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  • De La Soul Is Not Dead…

     

     

    Avec le documentaire « De La Soul Is Not Dead » sorti en 2016, nous reprenons le chemin d’Amityville, Long Island, une des banlieues de New York, la Mecque du hip-hop, avec les trois membres du groupe De La Soul, là-même où trente ans plus tôt, trois camarades de lycée à l’instinct créatif des plus aiguisés parvenaient à attirer l’attention de DJ Prince Paul en envoyant une cassette de démo au label Tommy Boy Records.

     

    Tommy Boy Records, le même label qui balançait à la face du monde le fameux « Planet Rock » d’Afrika Bambaataa quelques années plus tôt et contribuait à l’émergence internationale du hip-hop, s’apprêtait à connaître sa seconde révolution avec De La Soul et son « Me, Myself and I ». Mais les trois gamins étaient à cette époque bien loin d’imaginer ce que l’avenir leur réservait.

    Tandis que la nouvelle génération du rap s’appuie plutôt sur une musique agressive alliée à des textes radicaux dans cette fin des années 80, le style de De La Soul repose quant à lui essentiellement sur le groove et le sampling de sons plus pop, jazz, psychadéliques, voire folk. C’est d’ailleurs pour des histoires de droits que ces titres de la première heure, devenus pourtant des classiques, ne se trouvent plus sur les plateformes digitales, tant nos trois compères sont allés puiser dans le patrimoine musical mondial, des Whatnauts et leur classique « Help Is On The Way » dans le titre « Ring Ring Ring », extrait de l’album « De La Soul Is Dead » (1991), à Serge Gainsbourg sur leur troisième opus « Buhloone Mind State » sorti en 1993.

    Que de chemin parcouru, donc, depuis cette démo envoyée en 1988 à l’un des producteurs les plus iconiques de tous les temps, DJ Prince Paul, et le retour sur les terres de leurs débuts en 2016, à l’occasion du documentaire « De La Soul Is Not Dead » tourné au moment de la sortie de leur dernier album en date, « And The Anonymous Nobody ». 25 ans s’étaient écoulés depuis le mythique « De La Soul Is Dead » en 1991, et 20 ans depuis « Stakes Is High » en 1996, leur première production sans DJ Prince Paul aux commandes. Il n’en reste pas moins qu’avec ou sans le concours de leur mentor, ces deux opus auront définitivement placé De La Soul en orbite et maîtres de leur destin.

    A l’écoute de ce dernier album « And The Anonymous Nobody » jalonné de collaborations diverses et variées, de Snoop Dogg et l’irrésistible « Pain » à David Byrne avec « Snoopies », en passant par « Greyhounds » en duo avec Usher, on réalise rapidement que, contrairement à ce qu’ils clamaient à la face du monde en 1991, non, « De La Soul Is Not Dead »

     

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  • Web Design Museum : redécouvrez les sites web les plus populaires des années 1990-2000

     

     

    Vous êtes nostalgiques du web des années 1990 ? Bonne nouvelle : le Web Design Museum vous permet de redécouvrir les premières versions des sites les plus mythiques de l’histoire d’internet.

     

    Altavista, GeoCities et les GAFA…

    En visitant le Web Design Museum, on retrouve avec nostalgie les sites qui font aujourd’hui partie intégrante de notre vie quotidienne, de Google à Facebook, en passant par YouTube, Amazon ou Apple… Nous avons également plaisir à redécouvrir les sites qui dominaient le web dans les années 1990-2000, et qui ont depuis disparu. On pense bien sûr à Altavista (le Google de l’époque), Lycos (va chercher), ICQ, GeoCities…

     

     

     

     

     

     

    L’évolution du webdesign en images

    En tout, 900 sites web sont ainsi référencés et plusieurs classements sont possibles pour vous permettre de visualiser les designs de votre choix. Vous pouvez choisir l’année, de 1985 à 2005, et constater à quel point les tendances du webdesign ont évolué depuis trente ans. Il est également possible de consulter les sites web en fonction du secteur d’activité (musique, photographie, blogs, réseaux sociaux, sport…). Mais on peut aussi filtrer en fonction du style : noir et blanc, flash (!), dessiné, minimaliste, rétro… Un champ de recherche vous permet même d’accéder directement au site de votre choix.

