Catégorie : Films

  • Conversation autour d’un film culte : Paroles et Musique (1984)

     

     

    Deux rédacteurs d’Instant City, Anne et Hubert, conversent autour de leurs films cultes. Le principe : chacun leur tour, ils choisissent donc un film et le soumettent aux commentaires de l’autre.

     

     

    Conversation autour d’un film culte

    Episode 1 : « Paroles et Musique » (Eli Chouraqui, 1984)

     

     

    Anne : L’enjeu pour moi en redécouvrant ce film que j’avais vu lors de sa sortie (j’avais alors 17 ans) était de savoir si l’on pouvait ou non revoir un vieux film des années 80, un film âgé de plus de trente ans, sans que celui-ci ne soit démodé, vieillot ou dépassé. C’est un peu le challenge des films anciens. Ce qui fait la qualité d’un grand classique, c’est selon moi son caractère indémodable. Peut-on regarder un film muet de Charlie Chaplin sans s’ennuyer ? La réponse est « oui » car on y a toujours quelque chose à apprendre et certains problèmes de société sont encore d’actualité. Nous sommes un public tellement gavé d’effets spéciaux, de thrillers aux scénarios alambiqués à souhait qu’il me paraissait, avant le visionnage, très difficile d’effacer les années 2010.

    Et en effet, ce film dont j’avais un souvenir nostalgique, à la manière de « Péril en la Demeure », ou dans un autre style « Tchao Pantin », n’est pas parvenu à dépasser le cap du second visionnage. Je n’ai pas revu ces films des années 80 qui ont bercé mon adolescence, comme « La Boum », « Les fugitifs », « La vie est un long fleuve tranquille », « Le dernier métro », « Viens chez moi, j’habite chez une copine », « A nos amours », « Subway », « Trois hommes et un couffin », « J’ai épousé une ombre »… Parce qu’il me semble que cela gâcherait le souvenir que j’en ai. J’ai peur d’ouvrir ce livre-là et d’être déçue. Tous ces films d’avant 1985, avec les grandes stars que vénéraient nos parents, Deneuve, Depardieu, Dewaere, Miou-Miou, Annie Girardot, Romy Schneider, tous ces films de Godard, Pialat, Tavernier, Chabrol, Patrice Leconte, Mocky, Yves Boisset ou Lautner, appartiennent à un courant bien spécifique, une certaine génération qui n’est pas la mienne et que je trouve démodée. C’est le cas de « Paroles et Musique ». Je me suis ennuyée en le regardant et je l’ai trouvé démodé.

     

    Hubert : Tout d’abord bonsoir et merci de me recevoir dans cette émission de débat, de point de vue et de catch dans la boue. Avant de rentrer dans le vif du sujet et d’évoquer ce chef d’œuvre qu’est « Paroles et Musique » (et je pèse mes mots), je voudrais juste revenir sur ce qui a été dit un peu plus haut en guise de préambule.

    En effet, commencer par suggérer que les parents en général, et probablement les miens, « vénéraient » Romy Schneider, Depardieu, Deneuve, Dewaere, Girardot, ainsi que des réalisateurs comme Bertrand Tavernier, Chabrol, Mocky, Boisset, Lautner, Godard… Tout en rangeant tout ce beau monde dans un même sac… Euh, c’est un joli panel de nos grands noms du cinéma français, mais je ne vois pas spécialement le rapport avec la choucroute, voire même la tarte aux fraises (pâte sablée), et encore moins avec le film d’Elie Chouraqui.

    Si mes parents aimaient un certain cinéma populaire, c’était déjà parce qu’on ne leur proposait que ça à l’époque à la télévision : des films de Robert Enrico, Lautner, certes, mais aussi Claude Zidi, André Hunebelle ou Philippe De Broca. Quant aux acteurs, à part Romy Schneider-Noiret, connexion avec Robert Enrico et le film que tous les parents français de cette génération adorent, je parle du « Vieux Fusil », Louis de Funès, Yves Montand, Gabin, Signoret, Lino Ventura, Delon, Belmondo, tous ces acteurs populaires qui passaient régulièrement, multi-rediffusés dans des films qu’ils connaissaient par cœur…

    Mais dans l’absolu, c’était surtout le cinéma américain qui les faisait rêver. Des westerns, des policiers, des films d’aventure dont ils ne connaissaient pas les auteurs car ils s’en fichaient, au même titre d’ailleurs que les réalisateurs français. Alors pensez donc que Godard, Pialat ou Tavernier sont des noms qui sonnent étrangement dans l’intro de cet article qui va être consacré à « Paroles et Musique ».

    Passé le couplet sur nos parents respectifs dans le contexte de ces années 80, voilà que je me transforme d’un seul coup en Hulk (en fait c’est progressif, car d’abord il y a la chemise qui se déchire sur les pectoraux, ensuite les chaussures, le pantalon, et l’épiderme qui se teinte d’une couleur olivâtre…). En effet, lorsque vous écrivez que Godard, Chabrol, Pialat, sont des réalisateurs démodés et que vous les mettez dans le même sac que le réalisateur de « La Boum », Claude Pinoteau, et Luc Besson, auteur à l’époque de « Subway »… Et qu’ils appartiendraient tous, je vous cite, à un courant bien spécifique, euh… Excuse me, what do you say ?! Je crois que je vais mettre sur pause. Réduire de la sorte tout un pan du cinéma français, qu’il soit issu de la Nouvelle Vague ou qu’il soit juste à ambition populaire, en synthétisant de la sorte « courant bien spécifique »… Là, non. Pas du tout, non, non et non.

    Chacun des réalisateurs cités appartient surtout à lui-même. Que l’on évoque ces réalisateurs issus de la Nouvelle Vague comme ceux de l’ancienne rédaction des Cahiers Du Cinéma, de Godard à Chabrol, en passant par Truffaut, Rivette, Rohmer ou Eustache, ils ont chacun d’eux proposé des films bien spécifiques et très différents les uns des autres, au point qu’on ne serait pas en mesure de les intégrer à un courant ou un genre similaire. Ils ont tous été auteurs de films, en reflétant leur époque, avec pour certains une réflexion politique, sensorielle et formelle (Godard, Eustache), romanesque, littéraire ou naturaliste (Truffaut, Rivette et Rohmer).

    Avec Maurice Pialat, c’est le social et une déconstruction systématique des habitudes conformistes et bourgeoises du cinéma de l’époque (« Nous Ne Vieillirons pas Ensemble », « Loulou », « A Nos Amours »). Une bourgeoisie également la cible préférée de Chabrol et ses fables sur cette bourgeoisie provinciale déguisées en thriller sous influence Hitchcockienne (« Que La Bête Meure », « Le Boucher »). Une bourgeoisie également traitée chez Sautet, avec ici une réflexion plus nuancée sur l’évolution des mœurs, avant et après le début des années de crise en France (« César Et Rosalie », « Vincent, François, Paul et les Autres », « Une Histoire Simple », « Mado »). Mais aussi Tavernier, autre grand baromètre de son époque, avec des films comme « L’Horloger de Saint Paul », « Les Enfants Gâtés », « Une Semaine de Vacances »).

