Catégorie : Vos Articles

  • Salon de la Métamorphose des Matériaux 2015 (12ème Edition)

     

     

    La Halle des Blancs Manteaux est un ancien marché couvert du XIXème siècle, devenu en 1992 un espace d’animation appartenant à la mairie du 4ème Arrondissement de Paris. D’abord demeure privée du gouverneur militaire de Paris, le marquis François d’O, au XVIème siècle, puis racheté par des religieuses en 1656 et transformé en hospice pour les pauvres, l’ancien hôtel particulier fut acquis en 1811 par la ville de Paris, par décret sur ordre de l’empereur Napoléon.

    Depuis 20 ans, cette halle est un lieu d’art qui accueille de nombreuses expositions. C’est au cœur du Marais que durant 15 jours, 60 artistes peintres, sculpteurs, photographes et designers vont exposer leurs créations sur le thème du recyclage de matériaux. Ainsi, le Salon de la Métamorphose des Matériaux est devenu en douze éditions le rendez-vous incontournable des vacances de Noël. Les créateurs récupèrent, détournent, transforment et osent. Les réalisations sont à la fois originales, innovantes, curieuses et surprenantes. Toutes débordent d’imagination : lampes, sculptures de vieux papiers, détournement du métal, les artistes rivalisent de créativité.

    Jean-Michel Bliard est l’un d’eux. Sculpteur multi-matériaux et artiste plasticien, il crée des meubles design contemporains, comme cette armoire-console « Dolmen Gold » en aluminium poli et laque lapilazulli. D’abord peintre, puis restaurateur de vieilles voitures de sport de collection durant quinze ans, il se lance en 2005 dans l’aventure de la création de mobilier. Lauréat du Prix de la Relève en 2006 et 2008 par les Ateliers d’Arts de France qui récompense les artisans d’art en début de carrière, Jean-Michel Bliard est considéré aujourd’hui comme un prodige des métiers d’art.

     

    QUAND

    ✓ 21 Dec 2015 – 03 Jan 2016 – Entrée libre et gratuite
    ✓ Ouverture à 18h le 21 décembre : vernissage de 18h à 22h
    ✓ Ouverture tous les jours à partir du 22/12/15 mêmes les 25/12/15 et 01/01/16 de 11h à 20h

    Halle des Blancs Manteaux
    48 rue Vieille du Temple
    Paris,  75004
    France

     

     

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] La Métamorphose 2015

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Jean-Michel Bliard

     

     

     

  • Oscars 2016 : Episode 1

     

     

    La France sera représentée aux Oscars 2016 dans la catégorie « Meilleur film en langue étrangère » par « Mustang » (2015), réalisé Deniz Gamze Ergüven en turc. L’histoire de cinq sœurs assignées à résidence par leur famille dans l’attente d’un mariage forcé pour avoir joué avec des garçons sur le chemin de l’école. Encensé par la critique et le public, avec 440.000 entrées depuis sa sortie, prix du meilleur scénario à Stockholm, nommé aux Golden Globes, ce film présenté à Cannes a été choisi par la France pour la représenter après que la Turquie ait opté pour « Sivas » de Kaan Müdjeci, Prix Spécial du Jury au Festival de Venise. L’histoire d’un jeune garçon et de son chien, Sivas, accidentellement blessé.

    Cinq films seulement seront nommés et à ce jour (21 décembre) encore neuf sont en compétition sur un total de 80 en début de parcours. Une belle réussite pour la réalisatrice franco-turque dont c’est là le tout premier film. Mais il faudra attendre le 14 janvier 2016 pour connaître la sélection officielle. Pour rappel, 70 films ou personnalités françaises ont été distingués en 87 éditions. Depuis 1957, chaque pays envoie un film qui le représente. Il y eut « Jeux interdits » de René Clément en 1953, « Mon Oncle » de Jacques Tati en 1959, puis Truffaut, Demy, Clouzot, Lelouch, Rohmer, Leconte, Jeunet et plus proche de nous Haneke, Audiard, Bouchareb.

    De 1949 à 2015, la France a été nommée 54 fois, avec certaines années deux films nommés sur les cinq sélectionnés. 15 films parmi les 54 nommés ont reçu l’Oscar tant convoité. Le seul réalisateur à avoir été deux fois lauréat de cette catégorie fut René Clément, le seul à avoir réussi un doublé avec « Au-delà des grilles » en 1951 et « Jeux interdits » en 1953. La très convoitée shortlist des cinq nommés n’a été accessible dernièrement à la France qu’en 2010 avec « Un Prophète » de Jacques Audiard et la statuette gagnée pour la dernière fois en 1993 avec « Indochine » de Régis Wargnier. Catherine Deneuve n’y est sans doute pas étrangère.

    « Mustang » fera face  au très beau « Fils de Saul » du Hongrois  Lazlo Nemes, également présenté à Cannes et au magnifique « Labyrinthe du Silence », tous deux sur l’holocauste, le premier vu de l’intérieur d’un camp de concentration, le second vu du regard d’un jeune procureur dans les années 1965, vingt ans après les faits. Quant à « Sivas », le choix turc, il n’a pas été retenu parmi les neuf derniers en lice.

     

     

    Bande Annonce Mustang :

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    Trailer  Sivas :

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    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Ciné Cinéma Facebook

     

     

  • « Papy Fait De La Résistance », dernière grande comédie française

     

    A l’heure sonnante où trébuchent dans la médiocrité du rire facile moult comédies françaises, fussent-elles concoctées pour les « jeunes », la cible idéale (« Profs », « Profs 2 », « Robin des Bois », « Aladin » et bientôt sa suite avec son parangon Kev Adams), ou sociales (« Qu’est ce qu’on a fait au bon dieu ? »), sans oublier le dégoulinant « Intouchables », toutes se vautrent dans une certaine facilité où l’histoire et le scénario ont été remplacés par une enfilade de punchlines et de gros gags sexistes, communautaires ou homophobes, le tout pétri de références télévisuelles. Aucune ambition autre que l’immédiateté du moment, du présent, de là, maintenant, à l’instant. Mais ces films sont souvent aussi de très gros succès. On a donc les comédies que l’on mérite avec son temps.

    Essayons malgré tout de remettre tout cela en perspective et remontons donc au début des années 80. « L’ère Pierre Richard » finissait… Yves Robert, après Gérard Oury, n’avait plus le monopole du rire en France. On découvrait la troupe du Splendid et ce nouveau genre d’humour plus acide, percutant et vachard. « Papy Fait De La Résistance », c’est un peu l’apogée de leur style d’humour, avec cette manière de décortiquer et railler la mentalité française, sa veulerie, sa mesquinerie, et de cristalliser le tout dans un sujet parfait pour cela : L’occupation ! Rien ne se prêtait mieux en effet que cette époque trouble de l’occupation allemande pour exprimer tous les travers de ce bon vieux peuple gaulois.

    Le film qui sort en 1983 est un énorme succès, équivalent à celui des « Visiteurs » une dizaine d’années plus tard. Ce qui est intéressant de noter, c’est l’évolution ou la recherche de l’élément prédominant de ce que sera un succès, une recette, la martingale. Une comédie n’est pas conçue pour être appréciée trente ans plus tard dans des Ciné Clubs. Tout est mis en oeuvre pour cartonner dans le présent. Les navets actuels (« Profs », « Aladin », etc) ont accéléré le processus et se désagrègent de votre cerveau dès que vous avez quitté la salle.

