Catégorie : Culture

  • Les trésors du Musée de l’Ermitage

     

     

    À Saint-Petersbourg, le Musée de l’Ermitage doit tout ou presque à une femme…

     

    La richesse de ses collections, avec pas moins de 3,6 millions d’œuvres répertoriées, assure au Musée de l’Ermitage le titre de plus grand musée du monde. Grâce à qui ? Une femme, Catherine II de Russie. Sa passion pour les arts fit d’elle une souveraine éclairée qui constitua bien plus de la moitié des collections actuelles du musée. Pour la Grande Catherine, l’Ermitage devait symboliser la grandeur de la Russie. Mission accomplie durant son règne d’impératrice : il faudrait huit ans pour tout voir à l’Ermitage. Et encore, en passant seulement 60 secondes devant chaque œuvre !

    Bien plus qu’un musée national, le labyrinthique Ermitage incarne l’âme de la Russie. Créé en 1764 sous l’impulsion de Catherine II, « impératrice et autocrate de toutes les Russies », il emploie plus de conservateurs que n’importe quelle institution culturelle au monde. Ses fonds sont d’une richesse inouïe : le musée possède aussi bien des Rembrandt que de l’art russe, des objets préhistoriques, la collection personnelle de pierres précieuses de Catherine II, un chef-d’œuvre de Michel-Ange, des œuvres majeures de Matisse et quantités d’autres joyaux.

    Diva de la Russie, Saint-Petersbourg et son musée peuvent dire merci à Catherine. Une autre diva. Des arts, celle-là…

     

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  • Hommage à Stéphane Grappelli

     

     

    Mathias Lévy rend hommage à Stéphane Grappelli le 9 janvier 2018 à Versailles, dans le cadre de « Musiques à Versailles ».

     

    Après avoir reçu des mains mêmes de Didier Lockwood le « Grand Prix Stéphane Grappelli » en 2011, Mathias Lévy a choisi pour ce concert exceptionnel en hommage à Stéphane Grappelli la formule du trio acoustique chère au grand violoniste, mais avec un guitariste jouant également du violoncelle, ce qui permet d’alterner avec un trio à cordes frottées violon/violoncelle/contrebasse.

    Ce trio à deux faces nous offre donc à cette occasion une palette de couleurs et une expressivité sans limite.

    Mathias Lévy souhaitait s’associer pour ce projet à des musiciens capables de jouer « dans le style », bien-sûr, mais aussi d’aller plus loin, de dépasser pour déconstruire, de décaler, pour offrir au public une vraie proposition musicale actuelle. Une rencontre créative et jubilatoire autour des compositions des maîtres du jazz manouche, où les traditions seront tour à tour saluées, bousculées et transcendées… mais toujours avec amour.

    Réservez vos places pour cet événement au 06 65 23 90.07.

     

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    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Musiques à Versailles

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Mathias Lévy Officiel

     

     

     

  • Ils nous ont quittés en 2017

     

     

    Ils nous ont quittés en 2017…

     

    Emmanuelle Riva

    L’actrice de cinéma et de théâtre et poétesse française Emmanuelle Riva est née le 24 février 1927 à Cheniménil (Vosges) et morte à Paris le 27 janvier 2017. C’est en la découvrant sur l’affiche de L’Épouvantail, une pièce de Dominique Rolin, mise en scène par André Barsacq, qu’Alain Resnais l’imagine pour son premier long métrage, « Hiroshima mon amour », qui la fait mondialement connaître. En septembre 1958, avant le tournage, treize ans après l’explosion de la bombe du 6 août 1945, Emmanuelle Riva parcourt les rues de la ville martyre avec son appareil photo Ricohflex et en saisit la vie retrouvée. Ces photos illustreront l’ouvrage collectif « Tu n’as rien vu à Hiroshima ».

     

    Paris, France – CIRCA 1960: French actress Emmanuelle Riva in Paris, Sixties. (Photo by BOTTI/Gamma-Keystone via Getty Images)

     

    Raymond Kopa

    Le légendaire Raymond Kopa, de son vrai nom Kopaszewski, s’est éteint à l’âge de 85 ans, le 3 mars 2017. Premier footballeur français à remporter le Ballon d’Or en 1958, il a contribué à la réputation du grand Stade de Reims des années 1950-1960. Avec l’équipe de France, il termine troisième de la Coupe du Monde 1958 en Suède. Kopa a aussi gagné trois fois la Coupe d’Europe avec le Real Madrid (1957, 1958 et 1959).