     

    Anne : Je suis tout à fait d’accord avec toi : il ne faut pas mettre ces réalisateurs tous ensemble « dans le même sac » ni les identifier tous au même courant cinématographique. Bien entendu, tu as tout à fait raison, c’est indiscutable et tu as bien fait de le préciser, je ne peux qu’être du même avis, bien entendu. Ce que je voulais dire, je me suis sans doute mal exprimée, c’est qu’en tant que spectateur ignorant de la culture cinématographique, tous ces films, de tous ces réalisateurs des années 1980-1985, sont pour la plupart démodés, irregardables et ennuyeux. Ce n’est évidemment pas mon avis concernant certains films dits cultes de cette époque, ceux qu’on appelle « Les grands classiques ». Mais le sujet n’est pas là. La question soulevée est : est-ce qu’un spectateur non cinéphile peut regarder « Paroles et Musique » sans s’ennuyer ? Je ne parle pas d’un spectateur cinéphile, d’un amoureux du cinéma, d’un amateur de culture cinématographique ou d’un abonné aux « Cahiers du Cinéma ». Je parle du spectateur lambda.

    Ce n’est ni péjoratif, ni dépréciatif. Il faut de tout pour tous. Et pardon, mais j’aime le cinéma, je me considère comme cinéphile, mais oui, je me suis ennuyée. Et oui, je trouve beaucoup de films de ces années-là démodés et dépassés. Alors, sans doute ont-ils un intérêt purement culturel, en tant qu’oeuvre d’art témoignant d’une époque. Certes… Mais pas en tant que divertissement. Et là, on soulève une autre question : il y a plusieurs cinémas, dont le cinéma de divertissement. Quelle est notre attente lorsqu’on s’assoit dans un fauteuil face à l’écran ? On veut tous la même chose ? Apprendre, ressentir des émotions, passer un super moment, ne pas s’ennuyer, ressortir content et scotché, ressentir le « waow », avoir à réfléchir, s’émerveiller, s’extasier… Eh bien, je n’ai ressenti aucun de ces sentiments en regardant « Paroles et Musique ». J’ai ressenti de l’ennui, de l’agacement. J’ai même été atterrée.

     

    Hubert : Paroles et Musique… En 1984, à la sortie du 3ème film d’Elie Chouraqui, Catherine Deneuve rayonne de toute sa quarantaine éclatante. Pour l’occasion, elle s’est coupé les cheveux et elle n’a jamais été aussi belle. Christophe Lambert et Richard Anconina sont les deux jeunes acteurs du cinéma français que tout le monde veut voir dans les films. Le réalisateur de « Qu’est ce qui Fait Courir David » n’a qu’à ramasser. Avec un scénario prétexte et vaguement autobiographique, une musique de Michel Legrand, voici alors un concentré de toute une époque, avec ces ersatz de chansons de Christopher Cross, fortement dosés en glucose et lipides. Revoir ce film, ou le découvrir aujourd’hui, c’est en effet se confronter à une déferlante de clichés qui convoquent toute l’iconographie d’usage, allant de l’aéroport, avec ces avions en partance pour New York, à ces écrivains qui n’arrivent pas à finir leur « fucking book », en passant par cette façon qu’ont les personnages de tenir et de fumer leur cigarette, les sweats trop larges à épaulettes, les pulls amples manches chauve souris et ceinturés à la taille, les gros ventilateurs dans des lofts avec des stores vénitiens, les studios d’enregistrement en mode « On peut reprendre là, j’ai pas de feedback ! », les petits matins bleutés avec les éboueurs en plan large filmé au sol…

    Comme si justement ce film avait inventé lui-même toute cette imagerie publicitaire ou une sorte de pendant français à ce que faisait Adrian Lyne outre-Atlantique. Le film est donc à juste titre un festival de ce genre outrancier, ou bien une machine à remonter dans le temps. Pourtant, pour toutes celles et ceux qui l’ont découvert adolescent, il y a ce parfum, cette magie et cela ne tient pourtant pas à grand chose. Une lumière, un plan, une phrase de dialogue, quelques notes jouées au piano, un détail… La nostalgie qui nous étreint, cette délicatesse infinie qui nous serre la gorge avec son nœud coulant, tous ces chouettes petits moments passés, inavouables, secrets, honteux, que l’on refoule mais qui à chaque évocation du film, nous sourient. Indéfendable, sûrement, certainement même, mais avec toujours ces détracteurs qui vous regardent avec des yeux de hibou frits. Peut-on aduler Kubrick ou Billy Wilder au même titre que Chouraqui… ? Mais oui bien sûr !

     

    Anne : Je suis tout à fait d’accord avec toi quant au charme du film « Paroles et Musique ». Je suis également très sensible à tout cet univers que tu viens de décrire. Et  je le dis, c’est bien ce qui m’a plu dans ce film : son esthétisme dans la couleur, les éclairages, les costumes, les décors… Je comprends l’engouement de certains cinéphiles pour les films de cette époque. Il y a un côté nostalgie de ces années-là qui est très émouvant.

     

    Hubert : En effet, il y a une véritable fascination aujourd’hui pour les années 80. Il suffit de voir la mode et la musique qui n’en finissent pas de piocher dans les tics de cette époque…

     

    Anne : L’engouement pour les années 1980 tient davantage à la gaieté et au caractère festif du disco, qu’à la nostalgie de la musique de Michel Legrand ou de Christopher Cross. Ma seconde remarque concernant le film concerne le statut et la place des femmes. Deneuve ou Schneider sont l’archétype à l’époque des épouses des années 1980. Brushing, coupes de cheveux datées, types de rôles au cinéma.. Elles sont là, à la maison, rêvant d’émancipation, mais finalement soumises au bon vouloir de leur mari. Ce sont des personnages secondaires dans le couple. Elles veulent que leur mari les aime et pour cela elles sont prêtes à se taire, à accepter les allers-retours, les caprices, les brimades, les disputes, les cris injustifiés et les humeurs injustifiées des hommes. Elles font tout mais n’ont droit qu’aux critiques de tous : de leurs époux, de leurs enfants qui leur reprochent de n’être jamais là, de trop travailler, d’avoir des amants et donc de jouir d’une certaine liberté sexuelle. J’ai trouvé les deux rôles féminins très loin des personnages émancipés et libres du cinéma d’aujourd’hui. J’ai trouvé cela machiste de la part du réalisateur Elie Chouraqui. Mais avec le recul, et au deuxième degré, je me dis que les films de 1980-1985 sont un excellent témoignage de la condition féminine de l’époque.

