Auteur/autrice : Instant-Chris

  • Le Bauhaus célèbre son Centenaire

     

     

    2019 célèbre l’architecture. L’année s’ouvrait en effet sur les événements consacrés aux soixante ans d’un édifice iconique de l’architecture mondiale, le Guggenheim Museum de New York, et se poursuit à présent avec le centenaire du Bauhaus, une école et un mouvement culturel qui auront profondément marqué le XXème siècle.

     

    Il y a cent ans, donc, en avril 1919, l’architecte Walter Gropius publiait le manifeste et programme du Bauhaus d’état de Weimar, premier acte officiel de naissance de la célèbre école et du mouvement qui transformèrent l’architecture, le design, les arts appliqués et plus généralement l’art du 20ème siècle.

    L’école fondée à Weimar par Gropius réunissait ainsi dans un même lieu un institut supérieur des beaux-arts et une école d’art appliqué, avec une nouvelle section consacrée à l’architecture. Le Bauhaus était destiné à former les architectes du futur, des professionnels aux compétences techniques, artistiques et artisanales pointues, et qui pourraient répondre en tous points aux besoins des nouveaux citoyens.

    Dès 1925, l’école emménagea à Dessau, dans l’édifice devenu célèbre, conçu par Gropius comme véritable manifeste du mouvement rationaliste de ces années. Gropius fut remplacé à la direction de l’école de Dessau par Hannes Meyer, auquel succéda Ludwig Mies van der Rohe, jusqu’à la fermeture définitive du Bauhaus par les nazis en 1933.

     

     

     

    Paradoxalement, c’est précisément la fermeture de l’école, entraînant la dissémination de ses enseignants un peu partout dans le monde, qui permit la diffusion la plus large possible des idées et des expériences mûries au sein du Bauhaus. A commencer par Mies van der Rohe et Gropius eux-mêmes qui perpétuèrent l’enseignement des préceptes du mouvement, respectivement à l’ITT de Chicago et à l’Harvard University.

    Du 16 au 24 janvier, le festival d’ouverture à l’Akademie der Künste de Berlin marquait le début des commémorations qui se poursuivront dans toute l’Allemagne durant cette année 2019, afin de célébrer le centenaire de la fondation du Bauhaus. Un programme riche en événements en tous genres, entre expositions, concerts, installations éphémères, théâtre, danse, cinéma, ainsi que des ateliers et bien d’autres performances artistiques, pour faire revivre l’esprit du Bauhaus dans la tradition de ses grands maîtres, d’Oskar Schlemmer à Wassily Kandinsky, en passant par László Moholy-Nagy ou Paul Klee.

    La directrice artistique du festival, Bettina Wagner-Bergelt, s’est d’ailleurs largement inspirée de la « Bauhaus Week » de 1923 et des fêtes du Bauhaus afin de recréer l’atmosphère d’expérimentation et de recherche, d’apprentissage et d’enseignement, qui la caractérisait, l’objectif étant de fournir une relecture contemporaine de ces événements ; un véritable Bauhaus du 21ème siècle…

     

     

     

    Pour preuve, l’installation de réalité virtuelle « Das Totale Tanz Theater » est bien contemporaine… Réalisée par l’Interactive Media Foundation et le chorégraphe Richard Siegal, en association avec le studio de design digital Artificial Rome, elle transporte les visiteurs sur une scène virtuelle et explore à travers la danse le rapport entre l’homme et la machine, thème central du festival d’ouverture.

    Nombreux sont aussi les événements dédiés à l’architecture et au design qui se succéderont dans différentes villes d’Allemagne, pour célébrer le centenaire du Bauhaus. Vous pourrez notamment découvrir les sites historiques du mouvement à Weimar et Dessau, classés au Patrimoine de l’UNESCO depuis 1996. Et parmi ces événements, « Bauhaus Imaginistaest », le projet international qui vise à analyser l’influence du Bauhaus sur le monde contemporain et à se concentrer notamment sur les rapports qu’il entretint avec des écoles et des mouvements hors d’Europe. Le projet itinérant constitué de quatre expositions a démarré en 2018 au Japon. Depuis, il a traversé la Chine, la Russie et le Brésil et se conclura à Berlin en mars 2019.

    Cette année sera donc marquée au sceau du Bauhaus… Parmi les nombreux documentaires qui lui sont récemment consacrés, nous en avons sélectionné un, « Bauhaus : An History of Modern Architecture », qui nous semblait mettre en lumière ce qui rendait ce mouvement si particulier, et peut-être expliquer pourquoi il aura à ce point marqué le 20ème siècle.

     

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  • Miss.Tic habille les murs et déshabille son âme

     

     

    Depuis trente-quatre ans, Miss.Tic sillonne Paris, semant sur les murs de la capitale ses pochoirs de femmes sexy agrémentés de messages tant poétiques qu’incisifs. En octobre 2015, elle fêtait ses trente ans de street art avec la sortie d’un livre : « Flashback, 30 ans de carrière ».

     

    Ses femmes sont fatales : décolleté plongeant, robe colorée, silhouette séduisante. À côté d’elles, on peut lire « Je t’aime temps », « On ne radine pas avec l’amour » ou encore « L’avenir a une excellente mémoire ». La street artist Miss.Tic s’expose librement sur les murs de Paris depuis 1985, entre désinvolture et poésie. Elle offre à voir la liberté féminine, provocante et assumée, à travers des pochoirs de silhouettes de femmes sans cesse renouvelées.

    Pour célébrer ses trente ans de révolte artistique, Miss.Tic nous offrait donc en octobre 2015 son livre-rétrospective « Flashback, 30 ans de carrière ». Sans prétendre y recenser toute sa carrière, elle y revenait cependant sur des moments clefs qui l’ont fondée. Les images, les souvenirs et les confidences s’y mêlent, et lèvent une partie du mystère Miss.Tic.

