Festival de Cannes 🎬 Clap de Fin : Un mois aprùs, que reste-t-il ?

 

 

Un mois a passĂ© depuis la clĂŽture du Festival de Cannes 2015. Que reste-t-il sur la Croisette de toutes ces images qui ont inondĂ© nos Ă©crans de tĂ©lĂ©vision et d’ordinateur ?

 

Le mot fil rouge du Festival 2015 semble ĂȘtre DECEPTION.

Tout a déçu, Ă  commencer par les audiences de Canal+, la seule chaĂźne sur laquelle il est possible de suivre le festival en direct. Curieusement, le dĂ©placement de l’Ă©quipe du Grand Journal sur la Croisette a un effet nĂ©gatif sur les audiences. Les abonnĂ©s qui n’aiment ni le cinĂ©ma, ni la peopolisation dĂ©sertent la chaĂźne qui propose habituellement Ă  cette heure-lĂ  des dĂ©bats plus politiques ou sociaux. Alors pourquoi continuer ? Parce que Canal + a toujours eu la rĂ©putation d’ĂȘtre LA chaĂźne du CinĂ©ma et du Sport. LĂącher Cannes serait comme abandonner les droits sur la Coupe du Monde.

Déçu aussi Thierry FrĂ©meaux, dĂ©lĂ©guĂ© du Festival, dont on retiendra les petites phrases au sujet du traitement mĂ©diatique qui en a Ă©tĂ© fait : « L’image du Festival, c’est la presse qui la fabrique. » dit-il. Et la presse s’est plus intĂ©ressĂ©e Ă  la petite culotte de Sophie Marceau ou Ă  la Une de Charlie Hebdo caricaturant Catherine Deneuve qu’aux films en compĂ©tition, sauf s’ils Ă©taient huĂ©s. Cannes devient « le premier festival Twitter » regrette-t-il. Saviez-vous que l’objet le plus vendu cette annĂ©e sur la Croisette aura Ă©tĂ© la perche Ă  selfie alors mĂȘme que Thierry FrĂ©meaux avait expressĂ©ment interdit les selfies sur le tapis rouge pour limiter l’impact des rĂ©seaux sociaux sur le Festival ?

Comme monsieur FrĂ©meaux, on peut regretter un Festival qui aurait Ă©tĂ© plus puriste, commentĂ© par des critiques dont c’est la profession et centrĂ© davantage sur les films en compĂ©tition que sur Paris Hilton interviewĂ©e par FrĂ©dĂ©ric Beigbeder. Le buzz sur internet tient moins de la qualitĂ© du contenu que du nombre de clics, les deux pouvant, dans l’idĂ©al, aller de paire.

Déçu Pierre Lescure, prĂ©sident du Festival, pourtant lui-mĂȘme journaliste pendant 20 ans, par le dĂ©chaĂźnement de la presse : le 28 mai, il a exprimĂ© sa colĂšre vis Ă  vis des mĂ©dias qui ont fortement critiquĂ© la sĂ©lection, la qualifiant de mĂ©diocre, triste et de piĂštre qualitĂ©, se dĂ©chaĂźnant contre certains films en particulier avec des propos durs et extrĂȘmes : « Ɠuvre d’une laideur et d’une vulgaritĂ© repoussantes », « cinĂ©ma dĂ©cĂ©rĂ©brant », « pire cinĂ©aste du monde »… ou contre les producteurs « incultes ou incompĂ©tents ou les deux Ă  la fois ».

Voici trois articles parmi les plus durs :

✓ L’express : « Des vessies pour des lanternes »

✓ Le nouvel Obs : «  Un palmarĂšs pathĂ©tique »

✓ Huffington Post : « La chute »

 

Et quid des nuits de fĂȘte Ă  la rĂ©putation mondiale Ă  Cannes ? DĂ©cevantes, semble-t-il… Par lĂ  aussi, la crise est passĂ©e. Saviez-vous que la chaĂźne de tĂ©lĂ©vision franco-allemande Arte loue sur son budget Communication, avec l’argent de la redevance et donc du contribuable français, un Yacht qui se trouve Ă  quai juste au pied du Palais. Curieux quand on sait que cette chaĂźne Ă  vocation culturelle ne produit pas de film pour le cinĂ©ma, mais uniquement pour la tĂ©lĂ©vision ! Le Yacht louĂ© ne sert pas Ă  mettre en valeur la chaĂźne lors de soirĂ©es destinĂ©es aux professionnels du cinĂ©ma, non : il serait sous-louĂ© Ă  des partenaires pour des soirĂ©e privĂ©es (source Huffington Post).

