Étiquette : Jean-Michel Basquiat

  • La Fondation Carmignac, entre ciel et terre

     

     

    L’île de Porquerolles accueille depuis cet été un lieu singulier : la Fondation Carmignac. Un musée dédié à l’art contemporain, qui abrite 70 oeuvres majeures, de Warhol à Basquiat en passant par Lichtenstein. Toutes appartiennent au créateur du lieu, l’homme d’affaires Edouard Carmignac.

     

    C’est le succès de l’été… Presque quatre mois après son ouverture au large de Hyères, la Fondation Carmignac a déjà attiré plus de 50.000 visiteurs. Malgré la mer à franchir et la pinède à traverser, on s’y précipite.

    Cette fondation a été créée par l’homme d’affaires Edouard Carmignac, milliardaire classé 33ème fortune de France par le très sérieux magazine Forbes. Il a confié à son fils Charles la responsabilité de gérer et exposer sa collection personnelle d’art contemporain. 

    Cette année, il ouvre ainsi au public sa propriété de l’île de Porquerolles, et c’est ici que sont exposées 70 oeuvres parmi les trois-cents qu’il possède. 

     

    « La Fondation Carmignac est née en 2000, il y a 18 ans, au départ pour gérer et valoriser la Collection Carmignac que mon père Edouard a constituée au fil de l’eau. Il a toujours été entouré d’oeuvres d’art, chez lui. Enfant, je me souviens d’avoir toujours vu des tableaux sur les murs. » (Charles Carmignac, Directeur de la Fondation Carmignac)

     

    Edouard Carmignac a commencé à collectionner de l’art contemporain dans les années 80 ; l’art américain des années 60, 70 et 80, le Pop Art.

    Le Pop Art, c’est d’ailleurs le point de départ de sa collection. Dans les années 80, Carmignac achète beaucoup de Roy Lichtenstein. Il rencontre aussi Jean-Michel Basquiat qui lui peint un portrait. Et pour décorer son bureau, le roi de la finance se paye deux toiles du maître Andy Warhol. 

     

    « Quand on rentre dans son bureau, on découvre un Mao et un Lénine peints par Warhol. Deux tableaux que vous pourrez voir à Porquerolles. Mon père n’a évidemment pas choisi ces toiles parce qu’il embrassait les idées de ces deux personnages, mais plutôt parce que ce sont deux figures de révolutionnaires, qui ont bouleversé l’état des choses en partant de rien. » (Charles Carmignac)

     

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    Aux côtés de Basquiat, Lichtenstein ou Warhol, beaucoup d’autres grands noms, comme Alexander Calder ou David LaChapelle, des peintures de Gerhard Richter, Yves Klein ou encore Keith Haring. Et depuis ce printemps, un Botticelli.

    Côté jardin, on se promène pour découvrir des sculptures monumentales…

     

    « Parmi les oeuvres qui me touchent le plus, on peut découvrir une oeuvre qui s’intitule Les Alchimistes. Ce sont trois visages sculptés par l’artiste espagnol Jaume Pensa. Des oeuvres au pouvoir assez mystérieux, trois visages aux yeux clos, trois regards qui convergent vers un petit banc sous un arbre, avec quelque chose d’assez spécial qui opère face à ces oeuvres. »

     

    Au cours de ses fréquents voyages en Asie du Sud-Est ou en Amérique du Sud, Edouard Carmignac enrichit sa collection d’oeuvres d’artistes émergents, collection qui offre aujourd’hui un panel historique et géographique assez large.

     

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    Il n’y a pas vraiment d’axe ou de thèmes particuliers qui orientent les acquisitions, mais c’est plutôt une question d’émotion forte ou d’énergie. Il faut avant tout que les oeuvres touchent ceux qui les contemplent. C’est une collection qui reste finalement assez accessible. 

