Catégorie : Peinture

  • « Renoir Père et Fils » : Rencontre au Musée d’Orsay

     

     

    Honneur aux Renoir père et fils au Musée d’Orsay. L’exposition met en regard l’oeuvre du peintre, Auguste Renoir, et celle du cinéaste Jean Renoir.

     

    Entre deux artistes, père et fils, entre un peintre et un cinéaste, la relation a toutes les chances d’être féconde. C’est ce que nous montre l’exposition consacrée à Auguste et Jean Renoir au Musée d’Orsay, « Renoir Père et Fils », jusqu’au 27 janvier 2019. Il ne vous reste donc plus que quelques jours pour découvrir ces tableaux, photographies, extraits de films, affiches ou costumes.

    Le peintre Pierre-Auguste Renoir a 53 ans lorsque naît son fils, Jean. Il est déjà un maître incontesté de l’Art français. Quant au réalisateur de « La Grande Illusion », il n’a que 25 ans lorsque son père disparaît en 1919, il y a cent ans. Tous deux partagent une profonde humanité et un goût affirmé de la liberté.

    Le Musée d’Orsay propose une exposition familiale inédite, un dialogue entre un père et son fils. Retour sur une filiation artistique unique… Auguste Renoir, le célèbre peintre impressionniste, à qui l’on doit, entre autres, « Le Déjeuner des Canotiers », et Jean Renoir, le réalisateur de quelques uns des plus grands classiques du cinéma français, comme « La Règle du Jeu » en 1939.

     

     

     

    « Les relations entre Jean Renoir et son père évoluent au fil du temps. Il dira d’ailleurs qu’il a passé sa vie entière à déterminer l’influence de son père. Il alternait, dit-il, des périodes durant lesquelles il se gavait de formules qu’il croyait tenir de lui, et d’autres périodes où il a rejeté en bloc cet héritage. » (Sylvie Patry, Commissaire de l’Exposition)

     

     

     

    « Jean fut assez vite mis en pensionnat, et il voyait assez rarement son père. Il conservait néanmoins un contact privilégié à la création, puisqu’il a posé à une soixantaine de reprises pour son père. » (Sylvie Patry, Commissaire de l’Exposition)

     

    Jusqu’à la mort d’Auguste Renoir en 1919, les modèles défilent dans son atelier, notamment Catherine Hessling. Jean Renoir tombe sous son charme et l’épouse en 1920.

     

     

     

    « Jean Renoir a vu Catherine Hessling poser pour son père quand il était jeune homme, et il a pu effectivement la désirer. La voir là, avec cette manière de capter la lumière, quelque chose de si important pour son père et qui deviendra tout aussi important pour lui… Rien d’étonnant que Catherine Hessling devienne ensuite sa muse inspiratrice, celle pour qui finalement Jean Renoir aura envie de faire des films… » (Matthieu Orléan, collaborateur artistique de la Cinémathèque de France)

     

     

     

     

    Il prétendra plus tard qu’il est venu au cinéma uniquement car il voulait faire de sa femme une vedette, simplement parce qu’elle était passionnée de cinéma. Mais il se trouve que lui aussi était tout aussi passionné. Ils allaient d’ailleurs voir beaucoup de films ensemble, d’Erich Von Stroheim, de Chaplin. Le cinéma fut un trait d’union entre eux, pour devenir ensuite un projet commun, avec en toile de fond un besoin profond de créer.

     

    « On a du mal à voir la même femme, entre les tableaux la représentant, peints par Auguste, et les films dans lesquels elle joue ensuite, car d’un côté, elle tend vers l’idéal pictural renoirien, avec cette beauté presque « antique », quand de l’autre, elle se métamorphose dans les films de Jean, pour devenir un corps moderne, différent, presque grotesque, qui a du beaucoup surprendre le spectateur de l’époque. » (Matthieu Orléan, collaborateur artistique de la Cinémathèque de France)

     

    De 1924 à 1928, Jean et Catherine tournent six films ensemble, notamment « Nana » en 1926, tiré du roman d’Emile Zola, dont Auguste Renoir était très proche. Jean Renoir reste encore très influencé par les références culturelles paternelles, ainsi que par les nombreux dialogues qu’il a pu nouer avec les amis de son père, ou dans son entourage proche, parmi les peintres ou les écrivains.

     

    « La Fille de l’eau », Jean Renoir (1924)

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    Mais Jean s’intéresse aussi beaucoup à l’art de son propre temps… Sa grande culture s’est éminemment forgée au contact d’artistes plus contemporains qu’il rencontrera sur sa route, tels que le photographe Henri Cartier-Bresson ou l’écrivain Georges Bataille. Renoir a su en tout cas catalyser toutes ces influences dans ses films.

    Jean Renoir s’émancipe enfin de l’influence paternelle, et va réaliser en l’espace de trois ans, entre 1937 et 1939, ses trois grands chefs d’oeuvre, rentrés depuis au panthéon du cinéma français : « La Grande Illusion », « La Bête Humaine » et « La Règle du Jeu ».

    Dans cette partie plus « politique » des années 30, on est assez loin de l’impressionnisme renoirien… Au début du  second conflit mondial, fort de son succès d’avant-guerre, Renoir décide de rejoindre les Etats-Unis, où il tournera sept films.

     

     

     

    Jean Renoir rentre en France en 1946, pour « un retour aux sources » justifié par un certain nombre de raisons, la maturité, la vieillesse, la douleur de l’exil, et c’est un peu comme s’il ressentait de nouveau le besoin de remettre ses pas dans ceux de son père. Avant la guerre, « Partie de Campagne » sorti en 1936 en était déjà probablement le symptôme le plus visible, avec certaines scènes du film en résonance avec les tableaux d’Auguste. Après la guerre, c’est avec « French Cancan » en 1954, et le Montmartre de son père qui resurgit sur le plateau de cinéma, que le dialogue reprend…

     

    « Et de nouveau, l’approche de la création les réunit ; le fait que l’artiste soit avant tout un artisan, cet attachement au modèle, une certaine conception de la nature, dans une forme de panthéisme. Et puis, évidemment, ce travail autour de la couleur et de la lumière, et cette volonté de donner une impression de naturel… » (Sylvie Patry, Commissaire de l’Exposition)

     

    En deux siècles, donc, les Renoir père et fils auront révolutionné la peinture et le cinéma. De grandes familles d’artistes, il y en eut, mais chez les Renoir, la singularité, c’est que nous avons affaire à l’un des plus grands peintres de l’histoire, comme à l’un des plus grands cinéastes… Et que chacun ait apporté une pierre significative à l’édifice de leur art respectif.

