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  • Coming World Remember Me : Le LandArt au service du souvenir de la première Guerre

     

     

    Belgique, 1918. Une zone de front pendant la guerre entre les lignes allemandes et les positions anglaises. Une colline, The Bluff, vaillamment défendue face à l’ennemi. Et des combats, forcément sanglants et meurtriers. Un No Man’s Land entre deux zones arborées, troué par les explosions de mines et les tunnels. Jonché de cadavres de soldats.

     

    En souvenir de ces hommes ayant combattu sur ces terres durant la première guerre mondiale, s’est montée une impressionnante exposition de LandArt, « Coming World Remember Me », imaginée par Jan Moeyaert, un concepteur de projets artistiques. 600.000 statuettes en argile représentant chacune une vie. C’est le lourd tribu payé par la Belgique pendant ces années sombres. Il aura fallu neuf années pour que le projet se concrétise.

    D’abord, élaborer une liste de noms. Puis trouver autant de volontaires qui, en finançant chacun une statuette, deviendront le grand-père ou la grand-mère d’un de ces soldats, créant ainsi un lien vivant d’affection à travers le temps. Enfin, mobiliser des milliers de volontaires, 170.000 au total, de toutes nationalités (Belges, Français, Australiens, Anglais, Canadiens…)  pour réaliser, dans des ateliers, ces 600.000 figurines en terre cuite, installées ensuite une par une sur le sol par 4.000 volontaires. Une marée humaine recouvrant un ancien no man’s land. La vie là où il n’y avait que mort et souffrance…

    De la plateforme des visiteurs, on peut prendre la mesure de cet immense champ désertique entre deux lignes de forêt. Les centaines de milliers de statuettes permettent de visualiser avec effroi l’ampleur du carnage humain. De cette nature aujourd’hui paisible remontent les cris des soldats blessés et agonisants. Seul un silence respectueux s’impose alors…

    L’artiste Koen Vanmechelen souhaite par cette oeuvre souligner le besoin de commémoration, la nécessité de se souvenir d’où l’on vient pour mieux savoir où l’on va. Se rappeler son passé avant d’envisager un avenir. Une évidence et un outil de Paix pour les générations futures, parfois peu enclines à lire l’histoire. Plus connu pour son approche à la fois artistique et scientifique de la poule, et en particulier pour son projet « The Cosmopolitan Chicken » qui reçut le prix « Ars Electronica » en 2013, d’où la sculpture d’oeuf géant au centre du terrain,  l’artiste de 52 ans est l’un des artistes d’art contemporain les plus prolifiques et les plus en vue en Belgique.

     

    Exposition du 30 mars au 11 novembre 2018

     

     

    [arve url= »https://vimeo.com/255050206″ align= »center » title= »Coming World Remember Me » description= »Coming World Remember Me » maxwidth= »900″ /]

     

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    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour Aller Plus Loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size=« large »] Le Domaine de Palingbeek

    [kleo_icon icon= »link » icon_size=« large »] Coming World Remember Me

     

     

     

  • Soirée spéciale Hedy Lamarr au Louxor

     

     

    Le mardi 29 mai à 20h00, assistez à la soirée spéciale consacrée à Hedy Lamarr au Louxor, Palais du Cinéma.

     

    « Les gens sont déraisonnables, illogiques et égocentriques, aimez les malgré tout. Si vous faites le bien, on vous prêtera des motifs égoïstes et calculateurs, mais faites le bien malgré tout. Ceux qui voient grand peuvent être anéantis par les esprits les plus mesquins, voyez grand malgré tout. Ce que vous mettez des années à construire peut être détruit en un instant. Construisez malgré tout. Donnez au monde le meilleur de vous-même, même s’il vous en coûte. Donnez au monde le meilleur de vous-même malgré tout. »

     

    Des débuts fulgurants dans « Extase » aux prémices des nouvelles technologies chères à notre ère digitale, c’est un double portrait de l’autrichienne Hedy Lamarr. L’un, très officiel, est celui d’une actrice qui fascina le monde par sa beauté et sa liberté sexuelle exacerbée. L’autre, plus intime, est celui d’un esprit scientifique insoupçonné. Obsédée par la technologie, Hedy inventa un système de codage des transmissions qui aboutira au GPS et bien plus tard au Wifi. Il s’agit d’une invitation contemporaine à redécouvrir une figure complexe, celle d’une enfant sauvage partie conquérir Hollywood pour fuir son mari pro-Nazi.

    En avant-première, vous pourrez assister à la projection du documentaire « Hedy Lamarr: From Extase to Wifi » réalisé par Alexandra Dean (USA, 2018, 01h30).

     

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    Casting :

    Nino Amareno, Charles Amirkhanian, Jeanine Basinger, Bill Birnes, Peter Bogdanovich, Manya Hartmayer Breuer, Mel Brooks, Lisa Cassileth, Wendy Colton, David Hughes, Diane Kruger.

     

    Festivals :

    ✓ International Documentary Filmfestival Amsterdam (IDFA) 2017

    ✓ San Fransisco Jewish Film Festival 2017 – Grand Prix

    ✓ Jerusalem Film Festival 2017

    ✓ New York Film Critics, Online – Meilleur documentaire

    ✓ Women Film Critics Circle Award – Meilleur documentaire

     

    La soirée sera précédée d’une lecture de sa biographie « Ectasy And Me »  par Anna Mouglalis.

    Pour le programme, c’est ici !

