Étiquette : Quentin Tarantino

  • Histoire d’un Hit | Minnie Riperton : « Inside My Love »

     

     

    Minnie Riperton était une chanteuse de soul et une compositrice incroyable, qui nous quittait malheureusement beaucoup trop tôt, le 12 juillet 1979, à l’âge de 31 ans. Vous la connaissez évidemment pour son immense hit « Lovin’ You » sorti en 1975, mais ça n’est pas le morceau que nous avons choisi aujourd’hui.

     

    Notre choix s’est donc plutôt porté sur « Inside My Love », extrait de l’album « Adventures in Paradise » datant lui aussi de 1975 ; un morceau soulful à souhait qui traite… de sexe et d’amour charnel. Cette chanson nous raconte l’histoire de deux inconnus qui viennent tout juste de se rencontrer, et qui vont éprouver le besoin irrépressible de se connaître aussi intimement et intérieurement que deux êtres normalement constitués peuvent l’envisager.

    You can see inside me.
    Will you come inside me?
    Do you want to ride inside my love?

    Composée par Minnie Riperton, Leon Ware et Richard Rudolph, « Inside My Love » oppose clairement un texte plus qu’explicite et suggestif à l’innocence de la voix de son interprète. Minnie Riperton s’y fait pourtant chatte, langoureuse, tandis qu’elle vous susurre cet appel à l’amour au creux de l’oreille…

    Cette chanson est devenue un tel standard, qu’on ne compte plus les reprises ou les samples extraits du morceau, à commencer par Quentin Tarantino qui l’utilisait en 1997 dans sa B.O. de « Jackie Brown ». Mais aussi A Tribe Called Quest, 2Pac, Donell Jones, Aaliyah, pour ne citer qu’eux…

    En clair, si cette chanson ne vous donne pas envie d’allumer des bougies, d’ouvrir une bouteille de champagne et de vous glisser dans quelque chose de plus confortable et moelleux qu’un canapé Ikea… alors soit vous êtes sapiosexuel, soit vous devriez peut-être vérifier la qualité de vos enceintes.

     

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  • In Memoriam : Ringo Lam (1955 – 2018)

     

     

    Le réalisateur Ringo Lam, qui a marqué de son empreinte tant le genre du film d’action que la carrière de Jean-Claude Van Damme, est mort le 29 décembre à l’âge de 63 ans, sans doute des suites d’une intolérance médicamenteuse.

     

    C’est avec son quatrième long-métrage, « Rien ne sert de mourir » sorti en 1986, que Ringo Lam s’impose définitivement comme un expert du film d’action. Il s’agit là du quatrième volet de la saga « Mad Mission » qui comptera en tout six films (les volets précédents étant ceux réalisés par Eric Tsang et Tsui Hark).

    Son film suivant inscrira son nom au panthéon des films cultes ; « City on Fire » sorti en 1987, lui vaudra le Hong-Kong Film Award du meilleur réalisateur en 1988 (et celui du meilleur acteur pour l’acteur fétiche de John WooChow Yun-fat). Quelques années plus tard, « City on Fire » sera la source d’inspiration majeure pour un jeune scénariste américain, fan absolu du cinéma hongkongais, qui se lançait dans la réalisation de son premier film : Quentin Tarantino avec « Reservoir Dogs ».

     

    « City on Fire » (Official Trailer, 1987)

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    Au début des années 90, le polar Hongkongais devient populaire en occident ; en France, certains films sortent en salle et beaucoup d’autres sont édités en vidéo, notamment ceux de John Woo, Tsui Hark, Johnnie To et Ringo Lam. En 1993, ce dernier connaît un autre énorme succès avec son « Full Contact », avec au générique les stars du moment : Chow Yun-fat, Simon Yam et Anthony Wong (ces deux-là devenant les acteurs fétiches de Johnnie To).

    Ringo Lam se distingue par une vision assez morne de la nature humaine et de la société hongkongaise. Techniquement, il préfère aussi les scènes d’action réalistes à celles utilisant effets spéciaux et diverses nouvelles technologies.

    Cela fait de Ringo Lam un virtuose, à l’ancienne… Il réalise ainsi de nombreux polars avec des scènes d’action inédites, violentes et spectaculaires, qui régénèrent complètement le genre ; déjà en 1987, « Prison on Fire » avec Chow Yun-fat et Tony Leung (qu’il refait tourner en 1999 dans « The Victim »), en 1994, « Le Temple du Lotus Rouge », semi-échec, ou en 1997 avec « Full Alert », gros succès consacré par cinq nominations aux Hong-Kong Film Awards.

