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  • Apollinaire, une vie de mouvement perpétuel

     

     

    A l’heure où les canons étaient sur le point de se taire, le 09 novembre 1918, s’éteignait une étoile dans le firmament de la poésie française : Guillaume Apollinaire. Retour sur la vie du poète, critique d’art, témoin d’une révolution esthétique et précurseur du courant surréaliste, qui mourut trop jeune, deux jours, donc, avant la fin de la Grande Guerre.

     

    « Et toi mon coeur pourquoi bats-tu

    Comme un guetteur mélancolique

    J’observe la nuit et la mort »

     

    Il faut associer la mémoire de Guillaume Apollinaire à la célébration de ce 11 novembre 1918 ; ce jour de fête, ce jour du souvenir, ce jour où dans les rues de Paris, les hommes et les femmes criaient leur joie et comptaient leurs morts. Dans les rues de Paris, bien-sûr, et même dans ce boulevard Saint-Germain, où les gens passaient, joyeux, heureux, tumultueux et où, tout là-haut, sous les toits, un poète était mort.

    Guillaume Apollinaire s’était en fait éteint deux jours plus tôt, le 9 novembre, et à cause de l’armistice, il ne fut enterré que le 13 novembre. Durant ces quelques jours, il attendait là-haut, entouré de ses amis. Ses amis dont nous retrouverons quelques-uns dans le documentaire exceptionnel « L’art et les hommes » réalisé par Jean-Marie Drot et diffusée sur l’ORTF le 29 mai 1960 ; quelques-uns qui le rejoignirent, plus tard… Ce qui est frappant dans ce film, c’est la fragilité de tout ce qui est humain, la fragilité des souvenirs.

     

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    Apollinaire, dont les écoles de France, avec les meilleures intentions, sans doute, ont servi jusqu’à plus soif, peut-être, les « Alcools » à leurs élèves, lesquels n’en retiennent bien souvent, comme l’a noté Olivier Barbarant dans la revue « Europe », « que son appartenance à une avant-garde aux contours assez flous, ainsi que des images embrouillées de Tour Eiffel, d’avions, de papes et d’un soleil audacieusement décapité. »

    Quand on pense à Apollinaire, on pense bien entendu à ce rire, « immense et homérique », dont parlait Paul Faure : « Apollinaire semblait un roi riant devant son peuple. Vive le puissant rire de Guillaume dans le Paris d’Apollinaire ! ». Mais on pense aussi à la mélancolie, à l’élégie, au chagrin d’amour, à « La chanson du mal-aimé ». Sans que rien ne prédomine, tout cela se conjugue, se télescope, se superpose, se suit. Apollinaire est tout cela à la fois…

    Si Paul Faure évoque ce rire, c’est qu’Apollinaire était un homme d’amitié et d’enthousiasme, un homme curieux et un poète expérimentateur. Ce rire, c’est à la fois un grand éclat de rire franc, direct, massif, de quelqu’un qui aimait la vie, manger, l’amour, mais aussi un rire plus sombre, fait d’humour noir et d’ironie : « Mon verre s’est brisé comme un éclat de rire ». Il pourra être ironique dans une partie de sa poésie de guerre comme dans sa critique d’art, cultivant souvent l’ambiguïté.

     

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    Apollinaire était pris dans un réseau d’amitiés extrêmement dense, et lorsque l’on se rappelle ce grand poète, on se rappelle évidemment cet aspect de sa personnalité complexe. Et peut-être que le fait d’avoir permis à tant d’artistes membres de ce réseau d’avoir pu se rencontrer et se fédérer au sein de ce qui allait devenir un même mouvement artistique fait aussi quelque part partie de son oeuvre.

    Car Apollinaire était un homme de réseau, avec une facilité naturelle à mettre les gens en relation, un homme qui comprend, qui jauge sans juger, et qui perçoit à merveille leur potentiel et ce qu’ils seraient susceptibles de réaliser ensemble. Il recevait beaucoup à son dernier domicile du boulevard Saint-Germain, de Robert et Sonia Delaunay à Chagall, en passant par Blaise Cendrars ou Vassily Kandinsky. C’est par exemple lui qui mettra en contact Giorgio de Chirico avec son premier marchand à Paris, en la personne de Paul Guillaume.

     

    « Apollinaire habitait Boulevard Saint-Germain, dans un appartement constitué de plusieurs petites pièces reliées les unes aux autres par des escaliers de navire. Il s’y mouvait, il y déchiffrait les astres, il y hissait ses voiles en uniforme bleu, sous un émouvant turban de linge, parmi les statues nègres, les toiles cubistes, les livres, les jeunes revues, ses portraits de Marie Laurencin ou du Douanier Rousseau. Il écrivait, dans la plus haute cabine, où ses fétiches de navigateur étaient un exemplaire des « Serres Chaudes » de Maeterlinck et « L’Oiseau du Bénin » sur ses pattes de cuivre. » (Jean Cocteau)

     

    Avec Apollinaire, on a l’impression d’une vie de mouvement perpétuel. A commencer par son enfance, mouvementée, presque trouble… Le poète a toujours vécu dans cette sorte d’instabilité, et probablement qu’une de ses ambitions fut de faire de cette instabilité une vertu, une qualité, une force.

    Guillaume Apollinaire est né à Rome en 1880, enfant naturel et illégitime d’une mère française issue de la noblesse polonaise, Angelika de Kostrovitsky, et d’un père qu’il n’a pas connu, même si le nom de François Flugi d’Aspermont, ancien officier d’état-major du roi des Deux-Siciles, fut souvent évoqué.

    Vivant à Rome de ses charmes et du jeu, Angelika de Kostrovitsky est une aventurière. Demi-mondaine, femme galante, entretenue, à la vie marginale et dissolue, elle y a une grossesse non désirée. Wilhelm naît le 25 août 1880 mais est déclaré à la mairie le 26 sous le nom italien d’emprunt Dulcigny, d’un père inconnu et d’une mère voulant rester anonyme. Angelika ne reconnaîtra l’enfant que quelques mois plus tard devant notaire, sous le nom de Guglielmo Alberto Wladimiro Alessandroi Apollinare de Kostrowitzky.

    Pour mieux brouiller les pistes, Angelika Kostrowicka russifiera son nom pour devenir Angelika de Kostrovitsky. Et comme sa mère, Wilhelm Albert Wodzimierz Apolinary de Kostrovitsky, après une enfance placée sous le signe de l’errance, se construira à son tour en s’inventant. A 19 ans, il devient donc Guillaume Apollinaire. Apollinaire comme Apolinary, le prénom de son grand-père maternel.

