Auteur/autrice : Instant-Chris

  • Les cons, ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnait…

     

     

    « Les Tontons Flingueurs », comédie franco-germano-italienne réalisée par Georges Lautner en 1963, sur un scénario d’Albert Simonin et des dialogues de Michel Audiard, sera éreinté par la critique à sa sortie en salle avant de devenir au fil du temps un incroyable succès populaire.

     

    Albert Simonin, né à Paris en 1905 et mort en 1980, est un écrivain et scénariste français, auteur de romans policiers illustrant l’usage de l’argot dans le milieu. Sa trilogie à succès consacrée à un truand vieillissant, « Max le Menteur », a été adaptée à l’écran : « Touchez pas au Grisbi ! » réalisé par Jacques Becker en 1954, « Le Cave se Rebiffe » de Gilles Grangier sorti en 1961 et « Les Tontons Flingueurs », les deux derniers sur des dialogues du grand Michel Audiard.

    Auteur d’un dictionnaire d’argot publié en 1957, Albert Simonin reproduit dans ses romans le parler des voyous avec un grand souci d’exactitude et de précision. Si ce style est sujet aux effets de mode ainsi qu’à l’obsolescence intrinsèque du langage de la rue, il en a légitimé l’emploi en littérature et ouvert la voie à des Frédéric Dard ou Jean Vautrin.

     

     

    Dans « Les Tontons Flingueurs », le personnage récurrent de la trilogie d’Albert Simonin, « Max le Menteur », devient Fernand Naudin (incarné par Lino Ventura), un ex-truand reconverti dans le négoce de matériel de travaux publics, à Montauban. Le film qui s’ouvre sur son départ, en pleine nuit, pour Paris, donne tout de suite le ton : pastiche des films noirs américains, l’humour sculpte l’ensemble des dialogues.

     

     

    La petite vie tranquille de Fernand va basculer lorsque son ami d’enfance, Louis, dit le Mexicain, un gangster notoire, de retour à Paris, l’appelle à son chevet. Celui-ci, mourant, confie à Fernand avant de s’éteindre la gestion de ses « affaires » ainsi que l’éducation de sa petite Patricia (Sabine Sinjen), au mécontentement de ses troupes et sous la neutralité bienveillante de Maître Folace (Francis Blanche), son notaire, qui ne s’émeut pas trop de la querelle de succession à venir, pas plus que Jean (Robert Dalban), l’ancien cambrioleur reconverti en majordome.

    Fernand Naudin doit affronter les frères Volfoni – Raoul (Bernard Blier) et Paul (Jean Lefebvre) – qui ont des visées sur les affaires du Mexicain, parmi lesquelles un tripot clandestin, une distillerie tout aussi clandestine, une maison close… D’autres « vilains » vont se révéler être très intéressés par la succession, dont Théo et son ami Tomate. Pour se défendre contre ce petit monde, Fernand pourra compter sur Pascal (Venantino Venantini), fidèle première gâchette.

     

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  • Chroniques de la Coupe du Monde : Le match entre la RFA et la RDA le 22 juin 1974

     

     

    Le 22 juin 1974, nous assistions à une opposition unique, inédite et historique entre les deux Allemagne, la RFA et la RDA. Un match sans enjeu, certes, puisque les deux équipes étaient déjà qualifiées pour le second tour de la Coupe du Monde 74 organisée en Allemagne, justement, mais une rencontre lourde de symbole…

     

    Avez-vous déjà vu un match de Coupe du Monde de la FIFA entre Brésiliens et Brésiliens, entre Français et Français ou entre Italiens et Italiens ? Certainement pas et c’est bien ce qui fait de ce duel du 22 juin 1974 une rencontre au caractère unique. Lors du premier tour de l’édition 1974 de l’épreuve suprême en Allemagne, la République Fédérale d’Allemagne (RFA) et la République Démocratique Allemande (RDA) se sont affrontées au Volksparkstadion de Hambourg.

    Ce match a été la seule rencontre entre les équipes nationales des deux états nés de la division de l’Allemagne à l’issue de la Seconde Guerre mondiale. Mais ce jour-là, rares sont ceux qui se doutent que ces 90 minutes occuperont une place à part dans l’histoire du football mondial et pas seulement en raison du caractère particulier de ce duel entre Allemands.

    Au Volksparkstadion de Hambourg, 60 000 spectateurs, dont 1 500 citoyens est-allemands, suivent le match, qui sera la première et la dernière rencontre entre les équipes d’Allemagne de l’Est et d’Allemagne de l’Ouest sur un terrain de football. Les rôles sont clairement attribués : d’un côté se trouve la RDA, nouvelle venue dans la course au titre mondial, et de l’autre la RFA, championne du monde de 1954 et championne d’Europe en titre.

     

     

    L’ambiance pendant le match est explosive, comme en témoigne l’anecdote suivante : pour ne pas heurter les sensibilités politiques, les joueurs n’osent pas procéder au traditionnel échange de maillots sur le terrain après le coup de sifflet final. C’est seulement une fois dans les vestiaires que Paul Breitner (RFA) va trouver l’auteur du but de la victoire, Jürgen Sparwasser (RDA), pour lui proposer de procéder au fameux échange. Ces deux maillots tomberont dans l’oubli pendant 28 ans, jusqu’à ce que les deux joueurs les mettent à disposition pour une vente aux enchères en faveur d’une œuvre de charité.

    Les agents de la Stasi, la police politique est-allemande, accompagnent même les joueurs de l’équipe nationale de RDA jusque dans le couloir, avant leur entrée sur la pelouse, afin de contrôler que les joueurs est-allemands ne puissent pas communiquer d’une quelconque manière avec les joueurs ouest-allemands.

