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  • Stradivarius : L’ultime Requiem

     

     

    La ville de Crémone, au nord de l’Italie, a entrepris d’enregistrer le son des célèbres violons créés par le luthier Antonio Stradivari aux 17ème et 18ème siècles, uniques pour leur musicalité et réputés comme impossible à reproduire.

     

    Dernier requiem pour le Stradivarius. Ou presque ? La ville de Crémone, dans laquelle se trouvent de nombreux ateliers de musique, s’est lancée dans l’incroyable projet de numériser et de sauvegarder le son des instruments du luthier mondialement célèbre, Antonio Stradivari, avant que le temps n’altère complètement leur sonorité. Un avenir malheureusement inévitable pour ces violons de renom…

    Trois ingénieurs du son se sont alliés au Musée du Violon de Crémone afin de créer la « Stradivarius Sound Bank » (banque de son du Stradivarius). Il leur paraissait important que les prochaines générations aient elles aussi la possibilité d’écouter jouer l’un de ces rares violons. « Nous nous apprêtons à rendre immortel le plus bel instrument jamais fabriqué » déclare au New York Times Leonard Tedeschi, un ancien DJ à l’origine du projet.

     

    « Nous préservons et restaurons ces violons », explique M. Cacciatori, le curateur du musée, « mais passé un certain âge, ils deviennent trop fragiles pour être joués et s’endorment, pour ainsi dire. »

     

    Avec cette nouvelle banque de son à disposition, les ingénieurs pensent pouvoir manipuler les enregistrements afin de continuer à faire jouer le Stradivarius, même lorsque l’instrument en question ne sera plus en état d’être utilisé.

    D’après l’ingénieur à la tête du projet, Thomas Koritke, il aura fallu « plusieurs années pour convaincre le musée de les laisser utiliser des instruments à cordes déjà vieux de 500 ans ». Pour l’occasion, quatre musiciens ont ainsi passé le mois de janvier à jouer « des centaines de milliers de notes et de variations, huit heures par jour, six jours par semaine », avec deux violons, un alto et un violoncelle. « Un challenge aussi physique que mental pour eux », atteste-t-il.

     

    Des précautions à grande échelle

    Cet ambitieux défi aurait d’ailleurs pu être lancé dès 2017, si une énième vérification n’avait pas révélé une faille dans sa mise en place. « Les rues aux abords de l’auditorium sont faites de pavés, un cauchemar auditif » d’après Leonard Tedeschi.

    Pour éviter que le bruit de la rue – qu’il s’agisse d’un moteur de voiture ou du claquement de talons sur les pavés – ne puisse affecter les capacités d’enregistrement de la trentaine de micros utilisés, le maire de Crémone, président de la Fondation Stradivarius à qui appartient le musée, a décidé de fermer le périmètre autour de l’auditorium pour cinq semaines. La population a également été sommée d’éviter tout bruit soudain et inutile.

    Dans l’auditorium, la ventilation et les ascenseurs ont été mis à l’arrêt. D’après Classic FM, même les ampoules ont été dévissées pour éviter tout grésillement.

     

    « Nous sommes la seule ville au monde à préserver autant les instruments que leur voix » s’enchante le maire. « C’est un projet extraordinaire qui regarde vers l’avenir, et je suis sûr que les habitants de Crémone comprendront qu’il était inévitable d’interdire la zone durant les enregistrements. »

     

    Lea Dubois pour Le Figaro

     

     

     

  • Quand Burger King invite l’Amérique à manger comme Andy

     

     

    Oui, vous ne rêvez pas, c’est bien Andy Warhol en personne qui prête son image à une publicité Burger King… Voici l’histoire du détournement du film « 66 Scenes from America » réalisé en 1982 par le producteur danois Jørgen Leth.

     

    En termes de retombées publicitaires, le Super Bowl est probablement le plus grand événement sportif de la planète. Chaque année, à l’occasion de la finale du championnat de football américain, les plus grandes marques se disputent chaque espace à grands coups de millions de dollars. Le Super Bowl LIII n’a pas fait exception à la règle, en mettant à l’honneur cette année un invité inattendu… Andy Warhol. Plus de trente ans après sa mort, la star du Pop Art a ravi la vedette au groupe de rock Maroon 5, qui s’est produit sur scène à la mi-temps du match.

     

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    Cet étonnant spot publicitaire de 45 secondes, diffusé lors de la finale suivie par pas moins de 103 millions de téléspectateurs, et représentant Andy Warhol dégustant tranquillement un whooper, le sandwich mythique de Burger King, est en fait un extrait du film « 66 Scenes from America » réalisé en 1982 par le producteur danois Jørgen Leth. La séquence se conclut par un hashtag énigmatique, #EatLikeAndy.

