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  • Haute prend de la hauteur

     

     

    Avec son dernier single en date « Shut Me Down » sorti en octobre 2017, le duo français Haute s’impose peu à peu dans le paysage musical comme un de ses espoirs parmi les plus sérieux. 

     

    Nous découvrions Haute en septembre 2014, avec leur premier titre « Down » publié sur leur page Soundcloud et dans la foulée sur la compilation Nova Tunes 3.0. Cette jolie bluette mélangeant sonorités rythmées, sampling et voix suaves, au croisement du hip-hop électronique (proche de l’univers de Flume) et de la pop soulful, nous laissait déjà présager un avenir radieux pour nos deux comparses.

     

    https://soundcloud.com/hauteofficial/down

     

    S’ensuivent ensuite deux Eps, « Reciprocity » et « Nuit » sortis respectivement en 2015 et 2016, qui posent les bases de ce que sera définitivement le son « Haute », entre groove électronique, esthétique funky, nappes vaporeuses et pop soulful, et qui retranscrivent bien l’univers d’un groupe à deux facettes qui se complètent parfaitement. On pourrait d’ailleurs dire de cette dualité qu’elle est totale puisqu’elle se ressent tant dans leur musique que dans l’histoire qui lie les deux artistes.

    Car les deux membres du duo Haute, Anna Magidson et Romain Hainaut, étaient décidément faits pour se rencontrer. Après une enfance passée en Californie pour la première et à New York pour le second, c’est dans la même rue de Montréal que ces deux Français emménagent et dans la même université (Mc Gill) qu’ils étudient tous les deux la musique et la philosophie. Les coïncidences ne s’arrêtent d’ailleurs pas là : en 2010, ils rentrent finalement en contact via un groupe musical sur Facebook (créé par Romain), et commencent à partager leurs affinités musicales… sans jamais s’être rencontrés.

    Cette rencontre, elle se fera finalement par hasard à 5.500 km de chez eux, à Paris, alors que les deux jeunes gens sont en vacances chacun de leur côté. C’est à l’occasion de ce premier rendez-vous qu’Anna et Romain réaliseront qu’il est grand temps pour eux de rentrer en studio ensemble, ce qu’ils feront à Paris, par l’intermédiaire de Diez Music, pour enregistrer leur premier titre « Down ».

    En 2016, le destin, encore lui, cogne une nouvelle fois à leur porte, en les invitant à venir présenter au grand public « Rêverie », titre qui sera sélectionné pour devenir la signature sonore de la chaîne d’hôtels Sofitel, assurant au morceau une diffusion mondiale.

     

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    Aujourd’hui, leur dernier titre « Shut Me Down » constitue tant la suite logique que la synthèse de l’histoire de Haute. Blasé et Anna créent en symbiose : ils écrivent, composent, partagent, enregistrent et font vibrer chaque morceau à deux. Une alchimie que l’on retrouve donc sur le morceau « Shut Me Down » et qui nous a séduits. On vous invite d’ailleurs fortement à suivre le duo dans le futur, car tant de signes du destin ne peuvent être ignorés. En attendant, on vous laisse découvrir la version live du morceau sur la plateforme contemporaine Colors Berlin.

     

     

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    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Sources » class= » » id= » »]

    © Article de Chloé Lecerf pour Cyclones Magazine

    © Article de Tawfik Akachar pour Villa Schweppes

    © Photo à la Une par Louise Carrasco

     

     

     

  • Diamants sur canapé | Episode 3

     

     

    La Fête…

    « 5ème Avenue, 5 heures du matin, Audrey Hepburn, Diamants sur canapé et la genèse d’un film culte » par Sam Wasson – Sonatine Editions – 2010 (Extraits)

     

    Le tournage n’a duré qu’une semaine à New-York. Le temps des scènes chez Tiffany et de quelques extérieurs. Tout le reste du film fut tourné à Los Angeles dans les studios de la Paramount. On dit que miss Hepburn aurait amené pas moins de trente-six valises ainsi que son mari, Mel Ferrer et leur fils de dix mois, Sean. On logea toute la petite famille dans une maison de Coldwater Canyon.

     

    25:17 : La fête bat son plein.

