Catégorie : Musique

  • 33 tours autour d’un microsillon | Thin Lizzy : « Black Rose, a Rock Legend »

     

     

    L’album « Black Rose, a Rock Legend » est le neuvième album studio du groupe de rock irlandais Thin Lizzy. Sorti le 13 avril 1979 sur le label Vertigo Records (Warner Bros. aux USA), il a été réalisé par Tony Visconti, le producteur historique de David Bowie.

     

    « Black Rose, a Rock Legend » marque le retour au sein de Thin Lizzy du guitariste Gary Moore en remplacement de Brian Robertson, ce dernier ayant mis fin à sa collaboration avec le groupe après le double album live « Live and Dangerous ». Gary Moore avait déjà fait quelques courtes apparitions en 1974 et 1977, mais « Black Rose » est le seul album pour lequel il resta suffisamment longtemps dans la formation pour participer entièrement à son enregistrement.

     

     

     

    « Bad Reputation » avait déjà sacrément explosé les compteurs du plaisir en 1977, « Live And Dangerous » enfonçait le clou l’année suivante, pour faire de Thin Lizzy un géant presque aussi essentiel que Led Zeppelin. Mais un an plus tard, les fans ont peur, très peur… Le groupe n’est plus aussi soudé qu’auparavant et des fissures de plus en plus nombreuses apparaissent à la surface de l’édifice celte.

    Et là, première tuile, Brian Robertson, c’est terminé… Le guitariste aura résisté de longs mois avant son éviction définitive. De longs mois vécus en pointillés, qui auront débuté par une vulgaire bagarre et une vilaine blessure au bras, certainement le détonateur d’un mal ancien entre le chanteur star Phil Lynott et son tricoteur de manche. Simple musicien de session sur « Bad Reputation », Brian Robertson ne participe pas à l’enregistrement de « Black Rose » et se voit remplacé pour de bon par Gary Moore.

    Un mec de Belfast chez Thin Lizzy ?? Le ver est dans le fruit, fuyons vite ! Bon, on se calme et on se souvient… Gary Moore, une première apparition sur l’album « Nightlife » en 1974 et une amitié vieille comme la conquête anglaise avec Phil Lynott. Gary Moore, celui d’un « Parisienne Walkways » sorti peu de temps avant « Black Rose » et co-composé par Phil Lynott himself, un instrumentiste qui aura depuis accédé au ciel des guitar heroes, étoile très brillante de la galaxie Hard, Rock et Blues. Un monsieur qui connaît la maison et une putain de bonne pioche, pas de crainte à avoir.

     

     

     

    Second malheur, la boisson et diverses autres drogues. De sacrées addictions qui auront raison de la patience de notre ami Gary Moore, incapable de supporter plus longtemps ses camarades trop souvent éméchés durant l’enregistrement du neuvième album du groupe à Paris. Tournée des bars sur tournée des clubs et un leader de plus en plus dans les nuages. On tremble pour la voix du maître qui, on le sait maintenant, aura beaucoup perdu en majesté sur les derniers disques précédant la mort du divin métis. Une nouvelle fois on peut souffler, « Black Rose » ne connaît pas les mêmes déraillements vocaux que « Life », témoignage déprimant des ravages provoqués par les substances toxiques. Au contraire, tout au contraire. Sourire maintenant !

    Galette produite alors que les premiers indices de la chute n’atteignent pas encore sa création discographique, la Rose Noire pousse à l’extrême limite de la falaise. Et on grimpe encore de quelques petits centimètres avant le plongeon avec l’album « Chinatown » (bon, admettons que cette critique est quelque peu exagérée, pour un opus tout de même plus que correct mais incapable de rivaliser avec ses deux prédécesseurs). Lynott devenu risque-tout et laboratoire chimique ambulant, le chant du cygne plus impérial que jamais…

    Alors, pourquoi cet album « Black Rose » reste-t-il aussi ancré dans nos coeurs ? Ça commence par un jeu de basse toujours aussi grandiose, comme en atteste le groovissime « Waiting For An Alibi » et cet organe vocal qui vit ses dernières heures de perfection black and soul. Ô miracle, une soie toujours immaculée, un timbre flirtant avec la tragédie qui s’annonce déjà (six ans passeront encore avant le dernier souffle), une rockitude fatale.

