Catégorie : Architecture

  • 1979, l’année qui changea le monde, Episode 05 : « Le Forum des Halles »

     

    [kleo_pin type= »circle » left= »yes » right= » » top= » » bottom= » »]          « FOCUS » : un article de fond sur un thème que nos rédacteurs ont sélectionné.

     

     

    L’année 1979 est définitivement une année-charnière, comme la fin d’un cycle. Elle scelle le sort des dernières utopies. Le monde prend une pelle et enterre à la hâte les cadavres encore fumants de nos illusions perdues. Après 1979, rien ne sera plus vraiment comme avant…

     

    Coincée à la fin d’une décennie qui paraît un peu creuse, durant laquelle les dirigeants politiques semblent manquer de charisme (le pâle Carter face au cowboy médiatique Reagan, VGE après De Gaulle et Pompidou), l’année 1979 n’attire décidément pas les flashes. Et pourtant… Que d’événements considérables ont eu lieu cette année-là, autant de tremblements qui ont marqué la face du monde et dont on ressent encore les répliques quarante ans plus tard.

    Révolution iranienne, arrivée de Saddam Hussein au pouvoir en Irak, début de la Guerre d’Afghanistan qui mènera à la chute de l’URSS et à l’apparition du terrorisme islamiste, second choc pétrolier et crise économique mondiale, paix entre Israël et l’Egypte, fin des Khmers Rouges… Il n’est pas insensé de penser que 1979 a en réalité été l’année la plus importante de l’après-Seconde Guerre Mondiale.

     

    Cette année 2019 est ponctuée de deux anniversaires. Il y a 50 ans, du 28 février au 2 mars 1969, les « Halles Centrales » partaient à douze kilomètres de Paris, à Rungis. Dix ans plus tard, le 4 septembre 1979, était inauguré le Forum des Halles, en présence de Jacques Chirac, Maire de Paris. 

     

    Il y a soixante ans, le 6 janvier 1959, au terme de longs débats, le Conseil des Ministres décide par ordonnance de transférer les Halles de Paris à Rungis et à la Villette. Malgré la mobilisation d’une partie de l’opinion en faveur du maintien des pavillons de Baltard in situ, leur démolition commence en 1971, deux ans après le déménagement des Halles Centrales et l’ouverture du nouveau marché de Rungis, au sud de Paris, devenu le plus grand marché de produits frais au monde en approvisionnant plus de 18 millions de personnes.

    Pour mieux appréhender ce microcosme et ses usages avant qu’il ne disparaisse à jamais, Daniel Karlin partait en 1969 à la rencontre de ces travailleurs du marché des Halles Centrales, aussi surnommées par Zola « le Ventre de Paris ». On y croisait ces témoins de métiers aujourd’hui disparus : une approvisionneuse qui vendait les produits qu’elle achetait aux maraîchers, un tasseur qui montait des tas de légumes sur le carreau des Halles, Marius dont le bistrot était face au Pavillon de la Marée ou encore le plus ancien mandataire de viande, arrivé aux Halles en 1915.

     

    Mémoires d’un vieux quartier | ORTF | 08/10/1969 (Images d’archive INA)

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    Suite au déménagement en 1969 des Halles de Paris, installées depuis le 12ème siècle en plein coeur de la capitale, dans l’actuel 1er arrondissement, vers la banlieue de Rungis (Val-de-Marne), des habitants du quartier, d’anciens commerçants, vendeurs et « Forts des Halles » témoignent, avec nostalgie, de cette époque révolue où, du fait de sa localisation au centre de Paris, il existait une réelle ambiance et confraternité entre les résidents des Halles. Commentaire sur images factuelles et d’archives, interviews, témoignages et explications de ce qui sera construit à la place des anciennes Halles, sur fond de travaux publics, d’ouvriers, de chantier des nouvelles Halles et d’images du quartier, constituent la base de ce reportage tourné en 1977.

     

    Images d’archive INA | 19/12/1977

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    Ce déménagement permet ainsi de concevoir une vaste opération d’urbanisme au cœur même de la capitale, pour redynamiser le centre de la rive droite. Le projet du Forum des Halles voit le jour, afin de créer une véritable ville souterraine, liée aux transports en commun et comportant des équipements commerciaux, culturels, sportifs et de loisirs. Cette orientation est confirmée par la décision gouvernementale d’y réaliser le point central d’interconnexion du RER, le Réseau Express Régional, situé à plus de 20 mètres sous terre.

