Catégorie : Films

  • Diamants sur canapé | Episode 3

     

     

    La Fête…

    « 5ème Avenue, 5 heures du matin, Audrey Hepburn, Diamants sur canapé et la genèse d’un film culte » par Sam Wasson – Sonatine Editions – 2010 (Extraits)

     

    Le tournage n’a duré qu’une semaine à New-York. Le temps des scènes chez Tiffany et de quelques extérieurs. Tout le reste du film fut tourné à Los Angeles dans les studios de la Paramount. On dit que miss Hepburn aurait amené pas moins de trente-six valises ainsi que son mari, Mel Ferrer et leur fils de dix mois, Sean. On logea toute la petite famille dans une maison de Coldwater Canyon.

     

    25:17 : La fête bat son plein.

    Pour filmer la scène de la fête, Blake Edwards a l’idée d’en organiser une vraie, pour mettre les acteurs « en condition ». Rien de tel pour filmer « sur le tas » de vraies scènes de comédie hilarantes. Il s’agissait de laisser libre cours au naturel. Cette petite sauterie dura pas moins de huit jours pleins. Blake Edwards voulait de vrais acteurs pour cette scène, pas des figurants. C’est ce qu’il avait demandé au bureau de casting. Pas de grands acteurs, non, mais des acteurs de seconds rôles qui seraient capables, le moment venu, de tourner plusieurs prises d’une situation cocasse observée durant la fête. « Convaincre le studio de rémunérer des acteurs jusqu’à 125 dollars par jour quand les figurants sont beaucoup moins chers ne fut pas facile à négocier ». Il fallut une semaine, du 2 au 9 novembre, à Blake Edwards pour avoir la matière suffisante à une scène qui durerait 13 minutes dans le film. Il fallut également engager une chorégraphe, afin que chaque morceau de fête, chaque personnage mis en avant, chaque scène soit organisée et les déplacements orchestrés.

    Blake eut certaines idées, comme celle du téléphone dans la valise, du fou rire devant la glace ou de la douche. D’autres fois, il demandait aux acteurs d’improviser, comme pour la scène de la dispute. Ou encore, les idées étaient saisies au bond, comme celle de tenir ses chaussures à la main lorsqu’on a trop mal aux pieds. Blake Edwards avait organisé une vraie fête, et comme dans toutes les fêtes, certains acteurs avaient des coups de barre qui étaient filmés au vol. Une autre fois, Georges Peppard pinça les fesses de Joyce Meadows qui dansait moulée dans une robe blanche. Elle poussa un cri et la scène fut enregistrée. On ne savait jamais à quoi s’attendre !

    La scène de la chute, quant à elle, faillit tourner au drame. « Cette fois c’était l’actrice Dorothy Whitney qui s’y collait ; elle interprétait Mag Wildwood et devait tomber directement devant l’objectif en gardant les bras le long du corps. Cette pitrerie fut un véritable cauchemar pour l’actrice. Elle était terrorisée. – Je n’y arrive pas, je n’en suis pas capable ! Disait Dorothy. Blake a insisté jusqu’à ce qu’il obtienne gain de cause. » Il a fallu plus de treize prises.

    Quand Audrey Hepburn arriva sur le plateau numéro 9 de la Paramount début du mois de novembre 1960, la fête battait son plein depuis déjà plusieurs jours. 540 litres de thé glacé et de Canada Dry, de la viande froide, des sandwichs, plus de 60 cartouches de cigarettes et 20.000 dollars de frais de production. « Il y avait du monde partout ! ». On avait fait venir un enfumoir à abeilles pour recréer l’ambiance enfumée d’une fin de soirée. Audrey était coiffée d’une choucroute énorme parsemée de mèches blondes décolorées. « Entre les scènes, elle était douce, modeste et gentille avec tout le monde. Certaines stars regagnent leur loge entre les prises, mais pas elle. »

    La scène fut une réussite. A tel point que Blake et le scénariste Tom Waldman décidèrent d’en faire tout un film : c’est comme ça qu’est née l’idée de « La Party ».

     

     

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  • Diamants sur canapé | Episode 2

     

     

    Les croissants…

     

    « 5ème Avenue, 5 heures du matin, Audrey Hepburn, Diamants sur canapé et la genèse d’un film culte » par Sam WassonSonatine Editions – 2010 (Extraits)

     

    Dimanche 2 octobre 1960. New-York, 5ème Avenue, il est 5 heures du matin. La rue est déserte. Il fait froid. Audrey Hepburn, oscarisée pour son rôle dans « Vacances Romaines », s’apprête à tourner la toute première scène de « Diamants sur canapé », sous la réalisation de Blake Edwards. Une comédie ! Elle n’a jamais joué dans une comédie et malgré l’heure matinale, nerveuse, fume cigarette sur cigarette. Elle attend dans un taxi jaune l’ordre de tourner. Dans sa main, un sac en papier brun. « Action ! »

     

    Un taxi jaune apparaît. Il s’arrête le long du trottoir, devant une boutique au N°727 de la 5ème Avenue. Une jeune femme en descend, claque la portière. Elle porte une robe noire, un collier de perles, des gants noirs, des lunettes de soleil malgré l’heure matinale. Elle est coiffée d’un chignon. Sans doute rentre-t-elle d’une soirée chic. Elle lève la tête vers l’enseigne : « Tiffany ».

