Catégorie : Musique

  • Michel Polnareff, le retour

     

     

    On n’y croyait plus, mais cette fois, c’est confirmé : Michel Polnareff va enfin sortir son 11ème album.

     

    Le vendredi 21 septembre, le chanteur s’offrait une pleine page dans « Libération », avec un message plus ou moins subliminal et très écolo, tout en donnant rendez-vous, comme ça, en passant, le 30 novembre pour la sortie de son nouvel album, maintes fois reportée.

     

     

     

    Il était temps… Depuis « Kâma Sûtra » sorti en 1990, le compositeur aux lunettes blanches s’est produit en concert en France mais n’a publié qu’une chanson inédite, « Ophélie flagrant des lits », en 2006. Bon, nous resterons cependant prudents jusqu’à ce que la nouvelle se confirme, tant Michel Polnareff a pu jouer avec nos nerfs depuis maintenant plusieurs années.

     

    « Je sais que beaucoup de fans s’impatientent, je les comprends, je suis aussi impatient qu’eux, mais quand on veut faire quelque chose après une longue absence discographique, il faut vraiment peaufiner. Moi je suis un perfectionniste et là, la perfection est vraiment de rigueur. »

     

    Comme il l’a lui même annoncé, cet album devrait signer le véritable retour de Michel Polnareff sur le devant de la scène, un retour qu’il semble attendre autant que ses nombreux fans comme il l’écrit à la fin de son message: « Au 30 novembre, enfin ! ».

     

     

     

  • Carmen version Stromae : Trop Chomet !

     

     

    En 2015, Stromae réalisait un coup d’éclat retentissant, avec son clip « Carmen », dessiné par Sylvain Chomet, le réalisateur des Triplettes de Belleville, au scénario coécrit avec le rappeur Orelsan.

     

    « Carmen », le single extrait de l’album « Racine Carrée » de Stromae, et vendu à plus de 2 millions d’exemplaires, est une sévère critique de Twitter. Le clip est des plus explicites : les utilisateurs sont consommés par le réseau social, et tout simplement réduits à l’état d’excréments.

    Loin de se considérer au-dessus du lot, Stromae apparaît aussi dans le clip, une victime comme les autres, aux côtés d’Orelsan, Jay-Z, Beyoncé, Lady Gaga, Barack Obama, la reine d’Angleterre…

    Le comble de l’histoire est que l’avant-diffusion de son clip anti-Twitter a été pensé pour faire le maximum de vues sur les réseaux. Et pour faire encore plus de buzz, Stromae a créé un compte Instagram, avec de faux selfies dessinés par Sylvain Chomet, le réalisateur des « Triplettes de Belleville ».

    Bon, c’est pas le tout… mais, j’vais aller Twitter un peu !

     

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  • Nude de Radiohead : entre ombre et lumière…

     

     

    Ce titre de Thom Yorke (Radiohead) date de 2007. « Nude » m’a, un soir, donné la conscience d’un certain état de grâce, par sa beauté et son sens. Comme si le guitariste me murmurait ses notes dans le creux de l’oreille. Tout dans une extrême finesse, toutefois sans légèreté. Les mots pénètrent. Ils comptent, restent, et la musique les rend encore plus directs. On s’arrête, on apprécie, on ressent, on réfléchit et on se l’approprie.

    Ces mots évoquent les mensonges qu’on se raconte sur ce que nous voulons être. On vit, animé de cette quête inutile d’un bonheur qu’on peut palper. Mais il y aura toujours quelque chose qui manque (« There’ll be something missing »). On vit à la recherche de ce quelque chose, et une fois qu’on l’obtient, la frustration domine. On est perdu. On est nu. Nude… Des illusions / désillusion…

    Une chanson brute et certes pessimiste. La musique fait jaillir ce qu’il y a de sombre en nous et ce qu’il y a de lumineux…

     

     

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    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Radiohead Official

     

     

  • En 24 Images Sonores | Don Letts

     

     

    Né en 1956, Don Letts se dit « aussi vieux que le rock ‘n’ roll »… Il appartient à cette toute première génération de « Black British » qui ont une vingtaine d’années en 1977, lorsque émerge le mouvement punk londonien.

     

    Il commence ainsi à fréquenter les clubs de la ville, en tant que musiciens et Dj, et se lie d’amitié avec les membres du groupe The Clash.

    C’est donc tout naturellement que Don Letts réalise en 1978 son premier documentaire, « The Punk Rock Movie », une chronique de ce mouvement punk naissant.

    Suite à l’éviction de Mick Jones des Clash en 1983, ils forment ensemble le groupe « Big Audio Dynamite ».

    En 2003, Don Letts obtient un Grammy Award pour son film documentaire, toujours sur les Clash, « Westway to the World ».

