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  • « The Black Hole » : un ratage total mais avec un vaisseau spatial en forme de Tour Eiffel…

     

     

    A l’aune du gigantesque succès surprise et mondial de « Star Wars » en 1977, chaque grosse major se devait forcément d’avoir « son » film de science fiction spectaculaire, qui répondrait aux attentes d’un public conquis par cette thématique dans le vent. L’espace faisait rêver et on souhaitait voir autre chose que juste des vaisseaux avançant mollement dans l’infini…

     

    Tout devenait dès lors possible avec les effets spéciaux et on pouvait imaginer ainsi toutes sortes d’histoires avec comme décor un fond étoilé. « Alien, Le 8ème Passager » et « Star Treck, Le Film » furent donc les suivants sur cette liste opportuniste et propulsèrent par leur succès le genre comme nouvelle tendance lourde du Blockbuster.

    1979… En voulant surfer également sur la vague Space Opera et espérer ainsi une part du gâteau, Disney s’engouffre à son tour dans la brèche pour monter « The Black Hole ». La firme de Mickey dépense alors sans compter et s’embarque dans une histoire pseudo-religieuse à grand renfort d’effets spéciaux, de décors immenses et d’acteurs chevronnés, mais sur le déclin et utilisés à contre-emploi.

    Malgré tout ce qui aurait pu laisser espérer le meilleur, des éléments connotés SF à la superbe musique de John Barry, en passant par la direction artistique assez originale, le Sygnus, ce vaisseau spatial géant, croisement entre Eiffel et le Nostromo d’Alien, le look général du film, sombre à souhait, Elisabéthain, rétro-futuriste et des idées assez folles et marquantes, « The Black Hole » est un désastre artistique sur toute la ligne, suivi d’un bide retentissant au box office mondial.

    Tout y est mou, mal dirigé, filmé comme un épisode de Derrick, avec des acteurs peu motivés par ce qu’ils doivent produire à l’écran. Revoir aujourd’hui ce film relève du coup de l’ascendant de sympathie…

    « The Black Hole » reste désespérément ennuyeux, avec ses dialogues lénifiants et un manque cruel de rythme, de ressort dramatique, cumulant tout ce qu’il ne faut surtout pas faire pour un film de ce genre, mais s’en dégage tout de même un doux parfum de bizarrerie, sans doute lié à la qualité apportée à ses décors inspirés de cathédrales, au grand robot rouge lévitant avec ses bras qui se transforment en hélices meurtrières, aux robots zombies ou aux pupitres d’ordinateurs qu’on croirait dessinés par Bernard Buffet…

    Ce film est comme le grand vaisseau de l’intrigue, un corps massif à la dérive, fantomatique, avec des reflets luisants laissant deviner quelque chose de beaucoup plus beau et d’infini…

     

    [youtube id= »hKYFa9FHEU4″ align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

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    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Hubert Touzot : Photographe dévoreur d’images

     

     

     

  • Le serre-tête à pompons by Hubert

     

     

    Dans ma série de billets d’humeur devenue culte, « Hubert a des p*bip*ains de problèmes dans la vie », je souhaitais aborder aujourd’hui le cas du port de casque audio dans la rue. Vous savez, cet imposant serre-tête à pompons que n’importe qui se doit désormais d’arborer, comme si c’était super cool, et qui au mieux donne à celui qui le porte une vague ressemblance avec un gars des pistes de porte avions ou alors au pire, une sorte de protège-oreilles pour personne hyper frileuse des conduits auditifs.

     

    C’est à dire que si vous n’êtes pas un DJ qui était juste sorti entre deux sets pour remettre des pièces dans l’horodateur, l’utilité intrinsèque de cet objet dans la rue ou dans les champs n’a objectivement pas lieu d’être.

     

    … Et là on me rétorque immédiatement, entre un « rétrograde », un « réac » ou encore un « facho de la coolitude », que nous traversons une époque où le ridicule ne tue plus personne et que, par conséquent, à l’instar des modes et de leurs conséquences sur les effets de masse, avec comme principe « si je saute par la fenêtre, etc… », on peut ainsi sans questionnement aucun imiter une allure empruntée à un look 80’s de ces premiers rappeurs qui s’étaient créé une attitude « street, musicos, pointue et amateur de bons sons ». Pourquoi pas… Il y a quelques semaines, j’évoquais d’ailleurs ici un cas similaire de mimétisme avec le port de la barbe à outrance.

    C’est donc de manière virale, incontrôlable, mais dictée par un inconscient apathique et spongieux que le phénomène s’est installé durablement, ou juste le temps nécessaire pour que des communicants zélés puissent parvenir à essayer de nous faire croire que l’objet en question, en plus d’être parfaitement encombrant, fragile et doué d’une durée de vie toute relative, est tout bonnement indispensable pour écouter La Musique que l’on aime, qui le plus souvent pourtant nous est proposée en format compressé Mp3. Avec ou sans fil, en couleur, parrainé par tel DJ ou rappeur du moment, une majorité silencieuse défile ainsi, écoutant ses playlists favorites.

    Vous vous arrêtez donc deux minutes et vous interrogez sur la tournure que prend ce micro-événement, ce phénomène insignifiant face à tant de problématiques autrement plus préoccupantes… Mais pourtant, comme un effet papillon, tout fait sens et finit par se rejoindre. Que dit en substance ce que nous constatons à chaque vision de ces gens que nous croisons si curieusement couronnés ? « Moi, dans la rue, on ne Me parle pas, on ne M’aborde pas, on Me fout la paix parce que j’écoute Ma Musique, Mon Son ». Ou encore une variante à cette sentence : « Même si Je suis dans la rue, ailleurs, Je fais comme si J’étais chez Moi et je ne change pas Mes habitudes et Mes plaisirs ».