     

     

     

    Retrouvons Miss.Tic en interview. C’était en février et c’était bien…

     

    Miss.Tic, une de vos passions depuis toujours est de rendre l’art accessible à tous. Si on montre votre travail à n’importe qui, il se dira sûrement : bien-sûr, je ne connais qu’elles. Ces femmes brunes et sexy dessinées au pochoir et accompagnées de messages aussi poétiques qu’incisifs. D’où vous vient cette volonté de démocratiser l’art ?

    Démocratiser, c’est un terme que je n’aime pas beaucoup. Je préfère l’idée de rendre l’art accessible à tous. Et c’est vrai que j’ai toujours souhaité démolir ce mur qui empêche le commun des mortels d’accéder librement aux lieux où l’art s’expose en général, les galeries, les musées. Et le fait de montrer mon travail dans la rue, en allant au devant des gens, y a contribué.

     

    On vous trouve aussi sur des briquets ou des affiches. Pourquoi ce besoin de multiplier les supports ? C’est une façon d’être visible par le plus grand nombre ?

    Absolument. C’est imposer sa marque partout, en montrant de l’art et de la poésie plutôt que de la publicité.

     

    Mais en vous affichant sur des objets commerciaux tels que des briquets, vous ne craignez pas de banaliser vos oeuvres, de les galvauder ?

    Quand on tient ce briquet, on n’a pas vraiment l’oeuvre en tant que telle dans la main mais plutôt sa représentation. C’est une reproduction, et j’avoue que je n’ai rien contre le fait que mes oeuvres puissent être reproduites.

     

    Vous avez été la toute première artiste à utiliser les murs de Paris comme support. C’était dans les années 80. Comment vous est venu cette idée ?

    Cette idée m’est venue grâce aux autres. J’avais passé deux ans et demi aux Etats-Unis, à l’époque de la naissance du hip-hop, du graph et du tag. A Paris, c’était l’époque où les étudiants des Beaux-Arts commençaient à peindre sur les palissades et à détourner les messages des grandes affiches publicitaires au format 4 X 3 mètres. En rentrant des US, ce concept m’a plu et je me suis dit qu’il y avait peut-être quelque chose à faire avec tout ça. 

    Dans le contexte de ces mouvements artistiques naissants, c’était toujours uniquement des images qui étaient créées. Etant très sensible à la littérature et à la poésie, j’ai pensé qu’en associant du texte à des images, ça pouvait être intéressant. 

     

     

     

    Vous avez aussi un rapport très fort à Paris.

    Oui, je suis née à Paris. Comme tous les gens nés quelque part, cette ville, j’y ai mes racines. 

     

    C’est une façon de vous inscrire dans la mémoire de Paris, justement.

    Oui, j’avoue que c’était aussi mon but… 

     

    Alors, s’exprimer sur les murs, rappelons que c’est une activité illégale. Ça veut dire que vous deviez travailler la nuit, en silence et le plus discrètement possible. Ça vous est arrivé souvent de finir au poste.

    Oui, je dois admettre que ça m’est arrivé très souvent. Jusqu’en 1997, date à laquelle j’ai du arrêter cette activité « nocturne »… J’ai été en procès, la procédure a duré deux ans, et j’ai été condamnée à payer une forte amende. Ce qui signifiait aussi que si je recommençais, je risquais de gros problèmes. J’ai donc changé de stratégie, à savoir que j’ai commencé à faire des repérages et à demander l’autorisation… Donc, depuis 2000, toutes mes interventions sont légales et autorisées par les propriétaires des murs sur lesquels je peins. Mais dès lors où j’obtiens l’autorisation, je demande à avoir carte blanche.

     

    J’imagine que les gens se battent pour avoir une de vos oeuvres sur leurs murs.

    Eh bien, détrompez-vous, pas tant que ça. Les gens sont très timorés, et ils préfèrent toujours que ce soit chez leur voisin. 

     

     

     

    Cet art urbain a souvent été assimilé à du vandalisme, mais on note pourtant depuis quelques années un retour en force du street art. Comment expliquez-vous ce regain d’intérêt ?

    Le mouvement a mis beaucoup de temps à s’imposer alors qu’il existait déjà depuis longtemps. Ce qui a déclenché cet engouement, c’est Banksy, qui est aujourd’hui très connu, et dont les oeuvres valent une fortune. Depuis 2005, les Anglais ont reconnu ce mouvement, et c’est vrai que le contexte a nettement changé et le marché s’intéresse maintenant plus à nous.

     

    Miss.Tic, ça vient d’où, ce nom ?

    Miss.Tic, c’est la petite sorcière dans Picsou. Celle qui essayait de lui voler le sou fétiche. 

     

    Vous pensez que vous auriez créé le même style d’oeuvres, si vous n’aviez pas été forcée de peindre dans la clandestinité à l’époque ?

    Je dois reconnaître que le fait de devoir me cacher pour peindre m’a beaucoup ennuyé. Passer mes nuits dans les commissariats, ça n’est pas forcément ce qui m’excitait le plus…

     

    Votre marque de fabrique, ce sont des femmes brunes et sexy réalisées au pochoir, accompagnées de textes poétiques. Mais qui est donc cette femme fatale que l’on dirait sortie tout droit des magazines féminins ? Un peu stéréotypée, quand même ?

    Très stéréotypée. Et elle vient justement des magazines féminins.

     

     

     

    Et quel est le message ?

    Je parle de la femme d’aujourd’hui, de la femme contemporaine. J’utilise cette image de la femme qu’on nous donne à voir dans les médias, dans la publicité, dans les revues. En revanche, je cherche à lui faire dire quelque chose, à donner du sens à sa présence.

     

    Casser un peu ces stéréotypes ?

    Non, en fait, je ne cherche pas à les casser. Au contraire, je vais jusqu’à l’hyperbole de la séduction et de sa féminité. Etre femme, c’est être féministe, et ne pas lâcher une chose pour une autre… Nous, les femmes, nous avons nos armes traditionnelles, et puis beaucoup d’autres à encore inventer. 