     

     

     

    Chuck Berry

    Le guitariste et chanteur américain Chuck Berry, l’un des pères fondateurs du rock’n’roll, est décédé le 18 mars 2017, à l’âge de 90 ans, dans sa maison du Missouri (Etats-Unis). Il était l’auteur de tubes tels que Johnny B. Good.

     

     

    Henri Emmanuelli

    L’ancien ministre et président de l’Assemblée Nationale, Henri Emmanuelli, figure de l’aile gauche du Parti socialiste, est décédé le 21 mars 2017 à l’âge de 71 ans.

     

     

    Victor Lanoux

    Victor Lanoux s’est éteint à l’âge de 80 ans, le 4 mai 2017, à Royan (Charente-Maritime). Né le 18 juin 1936 à Paris, le comédien et scénariste a réalisé une carrière aussi riche au cinéma qu’à la télévision.

     

     

    Roger Moore

    Le 23 mai 2017, l’acteur britannique Roger Moore, qui a interprété James Bond à sept reprises, est décédé en Suisse à l’âge de 89 ans.

     

     

    Anita Pallenberg

    Anita Pallenberg, née le 6 avril 1942 à Rome en Italie, et morte le 13 juin 2017 à Chichester (Angleterre) au Royaume-Uni, est un mannequin, une actrice et une styliste de mode italo-allemande. Anita Pallenberg est connue pour avoir été la maîtresse de trois des membres fondateurs des Rolling Stones : Brian Jones (de 1965 à 1967) puis Keith Richards (de 1967 à 1980), et on lui prête une brève aventure avec Mick Jagger durant le tournage de Performance en 1968.

     

     

    Hervé Ghesquière

    Le journaliste Hervé Ghesquière est décédé le 14 juin 2017 à Paris, à l’âge de 54 ans. Avec Stéphane Taponnier, ils avaient été détenus en Afghanistan du 30 décembre 2009 au 29 juin 2011. Ici, le 30 juin 2011, lors de son retour au siège de France Télévisions.

     

     

    Simone Veil

    Simone Veil est décédée le 30 juin 2017, à l’âge de 89 ans. Elle avait tenu à bout de bras le projet de loi sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG) devant un parterre d’hommes. Cette rescapée des camps nazis est née Simone Jacob le 13 juillet 1927 à Nice. Sa vie a été constamment marquée par la déportation de sa famille.

     

     

    Max Gallo

    L’historien et académicien Max Gallo, auteur à succès de plus d’une centaine de romans et d’ouvrages historiques, est mort le 18 juillet 2017, à l’âge de 85 ans.

     

     

    Chester Bennington

    Le chanteur Chester Bennington du groupe de métal Linkin Park est décédé le 20 juillet 2017 à l’âge de 41 ans. Il était également fondateur du groupe Dead by Sunrise ainsi que du groupe Stone Temple Pilots.

     

     

    Claude Rich

    Claude Rich, né le 8 février 1929, est décédé le vendredi 21 juillet 2017, à l’âge de 88 ans. Ce monument du théâtre et du cinéma français laisse derrière lui une carrière couronnée de succès.

     

     

    Sam Shepard

    Samuel Shepard Rogers III (dit Sam Shepard) est un écrivain, dramaturge, acteur, metteur en scène, scénariste, réalisateur et producteur américain, né le 5 novembre 1943 à Fort Sheridan (Illinois) et mort le 27 juillet 2017 à Midway (Kentucky), dont la carrière a couvert plus d’un demi-siècle.

     

    Jeanne Moreau

    Actrice, chanteuse et réalisatrice, Jeanne Moreau est décédée le 31 juillet 2017, à l’âge de 89 ans. Elle fut une icône du cinéma et l’égérie de la Nouvelle Vague.