     

    Il y aurait d’ailleurs aussi beaucoup à dire sur la façon de se mouvoir au milieu des autres, d’évoluer dans le décor anonyme, où l’on se rend compte que tout va de concert avec la manière de se comporter vis à vis d’un autre, comme nous.

     

    Muré, entouré par cette barrière auditive et hostile, l’Homo-Erectus, qu’il soit mâle ou femelle, dans l’avant-dernière étape de son évolution ou plutôt de son isolation, souhaite pourtant communiquer avec la terre entière, les oreilles saturées et les yeux plongés dans le bain luminescent de l’écran de sa tablette ou de son téléphone devenu, semblerait-il, la seule source fiable du pourquoi du comment. Ecouter et voir le monde, certes, mais surtout pas si c’est à moins d’un mètre. Quand à l’ultime étape, le stade final, un devenir plausible pour le bipède, ce sont ses pouces qui semblent avoir remplacé ce que l’on appelait jadis le cerveau…

    Ainsi, pour revenir et finir sur le sujet premier de ce billet, lorsque les communicants et autres refourgueurs de choses inutiles auront tari leurs stocks de cache-oreilles, ils proposeront le mieux du mieux, la solution ultime : La Boite En Carton sur la tête avec laquelle vous pourrez choisir vos ambiances, reproduire votre chambre à coucher, votre salon ou pourquoi pas, le confort absolu d’une forme recroquevillée dans l’utérus de votre maman.

    Mais vous n’êtes pas obligés de me croire…

     

     

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    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Dévoreur Hubertouzot

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Hubert Touzot : Photographe dévoreur d’images

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Beats, Marshall… Le succès du casque audio décrypté

     

     

     

  • The Skateboarding Globetrotter 2

     

     

    Quoi de plus représentatif de la cité que le skateboard… Et quand de surcroît c’est fait avec humour et autodérision, c’est encore mieux. 

     

    A l’instar de Rodney Mullen qui posa dans les années 80 les bases du Street, Kyle Matthew Hamilton, vendeur chez Shut Skateboards à New York et amoureux de la planche à roulettes, réalise depuis 2013 une série de vidéos intitulée The Skateboarding Globetrotter, où il enchaîne manuals, slides et autres hand flips dans divers lieux de New York.

    Après nous avoir livré le premier volet de « The Skateboarding Globetrotter » en 2013, Kyle Matthew Hamilton était de retour l’année suivante avec le second opus de ses aventures, « The Skateboarding Globetrotter II », on s’en serait un peu douté… Quant au choix de la pièce « Ainsi parlait Zarathoustra » de Richard Strauss, qui ouvrait le film 2001 : l’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick, il n’est probablement pas anodin, tant Hamilton semble vouloir mettre ses pérégrinations au coeur d’un espace immense : la ville…

    Et ça n’est pas la tenue intégrale des Knicks de New York arborée par Kyle Matthew Hamilton qui gâchera notre plaisir à suivre ses aventures, car le désuet de sa panoplie n’occulte en rien ses indéniables qualités de freestyler.

     

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    Et en prime, enchaînons sur les épisodes I et III.

     

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    [arve url= »https://vimeo.com/147779821″ align= »center » title= »The Skateboarding Globetrotter III » description= »Kyle Matthew Hamilton » maxwidth= »900″ /]

     

     

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    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Kyle Matthew Hamilton

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Shut NYC

     

     

     

  • Tim Burton ou la lente dégringolade…

     

     

    C’est avec « Pee-Wee Big Adventure », sorti en 1985, que Tim Burton propose clairement en un premier film ses propres fondamentaux, avec cette lecture déviante de l’enfance, cette appréhension du monde, ce point de vue si totalement opposé à ce que Disney ou l’imagerie populaire de l’époque pouvait offrir au monde comme illustration niaiseuse et obsolète. 

     

    Avec des délais respectés et un budget serré, ce film qui est une commande du Studio Warner à la gloire de son acteur principal, Paul Reubens, est un énorme succès. « Pee-Wee Big Adventure » ouvre donc les portes des grands studios à Tim Burton, qui va avoir durant cette période encore sereine carte blanche quant à ses projets en tous genres, et plus généralement sur tout ce qu’il décidera d’entreprendre, avec bien-sûr comme seule règle de cartonner au box office.

    « Beetlejuice », son deuxième film, qui cette fois épouse complètement l’esprit Burtonien, est de nouveau un succès qui accentue davantage encore l’univers très marqué du réalisateur. Vient ensuite « Edward Scissorhands », son chef d’oeuvre et autre gros succès planétaire. L’univers gothique et post-punk de Tim Burton séduit le monde, qui voit en lui un poète facile d’accès parlant des monstres, des « Freaks », comme des êtres doués d’amour et de douceur face à un monde carcan et rose, où la beauté plastique est le nouvel angle du matérialisme et du consumérisme.