    Durant l’été 1971, la démolition des Halles Baltard est donc rendue nécessaire afin de créer, à ciel ouvert, la gare souterraine du RER. Le vide et l’espace vacant laissé sur la partie ouest du site reçoivent rapidement le surnom de « Trou des Halles ». Au cinéma, le site sert, en 1973, à la transposition en plein Paris des aventures de Buffalo Bill, du général Custer et des indiens dans « Touche pas à la Femme Blanche », interprété par Marcello Mastroianni et Philippe Noiret. On l’aperçoit également dans « Les Gaspards », ayant pour thème les grands travaux de cette époque.

    Ce « Trou des Halles » symbolisera durant plusieurs années cette France en pleine mutation, entre traditions séculaires et modernité, et marquera l’entrée du pays dans la société de consommation et des loisirs. Malgré les résistances, c’est un monde qui disparaît avec la fin des « Halles Centrales ». La faune du quartier des Halles dans ces années 70, entre petits maquereaux, receleurs, dealers et punks, s’accroche à ses dernières chimères…

     

    Aujourd’hui Magazine | Antenne 2 | 19/12/1977 (Images d’archive INA)

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    A partir de 1979 et l’inauguration du Forum des Halles, le quartier des Halles verra déferler massivement, grâce à l’interconnexion du RER, une jeunesse en mal de consommation et de loisirs, fuyant l’ennui des cités-dortoirs. Les petites frappes de la décennie précédente se voient supplantées peu à peu par la nouvelle délinquance à la mode « banlieue », bâtissant la triste réputation du quartier jusqu’à sa nouvelle réhabilitation dans les années 2010.

    L’inauguration du Forum des Halles a lieu le 4 septembre 1979, en présence de Jacques Chirac, maire de Paris. 190 enseignes s’installent sur 43.000 m2 répartis sur quatre niveaux. L’ensemble de cette première tranche comprend 70.000 m2, auxquels il faut ajouter 50.000 m2 de parcs de stationnement.

     

    Sources : Wikipedia / Ina Vintage

     

     

     

  • La Cupola del Duomo di Brunelleschi by National Geographic

     

     

    En 1418, on confie à Filippo Brunelleschi le projet de construction du plus grand dôme jamais édifié.

     

    Alors que Brunelleschi n’a aucune formation ni même compétence en architecture, et sans que l’on ait pu vraiment comprendre les méthodes ou techniques qui lui ont permis de mener à bien cet ambitieux projet, il conçoit malgré tout ce dôme magnifique qui couvre la cathédrale Santa Maria del Fiore de Florence.

    Un avis de concours est donc lancé pour doter la cathédrale de Florence d’une coupole. Brunelleschi, qui est maître-orfèvre à l’époque, présente alors un projet d’édification du dôme sans échafaudages, ce qui ne convainc pas d’emblée le jury ; il en prouve cependant la justesse en s’appuyant sur la construction quelques années plus tôt d’une chapelle couverte par une coupole bâtie sans cintre, à San Jacopo Sopr’Arno, et il finit par obtenir la direction du chantier de Santa Maria del Fiore.

    Brunelleschi, dont la renommée se voit occultée par celle de son ami Donatello, puise sa vigueur créatrice aux sources antiques pour rationaliser l’espace de la cité moderne et mettre en place les bases de la perspective, opposant ainsi au gothique tardif un nouveau système de représentation du monde. Tenu pour un novateur par ses propres contemporains, Brunelleschi laisse une œuvre architecturale réalisée pour l’essentiel à Florence, pendant la première moitié du Quattrocento, puis complétée par des élèves comme Michelozzo et Alberti, et qui fait de lui un brillant précurseur de la Renaissance. Il théorise la « perspective mathématique » en 1415 en Italie.

     

     

    En Anglais

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    En Italien

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  • Le Bauhaus célèbre son Centenaire

     

     

    2019 célèbre l’architecture. L’année s’ouvrait en effet sur les événements consacrés aux soixante ans d’un édifice iconique de l’architecture mondiale, le Guggenheim Museum de New York, et se poursuit à présent avec le centenaire du Bauhaus, une école et un mouvement culturel qui auront profondément marqué le XXème siècle.

     

    Il y a cent ans, donc, en avril 1919, l’architecte Walter Gropius publiait le manifeste et programme du Bauhaus d’état de Weimar, premier acte officiel de naissance de la célèbre école et du mouvement qui transformèrent l’architecture, le design, les arts appliqués et plus généralement l’art du 20ème siècle.