    Nous retrouvons Don Letts en 1982, derrière la camera, pour le clip « Rock The Casbah », titre des Clash extrait de leur 5ème album « Combat Rock ». Pour la petite histoire, lorsque le clip est tourné à Austin, Le batteur Topper Headon, qui a pourtant joué un rôle prépondérant dans la composition du morceau, est absent à l’image. Il est en fait en cure de désintoxication en Angleterre…

     

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    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] The Clash Official

     

     

  • Rachid Taha, Rock The Casbah

     

     

    Nous avons voulu rendre hommage à un artiste du métissage, entre sa culture d’origine, algérienne, et le rock anglo-saxon. Rachid Taha, le leader du groupe Carte de Séjour, s’est éteint le 12 septembre 2018. Il avait 59 ans.

     

    Pionnier du rock alternatif, défenseur du Chaâbi algérois, amoureux du Punk, du Raï ou encore de la Techno, en 35 ans de carrière, Rachid Taha n’a cessé de surprendre, d’émouvoir, mais aussi de troubler par ce mélange des genres parfois grinçant.

    En 1985, cet Algérien arrivé en France à l’âge de dix ans réinterprète le célèbre titre de Charles Trenet, « Douce France », avec son groupe habilement prénommé Carte de Séjour. Les cinq membres de la joyeuse bande se sont rencontrés à l’usine. Avec ce titre, ils questionnent ainsi l’intégration des immigrés dans la société française, en pleine cohabitation, peu de temps après la marche des Beurs et la création de SOS Racisme. Ils expriment les inquiétudes de la jeunesse de l’époque.

     

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    « Tout le monde s’attendait à ce que je chante plutôt une chanson du genre la prison, les menottes… Et on arrive avec notre Douce France. C’était pour la peine encore plus violent que prévu… » (Rachid Taha en 2016)

     

    Dans les années 90, Rachid Taha se lance dans une carrière solo et continue de conjuguer sonorités d’Orient et d’Occident. Il explose au grand jour en 1993, en ressuscitant « Ya Rayah », l’hymne des exilés interprété autrefois par le chanteur algérien Dahmane Elharrachi. Dans cette chanson, Taha exhume une mélodie entêtante qui évoque en même temps espoir et mélancolie.

    Et quand il ne révise pas ses classiques, Taha expérimente et laisse libre cours à sa fascination pour la Techno, le Vaudou et la Transe, dans des titres psychédéliques.

     

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    Mais le chanteur a beau être uniforme, il reste fidèle à sa cause : lutter contre la xénophobie et tordre le cou aux clichés.

     

    « Hier, je regardais une émission de télévision dans laquelle ils parlaient de flamenco. Eh bien, durant ces deux heures pendant lesquelles ils ont parlé de flamenco, à aucun moment ils ont évoqué l’influence des arabes dans cette musique. J’étais sidéré… La télévision, c’est quand même son rôle d’apprendre aux jeunes. La seule façon pour que les jeunes ne connaissent pas le racisme, ça reste l’éducation. » (Archive INA / Novembre 1987)

     

    En 1998, c’est l’histoire du Raï que Rachid Taha marquera de son empreinte avec Khaled et Faudel. Le trio « 1, 2, 3 Soleils » (Taha, Khaled, Faudel) remplit le Palais des Sports de Bercy et écoule son disque à près d’un million d’exemplaires.

     

    « 1, 2, 3 Soleils, c’était un peu les Pink Floyd du Raï. C’était une grosse production, avec la section rythmique et la bassiste de David Bowie, l’orchestre d’Oum Kalthoum qui venait d’Egypte, quand même, et tout ça mélangé à de l’électro. C’est pour cette raison que c’est resté très moderne. » (Rachid Taha en 2016)

     

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    Reconnu internationalement par ses pairs lorsqu’il reprend « Rock The Casbah » des Clash, c’est Mick Jones lui-même, membre fondateur du groupe anglais, qui l’accompagne en personne à la guitare.

     

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    En neuf albums et 35 ans de carrière, l’audace et la créativité de Rachid Taha ont contribué à ouvrir la chanson française à d’autres visages et d’autres sonorités. Son dernier album, enregistré peu avant sa mort, sortira en 2019.

     

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  • A la recherche de Nezifah Momodu

     

     

    Click Click, Click Click Boom…

     

    On découvrait Nezifah Momodu en 2015, lorsqu’elle postait sur le mystérieux Tumblr « Intellectual Pxrnography » la vidéo d’une minute 30, « Snippet of the Texas Cypher », qui devenait très vite virale. Et forcément, à l’écoute du morceau, qui semble être totalement improvisé, mais n’en est pas moins d’une efficacité redoutable, on ne pouvait résister à l’envie d’en savoir un peu plus sur la belle inconnue qui déroule son flow implacable sur la vidéo.

     

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    La belle amazone se prénomme donc Nezifah Momodu. Rien dans Google, hormis un lien vers sa chaîne YouTube où ne figure d’ailleurs à l’époque que la fameuse vidéo,  de qualité médiocre, posée là, sans plus d’information. Ça commence bien… Ah, en revanche, elle a sa page Souncloud. Mais toujours pareil, on n’y trouve en mai 2015 que le morceau, ou plutôt la bande-son de la vidéo.