     

    « Full Alert » (Teaser, 1997)

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    En parallèle, Jean-Claude Van Damme s’exporte quant à lui aux Etats-Unis et devient une star mondiale des films d’action. Trois de ses films ont été réalisés par Ringo Lam qui alterne tournages américains et films locaux à Hong-Kong. Avec Jean-Claude Van Damme en tête d’affiche, Ringo Lam réalise « Risque Maximum » en 1996, « Replicant » en 2001 puis « In Hell » en 2003.

    Le savoir-faire de Ringo Lam pour les polars et les scènes d’action fut célébré, en compagnie de ses compatriotes Johnnie To et Tsui Hark, au Festival de Cannes en 2007, en séance spéciale, avec leur projet commun « Triangle », dont ils ont réalisé chacun l’une des trois parties.

    Après un long silence, un peu déprimé de voir comment l’industrie du film évoluait, il était de retour avec « Wild City » en 2015 et « Sky on Fire » en 2016, avant de se lancer dans son dernier projet, « Eight & a Half », une ambitieuse fresque sur l’histoire de Hong Kong, produite par Johnnie To et coréalisée avec sept des plus grands noms du cinéma local.

     

    « Wild City » (Official Trailer, 2015)

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  • Les Huit Salopards | Quentin Tarantino (2015)

     

     

    Les fans de Quentin Tarantino ne seront pas déçus, bien au contraire ! Heureux les ignorants, le Royaume de Tarantino est à eux ! Comme ils sont chanceux ceux qui n’ont encore jamais vu un Tarantino et les ont donc encore tous à découvrir ! On attend chacun de ses films avec impatience comme autant de petites pépites, des joyaux de l’art cinématographique. Et on n’est, cette fois-là encore, avec « Les Huit Salopards » pas du tout déçus, bien au contraire.

    Un huis-clos à la Cluedo. Un enjeu : une femme, personnage central, à enfermer, pendre ou libérer. Et autour d’elle, un décor, et huit salopards. Que va-t-il se passer ? Lequel s’en sortira vainqueur ? Le suspens est total, jusqu’à la fin. Les retournements de situation sont permanents. Tout est toujours possible, jusqu’au dernier instant, jusqu’à la toute dernière seconde. La tension monte de plus en plus, en même temps que la brutalité, la violence et l’absurde. Le tout enrobé d’humour et de dérision. On adore !

    Les personnages sont laids et sales, leurs dents sont noires, on peut sentir jusqu’à leur odeur nauséabonde mêlée à celle du sang, du feu de cheminée, des peaux de bêtes moisies. Le démarrage n’est pas sans rappeler celui de « Django Unchained » : un paysage grandiose, des conditions météorologiques difficiles, la nécessité de trouver un moyen de transport, un prisonnier, des chasseurs de tête, et petit à petit le huis clos d’une pièce fermée : un chalet pour l’un, le château du propriétaire terrien pour l’autre. C’est entre quatre murs que se joue à chaque fois dans les deux films le destin des personnages, au bluff, au poker ou à l’arme à feu.

    L’humour sert de liant au scénario marquant un décalage entre le sérieux de l’intrigue et le loufoque des situations, comme cette porte d’entrée qui doit être cloutée à chaque passage. La scène finale n’est pas sans rappeler l’apothéose des règlements de compte de « Kill Bill » ou le mariage sanglant à l’église. On trouve dans « Les Huit Salopards » cette même violence crue filmée sans détour de manière hyper réaliste et froide. Une affiche géniale, du grand Tarantino, tristement absent des Oscars 2016.

     

     

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  • The Hateful Height

     

     

    Quentin Tarantino… En une poignée de films, ce réalisateur cinéphage est devenu une marque de fabrique, une griffe. On ne va pas voir « Kill Bill », « Django Unchained », « Jacky Brown » ou « Pulp Fiction », non, on va voir le dernier Tarantino. 

     

    Quentin Tarantino est désormais dans le carré très fermé de ces réalisateurs qui arrivent à s’adresser aussi bien à un très large public qu’à une audience plus cinéphile, pointue, à qui on ne la fait pas. Il est de bon ton d’apprécier ses films, presque un devoir, un acte politique. C’est la force et le talent, ou peut-être la roublardise, de ce réalisateur que de caresser dans le sens du poil un lecteur de Télérama comme des Inrocks, flatté lorsqu’il reconnaît au détour d’une scène tel ou tel emprunt musical, ou encore une référence à un vieux classique italien, français ou japonais, tout en séduisant dans le même temps un spectateur lambda moins scrupuleux quant à la diégèse du film qu’il est en train de regarder, mais qui apprécie à sa juste valeur l’efficacité, le style « cool » et les morceaux d’anthologie.