    Si vous re-re-voyez et comparez les deux films (« Papy » et « Les Visiteurs »), tous deux réalisés par Jean-Marie Poiré à dix années d’intervalle, alors vous obtiendrez le résultat suivant : « Les Visiteurs » se revoit assez difficilement, malgré le talent de Valérie Lemercier qui surnage dans cette tambouille faite d’anachronismes lourdingues et de situations surlignées dus à un scénario prétexte et surtout grossier, le tout emballé dans une réalisation pour téléfilm. En revanche, « Papy Fait De La Résistance », concocté et conçu comme un film à gros budget, reposait quant à lui sur un scénario complètement délirant, entre esprit BD et farce à la Blake Edwards. En exploitant la période de l’occupation puis en passant tous ses clichés dans le laminoir du Splendid, on accouchait d’un film qui aujourd’hui encore étonne par son audace et sa folie.

    C’est un des rares films aussi où l’accumulation de têtes d’affiche, aux apparitions même très brèves, fonctionne parfaitement. Le télescopage entre ancienne et nouvelle génération nourrit le film et lui apporte une ampleur supplémentaire. Mais c’est surtout Jacqueline Maillan et Gérard Jugnot qui y sont en état de grâce. Jugnot est dans le même registre qu’avec le « Père Noël », soit celui d’une ordure absolue. Il compose un collabo, petit chef hystérique de la Gestapo, totalement orgasmique. Jacqueline Maillan, impériale, en cantatrice dingue et digne. Le film collectionne ainsi des répliques devenues cultissimes. Clavier, Lamotte, Giraud derrière, sont très inspirés aussi.

    Une sorte d’alchimie, de mayonnaise, qui prend tout de suite et entraîne le spectateur dans ce grand défouloir, une vraie récréation.  Jean Marie Poiré inspiré ou habité retrouvera ce niveau de talent avec « Mes Meilleurs Copains » au début des années 90, mais plus jamais ensuite. « Papy Fait De La Résistance » clôt ainsi un âge d’or de la comédie à la Française. Quand il y avait d’abord un vrai et bon scénario pour pouvoir ensuite rajouter tout ce que chacun des acteurs pouvait insuffler comme proposition de folie.

    On a toujours un certain plaisir à revoir les De Funès, Bourvil et autres grandes comédies françaises qui ont jalonné notre enfance. Notre paysage télévisuel devient à chaque fois comme un pèlerinage, une politesse. Avec Papy… C’est autre chose, c’est différent. Le rire est presque vertical. Le plaisir que l’on prend n’est plus fédérateur mais juste un bonheur pour soi. Cet humour que l’on a retrouvé plus tard chez les frères Farrelly ou Judd Apatow, une euphorie totale, enveloppante.

    Le genre de film qui est habité, hors norme… Et devenu de toute façon aussi un classique.

     

     

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    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Dévoreur Hubertouzot

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Hubert Touzot : Photographe dévoreur d’images

     

     

  • Shigeru Mizuki, le Pape du Manga

     

     

    Shigeru Mizuki, l’un des fondateurs du Manga, est décédé le 30 novembre 2015, à l’âge de 93 ans. Il est un « Mangaka », c’est-à-dire un auteur de Manga (Bande dessinée japonaise). Et il est en particulier l’un des fondateurs du manga d’horreur, spécialiste des mangas de monstres et de fantômes. Plusieurs de ses œuvres ont été primées, comme « NonNonBâ » (1977), Prix du meilleur album à Angoulême en 2007, et « Opération Mort » en 2009, Prix du Patrimoine en 2009 et Prix Eisner en 2012.

    Adulé par les Japonais, vénéré par les fans de mangas, il avait appris à dessiner de la main droite suite à la perte de son bras gauche lors de l’invasion de la Papouasie-Nouvelle Guinée en 1942. Il avait alors vingt ans. De retour au pays, il entre à l’université des Beaux Arts à Tokyo. C’est à la fin des années cinquante qu’il se spécialise dans la BD d’horreur avec son tout premier grand succès : « Kitaro le repoussant ».

    Le petit monde des YôkaÏ, ces créatures surnaturelles du folklore japonais, perd un père. En 1992, il avait publié un « dictionnaire des Yôkaï »  dans lequel il recensait ces personnages issus des croyances de villages et remontant au Moyen-Age. Nombre de ses œuvres ont été adaptées au cinéma, en dessins-animés ou en jeux vidéos. Il est l’un des premiers japonais à s’être essayé à l’autobiographie  avec « Vie de Mizuki » aux éditions Cornélius (2006). La critique unanime a qualifié ce dernier ouvrage de chef-d’oeuvre (trois volumes).

     

     

     

     

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    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Ciné Cinéma Facebook

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Shigeru Mizuki @ Bédéthèque

     

     

     

  • Quelle est l’oeuvre la plus chère du monde ?

     

     

    Savez-vous quelle est l’oeuvre la plus chère du monde ? Tout dépend de quel art il est question, et il y en a neuf en tout. Il faudrait donc définir l’oeuvre la plus chère de chaque art.

     

    La BD la plus chère du monde, le 9ème Art, est une BD de Tintin : « Tintin en Amérique », publiée en 1932 et dessinée par Hergé. Elle a été adjugée à 1,3 million d’euros lors d’une vente aux enchères chez Artcurial, à une personne qui a souhaité garder l’anonymat. Le précédent propriétaire l’avait acquise sept ans plus tôt, en 2008, pour 764 218 euros, soit une plus-value de 200 %. La valeur de cette œuvre, c’est sa couverture à l’encre de Chine et gouache de couleur. Il n’en existe que cinq exemplaires dans le monde : deux dans des collections privées (dont celle-là) et trois au musée de la Fondation Moulinsart. Les autres couvertures de Tintin seront ensuite réalisées à l’encre de Chine, la mise en couleur étant faite désormais séparément à l’aide de bleus de coloriage et non plus de gouache.

     

    tintin

     

    En peinture ou plutôt en « arts visuels » qui englobe peinture et dessin, le 3ème Art dans la liste, on trouve le triptyque de  Francis Bacon consacré à Lucian Freud, un confrère britannique, vendu à 142,4 millions de dollars par Christie’s à New-York en 2013 après seulement six minutes d’enchères. Cette vente écrasait le précédent record détenu par « Le Cri » (1823) de l’artiste norvégien Edvard Munch en 2012 (119,9 millions) mais fut à son tour battue en mai 2015 par Pablo Picasso et ses « Femmes d’Alger » vendu à 179,4 millions de dollars en onze minutes. Mais attention. Dans la catégorie peinture, il faut distinguer l’oeuvre la plus chère de celle la plus chère vendue aux enchères, ce qui n’est pas du tout pareil et nous ramène à un nouveau tableau : « Quand te maries-tu ? » de Paul Gauguin, peint en 1892 et vendu à un acheteur inconnu, sans doute un Qatari, pour 300 millions de dollars.

     

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    Le peintre le plus côté du monde est Pablo Picasso (1881-1973), avec pas moins de cinq tableaux dans le Top 15 des plus chers du monde. Le seul ensuite à apparaître deux fois est Vincent Van Gogh (1853-1890), deux Français, cocorico, même si Picasso est né en Espagne (il a passé l’essentiel de sa vie en France). Tous les autres n’ont qu’une seule toile au classement.

    En seconde position derrière la peinture, on trouve la sculpture, seconde également dans la liste des arts. Le record pour une vente aux enchères est détenu par Alberto Giacometti (1901-1966) avec « L’homme au doigt » vendu 141,2 millions de dollars en mai 2015. Dans les dix ventes les plus chères de l’histoire des enchères, deux sont des Giacometti. Les huit autres œuvres sont des peintures. Joli travail pour cet italien, aîné de quatre enfants dont le père était… peintre !