     

     

     

    Bon, ça commence à devenir agaçant, et si le mystère qui plane autour de Nezifah Momodu est voulu et planifié, on doit reconnaître que c’est vraiment bien joué. De guerre lasse, le morceau « Snippet of the Texas Tech Cypher » figurera dans la playlist Instant City d’avril 2016, avec comme seul commentaire masquant difficilement notre profonde amertume :

    « Nom de code Nezi Nomodu… La MC nigériane nous assène son flow implacable sur son désormais célèbre « Snippet Of The Texas Tech Cypher ». ce freestyle d’une minute trente nous motive à en savoir plus sur la lady. Redoutable… »

    Click Click, Click Click Boom… Nous perdons de vue la belle…

     

    Mais rien n’y fait, à chaque fois que je revois cette vidéo, Lady Nezifah Momodu me revient à la mémoire. Faut pas me faire des coups pareils, je suis un bileux… Au hasard de mes recherches de sujets d’articles, je retombe sur la miss et plus d’informations qui devraient pouvoir nous aider, enfin, à lever le voile sur notre mystérieuse MC.

    Alors voilà, nous pouvons désormais affirmer que Nezifah Momodu est une artiste musicienne, peintre et écrivaine américaine d’origine nigériane, aux influences Hip-Hop 90’s et Pop Art 70’s. Nezifah concentre son travail pictural sur des toiles acryliques toujours liées à la « Black Youth » ainsi qu’à la « Pop Culture ». Elle y combine de multiples couleurs mélangées à un trait épais, ce qui pourrait la définir comme « Pop Artist ».

     

     

     

    Née le 19 septembre 1991, Nezifah a toujours été très influencée par la musique. Suite au décès de son père, elle s’est plongée dans l’étude de la poésie et de la littérature, ce qui marquera profondément son style musical, alliant des mélodies très marquées fin des 80’s et 90’s à des lyrics radicaux et revendicatifs. Elle maîtrise ce don du flow qui lui permet de changer le commun en or…

     

    « Le fait que les gens regardent encore cette vidéo aujourd’hui et la commentent est complètement fou. Merci à tous pour votre incroyable soutien, même s’il est parfois critique, car il m’aide à poursuivre mon rêve que j’avais de toute façon décidé de poursuivre quoi qu’il en soit… Lololol ! Plus sérieusement, encore merci pour cette force que vous m’offrez. Ça m’aide à grandir. »

     

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    « Click Click, Click Click Boom…

    Step into the room with that muthafckin doom                                     

    on the beat like a treble, spittin fire like the devil

    if you step up to my level, all that beef is gon be settled

    its tha, sista sista,

    tryna kick it witcha

    niggas cross the globe beggin me to paint they picture,

    its tha O.G. the N.E.Z the funkified original muthafuckin MC

    I be the  niggity nezi, no nigga can test me, dont even contest me

    I got that thing, keep that wadda dadda ding, 

    murder anyone you bring if they step into the ring 

    I’m the illest, grab ya muthafckin medication,

    when I breathe on the track its a hyperventilation

    all you rappers is abysmal, rhymes schemes is dismal 

    you mental like asylum, you can’t step into my phylum 

    I be wildin and hot sidin’ while profiling on you

    while I’m ridin I be shinin and be stylin on you

    I be rollin, click be swollen, then be holdin, no controllin, cops patrolling,  

    lives is stolen, bullet holes but no consoling 

    all you niggas feces, you aint my species

    you can’t reach me, even in your Mitsubishis

    Holla Holla, BLOT, bringin all wahala

    prayin like its Salat, while Im stealing all your gwala

     Im da wan wit da gun bout to murder some

    when I Hop pon the track, they say murder cum

    I got the kinda flow ya wanna bang ya head to

    I’m killin everybody if they got an issue

    Listen, flow keep switchin, servin out evictions

    rappin everyday like its payin my tuition

    I’m the one hitta spitta, quick to pull the trigga

    the thrilla in manilla fading all you bitch niggas

    Hardest rapper in the cypher and I own a purse

    and If they flow sound cold its cause I wrote the verse. »

     

    © Intellectual Pxrnography

     

     

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  • La Scala de Paris : un nouveau théâtre ouvre sur les ruines d’un ancien cinéma porno

     

     

    La naissance d’un nouveau lieu culturel à Paris est assez rare pour être signalée. La Scala renaît donc de ses cendres, sur les ruines d’un ancien cinéma porno, après 18 mois de travaux et 19 millions d’euros d’investissements privés.  

     

    Il y a dans Paris des lieux singuliers, aux destinées bien étranges, bien extraordinaires. C’est le cas de la Scala-Paris, sise Boulevard de Strasbourg. Sortie de terre en 1873, dans une capitale en pleine révolution européenne, elle est née d’un caprice, celui d’une riche veuve amoureuse du célèbre opéra milanais. Tentative égotique de rivaliser avec cet édifice de renommée mondiale, la salle, aux dimensions certes plus modestes, devient très vite un café-concert prestigieux, la coqueluche du Tout-Paris.

    De Fréhel à Félix Mayol, en passant par Mistinguett et Yvette Guilbert, tous se pressent à la Scala jusqu’en 1910, en ce lieu où politiques et artistes viennent se divertir jusque tard dans la nuit. L’après-guerre et la crise de 1929 entraînent une baisse de fréquentation et scelle le destin de ce haut lieu du cabaret parisien.