     

     

     

     

     

    Le design des sites les plus populaires des années 1990-2000

    On termine cet article avec une sélection de douze designs représentatifs du web des années 1990-2000. Rendez-vous donc sur Web Design Museum pour faire un voyage dans le temps étonnant. Vous pouvez également lire l’interview du fondateur du site sur Speckyboy en cliquant ici.

     

     

     

    Allez, tiens, pour clore le sujet sur une note amusante, on se refait Norman et sa vidéo « Internet de l’époque » (musique composée et interprétée par PV Nova)… Tout un programme.

     

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    Source : Thomas Coëffé pour le Blog du Modérateur

     

     

     

  • 花代 Hanayo | Joe Le Taxi

    花代 Hanayo | Joe Le Taxi

     

     

    Artiste, photographe, musicienne, née en 1970, Hanayo abandonne ses études universitaires pour faire un apprentissage de geisha à Mukôjima. Cette expérience lui vaut d’apparaître sur la couverture de la revue londonienne The Face en tenue de geisha, ou de servir de mannequin à Jean-Paul Gaultier.

     

    En 1996, Hanayo publie son premier album de photographies, « Hanayome ». Après son mariage, elle s’installe à Berlin. Elle mène alors une carrière internationale, se produisant sur les scènes de Tokyo, Berlin, Londres, Paris, Moscou, Hong Kong, New York, Pékin, etc, tout en poursuivant ses activités de photographe. Elle rentre au Japon en 2010.

    Albums photographiques ou mangas publiés : Hanayome (Shinchôsha), Dreammmmm Book (Littlemore), HANAYO artist book (Kawade Shobo Shinsha), MAGMA (Akaaka Art Publishing), Colpoesen (Utrecht), etc.

    Sa reprise de « Joe Le Taxi » sortie en 2000 sur le label berlinois Geist figurera par la suite sur de nombreuses compilations, telles que « 2 Many DJs » avec Soulwax.

    Et pas la peine de régler votre téléviseur, la pixelisation est un parti-pris artistique pleinement assumé par l’artiste…

     

     

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    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Hanayo

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Last.fm

     

     

     

  • Studio Interlude | Comme une pierre qui roule…

     

     

    En 2013, afin de célébrer la réédition complète des 41 albums officiels de Bob Dylan, le Studio Interlude nous concoctait la vidéo interactive « Like A Rolling Stone ». Ce petit bijou était nommé aux Webby Awards l’année suivante dans trois catégories : Meilleure utilisation de vidéo interactive, Meilleure vidéo musicale et Meilleur montage.

     

    Fondé par le musicien et tech geek auto-proclamé israélien Yoni Bloch, afin de répondre à son propre désir de réaliser un clip inspiré de l’univers du jeu vidéo ainsi que d’histoires « non-linéaires » telles que Donjons & Dragons, le Studio Interlude démarrait son activité en réalisant des clips vidéo interactifs pour des musiciens, des personnalités, des sociétés ou encore des marques.

    Le Studio Interlude développait alors sa propre application, Treehouse, basée sur le même principe, mais qui permet maintenant à tout utilisateur de créer lui-même ses propres vidéos interactives.

    Pour découvrir d’urgence ce petit bijou, c’est ici que ça se passe :

    Interlude : Like A Rolling Stone

    Et pour tout connaitre sur Bob Dylan, voire encore plus… Expecting Grain.