     

     

    Jerry Lewis

    L’humoriste et acteur américain Jerry Lewis est décédé à l’âge de 91 ans, à son domicile de Las Vegas, le 20 août 2017.

     

     

    Mireille Darc

    La comédienne et réalisatrice Mireille Darc est décédée à l’âge de 79 ans, le 28 août 2017. Du cinéma à la télévision, en passant par sa relation avec Alain Delon, elle a marqué plusieurs générations.

     

    18 Jul 1998, Normandy, France — Image by © Richard Melloul/Sygma/Corbis

     

    Pierre Bergé

    Pierre Bergé est décédé le 8 septembre 2017, à l’âge de 86 ans. Mécène et homme d’affaires, il a partagé la vie du célèbre couturier Yves Saint-Laurent pendant 50 ans.

     

    Pierre Bergé, à Paris en septembre 1991.

     

    Gisèle Casadesus

    La doyenne des comédiennes françaises est décédée à l’âge de 103 ans, le 24 septembre 2017.

     

     

    Hugh Hefner

    Le fondateur de Playboy, Hugh Hefner, est décédé à l’âge de 91 ans, a annoncé le magazine américain, le 28 septembre 2017. Filles, lapins, fêtes et peignoirs ont rythmé la vie de ce pionnier de la presse érotique.

     

     

    Jean Rochefort

    Le comédien Jean Rochefort est décédé dans la nuit de dimanche à lundi 9 octobre 2017, à l’âge de 87 ans. Personnalité très populaire, le célèbre acteur à la moustache laisse derrière lui une carrière riche de 130 films.

     

     

    Daniele Darrieux

    L’actrice légendaire du cinéma français Danielle Darrieux est décédée le 17 octobre 2017, à l’âge de 100 ans. Ici, en 1936.

     

     

    George Young

    George Redburn Young, né selon les sources le 6 novembre 1946 ou le 6 novembre 1947, à Glasgow (Écosse, Royaume-Uni) et mort le 23 octobre 2017, est un musicien de rock, auteur-compositeur et producteur de musique australien. George Young est connu pour le hit « Friday on My Mind » avec le groupe The Easybeats au sein duquel il était guitariste rythmique, et pour la production, en compagnie d’Harry Vanda, du groupe AC/DC, dans lequel officiaient ses frères Angus et Malcolm Young.

     

    Robert Hirsch

    Robert Hirsch, un des derniers monstres sacrés du théâtre français, est décédé le 16 novembre 2017, à l’âge de 92 ans.

     

    Le comedien Robert Hirsch c. 1960 — © René Saint Paul / Rue des Archives

     

    Malcolm Young

    Malcolm Mitchell Young est un musicien australien d’origine écossaise, né le 6 janvier 1953 à Glasgow en Écosse et mort le 18 novembre 2017, fondateur et guitariste rythmique du groupe de hard rock australien AC/DC. Il est le frère de George et Angus Young.

     

    Jean d’Ormesson

    Jean d’Ormesson, né le 16 juin 1925, est décédé à l’âge de 92 ans dans la nuit de lundi à mardi 5 décembre 2017. Ce fut un homme d’exception, à la fois journaliste, écrivain et académicien, très présent à la télévision.

     

     

    Johnny Hallyday

    Johnny Hallyday nous a quittés à l’âge de 74 ans, dans la nuit du 5 au 6 décembre 2017. Il laisse derrière lui un demi-siècle de tubes mémorables, une vie amoureuse très médiatisée, des looks, une carrière au cinéma et de nombreux fans inconsolables.

     

     

     

     

  • Une perle de Jean d’Ormesson

     

     

    Une Perle de Jean d’Ormesson…

     