    « Ca tourne » ! Le second assistant-réalisateur fait signe au chauffeur de taxi qui démarre. La rue avait été spécialement évacuée pour la scène. Il fallait faire vite. Le soleil brillerait bientôt bien trop haut pour illustrer un matin aux aurores. De plus, le premier ministre soviétique, Nikita Khrouchtchev, devait faire une apparition sur cette même 5ème Avenue à 7h30 précises. Cela ne laissait donc que deux heures pour tourner. Mais Audrey Hepburn ne souhaite pas bâcler la scène. Elle se dit que si Holly, la call-girl dont elle joue le rôle, ne se sent chez elle que chez Tiffany, alors il lui faut prendre son temps et savourer cet instant comme un pur moment de bonheur. Aussi, plutôt que de s’approcher tout de suite de la vitrine, choisit-elle de s’arrêter au bord du trottoir et de lever les yeux. Blake Edwards ne lui avait-il pas demandé de se fier à son intuition là où d’autres réalisateurs exigeaient un mot-à-mot parfait ?

     

    0:48 : La jeune femme avance à petits pas telle une geisha vers la vitrine du magasin. Elle regarde les bijoux.

    Sam Wasson raconte : « Il avait fallu coudre deux robes uniquement pour ces quelques secondes. Une pour déambuler devant le magasin, fendue sur le côté afin de lui permettre de se déplacer, l’autre pour les scènes statiques, tellement ajustée qu’elle ne lui permettait aucun mouvement. Audrey devait enfiler les deux robes alternativement. »

     

    1:02 : La jeune femme tient dans sa main un petit sac de papier dont elle sort un croissant qu’elle met à la bouche et un gobelet contenant un café.

    « Comment allait-elle faire pour avaler ce truc ? Audrey ne voulait pas faire d’histoire mais elle avait les viennoiseries en horreur et avait demandé à Blake si cela le dérangerait qu’elle déambule devant la vitrine de Tiffany en mangeant plutôt un cornet de glace. Mais il avait refusé. Evidemment, sa décision était entièrement justifiée. C’était l’heure du petit déjeuner après tout et ce ne serait pas vraisemblable. »

     

    2:22 : La jeune femme jette la pochette en papier dans une poubelle avant de s’éloigner sur le trottoir. Le générique prend fin.

    « Les badauds commençaient à s’attrouper déjà par groupes de deux ou trois, et, un court instant plus tard, ce qui n’était au début qu’un petit attroupement s’était mué en une foule de curieux ». Sur une photo, on voit la foule prendre des photos du tournage, sur le trottoir d’en face. C’était la première fois qu’on tournait un film à l’intérieur du magasin Tiffany. Cet exploit avait necessité six longs mois de tractations et la contrepartie, c’était Audrey ! « Laisser une équipe entière s’installer parmi certains des bijoux les plus coûteux de la planète représentait un défi logistique et un cauchemar pour les assureurs, certes, mais d’un point de vue promotionnel, cela représentait une opportunité en or pour le joaillier. Il n’y avait qu’à mettre le collier Schlumberger au cou d’Audrey et de laisser les photographes la mitrailler. » Et en effet, c’est ce qui se passa. Audrey Hepburn fut photographiée dans la boutique Tiffany avec à son cou le collier créé par Jean Schlumberger, au centre duquel se trouvait le plus gros diamant jaune du monde, de 8 centimètres de diamètre pour un poids de 128,54 carats. « Jusque là, le collier n’avait été porté que par une seule femme, Madame Sheldon Whitehouse, épouse d’un sénateur qui avait présidé le bal donné par Tiffany en 1957. »

    Ce bijou apparaît brièvement à l’écran, protégé derrière une vitrine, dans la scène où Holly et Paul font graver la bague trouvée dans un paquet de friandises.

     

    65:26 : « Il m’est arrivé de remonter la 5ème Avenue très souvent, mais c’était la nuit. Est-ce que vous aimez Tiffany ? Ce n’est pas magnifique ? Il semble que rien de désagréable ne peut arriver dans un magasin de ce genre. En réalité je me fiche des bijoux, à part les diamants, bien entendu. Regardez ça ! Qu’est-ce que vous en dites ? Bien sûr, je serais insensée de porter des diamants avant 40 ans. »

     

     

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  • Diamants sur canapé | Episode 1

     

     

    Histoire de la Petite Robe Noire…

     

    « 5ème Avenue, 5 heures du matin, Audrey Hepburn, Diamants sur canapé et la genèse d’un film culte » par Sam WassonSonatine Editions – 2010