     

    Vous êtes féministe ?

    Oui, je pense… Etre féministe, dans mon cas, c’est un état de fait. Je ne suis pas une militante de la cause féministe. Je ne fais partie d’aucun mouvement. J’essaie surtout d’être une femme libre.

     

    A travers vos oeuvres représentant ces femmes très stéréotypées, mais accompagnées de phrases fortes…

    Oui, de sentences, d’aphorismes, qui tentent de développer une pensée, qui donnent à réfléchir. Des femmes qui pensent et qui disent des choses.

     

     

     

    Vos jeux de mots qui accompagnent ces portraits font autant sourire que réfléchir. Quelques exemples : « J’ai du vague à l’homme », « fais de moi ce que je veux », « devenir simple, c’est compliqué »… Comment ça se passe ? Vous partez de mots puis vous dessinez ?

    Tout part de l’écriture, qui m’inspire ensuite les personnages. 

     

    Vous avez toujours aimé jouer avec les mots ?

    Oui, j’ai découvert la littérature grâce à ma mère, qui lisait beaucoup. Et à huit ans, j’ai découvert Jacques Prévert, et là, le choc. Prévert m’a ouvert toutes les portes, vers les poètes, les surréalistes.

     

    Et écrire, des recueils de poésie, des livres, des romans, c’est une idée qui vous accompagne ?

    Pas pour le moment. J’ai sorti des bouquins, plutôt basés pour le moment sur mes oeuvres. Mais je n’ai jamais fait de recueil de poésie. Ma poésie, elle est dans mon travail plastique.

     

    Vous avez tout de même illustré les mots de la langue française dans l’édition 2010 du Petit Larousse. C’est un travail dont vous êtes fière ?

    Oui, c’était très exaltant. Ils ont fait appel à plusieurs artistes. Un beau projet.

     

     

     

    Vous avez aussi illustré l’affiche d’un film de Claude Chabrol, « La Fille Coupée en Deux ». Encore un bel exercice ?

    Un bel exercice, mais surtout une très belle rencontre avec Chabrol.

     

    D’autres projets à venir, du même genre ? Affiches de films, couvertures de livres ?

    Oui, j’ai participé à pas mal de projets de collaboration ces dernières années. J’ai travaillé par exemple avec Marc Jacob pour son premier défilé chez Louis Vuitton, avec Kenzo pour un t-shirt en tirage limité, avec Givenchy, et d’autres. J’aime assez le principe de la collaboration. Ça m’oblige à travailler dans un cadre précis, sur des idées auxquelles je n’aurais pas forcément pensé. C’est très exaltant. Et puis ce sont aussi des rencontres avec tous ces créateurs. 

     

    Ce sont eux qui viennent vous chercher ?

    Oui, pour le moment, on est venu me chercher. J’avoue avoir beaucoup de scrupules à aller proposer des choses. 

     

    Alors aujourd’hui, après des milliers de pochoirs, des dizaines d’ouvrages, des centaines d’expositions, qu’est-ce qui vous motive encore et qui vous donne l’envie de continuer à créer ?

    C’est un peu comme lorsqu’on fait l’amour… Plus on le fait, plus on a envie de le faire. Et bien moi, plus je peins, plus j’ai envie de peindre.

     

    A (re)découvrir d’urgence…

     

    © Propos recueillis par Véronique Mounier

    Image associée

     

     

     

     

    Crédits Photos (détails) :

    1 : Miss Tic, On ne radine pas avec l’amour, 2015 © Miss Tic
    2 : Miss Tic, La poésie est un luxe de première nécessité, 2015 © Miss Tic
    3 : Miss Tic, L’avenir a une excellente mémoire, 2015 © Miss Tic.
    4 : Miss Tic, Je t’aime temps, 2015 © Miss Tic.

     

     

     

  • Rétrospective Vasarely au Centre Pompidou : Le Partage des Formes

     

     

    Jamais une rétrospective ne lui avait été consacrée en France : Victor Vasarely, le père de l’art optique, est célébré au Centre Pompidou à Paris. L’œuvre foisonnante, parfois méconnue, de cet artiste d’origine hongroise, qui aura marqué la culture populaire de l’époque, est à revoir jusqu’au 6 mai 2019.

     

    Enfin la première grande rétrospective française consacrée à Victor Vasarely, considéré comme le père de l’art optique. Il était l’un des artistes préférés du couple Pompidou dans les années 70, et le voici mis à l’honneur au Centre Beaubourg. Des images colorées et géométriques aux dessins qui jouent sur l’illusion, son art s’impose dans la vie quotidienne. Son oeuvre fut ensuite quelque peu méprisée. Elle est donc réhabilitée plus de vingt ans après la disparition de l’artiste.

     

    C’est moi qui ai imaginé ce logo…

     

     

     

    ou la façade du siège historique de la radio RTL Rue Bayard en 1972…

     

     

     

    J’ai réalisé le décor de l’émission télé « La Une est à Vous » en 1973 ou encore la pochette de l’album « Space Oddity » de David Bowie. Qui suis-je ?

     

     

     

    Victor Vasarely, artiste hongrois, père de l’art optique et fervent défenseur de l’art pour tous : « Je considère que l’art doit être la nourriture de tout le monde ». Retour sur l’oeuvre prolifique de cette figure des années 60, disparue en 1997, en compagnie de son petit fils, Pierre Vasarely.

     

    « Vasarely n’était pas seulement utopiste ou utopique, il était aussi visionnaire. » (Pierre Vasarely)

     

    Lorsqu’il arrive en France en 1930, de sa Hongrie natale, Victor Vasarely a 24 ans. Il exerce d’abord la profession de graphiste dans les grandes agences publicitaires de l’époque. Il vient de terminer sa formation auprès de son compatriote Sandor Bortnyik, une des figures de l’avant-garde constructiviste.