     

     

    Quant aux supporters est-allemands, ils ont pris un train sans arrêt entre leur pays et Hamburg, de l’autre côté du Mur, encadrés eux aussi par les agents de la Stasi, afin d’éviter qu’ils puissent profiter de l’occasion pour passer à l’Ouest.

    Les deux équipes sont certes déjà qualifiées pour le deuxième tour, mais ce duel fratricide a pour enjeu la première place du groupe et, bien sûr, le prestige. Pour la RFA, qui s’est imposée face au Chili (1:0) et à l’Australie (3:0), un match nul serait suffisant pour prendre la tête de la poule. Pour la RDA, en revanche, il faut absolument gagner. La sélection de Georg Buschner a en effet battu l’Australie (2:0) mais n’a ramené qu’un nul (1:1) de sa rencontre avec le Chili.

     

    « Si un jour il y a écrit sur ma tombe Hambourg 74, tout le monde saura qui se trouve en dessous. » (Jürgen Sparwasser)

     

    La RFA domine le match mais sera finalement battue par sa rivale orientale sur le score de 1-0. Le héros du match, Jürgen Sparwasser est le joueur est-allemand qui inscrit le but de la victoire. Jürgen Sparwasser est ainsi entré dans l’histoire pour toujours en faisant trembler les filets lors de ce duel unique. Sa réalisation face aux Allemands de l’Ouest a fait de lui l’un des sportifs les plus connus de RDA. L’apprenti constructeur de machines âgé de 26 ans en 1974 a disputé en tout 53 matches sous le maillot de la sélection est-allemande (15 buts). Lors de l’exposition universelle de Hanovre en 2000, l’attaquant s’est même vu dédier un buste.

    Cette édition est restée la seule participation de la RDA à la Coupe du Monde de la FIFA, tandis que la République Fédérale d’Allemagne a toujours réussi à se qualifier pour le tournoi jusqu’à ce jour. Depuis, elle a remporté un troisième titre mondial en 1990, peu de temps avant que l’Allemagne ne soit réunifiée.

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Sources » class= » » id= » »]

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    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] La Coupe du Monde à travers l’Histoire

     

     

     

  • La Coupe du Monde du Général Videla : Argentine 78

     

     

    Il y a des Coupes du Monde qu’on aimerait oublier parce que le jeu était médiocre, comme par exemple celle jouée en Italie en 1990, et il y a des Coupes du Monde qu’on aimerait oublier pour d’autres raisons…

     

    C’est le cas de la Coupe du Monde de 1978 en Argentine, pour des raisons politiques, en l’occurence. Car nous avons certes assisté à de beaux matchs, mais à la tête du pays organisateur trône une sordide dictature militaire, celle des généraux Videla et Galtieri. Ce même Galtieri qui entraînera plus tard son pays dans une guerre anachronique contre l’Angleterre, la Guerre des Malouines.

    En 1978, il est donc exclu pour le pouvoir argentin de ne pas gagner sa Coupe du Monde. Cela constitue d’ailleurs une question de vie ou de mort pour la junte militaire alors aux commandes du pays. Tous les moyens vont ainsi être mis en oeuvre par les généraux à Buenos Aires pour parvenir à leurs fins, et pas seulement des moyens sportifs.

    Cette épisode de l’histoire du foot, Stéphane Benhamou nous le fait revivre dans son documentaire « La véritable Histoire des Coupes du Monde » sorti en juin 2014.

    Replongeons donc dans le contexte de cette année 78, avec un mot qui était sur toutes les lèvres (ou presque…) avant le début de la compétition : boycott.

     

    « C’est effectivement la première fois qu’on défile dans la rue pour demander le boycott d’une coupe du monde, et plus particulièrement en France, où un comité s’est constitué, à l’initiative de personnalités telles que François Gèze, fondateur des Editions de la Découverte, Marek Halter, Louis Aragon ou le philosophe occidentaliste Jean-François Revel. Face à ces gens qui disent « on ne peut pas y aller », on trouve l’entraineur et certains joueurs de l’équipe de France, comme Michel Hidalgo ou Michel Platini, qui eux affirment qu’ils se rendront en Argentine pour participer au Mundial, fût-ce à la nage. »

     

    La France ne s’est pas qualifiée à une Coupe du Monde depuis 1966, et l’attente est immense. En Argentine, lorsque la junte s’installe à la tête du pays en 1976, sa toute première préoccupation est de savoir de quelle façon instrumentaliser au mieux l’événement, dans le but évident de se racheter une conduite et de faire taire les critiques. Car le peuple argentin attend de pouvoir organiser son Mondial depuis si longtemps, en fait depuis la première édition en 1930, et à chaque fois, l’argument avancé par les instances internationales du foot pour ne pas lui attribuer est que le régime politique en place n’est pas assez stable. Le pays connait en effet des coups d’état à répétition depuis 1966 et le début de la « Révolution Argentine ».

    Mais l’organisation de la Coupe du Monde 1978 est finalement attribuée à l’Argentine, quelques années avant l’arrivée de la junte militaire au pouvoir en 1976. Les généraux vont donc confier leur communication à une agence de publicité new-yorkaise, la Burson Marsteller, afin de les aider à apporter toutes les garanties de réussite dans l’organisation de l’événement aux instances ainsi qu’à l’opinion publique internationale.

    Cette campagne de communication s’appuiera sur toutes les personnalités argentines célèbres à l’étranger, telles que le boxeur Carlos Monzon ou le coureur automobile Manuel Fangio, avec comme but celui de séduire les médias internationaux, et en particulier ceux plutôt dans le camp du boycott.

