Catégorie : Art Contemporain

  • Felice Varini et Le Corbusier, corps à corps sur les toits de Marseille…

     

     

    Après Xavier Veilhan, Daniel Buren et Dan Graham, c’est au tour de Felice Varini d’investir jusqu’au 2 octobre 2016 le MaMO, sur le toit-terrasse de la Cité Radieuse à Marseille.

     

    Véritable musée à ciel ouvert installé par le designer Ora ïto en 2013 sur le toit-terrasse de la Cité Radieuse, le MaMO (Marseille | Modulor # Marseille | Main Ouverte) accueille donc l’exposition « A Ciel Ouvert » de l’artiste suisse Felice Varini, qui se lance dans un corps à corps endiablé avec le lieu conçu par Le Corbusier.

     

    « C’est la première fois que j’expose sur, dans et avec une architecture pensée par Le Corbusier. Ce lieu est un monument, un monstre d’influence. Un véritable microcosme, pensé comme une petite ville avec ses volumes si différents et si complexes. Une petite ville avec vue sur la grande ville de Marseille. C’est extrêmement excitant ! »

     

    Une invitation logique selon Ora ïto, qui considère tout simplement Felice Varini comme l’un des seuls très grands artistes contemporains : « A pouvoir jouer, souligner et surligner aussi bien une architecture qu’une ville entière. L’espace est son support naturel. Je suis très fier de lui avoir fait visiter et découvrir ce toit terrasse qu’il ne connaissait qu’en photo. »

    Quant à la « Maison du Fada », comme l’appellent affectueusement les Marseillais, elle vient de rejoindre la prestigieuse liste des 1031 sites classés au Patrimoine Mondial de l’Unesco. Et ce ne sont pas moins de 17 sites conçus par Le Corbusier qui figurent désormais sur cette liste.

    A découvrir absolument…

     

    [arve url= »https://vimeo.com/186948964″ title= »Felice Varini : s’amuser avec la rigueur corbuséenne » description= »Felice Varini » upload_date= »2021-01-05″ align= »center » maxwidth= »900″ loop= »no » muted= »no » /]

     

     

     

  • Anish Kapoor | Un vagin à Versailles

     

     

    A l’heure où de nombreux festivals doivent fermer leurs guichets faute de subventions des pouvoirs publics, on voit fleurir sur les réseaux sociaux de drôles de choix artistiques qui laissent perplexe…

     

    D’abord il y a eu le Pont des Arts qui s’est mis au Street Art, nous dit-on. Qu’est-ce que le « Street Art » ou « Art Urbain » ? C’est un mouvement artistique qui regroupe toutes les formes d’art réalisées dans les espaces publics ou dans la rue. Par exemple, les graffitis, les pubs, les pochoirs, les stickers ou encore la mosaïque et le yam bombing (des vêtements en tricot pour habiller les objets urbains). Il s’agit donc d’un art éphémère, et c’est tant mieux dans le cas particulier qui nous intéresse.

    On nous dit qu’il a fallu faire appel à quatre artistes internationaux pour décorer notre patrimoine français. Comme à Versailles… Anish Kapoor est anglo-indien. Pourquoi ne pas, sans être chauvin ni protectionniste, subventionner des artistes français pour compenser les suppressions de dotations ? D’autant que Kapoor avait déjà été embauché par l’Etat français en 2011 pour habiller la Nef du Grand Palais. Bref, 700 000 verrous ont été récoltés et 45 tonnes de métal recyclées, remplacés par des panneaux rose fluo. Pardon, par « des calligrafittis mauves qui courent telles des arabesques » (Le Parisien).

    On est loin, très loin de l’emballage réussi du Pont Neuf par Christo en 1985, qui ne souffre absolument pas la comparaison, me semble-t-il.