     

    Hubert : A partir des années 60, puis 70 et 80, on suit l’émancipation de la femme au cinéma. Romy Schneider n’est certainement pas le meilleur exemple pour illustrer ce que serait une femme au foyer, quand on parcourt sa brève filmographie. Que ce soit chez Sautet, Girod ou Żuławski. Pour Deneuve, même combat, malgré une filmographie plus riche. L’actrice a toujours cherché à démonter de l’intérieur ce qui paraissait lisse ou rassurant dans son physique. Demy, Buñuel, Mocky, Truffaut, Broca et tant d’autres encore, lui ont offert les plus beaux rôles de femmes modernes, libres et insoumises. Vous faites donc un curieux raccourci encore une fois sur le cinéma français, en fondant juste votre analyse sur ce personnage de Deneuve dans « Paroles et Musique », ou bien encore sur les quelques autres personnages féminins du film, en les réduisant finalement à pas grand chose. A mon sens, tous les réalisateurs français d’après-guerre auront plutôt eu tendance à essayer de casser le moule d’un cinéma corseté, dit cinéma de « papa », en proposant des personnages de femmes assez novateurs, d’ailleurs tout de suite repris par les réalisateurs américains, italiens ou japonais… A propos du disco, précisons que  c’est une période assez courte, à l’instar du Punk, qui n’a duré que trois ans, et plutôt avant les années 80, précisément à la fin des 70’s… Avec le début de ces années 80, on assiste au contraire à l’avènement de genres de musique plus dépressives, marquées par la prédominance de sons de claviers et synthétiseurs New Wave ou Cold Wave, sons dits Novo et minimalistes. C’est en revanche durant la deuxième partie des 80 que la musique deviendra plus expansive, avec des groupe tels que Duran Duran, U2 ou Tears For Fears, qui prendront quant à eux un virage vers des albums plus gros et plus colorés.

     

    Anne : Pardon, j’étais plus sur « Stars 80 »… En parlant de Romy, je pensais à « César et Rosalie ». Mais tu as raison. J’ai tendance dans mes propos à faire d’un cas particulier une généralité. Je vais y être plus attentive désormais. N’es-tu pas d’accord avec moi lorsque je dis que le personnage de Deneuve dans « Paroles et Musique » est traité de façon machiste ? Tout le monde l’engueule : son mari la quitte parce qu’elle travaille… trop (!) mais lui laisse les gosses et revient par jalousie de mâle testostéroné dès qu’elle a un amant. Ses enfants lui reprochent de trop travailler et la culpabilisent à la fois du départ de leur père et de reprendre une vie amoureuse. Son amant passe ses nerfs sur elle. Et que fait-elle ? Elle tente de calmer et de satisfaire tout ce petit monde.

     

    Hubert : Elle reste quand même un personnage à la fois libre de ses choix et directif vis-à-vis des autres. Après, ce qu’elle décide lorsqu’elle retournera vivre avec son mari, c’est plus de la consilience par rapport aux enfants à qui leur père manque. On est dans une réalité concrète.

     

    Anne : Ma troisième remarque concerne les dialogues. J’ai été stupéfaite par la pauvreté des dialogues. contrairement au film « Trop Belle Pour Toi », par exemple (1989).

     

    Hubert : On ne peut pas citer Bertrand Blier et Elie Chouraqui en les mettant sur le même plan. Tout le cinéma de Blier fils est fondé sur le sens du dialogue et ce côté verbeux d’un style se voulant littéraire ou théâtral. Ses films s’inscrivent dans une forme maniériste, sophistiquée, un peu à la façon d’un Michel Deville. Les deux réalisateurs poussent jusqu’à l’abstraction le jeu des comédiens et les scènes dans lesquelles ces derniers s’inscrivent. Nous ne sommes pas là dans la même approche que ce qu’un Chouraqui fait depuis toujours. Celui-ci, clairement, n’a pas la même ambition stylistique, qui viendrait s’appuyer sur ses saillies et ce que les comédiens sont censés représenter à l’écran.

     

    Anne : Exactement. Ce sont deux mondes et deux univers spécifiques différents. Mais rien n’interdit de comparer deux mondes et deux univers. Au contraire, c’est intéressant de comparer deux réalisateurs, d’étudier ce qui les rapproche et ce qui les différencie. L’analyse comparative est constructive et pertinente. De même que le débat entre deux avis contraires. Et on est autorisé à dire qu’on préfère une écriture à une autre. C’est le cas ici : je préfère l’écriture scénaristique d’un Blier dans « Trop Belle Pour Toi » à celle d’un Chouraqui dans « Paroles et Musique ». Si j’ai utilisé cette comparaison, c’est uniquement parce que ces deux réalisateurs sont de la même époque.

     

    Hubert : Prendre comme référence qui se voudrait indéboulonnable Bertrand Blier, l’auteur de « Trop Belle Pour Toi », un réalisateur bourratif, qui pour le coup a fait des films assez pénibles à revoir aujourd’hui, tant par leur style ampoulé que désuet, me surprend. A part peut-être « Les Valseuses », et encore… Le reste de sa filmographie a un côté putride et frelaté qui véhicule en plus une image de la femme franchement douteuse et rance. Plusieurs décennies à nous asséner sa misogynie comme pause et principe à vivre, et qu’il badigeonne allègrement dans tous ses films. Côté dialogues, on ne peut tout de même pas faire l’impasse sur Jean-Loup Dabadie, sans doute le meilleur dialoguiste du cinéma français, le plus fin, le plus spirituel de tous. Sautet, De Broca, Yves Robert ont grâce à lui pu transformer leurs films en chefs d’œuvre immortels.

     

    Anne : Je n’évoquais pas toute l’oeuvre de Blier. Je prenais l’exemple bien spécifique d’un film en particulier de Blier. Mais soit. Supprimons une comparaison qui n’aurait pas lieu d’être. J’affirme donc, sans comparer, que les dialogues du film « Paroles et Musique » sont pauvres, parfois grotesques, surranés, bourrés de clichés et pathétiques. A mon avis, ils ont pris un sacré coup de vieux (sauf si on les aborde au second degré, encore une fois, en tant que témoignages d’une époque). Les répliques sont d’une platitude hallucinante, chargées de clichés consternants.

     

    Hubert : Pour revenir sur le film qui nous intéresse, c’est un mauvais procès d’intention que de lui faire de tels reproches concernant les dialogues. Le film est une sorte d’idéalisation des rencontres entre hommes et femmes vue par un réalisateur resté un peu adolescent quant aux choses de l’amour.

     

    Anne : Pour les dialogues : garder son âme d’adolescent ne signifie pas bêtifier ou être immature. On peut être jeune et intelligent. On peut être amoureux mais conserver sa raison. On peut être fleur-bleue, mais de manière drôle et pertinente. On peut écrire un film tendre mais plein de finesse. Quant à la relation amoureuse homme-femme : si elle est ici « idéalisée », je crie « au secours ! ». C’est ça l’idéal amoureux ?  Trouver un mec collant et bien lourd, qui fait des caprices, vous crie dessus, refuse d’affronter les problèmes. Se remettre en couple avec un type qui s’enfuit plutôt que de parler, abandonne sa femme et ses gosses et « démerde-toi », n’appelle pas, ne donne aucune nouvelle pendant des mois, sous-entend que tu es une traînée et une mauvaise mère ? Se faire draguer par un pauvre type en soirée qui drague toutes les nanas qui passent, te fais l’amour en chaussettes de tennis avant de te virer en pleine nuit comme une malpropre ? Mon idéal amoureux ne correspond à aucune de ces trois histoires d’amour décrites dans le film.

