi, ce sont des mots que véhiculent les idées ». Et de mots, sa tête de chou en était pleine… Avec presque 500 chansons écrites en trente ans de carrière, Serge Gainsbourg fut un auteur-compositeur prolifique. Il a écrit pour tous les grands noms de la chanson française. Pourtant, en tant qu’interprète, le jeune Lucien Ginsburg connait des débuts mitigés.

     

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    « Les premières expériences de scène de Gainsbourg sont désastreuses. Il a trop le trac et incarne un personnage qui ne ressemble en rien à ce qu’est un chanteur normal à l’époque. Ça commence très mal mais il va persévérer. L’enregistrement le plus remarqué du « Poinçonneur des Lilas », ça n’est pas celui de Gainsbourg mais celui des Frères Jacques. » (Bertrand Dicale, auteur de « Tout Gainsbourg » – Editions Jungle)

     

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    Serge Gainsbourg suit donc le parcours habituel d’un auteur-compositeur à l’époque, qui essaie de percer comme interprète, mais qui reste essentiellement chanté par les autres. Il a alors la chance d’être adoubé par Juliette Greco, qui enregistre ses chansons  et le prend en première partie de ses concerts.

     

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    Une fois le succès obtenu en devenant la plume de Juliette Greco, il va susciter l’engouement de bien d’autres chanteuses.

     

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    Le désir est un thème récurrent dans les textes du grand Serge, mais ce grand timide joue à les faire chanter par des femmes.

     

    « Il aime que des femmes chantent ses mots. C’est ce qu’il fera avec Zizi Jeanmaire, Régine ou Greco, et évidemment France Gall. Mais avant Gainsbourg, jamais un auteur n’aurait écrit ces paroles-là pour une femme. Sauf que lui a osé… Quand il fait chanter à France Gall dans « Poupée de Cire, Poupée de Son » qu’elle n’est qu’une gourde sans cervelle, car c’est ce qu’elle chante dans les faits, il trouve cela beaucoup plus intéressant. » (Bertrand Dicale, auteur de « Tout Gainsbourg » – Editions Jungle)

     

    Gainsbourg est un parolier malin, intelligent. Il ne va pas simplement jouer sur des évidences telles que « amour, toujours, caresse, tendresse », mais il va plus exceller dans l’art de l’écriture que l’on pourrait qualifier de « piégée » : «  Je choisis toujours des rimes en axe, ixe… C’est beaucoup plus difficile. Au départ, je n’ai pas d’idée, mais le mot me donne les idées ».

     

    [arve url= »https://vimeo.com/119921095″ title= »Françoise Hardy : « Comment Te Dire Adieu »  » description= »Dim Dam Dom (1er mars 1969) » align= »center » maxwidth= »900″ sticky_pos= »top-left » loop= »no » muted= »no » /]

     

    Gainsbourg pratique beaucoup le jeu de mots. Souvent, le mot est à double-sens, quand il n’est pas à double-sens sexuel, comme dans « Les Sucettes » en 1966. Et puis, il y a ces chansons magnifiques écrites pour Bardot ou Birkin.

     

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    Pour les garçons, il est en revanche moins inspiré. Il compose des chansons fortes pour Jacques Dutronc, mais ce ne sont pas des paroles qui mettent en danger l’image ou la posture culturelle de ses interprètes. Cependant, il retrouve parfois cette façon de renverser l’échiquier, avec une chanson comme « Joujou à la casse », un texte dans lequel il fait dire à Alain Chamfort que les petites fans, les filles qui sont amoureuses de lui, il n’en veut plus.

     

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    Gainsbourg ne rend pas les armes pour autant et persiste. En 1979, avec son album « Aux Armes et Caetera », il devient enfin un interprète reconnu. Avec le succès, ses collaborations se font de plus en plus rares, même si certaines feront date.