     

    « Les spots publicitaires traditionnels diffusés lors du Super Bowl sont toujours très dynamiques. Ça doit péter de partout, avec des plaisanteries, de grosses vannes et des célébrités. Notre pub est à part et prend la forme d’une oeuvre d’art, presque silencieuse, mais pourtant très puissante. » (Marcel Pascoa, directeur marketing de Burger King)

     

    « 66 Scenes from America », sorte de road trip décalé, comme une série de cartes postales, fait défiler durant 39 minutes tout ce qui peut symboliser l’Amérique. Paysages, villes, personnes, motels, diners, autoroutes, un cactus, un réfrigérateur, la Bannière étoilée, un barman mixant avec dextérité un Martini Dry, un Bloody Mary puis un whisky au citron, des chauffeurs de taxi new-yorkais, deux avocats, une écolière de sept ans…

    Tout y passe, et parmi ces 66 tableaux, une scène de 4:30 minutes, très warholienne, dans laquelle l’artiste new-yorkais mange un hamburger… Ce premier film de Jørgen Leth consacré aux États-Unis englobe le grand et le petit, du symbole à l’anecdote. Il collecte les images d’une nation qui reste énigmatique et opaque aux yeux des étrangers sur de nombreux points, mais reflète aussi l’image de notre propre culture.

     

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    « Au-delà de la simplicité du spot, il a une signification plus profonde », déclarait la société dans un communiqué de presse. « Il fait référence à l’une des citations parmi les plus emblématiques de Warhol sur la singularité des États-Unis : Ce qui est étonnant à propos de ce pays, c’est que les consommateurs les plus riches achètent finalement les mêmes choses que les plus pauvres. »

    Pour la petite histoire, Jørgen Leth dévoile qu’Andy Wharol aurait préféré, pour le tournage de la séquence, prendre plutôt un hamburger de chez McDonald que le Whooper de Burger King, car il trouvait le « design plus sympa ». Ne disposant pas de restaurant McDonald à proximité, la production s’est finalement rabattue sur Burger King afin de ne pas perdre de temps, pour le plus grand bonheur de la chaîne de restauration rapide… D’où le clin d’oeil de Burger King sur sa page Twitter le soir de la finale du 03 février 2019 : « ce qui compte, ce n’est pas avec qui vous flirtez, mais qui vous ramenez à la maison »…

     

     

     

    https://www.instagram.com/p/BtcW39VHu6A/?utm_source=ig_embed

     

     

    Burger King avait bien entendu obtenu au préalable la permission de la Warhol Foundation (une petite ligne de crédit indique d’ailleurs « Andy Warhol utilisé avec la permission de la Fondation Andy Warhol »), ainsi que celle des représentants de Leth, à commencer par son fils.

     

    « L’une des particularités de la négociation avec la Warhol Foundation était que nous ne voulions pas changer ou toucher le film de quelque façon que ce soit, qui aurait pu déroger à son intention artistique première », déclarait Marcelo Pascoa, directeur marketing monde de Burger King. « Nous savions donc que la meilleure chose à faire était de garder la séquence telle qu’elle avait été conçue en 1982. »

     

    Burger King avait lancé sa campagne #EatLikeAndy sur les réseaux sociaux quelques jours plus tôt, avec un mystérieux teaser intitulé « L’art prend du temps », représentant la mascotte de Burger King peignant et demandant aux abonnés de s’inscrire à un « Mystery Box Deal », en partenariat avec DoorDash, le service de livraison de repas à domicile.

     

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  • David Lynch : Dick Laurent is dead ?

     

     

    Bill Pullman, le saxophoniste du film « Lost Highway » est seul chez lui. Il semble perdu. On sonne à la porte. Il se lève du canapé où il était assis et va appuyer sur le bouton de l’interphone pour écouter inquiet la personne qui est dehors décliner son identité. Un petit silence, puis une voix rocailleuse prononce cette fameuse phrase énigmatique : « Dick Laurent is dead ». Bien plus tard, nous apprendrons dans une scène alternative qui était l’homme mystérieux à l’interphone qui prononça la fameuse formule. Il s’agissait du personnage de Bill Pullman lui-même…

     

    Avec un univers (parallèle) si singulier, David Lynch nous a toujours proposé au travers de ses différents films, et ainsi jeté ou caché ci et là, des clés et des codes à déchiffrer. Os à ronger pour certains, qui n’y ont vu que de la fumisterie et de la poudre aux yeux. D’autres encore, criant au génie, se sont goinfrés de la moindre miette sans réfléchir pour autant à toutes ces images, toutes ces sensations, proposées par l’homme aux chemises de popeline blanches. Mais beaucoup n’y ont aussi vu qu’une pose, un ton et une démarche chic et snob. Une façon de se différencier du tout un chacun. Car l’art, c’est aussi cela, subjectif… Et les cochons sont omnivores.

    Tout d’abord, on peut essayer malgré tout de séparer la filmographie de David Lynch en deux blocs ou deux sortes de films, malgré leurs contours flous, poreux. D’un côté, retenir la logique interne de certains titres et leur homogénéité (« Elephant Man », « Dune », « The True Story », voire même encore « Blue Velvet »). Des histoires racontées, compréhensibles, avec un début, un milieu et une fin, dans lesquelles les personnages actionnent des leviers narratifs classiques. Puis il y a l’autre catégorie et ces films qui eux-mêmes sont scindés en deux groupes distincts (« Mulholland Drive », « Twin Peaks: Fire Walk with Me », « Sailor et Lula », « Inland Empire »…). Films dichotomiques qui vont apporter à chaque fois leur propre petite révolution au sein même du récit et de son intrigue en cours.