     

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    Qu’est-ce, comparé au 7ème art, le cinéma ? Le film le plus cher du monde, inflation prise en compte, reste « Avatar » (2009)  avec 387 millions de dollars dépensés (« Pirates des Caraïbes » hors inflation). On est loin, très loin de la peinture… Non seulement il est le film le plus cher de l’histoire du cinéma, mais il bat des records de recettes : 1,8 milliards de dollars, soit environ 1,4 milliards de bénéfices. Et détient un 3ème record, celui des téléchargements, avec pas moins de 20 millions en 2011.

     

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    Mais l’art qui explose littéralement tous les chiffres, et qui d’ailleurs est le 1er des arts, c’est l’architecture. Duaï et Las Vegas sont les vitrines de cet art post-moderne. Le Top 10 a été publié par la société Emporis, une des plus grandes bases de données mondiales du bâtiment basée en Allemagne et créée en 2000 à l’initiative de Michaël Wutzke, un architecte de 49 ans. On constate que les plus chers ne sont pas forcément les plus hauts. On parle là de milliards de dollars. Le vainqueur est le « Marina Bay Sands » à Singapour : 6 milliards de dollars, contre 1 milliard d’euros pour la tour la plus haute du monde, « Burj Khalifa » à Dubaï (828 mètres) terminée en 2009. « Marina Bay Sands », c’est cet immeuble incroyable formé de trois bâtiments de 200m de haut avec une piscine en forme de paquebot de 340m sur le toit. C’est un peu « Titanic » version gratte-ciel. 2 560 chambres, un casino de 1 000 tables de jeu et 1 400 machines à sous, un musée en forme de lotus, une piscine de 324m ( 6 bassins olympiques !), le tout imaginé par Moshe Safdie, un Palestinien architecte et urbaniste établi à Montréal, qui a aujourd’hui 77 ans ! L’artiste qui a réalisé l’oeuvre la plus chère du monde !

     

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  • DJ Network, premier Centre de Formation de DJ en France

     

    DJ Network est le premier centre de formation de DJ en France, présent dans quatre villes : Paris, Lyon, Cannes et Montpellier. L’école délivre un « Titre certifié de niveau 3 » reconnu par l’Etat. Son fondateur, Jean-Pierre Goffi, l’a ouvert en 1994. Si autrefois le DJ pouvait se former « sur le tas », avec juste une bonne oreille et un mentor, aujourd’hui cela ne suffit plus. L’avancée des nouvelles technologies liée à la multitude de nouveaux sons demande davantage de connaissances, en plus des secteurs de la production, de la diffusion, de la communication et des règles de droit qui y sont liées. Terminées les soirées payées en billets cash au jour le jour, les Mix et les Demos enregistrés dans la chambre ; la concurrence est rude et le métier de plus en plus technique et pointu. Le DJ ne se produit plus dans les vieux dépôts abandonnés mais dans des clubs, des centres de vacances renommés, des festivals, pour des soirées d’entreprises. La musique électronique a gagné ses galons. Elle n’est plus Underground mais fait désormais partie intégrante du paysage sonore dans les médias. Ce qui était une passion est devenu une profession, celle de « DJ Producteur de Musiques Actuelles ».

     

    INTERVIEW

     

    IC : Bonjour, quel est le profil des stagiaires de votre Centre de Formation ?

    Fl : Il est possible de s’inscrire dès l’âge de 17 ans et 2 mois car il est nécessaire d’atteindre la majorité pour faire le stage obligatoire qui clôt la formation de dix mois et se déroule dans le milieu de la nuit. La plupart du temps, les parents de mineurs suivent et signent sans difficulté le contrat de formation car ils savent que le centre est sérieux et délivre un Titre reconnu par l’Etat. Le Centre dispose d’une salle de cours multimédias pour les enseignements théoriques, d’une régie DJ individuelle pour chaque étudiant et d’espaces ouverts en libre accès pour les Travaux Pratiques.

    IC : Quelles formations propose l’école ?

    Fl :  

    ✓ des stages de vacances
    ✓ des ateliers en soirée
    ✓ des cours particuliers
    ✓ des formations courtes (Mixage – DJ – Production MAO – Communication – Program Programmation musicale) pour 960 à 1 840 euros
    ✓ des formations longues (DJ Producteur sur 10 mois ou DJ MAO sur 8 mois) pour 7 000 euros

    IC : Quel est ce titre que délivre le centre ?

    Fl : Il s’agit du Titre certifié de niveau 3. Notre centre délivre une formation professionnelle reconnue. C’est ce qui explique en partie son succès et sa notoriété. Pour répondre à votre question précédente, il y a deux types de stagiaires :

    ✓ Les jeunes qui veulent apprendre ce métier et toutes les facette de celui ci pour faire du club et ou de l’événementiel )
    ✓ Des DJ déjà pro mais qui souhaitent suivre un stage afin de redonner un coup de fouet à leur pratique, se former aux nouvelles technologies.

    Parmi eux, certains seront « DJ généralistes », passeront tous types de musiques en boîte de nuit, pour animer des soirées, en centres de vacances ou dans des soirées d’entreprises. Les autres souhaiteront passer à la création et la production de leurs propres morceaux. On peut aussi faire les deux. L’offre de Djing est très ouverte en ce moment en France.

    IC : Justement, quels sont les débouchés ?

    Fl : Ils sont nombreux : depuis trois ou quatre ans, l’offre d’embauche a explosé. 89 % des sortants entrent dans la vie professionnelle dans les six mois. On recherche de très nombreux DJ pour toutes sortes d’événements qui permettent même à celui qui le souhaite de ne travailler que le jour, pour des raisons familiales par exemple : du mach de foot (même l’Equipe de France a son propre DJ) aux festivals, en passant par une manifestation sportive, un gala, une soirée privée (anniversaire, mariage), une ouverture de magasin, un bar éphémère, une soirée d’entreprise (le lancement d’une voiture par exemple), un vernissage, une fête sur la plage. Le DJ est partout présent maintenant. Le DJ n’est plus seulement en club. c’est un métier qui a évolué et s’est diversifié.

    IC : Quelles sont les qualités d’un bon DJ ?

    Fl : C’est un métier qui demande de la rigueur et du travail, une bonne culture musicale pour la programmation, des qualités de créatif et des connaissances en matière de communication pour se vendre, la maîtrise de la MAO et des techniques du Mix. Mais en plus de tout cela, il faut aujourd’hui des connaissances solides en matière de droit, droits d’auteur et droit du travail. Le DJ est un chef d’entreprise.

    Il faut avoir la tête sur les épaules et mettre de l’argent de côté car il n’y a pas de caisse de retraite pour les DJ. Un DJ peut gagner de 100 à 5 000 euros pour un Set (une prestation) ou 40 0000 pour une star, tout dépend du nombre de personnes que vous drainez. Certains commencent en auto-entrepreneurs mais si les revenus dépassent 32.900 euros par an, alors ce statut ne suffit plus. Certains montent leur agence de booking, ou passent par une société de portage dont ils seront salariés, auront ainsi des fiches de paye et un CDI. Les DJ ont deux emplois : l’un, alimentaire et l’autre de DJ. Il appartient à chaque DJ de bien négocier son contrat afin qu’y soient inclus tous les frais : de déplacement, de bouche, l’hôtel si besoin etc…

    IC : Quel est le rêve de tout DJ ?