    Le film « Diamants sur canapé » de Blake Edwards (1961) n’aurait jamais dû voir le jour en raison de son sujet sulfureux pour l’époque. Audrey Hepburn y campe une call-girl, Holly Golightly, inspirée de la mère du romancier Truman Capote. Le scénario, rédigé par George Axelrod (« Sept ans de réflexion ») est tiré de la nouvelle éponyme « Breakfast at Tiffany’s ». A l’époque, Audrey Hepburn dans un rôle de garce généralement alloué à Bette Davis, c’est une révolution. Parce que c’était elle, soudain, vivre seule, sortir, avoir l’air sublime, boire un petit coup de trop et être célibataire ne semblait plus honteux mais amusant. Le film fut un véritable succès. Parce que c’était elle, et aussi, grâce à une certaine petite robe noire.

    La costumière, Edith Head, avec huit Oscars à son actif, était une institution à la Paramount. Elle fit la connaissance d’Audrey Hepburn sur le tournage de « Vacances Romaines ». Elle avait l’habitude de tourner avec Grace Kelly, celle « qu’elle préférait habiller » car elle avait une beauté emblématique des années 1950 : « Elle avait le tour de taille idéal, les sourcils parfaitement dessinés et rentrait tout naturellement dans le moule ». Audrey, c’était une autre histoire ! Il fallait dissimuler son cou grêle derrière des foulards ou des colliers, élargir sa carrure pour mettre son visage en valeur, cacher ses bras trop frêles sous des manches, ses jambes d’échalas sous des jupes longues et sa petite poitrine en attirant le regard sur sa taille de guêpe. Sans parler de ses sourcils trop épais…

    Pour le film « Sabrina », en 1954, Billy Wilder avait demandé à un jeune couturier parisien de 26 ans (Audrey en avait 24), Hubert de Givenchy, de transformer la jeune fille normale de Long Island en élégante parisienne. Deux brindilles se rencontrent donc au 8 Rue Alfred de Vigny, l’une de deux mètres de haut et l’autre de 1m73, aux mensurations peu généreuses : 805580. Une robe de cocktail noire au décoletté en V dans le dos, tenue par deux petits nœuds aux épaules, transforma Audrey en icône de la mode et en muse de Givenchy.

     

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    Durant l’ère victorienne, le noir était presque exclusivement réservé au deuil. C’est la couleur qui était associée à la féminité et à la séduction : il fallait que la femme attire le regard de l’homme. Dans les années 1920, les garçonnes se glissent dans les robes-tubes de satin noir. Chanel s’empare de ce concept de modernisation et la petite robe noire se démocratise. Après le Krach boursier, elle devient le symbole de la nouvelle austérité. Et après la guerre, Dior en fait, à Paris, un signe de luxe et d’élégance. Mais dans le cinéma hollywoodien des années 1950, c’est encore la couleur qui représente l’emblème de la féminité, le noir étant réservé aux femmes vénéneuses, les vamps qui font souffrir et par qui le malheur arrive (« Gilda » avec Rita Hayworth). En 1960, Hubert de Givenchy reçoit le script de « Diamants sur canapé » :

     

    « La portière du taxi s’ouvre et une fille en descend. Elle est vêtue d’une robe de soirée décolletée dans le dos et porte, en plus de son sac à main, un sac en papier brun. »

     

    La scène avait lieu au petit matin. Et Audrey était l’archétype de la fille saine et gentille : porter du noir, à New-York, alors que Holly est une fille toute simple du Texas qui ne connaît rien à la mode parisienne et n’a pas d’argent ! C’était du jamais vu. Grâce à cette scène de « Diamants sur canapé », le glamour devint accessible aux femmes de milieu modeste : n’importe qui pouvait devenir chic grâce à la petite robe noire. Pendant que Doris Day s’amusait avec des motifs floraux sur fonds de bleu et de rose, Audrey Hepburn osa la robe noire qui symbolisait le pouvoir et l’expérience sexuelle. Sur elle, cette couleur devint sophistiquée et glamour. Des millions de femmes allaient se rendre compte qu’elles pouvaient s’approprier ce qui jusque là était réservé aux femmes très riches s’habillant chez les grands couturiers français. De par sa simplicité, la petite robe noire, facile à coudre à la maison, allait entrer dans tous les foyers.

     

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  • La Guerre du N°5

     

     

    Son oeuvre la plus aboutie fut le N°5. Avec l’alchimie parfaite de ses 80 ingrédients, Coco Chanel a réinventé le parfum comme elle a révolutionné la mode, en y insufflant la même modernité, la même audace, la même liberté. L’histoire de cette création est palpitante. Ce parfum fut l’objet, entre les années 20 et 40, d’une véritable guerre entre Coco Chanel et ses associés, les frères Wertheimer. Tous les éléments d’un film noir y sont réunis : les hauts dignitaires nazis, le tout Paris de la collaboration, des espions américains et allemands, l’ombre de Churchill.