    Que vous soyez fier comme un coq
    Fort comme un bœuf
    Têtu comme un âne
    Malin comme un singe
    Ou simplement un chaud lapin
    Vous êtes tous, un jour ou l’autre
    Devenu chèvre pour une caille aux yeux de biche
    Vous arrivez à votre premier rendez-vous
    Fier comme un paon
    Et frais comme un gardon
    Et là… Pas un chat !
    Vous faites le pied de grue
    Vous demandant si cette bécasse vous a réellement posé un lapin
    Il y a anguille sous roche
    Et pourtant le bouc émissaire qui vous a obtenu ce rancard
    La tête de linotte avec qui vous êtes copain comme cochon
    Vous l’a certifié
    Cette poule a du chien
    Une vraie panthère !
    C’est sûr, vous serez un crapaud mort d’amour
    Mais tout de même, elle vous traite comme un chien
    Vous êtes prêt à gueuler comme un putois
    Quand finalement la fine mouche arrive
    Bon, vous vous dites que dix minutes de retard
    Il n’y a pas de quoi casser trois pattes à un canard
    Sauf que la fameuse souris
    Malgré son cou de cygne et sa crinière de lion
    Est en fait aussi plate qu’une limande
    Myope comme une taupe
    Elle souffle comme un phoque
    Et rit comme une baleine
    Une vraie peau de vache, quoi !
    Et vous, vous êtes fait comme un rat
    Vous roulez des yeux de merlan frit
    Vous êtes rouge comme une écrevisse
    Mais vous restez muet comme une carpe
    Elle essaie bien de vous tirer les vers du nez
    Mais vous sautez du coq à l’âne
    Et finissez par noyer le poisson
    Vous avez le cafard
    L’envie vous prend de pleurer comme un veau
    (ou de verser des larmes de crocodile, c’est selon)
    Vous finissez par prendre le taureau par les cornes
    Et vous inventer une fièvre de cheval
    Qui vous permet de filer comme un lièvre
    C’est pas que vous êtes une poule mouillée
    Vous ne voulez pas être le dindon de la farce
    Vous avez beau être doux comme un agneau
    Sous vos airs d’ours mal léché
    Faut pas vous prendre pour un pigeon
    Car vous pourriez devenir le loup dans la bergerie
    Et puis, ç’aurait servi à quoi
    De se regarder comme des chiens de faïence
    Après tout, revenons à nos moutons
    Vous avez maintenant une faim de loup
    L’envie de dormir comme un loir
    Et surtout vous avez d’autres chats à fouetter.

    Billet d’humour de Jean d’Ormesson en hommage à la langue française

     

     

     

  • Colorama, retour sur la « Kodak Way of Life »

     

     

    À l’origine de la collection Colorama, les immenses images Kodak rétroéclairées, exposées dans le hall de Grand Central à New York de 1950 à 1990. La firme américaine y proclamait ainsi sa toute-puissance photographique. Alors utilisés comme espaces publicitaires dans la mythique gare ferroviaire de Manhattan, les clichés placardés étaient des transparents aux dimensions exceptionnelles de 18 mètres de large sur 6 mètres de haut. Du jamais vu dans le monde de la photographie.

     

    Par leurs mises en scènes spectaculaires, presque surréalistes, ces panoramiques conçus à l’origine comme des outils de communication au service de la promotion des pellicules et des appareils de prise de vue de la marque Kodak sont peu à peu devenus un véritable feuilleton au long cours. Le Kodak Colorama Display a su mettre en scène pendant plus de 40 ans l’histoire de la famille idéale, sans contradiction ni contestation. Ces clichés géants furent ainsi l’expression lisse et consensuelle du rêve américain d’après-guerre, son versant le plus aimable et le plus universellement adoptable.

    Les images de la collection Colorama servaient avant tout à la promotion commerciale des produits de la firme Kodak, que l’on aperçoit d’ailleurs dans chaque mise en scène. Mais ces panoramas en appellent surtout au thème commun et classique du passage du temps, pour mettre en valeur la fonction de l’appareil photo, moyen de saisir et de conserver les meilleurs instants d’une vie, qu’il s’agisse d’anniversaires, de réunions de famille, de mariages ou de scènes de vacances.

    Ces clichés monumentaux, par leur esthétique et leur ambition, dépassent ainsi le simple constat publicitaire et la prouesse technologique. Ils racontent aussi l’histoire d’une famille idéale et dispensent un discours volontairement patriote et conservateur sur l’Amérique des années 50. Dans cette promotion du fameux « American Way of Life », la contre-culture semble inexistante et tout semble tellement pur derrière les couleurs éclatantes et les sourires figés de personnages enjoués.