    L’école fondée à Weimar par Gropius réunissait ainsi dans un même lieu un institut supérieur des beaux-arts et une école d’art appliqué, avec une nouvelle section consacrée à l’architecture. Le Bauhaus était destiné à former les architectes du futur, des professionnels aux compétences techniques, artistiques et artisanales pointues, et qui pourraient répondre en tous points aux besoins des nouveaux citoyens.

    Dès 1925, l’école emménagea à Dessau, dans l’édifice devenu célèbre, conçu par Gropius comme véritable manifeste du mouvement rationaliste de ces années. Gropius fut remplacé à la direction de l’école de Dessau par Hannes Meyer, auquel succéda Ludwig Mies van der Rohe, jusqu’à la fermeture définitive du Bauhaus par les nazis en 1933.

     

     

     

    Paradoxalement, c’est précisément la fermeture de l’école, entraînant la dissémination de ses enseignants un peu partout dans le monde, qui permit la diffusion la plus large possible des idées et des expériences mûries au sein du Bauhaus. A commencer par Mies van der Rohe et Gropius eux-mêmes qui perpétuèrent l’enseignement des préceptes du mouvement, respectivement à l’ITT de Chicago et à l’Harvard University.

    Du 16 au 24 janvier, le festival d’ouverture à l’Akademie der Künste de Berlin marquait le début des commémorations qui se poursuivront dans toute l’Allemagne durant cette année 2019, afin de célébrer le centenaire de la fondation du Bauhaus. Un programme riche en événements en tous genres, entre expositions, concerts, installations éphémères, théâtre, danse, cinéma, ainsi que des ateliers et bien d’autres performances artistiques, pour faire revivre l’esprit du Bauhaus dans la tradition de ses grands maîtres, d’Oskar Schlemmer à Wassily Kandinsky, en passant par László Moholy-Nagy ou Paul Klee.

    La directrice artistique du festival, Bettina Wagner-Bergelt, s’est d’ailleurs largement inspirée de la « Bauhaus Week » de 1923 et des fêtes du Bauhaus afin de recréer l’atmosphère d’expérimentation et de recherche, d’apprentissage et d’enseignement, qui la caractérisait, l’objectif étant de fournir une relecture contemporaine de ces événements ; un véritable Bauhaus du 21ème siècle…

     

     

     

    Pour preuve, l’installation de réalité virtuelle « Das Totale Tanz Theater » est bien contemporaine… Réalisée par l’Interactive Media Foundation et le chorégraphe Richard Siegal, en association avec le studio de design digital Artificial Rome, elle transporte les visiteurs sur une scène virtuelle et explore à travers la danse le rapport entre l’homme et la machine, thème central du festival d’ouverture.

    Nombreux sont aussi les événements dédiés à l’architecture et au design qui se succéderont dans différentes villes d’Allemagne, pour célébrer le centenaire du Bauhaus. Vous pourrez notamment découvrir les sites historiques du mouvement à Weimar et Dessau, classés au Patrimoine de l’UNESCO depuis 1996. Et parmi ces événements, « Bauhaus Imaginistaest », le projet international qui vise à analyser l’influence du Bauhaus sur le monde contemporain et à se concentrer notamment sur les rapports qu’il entretint avec des écoles et des mouvements hors d’Europe. Le projet itinérant constitué de quatre expositions a démarré en 2018 au Japon. Depuis, il a traversé la Chine, la Russie et le Brésil et se conclura à Berlin en mars 2019.

    Cette année sera donc marquée au sceau du Bauhaus… Parmi les nombreux documentaires qui lui sont récemment consacrés, nous en avons sélectionné un, « Bauhaus : An History of Modern Architecture », qui nous semblait mettre en lumière ce qui rendait ce mouvement si particulier, et peut-être expliquer pourquoi il aura à ce point marqué le 20ème siècle.

     

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  • Les stations de Métro fantômes réhabilitées

     

     

    C’est un projet original : réhabiliter les vieilles stations de Métro abandonnées en salles de spectacle, lieux d’exposition, piscine, boite de nuit, restaurants…

     

    Certaines stations ont été abandonnées au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, d’autres ont été construites mais n’ont jamais accueilli aucun voyageur, d’autres enfin servent de centres de formation pour les techniciens de la RATP. Quatorze stations sont ainsi concernées. Un jeune architecte parisien, Manal Rachdi, a imaginé ce que pourraient être ces stations New-Age. Avec Nicolas Laisné, ils ont revisité la station Arsenal et ont mis en image le résultat de leurs recherches.