     

     

     

  • Sérgio Odeith, de la Rue au Musée

     

     

    Sérgio Odeith est né en 1976 à Damaia, au Portugal. Il utilise pour la première fois une bombe de peinture au milieu des années 80, mais c’est dans les années 90 qu’il a une vraie révélation pour l’art du graffiti et son mouvement, à l’époque où le street art commence à se répandre à travers tout le pays, depuis Caracavelos, son lieu de naissance présumé.

     

    Les premières oeuvres de Sérgio Odeith apparaissent donc sur les murs de la ville ou les trains de banlieue, tant de supports sur lesquels l’artiste peut enfin assouvir sa passion pour le dessin. Par la suite, Odeith s’attaque à de grandes fresques murales, à Damaia, Caracavelos, et sur d’autres spots du Portugal, comme Cova da Moura, 6 de Maio ou Santa Filomena.

    Sérgio Odeith montre déjà à l’époque des prédispositions évidentes pour les graffitis alternant perspective et ombres, dans un style qualifié plus tard de « Sombre 3D », se caractérisant par des compositions, des paysages, des portraits ou des messages au réalisme affirmé.

    En 2005, Odeith est désormais reconnu internationalement pour ses incursions dans le domaine de l’Anamorphic Art, avec ses compositions en perspective, peintes sur des supports divers et variés, tels que des angles à 90°, ou du sol au plafond, afin de créer des illusions optiques bluffantes. En 2008, Odeith décide de fermer son salon de tatouage qu’il avait ouvert en 1999, et part s’installer à Londres.

    Il est depuis rentré au Portugal, et consacre maintenant tout son temps à la peinture, en composant des fresques murales à grande échelle pour des entreprises internationales comme London Shell, Kingsmill, Coca-Cola Company, Estradas de Portugal, Samsung, Sport Lisboa e Benfica, ou encore pour des administrations telles que Câmara Municipal de Lisboa et Câmara Municipal de Oeiras.

    Il a d’autre part récemment participé à un certain nombre d’événements internationaux, comme Meeting of Styles (Alemanha), 1st Bienal del Sur (Panamá) et la Berardo Collection Museum’s 2nd Anniversary Party, ou collaboré avec des musées comme le Museum of Public Art (Louisiana, EUA) et le MuBE, Brazilian Museum for Sculpture (São Paulo, Brasil).

    A découvrir absolument…

     

     

     

     

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  • Pierre Soulages, quand la matière devient lumière

     

     

    Nous allons nous intéresser à un immense artiste français qui va fêter ses 99 ans en décembre : Pierre Soulages, le peintre du noir et de la lumière. Une rétrospective exceptionnelle lui est consacrée à la Fondation Gianadda en Suisse, jusqu’au 13 janvier 2019, en collaboration avec le Centre Pompidou.

     

    La Fondation Gianadda fête quant à elle ses quarante ans cette année. Après 177 expositions présentées depuis sa naissance, la fondation a décidé, pour célébrer l’événement, de rendre hommage à Pierre Soulages, un artiste vivant, contemporain, français, même si ça se passe chez nos voisins suisses.

    Pierre Soulages, né le 24 décembre 1919 à Rodez (Aveyron), vit et travaille entre Paris et Sète (Hérault). Figure majeure de l’abstraction, il est reconnu comme l’un des plus grands peintres de la scène française actuelle pour son œuvre qui traverse la seconde partie du XXème et le début du XXIème siècle.

     

    « Cette rétrospective Pierre Soulages couvre sept décennies de peinture, avec un choix ciblé d’oeuvres absolument exceptionnelles. » (Martha Degiacomi, Historienne de l’Art)

     

    Pierre Soulages est probablement moins connu en Suisse qu’en France, mais sa renommée internationale est telle que cette rétrospective connaît un retentissement important depuis son ouverture en juin 2018. Rappelons tout de même que Pierre Soulages est l’un des artistes les plus cotés actuellement sur le marché de l’art et ses toiles s’arrachent à prix d’or.

     

    Peinture 175 x 222 cm, 23 mai 2013 © Vincent Cunillère

     

     

    « Cette rétrospective s’attache donc à montrer l’évolution du processus créatif de Pierre Soulages, du tout début de sa carrière à cette « arrivée dans le noir » marquant la seconde période de son oeuvre. » (Martha Degiacomi)

     

    Pour ceux qui se diront sûrement « moi, le noir, je n’aime pas ça, ça m’angoisse » ou encore « là, c’est du noir, d’autres ont fait dans le bleu avant comme Yves Klein ou dans le blanc comme Lucio Fontana », n’ayez pas peur et laissez vous embarquer dans l’univers monochrome de Pierre Soulages.

    La différence, avec Pierre Soulages, c’est que « ça n’est pas du noir, mais de la lumière »…

     

    Pierre Soulages (Né en 1919), Peinture 204 x 227 cm, 12 novembre 2007

     

     

    Le parcours de l’exposition démarre avec les premiers « brous de noix » des années 1948-1949. Le brou de noix est un liquide obtenu à partir du broyage de la coquille du célèbre fruit à coque. C’est un matériau absolument « non-académique », même s’il avait déjà été utilisé par des artistes tels que Le Lorrain ou Rembrandt, mais c’est Pierre Soulages qui invente à proprement parler ce procédé de création d’oeuvres sur papier à partir de cette matière.

     

    Pierre Soulages, Brou de noix sur papier, 65 x 50 cm, 1948

     

     

    Début 1979, Pierre Soulages commence à recouvrir, d’abord accidentellement, une toile entièrement de noir. A force d’appliquer la couleur, puis de tenter de l’enlever en la grattant, il remarque avec frayeur que la toile reste désespérément… noire. Il s’apprête à la détruire lorsqu’il remarque que la toile brille, que de la lumière émane de celle-ci. Du jamais vu…

    Pierre Soulages entame alors son processus de recherche empirique sur cette effet de lumière. A partir des années 90, le peintre travaille sur l’aboutissement ultime de son cheminement artistique : « les Outrenoirs ». On est maintenant au delà du noir…

    Car pour Pierre Soulages, le noir, c’est la couleur de la vie et de la lumière.

     

    Pierre Soulages, Peinture 324 x 362, 1985. Polyptyque C

     

     

    « On peut faire des expériences tout à fait étonnantes avec les oeuvres de Soulages. Vous pourrez vous promener autour du tableau et vous constaterez que celui-ci change sans cesse en fonction de votre propre position. C’est ce qui fait la particularité des Outrenoirs de Pierre Soulages. » (Martha Degiacomi)

     

    Les oeuvres de Soulages invitent ainsi à la méditation et à l’introspection. Ses tableaux à l’aspect sans cesse changeant nous amènent à nous questionner sur notre propre positionnement personnel.