     

    Sandor Bortnyik : « The New Adam » (1924)

     

    Sandor Bortnyik : « The New Eve » (1924)

     

     

    « La philosophie qui anime sa création, c’est celle de l’art utile. L’art utile et la forme efficace… » (Arnauld Pierre, Commissaire de l’exposition)

     

    Le jeune Vasarely a déjà trouvé son leitmotiv, mais il lui reste à forger son style. Et c’est à Belle-Île, sur une plage de galets, que lui vient l’inspiration…

     

    « Vasarely a une sorte de révélation du sentiment océanique, de l’unité de toute chose. Il contemple les formes d’un galet, il observe le rythme des vagues, la forme des nuages ou celle du soleil qui se couche à l’horizon et qui s’écrase peu à peu à ses pôles… Il comprend que tout cela est uni, finalement, par les mêmes forces, les mêmes formes fondamentales. » (Arnauld Pierre)

     

    Victor Vasarely : « Belle-Isle GP » (Huile sur Isorel, 1952) © Philippe Migeat

     

     

    Vasarely invente ainsi sa « géométrie du réel ». Il retranscrit à travers ces formes abstraites les paysages de l’île grecque de Santorin, du Vaucluse ou encore de la mer des Caraïbes. Mais c’est surtout à partir de 1950, quand il peint ces lignes noires et blanches, qu’il crée l’événement. Ses toiles deviennent synaptiques et mobiles ; il vient de donner naissance à l’art optique.

     

    Victor Vasarely : « Vegaviv II » (1955)

     

     

    « Il cherche absolument l’activation de la vision. Vasarely est un artiste qui s’intéresse non seulement aux formes, mais aussi à la perception de ces formes. Ses oeuvres nous placent face à des forces actives. Et ces forces, il les compare à celles qu’émet le cosmos, ou à celles qui unissent la matière comme aux forces intra-atomiques. » (Arnauld Pierre)

     

    Ce nouveau courant fait des émules. De nombreux artistes de sa génération expérimentent à leur tour. En 1955, Vasarely expose aux côtés de Marcel Duchamp ou encore Alexander Calder.

     

    « L’idée, au bout de quelques années, a énormément plu aux Américains. Et c’est à cette période qu’un manager a décidé de nommer cette nouvelle tendance de la peinture « Optimal Art », qui est rapidement devenue « Op Art ». » (Entretien entre Michel Polnareff et Victor Vasarely, 1968)

     

    Au fond, l’Op Art est le Pop de l’abstraction… C’est ainsi que Vasarely donnera à l’Op Art les couleurs de la Pop Culture. Et pour le vulgariser plus encore, l’artiste met au point un alphabet plastique, sorte d’espéranto composé de formes et de couleurs, censé faciliter la reproduction de ses oeuvres.

     

    Victor Vasarely : « Estampe Koska A » (1974)

     

     

    « A la toute fin des années 50, Vasarely dépose une sorte de brevet, afin de conceptualiser l’idée d’un langage visuel universel, qui serait constitué d’une suite de petites unités. Ces unités, ce sont des formes carrées, d’une certaine couleur, dans lesquelles sont incrustées d’autres formes simples, telles que des ronds, triangles, carrés d’une autre couleur. Et ce concept ne lui appartient d’ailleurs pas totalement. Il dit, au fond : emparez-vous de cela, et on engendrera ensemble un nouveau folklore planétaire. » (Arnauld Pierre)

     

    Victor Vasarely : « Kroa MC » (1970)

     

     

    « Il est dans un discours totalement révolutionnaire pour l’époque. Avec ce désir, avant les autres, de faire descendre l’art dans la rue. Que son art soit un art social, et qu’il puisse profiter au plus grand nombre. » (Pierre Vasarely, Président de la Fondation Vasarely)

     

    De la vaisselle aux couvertures de magazines, en passant par la décoration, la mode et l’architecture, au coeur des années 60, Victor Vasarely est partout. Artiste prolifique, il inonde les foyers français et ne s’offusque pas qu’on le copie. Tant et si bien qu’à la fin des années 70, on frôle l’overdose…

     

     

     

    « Trop de Vasarely tue Vasarely… Ayant réussi à ce point, et bien au-delà de ses espérances, Vasarely a subi le classique retour de bâton. Le pendule repart en arrière, ce que les gens ont adoré à un moment est détesté, et on efface Vasarely durant un quart de siècle. Jusqu’à aujourd’hui, pratiquement, où on redécouvre cet artiste majeur. » (Arnauld Pierre)

     

    L’art optique suscite ainsi de nouveau l’intérêt du public. Mais il inspire aussi les artistes de la nouvelle génération, comme Miguel Chevalier et sa « Pixel Wave » en 2015. La doctrine de Vasarely, quant à elle, n’a finalement pas pris une ride… Ce que l’artiste hongrois a complètement changé dans le monde de l’art, c’est une approche totalement débarrassée de toute sacralité qui s’attachait au mythe de l’artiste génial…

     

    Miguel Chevalier : « Pixel Wave » (2015)

     

    Miguel Chevalier : « Pixel Wave » (2015)

     

     

    « Il était véritablement un théoricien de cette recherche appliquée, qui voulait que l’artiste devait quitter son piédestal de créateur. Il s’agit vraiment pour lui d’engendrer un art populaire, qui finisse par échapper complètement à son créateur. » (Pierre Vasarely)

     

    « Vasarely, le Partage des Formes » à découvrir au Centre Pompidou jusqu’au 06 mai 2019. Quant aux oeuvres monumentales du père de l’art optique, elles sont aussi visibles à la Fondation Vasarely qui vient tout juste de rouvrir ses portes à Aix-en-Provence.