    Et pour alimenter le leader, un ensemble de compositions sans le moindre point faible. L’appel au secours de « I Got To Give It Up », le gros Metal beau à hurler de « Toughest Street In Town », la déclaration d’amour filiale de « Sarah ». Une ingénierie sonore osée et qui abuse pour notre bonheur total des effets enveloppants (« Get Out Of Here », « With Love » et toutes les autres), le doigté qu’on découvre phénoménal de mister Moore, également compositeur sur quelques titres. Intégration parfaitement réussie.

     

     

     

    Et pour conclure cette orgie tantôt énergie pure, tantôt mélancolie, tantôt déhanchement sudatoire, une apogée gaélique dantesque. Thin Lizzy n’aura finalement jamais autant embrassé ses racines qu’en s’inspirant d’un des hymnes politiques les plus fameux de son île natale, une chanson vieille de 500 ans. « Roisin Dubh », « Black Rose », une Rose Noire 200 % éclose.

    Un bémol, peut-être ? La réverbe omniprésente et ce chorus qui ne laisse jamais respirer la basse, deux présences étouffantes qui agaceront les non-initiés à ce son si particulier du génie irlandais ici poussé à l’extrême. Mais un ultime tremplin vers une totale jouissance pour les habitués.

    Et comment, après avoir goûté à ce délice des délices, ne pas verser sa larme lorsqu’on se perd à deux pas de Grafton Street, principale artère commerçante de Dublin avec Henry, et qu’on tombe nez à nez avec un Phil Lynott de bronze, l’air cow-boy, son arme au pied, la main dans le cuir, serein devant un des mille pubs de la capitale verte ?

    Allez, salut maintenant !

     

    Article : Possopo @ Nightfall in Metal Earth

     

     

     

  • Soundbreaking : La grande aventure de la musique enregistrée (1/6)

     

     

    Enregistrer la musique : une passionnante aventure artistique et technologique de plus d’un siècle dont Soundbreaking raconte en six heures les plus belles pages, avec la participation de tous les grands noms de la musique populaire et sur une bande-son d’anthologie.

     

    Passionnante aventure artistique et technologique, la mise au point de l’enregistrement de la musique s’est déroulée sur plus d’un siècle.

    Avènement du multipistes, rôle du producteur, rendu de la voix, révolution numérique… Sur une bande-son d’anthologie, la passionnante série documentaire française « Soundbreaking » (titre qui joue sur les mots « sound » et « groundbreaking », en français « révolutionnaire » ou « novateur ») raconte les plus belles pages de cette épopée, avec la participation de grands noms de la musique, d’Elton John à Catherine Ringer, de Christina Aguilera à Annie Lennox, de Tony Visconti, le producteur de David Bowie, à Nigel Godrich, celui de Radiohead.

    Diffusée en novembre 2016 sur la chaîne américaine PBS, « Soundbreaking » rend donc hommage aux grands producteurs et autres hommes de l’ombre des studios d’enregistrement. Arte proposait en février 2017 les épisodes de cette fascinante saga comprenant des entretiens avec plus de 150 musiciens et artistes, dont Nile Rodgers, Quincy Jones, Questlove, Jimmy Jam et Chuck D. et de nombreuses images d’archives. Dans le premier épisode d’une série de six rendez-vous de 52 minutes, Stevie Wonder est également salué en compagnie de ses producteurs Malcolm Cecil et Bob Margouleff, co-auteur des révolutionnaires « Talking Book » et « Innervisions ».

    En six épisodes, « Soundbreaking » retrace ainsi la formidable épopée artistique et technologique de la musique.

     

    Soundbreaking – La grande aventure de la musique enregistrée (1/6)

    Au coeur de cet épisode, la révolution qu’a constitué l’arrivée, dans le monde de la musique populaire, de l’électricité et de ses deux enfants naturels : la guitare électrique puis le synthétiseur. Du pionnier Charlie Christian au dieu Jimi Hendrix, en passant par Muddy Waters, The Rolling Stones ou Cream, ce sont quelques-uns des plus grands maîtres de la guitare électrique qui sont évoqués.