    Puis on offre à ce tout jeune réalisateur la chance de porter à l’écran l’une des icône de la pop-culture Américaine : « Batman ». Choix hasardeux, choix curieux, mais pourtant vrai coup artistique… Le film divise, le film scandalise, mais le film plaît… En tout cas, c’est un énorme triomphe partout dans le monde. Tim Burton devient lui-même une star, avec son univers si singulier, si « Burtonien ». Trois ans plus tard, il lui offrira une suite, « Batman Return », meilleur encore que le premier opus, et nouveau triomphe au box office.

    « L’étrange Noël de Monsieur Jack » sera l’apothéose de la carrière de Tim Burton, avec au générique son comparse le compositeur Danny Elfman, qui lui offrira sa B.O. la plus réussie pour une comédie musicale, point d’orgue ajouté à l’univers du réalisateur qui sans que personne ne le sache achevait avec ce film son adolescence. Oui, on est bien là au sommet de la montagne…

    « Ed Wood », douce et mélancolique variation sur un cinéma des rêveurs, des laissés pour compte de la passion, sera son dernier grand film. Suivra ensuite « Mars Attacks! », au goût du cynisme douceret et de l’aspartame. Ce film constitue aussi une réponse amusée et « Arty » à l’encombrant « Independance Day » de Roland Emmerich sorti la même année (1996).

    « Sleepy Hollow » enfonce le clou mais on reste avec l’impression étrange que ce n’est plus Tim Burton qui réalise, mais un ultra-fan du réalisateur qui tenterait de le copier. Tout y est, pourtant : les clins d’oeil à Mario Bava, les ambiances à la Edgar Poe, le cinéma de genre, les afféteries, le grandiloquent… Il lui manque pourtant quelque chose d’indéfinissable. On a affaire à un film appliqué, sans défaut artistique majeur, mais qui ne passionne pas plus que cela.

    Rétrospectivement, ces deux films sont pourtant à porter au crédit de Tim Burton, tant le pire est encore à venir. La dégringolade n’en finit plus et la pente semble cette fois-ci plus longue que sur l’autre versant.

    Arrive donc l’horrible remake de « La Planète Des Singes ». Les fans de la première heure ne comprennent pas ce qui se passe. Mais le couperet tombera avec « Big Fish », ou comment Tim Burton dit exactement le contraire du discours qu’il tenait avec ses premiers films.

    Avec « Charlie et la Chocolaterie », on se prend cependant à espérer, car même si les numéros musicaux ainsi que l’ensemble de la direction artistique sont hideux, des éléments nous renvoient pourtant aux premiers films du réalisateur, peut-être aussi grâce à Johnny Deep et cet étrange personnage qu’il campe, croisement improbable entre Michael Jackson qui détesterait les enfants et un présentateur de télé pour mouflets gavés de sucreries devenu hystérique…

    « Sweeney Todd » suscite la même impression. Cette comédie musicale propose des chansons à mourir d’ennui, est extrêmement mal mise en scène, et pourtant elle retrouve par moment la fibre même de l’esprit Burton. Sombre, ironique, ricanante mais mélancolique…

    A l’annonce du projet « Alice au Pays des Merveilles », on n’attendait plus grand chose, à vrai dire, tant le sujet en lui-même était une évidence. Et effectivement, le film n’a plus rien à voir avec une production dont Tim Burton serait l’auteur. Le début est pourtant assez réussi, avec notamment le passage du monde réel au monde merveilleux. Quelque chose est suspendu, on prend son temps et l’héroïne semble incarnée. On y croit. On veut y croire…

    Mais une fois Alice perdue dans ce monde « magique », l’ennui est hélas de nouveau au rendez-vous. Tout pratiquement est filmé en image de synthèse, mais autant chez Cameron, ces image 3D proposent un monde que l’on croit vrai et enchanteur, autant ici, on frise l’indigence, tant l’imagination de Burton est devenue anémique. Tout y est laid et triste. Ces couleurs saturées semblent avoir comme unique fonction la liaison avec les décors pour les futures attractions des parcs à thème Disney.

    L’histoire n’a aucun intérêt et les péripéties sont laborieuses et molles. On peut de temps à autre apprécier un élément, un mot, un personnage que l’on trouve intéressant, puis on se rappelle que c’est Tim Burton qui est aux manettes de l’entreprise, celui qui était capable de tout métamorphoser et qui n’avait pas besoin de se rendre dans un monde magique ou merveilleux pour justement nous faire croire au merveilleux.

    Cette rencontre entre l’univers de Lewis Carroll et Burton fait donc « pschitt », comme un pet de mouche… Et soudain on se souvient que Burton avait quitté Disney, ou plutôt c’est la firme qui l’avait remercié pour incompatibilité de goût et de style. Plus de vingt ans plus tard, finalement, Tim Burton revient au bercail, mais cette fois-ci plus comme un ado rebelle mais comme un réalisateur quinqua qui se sert juste d’une marque, d’un nom, d’une étiquette.

    Tim Burton n’a plus rien à nous raconter et ne semble dorénavant recycler indéfiniment son univers que par souci de rester dans un inconscient collectif. Un univers pictural qui en soi déjà revisitait tout un pan cinématographique et littéraire fantastique et science-fictionnel des années 50 et 60, passé par son prisme pour être proposé au plus grand nombre, comme la visite d’un grenier merveilleux.

    Ces impressions de déjà-vu, ces univers qui nous semblaient familiers, commençaient cependant dès « Sleepy Hollow » à ne plus évoquer grand chose dans notre propre imaginaire. Tim Burton a ouvert sa boutique de « goodies »… Et que ce soit le barbier sanguinaire, la fabrique de chocolat ou le monde hideux de cette Alice chimique, tout ressemble désormais à des parcs d’attractions, nous ressassant inlassablement les mêmes bonnes vieilles recettes.