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Interlude

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Bob Dylan Official

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Expecting Grain

     

     

  • A propos du « Dracula » de Francis Ford Coppola (1992)

     

     

    Avec son « Dracula » réalisé en 1992, Francis Ford Coppola, à l’instar de Martin Scorsese, veut embrasser le cinéma tout entier et en explorer les thèmes et les genres.

     

    Bram Stoker avait déjà en son temps révolutionné le roman victorien avec « Dracula », tout comme Oscar Wilde et « Le Portrait de Dorian Gray ». Une époque sur les non-dits et la chasuble en guise de blue jean… En l’espèce, deux romans se servant du Fantastique pour mieux infiltrer la libido de l’époque, sans choquer personne. Oscar Wilde, sous prétexte du thème de la jeunesse éternelle, discourait sur l’homosexualité tandis que Stoker parvenait sans faute de goût à faire monter la température en imaginant un comte roumain venant de Transylvanie jusqu’en Europe pour mieux y dépuceler des vierges anglaises si chastes et niaises. Les morsures et les différentes transformations de Vlad Tépés, créature maudite, reniée par la Sainte Mère l’Eglise, représentaient ainsi tout le bestiaire connu et récupéré des contes de Perrault… Le loup, la chauve-souris, les rats, la vapeur verte… Autant d’animaux et d’éléments chargés de symboles et d’analogies rattachés aux choses de la sexualité.

    En revanche, le roman de Stoker ne faisait jamais état d’un quelconque penchant amoureux du comte pour l’une de ses victimes.  L’illustration du romancier se bornait uniquement à montrer les manifestations bestiales de ce que pouvait représenter un mâle hétéro assoiffé de sexe, sans distinction et appartenance de caste pour l’époque… Pour le film de Francis Ford Coppola, il est curieux donc de lire sur l’affiche qu’il s’agit là de la version la plus fidèle du roman de l’auteur du 19ème siècle. Ce n’est pas tout à fait exact. On devrait plutôt y lire « Dracula vu et digéré par Coppola ».

    Quant aux raisons qui pousseraient le vampire de Coppola à mordre et à tuer, ainsi que ses éventuelles circonstances atténuantes, il faut plutôt se pencher sur une romancière qui au début des années 80 a su réinvestir en grande pompe le monde vampirique avec un éclairage nouveau sur ces caractères. Il s’agit d’Anne Rice ; « Entretien avec un Vampire », « Lestat Le Vampire », « Armand le Vampire », etc… Tous ses romans démontrent en effet que ces personnages fascinants et dangereux étaient avant tout des humains, qui par le biais de leur transformation, leurs pouvoirs et leur soif accrue, ne se sont pas transformés en Vampire, au sens strict de la définition du Larousse, ne pensant qu’à montrer les crocs, mais en êtres sublimant les sentiments humains et notamment ceux de l’amour. Alchimie ainsi réussie dans la plupart des romans de cette Américaine Cajun.

    Ce « Dracula » constitue donc un héritage narratif qui utilise les mêmes références de pudibonderie victorienne magnifiquement traitée, avec son imagerie, ses décors et cette ambiance studio reflétant tout à fait les longues descriptions du roman de Stoker. L’aspect épistolaire du roman d’origine est ici traité de même et converge vers une forme inattendue, servant judicieusement le propre récit du film, sa construction, jusqu’aux moindres détails ornementaux. Le film devient ainsi objet visuel, non pas d’un film dans le film mais d’un film dans le roman, une mise en abîme qui passerait par les écrits, ses origines, pour passer au fur et à mesure d’une histoire de papier à une histoire en celluloîd et fusionner ainsi avec ce renouveau littéraire et moderne orchestré par Anne Rice. Une telle déclaration d’amour à la fiction et au cinéma n’avait pas été faite depuis Godard et son « Histoire Du Cinéma ».

     

     

     

    Le nouveau Dracula tue certes, mais plus avec plaisir. Il est une de ces créatures romantiques, tristes, recherchant depuis des centaines d’années sa défunte amante sacrifiée à l’ennemi et aujourd’hui réincarnée sous les traits d’une jeune fille anglo-saxonne.