    Cette révolution, si elle permet à la guitare de jouer plus fort et de faire entendre des sons jusqu’alors inédits, donne également naissance à un nouvel instrument et avec lui, à de nouveaux univers sonores : le synthétiseur. Musique électronique (Kraftwerk ou Jarre), Pop-Rock (The Who ou Stevie Wonder) ou musiques de danse (Disco ou French Touch), très vite, l’instrument devient omniprésent… Avec notamment Ben Harper, George Benson, Jean-Michel Jarre, Giorgio Moroder, Je Beck, B.B King, Roger Daltrey, Brian Eno…

     

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    Fiche Technique :

    Auteurs : Maro Chermayeff,  Romain Pieri
    Réalisation : Christine Le Goff
    Producteurs : Ma Drogue A Moi, Show Of Force
    Coproducteur : ARTE France

     

     

     

  • Prince : Chelsea Rodgers

     

     

    A l’occasion de la Fashion Week de Paris qui se tient actuellement, remémorons-nous avec délectation un titre de Prince de 2007, « Chelsea Rodgers », qui parle de mode, mais pas seulement…

     

    Peu d’artistes ont assez de crédit dans le monde de la mode pour pouvoir se permettre de prendre littéralement possession d’un défilé de la London Fashion Week pour en faire l’arrière-plan d’un de leurs clips. C’est pourtant ce que fit Prince en 2007, lorsqu’il tourna le clip vidéo de son titre « Chelsea Rodgers » extrait de l’album « Planet Earth » sorti la même année. Il y raconte l’histoire d’une bien mystérieuse ancienne model devenue une « hippie du 21ème siècle ».

    Les lyrics de la chanson se voulaient en profond décalage avec les paillettes et le glamour de l’univers de la mode, dans lequel Prince s’immerge pourtant pour les besoins du clip, alors qu’il fait dire à Chelsea qu’elle souhaite quitter le mannequinat et partir en quête de plus de spiritualité. Ces paroles reflètent cette même quête chez Prince à cette époque, dans sa foi, avec les Témoins de Jehovah, comme dans sa tentative de mieux comprendre sa propre spiritualité et éprouver ses croyances, avec des références au végétarisme ou au renoncement à toute célébration d’anniversaire ou de fête.

     

    « The day that we stop counting, we live as long as a tree », chante-t-il ainsi, « Go ahead Chelsea, teach me! »

     

    A model

    Used to be a role model

    I don’t know

    Come on Chelsea

    I dunno

    Come on

    Ah, go ahead now Chelsea! Go ahead now!

    Uh, this for Jersey right here

    Go ahead now

    Chelsea Rodgers was a model

    Thought she really rocked the road, yes she did

    Kept her tears up in a bottle

    Poured them out to save her soul

    Ask her what she liked the most

    She said, she liked to talk to Jimi’s ghost

    Fantasy, her friends boast (This girl is fly)

    Chelsea’s fly, like coast to coast

    Hollywood or Times Square

    If the party’s fly, my girl is there 

    Purple’s on and bounce in her hair

    Twenty first Century hippy, Chelsea don’t care

    Chelsea Rodgers was a model

    Thought she really rocked the road, yes she did

    Kept her tears up in a bottle

    Poured them out to save her soul

    Try to catch her if you can (Come on now together)

    You never see her with my man (A brother got to jump n the water)

    He must be baptized, according to the master plan

    ‘Fore she give up the good thing

    Go ahead Chelsea (Go ahead Chelsea)

    No cut diamonds, and designer shoes (Uh, no-no!)

    Because she’s too original from her head down to her feet

    (Rehab) (If you want to) (just don’t mean no me)

    Chelsea don’t eat no meat, still got butt like a leather seat

    Go ahead Chelsea! (Go ahead Chelsea!)

    Chelsea Rodgers was a model

    Thought she really rocked the road, yes she did

    Kept her tears up in a bottle

    Poured them out to save her soul

    Go ahead Chelsea!