    A découvrir…

     

     

     

     

  • Loes Heerink : Vendors From Above

     

     

    En 2015, la photographe hollandaise Loes Heerink a eu l’idée lumineuse d’une série de photographies plutôt inventive et bien pensée intitulée « Vendors from Above ». En se plaçant sur des ponts de la ville de Hanoi, elle saisit ainsi vu d’en haut les vendeurs ambulants à vélo. Résultat : des clichés étonnants et bigarrés qui constituent à eux seuls une bien belle invitation au voyage.

     

    La patience… Voici l’élément clé qui a permis à la jeune photographe hollandaise de saisir ces vendeurs de rue à Hanoï. Installée depuis quelques années au Vietnam, Loes Heerink a souhaité à travers cette série photo partager la beauté de ce spectacle ambulant. Vus d’en haut, ces marchands de rue sont de véritables œuvres d’art. La composition et les couleurs des marchandises qu’ils transportent sont autant de patchworks qui donnent des clichés vraiment uniques !

    Pour réaliser « Vendors from Above », elle a parfois du passer des heures à attendre, installée en haut d’un pont de la capitale du Vietnam. La majorité des vendeurs de rue de Hanoï sont des migrants. Pour rendre hommage à ces femmes, Loes Heerink a souhaité réunir ses clichés dans un livre photo et lançait ainsi une campagne Kickstarter en 2016 afin de financer son projet.

    Découvrons à présent ces magnifiques photos hautes en couleur…

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Loes Heerink Official

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Loes Heerink Kickstarter

     

     

     

  • Oscar Wilde : Le portrait de Dorian Gray

     

     

    « J’ai les goûts les plus simples, je me contente du meilleur »

     

    Le 30 novembre 1900 mourait Oscar Wilde, l’un des plus grands écrivains irlandais. Une vie sulfureuse et une œuvre universellement reconnue comme immense, font de lui un écrivain fascinant. Ses pièces de théâtre, romans, nouvelles, poèmes montrent un esthète éperdu et un maître de l’écriture.

    « La beauté, la vraie beauté, s’achève là où l’air intellectuel commence. L’intellectuel est en soi une façon d’exagérer et il détruit l’harmonie de n’importe quel visage. Dès qu’on s’assied pour réfléchir, on ne devient plus qu’un nez, ou qu’un front, ou quelque chose d’horrible. Regarde les gens qui ont du succès dans toutes les professions savantes : ils sont tous parfaitement hideux ! Sauf bien sûr, dans l’Église, mais c’est que, dans l’Église, ils ne réfléchissent pas. »

    « Le Portrait de Dorian Gray » est l’unique roman d’Oscar Wilde. Il le publie dans sa version définitive en 1891. Cette œuvre hédoniste lui vaut une très grande notoriété, mais une partie du public anglais sera choquée par l’immoralité du héros. Les nombreuses polémiques qui s’ensuivront ne feront que renforcer le succès de Wilde.

    Dans sa préface, Oscar Wilde y développe sa théorie artistique…

     

    « Dire d’un livre qu’il est moral ou immoral n’a pas de sens. Un livre est bien ou mal écrit, c’est tout. »

     

    Ce roman a pour héros Dorian Gray, un dandy émerveillé par sa jeunesse et sa beauté, et qui mène une vie dissolue.

    « Comme c’est triste ! Je vais devenir vieux, horrible, effrayant. Mais ce tableau n’aura jamais un jour de plus qu’en cette journée de juin… Si seulement ce pouvait être le contraire ! Si c’était moi qui restais jeune, et que le portrait lui vieillit ! Pour obtenir cela, pour l’obtenir, je donnerais tout ce que j’ai ! Oui, il n’y a rien au monde que je refuserais de donner ! Je donnerais mon âme pour l’obtenir ! »

    Tels sont les mots que prononce le héros en admirant son propre portrait, que vient d’exécuter Basil Hallward, son ami peintre. Il tremble en pensant à sa jeunesse que le temps va emporter. Erreur funeste, car son vœu sera exaucé : l’aristocrate anglais va, certes, pouvoir rester éternellement jeune, mais ce vœu a un coût : c’est son portrait qui vieillira à sa place et qui sera progressivement marqué par les ans, les vices et les crimes.

