Blog

  • Exposition « Marilyn, encore un instant » à la Galerie de l’Instant à Paris, jusqu’au 13 février 2018

     

     

    Julia Gragnon, directrice de la Galerie de L’Instant, consacre une nouvelle exposition à l‘icône américaine absolue, Marilyn Monroe, avec des clichés inédits de Sam Shaw, Lawrence Schiller ou encore Bert Stern.

     

    Julia Gragnon, fille du grand photographe de « Paris Match » François Gragnon, croyait décidément avoir fait le tour de Marilyn Monroe en lui ayant consacré trois expositions depuis l’ouverture de sa Galerie de l’Instant dans le Marais (Paris), il y a treize ans. Mais c’était sans compter sur des rencontres opportunes, la chance et surtout l’envie de faire partager encore et encore sa passion pour la belle blonde. « Depuis que je suis petite, j’ai toujours aimé Marilyn. C’est quelqu’un que je trouve très émouvant et qui me touche beaucoup », confie-t-elle. Et comme elle est seule maître à bord à la galerie, elle a décidé de se faire plaisir en présentant au public de nouvelles images de Norma Jeane Baker.

    On pensait donc avoir tout vu ou tout entendu sur Marilyn Monroe… La tragédie de sa vie, sa beauté insolente, son jeu, ses hommes…Alors pouvait-il exister encore des images inédites de la star qui auraient échappé au filtre implacable des médias modernes ? Apparemment oui… Car Marilyn fait bel et bien partie de ces rares personnages publics qui fournissent encore de la matière à notre insatiable appétit, même plusieurs décennies après leur disparition. Et face à la profusion des photos de Marilyn, en découvrir des inédites, c’est un peu comme retrouver un Picasso dans un grenier ou découvrir un Chagall au fond d’un tiroir…

     

    « Il faut bien comprendre que Marilyn Monroe a été photographiée toute sa vie. Elle a joué de son image plus que n’importe quelle autre star. J’ai eu la chance d’être invitée par la famille du photographe Sam Shaw à consulter ses archives. Et j’y découvris des images peut-être moins habituelles sur Marilyn. La photo où elle mange un hot-dog, par exemple. A l’époque, personne n’aurait publié ça. On découvre ici une autre facette de Marilyn, moins glamour et sexy, plus mélancolique mais probablement plus proche du personnage réel. »

     

    Julia Gragnon est une chasseuse d’images, capable de parcourir le monde à la découverte de clichés méconnus. Mais la passion ne suffit pas, et il faut aussi pouvoir compter sur des contacts pris lors de ses nombreux voyages, parmi lesquels parfois les enfants ou des membres de la famille des photographes qui ont eu la chance d’immortaliser la star, et qui viennent vers Julia pour lui proposer des photos retrouvées dans les archives de leurs parents. C’est ainsi qu’elle a réussi à réunir tous ces clichés exceptionnels et surtout complètement inédits. Notamment ces photos que Marilyn avait elle-même écartées de sa sélection en les barrant au marqueur rouge, tant l’iconique actrice pouvait être perfectionniste.

     

    « Les croix au marqueur sur les planches-contact ou les diapos, ce sont toutes les photos qu’elle n’a pas choisies et qu’elle ne souhaitait pas voir publier. Le photographe n’a finalement pas respecté sa volonté… D’un côté, c’est amoral parce que c’est malhonnête, mais nous serions passés à côté de photos extraordinaires. Quand on regarde cette photo, la mélancolie qu’elle a dans le regard… Cette autre photo surnommée « le crucifix » est tellement prémonitoire de ce qui va arriver deux mois plus tard. Avec cette croix qui barre la photo, on a l’impression que Marilyn est crucifiée, et quelque part, ça nous renvoie à son histoire personnelle, comme si Marilyn avait été crucifiée sur l’autel de la gloire et du star system… »

     

     

    Marilyn avait une façon de poser face à l’objectif qui était très particulière, toujours avec une précision incroyable. Les yeux mi-clos, la tête vers le haut… Alors ces clichés écartés par Marilyn fournissent la matière à cette exposition exceptionnelle.

     

    « Avec Marilyn, tout était dans le contrôle. Elle avait tellement travaillé cette image parfaite qu’elle renvoyait sans cesse. L’ouverture de la bouche, cette façon de fermer les yeux, cette espèce de glamour posé, elle avait assimilé toutes les techniques. Quand on voit cette dernière séance avec Bert Stern, la plupart des photos sont sur ce mode extrêmement travaillé. Cette séance était une commande du magazine Vogue en 1962, deux mois avant sa mort. Il y a plusieurs jours de shooting, entre mode pure, nu et glamour. »

     

    Cette exposition nous fait donc découvrir de nouveaux trésors, tandis que Marilyn nous emporte avec elle, sa grâce, son sourire, sa mélancolie… comme un puits sans fond ! On connaît, bien sûr, les images de Sam Shaw, surtout celles si célèbres du tournage de « 7 ans de réflexion », avec sa robe volant sur la bouche de métro, qui avait fait scandale à l’époque. Mais surtout, l’exposition nous fait découvrir ici des images méconnues, datant notamment de sa première année de mariage avec le dramaturge Arthur Miller, au printemps 1957…

     