    Entré en léthargie, le lieu se réveille en 1935, flambant neuf, totalement modifié, suite au rachat par un exploitant de cinéma. Transformée en un cinéma « Art Déco » de toute beauté, la Scala-Paris redevient très vite à la mode, réunissant lors de nombreuses avant-premières tout le gratin du 7ème art jusque dans les années 1960. Puis, le quartier subissant de profondes mutations, les ateliers d’antan disparaissant les uns après les autres pour laisser place peu à peu à la prostitution, aux trafics de drogues et aux squats, l’endroit devient de moins en moins fréquentable.

     

     

     

    Abandonnée, vendue une nouvelle fois, la salle devient en 1977 le premier multiplex de cinéma porno. C’est le début d’une longue déchéance. Très vite, comme le dit le nouveau propriétaire, Frédéric Biessy, l’endroit devient de moins en moins recommandable, de plus en plus glauque, « un des plus grands lupanars de la capitale ».

    Véritable lieu de perdition, la Scala-Paris pense avoir tout vu… Suite à une succession de ventes, conséquence d’une spéculation immobilière féroce, l’ancienne salle mythique tombe en 1999 dans l’escarcelle de la secte « l’Église Universelle du Royaume de Dieu », qui compte bien faire du lieu sa succursale parisienne. Vent debout, les édiles parisiens se lèvent pour faire barrage à ce dessein, en imposant aux nouveaux et heureux propriétaires une affectation culturelle.

    La salle, dans un état pitoyable, se rendort à nouveau. En 2006, un détail architectural – un voisin obtient l’autorisation de s’agrandir en rognant sur la sortie de secours limitant ainsi le nombre de places possibles à une future salle de spectacle – va bloquer tout projet à venir. James Thierrée, un temps intéressé, va finir par abandonner l’idée d’en faire son théâtre.

     

    « Au cœur de Paris, une fosse éventre la capitale. Propre, nette, elle marque l’emplacement de la Scala-Paris, lieu légendaire de la fin du XIXème siècle, tombée en désuétude au fil du temps et des aléas de la vie des Grands Boulevards. Cette salle au destin chaotique, chargée d’histoires, devrait renaître de ses cendres à l’automne 2018 grâce au rêve fou des Biessy, un couple, amoureux de théâtre. »

     

    Après ces multiples vies, certaines plus glorieuses que d’autres, La Scala-Paris renaît enfin de ses cendres. Mélanie et Frédéric Biessy, respectivement associée-gérante du fonds d’investissement Antin Infrastructure Partners et producteur-tourneur privé de spectacle via sa société Les Petites Heures, en font l’acquisition, espérant redonner vie à la scène d’antan, la transformer en un lieu atypique, où l’art vivant pourra s’exprimer sans contrainte. La salle, imaginée par Richard Peduzzi, le scénographe de Patrice Chéreau et Luc Bondy, devra être astucieusement modulable.

    Avant d’investir plus de 15 millions d’euros, dont près de 9 millions apportés par le seul couple sur leurs fonds propres, nos deux passionnés de théâtre font une étude approfondie des lieux, sollicitent l’avis de différents corps de métiers pour évaluer la viabilité de leur projet, trouver une autre sortie de secours et améliorer la capacité d’accueil. Un petit tour sur Google Earth, une plongée dans les dédales de passages inter-immeubles, et une possibilité voit le jour en passant par la rue du faubourg Saint-Denis. Le rêve fou d’ouvrir un nouveau théâtre d’envergure en plein cœur de la capitale se concrétise.

     

    « La Scala est bleue des pieds à la tête, les loges, les murs. Le sol est gris-bleu. C’est le bleu, l’histoire de la Scala, le rêve. » (Richard Peduzzi, scénographe)

     

    En 2016, au moment de leur rachat, les lieux étaient improbables : « C’était une friche totalement abandonnée depuis plus de dix ans, en ruine, et habitée par 200 pigeons », se souvient Frédéric Biessy. Avec son épouse Mélanie, ils n’ont cependant pas reculé devant l’ampleur des travaux qui ont duré un an et demi. La scénographie du lieu a été confiée à Richard Peduzzi, qui a signé la plupart des décors de théâtre et d’opéra de Patrice Chéreau.

    Leur problématique est simple : que faire de cet immense bloc de béton de 25 mètres sur 15 ? Comment l’aménager en une salle moderne, attractive et totalement transformable, pour passer de 550 à 700 places ? Pas de souci, les Biessy font appel aux talents, aux réflexions de nombreuses personnalités du monde du spectacle pour avoir leurs avis et donner corps à leur utopie. Alors qu’il ne reste que les murs, les artistes de tous horizons se succèdent pour visiter le chantier – la plupart seront associés au spectacle à venir.