     

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    A ne pas rater le documentaire « Gainsbourg Art(s) et Essai(s) » dimanche 1er avril à 09h25 sur France 5.

     

     

     

  • Printemps de Bourges 2018 : Les femmes en force

     

     

    La programmation définitive du 42ème Printemps de Bourges a été dévoilée au début du mois. La thématique de ce cru 2018 est « Femmes ! » : elles seront en force du 24 au 29 avril.

     

    De Véronique Sanson à Catherine Ringer, en passant par Brigitte, Charlotte Gainsbourg, Shaka Ponk, ou encore Sandrine Bonnaire, les femmes sont à l’affiche de ce 42ème Printemps de Bourges.

    Un choix cependant loin d’être imposé par « l’actualité sordide de ces dernières semaines », comme l’explique Boris Vedel, le directeur du festival. « Le Printemps a toujours eu la fibre féminine. Mais cette année, nous avons tous été touchés par le décès de Simone Veil, et on a voulu lui rendre hommage. Je pense que nous sommes à ce jour le seul festival qui peut se targuer d’avoir une programmation à 50 % féminine ».

    Mais, au-delà de cette originalité, le Printemps 2018 a été fidèle au credo qu’il s’est fixé depuis plus de quarante ans : « Création, découvertes et émergences ». C’est ainsi qu’aux côtés des talents reconnus comme Orelsan, Ran’N’Bone Man, Bigflo et Oli, Laurent Garnier ou Eddy de Pretto, les Inouïs, comprenez les jeunes pousses, auront cette année encore la part belle.

     

    « Faire la fête dans la ville »

     

    Autre point d’orgue de cette édition, l’effort appuyé sur le label « Le Printemps dans la ville » qui a pour mission de développer encore un peu plus le off du festival, qui se joue dans les bars et les restaurants. « Nous lui avons réservé une nouvelle scène, qui sera installée place Cujas. » note Boris Vedel. « Nous voulons vraiment rendre au public, en accès libre, tout ce qu’il nous a apporté depuis toutes ces années. Avec une meilleure communication. »

    Du côté des créations, la belle ouvrage aura lieu cette année dans la cathédrale de Bourges, avec un hommage rendu à Léonard Cohen, pour un spectacle judicieusement titré Hallelujah. Le Printemps 2018 et ses quelque 150 artistes sont sur les rails. Rendez-vous en avril.

     

    « Le Printemps de Bourges doit devenir, pour tous ceux qui s’intéressent à la chanson, un lieu de création, d’expression et de confrontation sur la chanson d’aujourd’hui. ». C’est par cette phrase que, fin 1976, se présente un concept nouveau : un festival de chanson, en plein cœur d’une ville moyenne de province, pendant les vacances de Pâques.

     

    Alors que s’annonce la 42ème édition du Printemps de Bourges, nous pourrions conjuguer cette phrase au présent. Il suffirait de remplacer le mot « chanson », devenu trop restrictif aujourd’hui, par « musiques actuelles » ou « musiques populaires », et nous retrouverions presque à l’identique l’esprit et la forme du premier Printemps de Bourges, tels que l’entendaient son fondateur Daniel Colling et ses complices Maurice Frot et Alain Meillant.

    En 41 ans, il est passé à Bourges plus de 4 000 artistes et groupes. Quatre décennies d’histoire des musiques populaires, Léo Ferré et Dominique A, NTM et Juliette Gréco, U2 et Cesaria Evora, Jean-Louis Murat et Jacques Higelin, les Têtes Raides et Anne Sylvestre…

     

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    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour Aller Plus Loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Le Printemps de Bourges 2018

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Le Programme

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] L’Histoire du Printemps

     

     

     

  • The Avener : pour la musique, rien que la musique…

     

     

    Avant de s’initier aux platines, Tristan Casara, alias The Avener, jouait du piano classique. Son grand sens des harmonies et son style inclassable ont longtemps empêché le DJ niçois de trouver sa place dans un paysage électronique trop cloisonné. Mais un coup de génie le fait sortir de l’ombre fin 2014 : son « Fade Out Lines », remix de la chanson de Phoebe Killdeer, a dépassé les 44 millions de vues sur YouTube, et s’est classé numéro 1 dans une vingtaine de pays sur iTunes.