    Dès le début de sa carrière, Pierre Soulages écarte rapidement les autres couleurs pour se concentrer sur ce noir, la couleur qui porte toutes les autres, et qui va peu à peu recouvrir totalement la toile… Il y reste très attaché, si bien qu’elle participe de son identité artistique. Majeure dans son art, elle se décline, selon les outils avec lesquels elle est appliquée, en surfaces lisses ou accidentées, qui révèlent une lumière multiple et insoupçonnée.

     

    Car, vous l’aurez compris, « ça n’est pas du noir, mais de la lumière »…

     

     

     

    « Soulages – Une Rétrospective » montre pour la première fois rassemblée la collection des œuvres du peintre, datées de 1948 à 2002 et conservées au MNAM-CCI Centre Pompidou. Il s’agit d’un exceptionnel ensemble composé de vingt-quatre œuvres sur les vingt-cinq répertoriées : soit seize peintures dont deux goudrons sur verre, trois brous de noix et cinq dessins. L’exposition est complétée par trois brous de noix prêtés par le musée Soulages de Rodez et respectivement créés en 1949, 1999 et 2003, ainsi que par des œuvres provenant de collections particulières.

    Cette rétrospective montre au total plus de 30 œuvres réalisées entre 1948 et 2017, selon un parcours chronologique qui met en évidence les recherches picturales et les différentes techniques que Soulages a explorées, ainsi que les étapes charnières de sa création.

     

    Depuis le 15 juin 2018 et jusqu’au  25 novembre 2018 – Tous les jours de 09h00 à 19h00.

    Prolongation de l’exposition : du 26 novembre 2018 au 13 janvier 2019 – Tous les jours de 10h00 à 18h00.

     

    Fondation Gianadda, Rue du Forum 59, 1920 Martigny, Suisse

     

     

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    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Pierre Soulages

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= » large »] Fondation Gianadda

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Musée Soulages Rodez

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Les Outrenoirs de Pierre Soulages, obsession d’un physicien ?

     

     

     

  • « Jean-Michel Basquiat » à la Fondation Louis Vuitton, jusqu’au 14 janvier 2019

     

     

    Ce sont les événements picturaux incontournables de la rentrée : les deux expositions consacrées à Jean-Michel Basquiat et Egon Schiele à la Fondation Louis Vuitton. L’une des figures majeures de l’art contemporain confrontée à l’un des sommets de l’expressionnisme du début du XXème Siècle.

     

    Des artistes ultra-doués, torturés, morts très jeunes… Le premier il y a trente ans, en 1988, à l’âge de 28 ans et le second en 1918, au même âge. Deux destins, deux oeuvres coups de poing…

     

     

     

    Fulgurants et sans concession, l’art et la manière de Jean-Michel Basquiat ont marqué la scène artistique des années 80. Contemporain d’Andy Warhol et de Keith Haring, en dix ans de carrière, le jeune new-yorkais a coloré de sa fougue et de ses idées sombres plus de mille toiles. Trente ans après sa mort, survenue à l’âge de 28 ans, les peintures de cet autodidacte qui a fait ses débuts sur les murs de Manhattan affolent encore les marchands d’art.

    La Fondation Louis Vuitton lui consacre une rétrospective exceptionnelle, l’occasion de déchiffrer son esprit ultra-contemporain à travers le regard du commissaire de l’exposition, Dieter Buchhart, de son ami le créateur de mode Jean-Charles de Castelbajac et de ses soeurs.

     

    « Il était déterminé à laisser une trace et à devenir un grand artiste. Il y travaillait sans relâche. » (Lisane Basquiat, soeur de Jean-Michel Basquiat)

     

    « Jean », comme l’appelaient ses proches, est issu de la petite bourgeoisie de Brooklyn et fréquente les musées depuis son plus jeune âge. Lorsqu’il est hospitalisé à sept ans, suite à un accident de voiture, sa mère lui offre le livre d’anatomie « Gray’s Anatomy » d’Henry Gray, illustré par des dessins de H.V. Carter, et c’est une révélation… En s’inspirant de l’ouvrage, Il fait ses premiers croquis et rêve de devenir dessinateur de cartoon.

     

    « C’est certainement cet événement qui a suscité son intérêt pour le fonctionnement du corps humain, des os, des organes… » (Dieter Buchhart, commissaire de l’exposition)

     

    Mais avant d’exposer ses figures écorchées dans les plus grandes galeries, c’est dans la rue que Jean-Michel Basquiat se fait connaitre. A l’âge de 17 ans, il forme avec son ami Al Diaz le duo « Samo », de l’expression « Same All Shit », en Français « toujours la même merde ». Ensemble, ils recouvrent les murs de Manhattan d’interjections enragées et réussissent à faire parler d’eux.

     

     

     

    « Peu importe à quel événement culturel vous assistiez à New York, le collectif Samo était toujours passé par là juste avant vous. C’est ainsi que les membres de Samo se firent connaître. » (Dieter Buchhart, commissaire de l’exposition)

     

    En 1979, le duo Samo se sépare. Jean-Michel Basquiat se consacre désormais à la peinture et New York l’inspire.

     

    « Dans les années 80, New York n’est pas le New York d’aujourd’hui. La ville est beaucoup plus underground, vibrante, dangereuse. L’essence même de New York à l’époque est rythmique, comme une vibration. » (Jean-Charles de Castelbajac)

     

    Portes, palissades, toiles de fortune, Basquiat recouvre tout ce qu’il peut de sa colère débordante. Car dans ses créations, explique-t-il, « il y a 80 % de rage et 20 % de mystère ». Début 1981, Bruno Bischofberger, grand marchand d’art, décèle son énorme potentiel. A l’époque, Basquiat n’a que 20 ans mais s’apprête à devenir une star.

     

    « Basquiat apparaît comme un ovni aux yeux des amateurs d’art. Comme l’écriture automatique de ces médiums ou de ces sorciers vaudous qui écrivent dans la pénombre et transcrivent la parole de ceux qui sont partis. » (Jean-Charles de Castelbajac)

     

    Basquiat crée à partir de mots, d’images et de pictogrammes. Un univers complètement nouveau pour l’époque. Il initie l’ère du « copier-coller ». Une méthode dont se sert Basquiat pour dénoncer racisme et inégalités, car être noir dans le new York des années 80 reste une condition difficile. Sa mère est portoricaine, son père est haïtien, et dans ses toiles, il invoque aussi le vaudou et la sorcellerie.