     

    Anne : Un des plaisirs du film est le casting. On est ravi de retrouver des visages qu’on aime et qui font un peu partie de notre vie : Dominique Lavanant, Clémentine Célarié, Charlotte Gainsbourg. En revanche, je n’ai pas aimé la musique du film composée par Michel Legrand, que j’ai trouvée trop sirupeuse. Un petit air de piano bien posé au bon endroit, quand il s’agit de signifier au spectateur qu’il doit être attendri, trop évident, trop gros…

     

    Hubert : Michel Legrand, de « la mélodie sirupeuse »… Oui, bien sûr, tout à fait… « Non Bogomir, Cvijetin ! Attendez, pas maintenant ! ». Désolé, chère Anne, mes deux hommes de main serbes voulaient juste vous vriller les bras et vous perforer les poumons à coups de poing américain. Michel Legrand, compositeur pour Jacques Demy, Godard, Molinaro, Rappeneau, Estwood, Lester, De Broca… Arrangeur de Jazz, chef d’orchestre… « Les Demoiselles de Rochefort », « Les Parapluies de Cherbourg », « Peau D’Âne », « L’Affaire Thomas Crown », « Cléo de 5 à 7 »… Je continue ? Elie Chouraqui, fan d’un certain cinéma populaire et surtout fan depuis toujours de ce compositeur, avait déjà collaboré avec lui sur son précédent film « Qu’est-ce Qui Fait Courir David ? ». Michel Legrand n’a certes ici pas forcément signé son meilleur score pour un film, si ce n’est ces petits thèmes au piano renvoyant à Eric Satie. Il a en effet composé toutes ces chansons qui, sorties de leur contexte, peuvent, je vous l’accorde, paraître aujourd’hui assez éprouvantes, mais pourtant, il a su apporter sa patte le temps de quelques notes au piano. Une mélodie placée ça ou là, qui renvoie tous les nostalgiques de ce film chéri à leurs années sucrées, idéalisées et souriantes.

     

    Anne : C’est exactement ce que je dis : une petite mélodie au piano bien placée, au bon moment, pile là où il faut. Efficace ? Talentueux. Mais justement… trop facile, tellement évident ! On n’est pas dupe et ça nous gonfle. Tout comme ces sitcoms derrière lesquels, en bruit de fond, on entend les rires qui nous indiquent à quel moment le scénario est drôle. Infantilisant. Directif.

     

    MA SCENE PREFEREE DU FILM

     

    Anne : La scène entre Lambert et Charlotte Gainsbourg dans la cuisine au petit-déjeuner : Lambert parvient à apprivoiser Charlotte après un dialogue à double sens. Et Charlotte Gainsbourg délicieuse, merveilleuse, si délicate, parfaite !

     

    Hubert : Ah vous voyez Anne, vous finissez par craquer et votre armure se fissure… A la 10ème vision du film, vous finirez par aimer Michel et Jérémie, Margaux et les autres… Si si… Vous verrez… On aime tous Paroles et Musique.

     

    Instant-City-Paroles-et-Musique-001

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Ciné Cinéma Facebook

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Dévoreur Hubertouzot

     

     

     

  • Festival de Cannes 2016 | Le Palmarès

     

     

    La cérémonie de clôture du Festival de Cannes 2016 s’ouvre sur une vidéo mettant en scène Laurent Lafitte dans différents films. Plus décontracté et à l’aise, plus sûr de lui, l’humoriste et acteur nous offre une version soft et classique de la présentation. Exit les upercut un peu trash de l’ouverture.

    La Palme d’or du Court-Métrage est remise par Marina Foïs, qui met les femmes à l’honneur dans son intervention : « Oups, je n’ai cité que des femmes ». 5 008 films présentés, seulement 10 sélectionnés et la Palme d’or qui revient au 8ème court-métrage du Brésilien Juanjo Gimenez, « Time Code », qui déclare, à l’instar de Woody Allen : « Je ne crois pas à la compétition entre films ».

    La Caméra d’or du Premier Film est décernée à « Divines » de Uda Benyamina, qui hurle dans le micro un véritable plaidoyer pour les femmes, puis un discours de remerciements drôle et touchant qui ne s’arrête plus, au point de contraindre Laurent Lafitte à jouer « les oiseaux de mauvais augure » afin d’écourter la séquence.

    Palme d’honneur à Jean-Pierre Léaud : la salle se lève sous un tonnerre d’applaudissements. « Je suis né à Cannes en 1959 », déclare-t-il, avant de qualifier la « Nouvelle Vague » de « vent de liberté qui souffle dans le cinéma ».

    Ibrahim Maalouf met ensuite la salle en joie avec un intermède musical génial dans lequel il reprend quelques musiques de film qui ont ponctué l’histoire du Festival de Cannes, tout particulièrement avec la BO du film de Quentin Tarantino, « Pulp Fiction ».

    Le Prix d’interprétation masculine est attribué à Shahab Hosseini, acteur iranien de 42 ans, pour « Le Client » de Asghar Farhadi, dont il est l’acteur fétiche et avec lequel il avait déjà tourné « Une Séparation » en 2011 et « A Propos d’Elly » en 2009. Il avait déjà été sélectionné aux Oscars en 2014 dans la catégorie des meilleurs films étrangers pour son film « Le Passé » avec Bérénice Béjo.

    Prix du Jury : « American Honey » de Andrea Arnold.

    Prix d’interprétation féminine : pour la Philippine Jaclyn Jose dans « Ma’ Rosa » de Brillante Mendoza.

    Prix du scénario : Asghar Farhadi pour « Le Client ».

    Prix de la mise en scène : ex aequo Olivier Assayas pour « Personal Shopper » et Cristian Mungiu pour « Baccalauréat ».

    Grand Prix : Xavier Dolan pour « Juste la fin du monde » d’après une pièce de Jean-Luc Lagarce, à qui il rendra hommage dans un discours assez long, écrit sur une feuille qu’il va lire avec des sanglots dans la voix et beaucoup d’émotion, se racontant lui-même à travers ses mots.

    Palme d’or : Ken Loach pour « Moi, Daniel Blake ». Très applaudi, le réalisateur britannique parle du capitalisme qui met à la rue des millions de personnes tandis qu’une poignée d’autres s’enrichit. « Un autre monde est possible » conclut-il. Le film du réalisateur de 79 ans raconte l’histoire d’un menuisier de 59 ans qui se bat pour obtenir l’aide sociale. Lors de l’un de ses rendez-vous au Job Center, il rencontre Rachel, une mère célibataire de deux enfants forcée d’accepter un logement à 450 kilomètres de sa ville natale pour ne pas être placée en foyer d’accueil. Seconde palme d’or pour le réalisateur, dix ans après « Le vent se lève » en 2006, et qui succède à « Deephan » de Jacques Audiard, primé l’an dernier.

    A l’année prochaine…

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Ciné Cinéma Facebook

     

     

     

  • Silence Plateau | Straight Outta Compdon

     

     

    Straight Outta Compdon : Biopic du groupe de gangsta-rap californien N.W.A.