     

    Depuis cette consécration, « beaucoup de choses ont changé dans ma vie, mais surtout le fait de pouvoir faire désormais ce que j’aime et d’en vivre », confie le DJ de 29 ans. « C’est un vrai bonheur », répète-t-il à l’envi. Ce succès planétaire lui a permis de sortir en janvier 2015 son premier album, « The Wanderings of the Avener », un patchwork composé de tout ce qu’il avait mis de côté depuis des années. Des « errances » teintées de deep house, dans lesquelles il emprunte au funk, à la soul, à la pop. Nouveau jackpot : « The Wanderings of the Avener » est sacré meilleur album électronique aux Victoires de la Musique 2016.

     

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    Comment avez-vous déniché la chanson « Fade Out Lines », dont vous avez fait un tube ?

    The Avener : « J’officiais à l’époque comme DJ résident dans les bars et discothèques de la région niçoise, et je cherchais continuellement de quoi alimenter ma playlist. Je suis tombé sur ce morceau original de Phoebe Killdeer & The Short Straws, et j’ai tout de suite pressenti qu’il y avait un autre chemin artistique à prendre avec ce titre. Partir d’un morceau très soul dans le tempo pour en faire quelque chose de très dansant. C’était ma vision première. J’ai travaillé ça en une seule nuit, et dès le lendemain, j’ai joué pour la première fois ce morceau dans un tout petit bar à Nice. La réaction a été très favorable, j’ai senti qu’il y avait un potentiel populaire à travers cette musique, qui ne l’était pas du tout pour moi à la base.

    Du coup, j’ai retenté l’expérience deux soirs de suite dans des bars et discothèques, et j’ai constaté les mêmes réactions dans le public. Les gens venaient me voir en me demandant : « C’est quoi ce morceau ? Est-ce qu’il est sorti ? Ou est-ce qu’on peut le trouver ? ». Pour la peine, j’ai été assez surpris ! Ensuite, les choses se sont passées simplement. J’ai posté cette version sur la plate-forme Soundcloud dans un premier temps. Les vues ont grimpé. Ensuite le morceau est sorti sur un petit label parisien, 96 Music. Le morceau s’est vite fait connaître grâce aux partages, aux DJs et voilà. Ensuite, ça a été une envolée pour pouvoir créer une démarche plus personnelle, à savoir un album. »

     

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    Avec le recul, comment analysez-vous le succès phénoménal de ce morceau ?

    The Avener : « C’est toujours très difficile à dire. Pourquoi un plat plaît plus qu’un autre dans un restaurant ? Je pense que c’est une version assez multi-générationnelle. Dans mes reworks, j’essaie toujours de trouver un bon compromis avec la musique électronique, sans que ça agresse l’oreille ou que ça méprise la production originale. Je pense aussi que ce qui a fait le succès de « Fade Out Lines », c’est que la chanson pouvait aussi bien s’écouter dans la voiture le matin qu’en dansant le soir. Il y a une vocation multiple à ce morceau, avec de l’âme, un beau refrain et la voix de Phoebe Killdeer, qui est extraordinaire. »

     

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    Vous préférez parler de rework plutôt que de remix. Quelle différence faites-vous entre les deux ?