     

    « Il y a tellement de gens que l’art néglige… parce que tout dépend finalement de celui qui tient le pinceau. Les noirs ne sont jamais représentés de façon réaliste. Ils ne sont pas suffisamment présents dans l’art moderne. » (extrait de « Jean-Michel Basquiat, la rage créative », documentaire de David Schulman, en diffusion le 19 octobre à 23h30 sur Arte)

     

    [arve url= »https://vimeo.com/50385834″ align= »center » title= »Jean-Michel Basquiat Title » description= »Jean-Michel Basquiat » maxwidth= »893″ /]

     

     

    « Quand on y réfléchit, il y a quelque chose de tentaculaire dans l’oeuvre de Jean-Michel Basquiat… Quand on pense qu’il a peint plus de 800 toiles en l’espace de sept ou huit ans. Avec des périodes distinctes et des techniques toutes différentes. Peintures, détournements, tout y passe. A la manière de Picasso, qui crée une tête de  taureau à partir d’un guidon de bicyclette, Basquiat fait sa Chapelle Sixtine à partir d’une palissade. » (Jean-Charles de Castelbajac)

     

    En 1983, Basquiat se lie d’amitié avec son idole, Andy Warhol. De cette rencontre naîtra une collaboration foisonnante. Mélange d’effervescence et de compétition, cette association donne lieu à de nombreuses toiles et photos, ainsi qu’à une exposition.

     

    « Ça n’avait jamais existé auparavant, ce genre de collaboration, entre deux artistes gigantesques et de générations différentes. » (Jeffrey Deitch, conseiller en art)

     

    Après presque deux ans de création commune, ils se séparent en 1985. Rattrapé par ses addictions, Jean-Michel Basquiat voit son génie décliner peu à peu. Il meurt d’une overdose en 1988, à l’âge de 27 ans. Pourtant, trois décennies après sa disparition, ses prophéties résonnent encore…

     

     

     

    « Beaucoup des thèmes qu’il aborde dans ses toiles restent malheureusement aujourd’hui encore d’actualité, partout dans le monde. Nous continuons à faire face au racisme et aux discriminations. C’est pour cette raison que Jean émeut encore les gens aujourd’hui, tant son message résonne encore. » (Jeanine Basquiat, soeur de Jean-Michel Basquiat)

     

     

     

  • Le Musée Eugène Delacroix, intime et atemporel

     

     

    Prenez le temps de vous ressourcer dans un site unique au cœur de Saint-Germain-des-Prés à Paris… Avec son jardin, le musée-atelier d’Eugène Delacroix est un lieu de création à taille humaine, intime et atemporel. Venez y découvrir régulièrement de nouvelles expositions ainsi que de nombreuses manifestations artistiques.

     

    Le Musée National Eugène Delacroix fut fondé à la fin des années 1920 par la Société des Amis d’Eugène Delacroix. Il a ouvert pour la première fois en juin 1932, avec une première exposition dédiée au peintre et à ses proches, « Delacroix et ses amis ».

    Installé dans le dernier appartement occupé par le peintre, ainsi que son dernier atelier, où il vécut de décembre 1857 à sa mort, le 13 août 1863, le musée a été créé, plus de soixante ans après le décès de Delacroix, par des peintres, des collectionneurs, des conservateurs, réunis en association pour sauver les lieux, menacés de destruction. Présidée par Maurice Denis, dont l’implication pour le musée fut sans faille, la Société des Amis d’Eugène Delacroix réunissait aussi Henri MatissePaul SignacÉdouard VuillardGeorge Desvallières, notamment.

    Le Musée Eugène-Delacroix fut donc conçu en hommage à Eugène Delacroix, peintre, dessinateur, graveur et écrivain. Sa collection propre, singulière, est la seule au monde à présenter la diversité des talents de cet immense artiste et à souligner l’influence majeure que son œuvre exerça sur la création artistique.

    Vous aimez la peinture, la littérature et la poésie ? A l’occasion des vacances de la Toussaint, venez profiter d’un choix de cadeaux et de présents pour petits et grands, disponibles à la librairie du musée. Vous y serez accueillis du mercredi au lundi, de 9h30 à 17h30. L’entrée est libre !

    Et n’oubliez pas de vous abonner à la page Facebook du Musée Eugène Delacroix pour suivre son actualité !

    © Musée du Louvre / Antoine Mongodin

     

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  • Alphonse Mucha au Musée du Luxembourg

     

     

    Le Musée du Luxembourg, à Paris, rend hommage au représentant de l’Art Nouveau, Alphonse Mucha. Artiste tchèque de renommée internationale, il reste indissociable de l’image du Paris 1900 et s’est fait connaître en signant les affiches des pièces d’une certaine Sarah Bernhardt.

     

    Les affiches de l’artiste tchèque Mucha sont indissociables du Paris des années 1900. Un style emblématique de l’Art Nouveau qui est aujourd’hui mis à l’honneur au Musée du Luxembourg. On y découvre aussi bien les peintures que les sculptures, les décors et les objets nés de l’imagination d’une personnalité foisonnante et toujours restée très attachée à son pays natal. 

    Des façades des immeubles à la sortie des métros parisiens, sur vos boîtes de biscuits à l’ancienne, le saviez-vous, l’Art Nouveau, vous le croisez partout. Dans les années 1880, ce mouvement artistique révolutionnaire casse les codes. Tandis que le monde s’industrialise, l’art s’inspire plus que jamais de la nature, ses couleurs et ses formes. A la tête de ce courant nouveau, un jeune Tchèque, Alphonse Mucha.

     

    « Mucha réussit à incarner l’esprit d’une époque et l’atmosphère de la ville qu’était Paris. » 

     

    Alphonse Mucha est né en 1860 en Moravie. Âgé de 27 ans, l’illustrateur débarque à Paris en 1887 et y vit une existence de bohème jusqu’à ce soir de 1894 où son imprimeur lui commande en urgence une affiche pour « Gis-Monda », la nouvelle pièce de la grande Sarah Bernhardt. 

     

    « Evidemment, quand Mucha présente son projet à l’imprimeur, celui-ci est un peu effrayé car ce qu’il a sous les yeux est totalement nouveau, mais il n’a pas le temps de consulter d’autres artistes et n’a de toute façon personne d’autre sous la main. Il décide donc de montrer le projet d’affiche à Sarah Bernhardt qui, quant à elle, trouve ça formidable. » (Alain Weill, auteur de « L’affiche au temps de l’Art Nouveau » paru aux Editions Hazan)

     

    « Ça reste un mystère de savoir comment, pour un illustrateur qui ne travaillait habituellement que sur des oeuvres de petite dimension, Mucha est parvenu à créer une affiche de deux mètres de haut. Mais toujours est-il qu’il est devenu célèbre en l’espace d’une nuit… » (Tomoko Sato, commissaire de l’exposition)

     

    Sarah et Mucha, c’est donc le duo gagnant. Pendant six ans, Mucha réalisera ainsi toutes ses affiches, mais aussi ses décors et ses costumes. Sarah Bernhardt comprend vite qu’elle tient là une pépite et qu’il n’est pas question de la laisser s’échapper… Quant à Mucha, il est non seulement aux anges, mais de surcroît, le fait de pouvoir travailler pour la superstar du moment est pour lui un aboutissement dont il n’aurait pu raisonnablement rêver quelques années plus tôt.