    (Speak on that horn)

    Come on

    Next to her they just a fool

    Chelsea read more books than a few

    Moses was a Pharoah in the eighteenth Dynasty

    And Rome was chilling in Carthage in 33 BC

    And the day that we stop counting, we live as long as a tree

    Go ahead Chelsea, teach me! Go ahead Chelsea

    Make a promise to your higher self, get you nothing, fame and wealth

    You don’t be chasing nobodies ghost

    Of everything, make the most (Come on!)

    Chelsea Rodgers was a model

    Thought she really rocked the road, yes she did

    Kept her tears up in a bottle

    Poured them out to save her soul

    Chelsea Rodgers was a model

    Thought she really rocked the road, yes she did

    Kept her tears up in a bottle

    Poured them out to save her soul

     

    Paroles : Prince Rogers Nelson

    © Universal Music Publishing Group

     

     

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  • Stradivarius : L’ultime Requiem

     

     

    La ville de Crémone, au nord de l’Italie, a entrepris d’enregistrer le son des célèbres violons créés par le luthier Antonio Stradivari aux 17ème et 18ème siècles, uniques pour leur musicalité et réputés comme impossible à reproduire.

     

    Dernier requiem pour le Stradivarius. Ou presque ? La ville de Crémone, dans laquelle se trouvent de nombreux ateliers de musique, s’est lancée dans l’incroyable projet de numériser et de sauvegarder le son des instruments du luthier mondialement célèbre, Antonio Stradivari, avant que le temps n’altère complètement leur sonorité. Un avenir malheureusement inévitable pour ces violons de renom…

    Trois ingénieurs du son se sont alliés au Musée du Violon de Crémone afin de créer la « Stradivarius Sound Bank » (banque de son du Stradivarius). Il leur paraissait important que les prochaines générations aient elles aussi la possibilité d’écouter jouer l’un de ces rares violons. « Nous nous apprêtons à rendre immortel le plus bel instrument jamais fabriqué » déclare au New York Times Leonard Tedeschi, un ancien DJ à l’origine du projet.

     

    « Nous préservons et restaurons ces violons », explique M. Cacciatori, le curateur du musée, « mais passé un certain âge, ils deviennent trop fragiles pour être joués et s’endorment, pour ainsi dire. »

     

    Avec cette nouvelle banque de son à disposition, les ingénieurs pensent pouvoir manipuler les enregistrements afin de continuer à faire jouer le Stradivarius, même lorsque l’instrument en question ne sera plus en état d’être utilisé.

    D’après l’ingénieur à la tête du projet, Thomas Koritke, il aura fallu « plusieurs années pour convaincre le musée de les laisser utiliser des instruments à cordes déjà vieux de 500 ans ». Pour l’occasion, quatre musiciens ont ainsi passé le mois de janvier à jouer « des centaines de milliers de notes et de variations, huit heures par jour, six jours par semaine », avec deux violons, un alto et un violoncelle. « Un challenge aussi physique que mental pour eux », atteste-t-il.

     

    Des précautions à grande échelle

    Cet ambitieux défi aurait d’ailleurs pu être lancé dès 2017, si une énième vérification n’avait pas révélé une faille dans sa mise en place. « Les rues aux abords de l’auditorium sont faites de pavés, un cauchemar auditif » d’après Leonard Tedeschi.

    Pour éviter que le bruit de la rue – qu’il s’agisse d’un moteur de voiture ou du claquement de talons sur les pavés – ne puisse affecter les capacités d’enregistrement de la trentaine de micros utilisés, le maire de Crémone, président de la Fondation Stradivarius à qui appartient le musée, a décidé de fermer le périmètre autour de l’auditorium pour cinq semaines. La population a également été sommée d’éviter tout bruit soudain et inutile.

    Dans l’auditorium, la ventilation et les ascenseurs ont été mis à l’arrêt. D’après Classic FM, même les ampoules ont été dévissées pour éviter tout grésillement.