    The Avener : « J’ai lancé cette appellation avec l’album, parce que la démarche était assez différente d’un remix, d’un point de vue technique. Dans un remix, généralement, on va vraiment chercher la différence avec le morceau original en changeant l’instrumental, l’harmonisation, en ajoutant des parties. Alors que moi, j’essaie plutôt de trouver la partie la plus sincère, celle qui me touche le plus dans le morceau pour la mettre en avant, la ré-arranger avec la rythmique électronique, rajouter des basses, lui donner plus d’énergie avec la couleur de la musique actuelle. Un rework c’est plus un ré-arrangement, une recomposition, une rhapsode. Le mot juste serait peut-être « sublimer ». »

     

    Vous avez un côté chercheur d’or : vous fouillez pour trouver la pépite que vous allez travailler…

    The Avener : « Oui, c’est une vraie passion depuis que j’ai commencé le métier de DJ. On a la chance de vivre dans une période artistique extrêmement riche et à portée de tous. Je passe deux ou trois heures par jour à chercher de la musique. En fait, dès que j’ai un moment de libre, je me mets à fouiner, à cadrer mes recherches autour de différentes plateformes, de différents endroits sur Internet. C’est tellement large qu’on trouve toujours quelque chose de très intéressant. »

     

    Comment définissez-vous votre style musical ?

    The Avener : « Je n’ai pas vraiment de limites au niveau du style. Je suis DJ à la base, je suis quelqu’un qui partage la musique, et c’est vraiment important de pouvoir revendiquer toutes mes influences, que ce soit de la musique afro, de la musique funk, etc. Cet éclectisme, les maisons de disque me l’ont toujours refusé, les petits labels comme les grosses majors. On me disait qu’il fallait que je m’en tienne à un seul style musical, que je ne me disperse pas.

    Mais on a fini par me donner cette chance, et aujourd’hui je suis content de pouvoir raconter une histoire à travers cet album, en passant par de la soul, du blues, et de la musique électronique. C’est ce que je cherchais à faire depuis longtemps, et je suis très satisfait du résultat. Je pense que les gens ont besoin de diversité aujourd’hui, dans la musique comme dans leur vie quotidienne. »

     

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    Comment envisagez-vous la scène ?

    The Avener : « C’est vraiment au feeling. Je pense qu’il y a une vraie relation qui se crée aujourd’hui entre les DJ et la foule, que ce soit moi ou les autres. Parce que chaque morceau est un outil pour amener le public dans une autre ambiance. Pour ça, je n’ai pas que des platines, j’ai aussi deux synthés et une machine qui me permet de faire des rythmiques en live. C’est tout un cockpit de machines intégrées.

    Donc j’apporte quelque chose de très dynamique, je fais voyager les gens en passant un peu par tous les styles. Je joue les morceaux, je fais les remix en live, avec pas mal d’impro aussi. J’essaie d’apporter un set neuf, pas un truc carré, préparé à l’avance à 100 %. Je vais parfois vous faire écouter des parties plus instrumentales sur quatre minutes, et derrière vous faire danser pendant un quart d’heure. Un set avec beaucoup de vagues, beaucoup de différence entre chaque morceau mais que j’essaie de mettre sur un même chemin pour que le message soit bien compris. »

     

    Comment s’est passé le rapprochement, très surprenant, avec Mylène Farmer ?

    The Avener : « On a des contacts en commun puisqu’on est dans le même label, Universal. Elle a été amenée à écouter mon album un peu avant sa sortie, en décembre 2014. J’ai reçu un coup de fil de sa part : elle voulait qu’on se rencontre. J’étais impressionné parce que c’est quand même une légende de la variété française, qui a largement dépassé les frontières. J’ai rencontré une personne extrêmement charmante, attentionnée, très sensible à la musique et à l’écoute de ce que je pouvais proposer pour ses prochains projets.

