Catégorie : Expositions

  • « Images en lutte » aux Beaux-Arts de Paris

     

     

    Affiches, peintures, tracts, films, photos : c’est l’ambiance de Mai 68 qui se trouve ressuscitée aux Beaux-Arts de Paris avec l’exposition « Images en lutte ». Cinquante ans après les faits, replongeons au coeur des événements devant les supports visuels symbolisant le combat de l’extrême gauche en France entre 1968 et 1974.

     

    La création picturale et graphique n’est pas étrangère non plus au combat social en Mai 68… Et c’est ce qu’expriment les affiches, tracts et peintures rassemblés aux Beaux-Arts de Paris. L’exposition « Images en lutte » montre surtout combien fut actif l’Atelier Populaire, installé dans les lieux mêmes occupés par les étudiants et les professeurs cinquante ans plus tôt.

    « Sois jeune et tais-toi », « La Chienlit, c’est lui », « Où Fouchet passe, la pègre pousse », « Retour à la normale », « Il est interdit d’interdire »… Autant de slogans restés gravés dans la mémoire collective, sur des affiches originales placardées sur les murs du Musée des Beaux-Arts de Paris, à l’endroit même où elles ont été réalisées.

     

    « Il est intéressant de noter que la postérité a surtout retenu de ces affiches celles qui sont contre le Général de Gaulle, contre le pouvoir en place. Mais en réalité, quand on regarde l’ensemble de la production, ces affiches sont avant tout des tracts conçus afin d’accompagner des mouvements de grève et d’occupation des usines. » (Eric de Chassey, Commissaire de l’exposition)

     

    Au printemps 68, les étudiants occupent donc leurs écoles, accompagnés d’artistes comme le peintre Gérard Fromanger. A cet « Atelier Populaire », grévistes de tout poil se succédaient pour passer commande.

     

    « Ils venaient à l’atelier et nous disaient où ils étaient, dans quelle ville, dans quelle usine, pourquoi ils faisaient grève, pourquoi ils occupaient, quelles étaient leurs revendications. On en traduisait un mot d’ordre qu’on leur proposait. Et paradoxe de la situation, nous avons finalement été pendant un mois et demi les seules personnes en France qui travaillaient comme des chiens, nuit et jour… On faisait les 3/8 pour composer les affiches ! »

     

    Des affiches réalisées dans la nuit grâce à une technique d’impression simple par pochoir, la sérigraphie, très populaire à l’ère du Pop Art et d’Andy Warhol.

     

    « C’est dans l’urgence qu’expriment ces affiches que se trouve leur beauté ; dans la manière dont des artistes concentrent tous leurs efforts dans un moment relativement bref pour parvenir finalement à être le plus juste possible. »

     

    De la première à la dernière, ces oeuvres d’art ne sont pas signées, et le nom des artistes s’efface au profit de la cause collective. Un message fort et simple qui trouve encore son public aujourd’hui.

     

    « Images en lutte », c’est jusqu’au 20 mai au Palais des Beaux-Arts à Paris

     

     

     

     

  • Guernica sans Guernica

     

     

    L’exposition « Guernica » ouvrait ses portes mardi 27 mars au musée Picasso à Paris. Seule particularité de l’événement, et non des moindres, le chef d’œuvre éponyme de Picasso est resté dans son musée à Madrid, qu’il ne quitte d’ailleurs jamais.

     

    « Guernica sans Guernica », c’est ainsi qu’aurait pu s’intituler l’exposition exceptionnelle du Musée Picasso à Paris, qui ouvrait ses portes le mardi 27 mars, et dont le parcours tente de faire oublier le tableau désespérément absent. « C’est le grand défi de ce projet », explique le directeur du musée, Laurent Le Bon. « On pensait voir Guernica, et au fond on en voit dix. C’est-à-dire qu’on assiste au processus créatif de cette oeuvre unique, à sa réception, à son rapport à l’art contemporain et à sa genèse extraordinaire, grâce à un ensemble exceptionnel d’études jamais prêtées auparavant », explique-t-il.

    L’exposition « Guernica » raconte donc l’histoire de cette icône de l’art moderne que Pablo Picasso a peinte entre le 1er mai et le 4 juin 1937, après le bombardement de la petite ville basque par les aviations nazie et fasciste. L’artiste y dénonce un massacre de civils, et pour créer cette œuvre monumentale qui sera présentée dans le cadre du pavillon espagnol de l’exposition internationale de Paris de 1937, il a réalisé une quarantaine d’études préalables. On en découvre ici dix, dont la toute première composition datant du 1er mai 1937.