    Face aux immenses Toulouse-Lautrec ou Jules Chéret, le style Mucha parvient néanmoins à se faire une place dans ce Paris des années 1900 et a tellement la cote que les gens s’arrachent littéralement ses affiches placardées dans les rues de la ville.

     

    « Il est impossible de ne pas reconnaître et identifier immédiatement une affiche de Mucha… C’est presque toujours la même formule. On retrouve un sujet seul, en général une très belle femme entourée d’images symboliques, comme des fleurs, des motifs inspirés de la nature, et cette figure féminine mène le regard du spectateur vers d’autres aspects tout autant symboliques. »

     

    Fidèle à l’esprit de l’Art Nouveau, Alphonse Mucha fait entrer l’art dans les objets du quotidien, au moment où la publicité et le marketing prennent leur essor. On lui commande des oeuvres pour des boîtes de biscuits, du papier à cigarette, du parfum ou même du champagne. 

     

    « Les panneaux décoratifs commandés par l’imprimeur-lithographe Ferdinand Champenois permettaient à des gens qui ne disposaient pas d’un gros budget de pouvoir décorer leurs murs avec des oeuvres d’art de qualité, et ce à moindre coût. Au début, Mucha était ravi de pouvoir réaliser ces panneaux, jusqu’à ce qu’il se trouve rapidement débordé par la demande. » 

     

    En 1900, Mucha se voit confier la décoration du pavillon de Bosnie-Herzégovine pour l’Exposition Universelle de Paris. Cette expérience le ramène à ses premières amours, la peinture historique, dont il rêvait déjà lorsqu’il étudiait en école d’art. De retour à Prague en 1910, il passe plus de quinze ans sur son grand projet, « L’épopée slave », série de vingt toiles monumentales qui retrace les épisodes marquants de l’histoire des peuples slaves.

     

    « Pour lui, la chose la plus importante en tant qu’artiste était la communication. Comment faire passer sa pensée politique ou philosophique à travers ses oeuvres. C’est en cela que son expérience de créateur d’affiches publicitaires lui a été fort utile. »

     

    De retour dans son pays, Mucha passe donc du statut de star internationale à celui de héros national. Il devenait l’artiste officiel et le grand artiste tchèque. Il réalisa ainsi des billets de banque, des timbres, il décora l’hôtel de ville de Prague. Pourtant, il ne parvint jamais à imposer sa peinture ailleurs en Europe. En ce début du 20ème siècle, l’heure est plutôt au Cubisme et aux autres mouvements d’avant-garde. 

    Mais ce n’est qu’à partir de 1960 qu’un nouveau boum « Mucha » retentit. En effet, à cette époque, l’identité visuelle de Mucha s’accorde bien avec la musique pop, le rock, la musique psychédélique ou la culture underground. Certaines affiches de Mucha deviennent des emblèmes et seront beaucoup utilisées dans différents contextes.

    Et c’est ainsi que l’ADN de Mucha continue de vivre aujourd’hui…

     

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    Et à ne surtout pas rater, le samedi 06 octobre 2018, c’est la « Nuit Blanche Mucha » au Musée du Luxembourg ! Les dessinateurs du collectif « Soirées Dessinées » réalisent sous vos yeux de grandes fresques inspirées par les œuvres d’Alphonse Mucha, accompagnés de musique et d’interventions dansées originales composées autour de Mucha.

     

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  • Jean-Michel Basquiat, trente ans pour passer de trépas à légende

     

     

    Le 12 août 1988, Jean-Michel Basquiat disparaissait à l’âge de 27 ans. Le peintre américain d’origine haïtienne reste encore aujourd’hui une énigme, tant il accumule les records après avoir été longtemps boudé par la plupart des grands musées.

     

    Devenu le peintre américain le plus cher de l’histoire (110,5 millions de dollars pour une toile vendue aux enchères chez Sotheby’s à New York le 18 mai 2017), Jean-Michel Basquiat est aujourd’hui l’un des artistes les plus influents de sa génération. Déjà, en janvier 2017, un tableau sans titre était vendu aux enchères chez Christie’s pour la somme époustouflante de 57.285.000 dollars.

    Ce grand tableau de 1,83 m sur 1,73 m représente une tête noire torturée et inquiétante sur fond bleu azur. Il a été adjugé après plus de dix minutes d’enchères, une durée très inhabituelle. Le prix de départ avait été fixé à 57 millions de dollars, soit quasiment le record pour celui qui se fit connaître sous le pseudonyme « SAMO » dans les années 70, en taguant sur les murs de New York. La toile n’avait plus été proposée à la vente, ni présentée en public, depuis son acquisition par un collectionneur anonyme en 1984 chez Christie’s. L’acheteur de l’époque n’avait d’ailleurs déboursé que 19.000 dollars pour cette oeuvre de 1982.

     

    © AFP / Cortesía / Notimex

     

     

    Jean-Michel Basquiat, trente ans après sa mort, semble cependant davantage célébré dans la rue qu’au musée… À première vue, cet enfant de Brooklyn, né d’un père haïtien et d’une mère portoricaine, n’a laissé que peu de traces à New York, où il passa pourtant l’essentiel de sa vie et qui fut pour lui une source d’inspiration majeure. Tout juste une plaque, discrète, sur la façade de son ancien atelier, caché dans le minuscule quartier de NoHo. Aucun monument public en son honneur, aucun lieu portant son nom, plus aucune empreinte de ses fameux graffitis signés « SAMO », pour « Same Old Shit ».

     

     

     

    Ses admirateurs vont se recueillir, à défaut, sur sa tombe, au cimetière de Green-Wood à New York. Avec le compositeur Leonard Bernstein, « Jean », comme l’appelaient ses proches, est le plus célèbre résident de ce gigantesque cimetière de Brooklyn où sont enterrées 570.000 personnes, selon Lisa Alpert, vice-présidente du développement du lieu. Des visiteurs y « laissent des choses sur sa tombe », une sépulture très sobre, avec l’assentiment de la direction, explique-t-elle.

    Presque introuvable dans la rue, Jean-Michel Basquiat l’est aussi dans les musées new-yorkais : dix pièces au MoMA, mais uniquement des dessins et des sérigraphies, six au Whitney, deux au Metropolitan Museum, deux au Brooklyn Museum et une au Guggenheim. Pour un artiste qui a laissé derrière lui plus de 2.000 oeuvres, c’est peu. «   C’est une honte que les musées de New York n’aient pas davantage de Basquiat », estime l’artiste Michael Holman, ami du peintre, qui créa avec lui le groupe Gray.