    La propriété est située dans le parc naturel de Port-Cros. Dans ce site protégé, il est interdit d’agrandir le bâtiment existant. Un vrai casse-tête… Tout l’enjeu a été pour les architectes de dégager des espaces d’exposition sous la surface du sol. Le visiteur rentre dans une villa provençale, et sous la surface de cette villa, 2000 m2 d’espace se déploient, sans jamais donner l’impression qu’on est en sous-terrain.

    Par tout un jeu de perception de l’espace, on a plutôt l’impression d’être au ras du sol. Pour un maximum d’intimité avec les oeuvres, 50 visiteurs maximum sont accueillis à la fois. Dans ce mas provençal, tout est nature et détente. La forêt entre par les fenêtres, l’eau par le toit, et pour parfaire cette ambiance de vacances, la visite se fait même pieds nus…

     

    « Le rituel qui consiste à se déchausser pour pénétrer dans les espaces d’exposition amène un silence, une quiétude et crée quelque chose au niveau symbolique qui est assez fort. » (Charles Carmignac)

     

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  • « Jean-Michel Basquiat » à la Fondation Louis Vuitton, jusqu’au 14 janvier 2019

     

     

    Ce sont les événements picturaux incontournables de la rentrée : les deux expositions consacrées à Jean-Michel Basquiat et Egon Schiele à la Fondation Louis Vuitton. L’une des figures majeures de l’art contemporain confrontée à l’un des sommets de l’expressionnisme du début du XXème Siècle.

     

    Des artistes ultra-doués, torturés, morts très jeunes… Le premier il y a trente ans, en 1988, à l’âge de 28 ans et le second en 1918, au même âge. Deux destins, deux oeuvres coups de poing…

     

     

     

    Fulgurants et sans concession, l’art et la manière de Jean-Michel Basquiat ont marqué la scène artistique des années 80. Contemporain d’Andy Warhol et de Keith Haring, en dix ans de carrière, le jeune new-yorkais a coloré de sa fougue et de ses idées sombres plus de mille toiles. Trente ans après sa mort, survenue à l’âge de 28 ans, les peintures de cet autodidacte qui a fait ses débuts sur les murs de Manhattan affolent encore les marchands d’art.

    La Fondation Louis Vuitton lui consacre une rétrospective exceptionnelle, l’occasion de déchiffrer son esprit ultra-contemporain à travers le regard du commissaire de l’exposition, Dieter Buchhart, de son ami le créateur de mode Jean-Charles de Castelbajac et de ses soeurs.

     

    « Il était déterminé à laisser une trace et à devenir un grand artiste. Il y travaillait sans relâche. » (Lisane Basquiat, soeur de Jean-Michel Basquiat)

     

    « Jean », comme l’appelaient ses proches, est issu de la petite bourgeoisie de Brooklyn et fréquente les musées depuis son plus jeune âge. Lorsqu’il est hospitalisé à sept ans, suite à un accident de voiture, sa mère lui offre le livre d’anatomie « Gray’s Anatomy » d’Henry Gray, illustré par des dessins de H.V. Carter, et c’est une révélation… En s’inspirant de l’ouvrage, Il fait ses premiers croquis et rêve de devenir dessinateur de cartoon.

     

    « C’est certainement cet événement qui a suscité son intérêt pour le fonctionnement du corps humain, des os, des organes… » (Dieter Buchhart, commissaire de l’exposition)

     

    Mais avant d’exposer ses figures écorchées dans les plus grandes galeries, c’est dans la rue que Jean-Michel Basquiat se fait connaitre. A l’âge de 17 ans, il forme avec son ami Al Diaz le duo « Samo », de l’expression « Same All Shit », en Français « toujours la même merde ». Ensemble, ils recouvrent les murs de Manhattan d’interjections enragées et réussissent à faire parler d’eux.

     

     

     

    « Peu importe à quel événement culturel vous assistiez à New York, le collectif Samo était toujours passé par là juste avant vous. C’est ainsi que les membres de Samo se firent connaître. » (Dieter Buchhart, commissaire de l’exposition)

     

    En 1979, le duo Samo se sépare. Jean-Michel Basquiat se consacre désormais à la peinture et New York l’inspire.