    Désormais, cette saveur synthétique qui a remplacé le goût de l’étrange et du bizarre est telle que l’on se dit que c’est un fan absolu du réalisateur de Pee Wee qui tente de copier le style Burton sans jamais vraiment parvenir à donner une vision cohérente à ces nouveaux spectacles. Les projets se suivent, mais n’ont plus cette magie qui caractérisait tant « Edward aux mains d’argent », « Batman Return » ou « Beetlejuice ».

    Vient ensuite « Dark Shadows », un film qui n’a plus que la peau sur les os. Exsangue, sans inspiration, sans souffle, fatigué, et qui malgré tout l’arsenal mis à la disposition de la production (effet spéciaux, décors, lumières, casting) ne changera jamais rien à ce naufrage de plus. Avec cette relecture d’une série 70’s américaine moisie alliée à la thématique du vampire que Burton n’avait jamais vraiment affronté, on assiste à toute une première partie plutôt agréable. On est content également de constater que le film n’emprunte pas trop au style comédie décalée que l’on essayait de nous vendre dans la bande-annonce.

    On pense très vite aussi au cinéma de Wes Anderson. Etrange impression, tant le style indolent de la mise en scène, la présentation de chacun des personnages et des standards 70’s éculés, fait que cette nouvelle production de Tim Burton laisse présager un film tout entier construit sur ce genre tragi-burlesque, mélancolique et précieux, avec cette famille vivant sa malédiction avec dignité, renoncement et une classe divine. Il n’en sera rien, pourtant… Le scénario va s’empêtrer dans des fausses pistes qui ne mènent à rien. Burton nous laisse penser que l’on va assister à une folle histoire d’amour et en fin de compte, il s’amuse à peine lui-même de ses figures qu’il a sorties pour l’occasion de sa malle à jouets. Ce que l’on croyait indolent est en fait mou. Johnny Depp ne passionne guère en essayant de réinventer un vampire, sorte de composite de figures surannées. Le film offre pourtant encore de bien belles choses sur le plan des trouvailles visuelles. Mais à quoi bon, puisque l’histoire ne nous transporte jamais. Tout est étirée comme du chewing gum mâché qui a perdu depuis des lustres sa saveur.

    Est-ce que Tim Burton peut réellement se réinventer, se renouveler, partir sur autre chose, exploiter un autre filon que celui qu’il a asséché depuis maintenant dix ans ?

    « Big Eyes » sorti en 2014 essaie effectivement de remettre tout à plat, avec cette histoire de faussaire, d’identité usurpée, de peintre des années 50 ringarde. Oui, Burton tente de nous refaire du « Ed Wood ». Mais non, en fait… Le film ressemble à un téléfilm indolent et poli traitant d’un sujet dont on se contrefiche comme de notre dernière crotte oubliée au fond d’une cuvette. Alors dire qu’en 2016, nous attendions avec impatience son adaptation au cinéma du roman de Ransom Riggs, « Miss Peregrine et Les Enfants Particuliers », eut été mentir, quelque part…

    Mais après tout, six films mémorables dont deux chefs d’œuvre, c’est déjà pas si mal dans une filmographie…

     

     

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    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Hubert Touzot : Photographe dévoreur d’images

     

     

     

  • La Trottinette by Hubert

     

     

    Dans la série désormais célèbre « Hubert a des P*bip*ains de problèmes dans la vie », aujourd’hui : La Trottinette.

     

    Je trottine, tu trottines… Nous trottinons… Ils trottinette(nt)…

    C’est en 1916 qu’un brevet est déposé par un inventeur américain du nom d’Arthur Hugo Cecil Gibson, que le constructeur allemand Krupp reprendra à son compte pour produire cet engin en version motorisée de 1919 à 1922. En 1967, Roland Puisset réalise les premières esquisses de ce qui deviendra quarante ans plus tard la trottinette électrique.

    Voilà pour l’histoire…

     

     

     

    Ce petit bidule à roulettes, donc, jusqu’à un présent aléatoire, a toujours été l’apanage des enfants (de 3 à 11 ans… 12… Allez, 13, mais n’y revenez pas…). Avec cette technique consistant à déambuler en se servant du pied pour s’élancer et se propulser sur quelques mètres, l’enfant avait son propre moyen de locomotion, sa manière à lui de signifier à ses parents une certaine autonomie.

    La trottinette ou un bon compromis, avant de passer à la bicyclette, puis au Solex et un jour à la voiture, ultime symbole de liberté mais aussi de fierté masculine… Un phallus à moteur, en quelque sorte.

     

    Mais alors, qu’est-il arrivé, au juste ? Comment est-on parti de la voiture, de la moto ou du vélo, pour se rabougrir à ce point et finir par s’enticher de ce moyen de locomotion aussi désuet que tartignole ?

     

    Sans l’ombre d’un doute, sans un quelconque questionnement philosophique (être ou ne pas être naze…), l’homo Erectus de nos grandes cités, débarrassé de toute dignité et de toutes valeurs intrinsèques, a opté pour le ridicule qui ne tue pas… mais qui ridiculise, en fait.