     

    De l’extérieur à l’intérieur…

     

    « On est déjà devant une composition pyramidale, indique Émilia Philippot, la commissaire associée de l’exposition. Avec les principaux personnages de Guernica : le taureau, le cheval, le soldat mort allongé au premier plan et la figure porteuse de lumière qui sort de la fenêtre en haut à droite, et qui vient éclairer la scène ». Émilia Philippot précise que « dans cette étude, on est absolument dans une scène d’extérieur, on voit bien les toits des maisons et au fur et à mesure du travail de Picasso, on va passer de l’extérieur à l’intérieur. »

    Les photos prises par Dora Maar, la compagne de Picasso, projetées dans une des salles, éclairent également le processus créatif de Guernica. Après sa réalisation, le tableau va jouer un rôle central dans l’œuvre du peintre, qui s’en inspire notamment pour sa série de « La femme qui pleure ».

     

    Des créations contemporaines

     

    Guernica, qui n’a rejoint l’Espagne qu’en 1981, au retour de la démocratie, est devenu le symbole de la lutte contre la barbarie. Le chef d’œuvre de Picasso a beaucoup inspiré les artistes, comme le montrent les créations contemporaines présentées dans le cadre de l’exposition, en particulier celle de Damien Deroubaix.

    « C’est un bois gravé monumental à l’échelle de Guernica, dans lequel Damien de Roubaix vient reprendre assez fidèlement la toile et les différents motifs, décrit la commissaire associée de l »exposition. Il nous montre bien tout ce travail d’incision, ce travail de la matière qui permet de restituer aussi dans le détail l’arrière-fond, avec notamment ce motif de l’oiseau sur la table. Et on voit ainsi comment les personnages se détachent en blanc sur noir. »

    Spectaculaire, cette œuvre à la présence salutaire atténue l’absence de la toile de Picasso.

    L’exposition Guernica est à voir à Paris au Musée Picasso jusqu’au 29 juillet.

     

     

     

     

  • « Dada Africa », confrontation étonnante au Musée de l’Orangerie

     

     

    Une confrontation étonnante au Musée de l’Orangerie, entre les artistes dadaïstes qui dès la guerre de 14 rejettent les valeurs traditionnelles et d’autre part les oeuvres africaines, amérindiennes et asiatiques.

     

    L’exposition « Dada Africa » nous fait ainsi voyager du monde de Tristan Tzara et Francis Picabia à celui des masques et des statues d’Afrique ou du Japon.

     

    Zurich, 1916. Le mouvement artistique le plus rugissant du 20ème siècle vient de naître : Dada. Sur la scène du célèbre Cabaret Voltaire, en réaction à la grande boucherie de la première guerre mondiale, des artistes vont faire voler en éclats toutes les règles de l’art moderne, avant de faire tache d’huile à Berlin, Paris et même New York. Pour bousculer les vieilles valeurs bourgeoises européennes, ils décident de puiser à de nouvelles sources extra-occidentales, et c’est ce que nous raconte la très belle exposition au Musée de l’Orangerie à Paris.

     

     

    « Les Dadaïstes vont créer ensemble un mouvement artistique qui va être fondé à la fois sur la poésie, la danse, le chant ou la pratique plastique. Un brassage des arts qui fera la richesse de ce mouvement Dada et qui constituera un grand vent de liberté soufflant sur la création de l’époque. » (Cécile Girardeau, Conservatrice au Musée de l’Orangerie)

     

    Explication de ce grand métissage Dada en trois exemples… En commençant comme il se doit en 1916 avec l’artiste et collectionneur roumain Tristan Tzara.

     

     

    « Tristan Tzara adoptera une véritable démarche de chercheur, écumant les bibliothèques pour retrouver des revues d’ethnographie et des sources de récits à la fois africains, mais aussi océaniens, ou encore pour retranscrire de la poésie Maori. » (Cécile Girardeau)

     

    Deuxième exemple avec l’artiste plasticienne berlinoise Hannah Höch, l’une des pionnières de la technique du photo-montage au milieu des années 20.

     

     

    « Hannah Höch va s’intéresser particulièrement à l’aspect plus féministe des choses, en découpant dans des magazines de mode féminins des parties du corps de la femme, comme des jambes portant jupe et talons, qu’elle va adjoindre à de nombreux autres éléments complètement hétéroclites, tels que masque africain, buste égyptien ou tête à moustache. » (Cécile Girardeau)

     

    Figure hybride, chargée d’un message politique fort, Hannah Höch démonte les stéréotypes, quels qu’ils soient, du racisme au machisme, en passant par le poids de la société sur l’individu, et définit ce que doit être cet individu au sein de cette société. La leçon des Dadas, c’est que l’on peut tout être…

     

    Troisième exemple avec les costumes de la plasticienne et danseuse suisse Sophie Taeuber-Arp créés en 1922.