    Ou soit encore sur une base scénaristique solide et verrouillée, avec des personnages ayant des buts précis et évoluant dans des univers concrets… Au début… Car bien-sûr, un glissement se produit toujours. Quelque chose intervient. Une situation inimaginable, qui échappe à tout contrôle, toute logique et qui de toute façon plongera les protagonistes dans l’impensable. Une remise à zéro de toutes leurs certitudes. On peut même déjà à ce stade parler de récits initiatiques semés d’embûches, de périls ou d’épreuves. Certains s’en sortiront, grandis, nouveaux, transformés et puis d’autres ayant échoué concluront le voyage par une mort certaine et définitive.

    Le film « Lost Highway » est celui qui clairement sert de chaînon manquant entre ces deux tendances. La fusion entre une forme schizophrénique et irrationnelle qu’affectionne l’auteur d’Eraserhead, avec des situations généralement perçues d’abord comme concrètes et banales. Lynch crée une passerelle. Ces fils invisibles qui sont ceux d’une toile d’araignée gigantesque.

     

     

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    Mais encore faut-il vouloir essayer aussi d’ériger une nomenclature à la filmographie de Lynch… Si l’on veut jouer ainsi aux archivistes, ne groupons pas alors tous les films par dates comme pour une filmographie classique, en essayant ainsi d’y voir les évolutions plastiques et intellectuelles du réalisateur, mais optons plutôt pour un point de vue musical, comme nous le ferions pour des œuvres de compositeurs. Concerto, symphonie, trio, musique de chambre…

    « Lost Highway » propose une première partie où un couple s’enfonce petit à petit dans ce qui pourrait être à première vue un thriller psychologique sophistiqué. Très vite, ce qui tenait encore comme repère tangible s’estompe pour céder peu à peu la place à un plus grand mystère encore, opaque et cauchemardesque. Intervient alors la fameuse rupture de ton, abrupte comme celle que l’on rencontre dans les rêves. Une deuxième partie de film qui prend ensuite le dessus et impose sa réalité des faits. Une relecture de ce que l’on a déjà vécu, mais inversée, incurvée.

    Pour « Lost Highway », David Lynch a recours, non sans un certain sens de l’humour, à la citation, en invoquant Alfred Hitchcock dans son univers Escherien. Brian De Palma, le réalisateur de « Pulsions » et « Body Double », fut sans doute le premier à phagocyter des figures ultra-iconiques du réalisateur de « Vertigo » en se servant de ses plus grands classiques comme d’une matrice, d’un sac à malice dont il pouvait indéfiniment tirer profit pour asseoir ses intentions plastiques et narratives.

    Pour De Palma, les possibilités sont infinies, telles des mises en abyme à répétition. Toutes ces références hitchcockiennes lui ont du reste permis de proposer une relecture libidinale exacerbée et décomplexée, tirée d’un univers 50-60’s plus corseté par les affres de la censure de l’époque, mais qui pour Hitchcock lui-même permettait aussi d’inventer de nouvelles formes et faire passer ses propres fantasmes.

    Brian De Palma, à l’instar d’un autre grand cinéphile, avant d’être un grand cinéaste, Martin Scorcese, a donc tout au long de sa filmographie joué avec le cinéma comme vaste champ de mémoire collective sur l’histoire de ce médium. De la forme sans cesse retravaillée, mais dont la base resterait la même : un socle inaltérable. Le cinéma de Brian De Palma est cérébral et intellectualise beaucoup les figures empruntées.

    Il n’en est rien pour Lynch qui fait du cinéma sur des bases mouvantes et dont les références et emprunts sont utilisés à d’autres fins. On est dans le ressenti et notre cerveau n’est pas sollicité pour trouver différentes grilles de lectures. On se prend de plein fouet des sons et des images qui sont comme des projections mentales débarrassées de toute teneur analytique. C’est à chaque fois une pure expérience sensorielle auquel nous convie David Lynch.

    Pour revenir sur les codes de la « blonde » et de la métaphore sexuelle qui est toujours présente chez De Palma, elle sera en revanche plus diffuse chez Lynch, moins frontale et plus équivoque. Si David Lynch a en effet utilisé la figure ultra référencée de la blonde dans le cinéma Hollywoodien, c’est pour mieux jouer avec et amener le spectateur cinéphile jusqu’à des zones encore plus marécageuses que sa simple libido. La blonde comme symbole de la vamp, la femme fatale ou la garce, pivot central des récits de film noir.

    Il y a l’équivalent en brune devenant alors le pendant alternatif, la possibilité pour d’infinies autres pistes, brouillant les repaires. « Vertigo » donc, film qui n’en finit pas de se décliner, de se faire malaxer, retourner, découper et servir d’inaltérable chambre noire, est bien aujourd’hui devenu le prototype même de fantasme de cinéma méta. Se servir de cet artifice en caressant dans le sens du poil le cinéphile adepte des citations, pour mieux le ferrer et le catapulter ailleurs. Reflet, miroir et glace sans tain, car derrière, c’est David Lynch qui en fait nous observe.