     

    Dans le « Dracula » de Coppola, tout est magnificence ; les costumes, le nouveau look proposé par le réalisateur pour un Dracula campé par Gary Oldman, tour à tour inquiétant, attirant, beau, touchant et pathétique. Alors que Francis Ford Coppola, en ce début des années 90, n’avait plus rien à proposer en terme de cinéma, ayant laissé derrière lui des chefs d’oeuvre qui lui ont valu la postérité, il revient avec une oeuvre personnelle et précieuse, une synthèse sur l’amour, celui des sentiments et des amants, l’amour du cinéma, de cet objet infini et fascinant, l’amour des histoires, des contes et merveilles, du bestiaire de monstres qui hantent nos nuits et règnent sous notre lit. Tout avait déjà été dit par Lewis Caroll, Perrault, les frères Grimm, Shelley, Poe, Stoker, Rice… En littérature, peut-être, mais jamais de manière aussi pure et absolue au cinéma.

     

     

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    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Dévoreur Hubertouzot

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Hubert Touzot : Photographe dévoreur d’images

     

     

  • Mickey célèbre ses 90 ans en 2018

     

     

    À l’occasion des 90 printemps de la plus célèbre des souris, Disney proposera à ses fans une exposition interactive, « Mickey : The True Original Exhibition » à découvrir à New York, à partir du 8 novembre prochain.

     

    D’après la légende, Walt Disney avait coutume de dire : « N’oublions pas que tout a commencé par une souris ». Et c’est à cette petite souris âgée aujourd’hui de 90 ans que la firme Disney rend hommage cette année, à travers une exposition-événement. Celle-ci embarquera son visiteur pour un voyage dans le temps, aux débuts de la souris en noir et blanc dans « Steamboat Willie » jusqu’à son passage à la couleur dans plus d’une centaine de dessins animés.

    D’abord, cette exposition exceptionnelle qui présentera des dessins et toiles originales d’artistes contemporains rendant hommage à Mickey, dans un espace de 1500 m² à New York qui lui sera entièrement dédié. Et puis, en marge de l’événement, trois oeuvres seront présentées dans des galeries éphémères aux Etats-Unis. Celles-ci célèbreront trois produits dérivés Disney parmi les plus mythiques : la montre, le T-Shirt et la peluche Mickey.

     

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    Celle de Kenny Scharf, d’abord, qui s’est fait connaître comme artiste de rue au début des années 1980, prendra la forme d’une caverne cosmique, inspirée par la fameuse montre, à retrouver au Minnesota Street Project à San Francisco jusqu’au 1er octobre.

    Quant à Amanda Ross-Ho, qui a exposé son travail aux musées d’art contemporain de Los Angeles ou Chicago, mais aussi chez Art Basel en Suisse, elle prépare un T-Shirt Mickey géant qui sera dévoilé à l’Art Expo de Chicago du 27 au 30 septembre.

    Enfin, Shinique Smith, connue pour ses sculptures monumentales conçues avec des tissus et des vêtements, présentera à Los Angeles en octobre des installations qui rendront hommage à l’influence de la fameuse peluche.

     

    « Mickey : True Original Exhibition » du 8 novembre 2018 au 10 février 2019 à New York, au 60 10th Avenue,
    ✓ Du mardi au dimanche de 10h à 20h (38$ par personne)

     

     

     

  • John Barry, l’éternel…

     

     

    Il paraît que ça n’est pas bien de dire que c’était mieux avant…

     

    Pourtant, en ce qui concerne la musique de film, il faut quand même bien avouer qu’on a connu de sacrées révolutions dans le courant des années soixante, avec des compositeurs et musiciens qui ont entièrement redéfini le genre.