     

    « Et puis il faut cacher les crimes et les exactions commis par la junte, responsable de la disparition de plus de 30.000 supposés opposants entre 1976 et 1978. Il n’y a pas une famille argentine, en particulier à Buenos Aires et Mendoza, qui n’ait pas à déplorer la perte ou la disparition d’un de ses membres. Tout le monde sait qu’il se passe des choses épouvantables en Argentine, mais la junte va parvenir à les cacher aux yeux du monde. Il faut que la politique reste étrangère à tout ça… »

     

    A présent, c’est bien beau d’organiser cette Coupe du Monde mais il va falloir absolument la gagner. C’est alors que les Argentins vont employer les moyens les plus scandaleux pour parvenir en finale, notamment contre l’équipe du Pérou que les Argentins devaient battre 6 à 0, score qui n’existe pas en Coupe du Monde à ce niveau-là. Le match était évidemment truqué. Contre une large victoire lui permettant d’accéder en finale, l’Argentine efface une partie de la dette péruvienne, livre 30.000 tonnes de céréales et octroie au Pérou des avantages commerciaux substantiels. Il est question aussi de libération de prisonniers politiques…

    Mais le Pérou est aussi récompensé par l’arrestation de treize supposés opposants au régime de Francisco Morales Bermúdez, réfugiés en Argentine, et que la junte militaire argentine fera disparaître. Dans le cadre de l’Opération Condor (Coordination des différentes dictatures d’Amérique latine afin de traquer et éliminer leurs opposants), l’Argentine et le Pérou conviennent d’un accord concernant le match les opposant au second tour. L’Argentine, qui devait l’emporter avec une différence d’au moins quatre buts pour se qualifier, se charge de faire exécuter par sa police politique les treize opposants péruviens en échange de l’assurance d’une large victoire lors de la rencontre sportive. L’Argentine s’imposera effectivement sur un glorieux 6-0 alors que les treize opposants seront tués au cours d’un tristement célèbre « vol de la mort ».

    L’Argentine finit donc par remporter sa Coupe du Monde face aux Pays-Bas le 25 juin 1978. Le capitaine hollandais Ruud Krol déclarera : « la mafia nous a eus. » L’arbitre fut changé au dernier moment car il ne convenait pas aux Argentins. L’arbitre italien finalement choisi pour la finale sifflera tout au long du match en faveur des Argentins. Une telle tension planait sur cette rencontre que les acteurs et les témoins du match déclareront des années plus tard que « les Hollandais ne pouvaient pas gagner dans un tel contexte ».

    L’Argentine remportera une deuxième Coupe du Monde de façon plus « sportive » et glorieuse au Mexique en 1986.

    40 ans après ces événements, la France rencontre de nouveau l’Argentine aujourd’hui en Russie. Souhaitons-lui de l’emporter et de conjurer le sort…

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour Aller Plus Loin » class= » » id= » »]

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    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] La France au Mundial 78

     

     

     

  • La vraie histoire de Jacques Mayol

     

     

    Il y a trente ans, « Le Grand Bleu » de Luc Besson était présenté au festival de Cannes, avant d’enchanter plus de neuf millions de spectateurs en France. Un film devenu culte, et qui nous livrait une évocation très romancée de l’histoire de Jacques Mayol. Un documentaire revient aujourd’hui sur la vraie vie du célèbre plongeur.

     

     

    Trente ans après le succès du « Grand Bleu » de Luc Besson, Jean-Marc Barr prête à voix au documentaire « L’homme dauphin, sur les traces de Jacques Mayol » de Lefteris Charitos, sorti en salle mercredi 30 mai. Le film nous propose ainsi un voyage sur les traces de ce précurseur de la cause écologique et raconte la vraie vie de cet homme qui aura tout sacrifié à sa passion pour la mer.

    Jacques Mayol a suscité bien des vocations, fait rêver avec ses plongées dans les abysses, tout en nous ouvrant les yeux sur la beauté et la fragilité des océans. Mais le Jacques Mayol du « Grand Bleu » n’est pas le bourlingueur, bohème, né à Shanghai en 1927 et qui s’est donné la mort en 2001, dans sa maison de l’île d’Elbe.

    Ce documentaire rétablit la vérité, celle d’un homme qui se rêvait dauphin, avec ses parts d’ombre, le premier à franchir la barre des 100 mètres en apnée en 1976. Quand sort le film de Luc Besson en 1988, Mayol a 61 ans, il est d’une autre époque et vit mal le succès du « Grand Bleu » qui éclipse sa propre vie. Jean-Marc Barr qui a joué son personnage à l’écran, prête sa voix au documentaire, dans lequel il lit des extraits du livre de Mayol, « Homo Delphinus ».

     

    « La mer est à l’origine de la vie. A la contempler, on éprouve un sentiment d’harmonie. »

     

    « Personne ne s’attendait à un tel succès pour « Le Grand Bleu », à tel point que lorsque les gens évoquaient Jacques Mayol, ils voyaient ma gueule et plus la sienne, tant le succès du film a éclipsé l’identité du vrai bonhomme… Le documentaire remet les pendules à l’heure, car l’histoire de ce vrai bonhomme est bien plus intéressante que celle du personnage que j’ai incarné. » (Jean-Marc Barr à propos de Jacques Mayol)

    « Jacques m’a fait un cadeau exceptionnel en me permettant de camper son personnage. J’ai appris l’apnée mais le film m’a surtout aidé à choisir mon chemin, ma route, en tant qu’acteur. Aujourd’hui, après trente ans de métier, je pense que « Le Grand Bleu » est un film qui inspire toujours autant, qui continue à faire vibrer en nous ces émotions que nous avons ressenties à l’époque en le faisant, mais qui surtout célèbre un homme qui a encore un message très important à faire passer. » (Jean-Marc Barr à propos du « Grand Bleu »)