     

    « Nous sommes la seule ville au monde à préserver autant les instruments que leur voix » s’enchante le maire. « C’est un projet extraordinaire qui regarde vers l’avenir, et je suis sûr que les habitants de Crémone comprendront qu’il était inévitable d’interdire la zone durant les enregistrements. »

     

    Lea Dubois pour Le Figaro

     

     

     

  • 3 Février 1959 : Le jour où la musique est morte

     

     

    Il y a tout juste soixante ans, le 3 février 1959, Buddy Holly, Ritchie Valens et JP « The Big Bopper » Richardson, trois stars de la musique qui figuraient parmi les premières icônes du rock’n’roll, ainsi que leur pilote, sont tués dans un accident d’avion survenu dans l‘état de l’Iowa, aux États-Unis.

     

    Une enquête révèlera que de mauvaises conditions météorologiques et une erreur du pilote, peu habitué à voler dans des conditions si difficiles, étaient les principales causes du crash.

    JP « The Big Bopper » Richardson, bien connu pour son tube « Chantilly Lace » n’était pas censé se trouver sur ce vol. Atteint d’une grippe, il avait décidé au dernier moment de prendre la place de Waylon Jennings (membre du groupe de Buddy Holly) dans l’avion, pour éviter de se retrouver dans un bus non chauffé.

    Ritchie Valens, âgé seulement de 17 ans au moment du drame, s‘était notamment fait connaître du grand public par son tube « La Bamba », enregistré peu de temps avant l’accident. Largement inspiré d’un huapango (chanson de mariage mexicaine), c’est le premier tube dans lequel la contrebasse est remplacée par une basse électrique. Il avait gagné sa place dans l’avion après une victoire au « pile ou face » avec Tommy Allsop.

    Buddy Holly, âgé à l‘époque de 22 ans, reste sans doute le plus célèbre des passagers. Lui et son groupe « The Crickets » avaient connu une série de succès tels que « Peggy Sue », « That’ll Be the Day », « Oh Boy! » et « Maybe Baby ».

    Depuis cet accident, d’innombrables hommages leur ont été rendus. Le plus illustre reste sans doute celui réalisé en 1971 par Don McLeans, avec son titre « American Pie ». Référence au 3 février 1959, décrit comme « le jour où la musique est morte ».

     

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    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] The Buddy Holly Educational Foundation

     

     

     

  • Michel Legrand ou le scintillement musical

     

     

    Pour tous ceux qui n’ont jamais aimé Michel Legrand, à qui la musique de « Peau d’âne », des « Demoiselles de Rochefort » ou des « Parapluies de Cherbourg », ou plus encore cette voix, lorsqu’il lui arrivait de pousser la chansonnette derrière son piano, provoquent des crises d’urticaire aigües…

     

    Pour tous ceux qui abhorrent celui qui avait comme amis Jacques Demy, Quincy Jones et Henry Mancini, dont le timbre de voix mélodieux et juvénile, tout comme son physique, exprimait une certaine candeur… Vous tous qui n’avez jamais cherché plus loin, simplement parce que plus loin, c’est plus tôt, à l’époque où l’on découvrait toute l’audace qui collait aux partitions de ce jeune pianiste, qui débuta comme arrangeur pour Maurice Chevalier, Henri Salvador, Catherine Sauvage, avant de collaborer avec les plus grands noms du jazz, de Dizzy Gillespie à Miles Davis, en passant par John Coltrane ou Bill Evans

    Je dirais ceci… S’il-vous-plait, avant toute chose, faites juste l’effort de réécouter la musique du film « L’Affaire Thomas Crown » de Norman Jewisson, avec Steve Mac Queen et Faye Dunaway. Et avant de geindre, de gesticuler, laissez-vous envahir par ces sons sophistiqués et suaves et rendez-vous à l’évidence…

    Cette musique-là, celle de ce film à la notoriété au demeurant très surfaite, permet de juger sur pièce de l’immense talent de Michel Legrand, de l’onctuosité de son swing et la puissance d’évocation de ces différents thèmes. Toute cette maîtrise est la preuve intrinsèque, de celles qui propulsent le compositeur des « Moulins de Mon Cœur » dans la courte liste des élus, entre Lalo Schifrin, Ennio Morricone et John Barry.

    Car ce mélodiste hors pair est aussi un chercheur méticuleux de nouveaux sons. Et ce n’est pas pour rien que les années 60 lui ont servi d’écrin, lorsque Godard, Varda, Losey, Jewisson ou Demy le sollicitaient pour faire vivre un peu plus leurs films.