    On a fait quelques démos ensemble, et il y avait cette démo de « Stolen Car » avec Sting, dont je suis un grand fan… Elle m’a laissé carte blanche sur le déroulement du single, sur la production, sur la composition. C’était vraiment nouveau pour moi parce que je n’ai pas l’habitude de faire de la chanson pop, donc j’ai apporté ma patte un peu plus électronique, et ça collait bien. Et le morceau a fait numéro 1 dans quatorze pays. »

     

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    Votre deuxième album est en cours de préparation…

    The Avener : « Tout à fait, je suis en train de préparer mon deuxième album. Ça va prendre un peu de temps parce que je veux faire les choses différemment, ne pas aller là où les gens m’attendent. Il y aura beaucoup plus d’originaux sur cet album, et aussi bien évidemment des reworks. Je suis en plein dedans, et c’est un vrai bonheur de pouvoir se remettre à travailler, d’avoir aussi des opportunités de collaborations que je n’aurais même pas pu imaginer avant. C’est de la création pure, je vais y mettre beaucoup de sentiments. »

     

    Pour quand est prévue la sortie ?

    The Avener : « Je n’ai pas de perspective exacte parce que je me suis juré de m’enlever ce genre de contraintes. C’est en travaillant avec la pression que l’on bâcle et qu’on finit par ne pas être fier de son travail. J’ai bien informé ma maison de disques qu’il fallait me laisser du temps, ce qu’elle m’a accordé. Donc je suis vraiment tout à fait relax sur ça. Pour l’instant, je suis dessus, et je donnerai une date quand j’aurai 50 ou 60 % de l’album terminé. »

     

    Aujourd’hui, quel serait votre rêve ?

    The Avener : « Je vis déjà un rêve actuellement. C’est vraiment beaucoup de bonheur, beaucoup de satisfaction personnelle. Mais si j’avais un rêve, je dirais que je me verrais bien dans quelques années pouvoir composer de la musique de film. J’ai une grande passion pour la musique sur image, donc pourquoi ne pas pouvoir composer des bandes originales. C’est un rêve que j’ai depuis que je suis tout petit. Quoi qu’il en soit, je continuerai à faire des concerts, à faire de la musique, à faire ce que j’ai envie de faire. Bref, à vivre ma passion. »

     

     

    Propos recueillis par Chloé Bossard, journaliste au Courrier de l’Ouest

     

     

     

     

     

  • « Dada Africa », confrontation étonnante au Musée de l’Orangerie

     

     

    Une confrontation étonnante au Musée de l’Orangerie, entre les artistes dadaïstes qui dès la guerre de 14 rejettent les valeurs traditionnelles et d’autre part les oeuvres africaines, amérindiennes et asiatiques.

     

    L’exposition « Dada Africa » nous fait ainsi voyager du monde de Tristan Tzara et Francis Picabia à celui des masques et des statues d’Afrique ou du Japon.

     

    Zurich, 1916. Le mouvement artistique le plus rugissant du 20ème siècle vient de naître : Dada. Sur la scène du célèbre Cabaret Voltaire, en réaction à la grande boucherie de la première guerre mondiale, des artistes vont faire voler en éclats toutes les règles de l’art moderne, avant de faire tache d’huile à Berlin, Paris et même New York. Pour bousculer les vieilles valeurs bourgeoises européennes, ils décident de puiser à de nouvelles sources extra-occidentales, et c’est ce que nous raconte la très belle exposition au Musée de l’Orangerie à Paris.

     

     

    « Les Dadaïstes vont créer ensemble un mouvement artistique qui va être fondé à la fois sur la poésie, la danse, le chant ou la pratique plastique. Un brassage des arts qui fera la richesse de ce mouvement Dada et qui constituera un grand vent de liberté soufflant sur la création de l’époque. » (Cécile Girardeau, Conservatrice au Musée de l’Orangerie)

     

    Explication de ce grand métissage Dada en trois exemples… En commençant comme il se doit en 1916 avec l’artiste et collectionneur roumain Tristan Tzara.

     

     

    « Tristan Tzara adoptera une véritable démarche de chercheur, écumant les bibliothèques pour retrouver des revues d’ethnographie et des sources de récits à la fois africains, mais aussi océaniens, ou encore pour retranscrire de la poésie Maori. » (Cécile Girardeau)

     

    Deuxième exemple avec l’artiste plasticienne berlinoise Hannah Höch, l’une des pionnières de la technique du photo-montage au milieu des années 20.