     

    Louxor – Palais du Cinéma
    170 boulevard Magenta, 75010 Paris

     

     

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    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour Aller Plus Loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size=« large »] Hedy Lamarr Official

    [kleo_icon icon= »link » icon_size=« large »] Hedy Lamarr Science & Avenir

     

     

     

  • Gilles Caron : Paris 1968 à l’Hôtel de Ville de Paris (du 04 mai au 28 juillet 2018)

     

     

    Gilles Caron, le photographe qui immortalisa les premiers pas de Daniel Cohn-Bendit à la tête des manifestations étudiantes de Mai 68, est mis à l’honneur à l’Hôtel de Ville de Paris depuis le 04 mai 2018, et ce jusqu’au 28 juillet. 300 clichés qui évoquent la capitale en mai 68, les icônes de la révolution, les grands lieux de l’insurrection ; des événements qui pousseront ensuite le jeune photo-reporter à partir couvrir les grands conflits de la planète pour l’agence Gamma. Instant City vous fait découvrir le travail de ce témoin de notre siècle, disparu au Cambodge en 1970.

     

    Il a capturé dans son objectif quelques-unes des grandes icônes de Mai 68. Le photo-journaliste Gilles Caron a 29 ans cette année-là et a su capter avec justesse les moments les plus marquants de la Vème République. Rencontre avec l’historien de la photographie Michel Poivert, qui nous a ouvert les portes de son exposition pendant son installation à l’Hôtel de Ville de Paris. Une occasion de remettre à plat les grandes figures de cette époque, à commencer par la plus célèbre, Daniel Cohn-Bendit.

     

    « On voit l’étudiant qui cherche manifestement à provoquer le policier. Ils se dressent l’un en face de l’autre, presque visage contre visage. Cette image est particulièrement intéressante, puisque c’est le moment où Daniel Cohn-Bendit voit le photographe. A partir de cet instant, on a véritablement l’impression que la réalité et la fiction vont se mêler, que l’étudiant va surjouer la provocation pour le photographe, et faire de cette situation une des images les plus célèbres de Mai 68. On avait dans cette série de photos quasiment tous les ingrédients de confrontation de l’ordre et de la jeunesse. »

     

     

     

    Gilles Caron commence sa carrière au milieu des années 60. Il appartient pleinement à cette génération « Pop » qu’il incarne et qu’il représente. Photographe de presse, il navigue entre reportages de guerre, voyages politiques officiels ou coulisses du showbiz, et décrypte cette société du spectacle en train de naître.

     

    « Le sujet de Gilles Caron, derrière la question de la vedette ou de la célébrité, c’est la jeunesse. Et cette jeunesse qui est finalement en train de devenir pratiquement une classe sociale, ou tout du moins une classe sociologique, c’est vraiment cela que Gilles Caron essaie de capter. Comment le jeune devient une figure de la modernité. »

     

    Dès le mois de mars 1968, Gilles Caron documente le mouvement qui se met en place à la Faculté de Nanterre. Dans tout le corpus de Caron en 68, la femme est omniprésente. Pas simplement la jeune femme héroïne, mais aussi la mère de famille avec ses enfants ou l’ouvrière plus âgée qui manifeste avec la CGT. Il a compris, des amphis de Nanterre jusqu’aux pavés de la Rue du Havre, à quel point la femme joue désormais un vrai rôle politique. Avec Gilles Caron, on assiste à un tournant dans le traitement photographique de l’événement historique.

     

    « Sur cette photo, c’est Jean Hélion. Il est en train de peindre sur le motif. Il fait des croquis sur le vif des CRS qui sont en train de reprendre la Sorbonne. On a affaire, avec Gilles Caron, à un reporter qui connaît très bien la peinture, qui est le meilleur ami du fils d’André Derain. Il voit Hélion dans la rue, le reconnait et va aller le photographier. Il compare d’ailleurs son travail de photographe à celui du peintre sur le motif… »

     

     

     

    Cette connaissance de l’histoire de l’art permet à Gilles Caron de créer de véritables motifs visuels, comme celui des lanceurs. On voit dans la manifestation du 6 mai la perspective de la Rue Saint-Jacques, qui est d’ailleurs totalement noyée dans les gaz lacrymogènes. Le photographe a pris position derrière les tireurs ou les lanceurs les plus aguerris, qui vont avancer au plus près des forces de l’ordre. On sait à travers toutes les photos prises par Gilles Caron dès 1967 que lorsqu’il est dans une manifestation, le lanceur est pour lui l’incarnation de la rébellion. Et ses images vont s’imposer comme une sorte de stéréotype de la lutte, jusque finalement dans l’actualité actuelle la plus chaude, avec les intifadas en Palestine.

    En tant que reporter de guerre, Gilles Caron a compris depuis l’Algérie que les guerres sont désormais des épisodes qui mettent en scène civils et militaires. Que ça se passe dans les villes, jusque dans le quotidien des gens. De nouveaux théâtres de conflit, véritables guérillas urbaines, qui vont acquérir une force particulière avec ses clichés nocturnes.

     

     

    « On a avec ces nocturnes de Gilles Caron en mai 68 le cas d’un photographe qui cumule à peu près toutes les contraintes : le chaos, la nuit, la pluie… Finalement tous les éléments qui ne permettent pas de faire une bonne photo. Et pourtant, il parviendra à créer avec toutes ces contraintes un univers dramatique unique. »

     

    Gilles Caron disparaît en 1970, à 31 ans, lors d’un reportage photo au Cambodge. Une vie et une carrière fulgurante qui contribueront aussi, à force de commémorations et d’hommages, à faire de lui le photographe iconique de Mai 68.

    Cette exposition propose donc de plonger dans le Paris de l’année 1968, capitale d’une révolte que Gilles Caron met en résonance avec le monde, à travers ses photographies. Une France des premiers combats étudiants, du succès du cinéma de la Nouvelle Vague, de la mode des sixties ; mais également une France dont la vie politique tourbillonne autour du Général de Gaulle.

    Le parcours, composé de sept sections, fait revivre ce Paris de 68 et les étapes d’une année décisive dans l’histoire des mentalités. Trois cents photographies sont ici présentées : des clichés d’époque ainsi que des épreuves modernes d’après les négatifs originaux conservés dans les archives de la fondation Gilles Caron.