    Ainsi, Isabelle Huppert, Micha Lescot, les sœurs Labèque, Catherine Frot, Aurélien Bory, Jan Fabre, entre autres, viennent s’approprier les lieux, s’en inspirer, réinventer l’espace. En parallèle, le couple propose à Pierre-Yves Lenoir, l’ancien administrateur de l’Odéon-Théâtre de l’Europe, à Olivier Schmitt, écrivain et ancien journaliste, à Rodolphe Bruneau-Boulmier, compositeur et producteur à France Musique et enfin à Aline Vidal, galeriste, de rejoindre l’équipe. L’objectif : créer un lieu de vie singulier, unique, un théâtre transcendé, différent de ce qu’offre déjà la capitale, à l’économie alliant les avantages des modèles américains et français. Un pari audacieux, qui pourrait bien dépasser leurs espérances les plus folles.

     

    « C’est un lieu qui attire parce qu’il est nouveau, parce qu’il est un peu particulier dans l’environnement culturel parisien. » (Mélanie Biessy)

     

    Les travaux commencés, les fondations creusées, l’ouverture prévue pour septembre 2018, il est temps pour Mélanie et Frédéric Biessy de se pencher sur leur première programmation. Ils l’ont présentée en avant-première lors du dernier festival d’Avignon, au cours d’une mini-croisière sur le Rhône. Et elle sera exceptionnelle…

     

    Pour commencer, c’est Yoann Bourgeois, l’artiste circassien jouant des équilibres, qui essuiera les plâtres avec un spectacle inspiré par la magie des lieux, qui s’appellera tout simplement « Scala ».

     

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    Puis, Thomas Jolly reviendra avec l’un de ses premiers spectacles, « l’Arlequin Poli par l’Amour » de Marivaux.

     

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    Le réalisateur Jaco Van Dormael et sa complice Michèle Anne de Mey présenteront plusieurs de leurs spectacles dont « Cold Blood », « Kiss and Cry » et « Amor ».

     

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    Le metteur en scène, sociétaire de la Comédie-Française, Clément Hervieu-Léger montera « La Dame de la Mer » d’Henrik Ibsen courant 2018.

     

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    En parallèle, Alain Platel fera découvrir au public parisien son « Projet Bach », Bertrand Chamayou y jouera des pièces pour piano de John Cage. Enfin, en février-mars 2019, une carte blanche sera offerte à l’artiste plasticien Aurélien Bory pour investir les lieux à sa guise. Loin d’être exhaustive, cette liste d’événements a tout pour nous mettre l’eau à la bouche… Car il y aura aussi du nouveau cirque, du théâtre, des concerts, de la danse, soit une programmation plus proche du théâtre subventionné que du théâtre privé. Et l’objectif de fréquentation est ambitieux. Mélanie Biessy prévoit « une jauge de 80 à 90 % de remplissage ».

    Alors, y a-t-il encore de la place pour de nouvelles salles à Paris et suffisamment de spectateurs ? On peut s’interroger même si ces nouvelles salles font des efforts sur la politique tarifaire. Jean Robert-Charrier, le directeur du théâtre de la Porte-Saint-Martin, voisin de la Scala, se montre plutôt optimiste, même s’il faut tenir compte de l’enjeu financier : « Il est difficile de tenir économiquement une salle, en créer une est encore plus difficile. Mais, ajoute-t-il, il n’y a que le projet artistique qui compte ».

     

    « Plus on propose des spectacles exigeants, plus on a un public jeune. » (Jean Robert-Charrier, à la tête du théâtre de la Porte-Saint-Martin)

     

    Jean Robert-Charrier affirme que le renouvellement du public ne se fait pas avec « les vieux spectacles et les vieilles recettes » du théâtre privé, mais avec des affiches plus qualitatives. « Les jeunes se concentrent sur des spectacles exigeants. Et ça c’est très rassurant », conclut-il.

     

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    Source :  pour L’Oeil d’Olivier

     

     

     

  • Ennio Morricone, l’inventeur de la musique de film

     

     

    Aborder la carrière d’Ennio Morricone, c’est un peu comme avoir l’outrecuidance d’essayer de décrypter le travail de Dieu sur terre.

     

    Voyez-vous, en gros, l’échelle des valeurs, et où s’y situerait le compositeur et chef d’orchestre italien ? Oui, Ennio Morricone est un génie, un dieu, sans conteste le plus grand des compositeurs de musique de film. Souvent copié mais jamais égalé… Il est toujours vivant, et je me fiche de le savoir, en fait, car ses chefs d’œuvre sont bien installés dans l’imaginaire collectif depuis un demi-siècle déjà. Aujourd’hui, le maestro se contente certes de diriger des concerts pour le prestige poli de soirées de gala dans des salles remplies le plus souvent de messieurs et dames qui s’en tamponnent le coquillard de ce qu’ils écoutent. Certes, il a récemment composé un thème original pour faire plaisir à Quentin Tarantino, qui l’utilise dans pratiquement tous ses films. Il y a bien encore de temps en temps une composition pour tel ou tel film plus ou moins oubliable. Vieillard transformé en institution, bardé de récompenses et de médailles en tous genres, Morricone est l’un de ces derniers monstres vivants, à l’instar de Lalo Schifrin, Quincy Jones ou Herbie Hancock, qui ont dans leurs genres respectifs transformé et bouleversé le son des musiques de film, et plus généralement notre sensibilité musicale ainsi que notre goût pour le cinéma.