     

    « Le rêve du DJ, c’est de faire LE morceau qui va cartonner pour faire danser les gens, comme le dernier gros carton « Animals » de Martin Garrix en 2013. »

     

     

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    A 17 ans, il est probable qu’il a créé ce morceau dans sa chambre avant de le mettre sur une plate-forme comme YouTube. Il publiait des sons sur SoundCloud pour uploader ses créations. Quelqu’un d’une maison de disques a remarqué ce son et l’a embelli.

    IC : Martin Garrix est Hollandais. Il a été classé en 2015, seulement deux ans après la sortie de son tube « Animals » en 2013, 3ème meilleur DJ du monde par DJ Mag. Il a une base de musicien : il joue de la guitare depuis l’âge de six ans. Il dit avoir souhaité faire ce métier en voyant Tiësto mixer lors des Jeux Olympiques. Il s’achète alors un logiciel pour composer ses propres morceaux.

    IC : Peut-on parler de « chasseurs de talents » ?

    Fl : Le DJ créateur est important, mais le découvreur l’est tout autant, de même que l’étape du mastering audio. Un tube, c’est plusieurs étapes.

    ✓ Un DJ doit avoir des connaissances, l’oreille musicale et de la technicité pour mixer.
    ✓ Une maison de disque apporte au morceau tout le travail effectué par l’ingénieur du son car un son non masterisé va être plat. Même si l’idée du son trouvé est bonne, sans mastering, il ne percera pas.
    ✓ Il faut ensuite une bonne communication et une diffusion maximum sur les radios et sur internet.

    IC : On entend souvent parler de « nouveau son » . On parle du « son des Daft Punk ». Qu’est-ce que cela signifie ?

    Fl : Le métier de DJ ne dure pas que le temps d’un Set, 2 à 5 heures, le soir en boîte ou ailleurs. Ce sont aussi des heures à écouter de la musique sur internet, à chercher des nouveaux morceaux, des idées. Puis d’autres heures passées sur un logiciel à mixer des sons pour essayer de créer un morceau (c’est la production) . On utilise des synthétiseurs virtuels ou non qui peuvent être a modulation afin de créer un son en partant d’une onde.

    Le Dubstep est un exemple de « son » différent (distorsion). Backermat a lancé la mode de la Deep House avec un son saxophone et ça a marché. Aujourd’hui, le dernier « son » à la mode est la « Tropical House » avec un son flûte de Pan (Kygo : « Stole The Show »). Chaque nouveau courant s’éteint au fur et à mesure.

     

     

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    Kygo est un pianiste norvégien de 24 ans. Il s’est lancé dans la production de musique électronique à l’écoute de « Seek Bromance » d’Avicii qui le contactera pour composer des reprises officielles de ses morceaux et faire la première partie de son concert à Oslo en 2014. Il s’est fait connaître grâce au upload sur Soundcloud et YouTube : 80 millions de vues sur internet.

    Un son est nettoyé, travaillé pour qu’il ait du corps. A l’oreille, le son semble très simple et basique. Mais pour un professionnel, il est « plein » d’une centaine d’autres sons ajoutés en arrière-plan afin de le rendre plus riche et moins plat. On va par exemple augmenter les volumes, nettoyer les fréquences…

    IC : Est-ce donc la Technique qui différencie le Mix de 1990 et celui de 2015 ?

    Fl : Avant les années 1970, ce sont des orchestres ou des musiciens qui animent les soirées dansantes en boîte de nuit, dans les bals ou les clubs. Petit à petit, les DJ remplacent les orchestres et les musiciens car moins chers et jugés moins capricieux. Ils réussissent à faire danser le public de manière plus intense par la création d’une ambiance. Les tout premiers DJ sont apparus dans le milieu du hip hop. Les danseurs avaient besoin d’un DJ pour assurer la boucle musicale en fond.

    IC : DJ Kool Herc, un Jamaïcain émigré aux Etats-Unis, est un pionnier. Il fut le premier à introduire des coupures de rythme (breakbeat) et à mixer deux disques réglés sur le même tempo. Il remarque que le public réagit davantage aux passages où les instruments rythmiques jouent seuls. Cela lui donne l’idée du sample : il passe en boucle un même extrait de chanson sur lequel ne sont présentes que la basse et les percussions.

    Fl : Avant le mix était plus simple : il suffisait de passer d’un disque à un autre. Les gens ne possédaient pas beaucoup de disques. C’était le rôle du DJ que de se tenir au courant des nouveautés pour les diffuser et les faire découvrir au public.

    IC : C’est ainsi que Laurent Garnier a ramené l’électro de Manchester par exemple quand il était DJ Résident à l’Hacienda.

    Fl : Avant on allait en boîte pour écouter le son d’un DJ. Aujourd’hui on va y danser sur les tubes qu’on entend à la radio.

     

    « Aujourd’hui tout le monde télécharge de la musique du monde entier. Un bon DJ ne se reconnaît donc plus uniquement à l’originalité de sa programmation musicale. Le métier est aussi bien plus technique. »

     

    Avant, on avait deux platines et une table de mixage. On s’entraînait des heures pour trouver le tempo de création et mettre la musique A à la même vitesse que la musique B. Aujourd’hui on a des logiciels. De même, la musique électronique n’est plus un courant mais toute une famille musicale. Avant, on gravait des démos sur des vinyles. Aujourd’hui, tout est numérique : les DJ utilisent des plates-formes de téléchargement légales comme Soundcloud, YouTube, Amazone. Curieusement, on n’a jamais autant vendu de vinyles dans le monde depuis sa création qu’en 2014 !

    IC : Que reste t-il des pionniers des années 1990 ?

    Fl : Les vieux briscards sont toujours des mentors pour les jeunes un peu plus pointus qui se sont intéressés au mix et ont fait l’effort de connaître l’histoire du Djing à travers, par exemple, le livre de Laurent Garnier « Electrochocs » (qui a été réédité avec une suite prolongeant l’histoire jusqu’en 2015). On observe un grand retour des soirées type années 1990, mais dans un cadre légal, cette fois. Des tas de boîtes d’événementiel cherchent des lieux atypiques où recréer cette ambiance underground réservée à des initiés. C’est cet aspect « secret », réservé à quelques-uns, qui marche très bien. On a l’impression de faire partie d’une communauté restreinte et privilégiée. Le public visé a entre 20 et 30 ans. Cette nouvelle tendance rompt avec la jet set des clubs privés dans lesquels une tenue de soirée est exigée. Là, peu importe la tenue, l’âge, la classe sociale. On en revient à ce mélange de population des débuts qui faisait la réputation des fêtes.

    On observe également une nouvelle tendance dans les clubs privés. Ces dernières années, ils servaient de location de salle. Ces derniers temps, certains retrouvent l’envie de se doter d’une direction artistique avec des têtes d’affiche connues, comme ce fut le cas dans les années 1990 avec David Guetta au Palace par exemple. C’est le cas au Red Light. Certains clubs comme le Badaboum abandonnent les codes vestimentaires obligatoires et la parité homme/femme. Tout est une question de mode, de cycle. Ca va et ça vient. Ca change tous les dix ans.

    IC : Qui sont les DJ d’aujourd’hui ?

    Fl : Il y a deux mondes :

    ✓ Celui des grandes stars comme David Guetta ou les Daft Punk
    ✓ Celui plus underground de DJ très connus dans le milieu du Djing, mais peu médiatisés et pourtant tout aussi bons. Certains font le tour du monde et sont réclamés dans les plus grands clubs.