     

     

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  • Pierre Soulages, derrière le noir, la quête de la lumière

     

     

    Pierre Soulages, le maître du noir et de l’outrenoir, est exposé actuellement dans son musée de Rodez, et il fera l’objet d’une grande rétrospective au Musée du Louvre à la fin de l’année 2019, afin de célébrer son centième anniversaire. 

     

    Pierre Soulages, le plus célèbre peintre et sculpteur aveyronnais, aura cent ans cette année. Il commence sa carrière en 1946, mais le véritable tournant survient en 1979, il y a précisément 40 ans, quand il révolutionne l’art abstrait en inventant le terme « Outrenoir ». Revenons sur le style d’une des plus grandes figures de la peinture informelle.

     

    « J’étais en train de rater un tableau, en train de me noyer dans une sorte de marécage noirâtre, lorsque je me suis aperçu que je faisais une autre peinture… » (Pierre Soulages, avril 2012)

     

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    « Il utilise un seul pigment de noir, le noir d’ivoire, depuis toutes ces années. Et ce pigment de noir donne ces toiles merveilleuses. Lorsque vous êtes devant une peinture de Pierre Soulages, le noir n’est pas uni, n’est pas lisse et n’est pas toujours posé de la même manière… Derrière ce noir, il y a en fait toujours une quête de la lumière. » (Camille Morando, Historienne de l’art)

     

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    « Ce qui compte pour moi, c’est toujours le reflet sur l’état de surface. Quand c’est lisse, cela donne une lumière différente que lorsque l’on utilise un pinceau… On obtient alors des stries qui font vibrer la lumière. C’est sur ce principe que se fonde ce que je fais avec ma peinture. Ma passion pour le noir, d’autres l’avaient éprouvée avant. Puisque déjà il y a 350 siècles, les hommes descendaient dans les endroits les plus obscurs de la terre, dans les grottes – il n’y a pas plus sombre qu’une grotte – et il allaient y peindre avec du noir… » (Pierre Soulages, avril 2012)

     

    Le travail de Soulages sur ce noir donne soit des aplats extrêmement mats, soit des stries lumineuses, et ce noir devient peu à peu gris, blanc, vert, en variant selon votre positionnement face au tableau.

     

    Pierre Soulages : « Peinture 181 x 244, Triptyque, acrylique sur toile » (25 février 2009)

     

     

    « Celui qui regarde le tableau se retrouve dans le tableau… Et lorsque celui qui regarde ce tableau se déplace, il ne perçoit pas toujours le même reflet, et ne contemple en fait jamais le même tableau… Ce tableau est présent dans l’instant même du regard. Une seconde plus tard, ça n’est plus tout à fait le même. C’est la caractéristique principale du genre de peinture que je fais aujourd’hui. Un rapport différent à l’espace et au temps, de celui de la peinture traditionnelle. » (Pierre Soulages, avril 2012)

     

    La peinture de Soulages est abstraite, mais contrairement à Malevitch ou Mondrian, il n’y a pas de théorie dans ses oeuvres. Soulages n’est pas un conceptuel, et il ne travaille pas avec un récit philosophique sous-jacent.

     

    Kasimir Malevitch : « Carré Noir sur Fond Blanc » (1915)

     

    Piet Mondrian (1872-1944) : « Composition with Yellow, Blue and Red » (1937-42)

     

     

    « Je n’ai pas inventé l’art abstrait, mais lorsque j’étais enfant, j’aimais les arbres sans feuille… Si on aime les formes d’un arbre, on les distingue. Certains arbres sont noueux, torturés, d’autres sont purs et droits. Et au fond, on regarde un arbre comme on peut contempler une sculpture abstraite. Ce sont les qualités physionomiques des formes qui provoquent l’émotion. » (Pierre Soulages, avril 2012)

     

    « Cette place que l’on laisse à l’imagination du spectateur, à ce qu’il ne voit pas, à travers ce qu’il voit, ça me paraît très important, très actuel et très propre à notre travail de peintre abstrait. » (Pierre Soulages, mai 1981)

     

     

    Vous pourrez découvrir (ou redécouvrir…) Pierre Soulages sous toutes ses coutures au Musée du Louvre, du 11 décembre 2019 au 9 mars 2020, à l’occasion de la rétrospective qui lui sera consacrée. Un hommage exceptionnel au peintre qui fêtera ses cent ans (il est né le 24 décembre 1919), à travers une exposition inédite et personnelle installée dans le cadre prestigieux du Salon Carré, situé entre la Galerie Apollon et la Grande Galerie.

    Le Salon Carré, écrin à la hauteur de cet artiste iconique, qui l’affectionne tout particulièrement… Car y sont présentés les Primitifs italiens, « dont les oeuvres caractérisent pour lui l’évolution de la peinture occidentale et le passage à une représentation de l’espace tridimensionnel ». Quant à l’exposition, celle-ci prendra la forme « d’une sélection d’oeuvres majeures illustrant chacune de ses sept décennies, provenant des plus grands musées français et étrangers ».

    L’idée derrière cette rétrospective ? « Montrer à la fois la continuité d’une oeuvre toute entière élaborée à l’intérieur de la même conception d’une abstraction », s’exprimant en particulier par « des titres purement classificatoires (technique, dimensions, date) et la rupture intervenue à mi-chemin, en 1979, qui donna naissance à une peinture neuve ». C’est en effet à cette époque que Pierre Soulages propose ce qui deviendra sa couleur fétiche, « l’outrenoir ».

    Une exposition qui joue également sur la lumière et son rapport intime avec le noir, caractéristique de l’oeuvre de Soulages. Bref, une exposition toute en nuances à découvrir pour les amateurs du noir et de ses variantes.

    A ne rater sous aucun prétexte…

     

     

     

  • Polaroid SX-70, l’appareil photo qui changea le monde

     

     

    En 1972, lors de l’assemblée générale annuelle de la société Polaroid, Edwin Land montait sur scène, sortait un appareil photo de sa poche et prenait cinq clichés en dix secondes… La révolution était en marche.