     

    Plus qu’un parfum, le N°5 de Chanel est un mythe. Immortalisé par Marilyn Monroe qui confiait s’en « vêtir » la nuit, ce « jus », lancé en 1921, resta jusqu’au début du XXIème siècle le parfum le plus vendu au monde. Pour autant, derrière l’alchimie révolutionnaire imaginée par Ernest Beaux – il a été le premier à utiliser une matière de synthèse, les aldéhydes – une fragrance moins délicate se dégage de ce parfum iconique. Des effluves sombres et vénéneux, exhalant rancœur et revanche, à l’image de la guerre que Coco Chanel, en redoutable femme d’affaires, mena contre ses associés, les frères Wertheimer, en particulier sous l’Occupation.

     

    « Mlle Chanel, qui avait une maison de couture très en vogue, me demanda pour celle-ci quelques parfums. Je suis venu lui présenter mes créations, deux séries : 1 à 5 et 20 à 24. Elle en choisit quelques-unes, dont celle qui portait le no 5 et à la question « Quel nom faut-il lui donner ? », Mlle Chanel m’a répondu : « Je présente ma collection de robes le 5 du mois de mai, le cinquième de l’année, nous lui laisserons donc le numéro qu’il porte et ce numéro 5 lui portera bonheur ». Je dois reconnaître qu’elle ne s’était pas trompée… »

     

    Pour développer la commercialisation encore artisanale du N°5, qui connaît le succès dès son lancement, « Mademoiselle » s’associe en avril 1924 à Pierre et Paul Wertheimer, les patrons de la maison de cosmétiques Bourjois. L’accord stipule que 90 % des revenus sont versés aux producteurs et distributeurs et 10 % à la créatrice.

    La manne est belle, trop sans doute pour que Chanel ne se sente pas lésée. Aussi, dès le début, cherche-t-elle à reprendre le contrôle d’une société de parfums qui lui assure l’essentiel de ses revenus. Pour cela, elle va user des pires expédients : les lois d’aryanisation mises en place en 1941 par le régime de Vichy, dans lequel, du reste, elle a ses entrées. Parmi ses ami(e) s et appuis, elle peut compter notamment sur Josée de Chambrun, la fille de Pierre Laval, Xavier Vallat, commissaire aux questions juives, ou René Bousquet.

    Sans parler du nouvel amour de Coco Chanel, rencontré au Ritz, le baron von Dincklage, officier de l’Abwehr. Reste que les Wertheimer, réfugiés aux Etats-Unis dès 1940, ont pour eux un homme de confiance qu’ils ont placé à la tête de la société, qui s’avéra être un homme de poids : l’avionneur Félix Amiot, chargé de fournir des appareils à la Luftwaffe.

    Si les faits de cette sombre affaire sont connus, le récit en quatre actes qu’en livre Stéphane Benhamou est non seulement captivant, mais aussi fouillé et minutieux. Sans tomber dans le dossier à charge, comme le fit le journaliste américain Hal Vaughan quand il publia « Dans le lit de l’ennemi » (Albin Michel, 2012), le réalisateur livre un récit n’omettant aucune pièce ni archive, analysées et contextualisées par des spécialistes. Du bel ouvrage, donc, autour d’une création au parfum de soufre.

     

    Source : Christine Rousseau pour Le Monde

     

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  • Gwenn Germain : « Celles et Ceux des Cimes et Cieux »

     

     

    Inspiré par les univers de Hayao Miyazaki et Moebius, Gwenn Germain réalisait en 2015 un petit chef-d’oeuvre d’animation salué dans le monde entier.

     

    Gwenn Germain, âgé aujourd’hui de 26 ans, est déjà connu dans le monde entier pour avoir réalisé en 2015 un film d’animation absolument fabuleux ! Seul aux commandes de ce projet, ce jeune prodige a créé un court-métrage à mi-chemin entre les univers de Moebius, Hayao Miyazaki et Syd Mead. Ces trois artistes ont inspiré le jeune Français, qui nous embarquait dans une aventure exceptionnelle au coeur du monde de « Celles et Ceux des Cimes et Cieux ».

     

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    Gwenn Germain était en 2015 étudiant au Creapole ESDI (École Supérieure de Design Industriel). A l’époque, âgé de seulement 23 ans, « seul dans sa cabane », le jeune homme réalisait un film d’animation exceptionnel au design incroyable. Inspiré par Moebius, Hayao Miyazaki et Syd Mead, il nous livrait une animation époustouflante, encensée par les fans du monde entier. Il lui aura fallu cinq longs mois de dur labeur pour arriver à un tel résultat !

    Le film met en scène un jeune garçon vivant dans un village, sur un arbre gigantesque. Après quelques péripéties, celui-ci chute brutalement de l’arbre pour atterrir en territoire inconnu… Comment fera-t-il pour retrouver les siens ? On vous laisse le découvrir dans ce petit court-métrage aussi grandiose que magnifique, qui promet de belles surprises.