    Pour filmer la scène de la fête, Blake Edwards a l’idée d’en organiser une vraie, pour mettre les acteurs « en condition ». Rien de tel pour filmer « sur le tas » de vraies scènes de comédie hilarantes. Il s’agissait de laisser libre cours au naturel. Cette petite sauterie dura pas moins de huit jours pleins. Blake Edwards voulait de vrais acteurs pour cette scène, pas des figurants. C’est ce qu’il avait demandé au bureau de casting. Pas de grands acteurs, non, mais des acteurs de seconds rôles qui seraient capables, le moment venu, de tourner plusieurs prises d’une situation cocasse observée durant la fête. « Convaincre le studio de rémunérer des acteurs jusqu’à 125 dollars par jour quand les figurants sont beaucoup moins chers ne fut pas facile à négocier ». Il fallut une semaine, du 2 au 9 novembre, à Blake Edwards pour avoir la matière suffisante à une scène qui durerait 13 minutes dans le film. Il fallut également engager une chorégraphe, afin que chaque morceau de fête, chaque personnage mis en avant, chaque scène soit organisée et les déplacements orchestrés.

    Blake eut certaines idées, comme celle du téléphone dans la valise, du fou rire devant la glace ou de la douche. D’autres fois, il demandait aux acteurs d’improviser, comme pour la scène de la dispute. Ou encore, les idées étaient saisies au bond, comme celle de tenir ses chaussures à la main lorsqu’on a trop mal aux pieds. Blake Edwards avait organisé une vraie fête, et comme dans toutes les fêtes, certains acteurs avaient des coups de barre qui étaient filmés au vol. Une autre fois, Georges Peppard pinça les fesses de Joyce Meadows qui dansait moulée dans une robe blanche. Elle poussa un cri et la scène fut enregistrée. On ne savait jamais à quoi s’attendre !

    La scène de la chute, quant à elle, faillit tourner au drame. « Cette fois c’était l’actrice Dorothy Whitney qui s’y collait ; elle interprétait Mag Wildwood et devait tomber directement devant l’objectif en gardant les bras le long du corps. Cette pitrerie fut un véritable cauchemar pour l’actrice. Elle était terrorisée. – Je n’y arrive pas, je n’en suis pas capable ! Disait Dorothy. Blake a insisté jusqu’à ce qu’il obtienne gain de cause. » Il a fallu plus de treize prises.

    Quand Audrey Hepburn arriva sur le plateau numéro 9 de la Paramount début du mois de novembre 1960, la fête battait son plein depuis déjà plusieurs jours. 540 litres de thé glacé et de Canada Dry, de la viande froide, des sandwichs, plus de 60 cartouches de cigarettes et 20.000 dollars de frais de production. « Il y avait du monde partout ! ». On avait fait venir un enfumoir à abeilles pour recréer l’ambiance enfumée d’une fin de soirée. Audrey était coiffée d’une choucroute énorme parsemée de mèches blondes décolorées. « Entre les scènes, elle était douce, modeste et gentille avec tout le monde. Certaines stars regagnent leur loge entre les prises, mais pas elle. »

    La scène fut une réussite. A tel point que Blake et le scénariste Tom Waldman décidèrent d’en faire tout un film : c’est comme ça qu’est née l’idée de « La Party ».

     

     

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  • Diamants sur canapé | Episode 2

     

     

    Les croissants…

     

    « 5ème Avenue, 5 heures du matin, Audrey Hepburn, Diamants sur canapé et la genèse d’un film culte » par Sam WassonSonatine Editions – 2010 (Extraits)

     

    Dimanche 2 octobre 1960. New-York, 5ème Avenue, il est 5 heures du matin. La rue est déserte. Il fait froid. Audrey Hepburn, oscarisée pour son rôle dans « Vacances Romaines », s’apprête à tourner la toute première scène de « Diamants sur canapé », sous la réalisation de Blake Edwards. Une comédie ! Elle n’a jamais joué dans une comédie et malgré l’heure matinale, nerveuse, fume cigarette sur cigarette. Elle attend dans un taxi jaune l’ordre de tourner. Dans sa main, un sac en papier brun. « Action ! »

     

    Un taxi jaune apparaît. Il s’arrête le long du trottoir, devant une boutique au N°727 de la 5ème Avenue. Une jeune femme en descend, claque la portière. Elle porte une robe noire, un collier de perles, des gants noirs, des lunettes de soleil malgré l’heure matinale. Elle est coiffée d’un chignon. Sans doute rentre-t-elle d’une soirée chic. Elle lève la tête vers l’enseigne : « Tiffany ».