     

     

    « Hannah Höch va s’intéresser particulièrement à l’aspect plus féministe des choses, en découpant dans des magazines de mode féminins des parties du corps de la femme, comme des jambes portant jupe et talons, qu’elle va adjoindre à de nombreux autres éléments complètement hétéroclites, tels que masque africain, buste égyptien ou tête à moustache. » (Cécile Girardeau)

     

    Figure hybride, chargée d’un message politique fort, Hannah Höch démonte les stéréotypes, quels qu’ils soient, du racisme au machisme, en passant par le poids de la société sur l’individu, et définit ce que doit être cet individu au sein de cette société. La leçon des Dadas, c’est que l’on peut tout être…

     

    Troisième exemple avec les costumes de la plasticienne et danseuse suisse Sophie Taeuber-Arp créés en 1922.

     

     

    « Sophie Taeuber-Arp était passionnée par ce que l’on nomme les arts appliqués, qu’elle considérait comme des arts sans hiérarchie, contrairement au sytème des Beaux-Arts traditionnels. Le mouvement Dada a d’ailleurs beaucoup oeuvré à décloisonner ces « Beaux-Arts » » (Cécile Girardeau)

     

    Sophie Taeuber-Arp est donc allée fouiller du côté des traditions amérindiennes. On retrouve dans son travail une fascination pour une tribu bien particulière, les Hopis et ses objets rituels prénommés les poupées Kachinas. Ce sont des objets de petite taille et très colorés. La plasticienne s’inspirera ainsi des motifs de ces poupées pour réaliser des dessins et des costumes. Passionnée par la mise en scène du corps, Sophie Taeuber-Arp se produira régulièrement sur la scène du Cabaret Voltaire.

     

    « Dada ose tout, Dada renverse tout », à la fois pour rechercher d’autres sources d’inspiration que les hiérarchies occidentales traditionnelles, pour se libérer, pour se révolter, mais aussi pour retrouver ce qu’est vraiment l’homme.

     

    A découvrir au Musée de l’Orangerie jusqu’au 19 février 2018.

     

     

  • Musée de l’Orangerie : La Collection Permanente

     

     

    La collection Jean Walter et Paul Guillaume exposée au Musée de l’Orangerie est l’une des plus belles collections européennes de peintures. Elle rassemble 146 œuvres, des années 1860 aux années 1930. C’est l’acquisition par l’État de la collection, en 1959 et 1963, qui donne son aspect définitif au musée. 

     

    Si l’exposition « Dada Africa » au Musée de l’Orangerie n’est pas trop votre « dada », vous pourrez toujours profiter de la Collection Permanente du musée regroupant les plus grands noms de la peinture qui y furent rassemblés par Jean Walter et Paul Guillaume à partir de 1914, de Modigliani à Cézanne, en passant par Renoir, Picasso ou encore Monet. Dans un cadre paisible, les tableaux se succèdent au gré de votre déambulation, sans prétention aucune malgré la grande qualité de la sélection des oeuvres accrochées. Se laisser bercer ainsi à travers les galeries est un réel plaisir. Mieux, les grands peintres de l’époque classique se rendent accessibles de par la simplicité de la mise en scène, qui consacre la beauté de ces oeuvres par des éclairages justes.