     

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour Aller Plus Loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Fondation Gilles Caron

     

     

     

  • Nicolas de Staël en Provence à l’Hôtel de Caumont, Aix-en-Provence

     

     

    A travers 71 peintures et 26 dessins provenant de prestigieuses collections internationales publiques et privées, cette exposition se concentre, pour la première fois et de manière exclusive, sur le développement de l’œuvre de Nicolas de Staël lors de son séjour en Provence, entre juillet 1953 et juin 1954.

     

    La période provençale de Nicolas de Staël marque un tournant essentiel, aussi bien dans sa vie que dans son œuvre. Entre juillet 1953 et juin 1954, l’artiste y puise une nouvelle source d’inspiration.

    La découverte de la lumière du Midi, la beauté exceptionnelle de ce pays, la rencontre amoureuse d’une femme et l’épreuve de la solitude qui lui permet de répondre à sa future exposition à New York à la galerie Paul Rosenberg, sont autant d’expériences qui nourrissent son imaginaire et le rythme spectaculaire de sa production artistique. La renommée internationale de Nicolas de Staël prend son élan au cœur de la Provence.

    À Lagnes, en juillet 1953, le regard du peintre s’intensifie. Les paysages sont saisis au plus près de leur motif, avec une attention portée sur l’évolution de la lumière au fil de la journée. En août, le peintre voyage jusqu’en Sicile. Son appréhension des paysages, des sites archéologiques et des musées, lui permet, une fois de retour à Lagnes, de mettre en chantier une série de tableaux parmi les plus importants de sa carrière, notamment à partir des notes prises dans ses carnets à Fiesole, Agrigente, Selinonte et Syracuse. À la même époque, son intérêt pour l’étude du nu trouve son expression la plus accomplie dans les grands tableaux de figures et de nus qui dialoguent souvent avec le paysage.

    Au terme de cette année intense de travail, le peintre a la certitude, en 1954, d’avoir donné le maximum de sa force. Préparant son exposition à New-York, il écrit à Paul Rosenberg : « Je vous donne là, avec ce que vous avez, de quoi faire la plus belle exposition que je n’ai jamais faite ». L’exposition « Nicolas de Staël en Provence » rend ainsi compte des plus hautes envolées picturales du peintre. Ici, la précision d’un regard révèle la nature dans son expression la plus inventive.

     

     

    Commissariat

    Gustave de Staël est né en 1954, à Paris. Il est le quatrième enfant de Nicolas de Staël. Après deux ans d’école d’architecture, il se met à peindre puis à graver. En 1991, il prend la direction de l’Association pour la Promotion des Arts à l’Hôtel de Ville de Paris où pendant quatorze ans, il est le commissaire d’une trentaine d’expositions pour la Salle Saint-Jean. Après avoir dirigé les Instituts Français du nord du Maroc, Tanger et Tétouan, il décide de partager son temps entre Paris et Tanger et de se consacrer à nouveau à la peinture où il travaille en alternance aquarelles sur le motif, dessins et peintures. Depuis dix ans, il est également coéditeur des éditions tangéroises Khbar Bladna. Sur Nicolas de Staël, il a réalisé l’exposition de la Salle Saint-Jean en 1994 ainsi que la rétrospective au Musée National de l’Ermitage en 2003, à l’occasion du tricentenaire de Saint-Pétersbourg.

    Marie du Bouchet est née en 1976. Elle est titulaire d’une maîtrise de philosophie sur la phénoménologie de Husserl. Après avoir collaboré à l’exposition « Paris sous le ciel de la peinture » organisée par Gustave de Staël à l’Hôtel de Ville de Paris en 2000, elle devient productrice à la radio, sur France Culture, à partir de 2001, pour l’émission « Surpris par la Nuit » dirigée par Alain Veinstein. Elle produit de nombreux documentaires sur la peinture et l’histoire de l’art. En 2003, elle écrit la monographie « Nicolas de Staël, Une illumination sans précédent » dans la collection Découvertes Gallimard. Depuis 2011, elle est membre et coordinatrice du Comité Nicolas de Staël.

     

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    Programmation

    Nommée directrice de la programmation culturelle des expositions de Culturespaces en 2017, Beatrice Avanzi est notamment en charge du Musée Jacquemart-André, du Musée Maillol et de l’Hôtel de Caumont – Centre d’Art. En tant que conservatrice du département des peintures du Musée d’Orsay depuis 2012, elle avait assuré le commissariat d’expositions majeures telles que « Le Douanier Rousseau – L’innocence archaïque » ou « Au-delà des étoiles – Le paysage mystique de Monet à Kandinsky ».

    A ses côtés, Agnès Wolff, responsable de la production culturelle, Cecilia Braschi, responsable des expositions pour l’Hôtel de Caumont – Centre d’Art, et Sophie Blanc, régisseur des expositions chez Culturespaces.

     

    Application Smartphone

    Cette application vous permet de découvrir les plus belles œuvres de l’exposition grâce à 23 commentaires d’oeuvres et la bande-annonce de l’exposition. Profitez d’une visite en très haute définition avec une profondeur de zoom exceptionnelle.

    Tarif : 2,99 €

    ✓ Disponible sur l’AppStore
    Disponible sur Google Play

     

    [arve url= »https://vimeo.com/265720848″ align= »center » description= »Nicolas de Staël en Provence » maxwidth= »900″ /]

     

    © Réalisation de la vidéo : Olam Productions

    © Photo à la Une : Museo Thyssen-Bornemisza, Madrid

    © Nicolas de Staël, Paysage de Provence, 1953, huile sur toile, 33 x 46 cm, Museo Thyssen-Bornemisza, Madrid © Adagp, Paris, 2018

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour Aller Plus Loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Hôtel de Caumont, Aix-en-Provence

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] « Nicolas de Staël en Provence » (Gustave de Staël et Marie du Bouchet, Ed. Hazan)

     

     

     

  • Klimt en images à l’Atelier des Lumières

     

    Gustav Klimt à l’Atelier des Lumières, c’est la belle expérience insolite à vivre du 13 avril au 11 novembre 2018. Dans une immense salle de 2000m², on se promène dans les plus beaux tableaux du peintre autrichien (oui, bien dans les tableaux et non parmi eux…) au son de valses de Vienne.