    « Soudain, cette chose si sensuelle qu’est la mer nous ouvre les portes d’une forme de spiritualité, quand on est dans ses profondeurs. Et là, ça n’est plus l’intellect qui nous guide, mais l’esprit… Ce qui restera quand on sera mort, en quelque sorte. Cette chose qui devient physique et poétique à la fois, quand on surplombe ce bleu immense, qu’on y plonge et qu’on entre dans cet univers qui nous emporte, c’est vraiment me mettre au contact de ma propre insignifiance… D’un coup, je peux imaginer ma mort. Ca n’est peut-être qu’un fantasme, mais l’expérience est tellement sensuelle et spirituelle. » (Jean-Marc Barr à propos de la mer)

     

    Et c’est un personnage insaisissable qu’on découvre dans « L’homme dauphin, sur les traces de Jacques Mayol ». Un homme libre, qui a vécu en Chine, au Japon, en Suède, aux Etats-Unis, qui a abandonné femme et enfants quand il découvre les dauphins, qui a connu un immense chagrin d’amour lorsque sa compagne Gerda a été assassinée en 1975 en Floride. Mayol a été chauffeur pour stars à Hollywood, il a joué de son charme, s’est initié passionnément au yoga, un personnage hors norme qui a souffert de la solitude, alors qu’il fuyait le monde dans les grandes profondeurs des océans.

     

    « Chaque être humain, mais plus particulièrement quelqu’un comme Jacques Mayol, a en lui sa part de génie et en même temps d’horreur. Jacques a décidé d’assouvir sa passion, jusqu’au bout, mais il a fait beaucoup de dégâts autour de lui. Il a sacrifié sa femme, son garçon et sa fille. Il a vécu par instinct, comme un jeune homme de 20 ans, jusqu’à 70 ans… You can beat everybody but not father time. On peut leurrer tout le monde, sauf le père-temps. »

    « Et il s’est retrouvé à un moment avec le corps qui ne suivait plus. Et surtout seul… La liberté a un prix. Se retrouvant ainsi, soit il assistait à sa lente décomposition, soit il se plongeait lui-même dans cet état qu’il avait recherché toute sa vie. Il s’est pendu, peut-être pour ressentir une dernière fois cette ivresse des profondeurs. On s’est parlé deux semaines avant sa mort, j’écoutais ce qu’il me disait, mais je n’avais pas de solution à lui apporter…. » (Jean-Marc Barr à propos de Jacques Mayol)

     

    « Imaginez à présent que vous êtes un dauphin… Libre de vivre au gré de vos besoins. Il y a un dauphin qui dort en chacun de nous. »

     

    « L’homme est à la recherche de ses origines. Et depuis une vingtaine d’années, il me semble avoir découvert que l’homme est finalement beaucoup plus aquatique qu’on ne le pensait. » (Jacques Mayol)

     

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  • L’Instant Gainsbourg avec Tony Frank

     

     

    Tony Frank n’est pas un simple photographe de stars. Il a toujours su saisir l’âme des célébrités pour mieux les raconter. En mai 2016, l’artiste s’exposait à la Galerie de l’Instant pour commémorer le 25ème anniversaire de la disparition de Serge Gainsbourg. Par les clichés intimes et léchés de Tony Frank, Gainsbourg n’aura jamais été aussi vivant. « Ça vous étonne, mais c’est comme ça »… Une rencontre suspendue dans le temps et bercée par les notes de Melody Nelson.

     

    Vous présentez jusqu’au 31 mai des clichés de Serge Gainsbourg à la Galerie de l’Instant. Quelle est l’histoire de cette exposition ?

    A l’occasion des 25 ans de la mort de Serge Gainsbourg, j’ai été contacté par de nombreuses galeries afin de lui rendre hommage. Je connais Julia Gragnon depuis très longtemps, elle avait déjà exposé au sein de sa galerie des photographies de Serge Gainsbourg. C’était donc une occasion de se retrouver.

     

     

    Vous l’avez évoqué : nous commémorons cette année les 25 ans de la disparition de Serge Gainsbourg. Comment expliquez-vous qu’il fascine toujours autant aujourd’hui ?

    Je dirais même qu’il fascine encore plus aujourd’hui que par le passé. Je me souviens que lorsque « Melody Nelson » est sorti, nous étions tous comme des fous à l’idée de découvrir cet album-concept. Le disque a cependant été boudé par le public, ce qui a vraiment affecté Gainsbourg. En tant qu’interprète, il a bien marché seulement à la fin de sa carrière. Je me souviens notamment de sa joie quand il est remonté sur scène après plus de dix ans, avec Bijou, le groupe de rock. Ensemble, ils se sont produits au Théâtre Mogador avec une reprise de la chanson « Les Papillons Noirs ». Et j’ai eu la chance d’assister à ce beau moment.

    Aujourd’hui « Melody Nelson » est reconnu comme un album majeur et a influencé de nombreux musiciens comme Jean-Benoît Dunckel et Nicolas Godin, les deux membres du groupe Air. Ils l’écoutent religieusement tous les ans ! Serge est également devenu mythique grâce à tous les titres qu’il a écrits pour les autres, et notamment pour les femmes. J’imagine qu’au fil des années, son talent a enfin été reconnu. Le public a compris à quel point il était rock’n’roll, dans le fond…

     

    Parmi les photos mythiques de cette exposition, celle de la pochette du concept-album « Melody Nelson ». Comment s’est déroulé la séance ?