    Quentin Tarantino aura été dans toutes les directions et poussé au maximum les possibilités narratives, avec toujours comme principe le cinéma, l’image au service de l’histoire. Etant une encyclopédie du cinéma sur jambes, Tarantino est le seul à manier comme il le fait un cinéma à la base populaire, voire même souvent bis, pour transformer, magnifier une idée et la pousser jusqu’à la rupture. Ses plus grandes influences ont été à l’origine le cinéma italien et plus précisément le western. De Sergio Leone à Sergio Corbucci, cette façon d’iconiser les personnages et les situations, avec ce sens du découpage proche de la bande dessinée, est un des fondements de la « Patte Tarantino ». Avec sa deuxième grande passion pour le cinéma français, là où se télescopent Godard, Melville et Audiard, Tarantino en garde donc l’amour des dialogues et de ce fameux existentialisme qu’on retrouve dans ce cinéma hexagonal. Le mélange est improbable, imparable.

    Aujourd’hui, avec cette tentative de mélanger Corbucci et Bergman, Carpenter, Raimi, cette passion du vertige sans filet où anecdotes et bons mots servent à contrebalancer le rythme, Tarantino nous propose « Les Huit Salopards ». Son 9ème film serait une sorte de pied de nez, une contradiction, un paradoxe. A priori plus un film pour critiques de cinéma que pour spectateurs normaux, « The Hateful Eight » repose évidemment sur ces principes normatifs « tarantinesques » que l’on connaît par cœur et ces dispositifs alternant langueur et déchaînement orgasmique. Mais il n’en reste pas moins que ces presque trois heures de métrage n’aboutissent qu’à un pur sentiment d’ennui mortifère.

    Le thème original composé cette fois-ci exprès par Ennio Morricone ou les références explicites à The Thing, le chef d’œuvre de John Carpenter, le décor aussi bien extérieur qu’en studio, la pellicule 70 mn, la photographie et le talent combiné d’acteurs chevronnés, ne peuvent malheureusement rien face à la mélasse tiède qui s’insinue petit à petit tout au long de ce long et pénible déroulé filmique. Et même si Quentin Tarantino justifie son œuvre nihiliste comme miroir d’une Amérique actuelle à la Donald Trump, il n’en demeure pas moins que le brouet reste indigeste de bout en bout, en montrant les limites de ce réalisateur talentueux mais rattrapé ici par un égo troqué contre une mongolfière.

     

     

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  • Tarantino déchaîné…

     

    Quelle erreur, mais quelle erreur pour Will Smith d’avoir refusé le rôle de « Django Unchained » sous prétexte qu’il n’était pas le premier à se l’être vu proposer ! Un film de Tarantino, c’est comme un Woody Allen, ça ne se refuse pas. Christoph Waltz (« Carnage » en 2011) l’aura bien compris, qui reçut l’oscar du meilleur second rôle, ainsi que le talentueux Leonardo DiCaprio(qui lui, ne reçut aucun oscar… voir article précédent).

    Quentin Tarantino, c’est « Kill Bill », c’est « Pulp Fiction », c’est « Jackie Brown », c’est « Reservoir Dogs », ou l’art de mettre en lumière un acteur, de Uma Thurman à Pam Grier, en passant par Georges ClowneyJohn TravoltaBrad PittRobert De NiroTim RothHarvey Keitel

    Ne pas connaître Tarantino, c’est comme avoir la joie immense et incroyable d’être le premier homme à marcher sur la lune : excitation extrême garantie. Un film de Tarantino, c’est de l’action, des acteurs, une super BO, et de l’humour, beaucoup, beaucoup d’humour, comme une sorte de génie.

    Dès les toutes premières images du film, avant même le générique, on est plongé dans du Tarantino pur jus : une scène, une excellente direction d’acteur, une situation cocasse, drôle à l’extrême, fine, intelligente, bref, un vrai bijou. Du Tarantino, en somme.

    L’action commence au Texas en 1848. King Schultz et Django passent un marché : l’un fera de lui et son épouse des personnes libres, en échange de quoi l’autre l’aidera en tant que chasseur de prime. Du pur Western, en hommage à Sergio Leone, avec en prime, la musique d’Ennio Morricone

    L’anecdote : Dans la scène de lynchage par des membres du Ku Klux Klan, plusieurs figurants sont des cascadeurs de 70 ans ayant naguère travaillé avec John Wayne.

    Meilleur film de tous les temps selon les internautes d’Allociné – 425 millions de recettes monde – 88 % de critiques positives – Meilleure musique et meilleur scénario.

    En substance, du bon, du très bon, de l’excellent ! Du Tarantino, of course !

     

     

    Django Unchained 001

     

     

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