    Tandis que depuis les années 30, les Erich Wolfgang Korngold, Max Steiner ou Miklos Rozsa balisaient le cinéma américain, et du coup le cinéma mondial, de leurs scores symphoniques, pompieristes et illustratifs, c’est avec l’arrivée de Bernard Herrmann dans le courant des années 40, puis avec Alex North dans les années 50, un arrangeur qui venait du monde du jazz et de la musique dissonante, que les choses vont changer dans le paysage sonore de la musique de film.

    Des musiciens qui viendront quant à eux non pas du classique et de formations strictes, mais plutôt du jazz et de la musique expérimentale, emboîteront le pas de ces glorieux précurseurs, d’Ennio Morricone en Italie à Lalo Schifrin en Argentine, en passant par François de Roubaix en France, Jerry Goldsmith aux Etats-Unis et enfin John Barry au Royaume Uni.

    Je reviendrai bientôt avec plaisir sur chacun de ces compositeurs, mais penchons-nous aujourd’hui sur le cas du plus jazzy d’entre eux… Même si John Barry, à l’instar de ses confrères cités plus haut, n’a pas le patronyme reconnaissable entre mille pour le commun des mortels, ses musiques, en revanche, se chargeront de le rendre unique.

    Si James Bond est parvenu aujourd’hui au stade ultime de l’universalité, jouissant d’une identité si forte à travers le monde, ça n’est sûrement pas grâce à la qualité intrinsèque de ses films, non. Cela tient plutôt du fantasme, de l’inconscient collectif, car dès que surgit sur la droite de l’écran cette silhouette élégante en smoking, qui se met à tirer dans notre direction, avec cette célèbre vue suggestive de l’intérieur du canon d’un revolver (sublime représentation graphique de tout un univers exprimée en quelques secondes), que monte cette musique qui explose en un mélange de cuivres, de cordes et de guitare électrique, ce thème de Bond ouvrant chacun des films depuis « Docteur No », le premier de la série, on sait ce que l’on voit et on comprend ce qui est une évidence.

     

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    Alors, la musique de John Barry ?

     

    Du jazz, de la mélodie romantique poussée parfois jusqu’à son point de rupture, des apports judicieux d’instruments étonnants, et toujours ce quelque chose de mélancolique, toujours… Mais surtout, cette musique qui devait sonner « nouveau » et moderne, à l’époque où toutes ces compositions ont vu le jour. Il faut d’ailleurs préciser que le thème original de James Bond fut en fait composé par Monty Norman, avant que John Barry ne le ré-arrange, pour lui conférer toute cette modernité et cet élan incroyable.

    Pour Bond, c’est donc l’apport du jazz et de ces cuivres puissants trouvant leur paroxysme avec les scores de « Goldfinger », « Thunderball » ou le chef d’œuvre « You Only Live Twice », ainsi que les collaborations avec des interprètes comme Shirley Bassey ou Nancy Sinatra, qui soulignent tout le génie du premier mari de Jane Birkin. Et puis il y a aussi le symphonique flamboyant, toujours avec cette touche d’amertume, comme « La Rose et La Flèche » de Richard Lester, « Boom » de Joseph Losey, « La Vallée Perdue » de James Clavell ou « Out Of Africa » de Sydney Pollack.

    John Barry fut finalement à l’aise dans presque tous les genres. Même avec « Le Trou Noir », une production S.F. encombrante produite par Walt Disney en 1979, qui comptait bien surfer sur le succès du premier Star Wars arrivé deux ans plus tôt. Un film assez raté, mais qui devint grâce au score de John Barry une sorte de long poème contemplatif et étrange.

    Il ne faudrait pas oublier dans cette énumération succincte des plus grands succès de John Barry le générique de « The Persuaders » (Amicalement Vôtre). Sublime morceau venant de nul part, sorte de variation s’inspirant de mélodies d’Europe de l’Est, dans laquelle sont conviés des instruments tel que le cimbalom, le Moog et le clavecin. Si la série a forcément vieilli, ce générique reste encore et toujours un sommet du genre.