    Il est cependant vrai que cette atrophie subite du bulbe rachidien se remarque surtout dans les grandes villes. A la campagne, par exemple, on ne verra jamais un cultivateur se rendre à son champ ou à sa grange le matin au chant du coq avec cette, ce… truc… non, non.

    L’émergence (voire le tsunami…) de cette planche à roulettes munie d’un guidon tient aussi sûrement de la boboïsation manifeste (autre grand fléau de nos société occidentales) de nos us et coutumes, avec comme maître-mot de toujours paraître « coooool », « sympaaaaaa » et hyper, super, hyper… Super… Sup… Tout ça, quoi…

    C’est avec les prises de conscience actuelles, de l’écologie au pain au chocolat plutôt que la Chocolatine, en passant par Netflix ou le smoothie, tout cela mélangé au blender chauffant dans les cerveaux de tous ces métro-sexuels barbus en veste trop courte Zadig et Voltaire ou Sandro, et spécialistes en professions liées au digital, que la décision fût prise.

    Voyez-les passer sous votre nez partout dans la rue, sur les pistes cyclables ou autres trottoirs, droits comme des I, fiers comme Artaban, le regard hiératique chaussé de lunettes Tom Ford… Contemplez-les ainsi dans leurs vies, vaquer à leurs activités quotidiennes, toujours entre deux rendez-vous.

    C’est là qu’une petite voix intérieure me chuchote : « napalm, cocktail Molotov, grenade à fragmentation ou juste quelques petites billes… ? ». Non, je dois prendre sur moi et remballer mes pulsions homicides fatwaïesques…

    Aujourd’hui, donc, la trottinette est devenue électrique. Elle se loue, même. Une démocratisation de l’ineptie, comme un besoin collectif de se sentir moins con, puisque tout le monde le fait.

    Vivement l’évolution ultime de ce moyen de transport, avec comme prochaine étape la trottinette collective… Euh… En fait, la brouette… mais électrique.

    Et vous n’êtes pas obligés de me croire…

     

     

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    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Hubert Touzot : Photographe dévoreur d’images

     

     

     

  • Björk réédite toute sa discographie en cassettes

     

     

    Le 26 avril prochain, l’artiste islandaise Björk va ressortir ses albums mythiques au format cassette, en édition limitée couleur.

     

    La nouvelle ravira les fans inconditionnels de l’iconique Islandaise : Björk a annoncé sur son compte Twitter qu’elle allait rééditer l’ensemble de ses albums studio – hormis son premier essai éponyme, sorti à l’âge de 12 ans – en cassettes. Les mythiques opus « Debut », « Post », « Homogenic », « Vespertine », « Medúlla », « Volta », « Biophilia », « Vulnicura » et « Utopia », déclinés sur ce format à travers une gamme multicolore, seront ainsi disponibles à partir du 26 avril.

     

     

     

    Les cassettes peuvent d’ores et déjà être précommandées, individuellement au tarif de £8.99 (environ 10,50€) et en coffret pour £69.99 (81,50€), sur le shop de One Little Indian Records. Cette annonce fait suite à celle, publiée une semaine auparavant, de la création de tee-shirts vintage à l’effigie de la chanteuse. Ces derniers seront quant à eux disponibles dès le 12 avril prochain.

     

     

     

    Björk présentera sa nouvelle performance live, mêlant musique acoustique et digitale, ce printemps à Manhattan, pour le collectif The Shed.

     

    Source : Gil Colinmaire pour Trax

    Photo à la Une © D.R

     

     

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  • Ça C’est du Rock Ep. #01 : « Satisfaction, cinq notes qui ont ébranlé le monde »

     

     

    Découvrez la toute première chronique vidéo de la chaîne YouTube « Ça C’est du Rock », intitulée « Cinq notes qui ont ébranlé le monde, Satisfaction des Rolling Stones », qui nous replonge en 1965, lorsque que « Satisfaction » des Rolling Stones passe du statut de son de l’été à véritable hymne musical de toute une génération…

     

     

     

    « L’histoire du rock, de ses origines, au milieu des années 50, à nos jours, n’a cessé d’apporter à chacun de ses moments-clefs une brique de plus à l’édifice imposant qui était en train de se construire. »

     

    Dans cet épisode #01 de la saga « Ça C’est du Rock », Jo Valens revient sur « l’une de ces petites histoires qui font la grande ». En 1965, « Satisfaction » est le premier single des Stones à s’immiscer à la première place des Charts anglais et américains, et devient vite le son de l’été 65…

     

     

     

    « Keith Richards est obsédé par cette phrase à double négation tirée du Thirty Days de Chuck Berry. »

     

    Tandis que les Beatles finissent d’enregistrer leur album « Help » et n’ont toujours pas sorti de titre réellement contestataire comme ils le feront par la suite, « Satisfaction », quant à elle, devient la chanson la plus subversive de son temps et sera même considérée comme le symbole d’une jeunesse américaine désabusée et enrôlée dans les guerres de ses aînés.

    La puissance de « Satisfaction » réside en seulement trois petites notes de guitare, mais quelles notes ! Trois accords de génie repris dans tous les styles, à tous les tempos, dans tous les pays et depuis plus de 50 ans. Ce sont les notes les plus célèbres du monde…

     

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  • Michael Haneke, l’imposteur

     

     

    Michael Haneke entretient depuis ses débuts au cinéma une certaine aura faite de mystère, de froideur et de sérénité.