    J’ai l’habitude de discuter avec les artistes avant de réaliser leurs pochettes d’albums. Mais en ce qui concerne « Melody Nelson », je n’en avais aucune idée, même si j’avais entendu quelques bribes lorsque Serge composait l’album à Londres. Il m’a demandé de venir en studio afin de prendre la photo de l’album. Jane Birkin, alors enceinte de trois mois, était seule quand je suis arrivé. Serge était en retard. J’ai donc commencé à tout installer et à faire les premiers réglages sans vraiment savoir ce que cela allait donner. Puis Serge est arrivé : il était parti chercher une perruque car le personnage de Melody, qu’il avait créé, avait les cheveux rouges. J’ai dirigé Jane de manière générale. Serge, lui, savait ce qu’il voulait. La photo est née de cette manière.

     

     

    Quel rapport Serge Gainsbourg avait-il avec la photographie et en particulier vos portraits de lui ?

    Serge adorait l’image. Il a même mis en scène des clips et des moyens métrages. Il a également publié un livre de photos, « Bambou et les Poupées ». Il avait une idée assez précise de ce qu’il voulait et m’a souvent demandé des conseils techniques.

    En ce qui concerne les portraits que j’ai faits de lui, il était en général assez content du résultat, je crois. Certains clichés figuraient d’ailleurs parmi ses préférés. Il me demandait d’immortaliser des moments de vie. Et nous choisissions les photos ensemble.

     

     

    De Frank Zappa à Sammy Davis Junior, en passant par Alain Bashung ou Léo Ferré, vous avez photographié beaucoup de célébrités. Pourquoi avoir choisi de les photographier eux, plutôt que des inconnus ?

    Je ne suis pas fasciné par les célébrités, je n’ai jamais été un fan. J’ai plutôt été ami avec les personnes que je photographiais, sinon je n’aurais pas pu travailler avec eux. Au début, j’ai fait des photos de jazzmen, car j’adorais le jazz. Puis j’ai commencé à photographier les artistes sur scène comme Louis Armstrong, Modern Jazz Quartet ou Gerry Mulligan. J’avais la passion de la photo et de la musique.

    Avec l’arrivée du rock’n’roll, j’ai commencé à sortir au Golf Drouot, fréquenté à l’époque par Johnny Hallyday ou Eddy Mitchell. C’est là que je les ai rencontrés et j’ai commencé à bosser avec eux, puis avec James Brown, les Who… J’ai également travaillé sur les tournages de films où j’ai pu photographier Alain Delon ou Jean-Paul Belmondo.

     

     

    En plus de cinquante ans de carrière, quelle célébrité auriez-vous aimé immortaliser ?

    Je regrette de ne pas avoir pu photographier Frank Sinatra et Elvis Presley.

     

    Vous êtes également l’auteur de la photo de Michel Polnareff qui a tant fait scandale à l’époque. Quel regard portez-vous aujourd’hui sur cette affaire ?

    A l’époque, nous avions fait cette photo comme un gag potache. J’ai été convoqué à la brigade des moeurs et nous avons été condamnés à payer une amende. Je peux vous dire que je n’en menais pas large lorsque j’ai atterri Quai des Orfèvres… Ma photo a été saisie au même titre que de vulgaires magazines pornos, alors qu’elle n’avait rien à voir avec cela.

    Avec le recul, je pense qu’il en faudrait plus aujourd’hui pour choquer les gens. Quand je vois les magazines affichés sur les devantures des kiosques à journaux, je ne trouve d’ailleurs pas toujours cela de bon goût. Je me rends compte aussi que dès que l’on parle de Polnareff, on fait référence à cet épisode, ce qui, à l’époque, avait le don de l’agacer. Aujourd’hui, je crois qu’il est assez content que l’on en parle, finalement.

     

     

    Pour reprendre notre « baseline », en quoi êtes-vous un photographe « not like the others » ?

    Parce que j’ai eu les cheveux longs avant les autres, peut-être… Plus sérieusement, c’est une question difficile. De quels autres parle-t-on ? Je crois que j’ai toujours respecté les gens. J’ai toujours essayé de parler avec eux avant de faire une photo pour savoir dans quel contexte ils vivent, quelles sont leurs racines… j’ai à cœur de ne pas trahir leur esprit. Cette confiance est importante à mes yeux. C’est peut-être ce qui me différencie des autres.

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour Aller Plus Loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size=« large »] Tony Frank Official

    [kleo_icon icon= »link » icon_size=« large »] Tony Frank à la Galerie de l’Instant

     

     

     

  • Manifesto de Julian Rosefeldt, au cinéma le 23 mai

     

     

    Manifesto rassemble aussi bien les manifestes futuriste, dadaïste et situationniste que les pensées d’artistes, d’architectes, de danseurs et de cinéastes tels que Sol LeWitt, Yvonne Rainer ou Jim Jarmusch. A travers treize personnages dont une enseignante d’école primaire, une présentatrice de journal télévisé, une ouvrière, un clochard, Cate Blanchett scande ces manifestes composites pour mettre à l’épreuve le sens de ces textes historiques dans notre monde contemporain.

     

    [MANIFESTE] n. masc. : déclaration écrite, publique et solennelle, dans laquelle un artiste ou un groupe d’artistes expose une décision, une position ou un programme. Voilà donc toute une littérature dont le cinéma ne s’était, jusqu’à présent, pas emparé. Réalisé par l’artiste et vidéaste allemand Julian Rosefeldt, enseignant à l’Académie des beaux-arts de Munich, « Manifesto » redonne vie à treize textes fondateurs de l’histoire de l’art et des idées, incarnés par Cate Blanchett.