    Pas de date de naissance ni de décès de John Barry ici, parce qu’on s’en fout, en fait. Tant sa musique reste puissante, belle, racée et éternelle.

     

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    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Dévoreur Hubertouzot

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Hubert Touzot : Photographe dévoreur d’images

     

     

     

  • De La Soul, l’âge de l’impérieuse indépendance

     

     

    En 2014, le légendaire groupe américain de hip-hop De La Soul célébrait le 25ème anniversaire de la sortie de son premier album « 3 Feet High And Rising ». Afin de fêter cet événement dignement, nos trois compères annonçaient la prochaine sortie de leur 8ème album « And The Anonymous Nobody ».

     

    Particularité de ce dernier opus, il a été intégralement financé par les fans du groupe. Le projet était ainsi présenté sur le site de crowdfunding Kickstarter en mars 2015, avec un objectif à atteindre de 110.000 $ pour la production du disque. En effet, avec sept albums à leur actif en 25 ans depuis l’iconique « 3 Feet High And Rising » sorti en 1989, dont le dernier en date, « The Grind Date », remontait déjà à 2004, les membres de De La Soul ont ressenti l’impérieuse nécessité de revendiquer une indépendance artistique totale, en se passant dorénavant de label. L’objectif initial était atteint en quelques heures, à la hauteur de la légende… La souscription prenant fin le 30 avril 2015, ce furent finalement plus de 600.000 $ qui étaient collectés à cette date…

    Le son du groupe originaire de Long Island s’appuie depuis sa formation en 1988 sur l’utilisation assumée de samples, intégrant ainsi tous les styles de musique qui ont pu l’inspirer depuis trente ans, du jazz à la soul, en passant même par Serge Gainsbourg, sur leur troisième opus « Buhloone Mind State » sorti en 1993, ou encore les Whatnauts et leur classique « Help Is On The Way » dans le titre « Ring Ring Ring », extrait de l’album « De La Soul Is Dead » (1991).

    Rien de plus normal et légitime, donc, que de retrouver un des groupes parmi les plus iconiques du hip-hop égrener ses hits mythiques aux côtés de Common et The Roots pour le concert « Love & Happiness: An Obama Celebration » en novembre 2016. Bon, ne voyez rien de politique dans mes propos, mais ça avait quand même plus de gueule, en ce temps-là…

     

    « Come on, President Obama, do it again… »

     

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    Avec « And The Anonymous Nobody », les trois compères nous surprennent encore, puisqu’ils s’y auto-samplent effrontément, faisant un magnifique pied de nez aux avocats à l’affut de la moindre suspicion de plagiat… En effet, suite aux dernières condamnations (l’affaire Blurred Lines, notamment…), tous les samples présents sur ce nouvel album proviennent de jams sessions live ou studio, auxquelles ont d’ailleurs participé quelques guest stars, comme David Byrne, 2 Chainz, Usher, Pete Rock, Roc Marciano, Estelle, ou encore Snoop Dogg.

    En septembre 2015, le trio s’excusait auprès de ses fans pour le retard pris dans la production de ce dernier opus : « Hello Fellow Humans, well… We’re working hard to get this album sounding right for your vents to receive. Please accept our apologies for the delay in updates ».

    Allez maintenant, afin de vous replonger dans l’histoire d’un monument du hip-hop, vous pourrez toujours regarder un reportage que Tracks leur consacrait en 2014, et pour vos oreilles, nous ne saurions trop vous conseiller d’écouter la mixtape sortie la même année : « Smell The Da.I.S.Y. (Da Inner Soul Of Yancy) » (pressage indépendant).