    Il n’y aura d’ailleurs pas dans son oeuvre de poursuite ou de quête du père. En revanche, on y trouvera une interrogation, une inquiétude constante sur l’origine…

     

    « Il avait la voix courte, comme essoufflée. Ses yeux, ses doigts, semblaient ne toucher que des choses exquises et légères. Je ne sais pas pourquoi, je l’imagine toujours en train de dérouler le fil de quelque cerf-volant. Je pense aussi à ses hardiesses aériennes lorsque Notre-Dame porte le gui charmant d’un échafaudage. Il savait que l’ange de la poésie boite et louche, et qu’il en tire ses grâces. Son souffle givrait les vitres. Il n’avait qu’à passer une feuille, la plier et la déplier pour épanouir les terribles dentelles du rêve. » (Jean Cocteau)

     

    Cet homme dont l’appartement ressemblait à un navire, dont Jean Cocteau construit la légende de manière si lyrique en l’imaginant « déroulant le fil de quelque cerf-volant », était quelqu’un de très terrestre, terrien, affichant un goût immodéré de la vie et de la sensualité, et en même temps cet artiste qui cultivait sans cesse son imagination en s’intéressant à des choses rares, afin de prolonger son rêve d’absolu.

    Plus que de dire ce qu’Apollinaire a été, de fait, et montrer l’écart entre la légende et sa vie, il est captivant de voir comment cette légende s’est construite, et pour quelles raisons, finalement, il est resté à ce point dans les souvenirs des uns et des autres, des artistes, des peintres ou des poètes, comme cette figure à la fois onirique et très charnelle…

    Après une enfance marquée au sceau de l’errance, entre l’Italie et Monaco, puis d’autres villes, Spa, Aix-les-Bains, la famille Kostrovitsky finit par arriver à Paris en 1900, dans un assez grand dénuement. Et c’est là, à l’aube de ce XXème siècle qu’il marquera de son empreinte, que le jeune Wilhelm va peu à peu devenir celui qu’il devait devenir… Il choisit son pseudonyme, Apollinaire, et choisir ce pseudonyme, c’est aussi choisir la langue française et se faire un nom afin de commencer à écrire son histoire.

    Car la France, pour le jeune Wilhelm, c’est la nation la plus sensée, la plus mesurée, « la fille ainée du monde latin », une terre d’accueil et de culture. Du point de vue des lettres et des arts, la France, et Paris en particulier, faisait figure de phare dans cette Europe du tournant du siècle. Tous les artistes venaient à Paris. Certains choisissaient Munich, Londres ou Madrid, mais Paris avait cette réputation de liberté absolue, de créativité. C’était à Paris qu’il fallait être…

     

    Sa mère le voit banquier. Il va déjouer les plans maternels pour devenir écrivain et poète pour des revues parisiennes…

     

    Apollinaire travaille donc la journée dans une banque, mais entame une seconde journée le soir venu en allant trainer ses guêtres dans tous les lieux de Paris où bat le coeur artistique et bouillonnant de la ville. Officiellement, il vivra chez sa mère, au Vésinet, jusqu’à 27 ans, mais rares sont les nuits où il rentrera dormir chez elle. C’est à cette époque que commence le parcours initiatique du jeune Wilhelm, ces années durant lesquelles sa vocation littéraire s’affermit.

    En juillet 1901, il écrit son premier article pour Tabarin, hebdomadaire satirique dirigé par Ernest Gaillet, puis en septembre 1901 ses premiers poèmes paraissent dans la revue La Grande France sous son nom de naissance, Wilhelm Kostrowiztky. De mai 1901 au 21 août 1902, il est le précepteur de la fille d’Élinor Hölterhoff, vicomtesse de Milhau, d’origine allemande et veuve d’un comte français. Il tombe amoureux de la gouvernante anglaise de la petite fille, Annie Playden, qui refuse ses avances. C’est alors la période « rhénane » dont ses recueils portent la trace (La Lorelei, Schinderhannes).

    De retour à Paris en , il garde le contact avec Annie et se rend auprès d’elle à deux reprises à Londres. Mais en 1905, elle part pour l’Amérique. Le poète célèbre la douleur de l’éconduit dans Annie, La Chanson du mal-aimé, L’Émigrant de Landor Road, Rhénanes.

    Dans ses premiers écrits, on retrouve déjà toutes les qualités qui caractériseront plus tard l’oeuvre d’Apollinaire, même s’il est encore très attaché au symbolisme. Il n’aura de cesse, toute sa vie, que de remettre continuellement en cause ses acquis, et ne fera jamais la même chose, au mépris de ce dont il pouvait être satisfait antérieurement. Les premiers contes qui seront repris dans « L’Hérésiarque et Cie » (Contes publiés chez Stock en 1910) marquent une étape majeure dans sa façon d’écrire.

    Et puis, il y aura La Chanson du mal-aimé

     

    « Soirs de Paris ivres du gin
    Flambant de l’électricité
    Les tramways feux verts sur l’échine
    Musiquent au long des portées
    De rails leur folie de machines

    Les cafés gonflés de fumée
    Crient tout l’amour de leurs tziganes
    De tous leurs siphons enrhumés
    De leurs garçons vêtus d’un pagne
    Vers toi toi que j’ai tant aimée

    Moi qui sais des lais pour les reines
    Les complaintes de mes années
    Des hymnes d’esclave aux murènes
    La romance du mal aimé
    Et des chansons pour les sirènes »

     

    Apollinaire publie ce poème en 1909. il aura mis six ans à l’écrire, tant sa genèse fut douloureuse pour les raisons évoquées plus haut, mais cette oeuvre marque le début d’une période qui conduira le poète sur le chemin du succès. Cette même année, L’Enchanteur pourrissant, son œuvre ornée de reproductions de bois gravées d’André Derain est publiée par le marchand d’art Daniel-Henry Kahnweiler.

     

     

     

    Entre 1902 et 1907, il travaille pour divers organismes boursiers et parallèlement publie contes et poèmes dans des revues. C’est à cette époque qu’il prend pour pseudonyme Apollinaire, d’après le prénom de son grand-père maternel, Apollinaris, probablement en référence à Apollon, dieu de la poésie. En novembre 1903, il crée un mensuel dont il est rédacteur en chef, Le festin d’Ésope, revue des belles lettres, dans lequel il publie quelques poèmes ; on y trouve également des textes de ses amis André Salmon, Alfred Jarry, Mécislas Golberg, entre autres…

    Entre 1910 et 1914, Apollinaire est partout… En 1910, il devient critique d’art à L’Intransigeant, et on le croise dans tous les salons littéraires, les galeries et les ateliers de la capitale. Apollinaire commence à se faire un pseudonyme et à écrire son histoire… Il devient à cette époque le tout premier défenseur du Cubisme, mouvement pictural qui vient tout juste de naître et qui fait déjà scandale. Les débats sur le Cubisme monteront même jusqu’à l’Assemblée Nationale où le député Marcel Sembat prendra fait et cause pour le courant naissant face à ses détracteurs, pour qui le Cubisme était une dégénérescence du génie français.

    Apollinaire est en première ligne et prend ainsi la défense de ses amis peintres. Visionnaire, curieux de tout et sans cesse à l’affut des tendances de demain, le poète sent bien qu’avec le Cubisme, un vent nouveau s’apprête à souffler sur le paysage artistique français. Picasso, Braque ou Marie Laurencin sont à l’origine de ce mouvement qui pourrait bien changer radicalement le regard du public, face à un tableau qui a ses lois propres et qui n’imite plus la réalité, balayant toute notion de perception rétinienne ou de perspective linéaire telle qu’elle fut inventée à la Renaissance.