    « On présente aussi beaucoup de photos de tournage, notamment à la période du « Milliardaire », ou encore des clichés plus personnels, avec Yves Montand ou lors d’un diner en compagnie de Simone Signoret, Montand et Arthur Miller. On plonge ici au coeur de ce huit-clos entre ces quatre personnages. Tout le monde sait ce qui se passe entre Marilyn et Montand, et tout le monde joue à faire semblant, comme si de rien n’était. Une série assez étonnante… »

     

    On y découvre une Marilyn joyeuse, resplendissante, sans doute à un des meilleurs moments de sa vie, dansant dans son jardin comme une enfant, se promenant dans New York, s’arrêtant pour prendre un hot dog, se reposant sur une fontaine… On est loin des poses figées de la star inaccessible, et s’y révèle une femme épanouie, facétieuse et amoureuse. Des photographies plus naturelles, plus en phase avec leur époque…

     

    « C’est quelqu’un qui n’a pas eu une vie facile. On parle actuellement beaucoup de l’affaire Weinstein. Je pense que des affaires Weinstein, Marilyn en avait sans doute beaucoup dans ses dossiers. C’était une autre époque, très violente pour les femmes. Pour réussir, il fallait vraiment être forte et prête à tout… »

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] La Galerie de l’Instant

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Marilyn Monroe, sa dernière séance

     

     

     

  • Pierre Bonnard : L’amandier en fleurs (1946)

     

     

    « L’amandier en fleurs » est le dernier tableau peint par Pierre Bonnard en 1946, un an avant sa mort. Nous évoquerons ici le chef-d’œuvre absolu, une puissance inouïe dans un tout petit format, 55 cm, alors que Bonnard a plutôt composé d’immenses toiles.

    « Tu ne sais pas, leur disait-il, ce qu’est un arbre. J’en ai vu un qui avait poussé par hasard dans une maison abandonnée, un abri sans fenêtres, et qui était parti à la recherche de la lumière. Comme l’homme doit baigner dans l’air, comme la carpe doit baigner dans l’eau, l’arbre doit baigner dans la clarté. Car planté dans la terre par ses racines, planté dans les astres par ses branchages, il est le chemin de l’échange entre les étoiles et nous. Cet arbre, né aveugle, avait donc déroulé dans la nuit sa puissante musculature et tâtonné d’un mur à l’autre et titubé et le drame s’était imprimé dans ses torsades.

    Et je le voyais chaque jour dans l’aube se réveiller de son faîte à sa base. Car il était chargé d’oiseaux. Et dès l’aube commençait de vivre et de chanter, puis, le soleil une fois surgi, il lâchait ses provisions dans le ciel comme un vieux berger débonnaire, mon arbre maison, mon arbre château qui restait vide jusqu’au soir… »

    Antoine de Saint Exupéry, Citadelle, 1948

     

    Porté par l’obsession des paysages et des scènes d’intérieur, Pierre Bonnard aura pratiqué l’art sous des formes multiples, défendant une esthétique essentiellement décorative, nourrie d’observations incisives et pleines d’humour tirées de son environnement immédiat. Sa femme Marthe sera d’ailleurs un de ses modèles récurrents.

    Mais ce qui fait le charme de Pierre Bonnard, un des grands maîtres de la peinture du XXème siècle et l’un des principaux acteurs de l’art moderne, c’est la présence, derrière la palette vive et lumineuse, d’une angoisse et de mystères donnant aux scènes de vie irradiantes de couleurs, une autre dimension.

     

     

    © RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Droits Réservés

     

     

     

  • Une perle de Jean d’Ormesson

     

     

    Une Perle de Jean d’Ormesson…

     

    Que vous soyez fier comme un coq
    Fort comme un bœuf
    Têtu comme un âne
    Malin comme un singe
    Ou simplement un chaud lapin
    Vous êtes tous, un jour ou l’autre
    Devenu chèvre pour une caille aux yeux de biche
    Vous arrivez à votre premier rendez-vous
    Fier comme un paon
    Et frais comme un gardon
    Et là… Pas un chat !
    Vous faites le pied de grue
    Vous demandant si cette bécasse vous a réellement posé un lapin
    Il y a anguille sous roche
    Et pourtant le bouc émissaire qui vous a obtenu ce rancard
    La tête de linotte avec qui vous êtes copain comme cochon
    Vous l’a certifié
    Cette poule a du chien
    Une vraie panthère !
    C’est sûr, vous serez un crapaud mort d’amour
    Mais tout de même, elle vous traite comme un chien
    Vous êtes prêt à gueuler comme un putois
    Quand finalement la fine mouche arrive
    Bon, vous vous dites que dix minutes de retard
    Il n’y a pas de quoi casser trois pattes à un canard
    Sauf que la fameuse souris
    Malgré son cou de cygne et sa crinière de lion
    Est en fait aussi plate qu’une limande
    Myope comme une taupe
    Elle souffle comme un phoque
    Et rit comme une baleine
    Une vraie peau de vache, quoi !
    Et vous, vous êtes fait comme un rat
    Vous roulez des yeux de merlan frit
    Vous êtes rouge comme une écrevisse
    Mais vous restez muet comme une carpe
    Elle essaie bien de vous tirer les vers du nez
    Mais vous sautez du coq à l’âne
    Et finissez par noyer le poisson
    Vous avez le cafard
    L’envie vous prend de pleurer comme un veau
    (ou de verser des larmes de crocodile, c’est selon)
    Vous finissez par prendre le taureau par les cornes
    Et vous inventer une fièvre de cheval
    Qui vous permet de filer comme un lièvre
    C’est pas que vous êtes une poule mouillée
    Vous ne voulez pas être le dindon de la farce
    Vous avez beau être doux comme un agneau
    Sous vos airs d’ours mal léché
    Faut pas vous prendre pour un pigeon
    Car vous pourriez devenir le loup dans la bergerie
    Et puis, ç’aurait servi à quoi
    De se regarder comme des chiens de faïence
    Après tout, revenons à nos moutons
    Vous avez maintenant une faim de loup
    L’envie de dormir comme un loir
    Et surtout vous avez d’autres chats à fouetter.