     

     

    « Sophie Taeuber-Arp était passionnée par ce que l’on nomme les arts appliqués, qu’elle considérait comme des arts sans hiérarchie, contrairement au sytème des Beaux-Arts traditionnels. Le mouvement Dada a d’ailleurs beaucoup oeuvré à décloisonner ces « Beaux-Arts » » (Cécile Girardeau)

     

    Sophie Taeuber-Arp est donc allée fouiller du côté des traditions amérindiennes. On retrouve dans son travail une fascination pour une tribu bien particulière, les Hopis et ses objets rituels prénommés les poupées Kachinas. Ce sont des objets de petite taille et très colorés. La plasticienne s’inspirera ainsi des motifs de ces poupées pour réaliser des dessins et des costumes. Passionnée par la mise en scène du corps, Sophie Taeuber-Arp se produira régulièrement sur la scène du Cabaret Voltaire.

     

    « Dada ose tout, Dada renverse tout », à la fois pour rechercher d’autres sources d’inspiration que les hiérarchies occidentales traditionnelles, pour se libérer, pour se révolter, mais aussi pour retrouver ce qu’est vraiment l’homme.

     

    A découvrir au Musée de l’Orangerie jusqu’au 19 février 2018.

     

     

  • Musée de l’Orangerie : La Collection Permanente

     

     

    La collection Jean Walter et Paul Guillaume exposée au Musée de l’Orangerie est l’une des plus belles collections européennes de peintures. Elle rassemble 146 œuvres, des années 1860 aux années 1930. C’est l’acquisition par l’État de la collection, en 1959 et 1963, qui donne son aspect définitif au musée. 

     

    Si l’exposition « Dada Africa » au Musée de l’Orangerie n’est pas trop votre « dada », vous pourrez toujours profiter de la Collection Permanente du musée regroupant les plus grands noms de la peinture qui y furent rassemblés par Jean Walter et Paul Guillaume à partir de 1914, de Modigliani à Cézanne, en passant par Renoir, Picasso ou encore Monet. Dans un cadre paisible, les tableaux se succèdent au gré de votre déambulation, sans prétention aucune malgré la grande qualité de la sélection des oeuvres accrochées. Se laisser bercer ainsi à travers les galeries est un réel plaisir. Mieux, les grands peintres de l’époque classique se rendent accessibles de par la simplicité de la mise en scène, qui consacre la beauté de ces oeuvres par des éclairages justes.

    Pour clôturer votre balade, vous ne pourrez rester insensible aux deux salles consacrées aux Nymphéas de Monet, une oeuvre monumentale conçue spécialement pour être exposée dans ce cadre « ovni » empli d’une lumière douce et bienfaisante. Vous ne résisterez donc pas à l’envie de vous poser des heures dans ce lieu paisible, avec un bouquin, à l’abri du tumulte du monde, confortablement installé sur les spacieuses banquettes centrales, et profiter de la quiétude ambiante, hors du temps…

    A déguster sans modération…

     

    Dessin à la Une © Urban Sketchers Paris

     

     

    Les Nymphéas de Claude Monet au Musée de l'Orangerie (Exposition Permanente)

     

     

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    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour Aller Plus Loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Histoire de la collection Jean Walter-Paul Guillaume

     

     

     

  • Dada Africa au Musée de l’Orangerie jusqu’au 19 février 2018

     

     

    Instant City étant une plateforme de collaboration artistique, comment aurions-nous pu passer à côté de l’exposition « Dada Africa » au Musée de l’Orangerie à Paris, jusqu’au 19 février 2018 ?

     

    Fil rouge de cette exposition, comme d’ailleurs un des principes fondateurs du mouvement Dada né au coeur de la 1ère guerre mondiale, le besoin des artistes de l’époque de repousser les frontières de leur art en recherchant des « collaborations » avec les civilisations africaines, océaniennes ou amérindiennes, comme conséquence immédiate d’un sentiment profond de lassitude et du rejet des valeurs traditionnelles des sociétés occidentales, celles-là même qui ont précipité le monde dans la guerre.

    Leur regard se pose ainsi sur ces civilisations définies comme « barbares ou sauvages » par l’Occident, mais force est de constater qu’elles aussi, malgré leurs différences, peuvent fonctionner tout autant et constituer une alternative intéressante aux conventions académiques que s’imposent les artistes occidentaux. L’art devient ici plus une attitude qu’une simple recherche de beauté, avec des artistes qui souhaitent se découvrir, voire se redécouvrir, dans le cadre d’un échange avec des peuples dont le regard sur la vie répond à des codes différents.