     

    A Paris, dans le 11ème arrondissement, il y avait la fonderie du Chemin-Vert créée en 1835 par les frères Plichon, d’anciens maréchaux-ferrants devenus fondeurs pendant la Révolution Industrielle. Soixante personnes y fabriquaient sur plus de 3000 m² des pièces en fonte pour la marine et les chemins de fer. En 1929, la crise et les débuts du plastique ont raison de l’entreprise qui est vendue.

    Bruno Monnier, déjà en charge des Baux de Provence, découvre cet espace incroyable en plein Paris. Quatre ans plus tard, le 13 avril 2018, L’Atelier des Lumières ouvre ses portes. Il se définit comme le premier centre d’Art Numérique de Paris. Et la première exposition est dédiée au peintre autrichien Gustav Klimt (1862-1918), pour le centenaire de sa disparition.

    Même concept, même site internet, comme pour les Carrières de Lumière des Baux, le visiteur est plongé dans une projection des œuvres de l’artiste en plusieurs dimensions : sols, murs mais aussi un bassin d’eau ou une pièce recouverte de miroirs. Il se retrouve ainsi au cœur de l’oeuvre, visualisant les plus petits détails auxquels il n’aurait peut-être pas prêté attention autrement.

     

    « C’est de l’art immersif », explique Michel Couzigou, le directeur de L’Atelier des Lumières. « On utilise 5.000 images numérisées, 140 vidéo-projecteurs et 50 sources sonores, pour que le spectateur se retrouve à l’intérieur de l’image et de l’oeuvre de Gustav Klimt. »

     

    En fond sonore, on peut entendre les œuvres de compositeurs contemporains de Klimt, comme Beethoven, Strauss ou Wagner. L’exposition a déjà attiré 120.000 spectateurs en trois semaines. Malgré le débat lancé par ses détracteurs qui comparent l’Atelier des Lumières à une attraction de Disneyland, il ne désemplit pas…

    La culture intellectualisée réservée aux avertis s’oppose à cette culture accessible à tous, qualifiée de « divertissement ». Si cette exposition s’adresse pour 25 % au public qui ne va jamais au musée, touchant un nombre considérable d’élèves de nos écoles jusqu’au lycée, alors c’est toute la culture en général qui est gagnante.

     

    Gustav Klimt à l’Atelier des Lumières du 13 avril au 11 novembre 2018.
    38 Rue Saint-Maur, 75011 Paris
    Ouvert tous les jours de 10h à 18h, nocturnes les vendredis et samedis jusqu’à 22 heures

     

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    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] L’Atelier des Lumières

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Klimt aux Carrières de Lumières

     

     

  • Serge Gainsbourg, 5 bis rue de Verneuil…

     

     

     

    Derrière cette célèbre adresse du 5 bis Rue de Verneuil à la façade devenue culte se cache l’antre de Serge Gainsbourg. Il y vécut de 1969 jusqu’à sa disparition en 1991. Ce petit hôtel particulier, acheté par l’artiste pour y abriter ses amours clandestins avec Brigitte Bardot, ponctuera ensuite tous les autres moments importants de sa vie, des débuts de son histoire avec Jane Birkin, en passant par la naissance de Charlotte, sa rencontre avec Bambou, jusqu’à la naissance de son fils Lulu…

     

    Cette maison, dont sa fille Charlotte héritera en 1992, n’a pas changé depuis la mort de Serge Gainsbourg. Rien n’a bougé… Comme dans un songe, on y trouve encore le cendrier plein de gitanes, le frigo rempli, les bouteilles de vin entamées… Tony Frank a eu le privilège de fréquenter, dans le cadre de cet écrin exceptionnel, le propriétaire des lieux, qu’il photographia à plusieurs reprises dans son décor favori, dès les débuts de leur rencontre à la fin des années 60.

    Au printemps 2017, plus de 25 ans après la mort de l’artiste, Tony Frank est revenu, non sans une certaine émotion, dans cette demeure si riche en souvenirs, où y plane encore l’ombre de Serge. On y découvre avec surprise que Gainsbourg admirait Marilyn Monroe, on croise l’immense portrait de Bardot, qui lui brisa le cœur avant qu’il ne rencontre Jane… On reconnaît le manuscrit original de La Marseillaise qu’il acheta aux enchères en 1981, et « l’Homme à la Tête de Chou »… Gainsbourg est tombé par hasard sur cette sculpture de Claude Lalanne à la vitrine d’une galerie d’art contemporain. Immédiatement fasciné par l’oeuvre, il l’achètera sur le champ, « cash » comme il se plaisait à le dire non sans une certaine fierté, et la fera livrer chez lui, pour l’installer dans sa cour intérieure.

    Le temps s’est donc arrêté au 5 bis de la Rue de Verneuil… C’est en ce lieu que Serge Gainsbourg a composé ses plus sublimes chansons et a façonné, au fil des années, un univers esthétique unique peuplé de milliers d’objets et de souvenirs. Une fois passée la célèbre façade recouverte de graffitis, et franchie la grille, on entre dans le grand salon tout tapissé de noir. C’est alors que commence la découverte de ce lieu fascinant. Œuvre de décorateur, de collectionneur et d’esthète, l’hôtel particulier de Serge Gainsbourg fut aussi un lieu de vie, et le repaire d’un des créateurs les plus importants du siècle dernier.

    Nous avons choisi de présenter une sélection des clichés de Tony Frank, pris en 1982 comme lors du retour récent du photographe au 5 bis Rue de Verneuil, mêlant ainsi le passé et le présent, le musicien et son ombre qui plane encore sur ce sanctuaire étonnant.