    C’est dans les années soixante qu’Ennio Morricone surgit, en même temps que John Barry et Lalo Schifrin, dans le paysage un peu routinier de l’habillage musical de film. De nouveaux noms, qui n’étaient pas prédisposés à emprunter cette voie, vont tous partir du même postulat pour accompagner un film et lui apporter une singularité, une identité, ce petit supplément d’âme qui fait la différence. C’est ce que ces nouveaux compositeurs vont justement mettre en œuvre pour faire avancer le cinéma vers une autre approche du ressenti et de l’implication émotionnelle des spectateurs. La musique ne sera plus là simplement comme accompagnatrice ou illustratrice d’une scène, d’un geste ou d’un sentiment, mais bel et bien un personnage à part entière qui influera sur l’histoire elle-même. La musique pourra devancer l’action, elle pourra exprimer beaucoup d’autres choses qu’on ne voit pas forcément à l’écran, mais qui sont censées faire partie de l’univers décrit par le réalisateur. La musique va devenir intuitive, ludique, interactive et installer un dialogue entre l’oeuvre et le spectateur. C’est bien dans les années 60 et encore davantage dans les 70 que le cinéma deviendra toujours plus immersif.

    Le plus souvent, la musique se composait après que le film ait été réalisé, monté et sonorisé. Le compositeur attitré devait se contenter, tel un peintre, d’accommoder ici et là la touche, la couleur et d’habiller les surfaces demandées. Suite à sa rencontre avec Sergio Leone, et la longue collaboration de toute une vie qui s’en suivit, Ennio Morricone allait prendre le problème à l’envers en composant la musique avant que le film ne soit produit. Le réalisateur du « Colosse de Rhodes » avait donc le score de son futur film déjà prêt sur le tournage et articulait ce qu’il avait écrit en fonction de la puissance émotionnelle de ce que Morricone avait composé, projetant ce que le film serait, une fois abouti… Avec « Pour une Poignée de Dollars » naîtra une collaboration qui allait durer huit films. C’est à la lecture de l’histoire ou du scénario que Morricone imaginait en quelque sorte son propre film et son propre ressenti. A l’arrivée, les films de Sergio Leone gagnaient en force, en puissance décuplée, ultra-iconographique et tout faisait sens.

    Au delà de cette approche qui n’appartient sans doute qu’à Morricone, c’est bien la magie exercée par tous ces grands noms de la bande originale de film qui est parvenue à rendre viscérale et entière leur musique, à l’instar d’un John Williams sur une quantité impressionnante de films et leurs thèmes légendaires (« Jaws », « Star Wars », « Superman », « Indiana Jones », « Harry Potter », « Jurassic Park »…), John Barry et les « James Bond », Lallo Schifrin et « Bullit », « Tango », « Mission Impossible », « Mannix ». Des identités musicales indissociables des films qu’elles représentent. Ainsi, la grande force de tous ces compositeurs de génie, à commencer par celle du plus génial d’entre eux, c’est qu’ils ont su évoluer avec les époques qu’il traversaient et s’y adapter.

     

    Jouer et composer à contre-courant d’une mode, comprendre le film et son auteur pour essayer de faire ressortir l’œuvre par l’emploi inédit d’instruments, de voix et de tout ce qu’il était possible de mettre au service de la création pure.

     

    Edda Dell’Orso, la grande chanteuse soprano, fut avec Sergio Leone et Bruno Nicolaï, une autre des contributions majeures au rayonnement de l’œuvre de Morricone. C’est avec « Le Bon, la Brute et le Truand » que leur collaboration démarre, et elle durera le temps d’une centaine d’autres titres qui suivront jusque dans les années 80, avec une des plus emblématiques B.O., celle de « Once Upon A Time In America ». Edda Dell’Orso, c’est cette voix féminine qui semblait descendre du ciel pour y remonter aussitôt et qui a toujours donné un avant-goût d’impalpable, de doux, de mélancolique et de céleste.

    Replongeons par exemple dans la scène d’ouverture de « Il était une fois dans l’Ouest », juste après l’intro et le massacre par une horde de tueurs de toute une famille qui se préparait à un mariage, cette scène dans laquelle Claudia Cardinale descend du train dans une petite bourgade de l’Ouest, en pleine construction. On est censé venir la chercher mais personne ne viendra. Elle attend. La musique commence, douce, cristalline, et constituera le thème récurrent du film, à chaque fois qu’apparait ce personnage : le thème de Jill. La voix d’Edda Dell’Orso fait son apparition. On comprend, avec juste quelques plans et cette musique, que cette femme devait se marier aujourd’hui. La musique continue et semble la suivre, comme une Louma, lorsqu’elle rentre dans la gare pour demander des indications. On la voit ensuite ressortir et la caméra s’envole avec la musique. C’est à ce moment précis, lorsque nos poils se dressent sur les bras et que nos yeux s’écarquillent, embués, que l’on sait que Sergio Leone et surtout Morricone nous feront aimer le cinéma inconditionnellement. La fameuse magie du cinéma…