    Le , accusé de complicité de vol de La Joconde, pour avoir hébergé Géry Pieret, une de ses relations qui avait dérobé en 1907 des statuettes au Louvre, et qui furent ensuite revendues à Picasso, Apollinaire est emprisonné durant une semaine à la prison de la Santé ; cette expérience le marquera profondément. Cette année-là, il publie Le Bestiaire ou Cortège d’Orphée orné des gravures de Raoul Dufy. En 1913, les éditions du Mercure de France éditent Alcools, somme de son travail poétique depuis 1898.

     

    « Je ne me souviens pas précisément de ma rencontre avec Apollinaire. Je me souviens surtout que deux ou trois jours plus tôt, j’avais rencontré Picasso chez Clovis Sagot. Picasso, quant à lui, avait dit à Guillaume Apollinaire qu’il venait de rencontrer sa fiancée… Tout à fait par hasard, Apollinaire est venu le même jour que moi chez Sagot. Et c’est ainsi que nous nous rencontrâmes. Nous sortîmes et Guillaume me parla immédiatement de sa chère Masoche… Ça m’a étonné, un garçon qui parlait de masochisme à une inconnue… » (Marie Laurencin en 1952)

     

    Lorsque Marie Laurencin rencontre Guillaume Apollinaire en 1907, elle est une jeune peintre de 24 ans qui débute aux côtés de Georges Braque. Picasso fait sa connaissance quelques jours plus tôt et dira à Apollinaire : « J’ai rencontré ta fiancée ». Quant à Apollinaire, après avoir rencontré la peintre chez le marchand d’art Clovis Sagot, il fera dire à l’Oiseau du Bénin par Croniamantal dans Le poète assassiné au sujet de Tristouse Ballerinette (Marie Laurencin) : « J’ai rencontré ta femme »…

    Le poète et la peintre entretiendront une relation chaotique et orageuse pendant cinq ans, mais durant laquelle il connaîtront tous les deux une ascension fulgurante, s’appuyant sur une forte émulation mutuelle et un échange artistique de tous les instants. Apollinaire continuera d’écrire à Marie Laurencin et la soutiendra jusqu’au bout… Ils ont probablement toujours regretté intimement, sans se l’avouer l’un à l’autre, que cela n’ait pas été possible.

    Il n’en reste pas moins que leur relation correspond à la période la plus prolifique et créative de la peintre. Après la guerre et la disparition de son plus fidèle ami et soutien, Marie Laurencin aura tendance à se répéter et à faire toujours un peu la même chose. Le Douanier Rousseau immortalise le couple en 1909 et Apollinaire raconte qu’avec cet instantané du couple capturé par le peintre, intitulé « Le poète et sa muse », son regard changera à tout jamais sur la peinture.

     

     

     

    Il y a des petits ponts épatants
    Il y a mon cœur qui bat pour toi
    Il y a une femme triste sur la route
    Il y a un beau petit cottage dans un jardin
    Il y a six soldats qui s’amusent comme des fous
    Il y a mes yeux qui cherchent ton image

    Il y a un petit bois charmant sur la colline
    Et un vieux territorial pisse quand nous passons
    Il y a un poète qui rêve au ptit Lou
    Il y a une batterie dans une forêt
    Il y a un berger qui paît ses moutons
    Il y a ma vie qui t’appartient
    Il y a mon porte-plume réservoir qui court qui court
    Il y a un rideau de peupliers délicat délicat
    Il y a toute ma vie passée qui est bien passée
    Il y a des rues étroites à Menton où nous nous sommes aimés

    Il y a une petite fille de Sospel qui fouette ses camarades
    Il y a mon fouet de conducteur dans mon sac à avoine
    Il y a des wagons belges sur la voie
    Il y a mon amour
    Il y a toute la vie
    Je t’adore

    Guillaume Apollinaire, « Poèmes à Lou » (posthumes)

     

    « Poèmes à Lou » est un poème d’amour, tout simplement… Un poème d’amour dans lequel on trouve tout ce qui, chez Apollinaire, peut nourrir et alimenter les sensations, les sentiments, que ce soit la sensualité, l’intensité amoureuse, le spectacle du monde, la nostalgie ou le souvenir de la femme aimée. Et en même temps, c’est un poème d’éloignement. Leur histoire est terminée, et le poète est sur le départ. C’est aussi un poème qui tente de faire revivre quelque chose, en captant des instants qui s’éloignent peu à peu.

    En août 1914, Apollinaire tente de s’engager dans l’armée française, mais le conseil de révision ajourne sa demande car il n’a pas la nationalité française. Il part pour Nice où sa seconde demande, en , sera acceptée, ce qui lancera sa procédure de naturalisation. Peu après son arrivée, un ami lui présente Louise de Coligny-Châtillon, lors d’un déjeuner dans un restaurant niçois. Divorcée, elle demeure chez son ex-belle-sœur à la Villa Baratier, dans les environs de Nice, et mène une vie très libre. Guillaume Apollinaire s’éprend aussitôt d’elle, la surnomme Lou et la courtise d’abord en vain.

    Puis elle lui accorde ses faveurs, les lui retire et quand il est envoyé faire ses classes à Nîmes après l’acceptation de sa demande d’engagement, elle l’y rejoint pendant une semaine, mais ne lui dissimule pas son attachement pour un homme qu’elle surnommait Toutou. Une correspondance naît de leur relation ; au dos des lettres qu’Apollinaire envoyait au début au rythme d’une par jour ou tous les deux jours, puis de plus en plus espacées, se trouvent des poèmes qui furent rassemblés plus tard sous le titre de Ombre de mon amour puis de Poèmes à Lou.

    «  Poèmes à Lou » est un poème à une femme d’une très grande liberté, de ces femmes qui fascinent. Elle se voulait moderne, les cheveux un peu plus courts que les autres. Elle ne porte pas de corset, mais plutôt le pantalon. Lou est une aristocrate, descendante directe de Gaspard de Coligny, de lignée prestigieuse. Elle collectionne les amants, ce qui fait dire aux maldisants qu’elle est probablement nymphomane…

     

    « Vous ayant dit ce matin que je vous aimais, ma voisine d’hier soir, j’éprouve maintenant moins de gêne à vous l’écrire. Je l’avais déjà senti dès ce déjeuner dans le vieux Nice où vos grands et beaux yeux de biche m’avaient tant troublé que je m’en étais allé aussi tôt que possible afin d’éviter le vertige qu’ils me donnaient. » (Apollinaire à Lou, le 28 septembre 1914)

     

    Le 2 janvier 1915, de retour d’un rendez-vous avec Lou à Nice, Apollinaire rencontre une jeune fille dans le train qui le ramène à Nîmes, Madeleine Pagès. Ils parlent de littérature et de poésie, de Verlaine et de François Villon. Quelque chose se noue entre eux et ils entament une relation épistolaire des plus enflammées. Mais pourtant, Apollinaire en épousera finalement une autre, quelques mois avant sa mort : Jacqueline Kolb. Picasso sera son témoin…

     

     

     

    « Une musique barbare et ininterrompue
    Coups de canons français et boches de tout calibre
    Coups de fusil, mitrailleuses,
    Les fusées, les signaux
    En pluie, en gerbe, en globe persistants… » 

     

    Le 4 avril 1915, Apollinaire part avec le 38e régiment d’artillerie de campagne pour le front de Champagne. En novembre 1915, dans le but de devenir officier, Wilhelm de Kostrowitzky est transféré à sa demande dans l’infanterie dont les rangs sont décimés. Il entre au 96e régiment d’infanterie avec le grade de sous-lieutenant.