     

    L’appareil photo en question présenté par Edwin H. Land ce jour de 1972, le Polaroid SX-70, devenait ainsi le tout premier boitier instantané SLR, SLR comme Single-Lens Reflex. En plus d’être le tout premier appareil photo à utiliser l’iconique film instantané Polaroid au désormais célèbre cadre blanc, il sera aussi le tout premier appareil à pouvoir être transporté dans la poche. Tout ça pour dire, c’est à cet « instant » que tout commença, et que l’univers de la photographie connaîtra son ultime révolution, en ouvrant la voie à la démocratisation de la photo, pour aboutir aux modes d’utilisation actuels de l’appareil photo, entre numérique, compact et téléphone mobile.

    Près de 50 ans plus tard, le SX-70 reste un des meilleurs appareils instantanés jamais conçus, et une armée de nostalgiques chevronnés de la photo instantanée ne jurent encore aujourd’hui que par lui. Mais comment les blâmer, tant l’esthétique de cet appareil révolutionnaire reste magique, avec ses finitions chromage métallique ou PVC noir et ses façades en cuir au chic absolu.

    La photographie instantanée est décidément de retour en multipliant toujours plus de déclinaisons du Polaroid SX-70, et attire depuis quelques années des adeptes de plus en plus jeunes.

     

    [youtube id= »82ZiQP0f7rs » align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour Aller Plus Loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] L’histoire de Polaroid

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Polaroid Originals

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Polaroid Passion

     

     

     

  • Revolution 2.0.19 @ Instant City

     

     

    « La parole s’envole, les écrits restent. »

     

    Here we are ! 9600 followers, en quatre ans et demi ! Et plus de 800 articles au compteur du Mag Instant City ! Merci à tous pour votre soutien !

    Nous avons mis en ligne Le Mag d’Instant City le 06 août 2014, nous avons ensuite ouvert la version bêta privée de la Communauté le 25 sept. 2014, et pour finir, lancé la version bêta publique fin décembre 2014. Pour finir, ou devrais-je plutôt dire pour commencer…

    Car nous nous sommes lancés depuis deux mois dans la refonte complète de la partie « Communauté » du site. Alors, encore un peu de patience, vous ne serez pas déçus. Ce que nous sommes en train de vous concocter devrait pleinement répondre à vos attentes.

     

    NOUS CROYONS EN L’ÉCRIT, EN SA PERSISTANCE, SA RESISTANCE AU TEMPS, SA RÉSILIENCE AUX ASSAUTS DE L’IMMÉDIATETÉ ET DU TOUT-VIDEO… 

     

    A présent, Facebook, c’est bien, et nous sommes très heureux de vous compter parmi les 9600 followers de notre page. Mais nous comptons aussi sur vous pour nous rejoindre à partir de cet été in the real world, à Instant City, en vous inscrivant et en créant votre espace personnel dans la ville, afin d’y flâner et de partir à la découverte des artistes qui composent la « Instant City Community ».

    Si vous êtes artiste ou créatif et que vous décidez d’appartenir à la « Communauté », vous ne le regretterez pas… Vous pourrez quant à vous créer votre espace professionnel, nous y présenter vos projets, vos passions et mettre en avant votre travail, proposer des collaborations à d’autres artistes d’Instant City et profiter d’outils promotionnels uniques, nous mettre l’eau à la bouche et nous convaincre que nous n’avons d’autre choix que de nous-mêmes vous mettre en avant.

    Et si vous pensez que vous n’avez rien à présenter, détrompez-vous… Nous sommes convaincus que chacun d’entre vous trouvera sa place à Instant City, qu’il soit artiste, créatif ou simple visiteur.

    Venez tutoyer les légendes à Instant City…

     

     

    Une petite vidéo afin de fêter dignement notre 800ème article du Mag Instant City !

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    Et prochainement, nous vous présenterons la nouvelle Instant City Community

    Instant City Community 2016

     

    Nous continuerons à ajouter d’autres fonctionnalités majeures au site, qui vous inciteront à poser vos valises définitivement à Instant City. En attendant, n’hésitez pas à en parler et partager autour de vous.

     

     

    Bientôt, Instant City Toulouse, pour suivre en temps réel l’activité culturelle de Toulouse et sa région.

    Instant City Toulouse 2016

     

    A présent, ne nous y trompons pas… En intégrant la Communauté Instant City, nous faisons la révolution. Face à la vacuité de l’époque, et le manque de perspectives offertes par la société dans laquelle nous évoluons, nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes pour nous créer des opportunités enrichissantes. Découvrez, ou relisez l’article du Mag intitulé « Pier Paolo Pasolini : La disparition des Lucioles », et devenez des lucioles…

    Aimez-nous, aimez-vous les uns les autres, likez-nous, likez-vous, tout le temps, dès que l’occasion se présente, de jour comme de nuit !

    Open your eyes, open your ears, and never surrender !
    Revolution 2.0.19 @ Instant City.

    Now, enjoy ! Take care.
    ☯ www.instant-city.com

     

     

     

  • Plongée dans le métro new-yorkais avec Willy Spiller

     

     

    La force d’un photographe est aussi de savoir capturer l’air de son époque, de la rendre intemporelle en sublimant toute sa photogénie. Willy Spiller est de ceux-là. Avec talent, il a immortalisé des scènes du quotidien new-yorkais dans les années 1970 et 1980.

     

    Pour les connaisseurs, ces clichés ne sont pas sans rappeler la série « Waiting For The Get Down » signée Baz Luhrmann. Pourtant, ici, pas de fiction, juste la réalité d’une époque révolue. Le photographe suisse Willy Spiller ne s’est jamais lassé de contempler les scènes de rue de New York depuis les années 1970, scènes qu’il a compilées dans plusieurs livres, dont « Hell on Wheels ».