    La scénographie de « Dada Africa » se veut ludique, en nous donnant à voir des oeuvres éclectiques qui rendent cette notion d’échange accessible. De part la variété des oeuvres et des formats exposés, des sculptures aux peintures, en passant par la mise en scène ou les films, même les enfants y trouvent leur compte et leur curiosité est vite titillée.

    La collaboration devient ainsi un prétexte, moins pour mettre en avant l’artiste et son travail que pour ouvrir l’esprit et repousser la crainte de l’être inconnu. Dans le contexte international actuel, où l’individualisme et la performance trônent en but ultime de nos sociétés modernes, cette ouverture d’esprit s’avère des plus précieuses, en nous donnant la force, la sagesse et l’impulsion, quand l’échange de regard crée de nouvelles envies et de saines ambitions. Et même si un Teletubbies orange à la coiffure ridicule a récemment jugé ces peuples comme étant « de merde »…

    Il y a un siècle, seulement et déjà, les artistes Dada investissaient donc toutes les formes d’art, de la peinture à la mode, en passant par la littérature ou la photo, ne se fixant aucune limite et ne s’interdisant rien : « Dada ose tout, Dada renverse tout »

    A découvrir au Musée de l’Orangerie jusqu’au 19 février 2018.

     

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  • Les trésors du Musée de l’Ermitage

     

     

    À Saint-Petersbourg, le Musée de l’Ermitage doit tout ou presque à une femme…

     

    La richesse de ses collections, avec pas moins de 3,6 millions d’œuvres répertoriées, assure au Musée de l’Ermitage le titre de plus grand musée du monde. Grâce à qui ? Une femme, Catherine II de Russie. Sa passion pour les arts fit d’elle une souveraine éclairée qui constitua bien plus de la moitié des collections actuelles du musée. Pour la Grande Catherine, l’Ermitage devait symboliser la grandeur de la Russie. Mission accomplie durant son règne d’impératrice : il faudrait huit ans pour tout voir à l’Ermitage. Et encore, en passant seulement 60 secondes devant chaque œuvre !

    Bien plus qu’un musée national, le labyrinthique Ermitage incarne l’âme de la Russie. Créé en 1764 sous l’impulsion de Catherine II, « impératrice et autocrate de toutes les Russies », il emploie plus de conservateurs que n’importe quelle institution culturelle au monde. Ses fonds sont d’une richesse inouïe : le musée possède aussi bien des Rembrandt que de l’art russe, des objets préhistoriques, la collection personnelle de pierres précieuses de Catherine II, un chef-d’œuvre de Michel-Ange, des œuvres majeures de Matisse et quantités d’autres joyaux.

    Diva de la Russie, Saint-Petersbourg et son musée peuvent dire merci à Catherine. Une autre diva. Des arts, celle-là…

     

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  • Exposition « Marilyn, encore un instant » à la Galerie de l’Instant à Paris, jusqu’au 13 février 2018

     

     

    Julia Gragnon, directrice de la Galerie de L’Instant, consacre une nouvelle exposition à l‘icône américaine absolue, Marilyn Monroe, avec des clichés inédits de Sam Shaw, Lawrence Schiller ou encore Bert Stern.

     

    Julia Gragnon, fille du grand photographe de « Paris Match » François Gragnon, croyait décidément avoir fait le tour de Marilyn Monroe en lui ayant consacré trois expositions depuis l’ouverture de sa Galerie de l’Instant dans le Marais (Paris), il y a treize ans. Mais c’était sans compter sur des rencontres opportunes, la chance et surtout l’envie de faire partager encore et encore sa passion pour la belle blonde. « Depuis que je suis petite, j’ai toujours aimé Marilyn. C’est quelqu’un que je trouve très émouvant et qui me touche beaucoup », confie-t-elle. Et comme elle est seule maître à bord à la galerie, elle a décidé de se faire plaisir en présentant au public de nouvelles images de Norma Jeane Baker.

    On pensait donc avoir tout vu ou tout entendu sur Marilyn Monroe… La tragédie de sa vie, sa beauté insolente, son jeu, ses hommes…Alors pouvait-il exister encore des images inédites de la star qui auraient échappé au filtre implacable des médias modernes ? Apparemment oui… Car Marilyn fait bel et bien partie de ces rares personnages publics qui fournissent encore de la matière à notre insatiable appétit, même plusieurs décennies après leur disparition. Et face à la profusion des photos de Marilyn, en découvrir des inédites, c’est un peu comme retrouver un Picasso dans un grenier ou découvrir un Chagall au fond d’un tiroir…

     