    Le 9 mars 1916, il obtient sa naturalisation française mais quelques jours plus tard, le , il est blessé à la tempe par un éclat d’obus. Il lisait alors le Mercure de France dans sa tranchée. Évacué à Paris, il y sera finalement trépané le puis entame une longue convalescence au cours de laquelle il cesse d’écrire à Madeleine.

    Fin octobre 1916, son recueil de contes, Le Poète Assassiné est publié et la parution est couronnée, le 31 décembre, par un mémorable banquet organisé par ses amis dans l’Ancien Palais d’Orléans.

    En mars 1917, il crée le terme de surréalisme qui apparaît dans une de ses lettres à Paul Dermée et dans le programme du ballet « Parade » qu’il rédigea pour la représentation donnée le 18 mai de la même année.

     

     

     

    Apollinaire meurt de la grippe espagnole à seulement 38 ans, le 09 novembre 1918, soit deux jours avant la signature de l’armistice, laissant ses amis orphelins ainsi que de nombreux projets en cours qui resteront à tout jamais inachevés, pendant que sous ses fenêtres du 202 Boulevard Saint-Germain, la foule défile en scandant « A mort, Guillaume ! »… Non pas mort au poète, mais à l’Empereur Guillaume II d’Allemagne qui abdique ce même jour. Ironie du sort, ironie de la vie et de la mort…

     

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    Sources :

    ✓ « Apollinaire » de Laurence Campa, biographie somme parue en 2013 chez Gallimard.

    ✓ « Apollinaire, Correspondance avec les artistes 1903-1918 », texte établi, présenté et annoté par Laurence Campa et Peter Read édité chez Gallimard en 2009.

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Guillaume Apollinaire, un poète sur tous les fronts (1/4)

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Guillaume Apollinaire, le sang et la chair (2/4)

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Guillaume Apollinaire, desseins poétiques (3/4)

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Guillaume Apollinaire, un poète parmi les peintres (4/4)

     

     

     

  • Les fantastiques Noirs & Blancs de Lucien Clergue

     

     

    Né à Arles en 1934 et disparu en 2014, Lucien Clergue fut probablement l’un des photographes les plus importants de sa génération. Grand ami de Pablo Picasso, mais également proche de Jean Cocteau et Salvador Dalí, il apparaît comme un témoin privilégié de cette période artistique intense.

     

    Lucien Clergue se fait connaître grâce à ses photos de femmes nues « zébrées », mais ce sont deux autres projets que l’on vous présente ici, « Corps Mémorable » et « Genèse », représentant des corps de filles nues sur les plages de Camargue, sa région à laquelle il est resté très attaché toute sa vie. Armé de son appareil photo argentique, il photographie, dans un noir et blanc exceptionnel, ces femmes allongées nues sur le sable ou dans l’eau, dont émanent une vraie beauté alliée à un sentiment de liberté absolue.

    Exposé dans de nombreux musées français ou étrangers comme chez de grands collectionneurs, Lucien Clergue continua jusqu’à la fin de sa vie à transmettre sa passion pour la photo en intervenant dans de nombreuses écoles et fondait en 1982 l’Ecole Nationale Supérieure de la Photographie à Arles, une école unique en France et exclusivement consacrée à l’art de la photographie.

    En 2016, le Grand Palais consacrait une exposition exceptionnelle aux premiers albums de Lucien Clergue. La fulgurante… Voilà ce que révèlent ces sept albums de planches-contacts, oubliés puis retrouvés dans l’atelier de Lucien Clergue après sa disparition. L’âme tourmentée par une adolescence douloureuse, mais fort d’une assurance dispensée par sa mère qui voit en lui un artiste en devenir, Lucien Clergue trouve rapidement les moyens de traduire sa mélancolie par la photographie qu’il commence tout juste à pratiquer.

    Dans le commerce familial ou chez un fournisseur du voisinage, il récupère des catalogues de tissus dont il arrache les échantillons pour coller à leur place les contacts de ses négatifs. Les albums correspondent aux collections saisonnières des fabricants ; ils sont donc datés, ce qui en fait ainsi des documents pour l’Histoire. Véritable outil de recherche de la meilleure image – le négatif grand format en permet une grande lisibilité – les albums montrent, page après page, image par image, la progression du travail de Lucien Clergue, ses hésitations, ses intuitions, ses certitudes, ses avancées vers ce qui constituera la quintessence de son œuvre. Cette pratique n’est plus possible aujourd’hui pour les photographes, le numérique ayant fait disparaître les planches-contacts sur papier ; pour les adeptes de l’argentique, les planches-contacts, récentes ou historiques, avec leurs annotations, leur sélection au crayon gras, sont l’objet de tous les soins. Cette série d’albums s’arrête en 1956.

    Lucien Clergue abandonne en effet cette pratique au fur et à mesure qu’il prend pleinement possession de son métier, conscient de la direction qu’il veut donner à son travail et de sa place parmi les photographes. Ces albums, qui s’inscrivent dans un court laps de temps et qui indiquent très tôt les axes forts de l’œuvre de Lucien Clergue ainsi que la puissance de son intuition dès ses débuts dans la photographie, ont très naturellement constitué le fil conducteur de cette première exposition majeure de Lucien Clergue, un an après sa disparition.

    A redécouvrir absolument…

     

    © Marie Schwimann for Graine de Photographe

    © Grand Palais

    © Photo à la une tirée de la série Brasilia, Brazil, 1961 © Atelier Lucien Clergue

     

     

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Anne Clergue Galerie

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Lucien Clergue au Grand Palais

     

     

     

  • Guernica sans Guernica

     

     

    L’exposition « Guernica » ouvrait ses portes mardi 27 mars au musée Picasso à Paris. Seule particularité de l’événement, et non des moindres, le chef d’œuvre éponyme de Picasso est resté dans son musée à Madrid, qu’il ne quitte d’ailleurs jamais.