    Billet d’humour de Jean d’Ormesson en hommage à la langue française

     

     

     

  • Hello My Game Is…

     

     

    Depuis vingt ans, Invader a réussi à « coller » sur les murs du monde entier pas moins de 3500 « Space Invaders ». Des interventions qu’il nomme des « Invasions ». Parmi ses performances, une invasion du Louvre, et même une invasion de l’espace en 2014, avec une de ses mosaïques qui a embarqué à bord d’un vaisseau spacial lancé par Ariane 5.

     

    Ses oeuvres, vous les connaissez probablement sans le savoir. Si en levant les yeux à Paris, Montpellier ou encore Londres, vous avez aperçu des carreaux de faïence utilisés à la manière de « Pixels » pour reproduire un personnage de jeu vidéo, alors vous connaissez au moins l’une des oeuvres d’Invader, qui a commencé à « coller » près de la place de la Bastille en 1996. Au Musée en Herbe, on peut ainsi s’arrêter devant une mappemonde répertoriant toutes les invasions réalisées par Invader lui-même.

     

    « J’ai connu quelques moments difficiles… Etre attrapé en flagrant délit de collage, et voir sa pièce arrachée, encore fraiche. Au Japon, c’est encore pire, je suis recherché par les autorités et je ne peux donc plus m’y rendre. Ce que je fais depuis vingt ans, d’une certaine manière, est politique. A savoir revendiquer l’espace public comme un espace de création. C’est aussi lutter contre la publicité omniprésente. Dans une ville, on trouve de la publicité partout, mais finalement très peu d’art. »

     

    Invader se définit donc comme un hacker de l’espace public, qui a réussi comme Banksy à préserver son anonymat. Il est ainsi masqué à chacune de ses apparitions publiques.

     

    « Au début, c’était surtout pour des raisons de sécurité. Il pourrait y avoir beaucoup de plaintes à mon encontre si je révélais mon nom et mon adresse. Et peu à peu, le personnage d’Invader a fini par s’installer dans mon oeuvre. Je réalise aujourd’hui que cet anonymat m’offre une complète liberté. »

     

    Avis aux fans, des mosaïques extrêmement fragiles et une colle très forte rendent le vol des « Space Invaders » presque impossible…

     

    Avec l’exposition « Hello My Game Is… », le Musée en Herbe est donc devenu le nouveau terrain de jeu d’Invader. Les jeunes visiteurs et leurs parents sont invités à s’immerger dans l’univers de l’artiste à travers un parcours thématique dévoilant plus d’une centaine d’œuvres inédites. Des bornes d’arcade, une grande carte du monde interactive, des tableaux en Rubik’s cubes, un mur de magnets et bien d’autres installations leur permettront de jouer avec l’œuvre d’Invader. Une occasion unique de marcher dans les pas d’un des pionniers du Street Art, dont l’œuvre a maintes fois fait référence à l’univers de l’enfance.

    Invader « entre des murs », ce n’était pas arrivé à Paris depuis 2011 !

     

    [youtube id= »LYruJ-0EgBc » align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

     

    Le Musée en Herbe

    23, rue de L’Arbre-Sec
    75001 Paris

    Ouvert du lundi au dimanche de 10h à 19h sans interruption, vacances et jours fériés.
    Nocturne le jeudi jusqu’à 21h
    Fermeture exceptionnelle les 24 et 31 décembre à 17h
    Fermeture les 25 décembre et 1er janvier

     

     

     

     

  • Colorama, retour sur la « Kodak Way of Life »

     

     

    À l’origine de la collection Colorama, les immenses images Kodak rétroéclairées, exposées dans le hall de Grand Central à New York de 1950 à 1990. La firme américaine y proclamait ainsi sa toute-puissance photographique. Alors utilisés comme espaces publicitaires dans la mythique gare ferroviaire de Manhattan, les clichés placardés étaient des transparents aux dimensions exceptionnelles de 18 mètres de large sur 6 mètres de haut. Du jamais vu dans le monde de la photographie.

     

    Par leurs mises en scènes spectaculaires, presque surréalistes, ces panoramiques conçus à l’origine comme des outils de communication au service de la promotion des pellicules et des appareils de prise de vue de la marque Kodak sont peu à peu devenus un véritable feuilleton au long cours. Le Kodak Colorama Display a su mettre en scène pendant plus de 40 ans l’histoire de la famille idéale, sans contradiction ni contestation. Ces clichés géants furent ainsi l’expression lisse et consensuelle du rêve américain d’après-guerre, son versant le plus aimable et le plus universellement adoptable.