     

     

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    Et c’est d’ailleurs avec « Mulholland Drive » qu’il pousse plus loin encore l’idée de se servir de cette image que renvoie Hollywood pour bâtir son film. Le miroir aux alouettes. Le rêve Hollywoodien passé par le prisme Lynchien et cela devient un cauchemar soyeux et étouffant. Si l’on rajoute enfin « Inland Empire », dans lequel son personnage principal joué par Laura Dern évolue une fois de plus dans le milieu du cinéma, nous avons sans doute là une trilogie sur la thématique du dédoublement, du cinéma et de ses acteurs vue par David Lynch, la folie qui rôde jamais très loin du glamour, derrière le fard et les sourires figés. Les Freaks…

    Toute l’industrie du cinéma vue comme une entité monstrueuse qui dévore tous ceux qui s’en seraient approchés trop près. Il est vrai qu’Hollywood est en soi un formidable objet de fascination comme de répulsion et que David Lynch n’est pas le premier ni le dernier à avoir tenté de s’en exorciser. Bien avant lui, Billy Wilder avec « Sunset Boulevard », Brian De Palma donc et plus récemment encore David Cronenberg et son « Maps To The Stars ».

    C’est sûrement aussi là le point commun entre tous les films de David Lynch, et cette manière qu’il a de concevoir une forme de récit tout en détails précis (qualité de la photographie, du jeu des acteurs, maîtrise totale du cadre, de la mise en scène, de l’utilisation de la musique – ensorcelant Angelo Badalamenti – du montage, surtout des bruitages et de son ambiance sonore). Oui, comme une pensée sur chaque chose, sur chaque objet, comme dans les rêves où certains éléments vont être mis en exergue plus que d’autres, que la netteté se fera sur un contour, l’arrête, tel côté plutôt qu’un autre… Cinéma du ressenti, de l’intuition, du sensitif.

    On ne comprend sans doute pas tout de suite les agissements et les significations de l’intrigue, même parfois pas du tout, et pourtant tout nous semble familier. A quoi bon essayer de comprendre et pourquoi comprendre, d’ailleurs ? C’est l’exact principe du fonctionnement de nos rêves ou de nos cauchemars. On est très souvent spectateur impuissant. Alors, on essaye de se raccrocher à des éléments que l’on tentera ensuite de déchiffrer et d’analyser, voulant ainsi les replacer dans notre propre réalité.

    Dans la série télévisée « Twin Peaks », l’agent Dale Cooper nous parlait de chamanisme, de science des rêves et il prétendait que par cet angle, il allait sans doute pouvoir résoudre l’énigme, à savoir le meurtre de Laura Palmer. Ce n’était pas là juste une astuce narrative. Car il est évident que cette question obsède David Lynch depuis toujours. Il veut comprendre pourquoi nous devons mourir… Et plus que de laisser une empreinte culturelle ici bas, le réalisateur se sert avant tout de ce médium qu’est le cinéma pour tenter de découvrir lui-même cette petite porte qu’il a apparemment dans son cerveau et qui donne sur l’indicible.

    Chacun de ses films est donc une proposition, une invitation à voyager dans son subconscient et par conséquent dans le nôtre. Il est sûrement l’un des seuls artistes qui peut avoir accès comme Alice à ce pays aussi merveilleux que dangereux et en rapporter des visions aussi magnifiques, terrifiantes et si définies. Evidemment, en terme de renouveau artistique, de renouvellement cinématographique, Lynch a fait le tour de la question depuis longtemps et ne crée plus maintenant que de la forme (superbe au demeurant). Tous ses films sont des remakes des précédents et il joue avec nous en s’auto-citant. Mais c’est avec de la musique, des expositions, des installations, qu’il continue à laisser entrevoir ce que son cerveau cache sous ses tapis.

    « Dick Laurent is dead ? ».

    Non, pas encore…

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Dévoreur Hubertouzot

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Hubert Touzot : Photographe dévoreur d’images

     

     

     

  • 3 Février 1959 : Le jour où la musique est morte

     

     

    Il y a tout juste soixante ans, le 3 février 1959, Buddy Holly, Ritchie Valens et JP « The Big Bopper » Richardson, trois stars de la musique qui figuraient parmi les premières icônes du rock’n’roll, ainsi que leur pilote, sont tués dans un accident d’avion survenu dans l‘état de l’Iowa, aux États-Unis.

     

    Une enquête révèlera que de mauvaises conditions météorologiques et une erreur du pilote, peu habitué à voler dans des conditions si difficiles, étaient les principales causes du crash.

    JP « The Big Bopper » Richardson, bien connu pour son tube « Chantilly Lace » n’était pas censé se trouver sur ce vol. Atteint d’une grippe, il avait décidé au dernier moment de prendre la place de Waylon Jennings (membre du groupe de Buddy Holly) dans l’avion, pour éviter de se retrouver dans un bus non chauffé.

    Ritchie Valens, âgé seulement de 17 ans au moment du drame, s‘était notamment fait connaître du grand public par son tube « La Bamba », enregistré peu de temps avant l’accident. Largement inspiré d’un huapango (chanson de mariage mexicaine), c’est le premier tube dans lequel la contrebasse est remplacée par une basse électrique. Il avait gagné sa place dans l’avion après une victoire au « pile ou face » avec Tommy Allsop.

    Buddy Holly, âgé à l‘époque de 22 ans, reste sans doute le plus célèbre des passagers. Lui et son groupe « The Crickets » avaient connu une série de succès tels que « Peggy Sue », « That’ll Be the Day », « Oh Boy! » et « Maybe Baby ».