    Mesurant mal les conséquences de ce pacte, Dorian Gray célèbre les joies du temps présent. Libéré de tout obstacle, il goûte les plaisirs faciles. Très rapidement, il est gagné par la débauche et la dépravation et ne prône que jouissance, cynisme et perversion. Incapable d’éprouver le moindre remords, il ne craint pas de devenir un assassin. Si les années passent, le visage éblouissant de Dorian Gray, lui, ne subit aucune altération. C’est son portrait, protégé de tout regard, qui accumule les stigmates de sa dépravation.

    Un soir, Dorian Gray prend peur devant cet horrible tableau. Dans un geste désespéré, il le lacère avec un poignard. En fait, ce couteau, c’est  son propre coeur qu’il transperce. Au même moment, son visage se métamorphose en celui du vieillard qu’il aurait dû être, abîmé par les cicatrices de la débauche. Le portrait, lui, reprend son éclat originel : celui d’un jeune homme à la beauté insolente.

     

    Le portrait de Dorian Gray (The Picture of Dorian Gray, 1890) traduit de l’anglais par Vladimir Volkoff

     

     

     

  • Petit Biscuit, le jeune prodige de l’électro, confirme son talent sur son premier album, « Presence »

     

     

    Révélé via la plateforme de streaming musical Soundcloud il y a 18 mois avec « Sunset Lover », une ritournelle électronique qui cumule désormais 350 millions d’écoutes sur le net, Petit Biscuit vient de sortir « Presence », son tout premier album, le jour même de ses 18 ans. Avec ce disque varié, le jeune prodige rouennais affirme son style et impressionne. Rencontre…

     

    Une double formation : classique et autodidacte

    Comment naissent les prodiges musicaux ? Petit Biscuit pratique la musique depuis l’âge de cinq ans, à sa demande. Pourtant, ni ses parents ni personne de sa famille n’est musicien. « J’avais demandé à ma mère de faire du violoncelle, je ne sais plus trop pourquoi. J’avais sans doute confondu avec le violon puisqu’il m’a semblé alors qu’il y avait erreur sur la marchandise », se souvient-il.

    « Mais au final, j’ai préféré le violoncelle parce que c’était plus original comme instrument et plus élégant, ça me parlait ». Il n’a jamais arrêté depuis, et il s’est même mis à jouer du piano et de la guitare, de façon autodidacte, à l’âge de 8 et 9 ans. A 13 ans, il composait sur son ordinateur, dans sa chambre. Aujourd’hui, il maîtrise tous ces instruments, mais aussi les percussions, les instruments électroniques, et s’avère même convaincant au micro – il chante sur deux titres de son premier album, en particulier sur « On The Road ».

     

     

    Fraîcheur et poésie digitale

    Avec « Sunset Lover », un titre électronique frais et doux au refrain entêtant, posté sur Soundcloud sans trop y croire il y a 18 mois, Petit Biscuit a fait mouche. Il a depuis sorti un EP, écumé les festivals et joué devant des centaines de milliers de personnes dans le monde entier. Vendredi 10 novembre, le jour même de ses 18 ans, il publiait son premier album, « Presence »,  un 14 titres d’une grande richesse. On y retrouve son style singulier couplant mélodies obsédantes bien marquées et foisonnement de textures et de rythmiques. Des chansons synthétiques à la croisée de la techno, de l’ambient et de la trap music, particulièrement bien pensées et bien construites, piquées d’influences globales et d’instruments classiques.

    Des petits bijoux de poésie digitale plutôt contemplatifs, mais sur lesquels on peut désormais aussi danser, comme sur « Problems », un R&B très réussi, avec le producteur Lido au micro, ou « Gravitation », une ballade trépidante dans le cosmos en compagnie de Mome et de Isaac Delusion. Et surtout sur notre coup de cœur, la merveille « Waterfall » avec Panama en featuring, un hit exaltant qui donne envie de tout lâcher pour aller tourbillonner dans les étoiles ou plus prosaïquement sur le dance-floor.