     

    Subway New York, 1977-1984 © Willy Spiller 2016

     

    Subway New York, 1977-1984 © Willy Spiller 2016

     

    Subway New York, 1977-1984 © Willy Spiller 2016

     

    Subway New York, 1977-1984 © Willy Spiller 2016

     

    Subway New York, 1977-1984 © Willy Spiller 2016

     

    Subway New York, 1977-1984 © Willy Spiller 2016

     

     

    Avec leur grain particulier, ses photographies dévoilent les styles de l’époque, les trains-trains quotidiens des New-Yorkais allant au travail ou flânant dans les rues, à une époque où le Subway (comme on l’appelle là-bas) recensait plus de 200 crimes par semaine.

    Publiées pour la première fois en 1984, ses archives de la Grosse Pomme ont été rééditées en 2017 chez Sturm & Drang. Témoins de ces deux décennies, les clichés de Willy Spiller immortalisent la bouillonnante mégalopole américaine, alors que le hip-hop résonnait dans les ghetto-blasters et que les graffiti coloraient les murs.

     

    Subway New York, 1977-1984 © Willy Spiller 2016

     

    Subway New York, 1977-1984 © Willy Spiller 2016

     

    Subway New York, 1977-1984 © Willy Spiller 2016

     

    Subway New York, 1977-1984 © Willy Spiller 2016

     

    Subway New York, 1977-1984 © Willy Spiller 2016

     

    Subway New York, 1977-1984 © Willy Spiller 2016

     

     

    « Un poème coloré de la ville et de ses habitants », tel que le qualifie l’éditeur du livre.

     

    Article signé Mademoiselle Julie

     

     

     

  • Stradivarius : L’ultime Requiem

     

     

    La ville de Crémone, au nord de l’Italie, a entrepris d’enregistrer le son des célèbres violons créés par le luthier Antonio Stradivari aux 17ème et 18ème siècles, uniques pour leur musicalité et réputés comme impossible à reproduire.

     

    Dernier requiem pour le Stradivarius. Ou presque ? La ville de Crémone, dans laquelle se trouvent de nombreux ateliers de musique, s’est lancée dans l’incroyable projet de numériser et de sauvegarder le son des instruments du luthier mondialement célèbre, Antonio Stradivari, avant que le temps n’altère complètement leur sonorité. Un avenir malheureusement inévitable pour ces violons de renom…

    Trois ingénieurs du son se sont alliés au Musée du Violon de Crémone afin de créer la « Stradivarius Sound Bank » (banque de son du Stradivarius). Il leur paraissait important que les prochaines générations aient elles aussi la possibilité d’écouter jouer l’un de ces rares violons. « Nous nous apprêtons à rendre immortel le plus bel instrument jamais fabriqué » déclare au New York Times Leonard Tedeschi, un ancien DJ à l’origine du projet.

     

    « Nous préservons et restaurons ces violons », explique M. Cacciatori, le curateur du musée, « mais passé un certain âge, ils deviennent trop fragiles pour être joués et s’endorment, pour ainsi dire. »

     

    Avec cette nouvelle banque de son à disposition, les ingénieurs pensent pouvoir manipuler les enregistrements afin de continuer à faire jouer le Stradivarius, même lorsque l’instrument en question ne sera plus en état d’être utilisé.

    D’après l’ingénieur à la tête du projet, Thomas Koritke, il aura fallu « plusieurs années pour convaincre le musée de les laisser utiliser des instruments à cordes déjà vieux de 500 ans ». Pour l’occasion, quatre musiciens ont ainsi passé le mois de janvier à jouer « des centaines de milliers de notes et de variations, huit heures par jour, six jours par semaine », avec deux violons, un alto et un violoncelle. « Un challenge aussi physique que mental pour eux », atteste-t-il.

     

    Des précautions à grande échelle

    Cet ambitieux défi aurait d’ailleurs pu être lancé dès 2017, si une énième vérification n’avait pas révélé une faille dans sa mise en place. « Les rues aux abords de l’auditorium sont faites de pavés, un cauchemar auditif » d’après Leonard Tedeschi.

    Pour éviter que le bruit de la rue – qu’il s’agisse d’un moteur de voiture ou du claquement de talons sur les pavés – ne puisse affecter les capacités d’enregistrement de la trentaine de micros utilisés, le maire de Crémone, président de la Fondation Stradivarius à qui appartient le musée, a décidé de fermer le périmètre autour de l’auditorium pour cinq semaines. La population a également été sommée d’éviter tout bruit soudain et inutile.

    Dans l’auditorium, la ventilation et les ascenseurs ont été mis à l’arrêt. D’après Classic FM, même les ampoules ont été dévissées pour éviter tout grésillement.

     

    « Nous sommes la seule ville au monde à préserver autant les instruments que leur voix » s’enchante le maire. « C’est un projet extraordinaire qui regarde vers l’avenir, et je suis sûr que les habitants de Crémone comprendront qu’il était inévitable d’interdire la zone durant les enregistrements. »

     

    Lea Dubois pour Le Figaro

     

     

     

  • Quand Burger King invite l’Amérique à manger comme Andy

     

     

    Oui, vous ne rêvez pas, c’est bien Andy Warhol en personne qui prête son image à une publicité Burger King… Voici l’histoire du détournement du film « 66 Scenes from America » réalisé en 1982 par le producteur danois Jørgen Leth.

     

    En termes de retombées publicitaires, le Super Bowl est probablement le plus grand événement sportif de la planète. Chaque année, à l’occasion de la finale du championnat de football américain, les plus grandes marques se disputent chaque espace à grands coups de millions de dollars. Le Super Bowl LIII n’a pas fait exception à la règle, en mettant à l’honneur cette année un invité inattendu… Andy Warhol. Plus de trente ans après sa mort, la star du Pop Art a ravi la vedette au groupe de rock Maroon 5, qui s’est produit sur scène à la mi-temps du match.