    Les images de la collection Colorama servaient avant tout à la promotion commerciale des produits de la firme Kodak, que l’on aperçoit d’ailleurs dans chaque mise en scène. Mais ces panoramas en appellent surtout au thème commun et classique du passage du temps, pour mettre en valeur la fonction de l’appareil photo, moyen de saisir et de conserver les meilleurs instants d’une vie, qu’il s’agisse d’anniversaires, de réunions de famille, de mariages ou de scènes de vacances.

    Ces clichés monumentaux, par leur esthétique et leur ambition, dépassent ainsi le simple constat publicitaire et la prouesse technologique. Ils racontent aussi l’histoire d’une famille idéale et dispensent un discours volontairement patriote et conservateur sur l’Amérique des années 50. Dans cette promotion du fameux « American Way of Life », la contre-culture semble inexistante et tout semble tellement pur derrière les couleurs éclatantes et les sourires figés de personnages enjoués.

    A découvrir…

     

     

     

     

  • Loes Heerink : Vendors From Above

     

     

    En 2015, la photographe hollandaise Loes Heerink a eu l’idée lumineuse d’une série de photographies plutôt inventive et bien pensée intitulée « Vendors from Above ». En se plaçant sur des ponts de la ville de Hanoi, elle saisit ainsi vu d’en haut les vendeurs ambulants à vélo. Résultat : des clichés étonnants et bigarrés qui constituent à eux seuls une bien belle invitation au voyage.

     

    La patience… Voici l’élément clé qui a permis à la jeune photographe hollandaise de saisir ces vendeurs de rue à Hanoï. Installée depuis quelques années au Vietnam, Loes Heerink a souhaité à travers cette série photo partager la beauté de ce spectacle ambulant. Vus d’en haut, ces marchands de rue sont de véritables œuvres d’art. La composition et les couleurs des marchandises qu’ils transportent sont autant de patchworks qui donnent des clichés vraiment uniques !

    Pour réaliser « Vendors from Above », elle a parfois du passer des heures à attendre, installée en haut d’un pont de la capitale du Vietnam. La majorité des vendeurs de rue de Hanoï sont des migrants. Pour rendre hommage à ces femmes, Loes Heerink a souhaité réunir ses clichés dans un livre photo et lançait ainsi une campagne Kickstarter en 2016 afin de financer son projet.

    Découvrons à présent ces magnifiques photos hautes en couleur…

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Loes Heerink Official

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Loes Heerink Kickstarter

     

     

     

  • Lino Ventura, une gueule de cinéma

     

     

    Lino Ventura demeure à travers ses films, 30 ans après sa mort. Le Musée des Avelines, musée d’art et d’histoire de la ville de Saint-Cloud, rend hommage à un des monuments du cinéma français, du 12 octobre 2017 au 21 janvier 2018.

     

    L’exposition s’attache ainsi à retracer le parcours atypique de Lino Ventura, dès son entrée dans la profession, et le rôle décisif qu’il joua auprès d’acteurs aujourd’hui ancrés dans l’histoire du cinéma français, comme Jean-Paul Belmondo ou encore le réalisateur Claude Sautet.

    Affiches, photographies, documents d’archives, témoignages, musiques de films, objets, scénarios et projections d’extraits jalonnent le parcours de cette rétrospective exceptionnelle, en évoquant la carrière de ce monstre sacré du cinéma français.

    Différentes salles du Musée des Avelines sont consacrées à ses amitiés avec des comédiens (Gabin notamment), et les réalisateurs avec lesquels il a tourné, de Becker à Verneuil, de Miller à Lelouch, de Pinoteau à Melville, de Malle à Lautner, de Deray à Hossein, ou encore de Sautet à de La Patellière… passant ainsi du polar à la comédie pure, du film d’aventure au drame.

    L’exposition retrace ainsi la carrière de Lino Ventura, acteur populaire et pudique, qui a joué dans plus de 70 films, dont nombre de chefs d’oeuvre et autant d’immenses succès publics. A ne pas manquer…

    Et s’il était encore besoin de vous convaincre, replongeons dans quelques-uns des grands rôles de cet acteur mythique.

     

    ✓ « Touchez pas au Grisbi » de Jacques Becker, en 1954. Lino Ventura y fait ses débuts, tandis que Gabin y achève sa traversée du désert.

    [youtube id= »TmhSqDQ8vpI » align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

    ✓ « Ascenseur pour l’échafaud » de Louis Malle, en 1958

    [youtube id= »SjfQWZ84_bw » align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

    ✓ « Classe tous risques » de Claude Sautet, en 1960

    [youtube id= »6vzYX9zj2CQ » align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

    ✓ « Un Taxi pour Tobrouk » réalisé par Denys de La Patellière, en 1961

    [youtube id= »MSRKFlftTzw » align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

    ✓ « Les Tontons Flingueurs » de Georges Lautner en 1963, sur un scénario d’Albert Simonin et des dialogues de Michel Audiard, avec Lino Ventura, Bernard Blier, Jean Lefebvre et Francis Blanche…

    [youtube id= »Lbe0s5-yT50″ align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

    ✓ « Cent mille dollars au soleil » d’Henri Verneuil, en 1964, l’adaptation au cinéma du roman de Claude Veillot, « Nous n’irons pas en Nigeria »…

    [youtube id= »1VLRGUF_mrQ » align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

    ✓ « Les Grandes Gueules » de Robert Enrico, en 1965

    [youtube id= »PH9z7oS7DrY » align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