    Et après ? Des parapets en verre… approuvés par les architectes des Bâtiments de France. Ouf ! On est sauvés. Le verdict du public est quant à lui très sévère : les panneaux sont déjà tagués. Nul doute que les panneaux de verre le seront aussi. On aura alors droit, encore, à du Street Art, mais en version populaire, sûrement plus inventive, originale et pour bien moins cher.

    Après Paris, ex plus belle ville du Monde depuis le 1er juin, allons faire un petit tour au château de Versailles, futur – ex – plus beau château mondialement copié. Bientôt les touristes Chinois viendront photographier le Parc de Le Nôtre «dialoguant » avec les sculptures géantes de Kapoor. Quelle jolie expression (Libération). Plusieurs milliers de tonnes d’acier, de terre et de pierres sur la pelouse du Parc, comme c’est écologique ! Je n’ose même pas imaginer en termes de transport, le coût d’un tel voyage de matières premières. L’artiste donne au journal, en exclusivité, une « définition mystérieuse » de son œuvre :

    • « Ma sculpture est semblable à un corps gisant sur le sol avec les jambes ouvertes, dont on ne sait pas s’il est un objet masculin ou féminin. Avec un vaste orifice intérieur, comme une oreille ou un vagin, on ne sait pas au  juste. Un long tuyau qui pourrait être masculin, un phallus/vagin ».
    • Avant de rajouter : « Il s’agit du vagin de la reine qui prend le pouvoir ».

    On a hâte !

    L’expo a ouvert mardi 9 juin. La Com est déjà une réussite : rien de tel qu’une bonne polémique à caractère sexuel.

    Mais qu’en est-il exactement de l’oeuvre en elle-même, au delà de son titre ?

    A en voir la photo, rien de choquant. L’oeuvre s’appelle « Dirty Corner », est en acier et mesure 10 mètres de haut. On dirait plutôt une énorme corne d’abondance qui nous fait penser aux pubs de  « La voix de son Maître ».  Ce qui dérange plus, ce sont les énormes pierres en béton enchevêtrées comme un tas de gravas dans une décharge publique.

    Mais bon. Il y a six sculptures monumentales en tout. Seule l’une d’entre elles porte à discussion. Et la discussion, c’est plutôt pas mal. Les autres dont le cube, le panneau d’acier incurvé au pied de la Galerie des Glaces qui reflète la façade du château et le parc, l’antenne géante qui reflète le ciel, le typhon qui ressemble à une fontaine ou une galaxie et les nuages sont jolies et intéressantes.

    Enfin, il y a « Shooting in the corner » : située dans la salle du Jeu de Paume, en face du tableau du peintre David, cette sculpture est un canon qui tire de la cire couleur sang pour évoquer des corps en bouillie. Sexy.

    • « Cette installation controversée interroge sur la violence de notre société contemporaine. La présidente de Versailles, Catherine Pégard,  fait preuve de courage et de générosité car c’est une provocation ».

    Chacun a sa  propre définition du courage et de la générosité…

    Finalement, ce qui choque le plus, ce ne sont pas les sculptures, mais les propos qui les accompagnent. Les sculptures et les œuvres de Anish Kapoor sont magnifiques. C’est un grand créatif.  Mais qu’il arrête de nous gâcher notre plaisir de contemplation avec ses commentaires : à moins que ce ne soit un fait exprès, un autre coup de génie pour faire parler de lui..

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Liens externes » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Anish Kapoor Official

     

     

     

  • Collaboration célèbre | Robert Mapplethorpe & Louise Bourgeois

     

     

    Dans ce portrait photographique en noir et blanc, l’artiste franco américaine Louise Bourgeois (1911-2010) pose légèrement à droite du cadre, devant un fonds gris. Elle est dépeinte à partir du buste, le profil de trois quarts, son visage est tourné vers l’objectif. Elle porte un manteau en fourrure de singe comme fait de velours sombre et porte une de ses sculptures sous son bras droit, qui apparaît à la place de sa main droite. Cette sculpture de forme phallique, Fillette, qui se traduit par petite fille en français, est un buste en plâtre recouvert de latex, qu’elle a réalisé 14 ans plus tôt. Louise Bourgeois sourit de façon espiègle face au photographe.