     

    [youtube id= »WUv0L999FBs » align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

     

    Cet étonnant spot publicitaire de 45 secondes, diffusé lors de la finale suivie par pas moins de 103 millions de téléspectateurs, et représentant Andy Warhol dégustant tranquillement un whooper, le sandwich mythique de Burger King, est en fait un extrait du film « 66 Scenes from America » réalisé en 1982 par le producteur danois Jørgen Leth. La séquence se conclut par un hashtag énigmatique, #EatLikeAndy.

     

    « Les spots publicitaires traditionnels diffusés lors du Super Bowl sont toujours très dynamiques. Ça doit péter de partout, avec des plaisanteries, de grosses vannes et des célébrités. Notre pub est à part et prend la forme d’une oeuvre d’art, presque silencieuse, mais pourtant très puissante. » (Marcel Pascoa, directeur marketing de Burger King)

     

    « 66 Scenes from America », sorte de road trip décalé, comme une série de cartes postales, fait défiler durant 39 minutes tout ce qui peut symboliser l’Amérique. Paysages, villes, personnes, motels, diners, autoroutes, un cactus, un réfrigérateur, la Bannière étoilée, un barman mixant avec dextérité un Martini Dry, un Bloody Mary puis un whisky au citron, des chauffeurs de taxi new-yorkais, deux avocats, une écolière de sept ans…

    Tout y passe, et parmi ces 66 tableaux, une scène de 4:30 minutes, très warholienne, dans laquelle l’artiste new-yorkais mange un hamburger… Ce premier film de Jørgen Leth consacré aux États-Unis englobe le grand et le petit, du symbole à l’anecdote. Il collecte les images d’une nation qui reste énigmatique et opaque aux yeux des étrangers sur de nombreux points, mais reflète aussi l’image de notre propre culture.

     

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    « Au-delà de la simplicité du spot, il a une signification plus profonde », déclarait la société dans un communiqué de presse. « Il fait référence à l’une des citations parmi les plus emblématiques de Warhol sur la singularité des États-Unis : Ce qui est étonnant à propos de ce pays, c’est que les consommateurs les plus riches achètent finalement les mêmes choses que les plus pauvres. »

    Pour la petite histoire, Jørgen Leth dévoile qu’Andy Wharol aurait préféré, pour le tournage de la séquence, prendre plutôt un hamburger de chez McDonald que le Whooper de Burger King, car il trouvait le « design plus sympa ». Ne disposant pas de restaurant McDonald à proximité, la production s’est finalement rabattue sur Burger King afin de ne pas perdre de temps, pour le plus grand bonheur de la chaîne de restauration rapide… D’où le clin d’oeil de Burger King sur sa page Twitter le soir de la finale du 03 février 2019 : « ce qui compte, ce n’est pas avec qui vous flirtez, mais qui vous ramenez à la maison »…

     

     

     

    https://www.instagram.com/p/BtcW39VHu6A/?utm_source=ig_embed

     

     

    Burger King avait bien entendu obtenu au préalable la permission de la Warhol Foundation (une petite ligne de crédit indique d’ailleurs « Andy Warhol utilisé avec la permission de la Fondation Andy Warhol »), ainsi que celle des représentants de Leth, à commencer par son fils.

     

    « L’une des particularités de la négociation avec la Warhol Foundation était que nous ne voulions pas changer ou toucher le film de quelque façon que ce soit, qui aurait pu déroger à son intention artistique première », déclarait Marcelo Pascoa, directeur marketing monde de Burger King. « Nous savions donc que la meilleure chose à faire était de garder la séquence telle qu’elle avait été conçue en 1982. »

     

    Burger King avait lancé sa campagne #EatLikeAndy sur les réseaux sociaux quelques jours plus tôt, avec un mystérieux teaser intitulé « L’art prend du temps », représentant la mascotte de Burger King peignant et demandant aux abonnés de s’inscrire à un « Mystery Box Deal », en partenariat avec DoorDash, le service de livraison de repas à domicile.

     

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  • 3 Février 1959 : Le jour où la musique est morte

     

     

    Il y a tout juste soixante ans, le 3 février 1959, Buddy Holly, Ritchie Valens et JP « The Big Bopper » Richardson, trois stars de la musique qui figuraient parmi les premières icônes du rock’n’roll, ainsi que leur pilote, sont tués dans un accident d’avion survenu dans l‘état de l’Iowa, aux États-Unis.

     

    Une enquête révèlera que de mauvaises conditions météorologiques et une erreur du pilote, peu habitué à voler dans des conditions si difficiles, étaient les principales causes du crash.

    JP « The Big Bopper » Richardson, bien connu pour son tube « Chantilly Lace » n’était pas censé se trouver sur ce vol. Atteint d’une grippe, il avait décidé au dernier moment de prendre la place de Waylon Jennings (membre du groupe de Buddy Holly) dans l’avion, pour éviter de se retrouver dans un bus non chauffé.

    Ritchie Valens, âgé seulement de 17 ans au moment du drame, s‘était notamment fait connaître du grand public par son tube « La Bamba », enregistré peu de temps avant l’accident. Largement inspiré d’un huapango (chanson de mariage mexicaine), c’est le premier tube dans lequel la contrebasse est remplacée par une basse électrique. Il avait gagné sa place dans l’avion après une victoire au « pile ou face » avec Tommy Allsop.

    Buddy Holly, âgé à l‘époque de 22 ans, reste sans doute le plus célèbre des passagers. Lui et son groupe « The Crickets » avaient connu une série de succès tels que « Peggy Sue », « That’ll Be the Day », « Oh Boy! » et « Maybe Baby ».

    Depuis cet accident, d’innombrables hommages leur ont été rendus. Le plus illustre reste sans doute celui réalisé en 1971 par Don McLeans, avec son titre « American Pie ». Référence au 3 février 1959, décrit comme « le jour où la musique est morte ».

     

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    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] The Buddy Holly Educational Foundation