    Depuis cet accident, d’innombrables hommages leur ont été rendus. Le plus illustre reste sans doute celui réalisé en 1971 par Don McLeans, avec son titre « American Pie ». Référence au 3 février 1959, décrit comme « le jour où la musique est morte ».

     

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    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] The Buddy Holly Educational Foundation

     

     

     

  • Inception : Entre Rêve et Réalité

     

     

    Le film « Inception », réalisé par Christopher Nolan, aura attiré depuis sa sortie en France en juillet 2010 plus de cinq millions de spectateurs. Quand on se remémore la scène finale, on peut raisonnablement imaginer qu’il y eut presque autant d’interprétations de cette scène que de spectateurs…

     

    Christopher Nolan, que l’on connaît pour les divers niveaux de lecture présents dans ses films, nous livre avec son film « Inception » sa définition de la frontière ténue entre rêve et réalité(s). Dans le cadre du premier niveau de lecture, il y a cette toupie que le personnage principal, Dominic Cobb, interprété par Leonardo DiCaprio, a toujours dans sa poche, afin de lui indiquer s’il est dans le rêve ou la réalité.

    Il y a aussi « Non, je ne regrette rien » de Piaf indiquant le passage d’un niveau de conscience à un autre. Ou d’une réalité à une autre…

    Et puis il y a un détail qui aura probablement échappé à la plupart des spectateurs, mais relevé par Marouane Mazid (Belgique) dans cette vidéo publiée sur YouTube.

    A vous de juger…

     

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    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Inception

     

     

     

     

     

  • Berceuse Assassine : sous le bitume, la terre des Indiens

     

     

    « Berceuse Assassine » de Philippe Tome (scénario) et Ralph Meyer (dessins)

    ☯ Série en 3 tomes – 2001 – Dargaud – Edition intégrale en 2008

     

    La couverture est jaune-orangée, comme les dessins d’indiens qui se mêlent aux trottoirs de la ville et de ses buildings, pour prendre racine dans la terre des ancêtres, sous le bitume des blancs.

     

    « Berceuse Assassine » est la chronique d’un couple déchiré qui s’aime mais ne se supporte plus. Martha est en fauteuil roulant, Telenko est chauffeur de taxi. L’histoire prend tout son sens au volume 3 avec l’apparition de Dillon. C’est, me semble-t-il, le meilleur des trois volumes. Il apporte profondeur et poésie à l’ensemble de l’oeuvre et touche le lecteur.

    Les dessins cuivrés aux tons ocres, jaunes, bruns, noirs, sépias, sont parfaits pour le scénario et l’on se réjouit de la rencontre entre Tome et Meyer qui fonctionne à merveille. Les planches du tome 3 devant et autour de la maison de Dillon sont fabuleuses. L’idée des ces serpents orangés qui s’entremêlent à l’urbain est forte. L’amitié dans le zoo autour de ces animaux autrefois sauvages est très émouvante.

    Et si la BD fonctionne si bien, c’est qu’elle allie un scénario fouillé plein de rebondissements à la qualité des dessins. Chaque volume apporte à l’histoire le point de vue d’un des personnages : chacun, l’un après l’autre, justifie la situation par un vécu tout à fait personnel, inavouable, portant le poids de la souffrance non-dite, de la solitude, de l’emprisonnement intérieur.

    Une soirée tragique, trois angles de vue, trois histoires différentes mais imbriquées et l’analyse des sentiments humains qui prend toute sa mesure au tome 3 au cours duquel toutes les croyances vont être remises en perspective à la lumière de révélations bouleversantes.

     

    Berceuse Assassine Edition Intégrale

     

     

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    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Berceuse Assassine @ Bédéthèque

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Editions Dargaud

     

     

     

  • Bande Dessinée : Tintin fête ses 90 ans

     

     

    Tintin, le célèbre personnage créé par Hergé en 1929, reste à ce jour l’un des plus grands héros de BD, comptant partout dans le monde des fans inconditionnels et très fins connaisseurs de son histoire.

     

    Tout a donc commencé le 10 janvier 1929, lorsqu’un nouveau personnage apparaît dans le supplément jeunesse d’un grand journal belge. Ce journal c’est « Le Vingtième Siècle », et son supplément, c’est « Le Petit Vingtième »… Quant au dessinateur, c’est Georges Remi, alias Hergé, qui a reçu une commande de son rédacteur en chef.

    Et la commande est relativement sommaire : un héros, reporter du « Petit Vingtième », qui part en URSS… C’est la naissance de Tintin et de son fidèle compagnon Milou. Tintin, reporter du « Petit Vingtième »… Publiées d’abord en feuilleton, ces premières aventures de Tintin sortent finalement en album en septembre 1930.

    L’album en question, c’est « Tintin au pays des Soviets », longtemps introuvable et qui fait l’objet d’un culte absolu chez les Tintinophiles. Un album tabou, plus encore que « Tintin au Congo », tout du moins au départ ! On accuse en effet Hergé d’avoir versé dans l’antisoviétisme primaire, et d’être à la solde de l’extrême droite…

    Hergé rééditera 500 exemplaires de cet album en 1966, à compte d’auteur et simplement pour ses amis. En 1969, une édition pirate est saisie chez les libraires, mais en 1973, Casterman le réédite enfin en même temps que les deux albums suivants, « Tintin au Congo » et « Tintin en Amérique ». L’occasion pour Hergé de revenir sur la genèse de « Tintin au pays des Soviets »… Il est ici l’invité de Bernard Pivot dans « Ouvrez les Guillemets », l’ancêtre d’Apostrophes.