    Cette photographie fut réalisée par Mapplethorpe dans son atelier de Bond Street, New York, en 1982. Sa biographe Patricia Morrisroe souligne qu’il n’était pas un artiste intrusif, et si ses modèles semblent utiliser des appuis verticaux, cela reflète leur propre décision, ce qui fut le cas pour cette image. Louise Bourgeois était convaincue que cette séance serait un désastre, par conséquent elle s’y était préparée : « je ne pouvais imaginer ce qui irait de travers, mais je savais que cela n’irait pas si je n’étais pas préparée. Par conséquent, même si j’y allais l’esprit léger, j’ai malgré tout pris une partie de moi-même » (citation tirée de Arena : Robert Mapplethorpe, 18/03/1988). Elle a ainsi choisi de prendre Fillette, comme si elle savait qu’elle serait rassurée à l’idée de la tenir et de la bercer (citation tirée de Nixon 2005, p 80). Mapplethorpe décrivit la séance et Louise Bourgeois elle-même comme irréelle : « vous ne pouviez pas, en quelque sorte, lui dire quoi faire, elle était juste là » (citation tirée de Arena : Robert Mapplethorpe, 18/03/1988).

    Louise Bourgeois travailla en tant qu’artiste à compter des années 30 jusqu’à sa mort en 2010. Tout comme Robert Mapplethorpe, Louise Bourgeois créa souvent des objets sexuellement sans ambiguité. Elle identifia la connexion entre Mapplethorpe et elle-même : « je pensais qu’il s’agirait d’une bonne collaboration parce qu’il était célèbre, non pas pour ses photos de fleurs, mais par son approche de la représentation sexuelle… Il est célèbre pour son côté controversé, et cette photographie avait sa place dans son album (citation tirée de Arena : Robert Mapplethorpe, 18/03/1988).

    L’objectif de cette séance avec Mapplethorpe était de trouver un portrait qui figurerait dans le catalogue de l’exposition rétrospective de Louise Bourgeois au Musée d’Art Moderne, organisée à New York en 1982. Le musée utilisa ce portrait pour la couverture du catalogue, mais recentra la photographie sur un portrait, retirant Fillette. Cette coupe élagua de l’image l’humour érotique qui s’en dégageait, et comme l’artiste elle-même le souligna : « l’oeil qui pétille se réfère à ce que je porte. mais ils l’ont coupé. Ils l’ont coupé parce qu’ils étaient trop prudes » (citation de Nixon, 2005, p 85). L’historien de l’art Mignon Nixon note à quel point le style de la photographie de Mapplethorpe souligne l’image, au travers d’une grand limpidité de l’impression, et le fait de ressortir la poésie de la chair dans le cadre avec un humour transgressif (Nixon 2005, p 73).

    Références :

    Arena: Robert Mapplethorpe, dir. by Nigel Finch, BBC television documentary, 18 March 1988.
    Patricia Morrisroe, Mapplethorpe. A Biography, London 1995.
    Mignon Nixon, Fantastic Reality: Louise Bourgeois and a Story of Modern Art, Cambridge, Massachusetts 2005, pp.71–81.

     

     

     

  • Collaboration célèbre | Chuck Close & Philip Glass

     

     

    Beaucoup reconnaissent Chuck Close pour ses oeuvres « pixelisées », admirées universellement, et définissant le plus cet artiste iconique du 20ème Siècle. S’inspirant de ces motifs emphatiquement répétitifs qui caractérisent l’oeuvre de Chuck Close, Phillip Glass lui rend hommage en composant « Philip Glass: Up Close », conçu comme accompagnement sonore au « Chuck Close Prints: Process and Collaboration », à l’occasion de l’exposition qui lui fut consacrée au Metropolitan Museum de New York en 2013.

    A découvrir…