     

     

     

    Merci à Gwenn Germain pour cet incroyable court-métrage digne des plus grands réalisateurs. A la rédaction, nous sommes encore surpris qu’il n’ait mis que cinq mois, qui plus est seul, pour réaliser un tel chef-d’oeuvre. On vous encourage à soutenir ce jeune prodige français, dont on pourrait entendre parler dans les années à venir.

    A découvrir d’urgence…

     

     

     

  • A propos du « Dracula » de Francis Ford Coppola (1992)

     

     

    Avec son « Dracula » réalisé en 1992, Francis Ford Coppola, à l’instar de Martin Scorsese, veut embrasser le cinéma tout entier et en explorer les thèmes et les genres.

     

    Bram Stoker avait déjà en son temps révolutionné le roman victorien avec « Dracula », tout comme Oscar Wilde et « Le Portrait de Dorian Gray ». Une époque sur les non-dits et la chasuble en guise de blue jean… En l’espèce, deux romans se servant du Fantastique pour mieux infiltrer la libido de l’époque, sans choquer personne. Oscar Wilde, sous prétexte du thème de la jeunesse éternelle, discourait sur l’homosexualité tandis que Stoker parvenait sans faute de goût à faire monter la température en imaginant un comte roumain venant de Transylvanie jusqu’en Europe pour mieux y dépuceler des vierges anglaises si chastes et niaises. Les morsures et les différentes transformations de Vlad Tépés, créature maudite, reniée par la Sainte Mère l’Eglise, représentaient ainsi tout le bestiaire connu et récupéré des contes de Perrault… Le loup, la chauve-souris, les rats, la vapeur verte… Autant d’animaux et d’éléments chargés de symboles et d’analogies rattachés aux choses de la sexualité.

    En revanche, le roman de Stoker ne faisait jamais état d’un quelconque penchant amoureux du comte pour l’une de ses victimes.  L’illustration du romancier se bornait uniquement à montrer les manifestations bestiales de ce que pouvait représenter un mâle hétéro assoiffé de sexe, sans distinction et appartenance de caste pour l’époque… Pour le film de Francis Ford Coppola, il est curieux donc de lire sur l’affiche qu’il s’agit là de la version la plus fidèle du roman de l’auteur du 19ème siècle. Ce n’est pas tout à fait exact. On devrait plutôt y lire « Dracula vu et digéré par Coppola ».

    Quant aux raisons qui pousseraient le vampire de Coppola à mordre et à tuer, ainsi que ses éventuelles circonstances atténuantes, il faut plutôt se pencher sur une romancière qui au début des années 80 a su réinvestir en grande pompe le monde vampirique avec un éclairage nouveau sur ces caractères. Il s’agit d’Anne Rice ; « Entretien avec un Vampire », « Lestat Le Vampire », « Armand le Vampire », etc… Tous ses romans démontrent en effet que ces personnages fascinants et dangereux étaient avant tout des humains, qui par le biais de leur transformation, leurs pouvoirs et leur soif accrue, ne se sont pas transformés en Vampire, au sens strict de la définition du Larousse, ne pensant qu’à montrer les crocs, mais en êtres sublimant les sentiments humains et notamment ceux de l’amour. Alchimie ainsi réussie dans la plupart des romans de cette Américaine Cajun.

    Ce « Dracula » constitue donc un héritage narratif qui utilise les mêmes références de pudibonderie victorienne magnifiquement traitée, avec son imagerie, ses décors et cette ambiance studio reflétant tout à fait les longues descriptions du roman de Stoker. L’aspect épistolaire du roman d’origine est ici traité de même et converge vers une forme inattendue, servant judicieusement le propre récit du film, sa construction, jusqu’aux moindres détails ornementaux. Le film devient ainsi objet visuel, non pas d’un film dans le film mais d’un film dans le roman, une mise en abîme qui passerait par les écrits, ses origines, pour passer au fur et à mesure d’une histoire de papier à une histoire en celluloîd et fusionner ainsi avec ce renouveau littéraire et moderne orchestré par Anne Rice. Une telle déclaration d’amour à la fiction et au cinéma n’avait pas été faite depuis Godard et son « Histoire Du Cinéma ».

     

     

     

    Le nouveau Dracula tue certes, mais plus avec plaisir. Il est une de ces créatures romantiques, tristes, recherchant depuis des centaines d’années sa défunte amante sacrifiée à l’ennemi et aujourd’hui réincarnée sous les traits d’une jeune fille anglo-saxonne.

     

    Dans le « Dracula » de Coppola, tout est magnificence ; les costumes, le nouveau look proposé par le réalisateur pour un Dracula campé par Gary Oldman, tour à tour inquiétant, attirant, beau, touchant et pathétique. Alors que Francis Ford Coppola, en ce début des années 90, n’avait plus rien à proposer en terme de cinéma, ayant laissé derrière lui des chefs d’oeuvre qui lui ont valu la postérité, il revient avec une oeuvre personnelle et précieuse, une synthèse sur l’amour, celui des sentiments et des amants, l’amour du cinéma, de cet objet infini et fascinant, l’amour des histoires, des contes et merveilles, du bestiaire de monstres qui hantent nos nuits et règnent sous notre lit. Tout avait déjà été dit par Lewis Caroll, Perrault, les frères Grimm, Shelley, Poe, Stoker, Rice… En littérature, peut-être, mais jamais de manière aussi pure et absolue au cinéma.