    « Ca tourne » ! Le second assistant-réalisateur fait signe au chauffeur de taxi qui démarre. La rue avait été spécialement évacuée pour la scène. Il fallait faire vite. Le soleil brillerait bientôt bien trop haut pour illustrer un matin aux aurores. De plus, le premier ministre soviétique, Nikita Khrouchtchev, devait faire une apparition sur cette même 5ème Avenue à 7h30 précises. Cela ne laissait donc que deux heures pour tourner. Mais Audrey Hepburn ne souhaite pas bâcler la scène. Elle se dit que si Holly, la call-girl dont elle joue le rôle, ne se sent chez elle que chez Tiffany, alors il lui faut prendre son temps et savourer cet instant comme un pur moment de bonheur. Aussi, plutôt que de s’approcher tout de suite de la vitrine, choisit-elle de s’arrêter au bord du trottoir et de lever les yeux. Blake Edwards ne lui avait-il pas demandé de se fier à son intuition là où d’autres réalisateurs exigeaient un mot-à-mot parfait ?

     

    0:48 : La jeune femme avance à petits pas telle une geisha vers la vitrine du magasin. Elle regarde les bijoux.

    Sam Wasson raconte : « Il avait fallu coudre deux robes uniquement pour ces quelques secondes. Une pour déambuler devant le magasin, fendue sur le côté afin de lui permettre de se déplacer, l’autre pour les scènes statiques, tellement ajustée qu’elle ne lui permettait aucun mouvement. Audrey devait enfiler les deux robes alternativement. »

     

    1:02 : La jeune femme tient dans sa main un petit sac de papier dont elle sort un croissant qu’elle met à la bouche et un gobelet contenant un café.

    « Comment allait-elle faire pour avaler ce truc ? Audrey ne voulait pas faire d’histoire mais elle avait les viennoiseries en horreur et avait demandé à Blake si cela le dérangerait qu’elle déambule devant la vitrine de Tiffany en mangeant plutôt un cornet de glace. Mais il avait refusé. Evidemment, sa décision était entièrement justifiée. C’était l’heure du petit déjeuner après tout et ce ne serait pas vraisemblable. »

     

    2:22 : La jeune femme jette la pochette en papier dans une poubelle avant de s’éloigner sur le trottoir. Le générique prend fin.

    « Les badauds commençaient à s’attrouper déjà par groupes de deux ou trois, et, un court instant plus tard, ce qui n’était au début qu’un petit attroupement s’était mué en une foule de curieux ». Sur une photo, on voit la foule prendre des photos du tournage, sur le trottoir d’en face. C’était la première fois qu’on tournait un film à l’intérieur du magasin Tiffany. Cet exploit avait necessité six longs mois de tractations et la contrepartie, c’était Audrey ! « Laisser une équipe entière s’installer parmi certains des bijoux les plus coûteux de la planète représentait un défi logistique et un cauchemar pour les assureurs, certes, mais d’un point de vue promotionnel, cela représentait une opportunité en or pour le joaillier. Il n’y avait qu’à mettre le collier Schlumberger au cou d’Audrey et de laisser les photographes la mitrailler. » Et en effet, c’est ce qui se passa. Audrey Hepburn fut photographiée dans la boutique Tiffany avec à son cou le collier créé par Jean Schlumberger, au centre duquel se trouvait le plus gros diamant jaune du monde, de 8 centimètres de diamètre pour un poids de 128,54 carats. « Jusque là, le collier n’avait été porté que par une seule femme, Madame Sheldon Whitehouse, épouse d’un sénateur qui avait présidé le bal donné par Tiffany en 1957. »

    Ce bijou apparaît brièvement à l’écran, protégé derrière une vitrine, dans la scène où Holly et Paul font graver la bague trouvée dans un paquet de friandises.