    Contactée, la RATP n’a pas caché sa réticence à ce projet. Les stations de Métro fantômes vont sans doute alors le rester encore longtemps : squattées, dégradées, elles ne sont plus aux normes et nécessiteraient des investissements colossaux pour être réhabilitées. Actuellement, seuls les adeptes de l’exploration urbaine sillonnent les rails. Un autre projet, celui de la réhabilitation des tunnels de la  voie de chemin de fer de la petite ceinture propose aquariums, salles de cinéma et bars. Quant aux rails, ils pourraient céder leur place à des jardins potagers.

     

     

     

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] OXO Architectes

     

     

     

  • Un supermarché classé monument historique

     

     

    Probablement sans le savoir, les clients du centre commercial Intermarché de Ris-Orangis, dans l’Essonne, remplissent leur chariot dans un lieu exceptionnel.

     

    En effet, le bâtiment qui abrite ce supermarché est l’oeuvre de Claude Parent, l’un des plus grands architectes français, décédé en 2016. En 2012, David Liaudet, enseignant aux Beaux-Arts du Mans, déposait un dossier à la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles), en vue du classement du site, inauguré en 1970, aux Monuments Historiques. La même année, il était déjà parvenu à faire classer une autre oeuvre de Claude Parent, le centre commercial Maillot de Sens (Yonne), datant de la même période. Ce passionné d’architecture déclare d’ailleurs n’avoir « aucun intérêt dans cette histoire, si ce n’est de préserver un patrimoine unique et rare ».

    Symbole du « Brutalisme », tendance architecturale née en Angleterre dans les années 50, qui selon la définition du Larousse, privilégie « l’emploi de matériaux bruts comme le béton, la non-dissimulation de l’infrastructure technique, telle que tuyauterie, et la liberté des plans », ce bâtiment n’a jamais été modifié depuis sa construction. « Pour un bâtiment commercial de cette époque, c’est très rare. Ce qui en dit long sur la qualité architecturale du projet, qui a su absorber les chocs commerciaux sans être transformé » confie Davis Liaudet.

     

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour Aller Plus Loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Brutalisme

     

     

     

  • Ricardo Bofill nous présente La Fábrica, son paradis sur terre

     

     

    En 1973, l’architecte espagnol Ricardo Bofill achète une cimenterie à l’abandon datant de l’époque de la Première Guerre mondiale, près de Barcelone, pour y édifier son paradis sur terre. Voici donc l’histoire de la Fábrica…

     

    Lorsque Ricardo Bofill découvre un peu par hasard cette cimenterie laissée à l’abandon depuis 1968, il ressent immédiatement le potentiel énorme de l’édifice. L’idée folle de transformer la structure d’origine du bâtiment en une maison d’habitation unique et spectaculaire germe dans son esprit : La Fábrica est née.

    La première fois qu’il vit la cimenterie, Ricardo Bofill se trouva face à un complexe de plus de 30 silos composé d’énormes locaux équipés de machines. Il y découvrit 4 kilomètres de galeries souterraines, d’imposantes structures en béton armé qui ne soutenaient plus rien et des escaliers suspendus qui ne menaient plus nulle part. Un lieu hors du temps et désormais sans but mais empreint d’un charme surréel et aux formidables potentialités de transformation.

    Après avoir fait l’acquisition de ce lieu incroyable, Ricardo Bofill lance donc son projet insensé de redonner vie à cette friche industrielle oubliée de tous depuis longtemps. Passées les premières années de démolition partielle, son équipe commence à aménager l’intérieur de la structure en un espace d’habitation et de travail alliant respect du lieu originel et modernité.

     

     

     

     

    La première étape de la réhabilitation de Ricardo Bofill fut d’éliminer les éléments superflus ayant agressé au fil du temps l’installation d’origine, datant du début du siècle dernier. Au cours de la première industrialisation de la Catalogne, ce complexe avait accueilli de nouvelles chaînes de production.

    De nombreuses parties furent ensuite verrouillées puis recouvertes, transformant la cimenterie en site stratifié, tout comme les lieux habités pendant des siècles. Respectant l’évolution historique du bâtiment, Bofill a tenté de retrouver une harmonie supérieure en creusant dans le béton tel un sculpteur cherchant à dégager une forme.