    « Il faut bien comprendre que Marilyn Monroe a été photographiée toute sa vie. Elle a joué de son image plus que n’importe quelle autre star. J’ai eu la chance d’être invitée par la famille du photographe Sam Shaw à consulter ses archives. Et j’y découvris des images peut-être moins habituelles sur Marilyn. La photo où elle mange un hot-dog, par exemple. A l’époque, personne n’aurait publié ça. On découvre ici une autre facette de Marilyn, moins glamour et sexy, plus mélancolique mais probablement plus proche du personnage réel. »

     

    Julia Gragnon est une chasseuse d’images, capable de parcourir le monde à la découverte de clichés méconnus. Mais la passion ne suffit pas, et il faut aussi pouvoir compter sur des contacts pris lors de ses nombreux voyages, parmi lesquels parfois les enfants ou des membres de la famille des photographes qui ont eu la chance d’immortaliser la star, et qui viennent vers Julia pour lui proposer des photos retrouvées dans les archives de leurs parents. C’est ainsi qu’elle a réussi à réunir tous ces clichés exceptionnels et surtout complètement inédits. Notamment ces photos que Marilyn avait elle-même écartées de sa sélection en les barrant au marqueur rouge, tant l’iconique actrice pouvait être perfectionniste.

     

    « Les croix au marqueur sur les planches-contact ou les diapos, ce sont toutes les photos qu’elle n’a pas choisies et qu’elle ne souhaitait pas voir publier. Le photographe n’a finalement pas respecté sa volonté… D’un côté, c’est amoral parce que c’est malhonnête, mais nous serions passés à côté de photos extraordinaires. Quand on regarde cette photo, la mélancolie qu’elle a dans le regard… Cette autre photo surnommée « le crucifix » est tellement prémonitoire de ce qui va arriver deux mois plus tard. Avec cette croix qui barre la photo, on a l’impression que Marilyn est crucifiée, et quelque part, ça nous renvoie à son histoire personnelle, comme si Marilyn avait été crucifiée sur l’autel de la gloire et du star system… »

     

     

    Marilyn avait une façon de poser face à l’objectif qui était très particulière, toujours avec une précision incroyable. Les yeux mi-clos, la tête vers le haut… Alors ces clichés écartés par Marilyn fournissent la matière à cette exposition exceptionnelle.

     

    « Avec Marilyn, tout était dans le contrôle. Elle avait tellement travaillé cette image parfaite qu’elle renvoyait sans cesse. L’ouverture de la bouche, cette façon de fermer les yeux, cette espèce de glamour posé, elle avait assimilé toutes les techniques. Quand on voit cette dernière séance avec Bert Stern, la plupart des photos sont sur ce mode extrêmement travaillé. Cette séance était une commande du magazine Vogue en 1962, deux mois avant sa mort. Il y a plusieurs jours de shooting, entre mode pure, nu et glamour. »

     

    Cette exposition nous fait donc découvrir de nouveaux trésors, tandis que Marilyn nous emporte avec elle, sa grâce, son sourire, sa mélancolie… comme un puits sans fond ! On connaît, bien sûr, les images de Sam Shaw, surtout celles si célèbres du tournage de « 7 ans de réflexion », avec sa robe volant sur la bouche de métro, qui avait fait scandale à l’époque. Mais surtout, l’exposition nous fait découvrir ici des images méconnues, datant notamment de sa première année de mariage avec le dramaturge Arthur Miller, au printemps 1957…

     

    « On présente aussi beaucoup de photos de tournage, notamment à la période du « Milliardaire », ou encore des clichés plus personnels, avec Yves Montand ou lors d’un diner en compagnie de Simone Signoret, Montand et Arthur Miller. On plonge ici au coeur de ce huit-clos entre ces quatre personnages. Tout le monde sait ce qui se passe entre Marilyn et Montand, et tout le monde joue à faire semblant, comme si de rien n’était. Une série assez étonnante… »

     

    On y découvre une Marilyn joyeuse, resplendissante, sans doute à un des meilleurs moments de sa vie, dansant dans son jardin comme une enfant, se promenant dans New York, s’arrêtant pour prendre un hot dog, se reposant sur une fontaine… On est loin des poses figées de la star inaccessible, et s’y révèle une femme épanouie, facétieuse et amoureuse. Des photographies plus naturelles, plus en phase avec leur époque…

     

    « C’est quelqu’un qui n’a pas eu une vie facile. On parle actuellement beaucoup de l’affaire Weinstein. Je pense que des affaires Weinstein, Marilyn en avait sans doute beaucoup dans ses dossiers. C’était une autre époque, très violente pour les femmes. Pour réussir, il fallait vraiment être forte et prête à tout… »

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] La Galerie de l’Instant

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Marilyn Monroe, sa dernière séance

     

     

     

  • Lino Ventura, une gueule de cinéma

     

     

    Lino Ventura demeure à travers ses films, 30 ans après sa mort. Le Musée des Avelines, musée d’art et d’histoire de la ville de Saint-Cloud, rend hommage à un des monuments du cinéma français, du 12 octobre 2017 au 21 janvier 2018.