     

     

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    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] We Are De La Soul

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] De La Soul @ Tracks

     

     

     

  • Les Caméos d’Alfred

     

     

    Un caméo (francisation du mot italien cammeo), employé pour la première fois au théâtre en 1851, consiste en l’apparition fugace dans un récit, une pièce ou un film, d’un acteur, d’une actrice, du réalisateur ou du metteur en scène, ou plus généralement d’une personnalité déjà célèbre. Le caméo est avant tout un clin d’oeil, et la tradition veut que le personnage en question ne soit pas crédité au générique.

    Voici donc une compilation réalisée par Morgan T. Rhys des caméos d’Alfred Hitchcock, réunissant des célèbres, et des moins célèbres… Voire certains presque impossibles à repérer.

    A vous de jouer…

     

     

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    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Morgan T. Rhys

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Les Caméos d’Alfred

     

     

     

  • Aretha Franklin, « Force et Grâce » à l’Olympia en 1968

     

     

    Ancien chroniqueur de jazz au Monde, Lucien Malson publiait le 8 mai 1968 une critique enjouée à l’issue d’un concert à l’Olympia de la légende de la soul, Aretha Franklin, décédée le 16 août.

     

    8 mai 1968. Que le jazz ait fécondé les variétés, qu’il ait eu avec elles des rejetons plus ou moins charmants, qu’il ait en tout cas modifié l’apparence de l’art populaire occidental, voilà ce dont on ne peut douter. D’autre part, ce grand séducteur voyage sous des noms nouveaux et, muni de faux papiers d’identité, va de New York à Londres et de Londres à Paris. Qu’est-ce donc que le « rhythm and blues » authentique, sinon une musique qui n’existe que pour le swing et ne vaut que par lui ?

    En ce domaine, les Noirs des Etats-Unis nous ont toujours paru difficilement imitables, non par le fait de quelque génie racial – à supposer qu’il soit concevable, celui-ci se trouverait aujourd’hui fort dilué – mais en raison des circonstances de leur vie. Ce n’est pas un hasard, par exemple, si les talents de la plupart des chanteuses de couleur, depuis la guerre, éclosent dans les églises avant de s’épanouir dans les salles de concert. Cette expérience du rythme extatique, dès l’enfance, a marqué Fontello Bass, Mitty Collier, Byrdie Green, Etta James, Gloria Jones, Kitty Lester et, bien sûr, Aretha Franklin, que nous avons applaudie hier soir aux galas d’Europe 1.

     

    La voix puissante d’une Mahalia Jackson et un tempérament scénique remarquable

     

    Aretha Franklin, fille d’un pasteur baptiste, née à Memphis en 1942, s’est consacrée d’abord au gospel song et, pendant sept ans, jusqu’à la saison dernière, à toutes les formes de l’art vocal de divertissement chez Columbia. Désormais, Atlantic la révèle telle qu’elle est au plus profond d’elle-même : musicienne de jazz dans l’âme, et que la critique, outre océan, compare déjà – un peu hâtivement – à Ray Charles.

    La troupe d’Aretha Franklin, c’est vrai, s’apparente à celle de Charles. Elle apporte partout où elle passe un mélange réjouissant de chants et de danses, de musique et de spectacle. Pourtant, le groupement criard et assommant, qui assure la première partie, n’a rien à voir avec celui de son illustre confrère ni même avec l’ensemble de James Brown. Les douze musiciens jouent selon le vieux principe du « chacun pour soi et Dieu pour tous » et ne se rachètent qu’après l’entracte en accompagnant tout de même assez bien la chanteuse. Celle-ci a la voix puissante d’une Mahalia Jackson et un tempérament scénique remarquable. Sa très jeune sœur, Caroline Franklin, anime un aimable trio vocal qui tient ici le rôle des « Raelets ».

    Tant de force et tant de grâce alliées font merveille. Le public parisien a beaucoup aimé une Aretha Franklin qui se promet de revenir et nous donne ainsi l’espoir d’assister plus souvent à ces « soirées de la 125ème Rue », auxquelles nous restons très attachés.

     

    Source : Archive du journal « Le Monde » du 08 mai 1968