    Un nouveau courant, le « Boiler Room » est parti de Londres en 2010. Il s’agit d’organiser des sets à audience réduite, de les filmer afin de les diffuser ensuite sur le net via Ustream. Le DJ est au centre de la piste de danse et le public peut le voir, lui parler. Prenons l’exemple du DJ « Kink » : il est peu connu du grand public mais c’est un monstre dans le domaine du set de musique électronique technique : les fans peuvent observer comment il fait pour passer d’un morceau à un autre, ils peuvent voir sa sélection musicale et sa technique de mix. Il utilise des machines qu’on n’a pas l’habitude de voir. Il utilise des synthés en « Live ». Il a une platine vinyle pour la base rythmique, la table de mixage où toutes les sources audio arrivent (un mélangeur), puis des surfaces de contrôles pour gérer le logiciel de création musicale (séquenceur) et des synthétiseurs. Il fait tout en « Live », il recréé en live.

     

    Vidéo d’un set de Kink en mode « Boiler Room » :

     

    IC : Ce sont les fameux DJ Sets Live ?

    Fl : En effet. Soit le DJ vient au club avec sa clef USB sur laquelle il a préparé son set. Soit il joue en direct et fait de la création en live. La musique est créée face au public. C’est ce que fait Paul Kalkbrenner. Ces sets en Live se font souvent devant un public d’érudits peu nombreux d’environ 200 personnes dans des clubs comme le Panic Room. Il y a très peu de promo ; il faut se renseigner sur internet, s’abonner aux pages facebook. Ce sont souvent les fans eux-mêmes qui font la promo de ces soirées Live par le bouche-à-oreilles. Ce côté intimiste, réservé à une poignée d’initiés fonctionne très bien. Ca donne de l’attrait à la chose, un peu comme les raves autrefois.

    IC : Comment expliquez-vous que cette musique ait fédéré autant de monde ?

    Fl : Parce qu’elle est efficace et simple. Il n’y a pas de paroles, on peut danser. On trouve trois types de public :

    Les early adopters : ce sont des fans de musique, d’un courant ou d’un artiste. Ils vont écouter les nouveautés , s’impliquer et participer à leur diffusion. Ce sont des passionnés prêts à suivre leur artiste préféré partout.
    Les middle adopters : ce sont ceux qui vont en club, aiment la musique mais ne sont pas fans au point de suivre l’artiste. Ils vont écouter la musique en club, en festival, programmée en playlist ou en poadcast.
    Les late adopters : ce sont ceux qui écoutent la musique à la radio, 2 mois après sa sortie.

    La Tech-House a une rythmique très développée qui passe mal à la radio. Pour la radio et pour plaire au grand public il faut des sons moins techniques, plus mélodieux… Cela a pour conséquence le développement de pseudos. Certains DJ ont ainsi deux à trois pseudos derrière lesquels se cache en fait la même personne. Un DJ utilisera un pseudo pour le côté commercial, un second pour la production underground sur le net et un troisième encore plus confidentiel pour des mix très techniques réservés à un public averti sur des « webzine », des sites pour initiés early adopters. Ce système de pseudos permet à l’artiste qui commence à avoir du succès de pouvoir faire de la musique commerciale (qui se vend bien) avec des notes majeures formatées, avec toujours le même schéma, tout en continuant à produire de la musique électro plus difficile d’accès musicalement parlant avec des sons à tendance underground masterisés, gras et mélancoliques qui ne pourraient pas passer en radio et toucher ainsi un autre public.

    Un exemple : « Pryda ». Il a quatre pseudos :

    Eric Prydz pour le grand public (DJ suédois de 39 ans, 30ème au classement DJ Mag)
    ✓ « Pryda » pour ne pas se laisser enfermer par ses fans.
    ✓ Cirez D
    ✓ Sheridan

    Il est même capable de remixer un morceau d’un autre pseudo pour se faire de la pub. C’est l’un des rares artistes DJ à avoir eu l’autorisation de reprendre un morceau des Pink Floyd « Another Brick in the Wall » pour le remixer.

     

    Vidéo Eric Prydz / Pink Floyd

    [youtube id= »IttkDYE33aU » align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

     

    IC : Après le Royaume-Uni puis la France et Berlin, où se trouve l’avenir de la Techno en Europe ?

    Fl : Dans le Nord ça bouge très bien, ils sont proches de l’Angleterre et de la Belgique où la musique est moins sectorisée qu’en France. On y trouve d’énormes fêtes. Beaucoup de Français montent là-bas faire des soirées. Les soirées belges et hollandaises sont très réputées.

     

     

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Reportage Arte : « Techno Story »

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] DJ Network

     

     

     

  • Bar à Mines : Interview Croisée

     

    Qu’est-ce que « Baramines » ? Un café-théâtre d’Abidjan ? Le nom d’une communauté de joueurs sur un fameux jeu vidéo ? Un blogueur basque fan de sport ? Pas du tout. « Baramines.com » est un site bourré de talents tous plus drôles les uns que les autres, où le dessin d’actualité est roi. C’est une ruche de génies doués pour la caricature, l’illustration, le dessin d’art ou la peinture. Instant City a eu la chance de pouvoir pousser la porte de ce collectif de seize dessinateurs, illustrateurs, graphistes et peintres. Ils auraient pu rester chacun dans leur coin, mais ils ont pris le parti de se regrouper. D’abord et sans doute, parce qu’à plusieurs, on se marre quand même plus que tout seul, et puis aussi sans doute pour partager :  des impressions, des contacts, des avis. Plus de 6 000 followers jouissent du bonheur de rire à leur côté, au fil de l’actualité sur leur page facebook. Seize humoristes rien que pour nous, regroupés sur une seule page pour nous faire rire tous les matins au réveil à l’allumage de notre ordinateur, que demander de plus ? Si vous cherchez une idée de cadeau pour un anniversaire, un mariage, ou plus, si vous êtes un professionnel à la recherche d’une collaboration artistique, vous êtes au bon endroit.

     

    Instant City : Bar à mines, qu’est-ce que c’est ? 

     

    Bar à Mines est un collectif de seize dessinateurs regroupés sous forme d’association loi 1901. C’est aussi un site internet géré par Florence Rapilly, la secrétaire du groupe. Enfin, c’est une page facebook sur laquelle chacun des membres publie, selon l’humeur et l’inspiration, ses dessins d’actualité. L’objectif de ce collectif est de faciliter les contacts extérieurs, d’additionner les savoirs-faire pour augmenter le potentiel d’impact car « à plusieurs, on est plus efficace que tout seul. »

     

    Hub : « Le collectif permet de rompre avec une forme d’isolement. C’est intéressant de pouvoir partager sur nos pratiques, de voir comment fonctionnent les autres dessinateurs. On découvre d’autres approches de l’actu et du dessin. »

    OG : « C’était important de mettre le collectif à l’honneur dans un métier parfois trop individualiste. »

     

    Bar à Mines est une belle palette de talents divers et variés unis par la passion du dessin mais également l’envie « de se marrer et de faire marrer les autres ». C’est « l’image de la diversité » et un peu, aussi, « une maison de fous ».

    Le groupe, quant à lui, permet de répondre plus rapidement à la demande en offrant un choix plus large au client, en fonction des disponibilités et des compétences de chacun et de relativiser les difficultés du métier. C’est une opportunité supplémentaire d’obtenir des contrats car au-delà de la passion, il s’agit d’une profession dans laquelle il est difficile d’exister.

     

    OG : « Le groupe nous apporte une émulation positive. »

    Man : « Il permet de voir plus haut. »

    SM : « Le groupe permet de sortir de son isolement. Il donne envie de faire LE bon dessin, celui qui va surprendre les camarades ou provoquer leur admiration (attention, je n’ai pas dit que j’y arrivais, juste que j’avais envie !) »

     

    Tous sont liés par des goûts et des couleurs communs, un besoin de partager et de transmettre une vision du monde, mais aussi, il ne faut pas l’oublier tout de même, car cela a aussi son importance, le besoin d’être plus efficace pour obtenir des commandes.