    L’insertion d’éléments propres au langage architectural – portes, fenêtres, façades – a permis de créer des parcours et des perspectives donnant naissance à un atelier, des espaces d’exposition, des salles de concert et enfin une résidence privée. La conception de l’espace vert atténue aujourd’hui l’impact du brutalisme caractéristique des structures d’origine en béton.

     

     

     

     

    Reconstruction 3D de « La Fábrica – Taller De Arquitectura », projet original de l’architecte Ricardo Bofill :

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    Avec l’esprit visionnaire qui le caractérise, Ricardo Bofill transforme peu à peu l’ancienne cimenterie désaffectée en atelier d’architecture. Expression même de l’idée de régénération architecturale de Bofill, la Fábrica abrite aujourd’hui un grand cabinet ainsi que la maison privée de l’architecte espagnol.

    Bofill a conçu chaque lieu de cette vaste reconstruction comme étant unique, avec sa fonction propre. Une variété d’espaces de détente ou de travail sont créés, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur de la propriété. Tandis que la cuisine et la salle à manger situées au rez-de-chaussée sont le point de rencontre privilégié de la famille, il consacre d’autres espaces à son cabinet d’architecture.

     

     

     

    « La vie se déroule ici en une séquence continue, et il y a très peu de différence entre le travail et le loisir. » (Ricardo Bofill)

     

    L’extérieur a été tapissé de végétation, et recouvert de gazon, mais aussi d’eucalyptus, de palmiers et d’oliviers. Il déborde aujourd’hui d’une verdure luxuriante, comme si la nature avait repris ses droits en ce lieu sacré. « J’ai l’impression de vivre dans un univers fermé qui me protège de l’extérieur et de la vie quotidienne », comme le définit Ricardo Bofill.

     

     

     

    Mara Corradi, journaliste dans le secteur de l’architecture et du design et collaboratrice du magazine d’architecture en ligne FloorNature, réalisait en juin 2015 une interview exceptionnelle de Ricardo Bofill.

     

    Pourquoi avez-vous décidé de faire de cette cimenterie désaffectée le siège de votre cabinet d’architecture ? Que cherchiez-vous à l’époque et quelles ont été les qualités que vous aviez ressenties dans cet ouvrage en 1973 ?

    Je cherchais un endroit qui, tout comme les ateliers catalans traditionnels où les artistes vivent et travaillent, pouvait abriter aussi bien ma vie privée que ma vie professionnelle car, dans mon cas, il y a bien peu de différences entre ces deux sphères. La Fàbrica m’a donné la possibilité de transformer une ruine en cabinet et en maison et j’ai ainsi pu démontrer que « la forme ne suit pas nécessairement la fonction ».

     

    Sur votre site, vous décrivez l’établissement d’origine comme un ensemble d’éléments de construction sans signification apparente : « Stairs that climbed up to nowhere, mighty reinforced concrete structures that sustained nothing, pieces of iron hanging in the air, huge empty spaces filled nonetheless with magic ». Quelle part de cette atmosphère surréelle êtes-vous parvenu à conserver aujourd’hui et grâce à quels choix ?

    J’ai conservé une grande partie de cette atmosphère surréelle. Et c’est justement cette étape qui a été la partie la plus difficile du processus de démantèlement et de construction.

     

    La fascination que vous avez éprouvée face à cette installation vous a amené à vous lancer dans l’aventure d’en repenser entièrement l’usage et les fonctions. Peut-on définir cette démarche comme votre manifeste de régénération architecturale ?

    Oui, absolument. J’ai pu prouver que l’on pouvait tout obtenir à partir d’un espace donné. Au fil des années, mon équipe a réussi à réaliser dans le monde entier plusieurs projets de reconversion de bâtiments industriels. Nous abordons la tâche avec beaucoup de respect et de sensibilité pour leur passé industriel et effectuons les transformations sans jamais perdre de vue les critères de performance et de durabilité.

     

    La Fàbrica évoque aujourd’hui non seulement les ruines du Piranèse mais aussi un décor de film de science-fiction. La durabilité a-t-elle sa place dans une intervention de cette nature ?

    Bien qu’il soit difficile d’améliorer les prestations énergétiques des bâtiments existants, aussi bien mon cabinet que mes espaces privés ont été conçus de manière à optimiser l’efficacité énergétique et la durabilité.