     

    65:26 : « Il m’est arrivé de remonter la 5ème Avenue très souvent, mais c’était la nuit. Est-ce que vous aimez Tiffany ? Ce n’est pas magnifique ? Il semble que rien de désagréable ne peut arriver dans un magasin de ce genre. En réalité je me fiche des bijoux, à part les diamants, bien entendu. Regardez ça ! Qu’est-ce que vous en dites ? Bien sûr, je serais insensée de porter des diamants avant 40 ans. »

     

     

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  • Diamants sur canapé | Episode 1

     

     

    Histoire de la Petite Robe Noire…

     

    « 5ème Avenue, 5 heures du matin, Audrey Hepburn, Diamants sur canapé et la genèse d’un film culte » par Sam WassonSonatine Editions – 2010

    Le film « Diamants sur canapé » de Blake Edwards (1961) n’aurait jamais dû voir le jour en raison de son sujet sulfureux pour l’époque. Audrey Hepburn y campe une call-girl, Holly Golightly, inspirée de la mère du romancier Truman Capote. Le scénario, rédigé par George Axelrod (« Sept ans de réflexion ») est tiré de la nouvelle éponyme « Breakfast at Tiffany’s ». A l’époque, Audrey Hepburn dans un rôle de garce généralement alloué à Bette Davis, c’est une révolution. Parce que c’était elle, soudain, vivre seule, sortir, avoir l’air sublime, boire un petit coup de trop et être célibataire ne semblait plus honteux mais amusant. Le film fut un véritable succès. Parce que c’était elle, et aussi, grâce à une certaine petite robe noire.

    La costumière, Edith Head, avec huit Oscars à son actif, était une institution à la Paramount. Elle fit la connaissance d’Audrey Hepburn sur le tournage de « Vacances Romaines ». Elle avait l’habitude de tourner avec Grace Kelly, celle « qu’elle préférait habiller » car elle avait une beauté emblématique des années 1950 : « Elle avait le tour de taille idéal, les sourcils parfaitement dessinés et rentrait tout naturellement dans le moule ». Audrey, c’était une autre histoire ! Il fallait dissimuler son cou grêle derrière des foulards ou des colliers, élargir sa carrure pour mettre son visage en valeur, cacher ses bras trop frêles sous des manches, ses jambes d’échalas sous des jupes longues et sa petite poitrine en attirant le regard sur sa taille de guêpe. Sans parler de ses sourcils trop épais…

    Pour le film « Sabrina », en 1954, Billy Wilder avait demandé à un jeune couturier parisien de 26 ans (Audrey en avait 24), Hubert de Givenchy, de transformer la jeune fille normale de Long Island en élégante parisienne. Deux brindilles se rencontrent donc au 8 Rue Alfred de Vigny, l’une de deux mètres de haut et l’autre de 1m73, aux mensurations peu généreuses : 805580. Une robe de cocktail noire au décoletté en V dans le dos, tenue par deux petits nœuds aux épaules, transforma Audrey en icône de la mode et en muse de Givenchy.

     

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    Durant l’ère victorienne, le noir était presque exclusivement réservé au deuil. C’est la couleur qui était associée à la féminité et à la séduction : il fallait que la femme attire le regard de l’homme. Dans les années 1920, les garçonnes se glissent dans les robes-tubes de satin noir. Chanel s’empare de ce concept de modernisation et la petite robe noire se démocratise. Après le Krach boursier, elle devient le symbole de la nouvelle austérité. Et après la guerre, Dior en fait, à Paris, un signe de luxe et d’élégance. Mais dans le cinéma hollywoodien des années 1950, c’est encore la couleur qui représente l’emblème de la féminité, le noir étant réservé aux femmes vénéneuses, les vamps qui font souffrir et par qui le malheur arrive (« Gilda » avec Rita Hayworth). En 1960, Hubert de Givenchy reçoit le script de « Diamants sur canapé » :

     

    « La portière du taxi s’ouvre et une fille en descend. Elle est vêtue d’une robe de soirée décolletée dans le dos et porte, en plus de son sac à main, un sac en papier brun. »

     

    La scène avait lieu au petit matin. Et Audrey était l’archétype de la fille saine et gentille : porter du noir, à New-York, alors que Holly est une fille toute simple du Texas qui ne connaît rien à la mode parisienne et n’a pas d’argent ! C’était du jamais vu. Grâce à cette scène de « Diamants sur canapé », le glamour devint accessible aux femmes de milieu modeste : n’importe qui pouvait devenir chic grâce à la petite robe noire. Pendant que Doris Day s’amusait avec des motifs floraux sur fonds de bleu et de rose, Audrey Hepburn osa la robe noire qui symbolisait le pouvoir et l’expérience sexuelle. Sur elle, cette couleur devint sophistiquée et glamour. Des millions de femmes allaient se rendre compte qu’elles pouvaient s’approprier ce qui jusque là était réservé aux femmes très riches s’habillant chez les grands couturiers français. De par sa simplicité, la petite robe noire, facile à coudre à la maison, allait entrer dans tous les foyers.