     

    « Voilà, c’est chez moi. Je ne sais pas ce que c’est : un sitting-room, une salle de musique, un bordel, un musée… »

     

    Dès l’entrée dans la maison, par le grand salon au rez-de-chaussée, on est immergé dans l’univers chargé d’objets de Serge. Appuyé sur la cheminée, le portrait grandeur nature de Brigitte Bardot, réalisé par Sam Levin au début des années 60, comptait beaucoup pour Serge. Il ne voulait en aucun cas qu’on le déplace ne serait-ce que de quelques centimètres.

     

     

    Dans l’angle gauche du séjour se trouve le buste de Jane Birkin, sculpté par E. Godard, et un écorché en papier maché grandeur nature dans le style de l’anatomiste Honoré Fragonard. On reconnaît également « l’Homme à la Tête de Chou » de Claude Lalanne créé en 1969. Sur la gauche, un orgue électrique Lowrey de 1980 au-dessus duquel est accroché « The Bishop’s Children », une huile de l’école anglaise du XIXème.

     

     

    Le séjour, toujours… Très complice avec les forces de police, qui le déposaient régulièrement chez lui au petit matin, Serge aimait se faire offrir des insignes, menottes et diverses munitions… au point qu’il s’était constitué une impressionnante collection de plus de 250 pièces ! A gauche, sur la table, on aperçoit une mallette à cocktails, et sur le mur, un article du Journal du Dimanche : « Gainsbourg face au paras ».

     

     

    La cuisine est éclairée par un lustre en bronze doré à riche décor de fleurs et feuilles de liseron en pâte de verre de Murano datant du XIXe. C’est Serge qui avait imaginé ce réfrigérateur dont la porte est en verre. Il trouvait ridicule d’avoir à l’ouvrir sans cesse…

     

     

    Juste derrière la salle de bain, la chambre d’artiste dans toute sa splendeur. Derrière le grand lit, une toile persane imprimée de la fin du XIXe. Un banc en forme de sirène, un paravent d’osier doré et, sur la gauche, un flambeau de bois sculpté à six bras laqué blanc d’origine allemande. Au pied du lit, une paire de Repetto blanches.

     

     

    Serge Gainsbourg chez lui le 15 Avril 1982.

     

     

    Gainsbourg sur son lit, entouré de quelques-uns de ses albums souvent illustrés par des photos de Tony Frank, en 1979.

     

     

    Retour dans le salon… Quel musicien n’a pas rêvé un jour de posséder un Rhodes Seventy Three, piano électrique d’une qualité sonore exceptionnelle ! Sur la droite, un pan entier de mur est réservé à des articles de journaux consacrés à la chanson « Je t’aime moi non plus » sortie en 1968.

     

     

    Serge Gainsbourg chez lui à côté de « l’Homme à la Tête de Chou » le 15 Avril 1982.

     

     

    Serge Gainsbourg à table dans sa cuisine, en 1982

     

     

    Serge Gainsbourg chez lui, jouant avec une marionnette à son effigie, en 1982.

     

     

    Serge Gainsbourg en blazer, avec son insigne des parachutistes.

     

     

    La Galerie de l’Instant nous permet donc de nous immiscer dans l’intimité du dandy au fil des photographies de Tony Frank. Une exposition nostalgique et poignante, qui raconte en images le quotidien de Serge Gainsbourg et de sa famille. Les gitanes s’entassent dans le cendrier, les bouteilles de rouge sont à moitié vides, le piano est ouvert, prêt à accueillir de nouvelles mélodies… Du grand salon illuminé par le portrait de Brigitte Bardot à la chambre de style persan où l’on aperçoit les Zizi blanches au pied du lit, en passant par le séjour rempli de vinyls et de beaux souvenirs qui prêtent à l’anecdote, la maison de Serge Gainsbourg semble encore habitée par sa présence magnétique.

    Sur son trône en velours dans l’entrée ou allongé sur le tapis d’Orient de sa chambre, entouré de marionnettes à son effigie, de poupées de porcelaine, le dandy se prête au jeu, avec malice et tendresse. Et pour un instant, ce lieu nous devient familier, porteur de tant de fantasmes et de légendes.

    En février 2018, Charlotte Gainsbourg relançait sur France Inter l’idée d’ouvrir au public le sanctuaire de son père, à l’exception de la chambre à coucher. L’actrice y est d’ailleurs retournée récemment pour tourner le clip de « Lying With You », extrait de son album « Rest » paru en novembre 2017, chanson dans laquelle elle s’adresse à lui. Mais ce musée est un serpent de mer… Charlotte Gainsbourg en avait déjà parlé au Monde en 2007 en évoquant un projet de l’architecte Jean Nouvel : « depuis quinze ans, nous y songeons ».

     

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    « 5 bis rue Verneuil, photographies de Tony Frank », du 29 mars au 10 juin 2018 à la Galerie de l’Instant, 46 Rue de Poitou, 75003 Paris

    Crédit photo : Serge Gainsbourg, 5 bis rue de Verneuil © Tony Frank

     

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  • Avicii, mort d’un ange

     

     

    Tout commence en Suède, dans une chambre d’adolescent de Stockholm. Des copains, un logiciel de musique (FL Studio) et de nombreuses nuits blanches plus tard, « Lazy Lace », un remix de la musique du jeu vidéo « Lazy Jones » est au point. Ce sera la toute première pierre blanche à paver le chemin vers le succès d’Avicii.

     

    Tim met sa musique en ligne sous plusieurs pseudos, afin de maximiser ses chances de diffusion sur les réseaux (Timberman, Tim Berg, Tom Hangs). Il crée sa page MySpace et le succès arrive dès 2007. Dix ans plus tard, on découvre un Avicii au sommet de sa gloire, adulé tant par des centaines de milliers de fans que par des rock stars et des célébrités d’envergure planétaire telles que Madonna, David Guetta, Coldplay, Robbie Williams ou Martin Garrix.