    Il rappelle que, du vivant de Basquiat, le couple de collectionneurs Lenore et Herbert Schorr proposa de faire don de tableaux de l’artiste au MoMA et au Whitney, qui refusèrent… Pour Michael Holman, « il y a une certaine dose de racisme » dans le peu d’intérêt affiché par les grandes institutions artistiques de New York du vivant de Basquiat, voire même après sa mort.

     

    À Brooklyn, une oeuvre de l’artiste Eduardo Kobra met Jean-Michel Basquiat à l’honneur.
    © Maisant Ludovic / hemis.fr / Hemis

     

    Né à Brooklyn en 1960 et décédé trop jeune en 1988, Jean-Michel Basquiat fut souvent considéré comme le porte-parole de l’immigration américaine. Cet artiste néo-expressionniste, issu de l’univers du graffiti, est notamment connu pour ses représentations de paradoxes sociaux. À travers ses peintures, Basquiat illustrait par exemple l’opposition entre la richesse et la pauvreté, ou encore l’intégration et la ségrégation. Il mariait habilement texte et image, couleurs et poésie, pour dénoncer la société moderne ou commémorer les injustices de l’histoire afro-américaine. Des thèmes probablement pas assez consensuels pour les grands musées new-yorkais…

    Professeure d’histoire d’art contemporain au California College of the Arts, et auteure du seul ouvrage d’étude de l’oeuvre de Basquiat, Jordana Moore Saggese y voit aussi la conséquence du succès dont cet ovni, débarqué dans le monde de l’art sans aucune formation, bénéficia de son vivant auprès de collectionneurs et de galeristes. « Durant les années 1970 et 1980, critiques et historiens étaient très partagés sur la question de savoir si un artiste pouvait connaître le succès sur les plans à la fois commercial », comme Basquiat, « et critique », afin d’attirer l’attention des musées, explique Jordana Moore Saggese.

    Peu avant de mourir d’une overdose d’héroïne à 27 ans, l’artiste était déjà parvenu à attirer l’attention des collectionneurs grâce à ses œuvres lourdes de sens. Aujourd’hui encore, quelque 85 à 90 % des pièces de ce jeune homme charismatique, héros du film « Downtown 81 » dans lequel il joue son propre rôle à 20 ans seulement, sont entre les mains de collectionneurs privés, estime Jordana Moore Saggese. De Leonardo DiCaprio à Bono, en passant par Jay Z, Johnny Depp ou Tommy Hilfiger, la liste des célébrités détenant ou ayant possédé une toile ou un dessin de Basquiat ne cesse de s’allonger.

     

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    Quelques galeries new-yorkaises proposent des oeuvres de Basquiat, notamment la Soho Contemporary Art. Mais elles sont plus rares que jamais, avec les records atteints par ses créations aux enchères. Et ses oeuvres sont aujourd’hui inabordables pour les musées, quand bien même ils souhaiteraient en acquérir. Pour preuve, le propriétaire de la Soho Contemporary Art, Rick Rounick, avait neuf tableaux il y a encore quelques mois, mais n’en a plus que deux.

     

    « A mesure que des collectionneurs (possédant des tableaux) vont préparer leur succession et prévoir des dons aux musées, nous verrons davantage d’oeuvres majeures se frayer un chemin jusqu’aux collections publiques », anticipe Jordana Moore Saggese. En attendant, s’il n’est que peu célébré par les institutions, Basquiat infuse la culture populaire par d’autres biais. « Ses peintures et ses dessins apparaissent sur des T-shirts, des baskets, des montres et des sacs », souligne Saggese. « D’une certaine façon, il est plus accessible qu’il ne l’a jamais été ».

     

    Depuis 2014, la marque japonaise de vêtements Uniqlo a sorti plusieurs collections reprenant des oeuvres de Basquiat en collaboration avec le MoMA. L’auteur noir Javaka Steptoe a publié un livre sur cette icône du New York des années 1980, « The Radiant Child », destiné aux enfants. Une façon pour ceux qui ne connaissent rien de cette période d’entrer en contact avec son univers.

     

    « Les enfants l’adorent, parce que son art et le leur sont similaires », explique-t-il. « Il leur donne la permission d’être eux-mêmes ». Pour Michael Holman, l’influence de Basquiat à New York est palpable dans la rue. « On voit tellement de gens qui ont adopté son style, sa coupe de cheveux », dit-il.

     

    Le chanteur canadien The Weeknd a longtemps arboré les mèches dressées en touffes en hommage au peintre. L’artiste s’inscrit aussi dans la culture actuelle par le biais des textes des plus grands rappeurs, genre dominant aux Etats-Unis en général et chez les jeunes en particulier, notamment chez Jay Z, Kanye West ou ASAP Rocky, pour n’en citer que quelques-uns. « C’est un héros pour les jeunes », assure Michael Holman, « comme Warhol l’était pour ma génération ».

    À l’époque, au cours d’une interview accordée à Cathleen McGuigan pour le New York Times, Jean-Michel Basquiat avait expliqué qu’il rêvait de devenir une star, et non une mascotte de galerie… Il lui aura fallu attendre près de trente ans… après sa mort… pour voir son rêve se réaliser. En effet, Basquiat collectionne depuis quelques années tous les records en terme de prix de vente de ses toiles, en particulier celles datant du début des années 80.

     

    « Untitled » (1982) : 57.285.000 dollars – En découvrant ce tableau pour la première fois, Yusaku Mazawa a aussitôt ressenti une connexion spirituelle avec l’essence de cette œuvre. C’est la raison pour laquelle le collectionneur japonais a décidé d’investir une telle somme pour acquérir cette pièce.

     

    « Dustheads » (1982) : 48.843.752 dollars – Vendue en 2013 par Tony Shafrazi, cette toile initialement estimée par Christie’s à 35 millions de dollars a dépassé toutes les attentes.

     

    « The Field Next to the Other Road » (1981) : 37.125.000 dollars – Très convoité, ce tableau a longtemps été prisé par Christophe van de Weghe. Depuis 1993, le collectionneur a tenté d’acquérir cette toile à deux reprises, en vain.

     

    « Untitled » (1981) : 34.885.000 dollars – Cette œuvre est considérée comme la transition de Basquiat du statut de street artist underground à celui d’icône mondiale. Détenu depuis 1982 par la Annina Nosei Gallery, le tableau a finalement été vendu par Christie en 2014.

     

    « Untitled » (1982): 29.285.000 dollars – Vendu en 2013, ce tableau à l’effigie d’un roi squelette fait partie des œuvres les plus célèbres de Basquiat. Il est passé par de nombreuses galeries de prestige, parmi lesquelles la Annina Nosei Gallery, la Fredrik Roos Collection et la Tony Shafrazi Gallery.