     

    « Guernica sans Guernica », c’est ainsi qu’aurait pu s’intituler l’exposition exceptionnelle du Musée Picasso à Paris, qui ouvrait ses portes le mardi 27 mars, et dont le parcours tente de faire oublier le tableau désespérément absent. « C’est le grand défi de ce projet », explique le directeur du musée, Laurent Le Bon. « On pensait voir Guernica, et au fond on en voit dix. C’est-à-dire qu’on assiste au processus créatif de cette oeuvre unique, à sa réception, à son rapport à l’art contemporain et à sa genèse extraordinaire, grâce à un ensemble exceptionnel d’études jamais prêtées auparavant », explique-t-il.

    L’exposition « Guernica » raconte donc l’histoire de cette icône de l’art moderne que Pablo Picasso a peinte entre le 1er mai et le 4 juin 1937, après le bombardement de la petite ville basque par les aviations nazie et fasciste. L’artiste y dénonce un massacre de civils, et pour créer cette œuvre monumentale qui sera présentée dans le cadre du pavillon espagnol de l’exposition internationale de Paris de 1937, il a réalisé une quarantaine d’études préalables. On en découvre ici dix, dont la toute première composition datant du 1er mai 1937.

     

    De l’extérieur à l’intérieur…

     

    « On est déjà devant une composition pyramidale, indique Émilia Philippot, la commissaire associée de l’exposition. Avec les principaux personnages de Guernica : le taureau, le cheval, le soldat mort allongé au premier plan et la figure porteuse de lumière qui sort de la fenêtre en haut à droite, et qui vient éclairer la scène ». Émilia Philippot précise que « dans cette étude, on est absolument dans une scène d’extérieur, on voit bien les toits des maisons et au fur et à mesure du travail de Picasso, on va passer de l’extérieur à l’intérieur. »

    Les photos prises par Dora Maar, la compagne de Picasso, projetées dans une des salles, éclairent également le processus créatif de Guernica. Après sa réalisation, le tableau va jouer un rôle central dans l’œuvre du peintre, qui s’en inspire notamment pour sa série de « La femme qui pleure ».

     

    Des créations contemporaines

     

    Guernica, qui n’a rejoint l’Espagne qu’en 1981, au retour de la démocratie, est devenu le symbole de la lutte contre la barbarie. Le chef d’œuvre de Picasso a beaucoup inspiré les artistes, comme le montrent les créations contemporaines présentées dans le cadre de l’exposition, en particulier celle de Damien Deroubaix.

    « C’est un bois gravé monumental à l’échelle de Guernica, dans lequel Damien de Roubaix vient reprendre assez fidèlement la toile et les différents motifs, décrit la commissaire associée de l »exposition. Il nous montre bien tout ce travail d’incision, ce travail de la matière qui permet de restituer aussi dans le détail l’arrière-fond, avec notamment ce motif de l’oiseau sur la table. Et on voit ainsi comment les personnages se détachent en blanc sur noir. »

    Spectaculaire, cette œuvre à la présence salutaire atténue l’absence de la toile de Picasso.

    L’exposition Guernica est à voir à Paris au Musée Picasso jusqu’au 29 juillet.

     

     

     

     

  • Musée de l’Orangerie : La Collection Permanente

     

     

    La collection Jean Walter et Paul Guillaume exposée au Musée de l’Orangerie est l’une des plus belles collections européennes de peintures. Elle rassemble 146 œuvres, des années 1860 aux années 1930. C’est l’acquisition par l’État de la collection, en 1959 et 1963, qui donne son aspect définitif au musée. 

     

    Si l’exposition « Dada Africa » au Musée de l’Orangerie n’est pas trop votre « dada », vous pourrez toujours profiter de la Collection Permanente du musée regroupant les plus grands noms de la peinture qui y furent rassemblés par Jean Walter et Paul Guillaume à partir de 1914, de Modigliani à Cézanne, en passant par Renoir, Picasso ou encore Monet. Dans un cadre paisible, les tableaux se succèdent au gré de votre déambulation, sans prétention aucune malgré la grande qualité de la sélection des oeuvres accrochées. Se laisser bercer ainsi à travers les galeries est un réel plaisir. Mieux, les grands peintres de l’époque classique se rendent accessibles de par la simplicité de la mise en scène, qui consacre la beauté de ces oeuvres par des éclairages justes.

    Pour clôturer votre balade, vous ne pourrez rester insensible aux deux salles consacrées aux Nymphéas de Monet, une oeuvre monumentale conçue spécialement pour être exposée dans ce cadre « ovni » empli d’une lumière douce et bienfaisante. Vous ne résisterez donc pas à l’envie de vous poser des heures dans ce lieu paisible, avec un bouquin, à l’abri du tumulte du monde, confortablement installé sur les spacieuses banquettes centrales, et profiter de la quiétude ambiante, hors du temps…

    A déguster sans modération…

     

    Dessin à la Une © Urban Sketchers Paris

     

     

    Les Nymphéas de Claude Monet au Musée de l'Orangerie (Exposition Permanente)

     

     

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    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour Aller Plus Loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Histoire de la collection Jean Walter-Paul Guillaume

     

     

     

  • Olga Picasso au Musée Picasso

     

     

    Une petite déception à la visite du Musée Picasso dans le quartier du Marais, tant l’attente était grande. Peut-être aussi parce que Malaga était passé avant…

     

    La Majesté de cet hôtel particulier de la rue de Thorigny, désigné comme l’un des plus beaux hôtels particuliers baroques du quartier, laissait présager des trésors architecturaux incroyables. Mais la rénovation moderne et le parti pris de ces grands panneaux blancs vertigineux qui reflètent la lumière tels des miroirs de plâtre et de peinture blanche déçoivent l’amateur d’histoire, même s’ils ravissent l’amateur d’art. Le musée est lumineux, propre, blanc, moderne, hyper fonctionnel, doté d’immenses fenêtres et de puits de lumière. Seul l’escalier central majestueux, qui fut à l’époque l’escalier d’honneur, sous un plafond aux moulures et aux ornements sculptés, nous rappelle que la maison fut habitée autrefois par un proche de Fouquet amoureux du théâtre de Corneille.

    On reste aussi un peu sur sa faim par rapport au nombre de peintures exposées : il y a surtout beaucoup de dessins et d’esquisses. Finalement, ce qui fait la valeur de ce énième musée Picasso à travers le monde, c’est la part prépondérante donnée à sa vie privée. En l’occurence, l’expo porte sur le personnage de sa première épouse, Olga. Il faut prendre le temps de regarder chacune des vitrines, dans lesquelles sont exposés de très nombreux objets personnels, de lire les lettres, de regarder les films de famille en noir et blanc très émouvants, et toutes ces photos méconnues de tous les proches du peintre : sa femme Olga en premier lieu bien sûr, son fils Paul dont on peut voir le tableau en Arlequin, les amis artistes Cocteau, Apollinaire, Max Jacob.

    L’exposition est une plongée dans la vie intime de ce couple. Olga nous touche particulièrement. On prend conscience des sacrifices qu’elle a dû faire en renonçant à sa carrière de danseuse, de l’amour profond et de la complicité entre elle et son fils en raison sans doute des absences longues et répétées de Pablo (la série de photomatons est très émouvante), et de sa souffrance quand elle comprend qu’elle a été remplacée par une autre (la très jeune Marie-Thérèse Walter), à la fois en tant que femme, muse et modèle. Picasso refusera la demande de divorce d’Olga qui finira ses jours à Cannes.