     

    « Dans les années 80, New York n’est pas le New York d’aujourd’hui. La ville est beaucoup plus underground, vibrante, dangereuse. L’essence même de New York à l’époque est rythmique, comme une vibration. » (Jean-Charles de Castelbajac)

     

    Portes, palissades, toiles de fortune, Basquiat recouvre tout ce qu’il peut de sa colère débordante. Car dans ses créations, explique-t-il, « il y a 80 % de rage et 20 % de mystère ». Début 1981, Bruno Bischofberger, grand marchand d’art, décèle son énorme potentiel. A l’époque, Basquiat n’a que 20 ans mais s’apprête à devenir une star.

     

    « Basquiat apparaît comme un ovni aux yeux des amateurs d’art. Comme l’écriture automatique de ces médiums ou de ces sorciers vaudous qui écrivent dans la pénombre et transcrivent la parole de ceux qui sont partis. » (Jean-Charles de Castelbajac)

     

    Basquiat crée à partir de mots, d’images et de pictogrammes. Un univers complètement nouveau pour l’époque. Il initie l’ère du « copier-coller ». Une méthode dont se sert Basquiat pour dénoncer racisme et inégalités, car être noir dans le new York des années 80 reste une condition difficile. Sa mère est portoricaine, son père est haïtien, et dans ses toiles, il invoque aussi le vaudou et la sorcellerie.

     

    « Il y a tellement de gens que l’art néglige… parce que tout dépend finalement de celui qui tient le pinceau. Les noirs ne sont jamais représentés de façon réaliste. Ils ne sont pas suffisamment présents dans l’art moderne. » (extrait de « Jean-Michel Basquiat, la rage créative », documentaire de David Schulman, en diffusion le 19 octobre à 23h30 sur Arte)

     

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    « Quand on y réfléchit, il y a quelque chose de tentaculaire dans l’oeuvre de Jean-Michel Basquiat… Quand on pense qu’il a peint plus de 800 toiles en l’espace de sept ou huit ans. Avec des périodes distinctes et des techniques toutes différentes. Peintures, détournements, tout y passe. A la manière de Picasso, qui crée une tête de  taureau à partir d’un guidon de bicyclette, Basquiat fait sa Chapelle Sixtine à partir d’une palissade. » (Jean-Charles de Castelbajac)

     

    En 1983, Basquiat se lie d’amitié avec son idole, Andy Warhol. De cette rencontre naîtra une collaboration foisonnante. Mélange d’effervescence et de compétition, cette association donne lieu à de nombreuses toiles et photos, ainsi qu’à une exposition.

     

    « Ça n’avait jamais existé auparavant, ce genre de collaboration, entre deux artistes gigantesques et de générations différentes. » (Jeffrey Deitch, conseiller en art)

     

    Après presque deux ans de création commune, ils se séparent en 1985. Rattrapé par ses addictions, Jean-Michel Basquiat voit son génie décliner peu à peu. Il meurt d’une overdose en 1988, à l’âge de 27 ans. Pourtant, trois décennies après sa disparition, ses prophéties résonnent encore…

     

     

     

    « Beaucoup des thèmes qu’il aborde dans ses toiles restent malheureusement aujourd’hui encore d’actualité, partout dans le monde. Nous continuons à faire face au racisme et aux discriminations. C’est pour cette raison que Jean émeut encore les gens aujourd’hui, tant son message résonne encore. » (Jeanine Basquiat, soeur de Jean-Michel Basquiat)

     

     

     

  • Jean-Michel Basquiat, trente ans pour passer de trépas à légende

     

     

    Le 12 août 1988, Jean-Michel Basquiat disparaissait à l’âge de 27 ans. Le peintre américain d’origine haïtienne reste encore aujourd’hui une énigme, tant il accumule les records après avoir été longtemps boudé par la plupart des grands musées.