     

    Project: Ricardo Bofill
    Location: Barcelona (Spain)
    Gross floor area (office and garden): 5000 m2
    Beginning of work: 1973
    Completion: 1975
    Photography: © Courtesy of Ricardo Bofill Taller de Arquitectura

     

    « L’architecte renégat » Ricardo Bofill nous fait la visite de « La Fábrica » :

    [arve url= »https://vimeo.com/109712826″ align= »center » title= »In Residence Ep 14: “Ricardo Bofill” by Albert Moya for NowNess » description= »Ricardo Bofill » maxwidth= »900″ /]

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Ricardo Bofill Officiel

    [kleo_icon icon= »link » icon_size=« large »] FloorNature

     

     

     

  • Comment Instant City préfigurait dès 1968 notre société actuelle

     

     

    Projet de ville nomade, Instant City marque l’aboutissement d’une démarche d’aporie architecturale initiée par le collectif anglais Archigram avec « Plug-in-City » en 1964. L’architecture disparaît, laissant place à l’image, l’événement, l’audiovisuel, ainsi qu’aux gadgets et autres simulateurs environnementaux.

     

    Instant City développe l’idée d’une « métropole itinérante », un package qui s’infiltre provisoirement au sein d’une communauté. Cette ville superpose, « le temps d’un instant », de nouveaux espaces de communication à une ville existante : un environnement audiovisuel (des mots et des images projetés sur des écrans suspendus) s’associe à des objets mobiles (ballons dirigeables avec des tentes suspendues, capsules, mobile-homes) ainsi qu’à des objets technologiques (grues à portique, raffineries, robots), pour créer une ville de consommation d’informations, destinée à une population en mouvement.

    Première étape d’un réseau d’information, d’éducation, de loisirs et d’équipements, Instant City est raccordée (« Plugged-In ») aux secteurs périphériques entourant une métropole par une flotte de véhicules tout-terrain et d’hélicoptères. Ainsi, la communauté locale est intégrée dans la communauté métropolitaine. Cette idée d’infiltration vise alors à être complémentaire, plutôt qu’étrangère, aux communautés qui sont visitées. Par la suite, les véhicules seront transformés en dirigeables.

     

    Instant City est une ville instantanée qui s’installe sur un site, crée un événement pour ensuite disparaître, signifiant ainsi que l’architecture peut ne pas être uniquement que construction et n’être à l’inverse qu’événement, en tant qu’action dans le temps présent.

     

    Mais Instant City est aussi l’une des premières architectures de réseau, 25 ans avant Internet : réseau d’informations, flux, vecteur, rassemblant des fragments urbains dispersés. Elle est un scénario qui, une fois mis en acte, est soumis à une réécriture, celle de tous ses habitants qui vont l’animer. Instant City n’a donc aucune forme fixe, aucun préalable. Elle témoigne d’une représentation impossible, celle d’une ville qui n’a pas d’existence en soi, qui n’est qu’un incident dans le temps et dans l’espace.

    Dialectique entre permanent et transitoire, mobile et éphémère, Instant City incarne l’utopie d’une architecture libérée de tout ancrage, d’une ville volante, aérienne, et transforme l’architecture en situation, en environnement réactif. L’architecture s’y offre à la fois comme objet de consommation et création d’un environnement artificiel.

    Archigram, association des termes architecture et télégramme, est à l’origine une revue d’architecture avant-gardiste britannique des années 1960. La revue, dont neuf numéros sortiront de 1961 à 1974, est initiée par six architectes, Peter Cook, David Greene, Mike Webb, Ron Herron, Warren Chalk et Dennis Crompton. Leur principale inspiration vient d’un projet de décor de film de Cedric Price, « Fun Palace » (1960-1961).

    Le collectif dominera l’architecture radicale des décennies 1960 et 1970. Influencé par les utopies urbaines de la première moitié du XXème siècle, il cherche à renouveler l’architecture et l’urbanisme.

    La forte iconographie d’Archigram puise dans la science-fiction et la BD, ouvrant ainsi l’architecture et les concepts environnementaux à la culture pop naissante.

     

    Il y a cinquante ans, Archigram et leur concept architectural « Instant City » reposant sur la mobilité et la « déterritorialisation », en réaction à la société de consommation naissante et à la modification profonde des modes de vie, préfigurait de façon étonnante ce que serait la société d’aujourd’hui, fondée sur l’itinérance, l’image, l’audiovisuel et la technologie.