     

    L’exposition s’attache ainsi à retracer le parcours atypique de Lino Ventura, dès son entrée dans la profession, et le rôle décisif qu’il joua auprès d’acteurs aujourd’hui ancrés dans l’histoire du cinéma français, comme Jean-Paul Belmondo ou encore le réalisateur Claude Sautet.

    Affiches, photographies, documents d’archives, témoignages, musiques de films, objets, scénarios et projections d’extraits jalonnent le parcours de cette rétrospective exceptionnelle, en évoquant la carrière de ce monstre sacré du cinéma français.

    Différentes salles du Musée des Avelines sont consacrées à ses amitiés avec des comédiens (Gabin notamment), et les réalisateurs avec lesquels il a tourné, de Becker à Verneuil, de Miller à Lelouch, de Pinoteau à Melville, de Malle à Lautner, de Deray à Hossein, ou encore de Sautet à de La Patellière… passant ainsi du polar à la comédie pure, du film d’aventure au drame.

    L’exposition retrace ainsi la carrière de Lino Ventura, acteur populaire et pudique, qui a joué dans plus de 70 films, dont nombre de chefs d’oeuvre et autant d’immenses succès publics. A ne pas manquer…

    Et s’il était encore besoin de vous convaincre, replongeons dans quelques-uns des grands rôles de cet acteur mythique.

     

    ✓ « Touchez pas au Grisbi » de Jacques Becker, en 1954. Lino Ventura y fait ses débuts, tandis que Gabin y achève sa traversée du désert.

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    ✓ « Ascenseur pour l’échafaud » de Louis Malle, en 1958

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    ✓ « Classe tous risques » de Claude Sautet, en 1960

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    ✓ « Un Taxi pour Tobrouk » réalisé par Denys de La Patellière, en 1961

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    ✓ « Les Tontons Flingueurs » de Georges Lautner en 1963, sur un scénario d’Albert Simonin et des dialogues de Michel Audiard, avec Lino Ventura, Bernard Blier, Jean Lefebvre et Francis Blanche…

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    ✓ « Cent mille dollars au soleil » d’Henri Verneuil, en 1964, l’adaptation au cinéma du roman de Claude Veillot, « Nous n’irons pas en Nigeria »…

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    ✓ « Les Grandes Gueules » de Robert Enrico, en 1965

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    ✓ « Les Aventuriers » de Robert Enrico, en 1967

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    ✓ « Dernier domicile connu » de José Giovanni, en 1970

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    ✓ « L’Aventure c’est l’aventure » de Claude Lelouch, en 1972

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    ✓ « La Bonne Année » de Claude Lelouch, en 1973

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    ✓ « L’Emmerdeur » d’Édouard Molinaro, avec Jacques Brel et Lino Ventura, en 1973

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    ✓ « La Gifle » de Claude Pinoteau, en 1974

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    ✓ « Adieu Poulet » de Pierre Granier-Deferre, en 1975

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    ✓ « Garde à Vue » de Claude Miller, en 1981

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    ✓ « Les Misérables » de Robert Hossein, en 1982

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  • Les Portraits Princiers de Rubens au Musée du Luxembourg

     

     

    Les plus grands portraits princiers composés par Rubens sont exposés au Musée du Luxembourg à Paris jusqu’au 14 janvier 2018.

     

    Apprenti du Titien, Pierre Paul Rubens devient au XVIIème siècle l’un des peintres les plus demandés par les cours européennes. Les modèles de cet artiste baroque flamand, né en 1577 et mort en 1640, sont aussi bien Charles Quint que Philippe IV ou encore l’Archiduc Ferdinand de Hongrie. Rubens fut donc le peintre des rois, un golden boy à la cour des princes d’Europe. Tant la Reine de France, Marie de Médicis, que son fils Louis XIII se sont battus pour se faire brosser le portrait dans son atelier.

    Rubens, c’est l’histoire d’une success story qui commence à Anvers, là où grandit le petit Pierre Paul. Une exposition consacrée à ses portraits princiers vient de s’ouvrir au Musée du Luxembourg. Alors, comment ce fils de juriste né en 1577 est-il devenu en quelques années le peintre le plus couru d’Europe ? Réponse avec Nadeije Laneyrie-Dagen, historienne de l’art, et Philippe Forest, auteur de l’essai « Rien que Rubens » (Editions Rmn).