    ✓ « Les Aventuriers » de Robert Enrico, en 1967

    [youtube id= »22BN3BZyXzo » align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

    ✓ « Dernier domicile connu » de José Giovanni, en 1970

    [youtube id= »gunuhpT95aU » align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

    ✓ « L’Aventure c’est l’aventure » de Claude Lelouch, en 1972

    [youtube id= »nRJE_e1pUxI » align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

    ✓ « La Bonne Année » de Claude Lelouch, en 1973

    [youtube id= »tI9iuRlq6bY » align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

    ✓ « L’Emmerdeur » d’Édouard Molinaro, avec Jacques Brel et Lino Ventura, en 1973

    [youtube id= »sWkgOePEGL0″ align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

    ✓ « La Gifle » de Claude Pinoteau, en 1974

    [youtube id= »FADpEk6_qb0″ align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

    ✓ « Adieu Poulet » de Pierre Granier-Deferre, en 1975

    [youtube id= »nKquc-abk7A » align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

    ✓ « Garde à Vue » de Claude Miller, en 1981

    [youtube id= »K-WjtynpplA » align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

    ✓ « Les Misérables » de Robert Hossein, en 1982

    [youtube id= »JTPTVX8TGLk » align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

     

     

  • Oscar Wilde : Le portrait de Dorian Gray

     

     

    « J’ai les goûts les plus simples, je me contente du meilleur »

     

    Le 30 novembre 1900 mourait Oscar Wilde, l’un des plus grands écrivains irlandais. Une vie sulfureuse et une œuvre universellement reconnue comme immense, font de lui un écrivain fascinant. Ses pièces de théâtre, romans, nouvelles, poèmes montrent un esthète éperdu et un maître de l’écriture.

    « La beauté, la vraie beauté, s’achève là où l’air intellectuel commence. L’intellectuel est en soi une façon d’exagérer et il détruit l’harmonie de n’importe quel visage. Dès qu’on s’assied pour réfléchir, on ne devient plus qu’un nez, ou qu’un front, ou quelque chose d’horrible. Regarde les gens qui ont du succès dans toutes les professions savantes : ils sont tous parfaitement hideux ! Sauf bien sûr, dans l’Église, mais c’est que, dans l’Église, ils ne réfléchissent pas. »

    « Le Portrait de Dorian Gray » est l’unique roman d’Oscar Wilde. Il le publie dans sa version définitive en 1891. Cette œuvre hédoniste lui vaut une très grande notoriété, mais une partie du public anglais sera choquée par l’immoralité du héros. Les nombreuses polémiques qui s’ensuivront ne feront que renforcer le succès de Wilde.

    Dans sa préface, Oscar Wilde y développe sa théorie artistique…

     

    « Dire d’un livre qu’il est moral ou immoral n’a pas de sens. Un livre est bien ou mal écrit, c’est tout. »

     

    Ce roman a pour héros Dorian Gray, un dandy émerveillé par sa jeunesse et sa beauté, et qui mène une vie dissolue.

    « Comme c’est triste ! Je vais devenir vieux, horrible, effrayant. Mais ce tableau n’aura jamais un jour de plus qu’en cette journée de juin… Si seulement ce pouvait être le contraire ! Si c’était moi qui restais jeune, et que le portrait lui vieillit ! Pour obtenir cela, pour l’obtenir, je donnerais tout ce que j’ai ! Oui, il n’y a rien au monde que je refuserais de donner ! Je donnerais mon âme pour l’obtenir ! »

    Tels sont les mots que prononce le héros en admirant son propre portrait, que vient d’exécuter Basil Hallward, son ami peintre. Il tremble en pensant à sa jeunesse que le temps va emporter. Erreur funeste, car son vœu sera exaucé : l’aristocrate anglais va, certes, pouvoir rester éternellement jeune, mais ce vœu a un coût : c’est son portrait qui vieillira à sa place et qui sera progressivement marqué par les ans, les vices et les crimes.

    Mesurant mal les conséquences de ce pacte, Dorian Gray célèbre les joies du temps présent. Libéré de tout obstacle, il goûte les plaisirs faciles. Très rapidement, il est gagné par la débauche et la dépravation et ne prône que jouissance, cynisme et perversion. Incapable d’éprouver le moindre remords, il ne craint pas de devenir un assassin. Si les années passent, le visage éblouissant de Dorian Gray, lui, ne subit aucune altération. C’est son portrait, protégé de tout regard, qui accumule les stigmates de sa dépravation.

    Un soir, Dorian Gray prend peur devant cet horrible tableau. Dans un geste désespéré, il le lacère avec un poignard. En fait, ce couteau, c’est  son propre coeur qu’il transperce. Au même moment, son visage se métamorphose en celui du vieillard qu’il aurait dû être, abîmé par les cicatrices de la débauche. Le portrait, lui, reprend son éclat originel : celui d’un jeune homme à la beauté insolente.