     

    La nouvelle Instant City se veut ainsi la suite logique du concept originel, en s’adaptant aux exigences et évolutions de la société actuelle, en particulier technologiques. Internet, smartphones ou tablettes permettent mobilité et accessibilité. Aujourd’hui, on peut mener à bien un projet en collaboration avec quelqu’un vivant à l’autre bout du monde.

     

     

     

    01. Instant City, Before IC, a Sleeping Town, 1969 – Airship Sequence of Effect on an English Town
    Dessin encre sur calque 32.2 x 46 cm (998 01 72) © Philippe Magnon

    02. Instant City, Descent, 1969 – Airship Sequence of Effect on an English Town
    Dessin encre sur calque 32.2 x 46 cm (998 02 72) © Philippe Magnon

    03. Instant City, Event, 1969 – Airship Sequence of Effect on an English Town
    Dessin encre sur calque 32.2 x 46 cm (998 03 72) © Philippe Magnon

    04. Instant City, Highest Intensity, 1969 – Airship Sequence of Effect on an English Town
    Dessin encre sur calque 32.2 x 46 cm (998 04 72) © Philippe Magnon

    05. Instant City, Infiltration, 1969 – Airship Sequence of Effect on an English Town
    Dessin encre sur calque 32.2 x 46 cm (998 05 72) © Philippe Magnon

    06. Instant City, Network, Takes Over, 1969 – Airship Sequence of Effect on an English Town
    Dessin encre sur calque 32.2 x 46 cm (998 06 72) © Philippe Magnon

    07. Dirigeable Instant City M3, 1969 
    Dessin Photomontage 55.5 x 85 cm (998 01 74) © Philippe Magnon

    08. Airship « Zeppelin » Model, 1969 
    Installation plastique, tissu synthétique, métal, peinture & papier 60 x 190 x 60 cm (998 01 68) © Philippe Magnon

    09. Instant City Visits Bournemouth, 1968 
    Dessin Photomontage 23 x 34.5 cm (998 01 71) © Philippe Magnon

    10. Instant City in a Field Long Elevation Part 1, 1969 
    Sérigraphie encre sur papier 56.5 x 220 cm (998 01 69) © Philippe Magnon

    11. Instant City in a Field Long Elevation Part 2, 1969 
    Sérigraphie encre sur papier 56.5 x 220 cm (998 01 69) © Philippe Magnon

    12. Instant City Rupert IC 2, 1969 
    Dessin encre sur calque 45.5 x 57 cm (998 01 73) © Philippe Magnon

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

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  • Hommage à Zaha Hadid, première et unique femme lauréate du prix Pritzker

     

     

    Le Prix Pritzker, c’est un peu le Nobel de l’architecture. Cette distinction suprême, d’un montant alloué de 100.000 dollars, existe depuis 1979. Et il faudra attendre 25 ans, soit en 2004, pour qu’une femme en soit enfin la lauréate.

     

    En 2004, c’est donc Zaha Hadid, une architecte irakienne vivant au Royaume-Uni où elle avait créé sa propre agence en 1980, qui reçoit le Prix Pritzker. Une candidate de poids, puisqu’elle fut également le second architecte au monde à bénéficier d’une rétrospective de son œuvre au célèbre Musée Guggenheim de New-York. Ce fut aussi la première femme, mais aussi la seule à ce jour, à remporter ce prestigieux concours.

    Le style particulier de Zaha Hadid est facilement reconnaissable : futuriste, plein de lignes, de courbes, d’arcs de cercle. Un style très rond et sensuel, formé d’entrelacs géométriques et de sphères aériennes dont on se demande comment elles ont pu être construites tant elles défient la pesanteur, grâce aux nouveaux matériaux et à l’informatique, par des formes qui naguère auraient été classées au rang de science-fiction. Essaimées un peu partout sur la planète, comme autant de matérialisations d’un talent unique, du centre aquatique des JO à Londres au Musée d’Art Contemporain à Rome, en passant par le Pavillon Chanel à Hong-Kong, le Wangjing Soho à Pékin, les Tours Signature à Dubaï ou la gare de Naples… toutes ces œuvres sont regroupées dans un ouvrage paru aux éditions Parenthèses en 2009, « Zaha Hadid L’Intégrale ».