    Pour clôturer votre balade, vous ne pourrez rester insensible aux deux salles consacrées aux Nymphéas de Monet, une oeuvre monumentale conçue spécialement pour être exposée dans ce cadre « ovni » empli d’une lumière douce et bienfaisante. Vous ne résisterez donc pas à l’envie de vous poser des heures dans ce lieu paisible, avec un bouquin, à l’abri du tumulte du monde, confortablement installé sur les spacieuses banquettes centrales, et profiter de la quiétude ambiante, hors du temps…

    A déguster sans modération…

     

    Dessin à la Une © Urban Sketchers Paris

     

     

    Les Nymphéas de Claude Monet au Musée de l'Orangerie (Exposition Permanente)

     

     

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    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour Aller Plus Loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Histoire de la collection Jean Walter-Paul Guillaume

     

     

     

  • Dada Africa au Musée de l’Orangerie jusqu’au 19 février 2018

     

     

    Instant City étant une plateforme de collaboration artistique, comment aurions-nous pu passer à côté de l’exposition « Dada Africa » au Musée de l’Orangerie à Paris, jusqu’au 19 février 2018 ?

     

    Fil rouge de cette exposition, comme d’ailleurs un des principes fondateurs du mouvement Dada né au coeur de la 1ère guerre mondiale, le besoin des artistes de l’époque de repousser les frontières de leur art en recherchant des « collaborations » avec les civilisations africaines, océaniennes ou amérindiennes, comme conséquence immédiate d’un sentiment profond de lassitude et du rejet des valeurs traditionnelles des sociétés occidentales, celles-là même qui ont précipité le monde dans la guerre.

    Leur regard se pose ainsi sur ces civilisations définies comme « barbares ou sauvages » par l’Occident, mais force est de constater qu’elles aussi, malgré leurs différences, peuvent fonctionner tout autant et constituer une alternative intéressante aux conventions académiques que s’imposent les artistes occidentaux. L’art devient ici plus une attitude qu’une simple recherche de beauté, avec des artistes qui souhaitent se découvrir, voire se redécouvrir, dans le cadre d’un échange avec des peuples dont le regard sur la vie répond à des codes différents.

    La scénographie de « Dada Africa » se veut ludique, en nous donnant à voir des oeuvres éclectiques qui rendent cette notion d’échange accessible. De part la variété des oeuvres et des formats exposés, des sculptures aux peintures, en passant par la mise en scène ou les films, même les enfants y trouvent leur compte et leur curiosité est vite titillée.

    La collaboration devient ainsi un prétexte, moins pour mettre en avant l’artiste et son travail que pour ouvrir l’esprit et repousser la crainte de l’être inconnu. Dans le contexte international actuel, où l’individualisme et la performance trônent en but ultime de nos sociétés modernes, cette ouverture d’esprit s’avère des plus précieuses, en nous donnant la force, la sagesse et l’impulsion, quand l’échange de regard crée de nouvelles envies et de saines ambitions. Et même si un Teletubbies orange à la coiffure ridicule a récemment jugé ces peuples comme étant « de merde »…

    Il y a un siècle, seulement et déjà, les artistes Dada investissaient donc toutes les formes d’art, de la peinture à la mode, en passant par la littérature ou la photo, ne se fixant aucune limite et ne s’interdisant rien : « Dada ose tout, Dada renverse tout »

    A découvrir au Musée de l’Orangerie jusqu’au 19 février 2018.

     

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  • Monsieur Paul est mort

     

     

    « Pape de la gastronomie française », « primat des gueules » ou simplement « Monsieur Paul », le grand chef français Paul Bocuse, infatigable héraut du prestige tricolore et de sa propre renommée, est mort dans son sommeil, samedi 20 janvier à l’âge de 91 ans. Celui qui fut élu « cuisinier du siècle » s’est éteint dans sa célèbre auberge de Collonges-au-Mont-d’Or, près de la capitale des Gaules, a annoncé sa famille. Il était atteint depuis plusieurs années de la maladie de Parkinson.

     

    Paul Bocuse, un nom qui rayonne aux quatre coins de la planète. En près de 50 ans sous les étoiles, ce héros de la gastronomie française a construit un empire autour d’une cuisine de terroir, puisant ses racines dans la simplicité et la générosité. Lorsque Monsieur Paul arrivait en salle pour saluer ses invités, toque haute, veste immaculée bleu blanc rouge, le temps s’arrêtait, plus un murmure. Tous contemplaient avec admiration cette stature imposante et charismatique. L’instant était sacré.