     

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  • Gregorio Allegri : Miserere Mei, Deus

     

     

    C’est une prouesse digne du génie qu’il était : alors qu’il n’avait que 14 ans, Mozart entendit le « Miserere » d’Allegri, œuvre dont le Vatican interdisait la retranscription, et la reporta sur une partition… de mémoire. C’est ainsi qu’il est parvenu jusqu’à nous aujourd’hui.

     

    Le musicien Gregorio Allegri, prêtre et ténor de la chapelle pontificale, écrivit une œuvre sublime, le « Miserere », autour de 1638. Le Vatican, souhaitant s’en réserver l’exclusivité, en conserva le manuscrit, tout en en défendant la reproduction et l’exécution à l’extérieur de la divine enceinte.

    En 1770, soit près de 150 ans plus tard, le jeune Wolfgang Amadeus Mozart effectuait, en compagnie de son père, son premier périple en Europe. Se trouvant à Rome, ils se rendirent tous deux, un soir, à la Chapelle Sixtine pour y écouter l’œuvre. En rentrant à leur pension, Léopold, le père, s’extasiait devant ce qu’il venait d’entendre, et se lamentait dans le même temps : « Qu’il est dommage qu’une œuvre aussi belle ne puisse être jouée hors du Vatican ! ». Son fils lui répondit : « Mais si, père, c’est possible ! ». Le soir même, Wolfgang Amadeus Mozart couchait sur le papier, de tête, la partition du Miserere d’Allegri, œuvre à neuf voix pour deux chœurs.

    Il l’avait entendue une fois, et la connaissait par cœur… Donc, si vous aussi, vous en sentez le courage, allez, c’est parti, vous avez une nuit pour me retranscrire tout ça !

     

     

     

    Et en cadeau, une version du « Miserere » enregistrée en public le 14 octobre 2012 au Muziekgebouw d’Amsterdam, lors du 75ème anniversaire du Nederlands Kamerkoor.

    Dirigé par Risto Joost
    Solistes : Heleen Koele (soprano), Annet Lans (soprano), Dorien Lievers (alto), Kees Jan de Koning (basse/bariton)
    Choeur : Nederlands Kamerkoor

    Image / Edition : Ovamus Creative Productions
    Son : A-A-Audio

    Camera : Onno van Ameijde, Steven van Eck, Marco Schürmann
    Filmé avec 2x Sony FS100 (kit lens), 1x Sony FS700 (metabones + Canon L series 70-200mm II)

    © 2012 all rights reserved

     

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  • Chorus, ainsi soit-il…

     

     

    En 1978, alors qu’il n’y a plus d’émission rock à la télé française et que l’on vit la fin du mouvement Punk, Antoine de Caunes lance « Chorus », un concept simple : de la musique live, jouée sur scène devant un public. 

     

    Introduite par un générique réalisé par Bazooka, un collectif de graphistes anti-conformistes, Chorus incarne donc le rock, la fin du punk et les débuts de la new wave à la télévision française. Diffusée chaque dimanche sur Antenne 2, après la messe dominicale, de septembre 1978 à juin 1981, Chorus compose durant près de trois ans avec les plus grands noms de la scène internationale, du post punk et de la new wave ! Le concept épuré de l’émission rompt avec la courte tradition du rock à la télévision. Depuis le début des années 70 avec « Pop 2 », émission où le discours des rock critics est omniprésent, puis « Rockenstock » en 1972 et « Juke Box » en 1975, l’esprit de sérieux guettait déjà le rock. Chorus contre-balance ce côté intellectuel du rock avec une volonté de dérision assumée.

    C’est dans cette forme de simplicité qu’Antoine de Caunes va dépasser le statut de jeune sensation de saison et installer les fondations du « performer » télévisuel que l’on a connu par la suite avec « Les Enfants du Rock », « Rapido » ou « Nulle Part Ailleurs ». Son talent indéniable, sa jeunesse et son apparence plutôt propre sur lui, confèrent à Antoine de Caunes une certaine liberté pour faire passer sur la scène du Théâtre de l’Empire ou celle du Palace un subtil cocktail d’artistes encore classés à l’époque dans la sous-culture et d’artistes dont la renommée est déjà frémissante.