     

     

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    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Dévoreur Hubertouzot

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Hubert Touzot : Photographe dévoreur d’images

     

     

  • Les cons, ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnait…

     

     

    « Les Tontons Flingueurs », comédie franco-germano-italienne réalisée par Georges Lautner en 1963, sur un scénario d’Albert Simonin et des dialogues de Michel Audiard, sera éreinté par la critique à sa sortie en salle avant de devenir au fil du temps un incroyable succès populaire.

     

    Albert Simonin, né à Paris en 1905 et mort en 1980, est un écrivain et scénariste français, auteur de romans policiers illustrant l’usage de l’argot dans le milieu. Sa trilogie à succès consacrée à un truand vieillissant, « Max le Menteur », a été adaptée à l’écran : « Touchez pas au Grisbi ! » réalisé par Jacques Becker en 1954, « Le Cave se Rebiffe » de Gilles Grangier sorti en 1961 et « Les Tontons Flingueurs », les deux derniers sur des dialogues du grand Michel Audiard.

    Auteur d’un dictionnaire d’argot publié en 1957, Albert Simonin reproduit dans ses romans le parler des voyous avec un grand souci d’exactitude et de précision. Si ce style est sujet aux effets de mode ainsi qu’à l’obsolescence intrinsèque du langage de la rue, il en a légitimé l’emploi en littérature et ouvert la voie à des Frédéric Dard ou Jean Vautrin.

     

     

    Dans « Les Tontons Flingueurs », le personnage récurrent de la trilogie d’Albert Simonin, « Max le Menteur », devient Fernand Naudin (incarné par Lino Ventura), un ex-truand reconverti dans le négoce de matériel de travaux publics, à Montauban. Le film qui s’ouvre sur son départ, en pleine nuit, pour Paris, donne tout de suite le ton : pastiche des films noirs américains, l’humour sculpte l’ensemble des dialogues.

     

     

    La petite vie tranquille de Fernand va basculer lorsque son ami d’enfance, Louis, dit le Mexicain, un gangster notoire, de retour à Paris, l’appelle à son chevet. Celui-ci, mourant, confie à Fernand avant de s’éteindre la gestion de ses « affaires » ainsi que l’éducation de sa petite Patricia (Sabine Sinjen), au mécontentement de ses troupes et sous la neutralité bienveillante de Maître Folace (Francis Blanche), son notaire, qui ne s’émeut pas trop de la querelle de succession à venir, pas plus que Jean (Robert Dalban), l’ancien cambrioleur reconverti en majordome.

    Fernand Naudin doit affronter les frères Volfoni – Raoul (Bernard Blier) et Paul (Jean Lefebvre) – qui ont des visées sur les affaires du Mexicain, parmi lesquelles un tripot clandestin, une distillerie tout aussi clandestine, une maison close… D’autres « vilains » vont se révéler être très intéressés par la succession, dont Théo et son ami Tomate. Pour se défendre contre ce petit monde, Fernand pourra compter sur Pascal (Venantino Venantini), fidèle première gâchette.

     

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  • La vraie histoire de Jacques Mayol

     

     

    Il y a trente ans, « Le Grand Bleu » de Luc Besson était présenté au festival de Cannes, avant d’enchanter plus de neuf millions de spectateurs en France. Un film devenu culte, et qui nous livrait une évocation très romancée de l’histoire de Jacques Mayol. Un documentaire revient aujourd’hui sur la vraie vie du célèbre plongeur.

     

     

    Trente ans après le succès du « Grand Bleu » de Luc Besson, Jean-Marc Barr prête à voix au documentaire « L’homme dauphin, sur les traces de Jacques Mayol » de Lefteris Charitos, sorti en salle mercredi 30 mai. Le film nous propose ainsi un voyage sur les traces de ce précurseur de la cause écologique et raconte la vraie vie de cet homme qui aura tout sacrifié à sa passion pour la mer.

    Jacques Mayol a suscité bien des vocations, fait rêver avec ses plongées dans les abysses, tout en nous ouvrant les yeux sur la beauté et la fragilité des océans. Mais le Jacques Mayol du « Grand Bleu » n’est pas le bourlingueur, bohème, né à Shanghai en 1927 et qui s’est donné la mort en 2001, dans sa maison de l’île d’Elbe.

    Ce documentaire rétablit la vérité, celle d’un homme qui se rêvait dauphin, avec ses parts d’ombre, le premier à franchir la barre des 100 mètres en apnée en 1976. Quand sort le film de Luc Besson en 1988, Mayol a 61 ans, il est d’une autre époque et vit mal le succès du « Grand Bleu » qui éclipse sa propre vie. Jean-Marc Barr qui a joué son personnage à l’écran, prête sa voix au documentaire, dans lequel il lit des extraits du livre de Mayol, « Homo Delphinus ».