     

    Cette « pose », qui est aussi la marque de fabrique des oeuvres de Michael Haneke, divise toujours autant tout en traçant ainsi une ligne droite. Il y a d’un côté les admirateurs ébahis qui voudraient se reconnaître dans cette idée, cette façon de conceptualiser notre époque, notre société. Et puis quelques détracteurs dont je fais partie qui détestent aussi bien le personnage que ce qu’il veut nous dire, avec ce regard porté sur ses congénères, s’exprimant toujours de façon clinique et détachée.

    L’empathie et tout autre sentiment lié à l’affect semblent dégoûter celui qui voue un culte à la musique de Schubert et au metteur en scène Ingmar Bergman. Il en résulte donc un cinéma froid, austère, sévère mais aussi, paradoxalement, avec ce goût prononcé pour les « effets » et les « chocs » que cela provoque. Autant de dissonances qui ponctuent ses créations… Haneke voudrait réinventer le cinéma et s’en servir comme outil de réflexion, tout en piochant dans ce qu’il y a de plus trivial, de plus facile, dans la façon de raconter une histoire.

    Cela donne une filmographie à la pédagogie du chaos savamment entretenue par un réalisateur-professeur dont les films, tels des livrets, doivent finir par constituer une bibliothèque entière. Il a commencé par nous enseigner la violence du monde et de notre civilisation avec « Le 7ème Continent » ou « Benny’s Video » et bien-sûr le traumatisant comme tout aussi vain « Funny Games ». Il a continué à vouloir explorer cette thématique en cherchant dans le passé avec « Caché » et « Le Ruban Blanc », ou encore avec l’uchronie science-fictionnelle « Le Temps du Loup », et toujours ce questionnement sur l’origine du mal, ses fondements et ses causes.

    Pari louable, certes, sauf que ce thème est sans doute celui le plus utilisé dans l’histoire du cinéma et par extension sur tous autres supports confondus. Un thème donc que Michael Haneke pense redéfinir en balayant tout ce qui aurait pu être écrit, peint ou filmé à ce sujet, en nous assénant sa dialectique façon « leçon de chose ». Pour chacun de ses nouveaux films, il est à noter que s’il garde toujours ce sérieux à lunettes inaltérable, il ne parle en fait jamais de ses films avec un discours qui le définirait comme réalisateur. Ce qui en dit long sur ses accointances avec le cinéma comme art et forme.

    Il évoque au contraire chacun de ses films tel un universitaire sûr de lui, qui rentre dans l’hémicycle tout en toisant son auditoire, avec déjà à la bouche deux ou trois arguments-chocs à lui servir. On se souvient par exemple qu’avec « Caché », c’est sur les plates-bandes de David Lynch qu’il essuyait impunément ses semelles crottées, avec un début de film en tous points identique à celui de « Lost Highway ». Il n’hésitait donc pas à plagier Lynch avec un dispositif hors sujet, pour mieux exposer ensuite le vrai projet de son film. Avec « Le Ruban Blanc », il badigeonne à l’excès son film d’une photographie ultra léchée en noir et blanc, pour essayer de donner à l’ensemble une facture de classique instantanée.

    Lassé un temps de théoriser en boucle sur ce sujet, Michael Haneke décide finalement d’aborder un autre grand thème universel, L’Amour. 2h07 pour nous exprimer la vieillesse, la déchéance, la mort… Mais « Amour » aussi parce que c’est le titre de son film, justement, et qu’il s’agit de Jean-Louis Trintignant et d’Emmanuelle Riva.

    Michael Haneke qui porte donc une barbe et qui aime tant la musique de Schubert (mais pas dans ses génériques de film, non, après…), n’aime en revanche pas trop la rigolade. Ce qu’il affectionne surtout, à part Schubert, c’est ce qui est clinique, formel et froid. Il aime montrer en longs plans séquences des choses sans intérêt, des tunnels de dialogues filmés en plans fixes et récités par des acteurs hagards.

    Pas de doute, Ingmar Bergman, le réalisateur de « Cris et Chuchotements » est bien le modèle absolu à suivre pour Michael Haneke, et après tout, la Suède et l’Autriche peuvent parfois avoir des similitudes quant à la façon de ressentir le monde, une distance, une ironie à froid. L’Autrichien se dit que le Suédois a su par exemple parler de la mort et de l’amour si souvent, de la maladie ou de la souffrance, tout en ne montrant rien. Mais Haneke croyait qu’il ne montrait rien…

    Car chez Bergman, il y a un tel travail d’écriture que ce qui semble si dépouillé est en fait une économie d’effet et d’affect. Bergman, homme de théâtre, préfèrera exprimer au cinéma ce qu’il ne pouvait pas montrer sur des planches. A savoir les extérieurs, les sensations des éléments rattachés au temps, aux ambiances changeantes, les lumières… Haneke, quant à lui, dans une recherche systématique visant à ne jamais paraître aimable, confond la forme et le fond. A l’image de ce grand rien dans son film « Amour », le décor principal, cet appartement, ce vide qu’il fait photographier pourtant par un grand chef opérateur, pensant gagner en force. Bergman, Pialat ont fait des films dont la lumière était sublime, certes, mais il y a tout le reste aussi.