    Le film porte le nom du premier album studio du groupe américain de rap N.W.A., sorti en 1988, et qui figure au Panthéon des disques les plus cultes pour les amateurs de rap. A sa sortie, l’album fait le buzz avec le titre « Fuck Tha Police » dans lequel le groupe dénonce le racisme et la violence des forces de police de la ville de Los Angeles. Le titre met en scène un tribunal avec des plaignants qui dénoncent les mauvais traitements et le délit de faciès perpétrés par les policiers. Rien de bien méchant, dirait-on aujourd’hui dans les paroles assez sages finalement, refrain hormis. Sorti il y a plus de vingt ans, ce morceau est toujours incroyablement d’actualité. On retrouve exactement la même polémique dix ans plus tard, à la sortie du film français « La Haine » de Mathieu Kassovitz autour du titre de Minister Amer « Sacrifice de poulets » en 1995 qui raconte une soirée d’émeutes en banlieue parisienne. A l’époque, le Ministre de l’intérieur demande un procès à l’issue duquel le groupe sera contraint de se séparer. Dans le même temps, aux Etats-Unis, le disque de N.W.A. se vend à plus de 3 millions d’exemplaires et devient double disque de platine. Il se classe 9ème au Top des albums de R’n’B et de hip-hop et figure sur la liste des 1001 albums qu’il faut avoir écoutés au moins une fois dans sa vie. « Fuck Tha Police » est désormais à la 425ème place des 500 meilleures chansons de tous les temps selon le magazine Rolling Stones. Interdit d’antenne et parfois même de concert en raison des paroles jugées violentes, le groupe n’en compte pas moins dix millions d’albums vendus rien qu’aux Etats-Unis. La légende est née.

    N.W.A. est un groupe de rap « West Coast » qui a popularisé le style « Gangsta Rap » entre 1982 et 2002. Les initiales sont un acronyme pour Niggaz With Attitude. Il s’agit de copains qui ont grandi ensemble à Compton, un quartier de la banlieue de Los Angeles, connu pour ses gangs et ses activités criminelles. Eric Lynn Wright (Easy-E) monte le groupe en 1986. Son père était facteur et sa mère directrice d’école. Il subvient à ses besoins en dealant. Comme l’explique Jerry Heller, le manager de N.W.A. : « Le quartier dans lequel il a grandi était dangereux. Il n’était pas très costaud. Voyou, c’était un rôle qu’on connaissait ; ça donnait un certain niveau de protection dans le sens où les gens hésitaient à vous chercher des emmerdes. Mais dealer, c’était un rôle qui donnait un certain privilège ainsi que du respect ». (« Ruthless : A memoir » 2007). En 1986, Eric a 22 ans et il a engrangé 200.000 dollars de la vente de drogue.

    A cette époque, Andre Romelle Young (Dr Dre), 21 ans, est DJ. Il travaille dans un club, « The Eve After Dark », où il peut observer les rappeurs qui se produisent sur scène. Son père, Theodore Young, joue dans un groupe de R’n’B amateur qui s’appelle « The Romells », d’où son second prénom. Andre se lance dans la production de ses propres morceaux et mixe sur une radio locale dans l’émission « The Traffic Jam » avec un copain, Antoine Carraby (DJ Yella), lui aussi DJ au club. Il organise parfois des soirées événements dans lesquelles il invite des guests comme un certain Ice Cube. O’Sea Jackson aka Ice Cube, classé 8ème sur la liste des meilleurs Mc de tous les temps établie par MTV, classé dans les 50 meilleurs conteurs de hip-hop et 11ème meilleur rappeur de tous les temps, est présenté comme le parolier du groupe. Il se produit lors de soirées organisées par Dr Dre, qui s’intéresse rapidement à son potentiel lyrique. Il commence à écrire des paroles et des chansons à l’âge de 16 ans, notamment le fameux « Boyz n’ Tha Hood ». En 1984 il forme le groupe C.I.A.

    Jerry Heller, quant à lui, fut pendant dix ans, de 1965 à 1975, le manager de véritables stars comme Marvin Gaye, Elton John, Pink Floyd, Van Morrison ou Otis Redding. Après une traversée du désert, il reprend une usine de fabrication de disques à Los-Angeles, Macola Records. C’est alors qu’il rencontre Easy-E. Ensemble, ils vont fonder en 1987 le Label « Ruthless Records » pour faire la promotion d’artistes locaux (Dr Dre, DJ Yella, Ice Cube) et produire les disques de N.W.A. Leur premier succès est « Boyz n’ Tha Hood » et sa mélodie d’introduction si reconnaissable :

     

    [youtube id= »RwPMKozHPCM » align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

     

    Dans le film, le réalisateur décrit Dr Dre comme le moteur et le ciment du groupe. C’est lui qui propose à Easy-E de se ranger après la mort de son cousin et d’utiliser ses économies pour se lancer dans la production. C’est lui aussi qui produit les morceaux. C’est lui qui promeut Ice Cube en tant que parolier. C’est lui enfin qui propose à Easy-E de chanter sur leur musique, faute de chanteur dans le groupe. Dr Dre, DJ Yella, Ice Cube, Easy-E chez Ruhtless Records, N.W.A. est né. Et le Gangsta-Rap est né. Un sous-genre plus agressif du hip-hop, basé sur le crime et la délinquance, dont les thèmes privilégiés sont les problèmes ethniques et la délinquance, avec des paroles inspirées de la dure réalité de la rue.

    En 1989, Ice Cube quitte le groupe pour des raisons de divergences financières. Il fera une magnifique carrière solo dans le rap puis au cinéma. En 1991, Dr Dre quitte le groupe après une dispute avec Suge Knight, le garde-du-corps de Easy-E. Il produira une multitude d’artistes comme Snoop-Dog, Eminem, 2Pac ou les Pussicats Dolls. En 1995, Easy-E décède du sida après s’être réconcilié avec les deux autres rappeurs.

    Réalisé par F. Gary Gray en 2015, « Straight Outta Compdon » est le biopic sur le groupe de rap américain N.W.A. Ce sont Ice Cube et Dr Dre qui ont souhaité en 2014 produire un film autobiographique. D’abord proposé à John Singleton qui avait déjà réalisé un film sur Ice Cube en 1991, puis à Peter Berg (« Very Bad Things » en 1998, « Le Royaume » en 2007, « Du Sang et des Larmes » en 2013), c’est finalement Gray qui reprend le projet. Gray a lui aussi grandi à Compton. Il a d’abord réalisé des clips musicaux pour des artistes de hip-hop et de R’n’B, dont Ice Cube en 1993 pour le clip de « It Was a Good Day », ou encore Dr Dre, Queen Latifah et Jay-Z. Réalisateur de « Braquage à l’Italienne» avec Charlize Theron, Donald Sutherland et Edward Norton, il signe-là son 9ème film, juste avant le 7ème volet de « Fast and Furious ». C’est le fils de Ice Cube qui joue le rôle de son père. Il s’est entraîné pendant deux ans afin de lui rendre hommage. Le tournage a eu lieu à Compton même, là où les personnages ont grandi. La date de sortie du film correspond à la date de l’anniversaire des 20 ans de la mort de Easy-E. Le fils de Easy-E a lui aussi voulu interpréter le rôle de son père, mais il n’a pas été choisi au casting sur l’avis de Ice Cube. Le tournage est mouvementé : le 29 janvier 2015, Suge Knight, l’un des instigateurs du projet, ancien garde-du-corps de Easy-E, renverse avec sa voiture Terry Carter le producteur et l’acteur Cle Soan, tuant le premier, et des gangs ont tiré sur les membres de l’équipe lors d’une fusillade.

    De 1992 à 2015, en 20 ans, le problème des gangs, des banlieues comme Compdon et des violences policières est toujours le même, depuis les émeutes de Los Angeles en 1992 à celles de Baltimore en 2015.