     

    « Il est certain que ça se passait dans un journal catholique, d’extrême droite, anti-soviétique. » (Hergé)

     

     

     

    Le contexte mondial auquel Hergé fait allusion pour justifier la genèse de « Tintin au pays des Soviets », il ne va finalement jamais cesser d’y coller.

    C’est aussi l’Anschluss, dans une aventure très antifasciste publiée en 1938-1939, « Le Sceptre d’Ottokar », avec comme grand méchant le terrible Müsstler, mi Mussolini, mi Hitler.

    Dans l’aventure suivante, « Tintin au pays de l’or noir », terminée seulement à la fin des années 40, c’est le pétrole, nouvel enjeu géopolitique majeur, non seulement au  Moyen-Orient mais bientôt partout dans le monde.

    C’est encore la conquête spatiale, avec deux albums, « Objectif Lune » en 1953 et « On a marché sur la Lune » en 1954. Et quand les Soviétiques envoient en orbite Spoutnik avec la chienne Laika en 1957, vers qui les journalistes se précipitent-ils ? Eh bien, vers Hergé bien sûr !

     

    « Monsieur Hergé, que pense Tintin du lancement de Spoutnik ? »

    « Ah, Tintin évidemment admire profondément l’exploit réalisé là. Mais il est un peu inquiet, car s’il ne connaissait pas le professeur Tournesol comme il le connaît, il aurait été tenté de le soupçonner d’avoir communiqué aux Soviétiques les plans de sa fusée lunaire ! »

     

    Hergé dira de Tintin qu’il est apolitique, mais la politique est partout dans Tintin, et même quand celui-ci ne fait « jamais » de politique…

    Le moins politique des aventures de Tintin est sans doute « Tintin au Tibet », album magnifique de 1959, où le blanc domine ; l’album préféré d’Hergé, une belle histoire d’amitié, dans laquelle Tintin part retrouver Tchang, perdu depuis « Le Lotus Bleu » en 1934. Une histoire sans méchant, qui marque d’ailleurs pour Hergé la fin d’une très longue période de dépression. Tintin y pleure de joie en retrouvant Tchang, après avoir pleuré une première fois, de tristesse, en quittant le même Tchang, 25 ans plus tôt.

    Et même cet album a une portée géopolitique majeure, finalement. Alors que Hergé n’y dit pas un mot de la répression chinoise et du départ du Dalaï Lama, ce même Dalaï Lama déclarera en 2006 : « Ne vous y trompez pas, « Tintin au Tibet » a permis à un nombre de personnes considérable de par le monde de connaître l’existence du Tibet. Hergé a contribué à une prise de conscience internationale beaucoup plus aigüe du Tibet. En nous envoyant son reporter, son rôle fut très significatif ».

    Voilà qui en dit long sur l’importance politique et historique d’un petit bonhomme à la houppette né il y a 90 ans.

     

    Mais comment est né le célèbre reporter créé par Hergé ?

    Au gré des 24 aventures de Tintin, il n’y a officiellement qu’un seul secret, celui de la Licorne. En réalité, la vie du nonagénaire Tintin regorge d’autres petits secrets.

    D’abord, d’où vient le nom de Milou ? Hergé n’a pas cherché très loin pour baptiser le fidèle compagnon de Tintin, omniprésent dans ses aventures. « C’était le surnom de la première petite amie de Hergé quand il était adolescent. Elle s’appelait Marie-Louise, mais on l’appelait Milou », révèle Benoît Peeters, auteur de « Hergé, fils de Tintin ».

     

    Les petits secrets du capitaine Haddock

    Quant aux Dupont, les fameux policiers aussi jumeaux que stupides, on les reconnaît grâce à leurs moustaches : l’une est droite, l’autre rebique sur les côtés. Deux piètres policiers sortis de l’inconscient de Hergé.

    Le capitaine Haddock a lui aussi ses petits secrets. Un personnage haut en couleur, présent sur la plupart des couvertures d’albums. Concernant les jurons qui nourrissent ses colères, c’est Hergé lui-même qui a essuyé la première insulte du genre un jour sur un marché, et ça l’a inspiré…

     

    A noter que Tintin devrait bientôt avoir droit à son deuxième film au cinéma, à l’initiative du duo Peter Jackson-Steven Spielberg, mais aussi peut-être à un album inédit, a indiqué le directeur éditorial des éditions Casterman : « J’aimerais beaucoup publier cette année, je ne désespère pas de le faire, un inédit, « Tintin et le Thermo-Zéro », a annoncé Benoît Mouchart. C’est vraiment un témoignage intéressant, beaucoup plus complet que l’Alph’art. L’histoire est terminée, le dessin n’est pas totalement encré ».

    A suivre, donc…

     

     

     

  • Le Siècle Soulages à Rodez

     

     

    Né le 24 décembre 1919, le peintre français Pierre Soulages est entré dans sa centième année. Pour célébrer l’évènement, le Musée Soulages de Rodez expose pour la première fois la totalité des peintures sur papier de l’artiste, soit près de 120 œuvres.