    Aujourd’hui, la première gastronomie au monde, la cuisine française, est donc en deuil. Il n’y a pas une cuisine qui a réouvert ses fourneaux sans un pincement au coeur, tant Paul Bocuse aura marqué de son empreinte la gastronomie mondiale. S’il n’y avait pas eu Monsieur Paul, s’il n’y avait pas eu ce demi-siècle de cuisine et d’excellence à Collonges-au-Mont-d’Or, il n’y aurait pas eu de chefs stars comme on les connait de nos jours. Ces chefs qui ont leur profil Facebook, leur compte Instagram et leurs milliers de fans, et qui lui ont rendu un dernier hommage hier à Lyon. Paul Bocuse a permis à ces chefs de sortir de leur cuisine, en ouvrant sa propre cuisine sur le monde.

    Lorsque vous arriviez chez lui, il y avait cette grande baie vitrée qui vous permettait de voir la brigade. Paul Bocuse a ainsi compris que le client devait voir les cuisines et qu’on ne pouvait plus cacher le chef comme auparavant. Dès lors, on venait manger chez Monsieur Paul pour sa cuisine, certes, mais aussi pour le chef qui officiait aux fourneaux. Et ça, ce fut une véritable révolution.

     

    Et puis, il y a cette histoire incroyable… Depuis le 17ème siècle, chez les Bocuse, de père en fils, on cuisine à Collonges-au-Mont-d’Or, là même où le monde entier est venu, des stars aux gens les plus modestes, qui ont économisé pour s’offrir ce rêve absolu d’aller diner une fois dans leur vie chez Monsieur Paul. 

     

    Tout commence donc à Collonges-au-Mont-d’Or, au bord de la Saône, où plusieurs générations de Bocuse se succèderont aux fourneaux, jusqu’aux grands-parents et aux parents de Paul Bocuse. Monsieur Paul fera ensuite son apprentissage au Col de la Luère, chez la célèbre Mère Brazier, la toute première chef trois-étoiles, qui lui dit un jour : « Toi, si tu es venu jusqu’ici sur ton petit vélo, c’est que tu es un gars courageux. Je t’embauche. ». Mais son père spirituel fut définitivement Fernand Point, propriétaire du restaurant « La Pyramide » à Vienne et maître incontesté de la gastronomie française de l’époque. Chez Fernand Point, Paul Bocuse se révélera et cela marquera le début de sa carrière.

    En 1956, Monsieur Paul reprend donc l’affaire paternelle, l’Auberge du Pont de Collonges et sa fameuse « Salle de la Cheminée », dont le sol sera foulé par tous les grands de ce monde, de Brigitte Bardot à Jacques Chirac, en passant par Miles Davis ou François Mitterrand.

    En 1965, Paul Bocuse sera le précurseur de l’ouverture au monde de la cuisine française en se rendant au Japon, où il inaugurera quelques années plus tard ses premiers corners et épiceries fines, et en s’établissant aussi aux Etats-Unis. Son nom restera ainsi associé à toute une lignée de chefs prestigieux, parmi lesquels Jean et Pierre Troisgros, Roger Vergé, Louis Outhier, Charles Barrier, Paul Haeberlin, Michel Guérard, Alain Chapel, Gaston Lenôtre, Raymond Oliver, René Lasser ou encore Pierre Laporte.

    Alors que restera-t-il de Monsieur Paul, pour tous ceux qui l’ont connu ou fréquenté ? Sans conteste sa simplicité, sa sympathie et son humilité. Mais surtout, Paul Bocuse aura été un visionnaire, et à en croire toutes les personnalités mais aussi la foule d’anonymes présentes à ses funérailles hier, la flamme n’est pas près de s’éteindre…