     

    Man : « Ce qui m’a poussé à entrer dans le collectif, c’est un goût démesuré pour l’aventure. »

    Le logo, en noir et jaune, « une association visuelle pertinente » (le soleil et la nuit, un œuf avec son noir d’oeuf) représente « un crayon électrique », « le danger que peut représenter le crayon pour certains », « une coccinelle vue par un daltonien »…

    OG : « Attention, panneau explosif ! »

    SM : « C’est un crayon survolté. »

    Man : « Je n’ai aucune idée de ce que ce logo représente. Celui qui l’a dessiné travaille vraiment comme un cochon ! »

     

    Pas de règlement, ni de ligne éditoriale ou de comité de rédaction. Ici la confiance règne.

     

    Hub : « Ce serait beaucoup trop compliqué de demander les avis de chacun avant la publication. Vous imaginez le nombre de mails croisés ? Le temps de mettre tout le monde d’accord sur un dessin d’actu, il ne serait plus d’actu depuis belle lurette… »

    Man : «  Pas de ligne éditoriale. Aucun de nous ne sait écrire d’ailleurs, c’est pour ça qu’on dessine. »

     

    La seule ligne éditoriale, on l’aura compris, c’est l’Humour. Tout juste Florence fait-elle un tri de façon à diversifier le plus possible le contenu du site. Chacun publie à son rythme :

    Man : « Moi, par exemple, je mets de la salsa quand je poste mes dessins ; c’est un rythme joyeux et entraînant. » 

    Et la censure ?

     

    Peut-on rire de tout ? La débat est lancé…

     

    Man : « Pas de politique ni de sexe ; non, je déconne ».

    Hub :  « L’autocensure est une réalité, elle est d’ailleurs nécessaire : ce n’est pas parce que la liberté d’expression est un droit qu’il faut systématiquement pousser le curseur à fond sans réfléchir pour tout et n’importe quoi. On peut et on doit prendre le risque de choquer par moment mais jamais gratuitement, jamais par simple culte de la provocation. »

    OG : « Absolument aucune censure, on peut et on se doit de rire absolument de tout, c’est l’arme absolue de la dédramatisation ! »

    SM : « On publie ce que l’on veut. L’essentiel est de s’amuser. Le seule censure présente vient de Facebook : si un dessin dérange et qu’il est signalé par un lecteur. »

     

    Outre les commandes et le travail d’actu au quotidien, quelques temps forts rythment l’année, comme les festivals ou des projets menés à plusieurs.

    C’est en tout cas une réussite puisque après seulement 1 an d’existence, le collectif « Bar à mines » traite déjà de nombreux contrats, commandes et versements de droits d’auteurs.

     

    « Bar à Mines c’est avant tout une bonne mine de barres de rire »

     

    Le collectif, au final, représente une bande de copains unis par la même passion parce qu’après tout, « mieux vaut tailler sa mine que casser sa pipe ». Vous l’aurez compris, il y a « une explosion de rires au bout de la mine ». Les seize compagnons du rire se sont trouvés en 2014. Ils auraient pu être « Les 16 nains de Blanche-Neige », « Les 16 mercenaires, parce que c’est mieux qu’à 7 », « une tribu de Cromagnon, peintres de grottes », « des mineurs de fond », « riches ? ». Mais non. Ils sont dessinateurs humoristes, pour notre plus grand bonheur.

    On leur souhaite bonne et longue route, sans embûches mais avec plein de beaux projets :

    OG : « produire un album collectif, on y réfléchit. » 

    Biz : « Ce qui serait génial, ce serait de se faire une bonne bouffe ! »

    Man : « Tout, sauf créer une équipe de foot ! »

    SM : « Ce qui serait génial à 16 ce serait… j’ai bien une idée mais je ne peux pas la dire ici, y’a du monde qui va nous lire… »

    Hub : « On pourrait créer un groupe qui s’appèlerait «Bar à Mines ». Ah ? C’est déjà fait ? Génial ! »

     

     

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Bar à Mines

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Bar à Mines @ Facebook

     

     

     

  • Mythique | La Haine (1995)

     

     

    La Haine : Chronique d’une bavure ordinaire

    Réalisé en 1995 par Mathieu Kassovitz, son 2ème film après « Métisse » en 1993.

    Avec Vincent Cassel, Saïd Taghmaoui, Hubert Koundé.

     

     

    LA VRAIE FAUSSE INTERVIEW

     

     

    Cité des Muguets à Chanteloup-les-vignes dans le 78 un lendemain d’émeutes. Un jeune de 16 ans, Abdel Ichaha, se retrouve entre la vie et la mort suite à une garde à vue un peu trop musclée. La bavure policière d’un inspecteur du commissariat va pousser les jeunes du quartiers, aveuglés par la haine, à crier vengeance. Parmi eux, Hubert, Saïd et Vinz traînent leur ennui de cave en cave. Le film est inspiré d’une histoire vraie, celle de Makomé M’Bowolé, zaïrois de 17 ans tué d’une balle dans la tête par un policier lors de sa garde-à-vue dans le 18ème arrondissement de Paris en 1993.

    Mathieu Kassovitz : « Je me suis demandé comment le flic a pu en arriver à une telle haine pour lui tirer une balle dans la tête alors qu’il ne pouvait rien faire, c’est évident. Le policier n’a certainement pas voulu tirer mais il lui a fait peur, il a mis le flingue, il a armé le chien et je me suis demandé comment le môme a pu le mettre dans une telle situation de haine. Il y a une telle haine dans les deux camps qu’il faut au moins poser la question. Des armes, les flics en ont, et dans les cités, ils en ont aussi, mais pour l’instant, les plus sages, ce sont les mecs des cités parce qu’ils ne s’en servent pas encore ».

    Tourné en noir et blanc, le film se déroule sur une seule journée, une journée particulière, effroyable, qui va inexorablement mener au drame, comme dans le film de Ryan Coogler « Fruitvale Station » en 2013. L’objectif du réalisateur est de comprendre « comment en est-on arrivé là ? » et quel est le mécanisme qui amène les personnages à commettre de tels actes extrêmes et irréversibles ?

    Mathieu Kassovitz : « Le but était de raconter de manière générale quelle était l’ambiance des quartiers à l’époque et qui étaient ces jeunes-là. Je voulais comprendre ce qui, dans leur haine, était juste, quelle était leur revendication et comment ils vivaient le truc de l’intérieur. Quand j’ai vu l’histoire avec Makomé, qui a fait que j’ai eu envie d’écrire parce que la question était : qu’est-ce qui s’est passé dans la journée, dans les 24 heures qui ont précédé. Il se réveille le matin et il meurt le soir ; qu’est-ce qui s’est passé, qu’est-ce qui justifie ça ? C’est ça la question. J’ai voulu montrer le processus qui fait qu’il y a des jeunes qui se font tirer une balle dans la tête en entrant le soir dans un commissariat ».

    En 1995, le film sort dans un contexte de stigmatisation de la banlieue après les émeutes de Vaulx-en-Velin en 1991. Le découpage du film en scènes qui affichent l’heure démontre l’intensité dramatique d’une situation où la tension monte au fur et à mesure des contrôles de police et des provocations de tous ordres, comme la rencontre avec les skinheads ou l’irruption dans une galerie d’art. Les jeunes de cité se retrouvent dans une spirale de mépris ressenti, tout au long de la journée, au fil des heures qui défilent jusqu’au dénouement tragique. Une caractéristique qui n’est pas sans rappeler le journal télévisé et la structure du reportage d’actualité lors d’un drame filmé en direct et suivi d’heure en heure par les journalistes.