    Michel Legrand ne s’est jamais contenté de suivre la tendance, comme il ne s’est jamais permis de proposer indéfiniment la même chose. Pour chaque nouveau projet, il abordait son travail et ses recherches, avec comme unique but celui de surprendre. A l’aise au début de sa carrière dans le jazz, il pourra ensuite, avec une facilité déconcertante, s’entourer d’orchestres symphoniques pour les besoins d’un film d’époque, d’un thriller ou d’un grand film d’action.

    Alors oui, comme beaucoup de compositeurs ayant tutoyé les anges dans les années 60 et 70, les 80’s auront aussi été fatales à Michel Legrand. Ses quelques collaborations avec Claude Lelouch s’avéreront être la limite qu’il n’aurait pas dû franchir.

    Ici et là parfois, resurgiront pourtant encore quelques pépites. Dans le film « Parole et Musique » d’Elie Chouraqui, devenu sujet à moqueries et ricanements, on se souvient avant tout de ces chansons qui sonnaient très Christopher Cross et qui déjà à l’époque paraissaient désuètes. Pourtant, on y trouve aussi quatre ou cinq magnifiques pièces au piano. De ces petites fugues qui ravivent alors tous le romantisme échevelé et en même temps intime dont était capable Michel Legrand.

    Mais replongez maintenant dans la luxuriance musicale de ces chères années 60 et c’est aussitôt la magie qui opère, un bonheur à chaque note. Une musique à faire chavirer les étoiles…

    Michel Legrand sera toujours immense, précieux, généreux et scintillant, « comme un manège de lune avec ses chevaux d’étoiles, comme un anneau de saturne, un ballon de carnaval, comme le chemin de ronde que font sans cesse les heures, le voyage autour du monde, d’un tournesol dans sa fleur. Tu fais tourner de ton nom tous les moulins de mon cœur ».

     

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  • L’Impératrice, un succès fou

     

     

    L’Impératrice est à l’Olympia les 29 et 30 janvier, une salle mythique pour conclure une grande tournée, un an après l’album « Matahari » et à l’aube d’une succession de rendez-vous capitaux pour un groupe au succès foudroyant.

     

    En mars 2015, nous tombions raides-dingues du track edit « Vanille Fraise » de L’Impératrice, au point de les faire figurer régulièrement dans nos playlists depuis… Aujourd’hui, quasiment quatre ans plus tard, il faut bien reconnaître que nos petits parisiens ont fait un sacré bout de chemin depuis leurs débuts en 2012, et ces deux dates à l’Olympia concluent sept années bien remplies.

     

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    Alors, sans fausse pudeur, « faire l’Olympia », de surcroît deux soirs de suite, et à guichet fermé, excusez du peu, ça n’est pas rien pour un jeune groupe. La chanteuse de L’Impératrice, Flore Benguigui, en convient aisément : « On ressent un énorme stress… Pour les Français, c’est un peu la consécration de faire l’Olympia, alors c’est génial pour nous. Et surtout d’avoir rempli deux soirs de suite, c’est assez fou… »

     

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    Deux soirs archi-complets… L’Impératrice ne surfe pas simplement sur le succès de son premier album « Matahari », sorti il y a presque un an. Mais, encore plus sur des prestations scéniques époustouflantes, de la soul à paillettes, du disco-rock, tout ça dans une grande alchimie collective. Six membres à égalité dans le groupe, qu’il a fallu faire exister précisément.

     

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    « L’Impératrice, c’est un groupe qui est difficile à identifier, car justement, il est composé de six membres, et qu’aujourd’hui, il est beaucoup plus facile pour les médias d’axer leur message sur une personnalité, de parler de Juliette Armanet, d’Eddy de Preto ou d’Angèle… Mais ce groupe est bel et bien composé de six musiciens à part entière, qui composent ensemble, et non d’une chanteuse accompagnée de ses musiciens. » (Charles de Boisseguin, l’Impératrice)

     

    Et à L’Impératrice, la France ne suffit plus… Ils étaient au festival Eurosonic à Gröningen il y a quelques semaines, s’envoleront bientôt pour les Etats-Unis, l’Angleterre, l’Allemagne, des territoires déjà conquis ces derniers mois lors d’une tournée au long cours. Et tout cela en s’amusant des différences culturelles et en s’inspirant de Sarah Bernhardt : « Le public français est un homme froid et capricieux quand le public américain est un adolescent optimiste et bienveillant. La différence, sans cliché, se fait ressentir, en fonction du pays, de sa culture, de la météo, de ce que les gens mangent, de la musique qu’ils écoutent… ».