     

    « Untitled » (diptych) (1982) : 28.928.434 dollars – Cet immense tableau de 6 pieds sur 8 a été acheté en 2013 pour près de 29 millions de dollars. Auparavant, il était entreposé depuis 1982 à la Annina Nosei Gallery.

     

    « Untitled » (1981) : 26.402.500 dollars – Vendu en 2012 pour plus de 26 millions de dollars, ce tableau a battu le précédent record de 20,1 millions de dollars.

     

    « Untitled (Yellow Tar and Feathers) » (1982) : 25.925.000 dollars – Ce tableau fait partie d’une collection de tableaux exposée par Basquiat à la galerie Larry Gasgosian de Los Angeles en 1982. Il a ensuite été acheté par un collectionneur privé.

     

    « Undiscovered Genius of the Mississippi Delta » (1983) : 23.685.000 dollars – Cet immense tableau de 15 pieds associe les symboles de l’histoire afro-américaine à une fascinante technique d’expressionnisme abstrait.

     

    « Untitled » (1981) : 20.092.132 dollars – Vendu en 2012, ce tableau fut la première œuvre de Basquiat à dépasser la barre des 20 millions de dollars.

     

    A signaler tout de même qu’une place porte son nom dans le XIIIème arrondissement de Paris…

     

    Sources : Bastien Belloc pour Luxe.netCultureBox

     

     

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  • Nicolas de Staël en Provence à l’Hôtel de Caumont, Aix-en-Provence

     

     

    A travers 71 peintures et 26 dessins provenant de prestigieuses collections internationales publiques et privées, cette exposition se concentre, pour la première fois et de manière exclusive, sur le développement de l’œuvre de Nicolas de Staël lors de son séjour en Provence, entre juillet 1953 et juin 1954.

     

    La période provençale de Nicolas de Staël marque un tournant essentiel, aussi bien dans sa vie que dans son œuvre. Entre juillet 1953 et juin 1954, l’artiste y puise une nouvelle source d’inspiration.

    La découverte de la lumière du Midi, la beauté exceptionnelle de ce pays, la rencontre amoureuse d’une femme et l’épreuve de la solitude qui lui permet de répondre à sa future exposition à New York à la galerie Paul Rosenberg, sont autant d’expériences qui nourrissent son imaginaire et le rythme spectaculaire de sa production artistique. La renommée internationale de Nicolas de Staël prend son élan au cœur de la Provence.

    À Lagnes, en juillet 1953, le regard du peintre s’intensifie. Les paysages sont saisis au plus près de leur motif, avec une attention portée sur l’évolution de la lumière au fil de la journée. En août, le peintre voyage jusqu’en Sicile. Son appréhension des paysages, des sites archéologiques et des musées, lui permet, une fois de retour à Lagnes, de mettre en chantier une série de tableaux parmi les plus importants de sa carrière, notamment à partir des notes prises dans ses carnets à Fiesole, Agrigente, Selinonte et Syracuse. À la même époque, son intérêt pour l’étude du nu trouve son expression la plus accomplie dans les grands tableaux de figures et de nus qui dialoguent souvent avec le paysage.

    Au terme de cette année intense de travail, le peintre a la certitude, en 1954, d’avoir donné le maximum de sa force. Préparant son exposition à New-York, il écrit à Paul Rosenberg : « Je vous donne là, avec ce que vous avez, de quoi faire la plus belle exposition que je n’ai jamais faite ». L’exposition « Nicolas de Staël en Provence » rend ainsi compte des plus hautes envolées picturales du peintre. Ici, la précision d’un regard révèle la nature dans son expression la plus inventive.

     

     

    Commissariat

    Gustave de Staël est né en 1954, à Paris. Il est le quatrième enfant de Nicolas de Staël. Après deux ans d’école d’architecture, il se met à peindre puis à graver. En 1991, il prend la direction de l’Association pour la Promotion des Arts à l’Hôtel de Ville de Paris où pendant quatorze ans, il est le commissaire d’une trentaine d’expositions pour la Salle Saint-Jean. Après avoir dirigé les Instituts Français du nord du Maroc, Tanger et Tétouan, il décide de partager son temps entre Paris et Tanger et de se consacrer à nouveau à la peinture où il travaille en alternance aquarelles sur le motif, dessins et peintures. Depuis dix ans, il est également coéditeur des éditions tangéroises Khbar Bladna. Sur Nicolas de Staël, il a réalisé l’exposition de la Salle Saint-Jean en 1994 ainsi que la rétrospective au Musée National de l’Ermitage en 2003, à l’occasion du tricentenaire de Saint-Pétersbourg.

    Marie du Bouchet est née en 1976. Elle est titulaire d’une maîtrise de philosophie sur la phénoménologie de Husserl. Après avoir collaboré à l’exposition « Paris sous le ciel de la peinture » organisée par Gustave de Staël à l’Hôtel de Ville de Paris en 2000, elle devient productrice à la radio, sur France Culture, à partir de 2001, pour l’émission « Surpris par la Nuit » dirigée par Alain Veinstein. Elle produit de nombreux documentaires sur la peinture et l’histoire de l’art. En 2003, elle écrit la monographie « Nicolas de Staël, Une illumination sans précédent » dans la collection Découvertes Gallimard. Depuis 2011, elle est membre et coordinatrice du Comité Nicolas de Staël.

     

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    Programmation

    Nommée directrice de la programmation culturelle des expositions de Culturespaces en 2017, Beatrice Avanzi est notamment en charge du Musée Jacquemart-André, du Musée Maillol et de l’Hôtel de Caumont – Centre d’Art. En tant que conservatrice du département des peintures du Musée d’Orsay depuis 2012, elle avait assuré le commissariat d’expositions majeures telles que « Le Douanier Rousseau – L’innocence archaïque » ou « Au-delà des étoiles – Le paysage mystique de Monet à Kandinsky ».

    A ses côtés, Agnès Wolff, responsable de la production culturelle, Cecilia Braschi, responsable des expositions pour l’Hôtel de Caumont – Centre d’Art, et Sophie Blanc, régisseur des expositions chez Culturespaces.

     

    Application Smartphone

    Cette application vous permet de découvrir les plus belles œuvres de l’exposition grâce à 23 commentaires d’oeuvres et la bande-annonce de l’exposition. Profitez d’une visite en très haute définition avec une profondeur de zoom exceptionnelle.