    Devenant tour à tour une tradeuse, une punk ou une présentatrice TV, l’actrice donne un visage contemporain à ces textes de cinéastes, d’architectes mais également d’artistes dadaïstes, futuristes ou surréalistes, pour mieux nous faire entendre leur inépuisable modernité.

    A l’origine, « Manifesto » n’était pas un film. Ce film est une exposition. Une exposition où les treize portraits incarnés par Cate Blanchett étaient joués simultanément. Une à une, les vidéos représentent un manifeste, de penseurs, artistes, architectes, cinéastes.

    Si elle a déjà été transformée pour des rôles emblématiques (Hela dans « Thor Ragnarok », Galadriel dans « Le Seigneur des Anneaux »…), c’est la première fois que l’actrice dévoile autant de facettes en si peu de temps. Et c’est un véritable challenge. Dans chacun des manifestes, elle est la seule à s’exprimer à l’écran, malgré la présence d’autres acteurs. Déjà visible dans la bande-annonce, la talent de Cate Blanchett transparaît pour faire de ces manifestes complexes un terrain de jeu.

     

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    Manifesto, Official Trailer

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  • Jeremy Ellis, le rythme dans la peau

     

     

    Jeremy Ellis est un monstre… Il est aujourd’hui considéré comme un des maîtres incontestés du « finger drumming », technique de production musicale visant à jouer séparément chaque élément, rythmique ou mélodique, au pad, sur une machine de type sampleur-séquenceur.

     

    Jeremy Ellis grandit à Detroit, dans une famille d’instrumentistes qui l’initie dès son plus jeune âge au piano. Il découvre le tambour et les percussions en fréquentant la fanfare et tombe amoureux des boîtes à rythmes à l’adolescence…

    Reconnu pour sa technique hors du commun et son impressionnante dextérité, Jeremy Ellis partage la scène avec The Roots en 2015 au cours d’une tournée et devient l’égérie commerciale de Native Instruments pour la promotion de « Maschine », concurrent de la MPC d’Akai. À son contact, n’importe quelle machine à boutons ou à pads se transforme en un orchestre de latin-funk-voodoo digital qui suscite un émerveillement proche de la transe…

    Le voir jouer, c’est avoir l’impression que des doigts lui poussent… Incroyable !

     

    Retrouvons Jeremy Ellis & The Roots lors d’un concert à Philadelphie le 04 juillet 2015.

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    Et pour le plaisir au Café Dodo en 2013, durant le Beat Fighter Tour.

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  • Soirée spéciale Hedy Lamarr au Louxor

     

     

    Le mardi 29 mai à 20h00, assistez à la soirée spéciale consacrée à Hedy Lamarr au Louxor, Palais du Cinéma.

     

    « Les gens sont déraisonnables, illogiques et égocentriques, aimez les malgré tout. Si vous faites le bien, on vous prêtera des motifs égoïstes et calculateurs, mais faites le bien malgré tout. Ceux qui voient grand peuvent être anéantis par les esprits les plus mesquins, voyez grand malgré tout. Ce que vous mettez des années à construire peut être détruit en un instant. Construisez malgré tout. Donnez au monde le meilleur de vous-même, même s’il vous en coûte. Donnez au monde le meilleur de vous-même malgré tout. »

     

    Des débuts fulgurants dans « Extase » aux prémices des nouvelles technologies chères à notre ère digitale, c’est un double portrait de l’autrichienne Hedy Lamarr. L’un, très officiel, est celui d’une actrice qui fascina le monde par sa beauté et sa liberté sexuelle exacerbée. L’autre, plus intime, est celui d’un esprit scientifique insoupçonné. Obsédée par la technologie, Hedy inventa un système de codage des transmissions qui aboutira au GPS et bien plus tard au Wifi. Il s’agit d’une invitation contemporaine à redécouvrir une figure complexe, celle d’une enfant sauvage partie conquérir Hollywood pour fuir son mari pro-Nazi.

    En avant-première, vous pourrez assister à la projection du documentaire « Hedy Lamarr: From Extase to Wifi » réalisé par Alexandra Dean (USA, 2018, 01h30).

     

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    Casting :

    Nino Amareno, Charles Amirkhanian, Jeanine Basinger, Bill Birnes, Peter Bogdanovich, Manya Hartmayer Breuer, Mel Brooks, Lisa Cassileth, Wendy Colton, David Hughes, Diane Kruger.

     

    Festivals :

    ✓ International Documentary Filmfestival Amsterdam (IDFA) 2017

    ✓ San Fransisco Jewish Film Festival 2017 – Grand Prix

    ✓ Jerusalem Film Festival 2017

    ✓ New York Film Critics, Online – Meilleur documentaire

    ✓ Women Film Critics Circle Award – Meilleur documentaire

     

    La soirée sera précédée d’une lecture de sa biographie « Ectasy And Me »  par Anna Mouglalis.

    Pour le programme, c’est ici !

     

    Louxor – Palais du Cinéma
    170 boulevard Magenta, 75010 Paris

     

     

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    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour Aller Plus Loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size=« large »] Hedy Lamarr Official

    [kleo_icon icon= »link » icon_size=« large »] Hedy Lamarr Science & Avenir

     

     

     

  • Gilles Caron : Paris 1968 à l’Hôtel de Ville de Paris (du 04 mai au 28 juillet 2018)

     

     

    Gilles Caron, le photographe qui immortalisa les premiers pas de Daniel Cohn-Bendit à la tête des manifestations étudiantes de Mai 68, est mis à l’honneur à l’Hôtel de Ville de Paris depuis le 04 mai 2018, et ce jusqu’au 28 juillet. 300 clichés qui évoquent la capitale en mai 68, les icônes de la révolution, les grands lieux de l’insurrection ; des événements qui pousseront ensuite le jeune photo-reporter à partir couvrir les grands conflits de la planète pour l’agence Gamma. Instant City vous fait découvrir le travail de ce témoin de notre siècle, disparu au Cambodge en 1970.