     

    Always’s into something :

    [youtube id= »7aleRvCrXp4″ align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

    VOSTF :

    [youtube id= »FnSSwxdnZwE » align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Bibliographie : « Ruthless : a memoir » par Jerry Heller et Gil Reavill

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Filmographie : « Boyz N Tha Hood » réalisé par John Singleton (1991)

     

     

     

     

  • Silence Plateau | Clara et les Chics Types

     

     

    Bertrand, Louise, Frédéric, Charles ou Mickey sont des amis qui se connaissent depuis l’enfance, mais qui ont emprunté différents chemins socio-professionnels et connu divers amours ou fortunes.

     

    Ce qui pourtant les rattache, les lie les uns aux autres, ce sont des idéaux, des utopies, des souvenirs et ce groupe de musique confidentiel qu’ils forment depuis des années, les Why Not. Leur dernier grand projet est d’aller donner un concert dans leur ancienne école. En chemin, Bertrand fait la rencontre inopinée de Clara, une jeune femme fantasque qui vient de fuir son futur époux le jour même de la cérémonie de mariage. C’est le coup de foudre, la rencontre de plein fouet avec les grandes espérances…

    Revoir aujourd’hui « Clara et les Chics Types » de Jacques Monnet, sorti en 1981, c’est un peu comme l’effet de la crème Nivea, du lait concentré sucré en tube, ou encore le goût d’un chausson aux pommes… Dans la lignée de « L’année prochaine… Si tout va bien » de Jean-Louis Hubert ou de « La Gifle » de Claude Pinoteau, c’est un retour en arrière sur une époque qui semble désormais fantasmée, tant tout semble y être doux, utopique, tendre et souriant. « Clara et les Chics Types », plus que les autres films, c’est un baume qui fait du bien à nos gerçures et nos crevasses.

    On y parle de souhaits, d’espoir, d’amitié, de petites trahisons, de mensonges, du temps qui passe et de ces amours qui se fanent avant même d’avoir été cueillis. On dirait qu’il y a cent ans, mille ans, ou même que cette époque n’a jamais existé, que tout est inventé, édulcoré. Entendre ces timbres de voix, ces tessitures. Revoir ces visages, ces gestes. Les ambiances, la lumière, les sons, tout cet univers d’avant, comme si entre-temps des drames terribles avaient eu lieu. Un monde qui aurait basculé. Non, ça n’est pas que de la nostalgie que de retrouver la bande du Splendid à leurs débuts ; Isabelle Adjani, si naturelle, c’est autre chose… Tous les acteurs que l’on voit dans le film sont eux aussi en devenir, avant qu’ils n’aient muté pour la plupart d’entre eux en institutions boursouflées. Tous, la trentaine à peine, jouaient pourtant déjà sur le registre de la nostalgie.

    Les dialogues de Jean Loup Dabadie, comme si souvent, sont pleins de tendresse, de justesse, de cette petite musique mélancolique qui donne aussi aux films et aux acteurs pour lesquels ils sont écrits cette intemporalité. Et puis, il y a la musique de Michel Jonasz. Tout ce qui confère au film sa tonalité, cette façon de ne pas crâner, de ne pas s’imposer, mais qui au final trace des sillons, des scarifications et redéfinit nos émotions. C’est sur la cristallisation de ces infinis petits moments de bonheur que l’on serre entre ses mains très fort, mais qui s’envolent quand même. Pour cette phrase dite à la toute fin par Thierry Lhermitte se regardant dans une glace déformante… Ce que l’on devient ou pas. Ce que l’on est ou ce que l’on voudrait être.

    C’est drôle mais c’est triste. C’est simple mais c’est grand.

     

    Instant-City-Clara-et-les-Chics-Types-Affiche

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Dévoreur Hubertouzot

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Hubert Touzot : Photographe dévoreur d’images

     

     

     

  • Silence Plateau | The Revenant (Western, 2015)

     

     

    « The Revenant » de Alejandro Inarritu, avec Leonardo DiCaprio (2015 – 2h36)

     

    « The Revenant » est un Western New Age. Ce genre cinématographique dont l’action se situe lors de la conquête de l’Ouest en Amérique du Nord, au XIXe siècle, retrace en général des épisodes de la naissance de la nation. D’abord muet dans les années 1920 avec Broncho Billy, Hollywoodien en Technicolor dans les années 1950 avec John Wayne et Gary Cooper, spaghetti dans les années 1960 avec Clint Eastwood et le renouveau des réalisateurs italiens comme Sergio Leone (d’où son surnom), crépusculaire dans les années 1970 avec Sam Peckinpah, en série à la télévision avec « Bonanza » ou « Il était une fois dans l’ouest », période d’apogée du western, il disparaît peu à peu dans les années 1990 et 2000.

    Après l’an 2000, on parle désormais de « western contemporain ». Ce nouvel âge d’un western différent démarre avec Kevin Costner et « Danse avec les loups » en 1990. On laisse alors une place d’importance au décor, à l’immensité et à la lenteur. En  2007, avec « No country for old men » puis en 2010 avec « True Grit », les frères Coen réinventent le genre avec un humour toujours dosé, bercé de magnifiques paysages et un soin tout particulier pour la photographie. On est là, avec le nouveau western, loin, bien loin du rythme effréné des cavalcades et autres attaques de diligences. La cadence est à la lenteur, aux paysages sublimes et aux personnages dont on s’applique à traiter en profondeur la psychologie. Tarantino emboîte le pas des frères Coen avec « Django Unchained » en 2012, très loin encore des cow-boys et autres Indiens. On s’intéresse aux femmes (« The Homesman » en 2014), à l’esclavage ou aux chasseurs de prime (« Les Huit Salopards »).

    Avec « The Revenant » en 2015, Alejandro Inarritu, le réalisateur mexicain, oscarisé en 2015 pour « Birdman », monte encore une nouvelle marche. Il s’agit bien d’un western : l’action se déroule aux Etats-Unis d’Amérique, au début du XIXème Siècle. Il y a des Indiens, un fort, des soldats en uniforme. Les éléments du genre sont bien là. La différence et la nouveauté se trouvent dans le traitement et la réalisation. Il y a l’immensité, les paysages grandioses, le vide et de grandes étendues désertes de forêt et de neige. Il y a bien aussi une chasse à l’homme mue par un désir violent de vengeance. Mais il y a bien plus… Tourné au Canada en lumière uniquement naturelle, ce qui limite le nombre d’heures possibles de prises de vue chaque jour, le film prend le temps. Le réalisateur nous donne l’opportunité de vivre de l’intérieur un morceau de vie d’un homme dans sa totalité. Il prend le temps de raconter une histoire, de nous la faire ressentir à travers tous nos sens : à travers le décor, le silence de la forêt, la violence des scènes (extraordinaire scène de combat entre Glass et le grizzly), la dureté de la survie avec des scènes incroyables de réalisme : lorsque Glass cautérise le trou dans sa gorge, ou quand il se glisse dans le corps d’un cheval pour se réchauffer après lui avoir ôté les boyaux.