    Quatre décennies plus tard, alors que cette émission est entrée dans le cercle des programmes cultes, l’Ina a rassemblé pour le plus grand plaisir des yeux et des oreilles les meilleurs moments live de Chorus.

    En 2010, Antoine de Caunes revient sur le concert donné par le groupe de rock britannique Police, sur la scène du Théâtre de l’Empire, à Paris, enregistré pour « Chorus » et diffusé sur Antenne 2 le 23 décembre 1979.

    A redécouvrir d’urgence…

     

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    instant-city-chorus-dvd

     

     

     

  • Premiers souvenirs du p’tit Lucien…

     

     

    « Ma mère était une sainte, et elle l’est toujours. Elle eut trois enfants, dont deux jumeaux. Dont moi… Tout gamin, j’échafaudais des projets magnifiques. Je pensais à la peinture, à la musique, à l’architecture, à la sculpture… Et à la poésie…

     

    Mon passé ne m’a rien appris sinon que le seul moyen de conserver la vie était de la laisser aller à la dérive et de voir ce qui se passerait.

    J’ai perdu mon père il y a quelques années. Il est toujours vivant dans ma mémoire. J’avais six mois, je pense, quand j’entendais Rapsody In Blue. Il était pianiste de boîte de nuit. Après, j’ai entendu durant une quinzaine d’années tous les jours cette rapsodie. Bon, ici, 1935, 36, mes souvenirs chavirent, mais mon père est toujours là.

    Joseph Ginsburg, marié à Brucha Goda Besman, donnent naissance en 1928, à un petit garçon qu’ils appellent Lucien. Lucien Ginsburg, devenu Serge Gainsbourg, justement par ce voyage initiatique. Nous sommes ici au 11bis de la rue Chaptal, et je passe la porte. En 1935, juste à côté de l’école des filles se trouve, ici prémonition de la guerre, on dirait bazooka, se trouve donc, disais-je, la porte de l’école maternelle que j’ai franchie à l’âge de 5 ou 6 ans. Et comme une prémonition, flash forward, à côté de cette école maternelle se tenait la Société des Auteurs Compositeurs et Editeurs de Musique. Le bas relief date de 1937, 38, je pense… 37, je crois. Il y avait Beethoven qui me narguait de la hauteur de son génie. Et puis, et puis ici s’ouvraient… Mes fantasmes.

    J’étais un assez bon élève à l’école communale…

    L’orchestre jouait un brillant tango
    Dans ses bras il tenait sa belle
    Moi, sur la table, j’ai pris un couteau
    Et ma vengeance fut cruelle

    Oui, j’étais grise,
    j’ai fait une bêtise
    J’ai tué mon gigolo
    Devant les copines
    comme une coquine
    Dans le coeur j’y ai mis mon couteau…

    Voilà… C’est Fréhel qui chantait ça. Je n’ai pas chanté ça gratuitement. Nous sommes toujours rue Chaptal, et j’avais reçu la croix d’honneur, parce que j’étais bon élève, et Fréhel m’invita dans ce café. Je me souviens très bien, 1938. Diabolo grenadine. Elle, elle était au rouge. Et voilà le trottoir que je prenais Rue Henner jusqu’à la rue Paul Escudier, en patins à roulettes… »

     

     

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  • OnStage | B.B. King

     

     

    Le dernier King of Blues nous quittait le 14 mai 2015, à l’âge de 89 ans. Après Freddie King en 1976 et Albert King en 1992, c’était au tour de B.B. King de tirer sa révérence.

     

    Nous retrouvons donc B.B. King en 2010, dans le cadre du Crossroads Festival, organisé au Toyota Park à Bridgeview, IL (en banlieue de Chicago).

    Réunie sur scène, au service de « Blues Boy » et Lucille, qui ne l’aura jamais quitté jusqu’à la fin, pour célébrer le blues, une sacrée brochette de musiciens : Eric ClaptonRobert CrayJimmie Vaughan et d’autres, pour une reprise dantesque de « The Thrill Is Gone ».