     

    « Les quatre ou cinq premières années, tout a été grandiose, reconnaît l’auteur du tube Wake Me Up ! Parce que c’était un kiff total. »

     

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    Mais très vite, le rêve vire au cauchemar. On assiste, gênés et révoltés, à la lente descente aux enfers de ce jeune adolescent trop vite entré dans une vie d’adulte adulé, et jeté sans autre ménagement dans la fosse aux fans, nuit après nuit, plongé dans un rythme infernal qui ne lui permet plus ni de se reposer, ni de penser, ni de se nourrir correctement.

     

    « Les fans étaient super heureux et moi j’étais super mal. Les concerts n’en finissaient pas. Quand j’avais envie de taper dans les murs, je m’arrêtais deux mois mais je n’arrivais pas à me détendre en pensant aux nouveaux concerts qui approchaient. »

     

    Pris en charge par une équipe de forcenés du succès, des fêtes, de l’argent, des belles villas et des charts, le jeune homme, fragile, happé par la machine infernale de l’industrie du disque, est broyé par les cadences physiquement insupportables des tournées dans le monde entier. On se demande de manière légitime en regardant ce reportage-vérité comment et pourquoi personne de son entourage proche ne lui a dit ou n’a insisté pour qu’il arrête tout beaucoup plus tôt…

    Physiquement atteint d’une pancréatite aigüe, opéré en Australie, on le voit dans une scène totalement surréaliste sorti par ses managers de l’hôpital dès le lendemain de l’opération, faible et sans plus aucune force. Shooté par les fortes doses de médicaments anti-douleurs, le visage pâle, extrêmement amaigri, les yeux dans le vague, tenant à peine assis dans le véhicule qui est venu les chercher à la sortie de l’hôpital, on voit, médusés, un membre de son équipe tapoter sur son smartphone, indifférent à son état, lui proposant le jour même (« dans deux heures ») un rendez-vous avec des journalistes pour une interview de 30 minutes !

     

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    Malgré quelques mois de repos et une thérapie, le scénario se répète à Los Angeles suite à l’éclatement de sa vésicule biliaire. Victime de douleurs atroces au ventre comme des coups de poignard durant plus de quatre mois, bourré de médicaments à haute dose qui l’ont rendu accro, psychologiquement à bout de forces, victime de crises d’angoisse violentes, de stress intense et fragilisé par la prise d’alcool et de boissons énergisantes, c’est le burn-out.

     

    « Je leur ai dit mille fois que je n’étais plus capable de jouer, que tout cela allait me tuer. » ne cesse-t-il de répéter à ses amis, à son manager, dans le bus qui l’emmène en tournée, dans les villas de luxe louées durant les périodes plus calmes, face à la caméra sans que jamais personne ne l’entende, sourds à son mal-être, avides d’argent, de succès, et de sensations fortes. 800 concerts en huit ans. Un concert tous les trois jours… Soit autant de prises d’alcool et de nuits de fêtes sans sommeil. « Ma vie est dominée par l’angoisse, se justifie-t-il. Mon ressenti, c’est que tout cela a trop duré ! Ça fait huit ans que mon corps essaye de me dire ça… »

     

    Le 20 avril 2018, Avicii est retrouvé mort dans un hôtel du Sultanat d’Oman. Le 26 avril, dans une lettre ouverte, la famille évoque la thèse d’un suicide et révèle qu’Avicii luttait contre ses démons : « Notre très cher Tim était une âme artistique fragile qui cherchait des réponses à des questions existentielles. Un perfectionniste qui a voyagé et travaillé dur, à un tel point qu’il a souffert d’un stress extrême. (…) Quand il a pris sa retraite, il voulait trouver un équilibre pour être heureux dans sa vie et sa musique. Il a vraiment lutté avec ses pensées sur le sens de la vie, du bonheur. Il ne pouvait pas continuer de la sorte et voulait la paix ».

    Selon Variety, un album posthume serait sur les rails, c’est en tout cas ce qu’a confirmé Neil Jacobson, le patron du label Geffen Records, qui connaissait bien le musicien. « Honnêtement, c’était sa meilleure musique depuis ces dernières années, il était très inspiré, tellement excité, a-t-il confirmé au magazine spécialisé. Nous allons essayer d’obtenir des conseils de la part de la famille, puis tout le monde mettra la main à la pâte et essaiera de faire ce que Tim aurait voulu que nous fassions… »

    A découvrir le documentaire musical « True Stories » réalisé par Levan Tsikurishvilien en 2017 pour Netflix.

     

     

     

     

  • « Images en lutte » aux Beaux-Arts de Paris

     

     

    Affiches, peintures, tracts, films, photos : c’est l’ambiance de Mai 68 qui se trouve ressuscitée aux Beaux-Arts de Paris avec l’exposition « Images en lutte ». Cinquante ans après les faits, replongeons au coeur des événements devant les supports visuels symbolisant le combat de l’extrême gauche en France entre 1968 et 1974.

     

    La création picturale et graphique n’est pas étrangère non plus au combat social en Mai 68… Et c’est ce qu’expriment les affiches, tracts et peintures rassemblés aux Beaux-Arts de Paris. L’exposition « Images en lutte » montre surtout combien fut actif l’Atelier Populaire, installé dans les lieux mêmes occupés par les étudiants et les professeurs cinquante ans plus tôt.

    « Sois jeune et tais-toi », « La Chienlit, c’est lui », « Où Fouchet passe, la pègre pousse », « Retour à la normale », « Il est interdit d’interdire »… Autant de slogans restés gravés dans la mémoire collective, sur des affiches originales placardées sur les murs du Musée des Beaux-Arts de Paris, à l’endroit même où elles ont été réalisées.