     

    « L’Impératrice, c’est du classique, du jazz, du rock, du disco, mais L’Impératrice, ce n’est pas un groupe qui fait du disco. Dans ce sens, on n’est pas incompris, mais en tout cas, la définition est incomplète. » (Charles de Boisseguin, l’Impératrice)

     

    En attendant la réédition de leur album le mois prochain, aves des remixes et des duos, dont un très réussi avec Lomepal, L’Impératrice n’a qu’un but : réussir son Olympia. Et on peut leur faire confiance…

     

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  • Nico Pusch revoit ses classiques

     

     

    Avis aux amateurs de minimal, deep house, techno ou encore techno house ! L’Allemagne nous régale de son dernier phénomène en date, Nico Pusch, DJ aux mille inspirations et mélodies, toutes aussi dynamiques qu’alternatives.

     

    Très jeune, Nico Pusch plonge dans le monde de la musique, et s’y impose rapidement grâce à l’originalité et la fraicheur de ses morceaux. Le DJ mixe, mais remixe surtout ; il touche à tout et s’approprie chaque sonorité, chaque langue, et chaque style.

    Pusch revoit ses classiques, nos classiques, et les met au goût du jour, il modernise, rajeunit, « Another Day in Paradise » de Phil Collins ou « Live Your Life » d’Otis Taylor. Il dynamise nos titres favoris, « We Are the People » d’Empire of the Sun, « I Follow Rivers » de Lykke Li, accélère ce qui lui semble lent, « Free » de KlangKluenster, et va même jusqu’à retravailler la fameuse « Una Mattina » de Ludovico Einaudi.

    Mais il crée aussi, invente, expérimente, et de là naissent des featurings impressionnants, comme « Around the World » avec Chris Valentino, ou bien des sons décalés qui semblent venir de très loin… « Children ».

    Bref, Nico Pusch revendique une liberté musicale à toute épreuve, joue avec ses platines, transforme, change, coupe, ajoute. Véritable artisan de la musique, laissons-nous séduire par son imagination débordante.

     

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    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Nico Pusch Official

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Nico Pusch on Soundcloud

     

     

     

  • The Loft by David Mancuso

     

     

    Après le Paradise Garage, auquel nous avons récemment consacré un article, nous nous devions d’évoquer un autre club mythique de New York : The Loft.

     

    En 1966, David Mancuso passe des disques pour ses amis, leur faisant découvrir les dernières nouveautés du moment. Devant le succès rencontré par ses soirées « By Invitation Only », organisées un peu partout à New York, lui vient alors l’idée d’institutionnaliser ces fêtes, sur base hebdomadaire, et dans un lieux plus adapté.

    Le 14 février 1970, il inaugure The Loft, au 647 Broadway, à l’angle de Broadway et Bleecker Street (Chelsea). Le lieu en question est en fait le domicile de Mancuso, un vrai loft de 220 m2, converti en club privé, qui réunira rapidement plus de 300 personnes dans le cadre des fameuses parties « Love Saves The Day ». Sur le modèle des « Rent Parties » organisées à Harlem dans les années 20, autour de musiciens de jazz qui viennent jouer dans des appartements privés, les soirées « Love Saves The Day » de David Mancuso ne sont accessibles que sur invitation, et on n’y vend ni alcool ni nourriture.