     

    « C’est la première fois que la totalité des peintures sur papier, réalisées par le peintre entre 1946 et 2004, est présentée au musée. Pour cette raison, c’est un évènement tout à fait unique », souligne Benoît Decron, le directeur du Musée Soulages.

     

    Et cette exposition fera date, en effet… L’institution, qui possède environ un quart des peintures sur papier de l’artiste, ne les montre habituellement jamais ensemble, pour des questions de conservation des oeuvres. La salle d’exposition en accueille actuellement une centaine, quand une vingtaine d’autres sont présentées dans les collections permanentes. Toutes sont désormais protégées par des verres spéciaux. Ces peintures sur papier occupent ainsi une place essentielle dans l’oeuvre de Pierre Soulages.

     

    « Soulages prétend que tout vient de là… S’il n’avait pas réalisé ces peintures sur papier, il n’aurait pas pu évoluer dans sa technique picturale, d’abord à l’huile et plus tard à l’acrylique. » (Benoît Decron, Directeur du Musée Soulages à Rodez)

     

    « Brou de noix sur papier 63,8 × 48,5 cm », 1947. Musée Soulages, Donation Pierre et Colette Soulages ADAGP 2018 © Photo Christian Bousquet

     

     

    Car ces peintures sur papier, composées d’abord dans les années 40, puis dans les années 1950, c’est précisément ce qui va faire la renommée de Pierre Soulages ; des signes, des formes extrêmement strictes, très austères, qui le différencient totalement des autres artistes français et qui l’ont rapidement propulsé au niveau international, aux côtés des Américains ou des Allemands.

     

    Dans la salle d’exposition, l’accrochage rend spectaculaire la présentation de cette centaine de peintures sur papier. On y découvre les premiers fusains de l’artiste de 1946 – il n’y en a pas d’autres dans les collections publiques françaises – les brous de noix – le peintre est le seul à utiliser cette matière première empruntée aux ébénistes – mais aussi les encres de Chine et les gouaches. Soixante-dix ans de création, de recherche et d’inventivité et une œuvre en constante évolution. Parmi les peintures présentées, une gouache de 1973 très caractéristique du travail de Pierre Soulages.

     

    « Gouache sur Papier 71,1 x 54,6 cm », 1973. Musée Soulages, Donation Pierre et Colette Soulages ADAGP 2018 © Photo Christian Bousquet

     

     

    « Dans cette oeuvre, on a un fond de bleu qui est préparé au lavis de bleu, et puis par-dessus, on a des passages de bandes de gris, à la fois verticalement et horizontalement, des croisements, donc parfois du bleu qui devient gris et vice versa. Et en avançant vers le regard du spectateur, ce qui est passé sur le dessus du papier, toujours au pinceau, ce sont de grandes masses de noir. Ces peintures sur papier vont en quelque sorte préfigurer ce que sera l’outrenoir. Vous pouvez d’ailleurs en admirer toute une série au musée. Ils sont extrêmement rares et parmi les œuvres les plus appréciées des visiteurs », explique Benoît Decron.

     

    A bientôt cent ans, Pierre Soulages continue de réaliser environ 25 oeuvres par an, et probablement que bien d’autres peintures sur papier dorment encore dans le secret de son atelier…

    « Pierre Soulages, œuvres sur papier », une exposition à voir au Musée Soulages de Rodez jusqu’au 31 mars.

     

     

     

  • Michel Legrand ou le scintillement musical

     

     

    Pour tous ceux qui n’ont jamais aimé Michel Legrand, à qui la musique de « Peau d’âne », des « Demoiselles de Rochefort » ou des « Parapluies de Cherbourg », ou plus encore cette voix, lorsqu’il lui arrivait de pousser la chansonnette derrière son piano, provoquent des crises d’urticaire aigües…

     

    Pour tous ceux qui abhorrent celui qui avait comme amis Jacques Demy, Quincy Jones et Henry Mancini, dont le timbre de voix mélodieux et juvénile, tout comme son physique, exprimait une certaine candeur… Vous tous qui n’avez jamais cherché plus loin, simplement parce que plus loin, c’est plus tôt, à l’époque où l’on découvrait toute l’audace qui collait aux partitions de ce jeune pianiste, qui débuta comme arrangeur pour Maurice Chevalier, Henri Salvador, Catherine Sauvage, avant de collaborer avec les plus grands noms du jazz, de Dizzy Gillespie à Miles Davis, en passant par John Coltrane ou Bill Evans

    Je dirais ceci… S’il-vous-plait, avant toute chose, faites juste l’effort de réécouter la musique du film « L’Affaire Thomas Crown » de Norman Jewisson, avec Steve Mac Queen et Faye Dunaway. Et avant de geindre, de gesticuler, laissez-vous envahir par ces sons sophistiqués et suaves et rendez-vous à l’évidence…

    Cette musique-là, celle de ce film à la notoriété au demeurant très surfaite, permet de juger sur pièce de l’immense talent de Michel Legrand, de l’onctuosité de son swing et la puissance d’évocation de ces différents thèmes. Toute cette maîtrise est la preuve intrinsèque, de celles qui propulsent le compositeur des « Moulins de Mon Cœur » dans la courte liste des élus, entre Lalo Schifrin, Ennio Morricone et John Barry.