     

    Il a capturé dans son objectif quelques-unes des grandes icônes de Mai 68. Le photo-journaliste Gilles Caron a 29 ans cette année-là et a su capter avec justesse les moments les plus marquants de la Vème République. Rencontre avec l’historien de la photographie Michel Poivert, qui nous a ouvert les portes de son exposition pendant son installation à l’Hôtel de Ville de Paris. Une occasion de remettre à plat les grandes figures de cette époque, à commencer par la plus célèbre, Daniel Cohn-Bendit.

     

    « On voit l’étudiant qui cherche manifestement à provoquer le policier. Ils se dressent l’un en face de l’autre, presque visage contre visage. Cette image est particulièrement intéressante, puisque c’est le moment où Daniel Cohn-Bendit voit le photographe. A partir de cet instant, on a véritablement l’impression que la réalité et la fiction vont se mêler, que l’étudiant va surjouer la provocation pour le photographe, et faire de cette situation une des images les plus célèbres de Mai 68. On avait dans cette série de photos quasiment tous les ingrédients de confrontation de l’ordre et de la jeunesse. »

     

     

     

    Gilles Caron commence sa carrière au milieu des années 60. Il appartient pleinement à cette génération « Pop » qu’il incarne et qu’il représente. Photographe de presse, il navigue entre reportages de guerre, voyages politiques officiels ou coulisses du showbiz, et décrypte cette société du spectacle en train de naître.

     

    « Le sujet de Gilles Caron, derrière la question de la vedette ou de la célébrité, c’est la jeunesse. Et cette jeunesse qui est finalement en train de devenir pratiquement une classe sociale, ou tout du moins une classe sociologique, c’est vraiment cela que Gilles Caron essaie de capter. Comment le jeune devient une figure de la modernité. »

     

    Dès le mois de mars 1968, Gilles Caron documente le mouvement qui se met en place à la Faculté de Nanterre. Dans tout le corpus de Caron en 68, la femme est omniprésente. Pas simplement la jeune femme héroïne, mais aussi la mère de famille avec ses enfants ou l’ouvrière plus âgée qui manifeste avec la CGT. Il a compris, des amphis de Nanterre jusqu’aux pavés de la Rue du Havre, à quel point la femme joue désormais un vrai rôle politique. Avec Gilles Caron, on assiste à un tournant dans le traitement photographique de l’événement historique.

     

    « Sur cette photo, c’est Jean Hélion. Il est en train de peindre sur le motif. Il fait des croquis sur le vif des CRS qui sont en train de reprendre la Sorbonne. On a affaire, avec Gilles Caron, à un reporter qui connaît très bien la peinture, qui est le meilleur ami du fils d’André Derain. Il voit Hélion dans la rue, le reconnait et va aller le photographier. Il compare d’ailleurs son travail de photographe à celui du peintre sur le motif… »

     

     

     

    Cette connaissance de l’histoire de l’art permet à Gilles Caron de créer de véritables motifs visuels, comme celui des lanceurs. On voit dans la manifestation du 6 mai la perspective de la Rue Saint-Jacques, qui est d’ailleurs totalement noyée dans les gaz lacrymogènes. Le photographe a pris position derrière les tireurs ou les lanceurs les plus aguerris, qui vont avancer au plus près des forces de l’ordre. On sait à travers toutes les photos prises par Gilles Caron dès 1967 que lorsqu’il est dans une manifestation, le lanceur est pour lui l’incarnation de la rébellion. Et ses images vont s’imposer comme une sorte de stéréotype de la lutte, jusque finalement dans l’actualité actuelle la plus chaude, avec les intifadas en Palestine.

    En tant que reporter de guerre, Gilles Caron a compris depuis l’Algérie que les guerres sont désormais des épisodes qui mettent en scène civils et militaires. Que ça se passe dans les villes, jusque dans le quotidien des gens. De nouveaux théâtres de conflit, véritables guérillas urbaines, qui vont acquérir une force particulière avec ses clichés nocturnes.

     

     

    « On a avec ces nocturnes de Gilles Caron en mai 68 le cas d’un photographe qui cumule à peu près toutes les contraintes : le chaos, la nuit, la pluie… Finalement tous les éléments qui ne permettent pas de faire une bonne photo. Et pourtant, il parviendra à créer avec toutes ces contraintes un univers dramatique unique. »

     

    Gilles Caron disparaît en 1970, à 31 ans, lors d’un reportage photo au Cambodge. Une vie et une carrière fulgurante qui contribueront aussi, à force de commémorations et d’hommages, à faire de lui le photographe iconique de Mai 68.

    Cette exposition propose donc de plonger dans le Paris de l’année 1968, capitale d’une révolte que Gilles Caron met en résonance avec le monde, à travers ses photographies. Une France des premiers combats étudiants, du succès du cinéma de la Nouvelle Vague, de la mode des sixties ; mais également une France dont la vie politique tourbillonne autour du Général de Gaulle.

    Le parcours, composé de sept sections, fait revivre ce Paris de 68 et les étapes d’une année décisive dans l’histoire des mentalités. Trois cents photographies sont ici présentées : des clichés d’époque ainsi que des épreuves modernes d’après les négatifs originaux conservés dans les archives de la fondation Gilles Caron.