Alors est-il vrai que le prestige de Cannes ne cesse de faiblir ? Sur le terrain, pour les professionnels, sans doute cela se ressent-il. Mais pas pour le public. La faute Ă  qui ? A internet, au piratage, aux rĂ©seaux sociaux, Ă  la crise. Certains parlent d’un festival qui « se paupĂ©rise ». Est-ce que ceux-lĂ  ne regrettent pas leurs propres privilĂšges, les fastes outranciers ou des vacances gratuites au pays des stars ? Selon un sondage, le Festival de Cannes est bling-bling (24%). Il paraĂźt inaccessible (78%), Ă©litiste (73%) et superficiel (77%). L’argent public serait-il gĂąchĂ© (84%) ? A qui profite le Festival ? La rĂ©ponse est sans doute dans l’un des articles prĂ©cĂ©dents : il s’agit d’un Ă©vĂ©nement mondial, vitrine de la France, organisĂ© par le MinistĂšre des Affaires EtrangĂšres. Il s’agit aussi d’un gros coup commercial pour les sponsors (L’OrĂ©al, Magnum et le nouveau partenariat avec Kering grĂące Ă   sa sĂ©rie de confĂ©rences « Women in Motion » sur le  thĂšme du sexisme dans le cinĂ©ma), les Palaces et tous les business qui gravitent autour de Cannes durant ces 15 jours.

Le Festival est-il « un grand barnum » oĂč les mannequins remplacent de plus en plus les stars de cinĂ©ma, oĂč les acteurs viennent le temps des marches pour vite se sauver, oĂč les Palaces ne les invitent plus que pour une nuit,  tout en leur demandant poliment ensuite de laisser la place aux acteurs du Tapis rouge du  lendemain… Un endroit oĂč il ne fait plus forcĂ©ment grand soleil, oĂč l’eau est froide et la mer polluĂ©e, oĂč il faut faire deux heures de queue pour voir un  film qui sort en simultanĂ© dans les salles ou sur le net. Un Festival oĂč mĂȘme Sharon Stone ne vient plus prĂ©sider le Gala de l’Amfar.

 

Et le PalmarĂšs ? Et le Jury ? Et la sĂ©lection ? Et le Cinema


Des Acteurs Ă  Cannes on retiendra Juliane Moore, Sophie Marceau, Salma Hayek, Charlize Theron et Emmanuelle Bercot. Chez les hommes, on se souviendra de l’arrivĂ©e de Sean Penn, du discours de remerciement de Vincent Lindon, de la prĂ©sidence historique des frĂšres Coen et du sourire de Vincent Cassel.

Le jury Ă©tait extraordinaire. Haletant pour n’importe quel cinĂ©phile. Mais les films en sĂ©lection, on l’a vu, trĂšs dĂ©criĂ©s et ennuyeux. N’y avait-il que ceux-lĂ  de bons sur plus de 4 000 ? Ca ne laisse rien prĂ©sager de bon pour les 3 080 autres… Le PalmarĂšs ? Mou, mais non attendu… ce qui Ă©tait attendu. Le jury a fait son job puisqu’il a pris tous les diagnostics de journalistes et critiques habituĂ©s du Festival Ă  contre-pied en donnant la Palme d’or Ă  un OVNI rĂ©alisĂ© par un parfait inconnu grec : « Lobster ». Seule exception : la Palme d’or de Vincent Lindon. Mais comment le jury pouvait-il mieux faire avec une telle sĂ©lection ? On ne fait pas de miracle, ni de plat gastronomique avec des produits en conserve ! A quand une sĂ©lection faite par le jury ? Je n’ose imaginer la frustration des frĂšres Coen pour trancher dans le moins pire afin de ne pas trop ridiculiser leur prĂ©sidence… Quant Ă  la surprise du palmarĂšs : saviez-vous que les laurĂ©ats Ă©taient prĂ©venus deux heures à l’avance ? Ce qui explique l’arrivĂ©e prĂ©cipitĂ©e en avion de MaĂŻwen et Emmanuelle Bercot Ă  l’aĂ©roport de Cannes juste avant la cĂ©rĂ©monie, ou la salle vide sauf la prĂ©sence des Ă©quipes gagnantes…

Cannes 2015 aura Ă©tĂ© un festival « en demi-teinte ». Prometteur au vu du jury. DĂ©cevant au vu vu du Bilan. Quel film de la sĂ©lection nous donne envie de nous prĂ©cipiter dans les salles ? « La loi du Marché » ou « Sicario » et hors compĂ©tition « La TĂȘte Haute » ou « Mad Max ». Il n’y a qu’Ă  regarder les entrĂ©es durant les 15 jours qui ont suivi la clĂŽture du Festival de Cannes :  1,8 million pour Mad Max, 473 000 pour « La loi du Marché », 524 000 pour « la TĂȘte Haute » (presque autant que le Disney avec Georges Clooney « A la poursuite de demain »)…  1,1 million pour « Connasse Princesse des Coeurs »… ça laisse rĂȘveur…

Avec pas moins de huit films dĂ©criĂ©s sur 19 sĂ©lectionnĂ©s, Thierry FrĂ©meaux devrait accepter de remettre en cause sa sĂ©lection plutĂŽt que d’accabler les rĂ©seaux sociaux. Du bon cinĂ©ma ferait sans nul doute un bon Festival.

 

 

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