    Car ce mélodiste hors pair est aussi un chercheur méticuleux de nouveaux sons. Et ce n’est pas pour rien que les années 60 lui ont servi d’écrin, lorsque Godard, Varda, Losey, Jewisson ou Demy le sollicitaient pour faire vivre un peu plus leurs films.

    Michel Legrand ne s’est jamais contenté de suivre la tendance, comme il ne s’est jamais permis de proposer indéfiniment la même chose. Pour chaque nouveau projet, il abordait son travail et ses recherches, avec comme unique but celui de surprendre. A l’aise au début de sa carrière dans le jazz, il pourra ensuite, avec une facilité déconcertante, s’entourer d’orchestres symphoniques pour les besoins d’un film d’époque, d’un thriller ou d’un grand film d’action.

    Alors oui, comme beaucoup de compositeurs ayant tutoyé les anges dans les années 60 et 70, les 80’s auront aussi été fatales à Michel Legrand. Ses quelques collaborations avec Claude Lelouch s’avéreront être la limite qu’il n’aurait pas dû franchir.

    Ici et là parfois, resurgiront pourtant encore quelques pépites. Dans le film « Parole et Musique » d’Elie Chouraqui, devenu sujet à moqueries et ricanements, on se souvient avant tout de ces chansons qui sonnaient très Christopher Cross et qui déjà à l’époque paraissaient désuètes. Pourtant, on y trouve aussi quatre ou cinq magnifiques pièces au piano. De ces petites fugues qui ravivent alors tous le romantisme échevelé et en même temps intime dont était capable Michel Legrand.

    Mais replongez maintenant dans la luxuriance musicale de ces chères années 60 et c’est aussitôt la magie qui opère, un bonheur à chaque note. Une musique à faire chavirer les étoiles…

    Michel Legrand sera toujours immense, précieux, généreux et scintillant, « comme un manège de lune avec ses chevaux d’étoiles, comme un anneau de saturne, un ballon de carnaval, comme le chemin de ronde que font sans cesse les heures, le voyage autour du monde, d’un tournesol dans sa fleur. Tu fais tourner de ton nom tous les moulins de mon cœur ».

     

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  • L’Impératrice, un succès fou

     

     

    L’Impératrice est à l’Olympia les 29 et 30 janvier, une salle mythique pour conclure une grande tournée, un an après l’album « Matahari » et à l’aube d’une succession de rendez-vous capitaux pour un groupe au succès foudroyant.

     

    En mars 2015, nous tombions raides-dingues du track edit « Vanille Fraise » de L’Impératrice, au point de les faire figurer régulièrement dans nos playlists depuis… Aujourd’hui, quasiment quatre ans plus tard, il faut bien reconnaître que nos petits parisiens ont fait un sacré bout de chemin depuis leurs débuts en 2012, et ces deux dates à l’Olympia concluent sept années bien remplies.

     

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    Alors, sans fausse pudeur, « faire l’Olympia », de surcroît deux soirs de suite, et à guichet fermé, excusez du peu, ça n’est pas rien pour un jeune groupe. La chanteuse de L’Impératrice, Flore Benguigui, en convient aisément : « On ressent un énorme stress… Pour les Français, c’est un peu la consécration de faire l’Olympia, alors c’est génial pour nous. Et surtout d’avoir rempli deux soirs de suite, c’est assez fou… »

     

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    Deux soirs archi-complets… L’Impératrice ne surfe pas simplement sur le succès de son premier album « Matahari », sorti il y a presque un an. Mais, encore plus sur des prestations scéniques époustouflantes, de la soul à paillettes, du disco-rock, tout ça dans une grande alchimie collective. Six membres à égalité dans le groupe, qu’il a fallu faire exister précisément.

     

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    « L’Impératrice, c’est un groupe qui est difficile à identifier, car justement, il est composé de six membres, et qu’aujourd’hui, il est beaucoup plus facile pour les médias d’axer leur message sur une personnalité, de parler de Juliette Armanet, d’Eddy de Preto ou d’Angèle… Mais ce groupe est bel et bien composé de six musiciens à part entière, qui composent ensemble, et non d’une chanteuse accompagnée de ses musiciens. » (Charles de Boisseguin, l’Impératrice)

     

    Et à L’Impératrice, la France ne suffit plus… Ils étaient au festival Eurosonic à Gröningen il y a quelques semaines, s’envoleront bientôt pour les Etats-Unis, l’Angleterre, l’Allemagne, des territoires déjà conquis ces derniers mois lors d’une tournée au long cours. Et tout cela en s’amusant des différences culturelles et en s’inspirant de Sarah Bernhardt : « Le public français est un homme froid et capricieux quand le public américain est un adolescent optimiste et bienveillant. La différence, sans cliché, se fait ressentir, en fonction du pays, de sa culture, de la météo, de ce que les gens mangent, de la musique qu’ils écoutent… ».

     

    « L’Impératrice, c’est du classique, du jazz, du rock, du disco, mais L’Impératrice, ce n’est pas un groupe qui fait du disco. Dans ce sens, on n’est pas incompris, mais en tout cas, la définition est incomplète. » (Charles de Boisseguin, l’Impératrice)

     

    En attendant la réédition de leur album le mois prochain, aves des remixes et des duos, dont un très réussi avec Lomepal, L’Impératrice n’a qu’un but : réussir son Olympia. Et on peut leur faire confiance…

     

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