     

    Le portrait de Dorian Gray (The Picture of Dorian Gray, 1890) traduit de l’anglais par Vladimir Volkoff

     

     

     

  • Petit Biscuit, le jeune prodige de l’électro, confirme son talent sur son premier album, « Presence »

     

     

    Révélé via la plateforme de streaming musical Soundcloud il y a 18 mois avec « Sunset Lover », une ritournelle électronique qui cumule désormais 350 millions d’écoutes sur le net, Petit Biscuit vient de sortir « Presence », son tout premier album, le jour même de ses 18 ans. Avec ce disque varié, le jeune prodige rouennais affirme son style et impressionne. Rencontre…

     

    Une double formation : classique et autodidacte

    Comment naissent les prodiges musicaux ? Petit Biscuit pratique la musique depuis l’âge de cinq ans, à sa demande. Pourtant, ni ses parents ni personne de sa famille n’est musicien. « J’avais demandé à ma mère de faire du violoncelle, je ne sais plus trop pourquoi. J’avais sans doute confondu avec le violon puisqu’il m’a semblé alors qu’il y avait erreur sur la marchandise », se souvient-il.

    « Mais au final, j’ai préféré le violoncelle parce que c’était plus original comme instrument et plus élégant, ça me parlait ». Il n’a jamais arrêté depuis, et il s’est même mis à jouer du piano et de la guitare, de façon autodidacte, à l’âge de 8 et 9 ans. A 13 ans, il composait sur son ordinateur, dans sa chambre. Aujourd’hui, il maîtrise tous ces instruments, mais aussi les percussions, les instruments électroniques, et s’avère même convaincant au micro – il chante sur deux titres de son premier album, en particulier sur « On The Road ».

     

     

    Fraîcheur et poésie digitale

    Avec « Sunset Lover », un titre électronique frais et doux au refrain entêtant, posté sur Soundcloud sans trop y croire il y a 18 mois, Petit Biscuit a fait mouche. Il a depuis sorti un EP, écumé les festivals et joué devant des centaines de milliers de personnes dans le monde entier. Vendredi 10 novembre, le jour même de ses 18 ans, il publiait son premier album, « Presence »,  un 14 titres d’une grande richesse. On y retrouve son style singulier couplant mélodies obsédantes bien marquées et foisonnement de textures et de rythmiques. Des chansons synthétiques à la croisée de la techno, de l’ambient et de la trap music, particulièrement bien pensées et bien construites, piquées d’influences globales et d’instruments classiques.

    Des petits bijoux de poésie digitale plutôt contemplatifs, mais sur lesquels on peut désormais aussi danser, comme sur « Problems », un R&B très réussi, avec le producteur Lido au micro, ou « Gravitation », une ballade trépidante dans le cosmos en compagnie de Mome et de Isaac Delusion. Et surtout sur notre coup de cœur, la merveille « Waterfall » avec Panama en featuring, un hit exaltant qui donne envie de tout lâcher pour aller tourbillonner dans les étoiles ou plus prosaïquement sur le dance-floor.

    Des yeux de chat rieurs, un visage enfantin aux cheveux bouclés en bataille sur une longue silhouette, Petit Biscuit, Medhi de son vrai prénom, parle comme un adolescent, mais il a pourtant mûri à grande vitesse ces derniers mois : avant sa majorité, il a déjà dû faire des choix essentiels. Et il a opté pour l’indépendance : cet auteur, compositeur, producteur et interprète est désormais à la tête de son propre label, Petit Biscuit Music.

     

    [youtube id= »SldXr6mQ4zo » align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

    Interview

    Dans quel état d’esprit as-tu réalisé cet album, qu’est-ce qui a guidé ton travail ?

    Je l’ai fait dans des états d’esprit très différents, c’est pour ça qu’il est très varié. Je dis souvent qu’il est schizophrénique, parce que tu passes de la plus pure poésie à un déchaînement extrême, sur « The End » notamment. Je pense qu’on y retrouve le Petit Biscuit qu’on connait, et qu’on en découvre d’autres facettes, notamment le côté pulsionnel, un peu plus tribal, comme sur le titre « Break Up », un morceau entre world et trap music avec une basse, des percussions et une voix qui prend toute la place. J’ai voulu du changement, il y a une grosse évolution, avec pas mal de morceaux plus trap et plus hip hop qu’avant. Je faisais de la musique assez ambient avec « Sunset Lover » et maintenant c’est de la musique beaucoup plus en mouvement.

    L’as-tu pensé pour le live ?

    C’est un album qui a été pas mal pensé pour le live. Parce que j’ai fait beaucoup de live depuis un an et demi et ça a totalement changé ma vie. Ça m’a fait considérer la musique autrement. Je suis passé du côté un peu statique de « Sunset Lover » à quelque chose de plus mouvementé, avec des rythmiques beaucoup plus fortes, des basses plus profondes. Les breaks et les grosses montées sont pensés pour le live. C’est là où la chanson et l’EDM se mélangent. Mais cet album, je l’ai surtout pensé pour moi. Il est beaucoup plus moi que ce que je faisais avant.

    Dirais-tu que tu te cachais auparavant ?

    Oui, je me cachais sous une espèce de pop music jolie, je tentais d’atteindre une beauté universelle. Maintenant c’est beaucoup plus vivant, plus nuancé, il y a une progression au sein des morceaux. Sur des titres comme « Presence », l’évolution est assez flagrante, ce n’est jamais pareil du début à la fin : ça passe de quelque chose de très beau, d’assez orchestral, à une basse qui vient tout casser, tu as un break apocalyptique et ça repart sur une basse et un synthé encore plus déchainés. C’est un combat.

    L’idée c’était plutôt de transmettre le côté yoyo émotionnel  ?

