Ce quâil ne faut pas oublier, câest la place de lâEtat français dans le Festival de Cannes. Le festival nâest pas seulement la fĂȘte du cinĂ©ma, ou une compĂ©tition internationale de films du monde entier. Il est avant tout, et câest pour cela quâil a Ă©tĂ© créé, une vitrine du pouvoir et du rayonnement de la France. En cela, il est de trĂšs prĂšs, contrĂŽlĂ© et dirigĂ© par le gouvernement, via les Affaires Ă©trangĂšres.
Le Festival de Cannes est nĂ© sur une idĂ©e de Philippe Erlanger, chef du service des Ă©changes artistiques au MinistĂšre des Affaires Ă©trangĂšres, qui avait Ă©tĂ© choquĂ© par lâingĂ©rence des gouvernements fascistes allemands et italiens dans la sĂ©lection des films Ă la Mostra de Venise dans les annĂ©es 1930. Il veut crĂ©er un festival politiquement indĂ©pendant, et propose donc lâidĂ©e au Ministre des Beaux Arts en France, monsieur Jean Zay.
Celui-ci donne son accord en 1938, car tout le monde y trouve son compte : le gouvernement qui y voit son intĂ©rĂȘt politique, et les directeurs de palaces qui y voient leur intĂ©rĂȘt Ă©conomique. Cannes est choisie parmi six villes candidates, Ă grands coups de participation financiĂšre et de promesses dâemplois (construction du « Palais des Festivals »).
Aujourdâhui, le Festival de Cannes est une petite entreprise qui sâappelle officiellement : « Association Française du Festival International du Film ». Elle est gĂ©rĂ©e par un Conseil dâadministration composĂ© de 28 membres. Ceux-ci sont, pour moitiĂ©, des reprĂ©sentants du gouvernement. En tĂȘte, deux reprĂ©sentants de lâexĂ©cutif des principaux ministĂšres intĂ©ressĂ©s (Culture et Affaires Ă©trangĂšres), des reprĂ©sentants de lâAssemblĂ©e Nationale et du SĂ©nat, des membres des syndicats, et enfin, des professionnels du cinĂ©ma : producteurs et distributeurs (lâargent dâabord !), et en toute fin de course, des reprĂ©sentants de deux sociĂ©tĂ©s civiles dâauteurs â rĂ©alisateurs. Autant dire que lâartistique nâa pas toute sa place Ă Cannes.
Le PrĂ©sident est Ă©lu par ce Conseil dâAdministration. Depuis 2015, il sâagit de Pierre Lescure (69 ans), lâancien PDG de Canal+, Ă©lu Ă lâunanimitĂ© sur proposition du⊠gouvernement ! Normalement honorifique, ce poste ne le restera pas, connaissant le parcours professionnel de lâintĂ©ressĂ©.
Il est secondĂ© par un dĂ©lĂ©guĂ© gĂ©nĂ©ral et dĂ©lĂ©guĂ© artistique Ă la fois, Thierry FrĂ©maux (54 ans), nommĂ© par lâancien prĂ©sident, Gilles Jacob, en 2008. Relations avec la presse, sĂ©lection des films, organisation des projections, accueil des professionnels, tout est sous son contrĂŽle.
Fils dâun ingĂ©nieur EDF qui lâinitie au cinĂ©ma, Thierry FrĂ©maux dĂ©marre un DEA sur lâhistoire sociale du cinĂ©ma, quâil interrompt aprĂšs son embauche Ă lâInstitut Louis LumiĂšre en 1983. Il est appelĂ© au poste de directeur artistique en 2003 Ă Cannes pour la sĂ©lection de la 57Ăšme édition. Depuis, il est Ă la fois celui qui dĂ©cide du contenu artistique du Festival, et celui qui gĂšre les ressources humaines, la logistique et lâintendance.
DerniĂšre chose Ă savoir pour mieux comprendre la sĂ©lection des films : les finances. Sur un budget de 20 millions dâeuros, la moitiĂ© est de lâargent public ! MinistĂšre de la Culture, CNC, ville de Cannes, Conseil GĂ©nĂ©ral et RĂ©gional PACA, tout le monde met la main Ă la poche. Le reste provient de sponsors, et de la vente de droits tĂ©lĂ©visuels. Bref, câest le contribuable qui paye. Et le monde Ă©conomique qui en bĂ©nĂ©ficie.
VoilĂ , vous ĂȘtes Ă prĂ©sent mieux armĂ©s et informĂ©s pour comprendre le choix artistique de la sĂ©lection des films, ainsi que les prix attribuĂ©s, Ă lâaune du regard prĂ©sidentiel.
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