    Inspiré de faits réels, le film raconte l’histoire incroyable de Hugh Glass, un trappeur qui eut un fils avec une Indienne, Hawk, et qui travaille depuis la mort de sa femme avec un négociant en  fourrures, le capitaine Andrew Henry.

    Le film pourtant très long passe à une vitesse vertigineuse. N’étant pas sans rappeler Tom Hanks dans « Seul au monde » en 2000, « The Revenant » n’est pas qu’un film, c’est une ambiance, une atmosphère, avec des images et une photographie grandioses qui transmettent brillamment la sensation de vide et de solitude de cet homme face à l’obligation de survivre. Que ce soit pour revoir sa femme ou pour venger la mort de son fils, chacun est tenu en vie par un moteur surpuissant inouï qui lui permet dans les situations les plus désespérées de trouver la force et le ressort de s’en sortir grâce à un mental et une volonté ahurissante, un peu comme Beatrix Kiddo, l’héroïne de « Kill Bill » dans la scène du truck lorsqu’elle essaie de faire bouger ses doigts de pied, ou lorsqu’elle se retrouve enterrée vivante. Le point commun à tous ces personnages est une lutte héroïque pour braver tous les obstacles. En cela, ce sont des héros.

    Une gageure pour Léonardo Di Caprio dans la course aux Oscars 2016 puisqu’il a choisi ce rôle plutôt que celui de Steve Jobs dans le film éponyme. Un choix courageux quand on sait à quel point le tournage a été difficile et éprouvant : neuf mois au lieu de trois en raison d’une météo capricieuse, baignades dans des rivières glacées, siestes dans des carcasses d’animaux, dégustation de foie de bison cru… Un tournage cauchemardesque comme s’en explique Inarritu dans une interview pour « The Hollywood Reporter ». Des paysages de neige avec des températures pouvant aller jusqu’à – 40°, des techniciens excédés qui quittent le plateau, des scènes épiques avec 200 figurants, autant de conditions qui ont fait d’une pause vacances de six semaines une nécessité. Mais au final, un film qui marque un tournant par sa nouveauté et méritait en cela un Oscar. Grandiose. Et deux autres pour les acteurs Leonardo Di Caprio et Tom Hardy…

     

     

    [youtube id= »GMjAQ_-M4uA » align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

     

     

    Instant-City-The-Revenant-004

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Ciné Cinéma Facebook

     

     

     

  • Silence Plateau | Brooklyn (Drame, 2016)

     

     

    Réalisé par John Crowley, « Brooklyn » raconte l’histoire d’Eilis Lacey, une jeune Irlandaise qui décide de quitter sa mère et sa sœur avec lesquelles elle vit dans la maison familiale pour émigrer aux Etats-Unis et tenter sa chance, rêvant d’une vie plus gaie et plus moderne. A travers elle, ce sont tous les migrants partis vers le Nouveau Monde dont on nous conte l’histoire, leur souffrance de quitter famille, terre, patrie, amis et leur déchirement entre l’ancien et le nouveau, le passé et l’avenir, la fidélité et l’espoir.

    La photographie est classique et impeccable, les acteurs simples et touchants, le scénario profond sans jamais tomber dans la mièvrerie. Les personnages ont été choisis avec soin, issus de milieux modestes pour que le spectateur puisse facilement s’identifier. On est loin des grandes démonstrations avec force vedettes et têtes d’affiches évoluant dans des familles aisées.

    « Brooklyn » nous raconte ceux qui ont fait l’Amérique, tous ces gens partis de rien, avec juste une valise et leurs rêves : l’amour, une famille, un pavillon neuf sur un terrain dans ce qui deviendra un lotissement. Et dans tout le film la présence acidulée des années 1950, des robes aux voitures couleur bonbon, comme pour mieux rompre avec les tons ternes et durs de l’Irlande. Brooklyn est un film sensible et tendre.

     

     

    [youtube id= »KVMA6sKGHho » align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

     

    Instant-City-Brooklyn-006

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Ciné Cinéma Facebook

     

     

  • Pronostics Oscars 2016 d’Instant City

     

     

    Et voici les pronostics tant attendus d’Instant City pour les Oscars 2016 :

    ✓ Film = The Big Short

    ✓ Réalisateur = Inarritu

    ✓ Acteur = Leonardo DiCaprio (Redmaine super aussi)

    ✓ Actrice = Saoirse Ronan

    ✓ Second rôle masculin = Sylvester Stallone

    ✓ Second rôle féminin = Alicia Vikander

    ✓ Scénario adapté = The Big Short

    ✓ Scénario original = Straight Outta Compton

    ✓ Costumes = The Danish Girl

    ✓ Animation = Vice-Versa

    ✓ Musique = Star Wars

    ✓ Effets spéciaux = Star Wars

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Ciné Cinéma Facebook

     

     

  • Les Césars 2016, c’est vendredi soir…

     

     

    La 41ème cérémonie des Césars commence à 20h00 en clair sur Canal+ vendredi 26 février 2016 en direct du Théâtre du Châtelet à Paris et sous la présidence de Claude Lelouch. En maîtresse de cérémonie, la pétillante Florence Foresti, cinquième femme à remplir ce rôle après Cécile de France et Valérie Lemercier. L’une des personnalités préférées des Français précise s’être elle-même proposée pour le job, un gros défi pour l’humoriste :  « Animer cette cérémonie est un vieux rêve. J’espère y faire des parodies inspirées du cinéma. Ce qui m’intéresse dans l’exercice, c’est que c’est un véritable terrain de jeux pour moi. » (interview de Mouloud Achour pour « Clique »). Nul doute que le public, curieux de découvrir les surprises qu’elle lui aura concoctées sera au rendez-vous. « Mon rôle, c’est de rendre la soirée des Césars la plus divertissante possible ». En 2009, elle avait plaisanté avec l’acteur Sean Penn. Cette année, on attend avec impatience de voir quelle entrée en matière elle aura trouvée avec Michael Douglas qui sera l’invité d’honneur.

    Côté Prix, la liste des nommés avait été dévoilée le 26 janvier dernier. On retrouve sans surprise les principaux films déjà honorés au Festival de Cannes en mai l’année dernière, comme « Dheepan », « Mon Roi », « La Loi du Marché », « Mustang », « La Tête Haute » auxquels s’ajoutent « Marguerite », « Fatima » et « Trois souvenirs de ma jeunesse » de Desplechin (« Un conte de Noël »).

    Certains Césars sont attendus comme le César du meilleur film pour « La Loi du Marché » et de meilleur acteur pour Vincent Lindon. Le César du meilleur réalisateur pour Emmanuelle Bercot avec « La Tête Haute » et Rod Paradot pour celui du meilleur espoir masculin. D’autres sont espérés comme un prix pour Loubna Abidar, menacée de mort dans son pays, le Maroc, pour avoir joué un rôle de prostituée dans « Much Loved ». Les 4 598 membres de l’Académie oseront-ils jouer la carte de l’actualité ou se conforteront-ils avec des valeurs sûres comme Catherine Deneuve ou Isabelle Huppert ? Réponse vendredi…

     

     

    Foresti Bande-Annonce Flashdance

    [youtube id= »O3EJr5yeQTE » align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Ciné Cinéma Facebook

     

     

  • Oscars 2016 : Episode 3

     

     

    OSCARS 2016 – Episode 3 : Les Nominations

     

    Les nominations aux Oscars 2016 ont été annoncées le 14 janvier 2016. La cérémonie, elle, est prévue le 28 février 2016 au Dolby Theatre de Los Angeles. Seront récompensés les films sortis en 2015.