    Oui, de toute façon, une carrière musicale, c’est un yoyo émotionnel, parce que tu as beaucoup de bonheur mais aussi de gros moments de stress et de fatigue. Tu passes par toutes les émotions et j’ai l’impression que quand tu commences à te lancer dans de l’artistique, tu deviens encore plus exposé, tu ressens les choses dix fois plus fortement que les autres. D’ailleurs pour moi, le thème de l’album, c’est une prise de maturité.

     

    [youtube id= »zLsYpniBbDw » align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

    En quoi as-tu changé depuis « Sunset Lover » ?

    Il y a un an et demi, quand je disais en interview que j’avais du vécu, je me rends compte que c’était faux. Maintenant je peux le dire parce que pendant un an et demi il s’est passé des choses vraiment extraordinaires, je suis allé jouer aux quatre coins du monde, je me suis réveillé dans le tour bus roulant en plein désert aux Etats-Unis, comme dans un autre monde. J’ai fait énormément de rencontres, des gens plus gentils les uns que les autres, des gens un peu plus requins aussi, mais je m’en suis séparé vite fait. J’ai dû décider si je restais indé (je le suis resté), ou si je choisissais de déléguer toute une partie de mon travail pour me concentrer sur l’artistique. J’ai beaucoup appris. Tout ça a forgé mon esprit. Je pense que c’est ça la vraie prise de maturité et ça se retrouve forcément dans ma musique de façon indirecte.

    Comment travailles-tu ? Tu joues sur des instruments, tu enregistres des voix et ensuite tu les retravailles ?

    Ce n’est pas tout le temps pareil : en général je pars d’une mélodie assez forte, d’un gimmick que je joue soit au synthé direct, qui correspond bien à la mélodie, soit au piano, soit à la guitare, soit même au violoncelle comme sur « Beam ». Pour ce titre j’ai enregistré sur une sorte de violoncelle que j’ai ensuite trafiqué, c’est la première fois que je fais ça, donc c’est un peu exceptionnel. Composer c’est plein de manières différentes de créer un gimmick, quelque chose qui reste en tête,  et de créer autour.

    Où nourris-tu ton goût pour la world music dont tu parsèmes certains morceaux ?

    Ca vient de partout. C’est world parce que c’est traditionnel, mais c’est surtout hors du temps. Il n’y a pas une destination en particulier dont je me nourris parce que j’ai envie qu’on ne sache pas d’où ça vient. Certains vont dire que ça sonne indien, d’autres que c’est oriental. C’est juste partir à la découverte, être curieux de la différence. Il y a un côté ultra élégant et intemporel dans la world music.

     

    [youtube id= »nOQh4NXZ2wo » align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

    Qui t’a donné envie de te lancer dans la musique électronique ?

    Sans doute Bonobo, Flume et Porter Robinson. Mais c’est surtout la myriade de petits artistes que je ne cite pas mais que j’ai vus se lancer dans l’électronique sur Soundcloud qui a déclenché mon envie. En fait, les grands artistes sont un peu des gourous, tu les respectes, mais les petits artistes tu te dis que ça pourrait être toi. C’est donc plutôt eux qui m’ont décidé en me montrant que je n’étais pas tout seul à me lancer.

    Tu aimes beaucoup le rap américain, pourquoi n’as-tu aucun rappeur en featuring sur ton album ?

    J’ai sûrement quelques idées en tête pour la suite (dit-il en rosissant un peu, l’air mystérieux). Aux Etats-Unis et en Angleterre, beaucoup de rappeurs se mettent à rapper sur de l’électronique, comme Asap Rocky sur Mura Masa ou Flume. Le producteur prend une place plus forte qu’avant où il n‘était même pas cité. Aujourd’hui, le producteur inspire même les textes des rappeurs. Pour le moment, je me concentre sur mon projet mais je pourrais produire par la suite. Il faudrait qu’on amène en France ce mouvement. Produire est toujours intéressant. Mais si tu fais juste une instru pour un rappeur c’est un simple exercice. Tandis que si tu as une réflexion commune avec le rappeur afin qu’il y ait une cohérence entre l’instru et les textes, là ça devient intéressant, ça devient de l’artistique.

     

    [youtube id= »TOfTsI4joOs » align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

    Tu étais en terminale S au printemps, quelles études fais-tu maintenant ?

    J’évite désormais de parler de mes études. En fait j’essaye de faire des études, mais c’est très compliqué et du coup je n’ai pas envie que les gens sachent où je suis, ça m’a déjà posé des problèmes au lycée. Surtout, on a trop parlé de mes études et de mon âge, et pas assez de ma musique dans certains médias. Ils en ont fait le principal atout du projet alors que je n’ai pas envie que ça soit ça. Alors disons que le plan A c’est de faire de la musique mon métier. Mais j’ai aussi un plan Z. Et faire des études me permet de m’ouvrir à d’autres gens et d’autres choses.

    Tu fais une tournée des Zénith ce mois-ci (voir dates ci-dessous), tu as le trac ?

    Je suis prêt mais c’est un tout nouveau show, alors il y a toujours le petit trac des premières. Je suis carrément excité de proposer ça parce que c’est un album pensé pour le live. Il y aura du spectacle, avec des visuels superbes réalisés par mon copain Quentin Deronzier. C’est un show très préparé en amont. Certains disent qu’ils préfèrent sentir que c’est fait en direct mais pour moi il y a une petite part de science dans un show avec des moments ultra cadrés. Bien sûr, je joue beaucoup en live même si je lance certaines séquences en playback parce que je ne peux pas tout faire en même temps. Sur scène, il y aura davantage de spectacle qu’avant parce que j’ai réfléchi à l’effet que ça allait produire sur les spectateurs. Ce qui m’intéresse c’est que le public comprenne bien ce que je joue pour faire monter la pression et ménager des effets de surprise.