    Avec sa formation de trompettiste puis de chef d’orchestre classique, ayant fait ses armes en passant par la radio et la télé où il composa des génériques, des jingles, Ennio Morricone saura donc manier toutes ces connaissances pour les fondre ensemble. Pas étonnant que sa musique soit aujourd’hui parmi les plus utilisées par les arrangeurs et divers Dj, pour être mixée et en faire de nouveaux morceaux. Morricone fut en quelque sorte le premier grand mixeur de l’histoire de la musique, un expérimentateur, un sorcier. Dans les années soixante, on assiste aux déferlantes Atonale, Dissonante et Bossa Nova, ce courant musical apparu dans les années 50 au Brésil. Utilisé partout ailleurs comme ce que l’on qualifierait de nos jours de « Musique Lounge », Morricone va quant à lui s’en servir pour composer ses premières musiques de film,  notamment pour des giallos ou des comédies sentimentales, en y injectant des sonorités plus angoissantes.

    Tandis que François de Roubaix, Michel Magne, Pierre Jansen ou Pierre Henry suivaient les traces de Ligeti ou de Stockhausen en France, sans trop savoir où aller avec cette musique dite répétitive et aux premières sonorités électroniques, outre-atlantique, Jerry Goldsmith avait quant à lui déjà bien compris l’utilité de cet héritage, en mélangeant ces sons atonaux produits par des machines avec un orchestre symphonique (« The Illustraded Man », « La Planète des Singes »). Ennio Morricone, plus radical encore et toujours plus moderne, poussait donc l’idée de mélanger tous ces sons et ces influences pour exprimer l’époque et cette ébullition permanente que l’on trouvait aussi bien dans le cinéma (La Nouvelle Vague) que dans la musique (tous les noms précédemment cités) ou dans la mode (Cardin, Paco Rabanne, Courrèges).

    Aujourd’hui, revoir bon nombre de ces films italiens de qualité toute relative souligne le fait que Morricone ne se moquait jamais du film qu’il devait illustrer, comme d’aucun l’aurait fait d’une commande alimentaire. A chaque fois, on est stupéfait de la richesse thématique, mélodique, de la sophistication des arrangements déployés. « Metti Una Sera A Cena », comédie polissonne italienne avec Jean-Louis Trintignant ou bien encore « Crescete E Moltiplicatevi », film d’exploitation italien du début des 70’s, avec histoire prétexte et jeunes femmes dénudées, sont deux exemples frappants de films passables soutenus par une musique assez dingue.

    Ennio Morricone était en fait à l’aise avec n’importe quel genre que l’on pouvait lui soumettre, alors qu’on a un peu trop tendance à le cantonner strictement au rôle de compositeur de musique de westerns spaghetti, et surtout à oublier qu’à l’époque, Bruno Nicolaï (qui oeuvra au côté de Morricone comme arrangeur et orchestrateur pendant plus de vingt ans), Luis Bacalov, Riz Ortolani, Piero Umiliani étaient eux aussi d’authentiques et talentueux compositeurs de musique de film, et que tous ont créé pour des genres très différents, du Giallo au Polar, en passant par le Western ou les films érotiques bon teint. C’est d’ailleurs ce qui fait la force et la richesse de la musique de film transalpine, si on la compare (mais peut-elle être comparée ?) à celle produite en France, en Angleterre ou aux Etats-Unis.

    L’autre force du cinéma Italien, c’est l’ouverture d’esprit qui a toujours fait tant défaut au cinéma français. Que ce soit pour la musique ou pour les thèmes abordés au cinéma, les compositeurs et réalisateurs n’ont pas de problème avec les étiquettes. Ainsi Morricone a pu passer du film bis d’exploitation à des œuvres à gros moyens et à renommée internationale, avec la même élégance et le même sérieux dans la manière de travailler.

     

    Durant les décennies 60 et 70, le cinéma offrait une totale liberté aux compositeurs. Ce n’est pas pour rien si les meilleurs B.O. de films ont été composées dans ces années-là.

     

    Morricone a tout d’abord collaboré à la production de films italiens dans les années soixante, avant de s’exporter en France dès les années soixante-dix, avec en particulier Henry Verneuil et ses polars louchant justement sur le cinéma italien (« Peur sur la Ville », « Le Clan des Siciliens ») ou américain (« Le Casse », « Le Serpent » ou « I Comme Icare »)… Mais s’il y a des œuvres plus prestigieuses que d’autres, que le public ou Morricone lui-même mettent hélas trop en avant, avec des concerts qui sentent le sapin et le syndrome Charles Aznavour, il y a pourtant d’authentiques chefs d’œuvre un peu passés à la trappe, qui pourtant n’ont jamais perdu de leur puissance, de leur modernité et de leur créativité. Pour faire court, les musiques de « Danger : Diabolik » de Mario Bava, « Le Venin de la Peur » de Lucio Fulci, « Enquête sur un citoyen au dessus de tout soupçon » de Elio Petri, « La Dona Invisibile » de Paolo Spinola, « Photo Interdite d’une Bourgeoise » de Luciano Ercoli… Et je ne cite pas les films de Dario Argento, où Morricone a contribué grandement à l’univers torturé et expressionniste du réalisateur de « Profundo Rosso »…