    Les grandes questions de ces Oscars sont :

    • Chris Rock réussira-t-il à être drôle ?
    • Le record d’audience d’Ellen DeGeneres en 2014 avec son célèbre selfie sera-t-il battu ?
    • Y aura-t-il comme l’an passé des manifestations d’associations afro-américaines pour dire leur désapprobation face à un palmarès jugé un peu trop blanc ?
    • Stallone et Di Caprio auront-ils, enfin, leur Oscar ?
    • Combien d’Oscars décrochera le dernier Star Wars ?
    • La France remportera-t-elle un Oscar grâce à « Mustang » ?

     

    Meilleur acteur :  cinq nommés

    2016 serait-elle enfin l’année de la consécration pour Leonardo DiCaprio avec la nomination du film « The Revenant » ? Il aura en face de lui Matt Damon pour « Seul sur Mars » et Eddie Redmayne dans le rôle transformiste de la première femme transgenre des années 1930, l’artiste Lili Elbe, Michael Fassbender pour « Steve Jobs » et Bryan Cranston pour « Dalton Trumbo ».

    A 41 ans, nommé à quatre reprises sans succès, Leonardo Di Caprio a dû affronter plus durs concurrents par le passé, comme l’excellentissime Matthew McConaughey l’année du « Loup de Wall Street » en 2014 ou Clint Eastwood et Johnny Depp l’année de « Aviator » en 2005, ce qui lui laisse une réelle chance cette année. Cette 5ème nomination sera-t-elle enfin la bonne ? Le fait d’avoir gagné les Golden Globes, anti-chambre des Oscars, est un bon présage, mais sans plus, car il avait déjà reçu ce prix pour « Aviator » et « Le Loup de Wall Street » sans pour autant gagner l’Oscar ensuite. Redmayne ayant déjà eu un Oscar en 2015 pour son rôle dans « Une merveilleuse histoire du temps », la porte reste ouverte. Mais Matt Damon n’a jamais reçu d’Oscar lui non plus. Le jury pourrait-il se laisser influencer pour récompenser à posteriori la carrière d’un membre de la bande de Georges Clooney, très appréciée à Hollywood ? Même si sa prestation dans « Seul sur Mars » n’est en rien comparable à celle de Léonardo DiCaprio dans « The Revenant »…

     

    Meilleur film : huit nommés

    « The Revenant », « Mad Max », « Seul sur Mars », « Le Pont des Espions » (très mou et vite oublié), « Spotlight » (une enquête journalistique haletante), « The Big Short : le casse du siècle » (au casting de rêve), « Brooklyn » et « Room ».

    Huit très bons films mais il faut le dire, parmi lesquels seul « The Revenant » sort du lot par son originalité et sa réalisation. Un western comme on n’en a jamais vu, traité de manière totalement nouvelle, avec un parti pris singulier. Une découverte comme on aime en faire au cinéma. Meilleur film dramatique aux Golden Globes 2016.

     

    Meilleure Actrice : cinq nommées

    La nomination de Jennifer Lawrence pour le film « Joy » fait polémique, certains critiques se demandant ce qu’elle vient faire là. Peut-être rattraper, elle-aussi, des Oscars manqués par trois fois les années précédentes. On dirait ainsi, avec les nominations cette année, que le manque de concurrents sérieux et méritants laisse libre champ à d’autres artistes oubliés auparavant. La cérémonie des Oscars de cette année ressemble quelque peu à une séance de rattrapage…

     

    Meilleur second rôle masculin

    Sylvester Stallone est le grand favori : à 69 ans, il a été ovationné aux Golden Globes lors de la remise de son prix comme meilleur second rôle masculin dans « Creed ». Il décroche de fait le record du plus grand écart entre deux nominations : la première pour « Rocky » en 1977 et la seconde pour « Creed » en 2016, 39 ans plus tard. Cet Oscar ressemblera là encore, sans doute, à un Oscar d’honneur pour l’ensemble de la série des « Rocky » et pour son influence sur le cinéma américain.

     

    Petites anecdotes

    Steven Spielberg obtient le record de nominations avec 128 pour l’ensemble de sa filmographie. Inarritu est le premier réalisateur, depuis 1950, à être nommé deux années de suite en même temps que son film (« Birdman » en 2015 et « The Revenant » en 2016). Avec sa 4ème nomination, Jennifer Lawrence, à 25 ans, est l’actrice la plus jeune à avoir été autant nommée.

     

    Ce qu’on ne comprend pas…

    L’absence de Maggie Smith (81 ans), déjà deux Oscars, et celle de Tarantino pour « Les Huit Salopards ».

     

    La polémique

    Elle bat déjà son plein. Il s’agit exactement de la même que l’an dernier, visant de nouveau des Oscars « trop blancs », dont les nominations manquent de diversité. Même le maître de cérémonie, Chris Rock, s’y met sur son compte Twitter le samedi 16 janvier, seulement deux jours après l’annonce officielle des nominés, en surnommant les Oscars « BET Awards Blancs », en référence aux BETS, une cérémonie dédiée aux plus grands artistes afro-américains. A quels acteurs noirs aurait-on dû s’intéresser en 2016 ?

     

     

    [youtube id= »TqVcreW7_Fo » align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Ciné Cinéma Facebook

     

     

     

  • Silence Plateau | The Danish Girl (Biopic, 2015)

     

     

    Réalisé par Tom Hooper avec Eddie Redmayne (Oscar du meilleur acteur en 2015 pour « Une brève histoire du temps ») et l’excellente Alicia Vikander, une jeune actrice suédoise de 27 ans en pleine ascension, nommée aux Oscars 2016 et que l’on retrouvera au casting du prochain film de Wim Wenders, « The Danish Girl » nous conte l’histoire, réelle, de l’artiste-peintre danois Einar Wegener qui se sentit plus femme qu’homme et de son épouse Gerda Wegener qui l’accompagna dans sa mutation.

    Premier transgenre du siècle dans les années 1920, Lili Elbe endurera les sarcasmes des hommes dans la rue, les diagnostics erronés des médecins, les traitements douloureux et dangereux d’apprentis sorciers, avant de subir une chirurgie irréversible qui supprimera ses attributs masculins (orchiectomie) ouvrant la porte sur une vie nouvelle. En même temps qu’Einar se transforme en Lily, c’est toute la façon de peindre de ces deux artistes qui se trouve modifiée.

    Gerda d’abord, dans l’ombre du très fameux Einar, se retrouve propulsée au devant de la scène artistique à Paris tandis qu’Einar joue à cache-cache avec Lili et se cherche. Gerda la peintre naît de la mort de celle d’Einar avec Lili en toile de fond. Très esthétique, le film est une prouesse d’acteur pour les deux protagonistes qui mériteraient bien leur Oscar. Leurs visages filmés en gros plans expriment toutes les émotions avec justesse et génie. Une réussite pour un sujet peu évident et facilement glissant.

     

     

    [youtube id= »iXYDqYbDQME » align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Ciné Cinéma Facebook