     

    « Il part de rien, sinon de pas grand chose, et parvient à s’imposer par la seule force de son talent, de sa culture et de son énergie. » (Philippe Forest)

     

    « Rubens ne sait pas où il va faire carrière, où il veut faire carrière… Les Pays-Bas du Sud viennent en effet de traverser une véritable tourmente, politique, religieuse, militaire, et les peintres ont eu beaucoup de mal à exercer leur art durant cette période. Rubens n’est donc pas tout à fait sûr qu’il pourra faire carrière chez lui, en Flandre. » (Nadeije Laneyrie-Dagen)

     

    Rubens tente alors sa chance en Italie. Il est appelé à la cour du Duc de Gonzague à Mantoue. Il n’a que vingt ans. Tel une sorte de globe-trotter, Rubens passe de cour en cour, et va peu à peu se faire connaître des puissants.

     

    « Pour Rubens, dès lors, tout change. Il faut imaginer une sorte de cannibale de la peinture, qui avale les collections et les toiles, et qui regarde le monde avec un appétit, une curiosité, une gourmandise extrême. Ce long séjour en Italie, entrecoupé de quelques intermèdes plus courts en Espagne, va ainsi nourrir sa peinture. » (Nadeije Laneyrie-Dagen)

     

    « Le portrait l’ennuie, mais en même temps, Rubens a aussi été page lorsqu’il était plus jeune, aux Pays-Bas. Il connaît bien la cour et ses rites, presque de naissance. Son père a servi un prince. Il comprend ainsi intuitivement ce que veulent les princes. Il va donc mêler l’art du portrait d’apparat, avec ces costumes et ces poses grandioses, à la chair de l’homme. » (Nadeije Laneyrie-Dagen)

     

    « Rubens était de très bonne compagnie. C’était quelqu’un de fiable et d’accessible. Rubens, tout en peignant, recevait des visiteurs et en même temps, se faisait lire des textes antiques, en latin. Il était capable de faire plusieurs choses à la fois. Cela montre aussi qu’à l’époque, la culture et l’érudition sont nécessaires à un peintre pour réussir. » (Philippe Forest)

     

    Tout au long de sa vie, Rubens a produit près de 3000 oeuvres. C’est absolument colossal… Ainsi, dès son retour à Anvers en 1609, il ouvre un atelier à la productivité redoutable. Cet atelier travaille pour lui, et répond sans cesse aux nombreuses commandes qui affluent de toute part, passées par les puissants, les princes et les rois, voire même par l’église.

     

    « Rubens, très vite, a ainsi conçu sa pratique de la peinture comme un exercice collectif, et tel un redoutable homme d’affaire, s’est entouré d’assistants qui ne sont pas pour autant des débutants. C’est un homme qui mesure ses propres efforts, selon la nature de la commande. Si le modèle est Marie de Médicis, il la peint lui-même, seul. En revanche, il confie à ses collaborateurs les commandes passées par des personnalités de moindre rang, ainsi que des répliques ou des variations à partir de ses propres toiles. » (Nadeije Laneyrie-Dagen)

     

    Sa ville d’origine, Anvers, est l’un des grands centres du commerce de l’époque. Et son sens du commerce, Rubens le pousse jusque dans sa volonté de diffuser ses oeuvres à grande échelle. Il fait en sorte que ses oeuvres puissent voyager, sous toutes formes de support. Autant il est compliqué de faire voyager de grands tableaux sur support bois, autant il est plus aisé de transporter des toiles que l’on peut rouler. Il peint donc beaucoup d’huiles sur toile, ou encore des gravures qui peuvent être expédiées dans des livres ou sur page libre jusque dans le nouveau monde.

    Ambitieux, Rubens est bien plus qu’un peintre. En effet, il se voit aussi confier des missions diplomatiques à travers l’Europe. Autant de qualités qui transparaissent d’ailleurs de son autoportrait, à la une de l’article… Un portrait remarquable, non seulement par le fait qu’il représente un bel homme, un homme qui se sait beau ou qui sait se peindre beau… Un homme plein de vitalité, qui se représente en blond-roux, avec des lèvres pulpeuses et très rouges, et qui se montre sous son plus beau profil. Un homme qui connaît sa valeur, et qui sait l’afficher, sans pour autant en faire ostentation.

    A découvrir aussi le magnifique documentaire, « Rubens, peindre l’Europe » réalisé par Jacques Loeuille pour France Télévisions.