     

    « La mer est à l’origine de la vie. A la contempler, on éprouve un sentiment d’harmonie. »

     

    « Personne ne s’attendait à un tel succès pour « Le Grand Bleu », à tel point que lorsque les gens évoquaient Jacques Mayol, ils voyaient ma gueule et plus la sienne, tant le succès du film a éclipsé l’identité du vrai bonhomme… Le documentaire remet les pendules à l’heure, car l’histoire de ce vrai bonhomme est bien plus intéressante que celle du personnage que j’ai incarné. » (Jean-Marc Barr à propos de Jacques Mayol)

    « Jacques m’a fait un cadeau exceptionnel en me permettant de camper son personnage. J’ai appris l’apnée mais le film m’a surtout aidé à choisir mon chemin, ma route, en tant qu’acteur. Aujourd’hui, après trente ans de métier, je pense que « Le Grand Bleu » est un film qui inspire toujours autant, qui continue à faire vibrer en nous ces émotions que nous avons ressenties à l’époque en le faisant, mais qui surtout célèbre un homme qui a encore un message très important à faire passer. » (Jean-Marc Barr à propos du « Grand Bleu »)

    « Soudain, cette chose si sensuelle qu’est la mer nous ouvre les portes d’une forme de spiritualité, quand on est dans ses profondeurs. Et là, ça n’est plus l’intellect qui nous guide, mais l’esprit… Ce qui restera quand on sera mort, en quelque sorte. Cette chose qui devient physique et poétique à la fois, quand on surplombe ce bleu immense, qu’on y plonge et qu’on entre dans cet univers qui nous emporte, c’est vraiment me mettre au contact de ma propre insignifiance… D’un coup, je peux imaginer ma mort. Ca n’est peut-être qu’un fantasme, mais l’expérience est tellement sensuelle et spirituelle. » (Jean-Marc Barr à propos de la mer)

     

    Et c’est un personnage insaisissable qu’on découvre dans « L’homme dauphin, sur les traces de Jacques Mayol ». Un homme libre, qui a vécu en Chine, au Japon, en Suède, aux Etats-Unis, qui a abandonné femme et enfants quand il découvre les dauphins, qui a connu un immense chagrin d’amour lorsque sa compagne Gerda a été assassinée en 1975 en Floride. Mayol a été chauffeur pour stars à Hollywood, il a joué de son charme, s’est initié passionnément au yoga, un personnage hors norme qui a souffert de la solitude, alors qu’il fuyait le monde dans les grandes profondeurs des océans.

     

    « Chaque être humain, mais plus particulièrement quelqu’un comme Jacques Mayol, a en lui sa part de génie et en même temps d’horreur. Jacques a décidé d’assouvir sa passion, jusqu’au bout, mais il a fait beaucoup de dégâts autour de lui. Il a sacrifié sa femme, son garçon et sa fille. Il a vécu par instinct, comme un jeune homme de 20 ans, jusqu’à 70 ans… You can beat everybody but not father time. On peut leurrer tout le monde, sauf le père-temps. »

    « Et il s’est retrouvé à un moment avec le corps qui ne suivait plus. Et surtout seul… La liberté a un prix. Se retrouvant ainsi, soit il assistait à sa lente décomposition, soit il se plongeait lui-même dans cet état qu’il avait recherché toute sa vie. Il s’est pendu, peut-être pour ressentir une dernière fois cette ivresse des profondeurs. On s’est parlé deux semaines avant sa mort, j’écoutais ce qu’il me disait, mais je n’avais pas de solution à lui apporter…. » (Jean-Marc Barr à propos de Jacques Mayol)

     

    « Imaginez à présent que vous êtes un dauphin… Libre de vivre au gré de vos besoins. Il y a un dauphin qui dort en chacun de nous. »

     

    « L’homme est à la recherche de ses origines. Et depuis une vingtaine d’années, il me semble avoir découvert que l’homme est finalement beaucoup plus aquatique qu’on ne le pensait. » (Jacques Mayol)

     

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  • L’Opéra selon Jean-Stéphane Bron

     

     

    Au-delà de ces spectacles d’exception que sont les opéras ou les ballets, on trouve une armée de soldats derrière ces moments rares (techniciens, danseurs, musiciens, metteurs en scène, chanteurs, chefs d’orchestre, directeurs, décorateurs, costumières… et la liste est longue), prêts à donner le meilleur d’eux-mêmes pour livrer en temps et en heure le fruit de leur travail et de leur sueur.

     

    Malgré tout le prestige et le snobisme qui peuvent trop souvent illustrer ces lieux mythiques, Jean-Stéphane Bron offre un documentaire passionnant et émouvant sur l’Opéra de Paris. Garnier et Bastille, sous la houlette de leur directeur Stéphane Lissner, nous ouvrent leurs portes, leurs coeurs, leurs tiroirs et nous font découvrir dans le moindre détail le fonctionnement de ces énormes entreprises.