    Le film eut un important succès commercial, porté par l’énorme controverse qu’il suscita concernant son point de vue sur la banlieue et les violences urbaines, en raison du rôle provocateur de la police dénoncé par le scénario. Alain Juppé, alors premier ministre, condamne fortement l’image renvoyée par le film, présentant les agents de l’Etat comme des auteurs de violences policières.

    Mathieu Kassovitz : « Il y avait un sujet spécifique qui était mondial à l’époque : c’était les violences policières entre la police et une certaine catégorie de gens du ghetto, que ce soit partout dans le monde. Le film a été reconnu dans le monde entier parce qu’il y avait le même problème partout au même moment. Les gens pouvaient s’identifier. Pourquoi ces jeunes qu’on traite de sauvages ne prennent pas un flingue pour tirer sur un flic le soir quand ils sentent l’injustice au point où ils la sentent ? J’ai vu le frère de Makomé partir en courant en disant « je vais tous vous shooter » et revenir : il n’avait shooté personne. J’ai voulu essayer d’analyser ça, cette sagesse. De même, pourquoi un flic qui arrive à la police en souhaitant rétablir la justice parce qu’il est pour la République et qu’il veut défendre les pauvres et l’opprimé se retrouve à faire l’inverse ? Est-ce que c’est lui qui est quelqu’un de mauvais ou est-ce que c’est le système qui le transforme ? »

    A Cannes, tous les policiers du service d’ordre tourneront le dos à l’équipe du film lors de la montée des marches.

    Le ministre de l’intérieur de l’époque, Jean-Louis Debré, renchérit en allant déposer plainte contre la chanson « Sacrifice de poulet » du groupe Ministère A.M.E.R., dont les paroles sont directement inspirées du film. Dix ans plus tard, en 2005, le film sera diffusé sur la chaîne parlementaire à titre de documentaire !

    Mathieu Kassovitz : « Le rap est la musique qui m’a amené à m’intéresser aux quartiers et aux violences policières. Je suis arrivé à ce film à cause du Hip-Hop, pas parce que je suis un mec de banlieue. Il n’y a pas de musique dans le film à part celle qu’on entend dans les postes. Il y a Bob Marley au début puis c’est tout, et DJ Cut à la fenêtre. On a voulu représenter le film « La Haine » à travers un album de compilation de morceaux écrits par des groupes. On a découpé le scénario en thèmes qu’on a distribués à des groupes. »

    Sous la direction de Solo du groupe « Assassin » dont Mathias Crochon, le frère de Vincent Cassel (Vincent Crochon à la ville), plus connu sous le pseudo « Rockin’ Squat », a été le fondateur, onze morceaux sont édités dont celui de Ministère A.M.E.R., « Sacrifice de poulet ». Le groupe de Sarcelles composé entre autres de Passi, Stomi Bugsy ou Doc Gyneco est connu pour son ton hardcore. Il est blacklisté par les médias et ostracisé par les autres groupes de Rap qui en 1995 vivent énormément dans la rivalité.

    Mathieu Kassovitz : « J’ai insisté pour que le groupe Expression Direkt fasse partie de l’aventure. C’est le seul morceau de West Coast. Pour le reste (les paroles), la seule contrainte était un thème du film. Après, ils venaient avec ce qu’ils voulaient ; c’était pas à nous de les censurer. »

    Si le Rap est à l’origine de l’idée du film, on y trouve également de nombreuses références cinématographiques : sur son site, le réalisateur annonce clairement s’être inspiré du film de Costa Gavras « Z » (1969). Autre exemple, dans une scène située à Paris, les trois jeunes passent devant une affiche publicitaire filmée en gros plan durant quelques secondes sur laquelle on peut lire « Le monde est à vous » et qui n’est pas sans rappeler la devise de Tony Montana (Al Pacino) dans le film de Brian de Palma « Scarface » :  The world is yours ». Le fil rouge, c’est Vinz, fasciné par le personnage de Travis dans le film de martin Scorsese « Taxi Driver » (1976) et qui donne lieu à une scène d’anthologie dans la salle de bain face au miroir.

     

     

    [youtube id= »okQJPUTQMqA » align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

     

    Mathieu Kassovitz : « J’ai voulu réinventer le truc que faisait Scorsese qui présente ses personnages avec une image arrêtée, le nom en-dessous, procédé qu’a repris aussi Tarantino. Par exemple dans la scène où Saïd taggue « Saïd », ou celle avec le nom de Hubert dans la salle de boxe. »

    Outre son sujet brûlant, une BO polémique, le film est aussi à l’origine de plusieurs phrases cultes telles que « jusqu’ici tout va bien », « arrête de faire ton caca nerveux » ou l’expression « moika » qui désigne une personne antillaise. Mathieu Kassovitz reprend également tel un clin d’oeil, le dialogue écrit par les Inconnus dans un de leur sketch « La Zup » : « Manu tu descends ? » « Pour quoi faire ? ».

    Le film fut donc couronné de succès. Il obtint le Prix de la mise en scène à Cannes en 1995 et trois Césars en 1996, dont celui du meilleur film. Pour l’anecdote, le prix fut décerné et la statuette dorée remise par les Inconnus, mais pas à Kassovitz, absent ce jour-là. Vingt ans après, le film est devenu culte alors qu’au départ, aucun producteur ne voulait avancer un centime. Personne ne voulait du noir et blanc, du titre (transformé en « Droit de cité », ou d’acteurs jusque là inconnus. Aujourd’hui, sa portée sociale a été décuplée. Il cumule pas moins de deux millions d’entrées rien qu’en France et fit une carrière internationale. La Haine a commencé comme une histoire de potes qui avaient envie de secouer le cinéma français, allant à l’époque jusqu’à louer un appartement pour y vivre ensemble le temps du tournage à l’intérieur même de la cité.

    Mathieu Kassovitz : « Le plus dur, ce n’est pas d’avoir les autorisations des mecs de la mairie, c’est d’avoir l’autorisation des mecs qui vivent dans la cité »

    Il finit en symbole d’un certain cinéma, avec peut-être, une suite : à quand une Haine 2 ?

    Mathieu Kassovitz : « Je ne sais pas, on verra. Peut-être ou peut-être pas, ça dépend de tellement de choses. Je ne sais plus ce qu’est le sujet de la banlieue aujourd’hui. Pour que je me remette dans le bain il faudrait que je retourne là-bas et je ne suis pas sûr que j’aie envie de faire ce chemin-là parce que c’est à des gens de l’intérieur de le faire. A l’époque, on ne connaissait pas la banlieue. J’ai fait le film pour des gens qui ne connaissaient pas la banlieue afin qu’ils puissent changer leur avis, regarder les infos d’une autre manière et éventuellement voter d’une autre façon. Les films de banlieue, c’est « Raï » et « Ma cité va craquer ». Je n’ai pas voulu faire ça. Je n’ai pas voulu faire un film de banlieue pour les mecs de banlieue et encore moins un documentaire. Je déteste ça. Je ne suis pas fan de « Boyz’N the Hood » (1991). Je ne voulais pas caricaturer la banlieue, mais au contraire l’ouvrir à des gens qui ne la connaissent pas. Pour faire un film, il faut un message, et je ne sais pas quel pourrait être le message aujourd’hui. A l’époque on n’avait pas de problème de crise économique, de frigo vide ou de communautarisme. »

     

     

    Bande annonce :

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    Bande originale :

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    Source : « On refait le Rap » (5 juin 2015)

    [youtube id= »PNTIppNPHiI » align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

    Et pour finir, vous pouvez toujours vous procurer « Les dix ans de la Haine » (Edition Collector 3 DVD)…

     

     

     

  • Notre Monde Était Bleu…

     

     

    Etre né en 1969, c’est être un enfant dans les années 70, à pattes d’éph’, à sous-pulls et chemises col pelle à tarte. C’est regarder à la télé l’Ile aux Enfants, Christophe Izard, Isidor et Clémentine… Ensuite, c’est rêver devant Goldorack, Albator et devenir complètement dingue quand Star Wars débarque en 1977.