    Rubens, ou l’histoire d’une réussite flamboyante…

     

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    « Rubens, fleuve d’oubli, jardin de la paresse,
    Oreiller de chair fraîche où l’on ne peut aimer,
    Mais où la vie afflue et s’agite sans cesse,
    Comme l’air dans le ciel et la mer dans la mer. »

    Baudelaire, « Les Phares », dans les Fleurs du Mal

     

    « Rubens fait vraiment sur moi une forte impression. Je trouve ses dessins colossalement bons, je parle des dessins de têtes et de mains. Par exemple, je suis tout à fait séduit par sa façon de dessiner un visage à coups de pinceau, avec des traits d’un rouge pur, ou dans les mains, de modeler les doigts, par des traits analogues, avec son pinceau 46. »

    Lettre 459 de Vincent van Gogh à son frère Théo (1885)

     

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    Rubens fut donc, sans doute un peu malgré lui, un immense portraitiste de cour. S’il se voulait d’abord peintre de grands sujets historiques, il excella dans le domaine du portrait d’apparat, visitant les plus brillantes cours d’Europe. Prisé pour son érudition et sa conversation, il joua aussi un rôle diplomatique important, jouissant d’une position sociale sans égale chez les artistes de son temps. Autour des portraits de Philippe IV, Louis XIII ou encore Marie de Médicis réalisés par Rubens et par quelques célèbres contemporains (Pourbus, Champaigne, Velázquez, Van Dyck…), l’exposition plonge le visiteur dans une ambiance palatiale au cœur des intrigues diplomatiques du XVIIe siècle.

    Commissariat : Dominique Jacquot, conservateur en chef du musée des Beaux-Arts de Strasbourg, avec la collaboration d’Alexis Merle du Bourg, historien de l’art, conseiller scientifique auprès du commissaire

    Scénographie : Véronique Dolfus

     

     

     

     

     

  • Olga Picasso au Musée Picasso

     

     

    Une petite déception à la visite du Musée Picasso dans le quartier du Marais, tant l’attente était grande. Peut-être aussi parce que Malaga était passé avant…

     

    La Majesté de cet hôtel particulier de la rue de Thorigny, désigné comme l’un des plus beaux hôtels particuliers baroques du quartier, laissait présager des trésors architecturaux incroyables. Mais la rénovation moderne et le parti pris de ces grands panneaux blancs vertigineux qui reflètent la lumière tels des miroirs de plâtre et de peinture blanche déçoivent l’amateur d’histoire, même s’ils ravissent l’amateur d’art. Le musée est lumineux, propre, blanc, moderne, hyper fonctionnel, doté d’immenses fenêtres et de puits de lumière. Seul l’escalier central majestueux, qui fut à l’époque l’escalier d’honneur, sous un plafond aux moulures et aux ornements sculptés, nous rappelle que la maison fut habitée autrefois par un proche de Fouquet amoureux du théâtre de Corneille.

    On reste aussi un peu sur sa faim par rapport au nombre de peintures exposées : il y a surtout beaucoup de dessins et d’esquisses. Finalement, ce qui fait la valeur de ce énième musée Picasso à travers le monde, c’est la part prépondérante donnée à sa vie privée. En l’occurence, l’expo porte sur le personnage de sa première épouse, Olga. Il faut prendre le temps de regarder chacune des vitrines, dans lesquelles sont exposés de très nombreux objets personnels, de lire les lettres, de regarder les films de famille en noir et blanc très émouvants, et toutes ces photos méconnues de tous les proches du peintre : sa femme Olga en premier lieu bien sûr, son fils Paul dont on peut voir le tableau en Arlequin, les amis artistes Cocteau, Apollinaire, Max Jacob.

    L’exposition est une plongée dans la vie intime de ce couple. Olga nous touche particulièrement. On prend conscience des sacrifices qu’elle a dû faire en renonçant à sa carrière de danseuse, de l’amour profond et de la complicité entre elle et son fils en raison sans doute des absences longues et répétées de Pablo (la série de photomatons est très émouvante), et de sa souffrance quand elle comprend qu’elle a été remplacée par une autre (la très jeune Marie-Thérèse Walter), à la fois en tant que femme, muse et modèle. Picasso refusera la demande de divorce d’Olga qui finira ses jours à Cannes.

    Comme à chaque fois, la vie privée et l’oeuvre de Picasso s’entremêlent, l’une expliquant l’autre. L’exposition « Olga » montre bien cet aspect, jalonnant et juxtaposant à la fois photos et tableaux, objets et peintures, lettres et dessins. Autant de trésors compilés dans l’ouvrage magnifique du catalogue de l’exposition en vente à la librairie du musée et qui est un véritable petit bijou.

     

    Olga Picasso au Musée Picasso

    Jusqu’au 3 septembre 2017

    Tarif = 12,50 euros

    Catalogue = 39 euros