    Comme à chaque fois, la vie privée et l’oeuvre de Picasso s’entremêlent, l’une expliquant l’autre. L’exposition « Olga » montre bien cet aspect, jalonnant et juxtaposant à la fois photos et tableaux, objets et peintures, lettres et dessins. Autant de trésors compilés dans l’ouvrage magnifique du catalogue de l’exposition en vente à la librairie du musée et qui est un véritable petit bijou.

     

    Olga Picasso au Musée Picasso

    Jusqu’au 3 septembre 2017

    Tarif = 12,50 euros

    Catalogue = 39 euros

     

     

     

  • Picasso et Giacometti, en résonance

     

     

    Jusqu’en février 2017, le Musée Picasso présente la toute première exposition consacrée à l’œuvre de deux des plus grands artistes du XXème siècle : Pablo Picasso et Alberto Giacometti.

     

    Ils avaient vingt ans d’écart mais leurs oeuvres se sont toujours répondues. Picasso et Giacometti sont pour la première fois réunis dans une seule et même exposition. Deux-cents oeuvres, peintures, dessins, sculptures, des deux maitres du XXème Siècle sont présentées à l’Hôtel Salé.

    Les deux artistes qui se rencontrent au début des années 30 avaient des tempéraments bien différents, mais ils ont été influencés l’un et l’autre par le surréalisme et partagent le même questionnement sur la relation au réel.

    Un dialogue et des correspondances artistiques que décrit Catherine Grenier : « Ce sont deux monstres de l’art moderne. Les peintre et sculpteur les plus chers. D’un côté l’Espagnol, de l’autre le Suisse de vingt ans son cadet, Picasso et Giacometti. Deux artistes étrangers qui émigrent à Paris au début du XXème siècle, deux fils d’artiste qui partagent une très grande précocité avant d’inventer un langage révolutionnaire ».

     

    « Ils ont la même facilité, la même virtuosité à représenter le réel, et l’un comme l’autre vont aller vers la modernité » (Catherine Grenier, commissaire de l’exposition).

     

    Dans les années 1910 et 1920, Picasso et Giacometti trouvent l’inspiration et créent de nouvelles formes, de nouveaux motifs, en puisant dans le passé ou les arts extra-occidentaux.

    « Picasso était fasciné par la découverte des milieux de l’avant-garde, de l’art africain, de l’art océanien. Il était aussi fasciné par tout ce que l’on appelait le primitif, et Giacometti, de la même façon, se passionne pour les arts exotiques, pour l’art égyptien, l’art mésopotamien ou l’art des Cyclades. En effet, les objets archéologiques ou ceux provenant d’autres civilisations, d’autres cultures, vont venir nourrir leur vocabulaire artistique » (Catherine Grenier, commissaire de l’exposition).

    Giacometti connait l’oeuvre de Picasso depuis qu’il est arrivé à Paris. Bien entendu, il est émerveillé. Quant à Picasso, à cette époque, il est déjà le grand artiste de la modernité. Lorsque Giacometti organise sa toute première exposition personnelle, en 1932, il est d’ailleurs extrêmement fier de pouvoir annoncer à ses parents que Picasso a été le premier visiteur de l’exposition.

    Après leur rencontre, leur relation s’intensifie tout au long des années 30. Ils se voient presque quotidiennement pendant la guerre, en 1940 et 1941. Leur amitié est d’abord fondée sur un dialogue artistique. Ils parlent d’art, se soumettent leurs oeuvres l’un à l’autre. Eux qui partagent des thématiques communes, qui représentent souvent leur femme dans leurs oeuvres, vont se nourrir mutuellement, de manière consciente ou inconsciente. Leurs créations dialoguent entre elles, et des motifs de l’un peuvent apparaitre dans les oeuvres de l’autre.

    Tous les deux prennent pour thématique principale le corps humain, en particulier le corps de la femme, mais aussi le couple, la sexualité, ainsi que la relation entre l’homme et la femme. Ils se rencontrent au moment du surréalisme, une période durant laquelle les artistes convoquent leurs rêves, leurs fantasmes. Picasso et Giacometti s’expriment d’ailleurs assez librement pour l’époque sur toutes les questions qui ont trait à l’érotisme et à l’amour. Pour eux, le thème de l’érotisme est très étroitement lié au thème de la violence ou à celui de la mort.

    « La Femme Egorgée » de Giacometti est une sculpture qui représente d’abord un crime sexuel, mais cette femme qui est saisie par l’artiste dans une sorte de spasme amoureux ressemble aussi à une plante carnivore, ou à l’incarnation de la mante-religieuse. Cette oeuvre caractérise l’ambiguïté de la relation de Giacometti aux femmes, et à la façon dont il décrit la femme à la fois comme une victime et une prédatrice. On retrouve cette même ambiguïté dans l’oeuvre de Picasso, avec par exemple un couple qui s’embrasse sur la plage, dans un acte de baiser qui est presque une lutte physique, voire même un acte de dévoration…

     

    instant-city-alberto-giacometti-la-femme-egorgee-001

     

    Les deux artistes partagent donc des motifs, des préoccupations, mais leurs approches artistiques respectives restent cependant fondamentalement différentes. Pablo Picasso est l’artiste de la composition et de l’assemblage, quand Giacometti est l’artiste de la soustraction et de la simplification. Quant à leurs oeuvres, elles montrent des tempéraments foncièrement distincts : Picasso, solaire et dominateur, agacera forcément un Giacometti discret et toujours dans la retenue. Mais ce qui finira par les séparer définitivement, c’est bien l’éloignement physique. Picasso partira s’installer dans le Sud de la France après-guerre, tandis que Giacometti restera à Paris.

    A découvrir d’urgence au Musée Picasso cette exposition qui met en résonance les deux monstres de l’art moderne, dans une confrontation inédite.

     

    [youtube id= »7mmBwRJMbcM » align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Musée Picasso

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Picasso Officiel

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Fondation Giacometti

     

     

  • Brassaï : Graffiti

     

     

    « Ces signes succincts ne sont rien moins que l’origine de l’écriture, ces animaux, ces monstres, ces démons, ces héros, ces dieux phalliques, rien moins que les éléments de la mythologie. »

     

    Les dessins et signes tracés ou grattés sur les murs de Paris ont fasciné Brassaï du début des années 1930 jusqu’à la fin de sa vie. Le photographe a constamment traqué ces expressions durant toute sa carrière, leur consacrant une importante série qui a pris forme dans un livre et à travers plusieurs expositions.