    Tarif : 2,99 €

    ✓ Disponible sur l’AppStore
    Disponible sur Google Play

     

    [arve url= »https://vimeo.com/265720848″ align= »center » description= »Nicolas de Staël en Provence » maxwidth= »900″ /]

     

    © Réalisation de la vidéo : Olam Productions

    © Photo à la Une : Museo Thyssen-Bornemisza, Madrid

    © Nicolas de Staël, Paysage de Provence, 1953, huile sur toile, 33 x 46 cm, Museo Thyssen-Bornemisza, Madrid © Adagp, Paris, 2018

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour Aller Plus Loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Hôtel de Caumont, Aix-en-Provence

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] « Nicolas de Staël en Provence » (Gustave de Staël et Marie du Bouchet, Ed. Hazan)

     

     

     

  • Klimt en images à l’Atelier des Lumières

     

    Gustav Klimt à l’Atelier des Lumières, c’est la belle expérience insolite à vivre du 13 avril au 11 novembre 2018. Dans une immense salle de 2000m², on se promène dans les plus beaux tableaux du peintre autrichien (oui, bien dans les tableaux et non parmi eux…) au son de valses de Vienne.

     

    A Paris, dans le 11ème arrondissement, il y avait la fonderie du Chemin-Vert créée en 1835 par les frères Plichon, d’anciens maréchaux-ferrants devenus fondeurs pendant la Révolution Industrielle. Soixante personnes y fabriquaient sur plus de 3000 m² des pièces en fonte pour la marine et les chemins de fer. En 1929, la crise et les débuts du plastique ont raison de l’entreprise qui est vendue.

    Bruno Monnier, déjà en charge des Baux de Provence, découvre cet espace incroyable en plein Paris. Quatre ans plus tard, le 13 avril 2018, L’Atelier des Lumières ouvre ses portes. Il se définit comme le premier centre d’Art Numérique de Paris. Et la première exposition est dédiée au peintre autrichien Gustav Klimt (1862-1918), pour le centenaire de sa disparition.

    Même concept, même site internet, comme pour les Carrières de Lumière des Baux, le visiteur est plongé dans une projection des œuvres de l’artiste en plusieurs dimensions : sols, murs mais aussi un bassin d’eau ou une pièce recouverte de miroirs. Il se retrouve ainsi au cœur de l’oeuvre, visualisant les plus petits détails auxquels il n’aurait peut-être pas prêté attention autrement.

     

    « C’est de l’art immersif », explique Michel Couzigou, le directeur de L’Atelier des Lumières. « On utilise 5.000 images numérisées, 140 vidéo-projecteurs et 50 sources sonores, pour que le spectateur se retrouve à l’intérieur de l’image et de l’oeuvre de Gustav Klimt. »

     

    En fond sonore, on peut entendre les œuvres de compositeurs contemporains de Klimt, comme Beethoven, Strauss ou Wagner. L’exposition a déjà attiré 120.000 spectateurs en trois semaines. Malgré le débat lancé par ses détracteurs qui comparent l’Atelier des Lumières à une attraction de Disneyland, il ne désemplit pas…

    La culture intellectualisée réservée aux avertis s’oppose à cette culture accessible à tous, qualifiée de « divertissement ». Si cette exposition s’adresse pour 25 % au public qui ne va jamais au musée, touchant un nombre considérable d’élèves de nos écoles jusqu’au lycée, alors c’est toute la culture en général qui est gagnante.

     

    Gustav Klimt à l’Atelier des Lumières du 13 avril au 11 novembre 2018.
    38 Rue Saint-Maur, 75011 Paris
    Ouvert tous les jours de 10h à 18h, nocturnes les vendredis et samedis jusqu’à 22 heures

     

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    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour Aller Plus Loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] L’Atelier des Lumières

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Klimt aux Carrières de Lumières

     

     

  • Guernica sans Guernica

     

     

    L’exposition « Guernica » ouvrait ses portes mardi 27 mars au musée Picasso à Paris. Seule particularité de l’événement, et non des moindres, le chef d’œuvre éponyme de Picasso est resté dans son musée à Madrid, qu’il ne quitte d’ailleurs jamais.

     

    « Guernica sans Guernica », c’est ainsi qu’aurait pu s’intituler l’exposition exceptionnelle du Musée Picasso à Paris, qui ouvrait ses portes le mardi 27 mars, et dont le parcours tente de faire oublier le tableau désespérément absent. « C’est le grand défi de ce projet », explique le directeur du musée, Laurent Le Bon. « On pensait voir Guernica, et au fond on en voit dix. C’est-à-dire qu’on assiste au processus créatif de cette oeuvre unique, à sa réception, à son rapport à l’art contemporain et à sa genèse extraordinaire, grâce à un ensemble exceptionnel d’études jamais prêtées auparavant », explique-t-il.

    L’exposition « Guernica » raconte donc l’histoire de cette icône de l’art moderne que Pablo Picasso a peinte entre le 1er mai et le 4 juin 1937, après le bombardement de la petite ville basque par les aviations nazie et fasciste. L’artiste y dénonce un massacre de civils, et pour créer cette œuvre monumentale qui sera présentée dans le cadre du pavillon espagnol de l’exposition internationale de Paris de 1937, il a réalisé une quarantaine d’études préalables. On en découvre ici dix, dont la toute première composition datant du 1er mai 1937.

     

    De l’extérieur à l’intérieur…

     

    « On est déjà devant une composition pyramidale, indique Émilia Philippot, la commissaire associée de l’exposition. Avec les principaux personnages de Guernica : le taureau, le cheval, le soldat mort allongé au premier plan et la figure porteuse de lumière qui sort de la fenêtre en haut à droite, et qui vient éclairer la scène ». Émilia Philippot précise que « dans cette étude, on est absolument dans une scène d’extérieur, on voit bien les toits des maisons et au fur et à mesure du travail de Picasso, on va passer de l’extérieur à l’intérieur. »

    Les photos prises par Dora Maar, la compagne de Picasso, projetées dans une des salles, éclairent également le processus créatif de Guernica. Après sa réalisation, le tableau va jouer un rôle central dans l’œuvre du peintre, qui s’en inspire notamment pour sa série de « La femme qui pleure ».

     

    Des créations contemporaines

     

    Guernica, qui n’a rejoint l’Espagne qu’en 1981, au retour de la démocratie, est devenu le symbole de la lutte contre la barbarie. Le chef d’œuvre de Picasso a beaucoup inspiré les artistes, comme le montrent les créations contemporaines présentées dans le cadre de l’exposition, en particulier celle de Damien Deroubaix.

    « C’est un bois gravé monumental à l’échelle de Guernica, dans lequel Damien de Roubaix vient reprendre assez fidèlement la toile et les différents motifs, décrit la commissaire associée de l »exposition. Il nous montre bien tout ce travail d’incision, ce travail de la matière qui permet de restituer aussi dans le détail l’arrière-fond, avec notamment ce motif de l’oiseau sur la table. Et on voit ainsi comment les personnages se détachent en blanc sur noir. »

    Spectaculaire, cette œuvre à la présence salutaire atténue l’absence de la toile de Picasso.

    L’exposition Guernica est à voir à Paris au Musée Picasso jusqu’au 29 juillet.