     

    Album « Presence » de Petit Biscuit (Petit Biscuit Music / Believe Digital) est sorti vendredi 10 novembre 2017

     

    Petit Biscuit est en tournée des Zénith
    ✓ Le 14 novembre à Lille
    ✓ Le 16 novembre à Nantes
    ✓ Le 20 novembre à Toulouse
    ✓ Le 21 novembre à Paris

    Il sera aussi le 27 novembre à Bruxelles, le 1er février à Rouen et le 3 février à Bordeaux

     

    Article par Laure Narlian, journaliste et responsable de la rubrique Rock-Electro-Rap de Culturebox.

    Photo à la Une © Jonathan Bertin

     

     

  • Ines de la Fressange : « Si la mode n’est pas un art, Azzedine Alaïa était un artiste »

     

     

    Ines de la Fressange, qui a défilé plusieurs fois pour Azzedine Alaïa, se souvient du couturier, décédé ce samedi 18 novembre à l’âge de 77 ans.

     

    « Jeune mannequin, je me souviens de ce petit bonhomme dans les coulisses effervescentes des défilés Thierry Mugler, arrivant les bras chargés de manteaux qu’il venait de terminer ; toutes les filles semblaient le connaître, criaient son prénom, l’embrassaient et plaisantaient avec lui : Azzedine ! Azzedine ! Avant d’apprendre que cette petite silhouette noire embellissait les femmes, j’ai vu d’abord comme elles l’aimaient.

    Plus tard, inconnu du grand public mais ami et complice d’Arletty, nous allions, nous les mannequins, rue de Bellechasse dans le petit appartement d’Azzedine où il habitait, mais où se trouvait aussi son bureau et son atelier, afin de faire les essayages pour son petit défilé qui se passait dans ce même lieu. Azzedine savait coudre, couper, draper, mais cet extrême professionnalisme était toujours ponctué d’humour, d’éclats de rire, d’histoires, de souvenirs racontés, de blagues, de coup de rouge, de bons petits plats.

    Il aimait les femmes, il en avait connu beaucoup, de toutes sortes de milieux et aimait, entre autres, se souvenir de cette petite employée de maison qu’il avait relookée avec juste un petit pull col en V et une épingle à nourrice, mais aussi de ces grandes bourgeoises des années 60.

    Il n’avait pas de sous pour nous payer à l’époque, nous le savions mais pour lui, évidemment, on défilait gratuitement. En revanche, comme il était un gentilhomme, il nous offrait une robe : une façon de remercier mais lorsqu’il disait « cela me fait plaisir », on sentait la sincérité. A l’époque ses vêtements étaient sur commande et sur mesure, j’ai donc choisi une robe et nous étions convenus d’un premier essayage. Pas de premier d’atelier, Azzedine se chargeait de tout.

    Là, devant le miroir, enfilant cette robe de jersey qui était un body avec deux pans qui se drapaient en se croisant derrière, je me suis redressée, cambrée, j’ai mis mes épaules en arrière et, je dois le confier, je me suis… admirée. Azzedine était derrière moi et j’ai vu ce petit sourire espiègle ; il avait compris cette seconde de satisfaction narcissique, constaté une soudaine féminité, apprécié le changement soudain d’attitude, son petit tour de magie avait fonctionné. Voilà ce qu’il aimait, trouver la petite bonne femme en vous grâce à sa robe et faire sortir cette féminité coquine, glamour et si parisienne.

     

    Si la mode n’est pas un art, Azzedine était un artiste, il avait son monde, ses goûts, son panthéon de femmes qu’il admirait et très vite, il a refusé ce système qui ne lui convenait pas.

     

    Avec sagesse, Azzedine a compris que ce qu’il aimait était son travail, sa liberté, ses amis, ses chiens, Paris, le talent, la qualité, l’excellence. L’argent ou même les honneurs, il n’en avait que faire et très poliment il envoyait promener les cons. Pas étonnant que sa grande amie ait été Arletty : lui le Tunisien avait cet esprit gavroche, la gouaille et l’humour d’un titi parisien.

    Aujourd’hui, il laisse de nombreux amis avec un immense chagrin : Tina Turner, Naomi Campbell, Gilles Bensimon, Leila Menchari, son amie de toujours, mais aussi toutes ces femmes dont les amoureux ignorants de la mode aimaient lorsque leur femme étaient habillée en Alaïa.

    Il part et emporte avec lui un peu de l’esprit parisien, les souvenirs de la haute couture des années 60, un grand sac de frivolité et de joie de vivre, un manuel épais de connaissance de la couture et du tissu. Lui qui ne s’habillait que d’un petit costume chinois noir va devoir adopter le blanc pour ses ailes en papier de soie.

    Les enfants du paradis se regroupent : en leur racontant des histoires drôles, Azzedine doit déjà être en train de relooker les anges !

    Arrivederci Maestro !

    Ines. »

     

    Article par Marion Dupuis pour le Figaro Madame