    Grâce à la richesse de sa collection de photographies, le Centre Pompidou propose une présentation thématique de la célèbre série « Graffiti » du photographe français d’origine hongroise. L’exposition replace la série dans le contexte de la fascination pour l’art brut d’artistes et écrivains proches de Brassaï : Raymond Queneau, Jean Dubuffet, Pablo Picasso, Jacques Prévert, notamment. Des documents enrichissent cette présentation inédite offrant au public d’en approfondir la compréhension et l’écho.

     

    « Le mur se dresse tel un défi. Protecteur de la propriété, défenseur de l’ordre, il reçoit protestations, injures, revendications et toutes les passions, politiques, sexuelles ou sociales. La Révolution française commença par détruire un mur, celui de la Bastille. Les journaux, les affiches n’ont pu supplanter les écritures murales. Un mot tracé à la main, en lettres immenses, a une emprise que n’aura jamais une affiche. Animé encore de l’émotion ou de la colère du geste, il hurle, barre le chemin. »

     

    C’est avec ces mots que Brassaï, photographe français d’origine hongroise, commentait, en 1933, la première publication de quelques-unes de ses photographies des fragments des murs parisiens parues dans la revue Minotaure. La série des « Graffiti », à laquelle le photographe travaillera pendant plus de vingt-cinq ans, est riche de plusieurs centaines d’images, dont une partie reste méconnue. L’exposition que présente le Centre Pompidou dans la Galerie de photographies, en dévoilant des inédits, propose un regard approfondi sur ce célèbre ensemble et sa fortune auprès d’artistes et d’écrivains proches de Brassaï : Pablo Picasso, Jacques Prévert, Jean Dubuffet, notamment.

    Flâneur nocturne, Brassaï s’intéresse dès ses débuts aux quartiers « mal famés » de Paris et à la culture populaire. Il est le premier, dans l’histoire de la photographie moderne, à penser intuitivement l’appareil photographique comme un outil de dissection de l’urbain. Il concentre son regard sur des dessins, signes et gribouillages inscrits sur les murs de Paris. À l’instar de ses clichés des pavés, il resserre son cadre, s’attache au détail et met en valeur un objet a priori sans importance, exactement comme il l’avait fait pour les Sculptures involontaires avec Salvador Dalí. Ces règles formelles établies, Brassaï entame un projet d’enregistrement systématique : au fil des années, il constitue un catalogue – un imagier populaire – des traces laissées sur les murs par les habitants de la capitale. Publiés pour la première fois dans le contexte surréaliste, ces dessins trouvés et photographiés sont lus comme l’expression de l’inconscient de la métropole. Rassemblés dans les années 1950 pour des expositions et édités dans le livre Graffiti (1961), ils sont soumis à une typologie proposée par l’artiste. Cette démarche inscrit sa pratique dans le contexte naissant de l’ethnologie et de la sociologie du quotidien.

    L’exposition prend sa source dans l’ensemble exceptionnel des « Graffiti » que conserve le Centre Pompidou et porte un regard nouveau sur ces images. Elle les inscrit dans le cadre plus large de la fascination exercée par l’art populaire sur certains artistes et écrivains en quête des sources premières de la création artistique. Grâce aux prêts d’œuvres venues de l’Estate Brassaï, de collections privées et d’autres institutions, l’exposition montre comment certains tirages de la série ont été réutilisés par des artistes : intégrés à des collages, illustrant des recueils de poésie, inspirant un dialogue avec des réalisations sculpturales ou graphiques.

     

    Brassaï : Graffiti au Centre Pompidou, du 09 novembre 2016 au 30 janvier 2017

    Commissaire : Mnam/Cci, Karolina Ziebinska-Lewandowska

    Crédit photographique : © Centre Pompidou / Photo A. Rzepka / dist. Rmn-GP, © Estate Brassaï

    Brassaï, « Graffiti », de la série « Images primitives », 1935-1950

     

     

    [youtube id= »F_ZiCMKqvms » align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

     

    L’exposition Brassaï s’écoute aussi sur Soundcloud !

     

     

     

  • Festival de Cannes 2016 | Episode 8 : Picasso en peau de mouton (1953)

     

     

    En 1953, Pablo Picasso dérogeait à la règle du smoking, obligation incontournable du Festival de Cannes, pour fouler le tapis rouge et monter les marches. Le Maître réussit à obtenir une dérogation. Accompagné de Jacqueline, l’actrice Véra Clouzot et son mari Henri-Georges Clouzot, qui obtint cette année-là le Grand Prix du Jury pour son film « Le Salaire de la Peur », le peintre porte sur la photo une simple veste en peau de mouton. Que faisait donc Picasso à Cannes cette année-là ? Pourquoi un peintre sur le tapis rouge, habituellement réservé aux stars du cinéma ? Il faut se rappeler que Jean Cocteau, grand ami poète du Maître et aussi réalisateur, est alors président du jury. Mais pas seulement…

    En 1952, Henri-Georges Clouzot et Picasso sont voisins, le premier habitant à Saint-Paul de Vence et le second à Vallauris. Clouzot aura l’idée de réaliser en 1955 le documentaire « Le Mystère Picasso », Grand Prix Spécial du Jury au Festival de Cannes l’année suivante. « C’est une bonne idée, il faudra en reparler » lui avait dit le peintre. Le réalisateur filme Picasso peignant sur un papier spécialement choisi pour l’occasion, et dont les spécificités permettent de voir le dessin se faisant devant la caméra, sans voir le peintre. Le film est en noir et blanc, mais les traits de Picasso apparaissent en couleur. Cette fois, Picasso portera le smoking, le nœud papillon et le chapeau melon. Cette anecdote fait désormais partie de la légende du festival.

     

     

    Le Mystère Picasso :

    [youtube id= »ZBZzyVBr4U8″ align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Images INA des membres du jury en 1953

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Picasso à Cannes en 1956

     

     

     

  • Quelle est l’oeuvre la plus chère du monde ?

     

     

    Savez-vous quelle est l’oeuvre la plus chère du monde ? Tout dépend de quel art il est question, et il y en a neuf en tout. Il faudrait donc définir l’oeuvre la plus chère de chaque art.

     

    La BD la plus chère du monde, le 9ème Art, est une BD de Tintin : « Tintin en Amérique », publiée en 1932 et dessinée par Hergé. Elle a été adjugée à 1,3 million d’euros lors d’une vente aux enchères chez Artcurial, à une personne qui a souhaité garder l’anonymat. Le précédent propriétaire l’avait acquise sept ans plus tôt, en 2008, pour 764 218 euros, soit une plus-value de 200 %. La valeur de cette œuvre, c’est sa couverture à l’encre de Chine et gouache de couleur. Il n’en existe que cinq exemplaires dans le monde : deux dans des collections privées (dont celle-là) et trois au musée de la Fondation Moulinsart. Les autres couvertures de Tintin seront ensuite réalisées à l’encre de Chine, la mise en couleur étant faite désormais séparément à l’aide de bleus de coloriage et non plus de gouache.