     

     

     

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour Aller Plus Loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Zaha Hadid Architects

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Zaha Hadid on Vimeo

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Zaha Hadid Frac Centre

     

     

     

  • Petite histoire des fontaines Wallace

     

     

    Les fontaines Wallace, ces fontaines vertes qui permettent de se désaltérer et que l’on croise régulièrement en se baladant dans les rues de Paris, sont non seulement belles et pratiques, mais également empreintes d’une histoire remarquable. Chronique d’une invention née sous le signe de l’art au service du peuple…

     

    Nous sommes à la fin de l’année 1871. Paris, assiégée par les forces prussiennes, vient de vivre son plus rude hiver, suivi de sa période insurrectionnelle la plus violente, la Commune. Pendant plusieurs mois, les Parisiens ont été privés des besoins les plus rudimentaires. Ils ont eu froid, le thermomètre descendait autour de – 20°, ils ont eu faim au point de manger les animaux des zoos, mais aussi soif car de nombreux aqueducs ont été détruits.

    Les indigents sont toujours les premiers touchés par ces manques. Face à ce terrible constat, un riche collectionneur anglais, Richard Wallace, installé dans la capitale depuis plusieurs années, se demande ce qu’il pourrait faire afin d’aider les plus démunis. Il a l’idée magnifique d’offrir à la Ville de Paris des fontaines qui permettront à tous les passants, les plus fortunés comme les plus pauvres, de se désaltérer.

    Richard Wallace fait donc appel au sculpteur Charles-Auguste Lebourg, dont il connait les talents pour avoir recouru à ses services à plusieurs reprises. Fondues en Haute-Marne, les fontaines en fonte de fer sont réalisées en quatre modèles.

    ✓ Le grand modèle, composé de quatre caryatides se tournant le dos et supportant un dôme surmonté de dauphins, mesure près de 2,71 mètres.

    ✓ Le modèle à colonnes, plus petit de quelques centimètres, est plus simple dans son ornementation et donc moins cher à la fabrication.

     

     

    ✓ Le modèle en applique s’accole à un mur. Il ne reste qu’une fontaine de ce type dans Paris, rue de Geoffroy Saint-Hilaire.

    ✓ Les petits modèles à bouton-poussoir sont souvent installés dans les parcs et jardins publics pour abreuver les promeneurs au gré de leurs balades.

     

     

    Eugène Belgrand, le père du réseau d’égouts et de la poste pneumatique parisienne, est chargé de définir les emplacements de ces fontaines. Il choisit, en commun accord avec le philanthrope anglais, des lieux stratégiques qui permettent un accès au plus grand nombre. La première de ces fontaines est installée en août 1872 sur le boulevard de la Villette. Plusieurs dizaines d’autres seront installées dans tous les arrondissements de la capitale dans les années qui suivent.

    Plus d’une centaines de fontaines Wallace sont encore réparties dans la capitale et fonctionnent comme au premier jour en fournissant de l’eau potable de la même qualité que celles des appartements, et ce du 15 mars au 15 novembre.

    Bon à savoir pour la prochaine grande soif de cet été !

     

     

     

     

  • Les trésors du Musée de l’Ermitage

     

     

    À Saint-Petersbourg, le Musée de l’Ermitage doit tout ou presque à une femme…

     

    La richesse de ses collections, avec pas moins de 3,6 millions d’œuvres répertoriées, assure au Musée de l’Ermitage le titre de plus grand musée du monde. Grâce à qui ? Une femme, Catherine II de Russie. Sa passion pour les arts fit d’elle une souveraine éclairée qui constitua bien plus de la moitié des collections actuelles du musée. Pour la Grande Catherine, l’Ermitage devait symboliser la grandeur de la Russie. Mission accomplie durant son règne d’impératrice : il faudrait huit ans pour tout voir à l’Ermitage. Et encore, en passant seulement 60 secondes devant chaque œuvre !

    Bien plus qu’un musée national, le labyrinthique Ermitage incarne l’âme de la Russie. Créé en 1764 sous l’impulsion de Catherine II, « impératrice et autocrate de toutes les Russies », il emploie plus de conservateurs que n’importe quelle institution culturelle au monde. Ses fonds sont d’une richesse inouïe : le musée possède aussi bien des Rembrandt que de l’art russe, des objets préhistoriques, la collection personnelle de pierres précieuses de Catherine II, un chef-d’œuvre de Michel-Ange, des œuvres majeures de Matisse et quantités d’autres joyaux.

    Diva de la Russie, Saint-Petersbourg et son musée peuvent dire merci à Catherine. Une autre diva. Des arts, celle-là…

     

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