    « Amour », par son sujet, rappelle un autre film sur la vieillesse et son inéluctable finalité, « Le Chat » de Pierre Granier-Deferre, qui lui aussi parlait de la fin, de déchirement mais surtout « d’amour ». Un couple qui ne s’adressait plus la parole et dont le seul lien était un chat. Un huit-clos dans une maison de banlieue. Le film brassait exactement les mêmes thématiques, mais avec beaucoup plus d’ambition, par souci surtout de ne pas ennuyer le spectateur. Cette idée sans doute jugée « vulgaire » par Haneke le maître, que de vouloir trop raconter, trop étoffer son sujet, créer une intrigue, une histoire.

    Non, pour Haneke, c’est tellement mieux s’il n’y a pas d’histoire, s’il n’y a rien… Un appartement, deux acteurs, une belle photographie et rien d’autre. Alors oui, la forme, le traitement du film de Granier-Deferre, était sans doute moins austère, moins janséniste et donc plus commercial, plus facile mais au moins, « Le Chat » portait une intention, une idée. Il exprimait beaucoup sur la mort en racontant la vie. « Amour » (que ce titre est pompeux, prétentieux et que ce mot passé dans le vocabulaire de Haneke peut devenir intolérable, glacial, déplacé et vain…), quant à lui, n’exprime rien d’autre que ce que nous redoutons déjà sur notre condition. La fin de notre vie comme un long désenchantement.

    Ainsi, retirez tous les artifices, tout cet arsenal dont aime dernièrement s’équiper Haneke pour ses films, à savoir le casting hype, la direction artistique (Darius Khondji) et bien d’autres noms encore prestigieux de la fiche technique, enlevez aussi Schubert (ah ben tiens, y avait longtemps…), et il ne reste plus rien ou une interminable logorrhée filmique amoncelant les lieux communs et les redondances.

    Le seul de ses films avec peut-être un semblant d’idée, une progression et où bizarrement, mais sans doute involontairement, on peut rire, c’est « La Pianiste ». Tout un film sur Schubert, en plus, le rêve, mais aussi les vicissitudes d’une professeur de piano ne sachant pas exprimer ses sentiments autrement que par des pratiques sadomasochistes. Un film donc assez amusant, mais qui ne ressemble en rien à ce que le professeur en tweed a l’habitude de nous imposer. C’est d’ailleurs ce film précisément qui aurait pu hériter du titre « Amour ». Le temps d’un film, Haneke arrive à mettre de côté ses manies habituelles et pétrit à pleine main son matériau.

    Pour parler de cette femme, professeur de Musique, obnubilée elle aussi par Schubert et prisonnière de ses névroses, Haneke dépeint un univers qui s’articule tout autour de son interprète principale, Isabelle Huppert. C’est à un travail d’anthropologiste que fait référence ce film, tant on peut scruter cette femme en péril, au plus près, guettant ainsi le moindre détail. Cette façon immersive de coller à son personnage, de filmer une nuque, une paume, un geste, détonne et finalement crée la tant redoutée empathie. On devient les observateurs muets face à cet être qui se débat dans son glissement vers les abymes.

    On comprend finalement sa façon d’agir, d’essayer de se raccrocher, de tenir et de surtout vouloir communiquer. Le film est bouleversant car il dépeint admirablement cette cruauté larvée, recroquevillée en chacun de nous et épiant le moindre faux pas de l’autre. Des êtres solitaires, malheureux qui ne savent plus sourire, c’est cela dont parle ce film. Aussi malheureuse que forcément méchante, Erika (Huppert) rêve de l’amour comme la solution, un médicament qui la soulagerait puis lui décollerait toute cette souffrance.

    C’est un film forcément insoutenable pour beaucoup mais presque drôle aussi pour d’autres. Outre le personnage de la mère joué par Annie Girardot, une sorte de copie épouvantable d’Erika, une affliction sur jambes, personnage oscillant entre stupidité et résignation et qui provoque souvent de l’amusement, le film n’est pas aussi pesant qu’il laisserait paraître. Michael Hanneke semble en tout cas avoir réalisé son film le plus évident, le plus romanesque et, c’est une gageure, le plus tendre aussi.

    Ainsi, tout au long de sa « carrière »,  l’Autrichien calviniste a tenté d’exprimer son aversion pour la race humaine, mais n’a cependant jamais su faire autre chose que singer d’illustres modèles dont les films étaient avant tout des oeuvres faites et pensées pour le cinéma, et non pas des pensums mortifères que l’on étudierait comme des traités de philosophie. Toujours est-il qu’entre l’annonce faite de chacun de ses nouveaux films, les affichages et les acclamations postillonnantes d’un public acquis, il y a tromperie sur la marchandise.

    Pourvu que ça dure…

     

     

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    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Dévoreur Hubertouzot

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Hubert Touzot : Photographe dévoreur d’images

     

     

     

  • Soundbreaking : La grande aventure de la musique enregistrée (6/6)

     

     

    Enregistrer la musique : une passionnante aventure artistique et technologique de plus d’un siècle dont Soundbreaking raconte en six heures les plus belles pages, avec la participation de tous les grands noms de la musique populaire et sur une bande-son d’anthologie.

     

    Passionnante aventure artistique et technologique, la mise au point de l’enregistrement de la musique s’est déroulée sur plus d’un siècle.

    Avènement du multipistes, rôle du producteur, rendu de la voix, révolution numérique… Sur une bande-son d’anthologie, « Soundbreaking » (titre qui joue sur les mots « sound » et « groundbreaking », en français « révolutionnaire » ou « novateur ») raconte les plus belles pages de cette épopée, avec la participation de grands noms de la musique, d’Elton John à Catherine Ringer, de Christina Aguilera à Annie Lennox, de Tony Visconti, le producteur de David Bowie, à Nigel Godrich, celui de Radiohead.