     

    « I’m free now, baby, I’m free from your spell… »

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    Et nous passerons ensuite un moment en compagnie du King, qui nous racontait en 2012 l’histoire du meilleur repas de toute sa longue vie…

     

    « Anyone asking me for food, I would never, ever deny them… »

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    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] BB King Museum

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] BB King Official

     

     

     

  • Jim et Hubert Touzot, exposition croisée à la galerie Octopus

     

     

    Quoi de mieux qu’une exposition croisée pour célébrer la belle amitié entre deux grands talents ? L’auteur de BD Jim et le photographe Hubert Touzot, alias « Dévoreur », se donnent magnifiquement la réplique en investissant les murs de la Galerie Octopus à Paris.

     

    La Galerie Octopus est heureuse de vous présenter l’exposition croisée de l’auteur et dessinateur de BD Jim et du photographe Hubert Touzot, dans son local du 3ème arrondissement, 80 rue des Gravilliers à Paris.

    Thierry Terrasson, alias Jim ou encore Tehy, est un auteur et dessinateur de BD prolifique, avec plus d’une centaine d’albums à son actif. Consacré, entre autres, pour son œuvre en trois tomes, « Une Nuit à Rome », sa ligne parfaitement juste et élégante esquisse régulièrement les affres de l’amour, du désir, du corps et du cœur. Il exposera ses dessins à la galerie en regard des photos de Hubert Touzot, dont il reprend certains travaux dans ses albums, en hommage à son ami de toujours.

    Hubert Touzot, Photographe Dévoreur, est un artiste qui se dédie aujourd’hui avant tout à la photographie. Quand il revêt l’habit du photographe, Hubert devient Dévoreur et mange les images avec avidité : couleurs tranchantes, lignes puissantes, superpositions de corps et de figures qui se découpent ou se perdent dans le cadre. Il présente pour la première fois son travail dans le cadre intimiste de la Galerie Octopus, en vis-à-vis des planches de Jim, mettant en avant leurs liens intimes et artistiques.

    En 2016, Jim nous déclarait à propos de son ami : « Hubert Touzot est un photographe qui a un vrai talent et mérite que l’on découvre son travail. Je lui rends d’ailleurs hommage dans l’un de mes derniers albums « De beaux moments ». C’est aussi un super ami, la personne la plus drôle que je connaisse. Il a un cerveau connecté je ne sais où, ce qui lui permet de constamment partir en vrille sur n’importe quel sujet. Il a fait un peu de scène à une époque… Il me conseille, je le conseille. Nous avons même fait un livre ensemble : « T’chat ». Nous nous faisions passer pour une fille et faisions tourner en bourrique des hommes avides de sexe sur les premiers réseaux sociaux. On en pleurait de rire ! L’éditeur un peu moins quand il a vu les chiffres de vente désastreux (rires). C’était il y a cinq ans environ. Hubert l’avait signé U’br. Il écrit toujours, le bougre. Mais son vrai virage est la photographie. »

    Les deux comparses, dont nous suivons ainsi le parcours depuis quelques années et à qui nous avons déjà consacré un certain nombre d’articles, de portraits ou d’interviews, nous touchent par leur gentillesse et leur bienveillance, alliées à une culture impressionnante. Alors, courez à la Galerie Octopus, avec le secret espoir qu’ils s’y trouvent, et vous aurez peut-être la chance de pouvoir papoter avec eux, de tout et de rien, mais surtout de BD, de photo ou encore de cinéma…

    L’exposition croisée Jim et Hubert Touzot, à ne rater sous aucun prétexte…

     

     

     

     

  • La Légende de Marley

     

     

    Bob Marley fut un artiste engagé, et trente-sept ans après sa mort, le roi du reggae reste le représentant incontesté de la musique du tiers-monde, mais aussi le symbole de l’émancipation de ces métis jamaïcains socialement rejetés.

     

    Mort très jeune, Bob Marley a eu le temps, toutefois, d’imposer en Occident cette musique au tempo lascif et ses tubes planétaires. L’album hommage titré « Tribute Bob Marley, la Légende » paraissait le 10 juin 2016.

    Car il y a le reggae et il y a Bob Marley… Le rastaman superstar de la Jamaïque est décédé le 11 mai 1981. Trente-sept ans plus tard, son album « Legend » reste l’un des disques les plus vendus au monde.

    Alors comment ce gamin de la misère, enfant illégitime, métis et socialement rejeté, a su gagner une audience planétaire ? Réponse avec le musicien et fan Tété et le journaliste Bruno Blum.