     

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour Aller Plus Loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Fondation Gilles Caron

     

     

     

  • Nicolas de Staël en Provence à l’Hôtel de Caumont, Aix-en-Provence

     

     

    A travers 71 peintures et 26 dessins provenant de prestigieuses collections internationales publiques et privées, cette exposition se concentre, pour la première fois et de manière exclusive, sur le développement de l’œuvre de Nicolas de Staël lors de son séjour en Provence, entre juillet 1953 et juin 1954.

     

    La période provençale de Nicolas de Staël marque un tournant essentiel, aussi bien dans sa vie que dans son œuvre. Entre juillet 1953 et juin 1954, l’artiste y puise une nouvelle source d’inspiration.

    La découverte de la lumière du Midi, la beauté exceptionnelle de ce pays, la rencontre amoureuse d’une femme et l’épreuve de la solitude qui lui permet de répondre à sa future exposition à New York à la galerie Paul Rosenberg, sont autant d’expériences qui nourrissent son imaginaire et le rythme spectaculaire de sa production artistique. La renommée internationale de Nicolas de Staël prend son élan au cœur de la Provence.

    À Lagnes, en juillet 1953, le regard du peintre s’intensifie. Les paysages sont saisis au plus près de leur motif, avec une attention portée sur l’évolution de la lumière au fil de la journée. En août, le peintre voyage jusqu’en Sicile. Son appréhension des paysages, des sites archéologiques et des musées, lui permet, une fois de retour à Lagnes, de mettre en chantier une série de tableaux parmi les plus importants de sa carrière, notamment à partir des notes prises dans ses carnets à Fiesole, Agrigente, Selinonte et Syracuse. À la même époque, son intérêt pour l’étude du nu trouve son expression la plus accomplie dans les grands tableaux de figures et de nus qui dialoguent souvent avec le paysage.

    Au terme de cette année intense de travail, le peintre a la certitude, en 1954, d’avoir donné le maximum de sa force. Préparant son exposition à New-York, il écrit à Paul Rosenberg : « Je vous donne là, avec ce que vous avez, de quoi faire la plus belle exposition que je n’ai jamais faite ». L’exposition « Nicolas de Staël en Provence » rend ainsi compte des plus hautes envolées picturales du peintre. Ici, la précision d’un regard révèle la nature dans son expression la plus inventive.

     

     

    Commissariat

    Gustave de Staël est né en 1954, à Paris. Il est le quatrième enfant de Nicolas de Staël. Après deux ans d’école d’architecture, il se met à peindre puis à graver. En 1991, il prend la direction de l’Association pour la Promotion des Arts à l’Hôtel de Ville de Paris où pendant quatorze ans, il est le commissaire d’une trentaine d’expositions pour la Salle Saint-Jean. Après avoir dirigé les Instituts Français du nord du Maroc, Tanger et Tétouan, il décide de partager son temps entre Paris et Tanger et de se consacrer à nouveau à la peinture où il travaille en alternance aquarelles sur le motif, dessins et peintures. Depuis dix ans, il est également coéditeur des éditions tangéroises Khbar Bladna. Sur Nicolas de Staël, il a réalisé l’exposition de la Salle Saint-Jean en 1994 ainsi que la rétrospective au Musée National de l’Ermitage en 2003, à l’occasion du tricentenaire de Saint-Pétersbourg.

    Marie du Bouchet est née en 1976. Elle est titulaire d’une maîtrise de philosophie sur la phénoménologie de Husserl. Après avoir collaboré à l’exposition « Paris sous le ciel de la peinture » organisée par Gustave de Staël à l’Hôtel de Ville de Paris en 2000, elle devient productrice à la radio, sur France Culture, à partir de 2001, pour l’émission « Surpris par la Nuit » dirigée par Alain Veinstein. Elle produit de nombreux documentaires sur la peinture et l’histoire de l’art. En 2003, elle écrit la monographie « Nicolas de Staël, Une illumination sans précédent » dans la collection Découvertes Gallimard. Depuis 2011, elle est membre et coordinatrice du Comité Nicolas de Staël.

     

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    Programmation

    Nommée directrice de la programmation culturelle des expositions de Culturespaces en 2017, Beatrice Avanzi est notamment en charge du Musée Jacquemart-André, du Musée Maillol et de l’Hôtel de Caumont – Centre d’Art. En tant que conservatrice du département des peintures du Musée d’Orsay depuis 2012, elle avait assuré le commissariat d’expositions majeures telles que « Le Douanier Rousseau – L’innocence archaïque » ou « Au-delà des étoiles – Le paysage mystique de Monet à Kandinsky ».

    A ses côtés, Agnès Wolff, responsable de la production culturelle, Cecilia Braschi, responsable des expositions pour l’Hôtel de Caumont – Centre d’Art, et Sophie Blanc, régisseur des expositions chez Culturespaces.

     

    Application Smartphone

    Cette application vous permet de découvrir les plus belles œuvres de l’exposition grâce à 23 commentaires d’oeuvres et la bande-annonce de l’exposition. Profitez d’une visite en très haute définition avec une profondeur de zoom exceptionnelle.

    Tarif : 2,99 €

    ✓ Disponible sur l’AppStore
    Disponible sur Google Play

     

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    © Réalisation de la vidéo : Olam Productions

    © Photo à la Une : Museo Thyssen-Bornemisza, Madrid

    © Nicolas de Staël, Paysage de Provence, 1953, huile sur toile, 33 x 46 cm, Museo Thyssen-Bornemisza, Madrid © Adagp, Paris, 2018

     

     

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    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Hôtel de Caumont, Aix-en-Provence

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] « Nicolas de Staël en Provence » (Gustave de Staël et Marie du Bouchet, Ed. Hazan)