    Diffusée en novembre 2016 sur la chaîne américaine PBS, la passionnante série documentaire française « Soundbreaking » rend donc hommage aux grands producteurs et autres hommes de l’ombre des studios d’enregistrement. Arte proposait en février 2017 les épisodes de cette fascinante saga comprenant des entretiens avec plus de 150 musiciens et artistes, dont Nile Rodgers, Quincy Jones, Questlove, Jimmy Jam et Chuck D. et de nombreuses images d’archives. Dans le premier épisode d’une série de six rendez-vous de 52 minutes, Stevie Wonder est également salué en compagnie de ses producteurs Malcolm Cecil et Bob Margouleff, co-auteur des révolutionnaires « Talking Book » et « Innervisions ».

    En six épisodes, « Soundbreaking » retrace ainsi la formidable épopée artistique et technologique de la musique.

     

    Soundbreaking – La grande aventure de la musique enregistrée (6/6)

     

    La technique du sampling, qui consiste à prélever un échantillon d’une composition musicale pour l’insérer dans une nouvelle, souvent en boucle, représente certainement le plus grand bouleversement qu’ait connu la musique ces quarante dernières années.

    Présent dans le dub jamaïcain, le funk et le disco, le sampling est d’abord l’œuvre des musiciens de hip-hop. Acteurs majeurs de cette révolution, Afrika Bambaataa, Darryl McDaniels, Run-D.M.C., Chuck D, Public Enemy, Adam Horovitz, Beastie Boys, RZA, Wu-Tang Clan, ou encore Akhenaton défendent ici cette pratique, presque impossible aujourd’hui, l’industrie musicale la considérant comme du vol. Pourtant, au-delà du hip-hop, d’autres artistes la plébiscitent, comme Jean-Michel Jarre ou Moby, qui témoignent également.

     

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    Fiche Technique :

    Auteurs : Maro Chermayeff,  Romain Pieri
    Réalisation : Christine Le Goff
    Producteurs : Ma Drogue A Moi, Show Of Force
    Coproducteur : ARTE France

     

     

     

  • Green Book, l’éternelle culpabilité

     

    L’Amérique a toujours eu une police avec la gâchette quelque peu facile lorsqu’elle voit un homme noir dans sa ligne de mire… Et elle pratique également assidument cette autre religion qui se nomme « Hollywood ». Quel est donc le dénominateur commun entre ces deux institutions ?

     

    Hollywood peut vous confectionner sur mesure, en prévision de la prochaine cérémonie des Oscars, des films dans lesquels on dénonce le racisme culturel ambiant, qui remonte déjà à l’époque de la sécession et des champs de coton, mais qui semble toujours autant d’actualité en 2019.

    Car cette aversion qu’ont beaucoup d’Américains pour leurs compatriotes dits « de couleur » est toujours aussi prégnante et a encore de beaux jours devant elle…

    Alors, tous les deux ans, un film traitant de ce sujet va désormais recevoir la statuette la plus convoitée du cinéma international, sous les applaudissements humides d’un public d’happy few qui ont probablement tous voté pour Barak Obama et Hillary Clinton aux dernières élections présidentielles américaines…

    A l’aune de cette réalité, le film « Green Book : Sur les routes du Sud  » n’est pas un mauvais film. Il coche d’ailleurs toutes les cases des situations qu’il faut imposer à un public en plein sevrage, entre une Marvellerie et une comédie romantique faussement irrévérencieuse. Tout est une question de timing…

    Avec « Green Book », on a donc affaire au film parfait, puisqu’il manie à la perfection plusieurs genres, du film dossier à la comédie, en passant par le body movie. Nous aurions pu citer aussi le road movie, autre grand thème cher au cinéma américain. On saupoudre enfin l’histoire (attention spoiler…) d’un peu d’homosexualité et clac, L’affaire est dans le sac !

    Le scénario est bien ficelé, les acteurs sont parfaits. La réalisation est léchée et le tout baigne dans une lumière qui fera très années 60 (jaune, nostalgie, jolie campagne du sud).

    Sans oublier évidemment la caution indispensable, « tiré d’une histoire vraie », deux personnages principaux antagonistes qui finiront copains comme cochons et un final digne d’un film de Frank Capra.

    Rien ne nous sera épargné… Balisé de bout en bout, « Green Book » de Peter Farelly, qui dans d’autres temps nous avait régalé avec des comédies géniales (« Dumb and Dumber », « Mary à Tout Prix »…), propose le film corporate ultime, propre et lisse.

    On ne peut qu’être d’accord avec tout ce qui y est raconté, bien-sûr, mais à quoi bon… Car est-ce cela, le cinéma en 2019 ? Un cours de civisme…

    Traiter du racisme ou de l’homosexualité aurait peut-être davantage sa place à l’école, pour commencer. Inculquer à tous ces godets d’adolescents les fondamentaux, qui ne sont d’évidence pas relayés par des parents américains en panne d’éducation.

    « Green Book », à part brosser les spectateurs dans le sens du poil, n’offre malheureusement pas grand chose d’autre. C’est un film inoffensif, poli mais creux.

    Ah, chère Amérique, pays des libertés, des paradoxes et de l’éternelle culpabilité…

     

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    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Dévoreur Hubertouzot

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Hubert Touzot : Photographe dévoreur d’images