     

    Devenu le peintre américain le plus cher de l’histoire (110,5 millions de dollars pour une toile vendue aux enchères chez Sotheby’s à New York le 18 mai 2017), Jean-Michel Basquiat est aujourd’hui l’un des artistes les plus influents de sa génération. Déjà, en janvier 2017, un tableau sans titre était vendu aux enchères chez Christie’s pour la somme époustouflante de 57.285.000 dollars.

    Ce grand tableau de 1,83 m sur 1,73 m représente une tête noire torturée et inquiétante sur fond bleu azur. Il a été adjugé après plus de dix minutes d’enchères, une durée très inhabituelle. Le prix de départ avait été fixé à 57 millions de dollars, soit quasiment le record pour celui qui se fit connaître sous le pseudonyme « SAMO » dans les années 70, en taguant sur les murs de New York. La toile n’avait plus été proposée à la vente, ni présentée en public, depuis son acquisition par un collectionneur anonyme en 1984 chez Christie’s. L’acheteur de l’époque n’avait d’ailleurs déboursé que 19.000 dollars pour cette oeuvre de 1982.

     

    © AFP / Cortesía / Notimex

     

     

    Jean-Michel Basquiat, trente ans après sa mort, semble cependant davantage célébré dans la rue qu’au musée… À première vue, cet enfant de Brooklyn, né d’un père haïtien et d’une mère portoricaine, n’a laissé que peu de traces à New York, où il passa pourtant l’essentiel de sa vie et qui fut pour lui une source d’inspiration majeure. Tout juste une plaque, discrète, sur la façade de son ancien atelier, caché dans le minuscule quartier de NoHo. Aucun monument public en son honneur, aucun lieu portant son nom, plus aucune empreinte de ses fameux graffitis signés « SAMO », pour « Same Old Shit ».

     

     

     

    Ses admirateurs vont se recueillir, à défaut, sur sa tombe, au cimetière de Green-Wood à New York. Avec le compositeur Leonard Bernstein, « Jean », comme l’appelaient ses proches, est le plus célèbre résident de ce gigantesque cimetière de Brooklyn où sont enterrées 570.000 personnes, selon Lisa Alpert, vice-présidente du développement du lieu. Des visiteurs y « laissent des choses sur sa tombe », une sépulture très sobre, avec l’assentiment de la direction, explique-t-elle.

    Presque introuvable dans la rue, Jean-Michel Basquiat l’est aussi dans les musées new-yorkais : dix pièces au MoMA, mais uniquement des dessins et des sérigraphies, six au Whitney, deux au Metropolitan Museum, deux au Brooklyn Museum et une au Guggenheim. Pour un artiste qui a laissé derrière lui plus de 2.000 oeuvres, c’est peu. «   C’est une honte que les musées de New York n’aient pas davantage de Basquiat », estime l’artiste Michael Holman, ami du peintre, qui créa avec lui le groupe Gray.

    Il rappelle que, du vivant de Basquiat, le couple de collectionneurs Lenore et Herbert Schorr proposa de faire don de tableaux de l’artiste au MoMA et au Whitney, qui refusèrent… Pour Michael Holman, « il y a une certaine dose de racisme » dans le peu d’intérêt affiché par les grandes institutions artistiques de New York du vivant de Basquiat, voire même après sa mort.

     

    À Brooklyn, une oeuvre de l’artiste Eduardo Kobra met Jean-Michel Basquiat à l’honneur.
    © Maisant Ludovic / hemis.fr / Hemis

     

    Né à Brooklyn en 1960 et décédé trop jeune en 1988, Jean-Michel Basquiat fut souvent considéré comme le porte-parole de l’immigration américaine. Cet artiste néo-expressionniste, issu de l’univers du graffiti, est notamment connu pour ses représentations de paradoxes sociaux. À travers ses peintures, Basquiat illustrait par exemple l’opposition entre la richesse et la pauvreté, ou encore l’intégration et la ségrégation. Il mariait habilement texte et image, couleurs et poésie, pour dénoncer la société moderne ou commémorer les injustices de l’histoire afro-américaine. Des thèmes probablement pas assez consensuels pour les grands musées new-yorkais…