     

    « Il est intéressant de noter que la postérité a surtout retenu de ces affiches celles qui sont contre le Général de Gaulle, contre le pouvoir en place. Mais en réalité, quand on regarde l’ensemble de la production, ces affiches sont avant tout des tracts conçus afin d’accompagner des mouvements de grève et d’occupation des usines. » (Eric de Chassey, Commissaire de l’exposition)

     

    Au printemps 68, les étudiants occupent donc leurs écoles, accompagnés d’artistes comme le peintre Gérard Fromanger. A cet « Atelier Populaire », grévistes de tout poil se succédaient pour passer commande.

     

    « Ils venaient à l’atelier et nous disaient où ils étaient, dans quelle ville, dans quelle usine, pourquoi ils faisaient grève, pourquoi ils occupaient, quelles étaient leurs revendications. On en traduisait un mot d’ordre qu’on leur proposait. Et paradoxe de la situation, nous avons finalement été pendant un mois et demi les seules personnes en France qui travaillaient comme des chiens, nuit et jour… On faisait les 3/8 pour composer les affiches ! »

     

    Des affiches réalisées dans la nuit grâce à une technique d’impression simple par pochoir, la sérigraphie, très populaire à l’ère du Pop Art et d’Andy Warhol.

     

    « C’est dans l’urgence qu’expriment ces affiches que se trouve leur beauté ; dans la manière dont des artistes concentrent tous leurs efforts dans un moment relativement bref pour parvenir finalement à être le plus juste possible. »

     

    De la première à la dernière, ces oeuvres d’art ne sont pas signées, et le nom des artistes s’efface au profit de la cause collective. Un message fort et simple qui trouve encore son public aujourd’hui.

     

    « Images en lutte », c’est jusqu’au 20 mai au Palais des Beaux-Arts à Paris

     

     

     

     

  • Guernica sans Guernica

     

     

    L’exposition « Guernica » ouvrait ses portes mardi 27 mars au musée Picasso à Paris. Seule particularité de l’événement, et non des moindres, le chef d’œuvre éponyme de Picasso est resté dans son musée à Madrid, qu’il ne quitte d’ailleurs jamais.

     

    « Guernica sans Guernica », c’est ainsi qu’aurait pu s’intituler l’exposition exceptionnelle du Musée Picasso à Paris, qui ouvrait ses portes le mardi 27 mars, et dont le parcours tente de faire oublier le tableau désespérément absent. « C’est le grand défi de ce projet », explique le directeur du musée, Laurent Le Bon. « On pensait voir Guernica, et au fond on en voit dix. C’est-à-dire qu’on assiste au processus créatif de cette oeuvre unique, à sa réception, à son rapport à l’art contemporain et à sa genèse extraordinaire, grâce à un ensemble exceptionnel d’études jamais prêtées auparavant », explique-t-il.

    L’exposition « Guernica » raconte donc l’histoire de cette icône de l’art moderne que Pablo Picasso a peinte entre le 1er mai et le 4 juin 1937, après le bombardement de la petite ville basque par les aviations nazie et fasciste. L’artiste y dénonce un massacre de civils, et pour créer cette œuvre monumentale qui sera présentée dans le cadre du pavillon espagnol de l’exposition internationale de Paris de 1937, il a réalisé une quarantaine d’études préalables. On en découvre ici dix, dont la toute première composition datant du 1er mai 1937.

     

    De l’extérieur à l’intérieur…

     

    « On est déjà devant une composition pyramidale, indique Émilia Philippot, la commissaire associée de l’exposition. Avec les principaux personnages de Guernica : le taureau, le cheval, le soldat mort allongé au premier plan et la figure porteuse de lumière qui sort de la fenêtre en haut à droite, et qui vient éclairer la scène ». Émilia Philippot précise que « dans cette étude, on est absolument dans une scène d’extérieur, on voit bien les toits des maisons et au fur et à mesure du travail de Picasso, on va passer de l’extérieur à l’intérieur. »

    Les photos prises par Dora Maar, la compagne de Picasso, projetées dans une des salles, éclairent également le processus créatif de Guernica. Après sa réalisation, le tableau va jouer un rôle central dans l’œuvre du peintre, qui s’en inspire notamment pour sa série de « La femme qui pleure ».

     

    Des créations contemporaines

     

    Guernica, qui n’a rejoint l’Espagne qu’en 1981, au retour de la démocratie, est devenu le symbole de la lutte contre la barbarie. Le chef d’œuvre de Picasso a beaucoup inspiré les artistes, comme le montrent les créations contemporaines présentées dans le cadre de l’exposition, en particulier celle de Damien Deroubaix.

    « C’est un bois gravé monumental à l’échelle de Guernica, dans lequel Damien de Roubaix vient reprendre assez fidèlement la toile et les différents motifs, décrit la commissaire associée de l »exposition. Il nous montre bien tout ce travail d’incision, ce travail de la matière qui permet de restituer aussi dans le détail l’arrière-fond, avec notamment ce motif de l’oiseau sur la table. Et on voit ainsi comment les personnages se détachent en blanc sur noir. »

    Spectaculaire, cette œuvre à la présence salutaire atténue l’absence de la toile de Picasso.

    L’exposition Guernica est à voir à Paris au Musée Picasso jusqu’au 29 juillet.

     

     

     

     

  • Une guerre sans nom, Algérie

     

     

    Le Centre International du Photojournalisme et le Mémorial du Camp de Rivesaltes s’unissent une nouvelle fois pour présenter l’exposition « Une guerre sans nom, Algérie ». Des photographies de Raymond Depardon, Marc Riboud, Pierre Boulat, Jacques Hors ou encore Pierre Domenech y sont présentées et aident à comprendre la complexité de cette guerre et les répercutions qu’elle a pu avoir.