    « Au départ, le jeune Robert Nesta Marley quitte sa campagne pour le ghetto de Trench Town. A Trench Town, il commence la musique en jouant avec Peter Tosh, car celui-ci est un des seuls mecs du ghetto qui possède une guitare. Ce sont les tout débuts, avec les Wailers. Bien avant qu’ils ne se renomment Bob Marley and The Wailers. A l’époque, ils commencent à jouer du rock-steady. » (Tété)

    « Le premier album des Wailing Wailers, comme ils s’appellent au moment de la sortie du disque en 1965, c’est du pur ska. Sur cet album figure le titre « Rude Boy » qui sera un de leurs tout premiers hits. » (Bruno Blum)

     

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    Après plusieurs No 1 en Jamaïque, Marley, loin de rouler sur l’or, décide d’émigrer aux Etats-Unis en 1966.

     

    « Marley fait Woodstock. Sauf qu’il ne participe pas au festival en tant que musicien, mais il va y vendre des petits colliers de perles pour se faire un peu d’argent. L’histoire de Marley, c’est la survie. En 1979, Marley sort son morceau « Survival« , et ça n’est pas surfait, pour la peine. La Jamaïque, il faut le rappeler, ça n’est pas du tout l’image qui figure sur les cartes postales. La Jamaïque est ultra-violente et le Jamaïcain n’est pas cool. A tel point que dans les bals du samedi soir, les mecs buvaient de la bière. Enormément de bière… Et quand vous avez une musique un petit peu électrique, et un tempo assez enlevé, les mecs finissaient par se battre. Le premier tube de Marley, c’est « Simmer Down » en 1964. Simmer Down, ça veut dire « Hé mec, reste cool ». Et en fait, il y a un mec qui a l’idée géniale de ralentir le tempo. Le reggae, c’est juste ça, du rock-steady dont on a ralenti le tempo. » (Tété)

     

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    Le tournant international dans la carrière de Marley, c’est sa rencontre avec le producteur Chris Blackwell à Londres en 1973. Blackwell dit : « Moi, je la comprends, cette musique, mais les gens ne vont pas la comprendre, car le principe du reggae, c’est que les temps sont à l’envers. Nous, on a l’habitude, les 2, les 4, comme on dit. Avec le rythme one-drop, vous avez le charley qui fait tss tss tss tss, et sur le 3ème temps, vous avez la grosse caisse qui fait boum, et la caisse claire qui fait clac… »

    Le coup de génie de Chris Blackwell, c’est de vendre Marley comme un artiste de rock, et non comme un artiste de reggae. On ajoute des solos de guitare, une image plus rock. Marley apparaît sur les photos avec ses musiciens, alors qu’en Jamaïque, les groupes de rock, ça n’existe pas. Plus qu’un simple pape du reggae, Bob Marley est surtout celui qui a occidentalisé le genre.

    « Ce qui marche dans le monde à l’époque, c’est le disco. Marley veut partir à la conquête du monde. Et surtout, il veut être numéro 1 aux Etats-Unis. « Could You Be Loved », en 1980, c’est la version de Marley du beat disco. Si on se remet le morceau en tête, on y trouve le même charley que sur un track disco. » (TéTé)

    La consécration pour Marley, c’est un concert enregistré à Londres en 1975, qui fera l’objet d’un album live, et sur lequel figure le morceau « No Woman No Cry ». Cette chanson, c’est l’histoire d’une femme qui a perdu son gamin, décédé dans une tuerie au milieu du ghetto, et Marley dit à cette femme qu’il ne faut pas pleurer, que tout ira bien. Ce message d’espoir devient l’hymne absolu de la musique reggae. Numéro 1 partout dans le monde, sauf aux US, on ne compte plus le nombre de reprises, des Fugees à Boney M, en passant même par Joe Dassin, avec « Si tu penses à moi »…

     

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    « My right, I know what that is. You see ? And I don’t care who the guy is, because my right is my right »

     

    Représentant du mouvement Rasta, Bob Marley devient aussi un symbole universel de contestation et d’émancipation. Avec des chansons comme autant d’hymnes aux opprimés, Marley a réussi avec sa musique de paysan illettré à conquérir la planète. Chez Marley, il y a le combat politique, d’émancipation, la lutte des classes, mais aussi son voeu pour le fameux « One Love », à savoir de réunir les gens au rythme de son universalité.

     

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    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Bob Marley Official

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