    Professeure d’histoire d’art contemporain au California College of the Arts, et auteure du seul ouvrage d’étude de l’oeuvre de Basquiat, Jordana Moore Saggese y voit aussi la conséquence du succès dont cet ovni, débarqué dans le monde de l’art sans aucune formation, bénéficia de son vivant auprès de collectionneurs et de galeristes. « Durant les années 1970 et 1980, critiques et historiens étaient très partagés sur la question de savoir si un artiste pouvait connaître le succès sur les plans à la fois commercial », comme Basquiat, « et critique », afin d’attirer l’attention des musées, explique Jordana Moore Saggese.

    Peu avant de mourir d’une overdose d’héroïne à 27 ans, l’artiste était déjà parvenu à attirer l’attention des collectionneurs grâce à ses œuvres lourdes de sens. Aujourd’hui encore, quelque 85 à 90 % des pièces de ce jeune homme charismatique, héros du film « Downtown 81 » dans lequel il joue son propre rôle à 20 ans seulement, sont entre les mains de collectionneurs privés, estime Jordana Moore Saggese. De Leonardo DiCaprio à Bono, en passant par Jay Z, Johnny Depp ou Tommy Hilfiger, la liste des célébrités détenant ou ayant possédé une toile ou un dessin de Basquiat ne cesse de s’allonger.

     

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    Quelques galeries new-yorkaises proposent des oeuvres de Basquiat, notamment la Soho Contemporary Art. Mais elles sont plus rares que jamais, avec les records atteints par ses créations aux enchères. Et ses oeuvres sont aujourd’hui inabordables pour les musées, quand bien même ils souhaiteraient en acquérir. Pour preuve, le propriétaire de la Soho Contemporary Art, Rick Rounick, avait neuf tableaux il y a encore quelques mois, mais n’en a plus que deux.

     

    « A mesure que des collectionneurs (possédant des tableaux) vont préparer leur succession et prévoir des dons aux musées, nous verrons davantage d’oeuvres majeures se frayer un chemin jusqu’aux collections publiques », anticipe Jordana Moore Saggese. En attendant, s’il n’est que peu célébré par les institutions, Basquiat infuse la culture populaire par d’autres biais. « Ses peintures et ses dessins apparaissent sur des T-shirts, des baskets, des montres et des sacs », souligne Saggese. « D’une certaine façon, il est plus accessible qu’il ne l’a jamais été ».

     

    Depuis 2014, la marque japonaise de vêtements Uniqlo a sorti plusieurs collections reprenant des oeuvres de Basquiat en collaboration avec le MoMA. L’auteur noir Javaka Steptoe a publié un livre sur cette icône du New York des années 1980, « The Radiant Child », destiné aux enfants. Une façon pour ceux qui ne connaissent rien de cette période d’entrer en contact avec son univers.

     

    « Les enfants l’adorent, parce que son art et le leur sont similaires », explique-t-il. « Il leur donne la permission d’être eux-mêmes ». Pour Michael Holman, l’influence de Basquiat à New York est palpable dans la rue. « On voit tellement de gens qui ont adopté son style, sa coupe de cheveux », dit-il.

     

    Le chanteur canadien The Weeknd a longtemps arboré les mèches dressées en touffes en hommage au peintre. L’artiste s’inscrit aussi dans la culture actuelle par le biais des textes des plus grands rappeurs, genre dominant aux Etats-Unis en général et chez les jeunes en particulier, notamment chez Jay Z, Kanye West ou ASAP Rocky, pour n’en citer que quelques-uns. « C’est un héros pour les jeunes », assure Michael Holman, « comme Warhol l’était pour ma génération ».