     

    Du 15 mars au 15 mai, l’exposition sera visible au Centre International du Photojournalisme et au Mémorial du Camp de Rivesaltes. Une centaine de clichés des plus grands photojournalistes de l’époque sélectionnés pour leur travail et leur volonté d’apporter une plus grande visibilité à cette guerre camouflée en événements et qui ne disait pas son nom. Parmi les photographies exposées, celles de Marc Riboud, Raymond Depardon, Jacques Hors ou Pierre Boulat. Jean Marc Pujol, natif de Mostaganem, a répondu à nos questions sur cette période de l’histoire de France. Vernissage, le 15 mars à 18h00 au CIP, le 23 mars à 15h30 au Mémorial de Rivesaltes.

     

    ♦ Force des événements et intimité de la vie en Algérie française : L’historien Jean-Jacques Jordi a écrit l’exposition pour nous aider à mieux comprendre cette guerre qui ne dit pas son nom.

    Questionné au sujet de son enfance dans la commune du Nord-Ouest de l’Algérie, Jean Marc Pujol évoque « une enfance joyeuse mais inquiète ». Le Maire de Perpignan est né à Mostaganem, il fut contraint à l’exil avec sa famille en 1961, pour rejoindre Béziers. Il se remémore « une vie normale malgré les attentats ». Un sentiment confirmé par le directeur éditorial de l’exposition, Jean-Jacques Jordi : « Au sortir de la seconde guerre mondiale, les positionnements idéologiques se cristallisent plus que par le passé. Le soulèvement en Kabylie en mai 1945 et la répression qui s’ensuit creusent encore plus le fossé entre les communautés. Mais au-delà des prises de position, on a l’impression que l’Algérie elle-même reste coupée entre insouciance et paupérisation ».

    En écho, le Mémorial du Camp de Rivesaltes renvoie l’image d’un espace où si la guerre n’est pas présente, les acteurs de cette guerre le sont : photographes amateurs et journalistes suivent les arrivées et départs de membres du FLN, l’arrivée ensuite des ex-supplétifs de l’armée française, en une série d’images fortes.

     

    ♦ 6 juin 1958, De Gaulle « Vive l’Algérie française »

    Le discours du Général De Gaulle ne change rien au déroulement de l’histoire. Jean-Marc Pujol, âgé de neuf ans en 1958, a assisté à cette prise de parole présidentielle. Son père avait amené le jeune garçon qu’il était écouter le discours aux pieds du balcon de l’hôtel de ville de Mostaganem. Jean-Marc Pujol en garde « un souvenir précis ».

    Ce discours ne parvient pas à apaiser les tensions dans le département français, bien au contraire, il exacerbe les antagonismes. Charles De Gaulle est contraint dès 1959 à évoquer publiquement le « droit des Algériens à l’autodétermination ». Le héros de la seconde guerre mondiale parle de trois issues possibles à cette crise : « la sécession, la francisation ou l’association ». Une parole vécue comme « un coup de tonnerre » sur le terrain, précipitant dans la guerre « les ultras » de l’armée française qui s’organisent  en créant l’OAS (Organisation de l’Armée Secrète).

     

    ♦ « Être au plus proche des évènements »

    Dans la ville qui est depuis près de 30 ans le centre du monde du photojournalisme, le travail de ces reporters de l’image n’est plus à démontrer. À une époque où la censure est bien présente, ce constat est encore plus vrai : Le photographe de guerre Marc Riboud confiait : « Le plus important, c’était d’être rapidement là où il se passait quelque chose ». Il fallait être parmi les premiers, être au plus proche des événements, quitte à prendre des risques et à se trouver dans le double mouvement de manifestations des nationalistes algériens qui brandissent pour la première fois et ouvertement le drapeau algérien, et celle des « ultras » de l’Algérie française qui veulent en découdre avec les gardes mobiles pour garder l’Algérie à la France.

     

    « Riboud, Depardon et Boulat en saisissent toute la force, toute la violence. Jacques Hors, quant à lui, nous dévoile l’intime des populations qu’il croise » écrit le docteur en histoire et spécialiste de cette période, Jean-Jacques Jordi.

     

    ♦ Le 19 Mars, « une date faussement symbolique » pour Jean-Marc Pujol

    C’est sur une proposition des socialistes, qu’en novembre 2012, le 19 mars est devenue la « Journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc ».

    Depuis cette date, Jean-Marc Pujol n’a cessé de critiquer ce choix. Il écrivait en 2016 à François Hollande : « En choisissant de commémorer le 19 mars 1962, vous commettez une double forfaiture. Morale d’abord, car vous oubliez les victimes civiles et militaires de « l’après 19-mars » : les assassinats perpétrés par les combattants du FLN contre les harkis, les enlèvements d’innocents… et les massacres du 5 juillet 1962 à Oran »… Loin de commémorer cette date à Perpignan, le Maire choisit tous les ans de mettre les drapeaux de la ville en berne, « par respect pour les victimes d’après 19 mars 62 ». Pour rappel, depuis 2003 et jusqu’en 2012, il existait une journée d’hommage consacrée aux seuls « morts pour la France durant la guerre d’Algérie ».

    Questionné sur les éléments que cette exposition ne doit pas passer sous silence, Jean-Marc Pujol confie : « Les massacres des harkis et les disparus ».

     

    ♦ Devoir de mémoire pour les jeunes générations

    Jean Marc Pujol souhaite par dessus tout que soit dite la vérité et « l’ouverture des archives ». Particulièrement sensible au devoir de mémoire et de transmission de l’histoire aux jeunes générations, il a voulu insuffler à la politique jeunesse de la ville un travail autour de la mémoire et en particulier celle de la « Retirada ». Les jeunes de la ville ont ainsi recueillis des témoignages de survivants de cette période, qui voit en 1939, l’exode massif de près d’un demi-million de réfugiés espagnols fuyant le franquisme.

     

     

    Exposition du 15 mars au 13 mai 2018 au Couvent des Minimes de Perpignan et au Mémorial de Rivesaltes.
    Entrée gratuite du mardi au dimanche de 11h à 17h30.

     

    Photo à la Une : © Marc Riboud, Alger Juillet 62