    Ennio Morricone, l’homme aux cinq-cents musiques de film, et peut-être encore d’avantage, puisque l’on découvre tous les jours des musiques composées pour des films totalement oubliés, le stakhanoviste de la B.O., capable de travailler sur trois, quatre ou cinq films par an, n’a jamais démérité ou exercé son talent par dessus la jambe. Retravaillant, recréant, réinventant ou revenant sur des partitions qu’il avait jugées faibles au moment de leur création, pour mieux les faire aboutir sur un autre film des années plus tard, Ennio Morricone a façonné son œuvre comme un tout, avec cohérence et la satisfaction de laisser derrière lui un héritage digne, beau et intemporel.

     

     

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    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

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    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Hubert Touzot : Photographe dévoreur d’images

     

     

     

  • De La Soul Is Not Dead…

     

     

    Avec le documentaire « De La Soul Is Not Dead » sorti en 2016, nous reprenons le chemin d’Amityville, Long Island, une des banlieues de New York, la Mecque du hip-hop, avec les trois membres du groupe De La Soul, là-même où trente ans plus tôt, trois camarades de lycée à l’instinct créatif des plus aiguisés parvenaient à attirer l’attention de DJ Prince Paul en envoyant une cassette de démo au label Tommy Boy Records.

     

    Tommy Boy Records, le même label qui balançait à la face du monde le fameux « Planet Rock » d’Afrika Bambaataa quelques années plus tôt et contribuait à l’émergence internationale du hip-hop, s’apprêtait à connaître sa seconde révolution avec De La Soul et son « Me, Myself and I ». Mais les trois gamins étaient à cette époque bien loin d’imaginer ce que l’avenir leur réservait.

    Tandis que la nouvelle génération du rap s’appuie plutôt sur une musique agressive alliée à des textes radicaux dans cette fin des années 80, le style de De La Soul repose quant à lui essentiellement sur le groove et le sampling de sons plus pop, jazz, psychadéliques, voire folk. C’est d’ailleurs pour des histoires de droits que ces titres de la première heure, devenus pourtant des classiques, ne se trouvent plus sur les plateformes digitales, tant nos trois compères sont allés puiser dans le patrimoine musical mondial, des Whatnauts et leur classique « Help Is On The Way » dans le titre « Ring Ring Ring », extrait de l’album « De La Soul Is Dead » (1991), à Serge Gainsbourg sur leur troisième opus « Buhloone Mind State » sorti en 1993.

    Que de chemin parcouru, donc, depuis cette démo envoyée en 1988 à l’un des producteurs les plus iconiques de tous les temps, DJ Prince Paul, et le retour sur les terres de leurs débuts en 2016, à l’occasion du documentaire « De La Soul Is Not Dead » tourné au moment de la sortie de leur dernier album en date, « And The Anonymous Nobody ». 25 ans s’étaient écoulés depuis le mythique « De La Soul Is Dead » en 1991, et 20 ans depuis « Stakes Is High » en 1996, leur première production sans DJ Prince Paul aux commandes. Il n’en reste pas moins qu’avec ou sans le concours de leur mentor, ces deux opus auront définitivement placé De La Soul en orbite et maîtres de leur destin.

    A l’écoute de ce dernier album « And The Anonymous Nobody » jalonné de collaborations diverses et variées, de Snoop Dogg et l’irrésistible « Pain » à David Byrne avec « Snoopies », en passant par « Greyhounds » en duo avec Usher, on réalise rapidement que, contrairement à ce qu’ils clamaient à la face du monde en 1991, non, « De La Soul Is Not Dead »

     

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  • 花代 Hanayo | Joe Le Taxi

    花代 Hanayo | Joe Le Taxi

     

     

    Artiste, photographe, musicienne, née en 1970, Hanayo abandonne ses études universitaires pour faire un apprentissage de geisha à Mukôjima. Cette expérience lui vaut d’apparaître sur la couverture de la revue londonienne The Face en tenue de geisha, ou de servir de mannequin à Jean-Paul Gaultier.

     

    En 1996, Hanayo publie son premier album de photographies, « Hanayome ». Après son mariage, elle s’installe à Berlin. Elle mène alors une carrière internationale, se produisant sur les scènes de Tokyo, Berlin, Londres, Paris, Moscou, Hong Kong, New York, Pékin, etc, tout en poursuivant ses activités de photographe. Elle rentre au Japon en 2010.

    Albums photographiques ou mangas publiés : Hanayome (Shinchôsha), Dreammmmm Book (Littlemore), HANAYO artist book (Kawade Shobo Shinsha), MAGMA (Akaaka Art Publishing), Colpoesen (Utrecht), etc.

    Sa reprise de « Joe Le Taxi » sortie en 2000 sur le label berlinois Geist figurera par la suite sur de nombreuses compilations, telles que « 2 Many DJs » avec Soulwax.

    Et pas la peine de régler votre téléviseur, la pixelisation est un parti-pris artistique pleinement assumé par l’artiste…

     

     

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