     

    tintin

     

    En peinture ou plutôt en « arts visuels » qui englobe peinture et dessin, le 3ème Art dans la liste, on trouve le triptyque de  Francis Bacon consacré à Lucian Freud, un confrère britannique, vendu à 142,4 millions de dollars par Christie’s à New-York en 2013 après seulement six minutes d’enchères. Cette vente écrasait le précédent record détenu par « Le Cri » (1823) de l’artiste norvégien Edvard Munch en 2012 (119,9 millions) mais fut à son tour battue en mai 2015 par Pablo Picasso et ses « Femmes d’Alger » vendu à 179,4 millions de dollars en onze minutes. Mais attention. Dans la catégorie peinture, il faut distinguer l’oeuvre la plus chère de celle la plus chère vendue aux enchères, ce qui n’est pas du tout pareil et nous ramène à un nouveau tableau : « Quand te maries-tu ? » de Paul Gauguin, peint en 1892 et vendu à un acheteur inconnu, sans doute un Qatari, pour 300 millions de dollars.

     

    [youtube id= »HhzYajHvIQw » align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

     

    Le peintre le plus côté du monde est Pablo Picasso (1881-1973), avec pas moins de cinq tableaux dans le Top 15 des plus chers du monde. Le seul ensuite à apparaître deux fois est Vincent Van Gogh (1853-1890), deux Français, cocorico, même si Picasso est né en Espagne (il a passé l’essentiel de sa vie en France). Tous les autres n’ont qu’une seule toile au classement.

    En seconde position derrière la peinture, on trouve la sculpture, seconde également dans la liste des arts. Le record pour une vente aux enchères est détenu par Alberto Giacometti (1901-1966) avec « L’homme au doigt » vendu 141,2 millions de dollars en mai 2015. Dans les dix ventes les plus chères de l’histoire des enchères, deux sont des Giacometti. Les huit autres œuvres sont des peintures. Joli travail pour cet italien, aîné de quatre enfants dont le père était… peintre !

     

    [youtube id= »c-oOVZI79Ug » align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

     

     

    Qu’est-ce, comparé au 7ème art, le cinéma ? Le film le plus cher du monde, inflation prise en compte, reste « Avatar » (2009)  avec 387 millions de dollars dépensés (« Pirates des Caraïbes » hors inflation). On est loin, très loin de la peinture… Non seulement il est le film le plus cher de l’histoire du cinéma, mais il bat des records de recettes : 1,8 milliards de dollars, soit environ 1,4 milliards de bénéfices. Et détient un 3ème record, celui des téléchargements, avec pas moins de 20 millions en 2011.

     

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    Mais l’art qui explose littéralement tous les chiffres, et qui d’ailleurs est le 1er des arts, c’est l’architecture. Duaï et Las Vegas sont les vitrines de cet art post-moderne. Le Top 10 a été publié par la société Emporis, une des plus grandes bases de données mondiales du bâtiment basée en Allemagne et créée en 2000 à l’initiative de Michaël Wutzke, un architecte de 49 ans. On constate que les plus chers ne sont pas forcément les plus hauts. On parle là de milliards de dollars. Le vainqueur est le « Marina Bay Sands » à Singapour : 6 milliards de dollars, contre 1 milliard d’euros pour la tour la plus haute du monde, « Burj Khalifa » à Dubaï (828 mètres) terminée en 2009. « Marina Bay Sands », c’est cet immeuble incroyable formé de trois bâtiments de 200m de haut avec une piscine en forme de paquebot de 340m sur le toit. C’est un peu « Titanic » version gratte-ciel. 2 560 chambres, un casino de 1 000 tables de jeu et 1 400 machines à sous, un musée en forme de lotus, une piscine de 324m ( 6 bassins olympiques !), le tout imaginé par Moshe Safdie, un Palestinien architecte et urbaniste établi à Montréal, qui a aujourd’hui 77 ans ! L’artiste qui a réalisé l’oeuvre la plus chère du monde !

     

    Instant-City-Marina-Bay-Sands-003

     

     

     

  • Réouverture du Musée Picasso | Hôtel Salé, Paris

     

    Après cinq années de fermeture pour travaux, et quatre mois de retard sur la date de réouverture initialement prévue, les 5000 oeuvres de la Collection Picasso retrouvent enfin leur écrin originel, à savoir l’Hôtel Salé dans lequel le Musée est installé depuis 1985. La totalité de cet hôtel particulier du Marais, datant de 1659, est à présent consacrée, des caves aux combles, à la collection publique la plus importante au monde. Ce sont dorénavant 37 salles dont dispose le Musée Picasso, et qui constituent une surface d’exposition doublée.

    Anne Baldassari, la présidente de la Collection Picasso, vous propose un parcours magistral sur trois niveaux, durant lequel elle retrace l’ensemble de la carrière de Pablo Picasso, depuis ses premiers tableaux en 1895, à l’âge de 14 ans, aux dernières œuvres réalisées en 1972, quelques mois avant sa mort. Cette présentation chronologique est ponctuée de séquences thématiques : les autoportraits, le cubisme, les peintures de guerre… Dans les combles, le visiteur découvre la collection personnelle de Pablo Picasso : des peintures de Degas, Matisse, Cézanne, Braque, Le Douanier Rousseau ou Modigliani. Enfin, les anciennes caves de l’Hôtel Salé sont consacrées aux différents ateliers de l’artiste, ainsi qu’à son processus de création.

    Ce sont donc environ cinq-cents oeuvres sélectionnées parmi la totalité de la Collection, qui seront exposées au public à compter de ce week-end, après avoir parcouru le monde durant la durée des travaux. « Mon grand-père avait dit « donnez-moi un musée, je le remplirai ! ». Il faut savoir qu’il y a un peu moins de 500 œuvres qui sont exposées, sur un total de presque 5000 ! C’est un dixième de ce que le musée Picasso possède » déclare Olivier Picasso, le petit-fils de l’artiste. Il y expose d’ailleurs au dernier étage une partie de la collection personnelle de son grand-père.

    Car Pablo Picasso collectionnait lui-même ses amis, ses maitres, ou encore l’art africain. « Ce sont nous, les peintres, les vrais héritiers, ceux qui continuent à peindre. Nous sommes les héritiers de Rembrandt, Vélasquez, Cézanne, Matisse… Un peintre a toujours un père et une mère, il ne sort pas du néant ». Ainsi, le cocon intimiste du dernier étage de l’Hôtel Salé met en exergue ce dialogue qui s’instaure entre les oeuvres qu’il collectionnait et ses propres oeuvres présentes aux niveaux inférieurs. « Je peins contre les tableaux qui comptent pour moi, mais aussi avec ce qui leur manque », dit Picasso. Avec Matisse, on est dans le domaine de la joute artistique, tandis que les masques africains (dont le très important masque Nimba, de Guinée, grand fétiche de la maternité) dialoguent avec le Douanier Rousseau. Avec Renoir, on est plutôt dans le rapprochement sensuel.

    Ce samedi 25 octobre, Pablo Picasso aurait eu 133 ans.

    Courez-y ce week-end, c’est gratuit et c’est beau !

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Liens externes » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Musée Picasso

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Pablo Picasso