    Suite à l’effondrement d’un hôtel voisin en 1975, les soirées du Loft migrent au 99 Prince Street, à Soho. C’est à cette époque que surviennent les premiers problèmes avec la municipalité de New York, probablement sur « suggestion » d’autres lieux de fête plus conventionnels. David Mancuso est accusé à tort de vendre de l’alcool dans un lieu public sans la fameuse « Cabaret Licence », et il se voit contraint de suspendre l’organisation de ses fêtes pendant une année. Cette interruption permet à d’autres clubs new-yorkais d’émerger, comme le Paradise Garage, The Gallery ou le Studio 54.

    A la fin des années 70, David Mancuso abandonnera le beatmatching pur et dur, pour se consacrer à la diffusion musicale sur un sound-system unique pour l’époque, inspiré du son dub jamaïcain.

    En dix ans d’existence, le Loft « originel » aura vu défiler la crème des Djs new-yorkais, de Larry Levan à Franckie Knuckles, en passant par David Morales, Francois Kevorkian, Nicky Siano ou Tony Humphries, qui s’illustreront tous par la suite dans les meilleurs clubs de la ville.

    Quant à David Mancuso, il disparaît le 14 novembre 2016, à l’âge de 62 ans. Il est de ceux qui ont fait basculer le clubbing dans la modernité. David Mancuso, celui à qui « tous ceux qui ont dansé ou enfilé un casque doivent quelque chose » selon Bill Brewster, l’auteur de « Last Night A DJ Saved My Life », était en effet de ces promoteurs qui ont su imposer une idée. Ou mieux, un mode de vie…

    « L’idée centrale du Loft, c’était le progrès social. Et ce n’est pas le genre de choses qu’on trouvait à l’époque dans un night-club standard », résumait-il dans une interview accordée à Daily Red Bull, fier comme jamais du concept de ses fameuses soirées lancées le 14 février 1970 et uniquement accessibles par cooptation.

     

     

     

    « Pour moi, ces soirées sont une façon de progresser socialement, parce que je ne suis pas limité par les lois. Payer 5 dollars ou 10 dollars pour une boisson est parfois difficile. Au Loft, il y a à manger, tu amènes ta propre bouteille, tu n’as pas à payer pour poser ton manteau. C’est une communauté d’entraide, en quelque sorte. Ici, tant que tu agis comme un être humain, tu peux faire ce que tu veux. »

     

    A redécouvrir l’ambiance irrésistible du Loft sur les compilations « David Mancuso Presents The Loft Vol. 1 & 2 » (sorties en 1999 et 2000 sur le label londonien Nuphonic). A signaler d’ailleurs sur le volume 1, plage E2, un morceau intitulé « Yellow Train » composé par un certain… Pierre Bachelet… Ainsi que le fameux « Soul Makossa » de Manu Dibango.

     

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  • Paradise Garage : La bande-son d’une époque bénie

     

     

    Le Paradise Garage peut avoir fermé ses portes en septembre 1987, son héritage est encore vivace auprès des nouvelles générations de New-Yorkais.

     

    Pour preuve, le 11 mai 2014, ce qui ne devait être qu’une simple fête de quartier organisée au 84 King Street, à Soho, face à l’entrée de l’ancien club, s’est spontanément transformée en énorme dance-floor, réunissant des milliers de participants venus rendre hommage au Paradise Garage, ainsi qu’à son DJ mythique Larry Levan.

     

    Bill Bernstein Disco Utopia © Bill Bernstein 1979
    DJ Larry Levan at the Paradise Garage, 1979 (Bill Bernstein Disco Utopia © Bill Bernstein)

     

     

    Durant ses dix années d’existence, ce club mythique a défini les règles de la dance music pour imprégner tous les genres musicaux actuels, du garage à la house, en passant par la neo-soul, la funk ou la disco, voire même le hip-hop. Au Paradise Garage s’est composé la bande-son de plusieurs générations de clubbers. Et c’est au Paradise Garage que, pour la toute première fois, le DJ est au centre du show, fixant l’attention des danseurs. Ainsi, Larry Levan deviendra le premier DJ moderne, et la référence pour beaucoup de DJs actuels.

    Larry Levan nous a quittés en 1992, à 38 ans.

    L’ambiance du Paradise Garage à redécouvrir avec le double album enregistré live en 1979, et mixé par maître Larry Levan himself : « Live At The Paradise Garage ».

     

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