    À l’époque, au cours d’une interview accordée à Cathleen McGuigan pour le New York Times, Jean-Michel Basquiat avait expliqué qu’il rêvait de devenir une star, et non une mascotte de galerie… Il lui aura fallu attendre près de trente ans… après sa mort… pour voir son rêve se réaliser. En effet, Basquiat collectionne depuis quelques années tous les records en terme de prix de vente de ses toiles, en particulier celles datant du début des années 80.

     

    « Untitled » (1982) : 57.285.000 dollars – En découvrant ce tableau pour la première fois, Yusaku Mazawa a aussitôt ressenti une connexion spirituelle avec l’essence de cette œuvre. C’est la raison pour laquelle le collectionneur japonais a décidé d’investir une telle somme pour acquérir cette pièce.

     

    « Dustheads » (1982) : 48.843.752 dollars – Vendue en 2013 par Tony Shafrazi, cette toile initialement estimée par Christie’s à 35 millions de dollars a dépassé toutes les attentes.

     

    « The Field Next to the Other Road » (1981) : 37.125.000 dollars – Très convoité, ce tableau a longtemps été prisé par Christophe van de Weghe. Depuis 1993, le collectionneur a tenté d’acquérir cette toile à deux reprises, en vain.

     

    « Untitled » (1981) : 34.885.000 dollars – Cette œuvre est considérée comme la transition de Basquiat du statut de street artist underground à celui d’icône mondiale. Détenu depuis 1982 par la Annina Nosei Gallery, le tableau a finalement été vendu par Christie en 2014.

     

    « Untitled » (1982): 29.285.000 dollars – Vendu en 2013, ce tableau à l’effigie d’un roi squelette fait partie des œuvres les plus célèbres de Basquiat. Il est passé par de nombreuses galeries de prestige, parmi lesquelles la Annina Nosei Gallery, la Fredrik Roos Collection et la Tony Shafrazi Gallery.

     

    « Untitled » (diptych) (1982) : 28.928.434 dollars – Cet immense tableau de 6 pieds sur 8 a été acheté en 2013 pour près de 29 millions de dollars. Auparavant, il était entreposé depuis 1982 à la Annina Nosei Gallery.

     

    « Untitled » (1981) : 26.402.500 dollars – Vendu en 2012 pour plus de 26 millions de dollars, ce tableau a battu le précédent record de 20,1 millions de dollars.

     

    « Untitled (Yellow Tar and Feathers) » (1982) : 25.925.000 dollars – Ce tableau fait partie d’une collection de tableaux exposée par Basquiat à la galerie Larry Gasgosian de Los Angeles en 1982. Il a ensuite été acheté par un collectionneur privé.

     

    « Undiscovered Genius of the Mississippi Delta » (1983) : 23.685.000 dollars – Cet immense tableau de 15 pieds associe les symboles de l’histoire afro-américaine à une fascinante technique d’expressionnisme abstrait.

     

    « Untitled » (1981) : 20.092.132 dollars – Vendu en 2012, ce tableau fut la première œuvre de Basquiat à dépasser la barre des 20 millions de dollars.

     

    A signaler tout de même qu’une place porte son nom dans le XIIIème arrondissement de Paris…

     

    Sources : Bastien Belloc pour Luxe.netCultureBox

     

     

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  • Collaboration célèbre | Andy Warhol & Jean-Michel Basquiat

     

     

    Suite à sa rencontre avec Warhol en 1980, qui lui fut présenté par le marchand d’art Bruno Bischofberger, Jean-Michel Basquiat entame avec le pape du Pop Art une relation de collaboration qui durera jusqu’en 1985. Le résultat de cette collaboration met en lumière tout ce qui peut être admiré ou réfuté dans ce « Pop Art » des années 80, à savoir les tentatives de « dissoudre » les différences hiérarchiques entre l’art de la rue et la peinture classique, afin de ramener les aspirations monumentales d’Hollywood à un mode plus modeste, plus terre à terre. Andy Warhol disparait le 22 février 1987. Quant à Basquiat, il meurt à Soho le 12 août 1988.