     

    Etre né en 1969, c’est être un adolescent dans les années 80. Les premières sorties en boite, les bars avec un café qu’on fait durer trois plombes, les disquaires, les vinyles… Pas d’ordinateurs, de réseaux sociaux, de téléphones portables. On se crée nos mondes imaginaires par le biais du cinéma, des livres, des bandes dessinées et des groupes de musique que l’on écoute. Une jeunesse naïve, désuète, avec des têtes de chausson aux pommes. Il y a une douceur de vivre.

    On entend bien pourtant un grondement au loin, parfois. Une complainte du monde. Quelque chose qui se trame, un glissement, mais pas encore chez nous, pas dans notre pays, la France, pas dans notre petite ville de province, Niort. Tout ça, les morts, les bombes, les enfants qui meurent, c’est uniquement à la télé, parce que pour les journaux, ce sont Starfix, Mad Movies, L’Ecran Fantastique qui font office de médiateur. Oui, on se construit un petit monde confortable mais autiste. On élude tous ces faits comme s’ils appartenaient à un monde parallèle.

    Un jour pourtant, l’horreur, on l’a vu une fois. C’était dans le film « Le Vieux Fusil ». Des nazis qui carbonisaient Romy Schneider sans raison et abattaient sa fille d’une balle dans la tête tout en riant. On avait là l’exemple type de la représentation la plus extrême, la plus cauchemardesque de ce qu’était la mort donnée sans raison, juste au nom d’une idéologie haineuse, aveugle et sourde. Un film que j’ai toujours détesté, en me disant pourtant que cela de toute façon ne pourrait plus jamais arriver. Plus lâchement encore, je poussais le raisonnement en me disant que si toutefois cela pouvait encore se produire, c’était heureusement si loin de chez moi que je pouvais continuer à dormir douillettement dans mon lit en rêvant à mes chimères confites.

    Les années et les décennies passent, comme des chapelets apportant chacun leur lot de révélations. Peu à peu, vous le voyez, ce monde anonyme qui commence à vous rattraper. Il était jusqu’à présent sur les côtés et là il glisse finalement jusque devant vos yeux.

    1990-2000…

    11 septembre, l’impensable et grand premier choc où vous comprenez que le mal, la bête, s’est relevée. Elle s’élance, grossit. Sa gueule grande ouverte, vous le sentez maintenant, son souffle, son haleine fétide. Il va être de plus en plus difficile de passer à côté et faire semblant de ne pas savoir, à défaut de ne pas comprendre. Le monde s’assombrit… Quand bien même on se bouche le nez, on plisse les yeux ou on se barricade les oreilles derrière des écouteurs, avec le son poussé au maximum de nos MP3. L’air se charge d’une densité de métal. Les gens, les comportements ont changé. Quelqu’un qui vous bouscule dans la rue ne va plus forcément s’excuser. Les regards deviennent fuyants. Les sourires sont rares comme l’or. On se presse désormais de rentrer toujours plus vite chez soi.

    Alors on continue pourtant à faire comme avant. La même légèreté. Mais c’est de plus en plus dur. On se sent lesté de plomb. On résiste. On essaye. Toutes nos pires craintes irrationnelles petit à petit prennent forme et ce qui paraissait impensable il y a encore quelques années fait irruption chaque jour toujours un peu plus près. Le souffle du dragon se fait ressentir jusqu’aux calottes glaciaires.

    Et un vendredi soir, un 13 novembre, ça a lieu. Notre 11 septembre à nous. C’est « Le Vieux Fusil » qui devient réel. Un sentiment d’horreur nouveau s’invite dans le panel de notre inconscient. Il y a des hommes qui massacrent des gens dans une salle de concert, sur des terrasses de bars et de restaurants, tirant au hasard sur n’importe qui se présente au bout de l’arme. Des gens vivants qui à la seconde d’après ne le sont plus.

    Alors on nous montre les visages des bourreaux, des vidéos où ils paradent, rient dans un mélange d’arrogance et d’impétuosité presque enfantine. Tout cela est censé nous rendre encore plus fou de rage et ivre de vengeance. Même pas…

    Anéanti, groggy, paralysé comme l’animal que l’on amène à l’abattoir.

    Le monde est devenu absurde, sans repère et où plus rien ne fait sens. A partir de ce constat, la vie en soi ne signifie plus grand chose, relayée derrière d’autres priorités. Oui, ce monde semble être devenu une immense aire de jeux pour psychopathes. On tire des balles en guise de salutation. On dit bonjour pour donner la mort. Un monde devenu noir et opaque, mais où chaque jour il faut continuer à relativiser, à rire, s’amuser et jouir ?

    Et tout cela au milieu de ces âmes soufflées, pleines de stupeur et de sidération, tout autour de nous. On vit au milieu des morts, de tous ceux encore là parce qu’ils ne le savent pas, ne comprennent pas. Personne ne comprend d’ailleurs, morts comme vivants. Le monde s’est inversé. L’effondrement qui s’accélère. Nous, au milieu de ce chaos rampant, visqueux. Magma tentaculaire qui choisit ses proies sans logique, au hasard de sa progression. Faim incoercible du néant devenu obèse et boulimique. Le mal triomphe tous les jours et nous l’avons accepté.

    Quelle force pouvons-nous alors tirer de toutes ces horreurs perpétrées ? Quelle leçon, quelle sagesse à notre échelle, pouvons nous proférer derrière les sillons ensanglantés de ces nuées de psychopathes débarrassés de tout oripeau humain ?

    Le bleu, c’était le ciel, certains regards, l’eau de la mer et des océans, un vêtement, une écharpe. Tout cela a été enseveli par le goudron de l’irrémédiable. Alors cramponnons-nous aux branches pour ne pas tomber. En dessous, le sol se dérobe.

    Notre monde était bleu…

     

     

     

  • Michel Berger inédit | Un dimanche au bord de l’eau, 35 ans après…

     

    23 ans après la disparition de Michel Berger, une chanson inédite, « Un dimanche au bord de l’eau », vient d’être rendue publique par France Gall. Elle apparaît dans son nouvel Album « Résiste » qui est sorti le 23 octobre. Ce titre lance aussi la comédie musicale éponyme qui a démarré le 4 novembre 2015 au Palais des Sports, en hommage au chanteur disparu en 1992, et qui reprend tous ses tubes. Un joli cadeau pour les fans, mais aussi un joli coup marketing. Cette balade aux accents nostalgiques qui parle du temps qui passe et de cheveux gris sur le thème : « si on changeait la vie », a été enregistrée dans les années 1980. Produite dans les studios de Los Angeles avec des musiciens américains, la chanson devait figurer sur l’un des albums de Michel Berger, mais le manque de place sur le vinyle avait obligé l’artiste à la mettre de côté. A 67 ans, France Gall, est retournée pour l’occasion travailler en studio pour mixer le titre et faire les choeurs. Elle n’avait plus enregistré sa voix depuis 20 ans.

     

     

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