    Le documentaire ne se contente pas de saupoudrer un peu de sucre glace sur cette institution, mais se permet d’être aussi politique, rigoureux dans son approche et précieux dans le regard novice qu’il porte sur ce monde parfois violent, dur, discipliné et néanmoins infiniment magique.

     

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    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour Aller Plus Loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Opéra de Paris

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Eleanor Susan

     

     

     

  • Conjuring 1… Mais 2…

     

     

    A la manière d’un Tarantino, James Wan fait des films en citant sans complexe tous ceux qui lui ont sans doute donné le goût du cinéma de genre.

     

    Avec « Saw » d’abord, le premier du nom, James Wan égrenait déjà autant de références empruntées à ses pères transalpins comme Dario Argento, Lucio Fulci, Mario Bava, tout en créant un genre en soi, le « Torture Porn Movie »… « Insidious », ensuite, reprenait sans vergogne tous les codes de « Poltergeist » qui lui même faisait déjà référence à « La Maison du Diable » de Robert Wise, grand film de maison hantée, dans lequel la peur était sculptée dans la suggestion. On peut donc dire que ce jeune réalisateur talentueux connait ses classiques sur le bout des doigts et sait les utiliser pour mieux les réinterpréter, les réinventer. Enfin, avec « Conjuring », c’est « Amityville » et surtout « L’Exorciste » qui servaient ici de référence, de modèle et de moule.

    En optant alors pour un traitement à contre-courant des figures imposées aujourd’hui, par lesquelles violence crue et scènes graphiques inondent le moindre centimètre de pellicule, le réalisateur de « Dead Silence » préférait quant à lui s’essayer au pur travail de mise en scène. A ce titre, « Conjuring » pouvait se targuer d’être un modèle du genre, tant son décor principal, la maison, était utilisé comme un personnage à part entière. En ayant très peu recours aux effets faciles tels que les « Jump Scares » ou autres effets spectaculaires, tout consistait ici à rendre l’atmosphère du film très rapidement immersive, afin que le spectateur se sente lui aussi réellement dans la maison. De nombreux plans-séquences permettaient cette empathie et créaient ainsi l’angoisse.

    S’appuyant également sur un casting solide, le film, même s’il n’échappait pas aux facilités d’usage ou encore à des références quelque peu lourdes, se montrait jusqu’au bout toujours honnête et franc. Ne cédant jamais à l’ironie facile tout en essayant d’être une sorte d’ultime film de genre, généreux et appliqué, « Conjuring » s’avérait jusqu’à ce jour être le digne rejeton de ses illustres ainées.

    Le problème avec James Wan, c’est qu’à contrario de ses prédécesseurs qui prenaient le risque de changer de genre à chaque nouveau film, lui ose la suite, au son des cloches du succès que connurent « Insidious » et « Conjuring ». Rejouer le même tour de passe-passe, à ses risques… Ainsi, avec « Conjuring 2 », il tente le tout pour le tout. Patatra… L’opus 2 se vautre donc dans tous les travers que le premier avait su si justement éviter.

    Premier problème de taille, le rythme. Deux heures dix pour un film d’horreur, c’est beaucoup trop long pour retenir l’attention et maintenir l’angoisse du spectateur. Surtout que cette fois-ci, l’histoire, décalque du premier volet, nous ressert les mêmes ingrédients dans une ambiance davantage fête foraine, où les « Jump Scares » sont revenus au galop, comme si le film n’avait plus d’autre ambition que de n’être juste qu’un banal train fantôme. Même si on tente de nous flatter avec cette prétendue histoire dans l’histoire, ou du film dans le film, peut-être que tout cela n’est finalement qu’un coup monté, un rêve ou une pièce de théâtre, qui sait.

    Côté monstres et démons, il faut donc se contenter d’un vieillard sénile inspiré du croque-mort du « Phantasm » de Don Coscarelli, ou d’une nonne démoniaque ayant piqué le maquillage du chanteur-rockeur Marylin Manson. Bref, un peu chiche niveau trouvaille visuelle. Le couple Warren, les Ghostbusters si impliqués dans le premier opus, semble cette fois-ci se foutre un peu trop de ce qui lui arrive. Le mari nous pousse même à un moment la chansonnette avec sa guitare. « Conjuring 2 » ne fait donc absolument pas peur, traîne en longueur, et devient vite un vrai chemin de croix, compte tenu du public venu voir le film, aussi infect séance après séance, puisqu’il n’est quasiment composé que de pré-adolescents ayant été sûrement élevés au Pal, la pâtée des champions…

    Bref, le petit maître de l’horreur serait prié de renouveler son stock de fantômes et autres cas de possession, car les ficelles commencent sérieusement à se voir. Et c’est un fan de « L’Exorciste », « Amityville » et « Massacre à la Tronçonneuse » qui le dit !

     

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    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

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