    Des yeux de chat rieurs, un visage enfantin aux cheveux bouclés en bataille sur une longue silhouette, Petit Biscuit, Medhi de son vrai prénom, parle comme un adolescent, mais il a pourtant mûri à grande vitesse ces derniers mois : avant sa majorité, il a déjà dû faire des choix essentiels. Et il a opté pour l’indépendance : cet auteur, compositeur, producteur et interprète est désormais à la tête de son propre label, Petit Biscuit Music.

     

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    Interview

    Dans quel état d’esprit as-tu réalisé cet album, qu’est-ce qui a guidé ton travail ?

    Je l’ai fait dans des états d’esprit très différents, c’est pour ça qu’il est très varié. Je dis souvent qu’il est schizophrénique, parce que tu passes de la plus pure poésie à un déchaînement extrême, sur « The End » notamment. Je pense qu’on y retrouve le Petit Biscuit qu’on connait, et qu’on en découvre d’autres facettes, notamment le côté pulsionnel, un peu plus tribal, comme sur le titre « Break Up », un morceau entre world et trap music avec une basse, des percussions et une voix qui prend toute la place. J’ai voulu du changement, il y a une grosse évolution, avec pas mal de morceaux plus trap et plus hip hop qu’avant. Je faisais de la musique assez ambient avec « Sunset Lover » et maintenant c’est de la musique beaucoup plus en mouvement.

    L’as-tu pensé pour le live ?

    C’est un album qui a été pas mal pensé pour le live. Parce que j’ai fait beaucoup de live depuis un an et demi et ça a totalement changé ma vie. Ça m’a fait considérer la musique autrement. Je suis passé du côté un peu statique de « Sunset Lover » à quelque chose de plus mouvementé, avec des rythmiques beaucoup plus fortes, des basses plus profondes. Les breaks et les grosses montées sont pensés pour le live. C’est là où la chanson et l’EDM se mélangent. Mais cet album, je l’ai surtout pensé pour moi. Il est beaucoup plus moi que ce que je faisais avant.

    Dirais-tu que tu te cachais auparavant ?

    Oui, je me cachais sous une espèce de pop music jolie, je tentais d’atteindre une beauté universelle. Maintenant c’est beaucoup plus vivant, plus nuancé, il y a une progression au sein des morceaux. Sur des titres comme « Presence », l’évolution est assez flagrante, ce n’est jamais pareil du début à la fin : ça passe de quelque chose de très beau, d’assez orchestral, à une basse qui vient tout casser, tu as un break apocalyptique et ça repart sur une basse et un synthé encore plus déchainés. C’est un combat.

    L’idée c’était plutôt de transmettre le côté yoyo émotionnel  ?

    Oui, de toute façon, une carrière musicale, c’est un yoyo émotionnel, parce que tu as beaucoup de bonheur mais aussi de gros moments de stress et de fatigue. Tu passes par toutes les émotions et j’ai l’impression que quand tu commences à te lancer dans de l’artistique, tu deviens encore plus exposé, tu ressens les choses dix fois plus fortement que les autres. D’ailleurs pour moi, le thème de l’album, c’est une prise de maturité.

     

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    En quoi as-tu changé depuis « Sunset Lover » ?

    Il y a un an et demi, quand je disais en interview que j’avais du vécu, je me rends compte que c’était faux. Maintenant je peux le dire parce que pendant un an et demi il s’est passé des choses vraiment extraordinaires, je suis allé jouer aux quatre coins du monde, je me suis réveillé dans le tour bus roulant en plein désert aux Etats-Unis, comme dans un autre monde. J’ai fait énormément de rencontres, des gens plus gentils les uns que les autres, des gens un peu plus requins aussi, mais je m’en suis séparé vite fait. J’ai dû décider si je restais indé (je le suis resté), ou si je choisissais de déléguer toute une partie de mon travail pour me concentrer sur l’artistique. J’ai beaucoup appris. Tout ça a forgé mon esprit. Je pense que c’est ça la vraie prise de maturité et ça se retrouve forcément dans ma musique de façon indirecte.

    Comment travailles-tu ? Tu joues sur des instruments, tu enregistres des voix et ensuite tu les retravailles ?

    Ce n’est pas tout le temps pareil : en général je pars d’une mélodie assez forte, d’un gimmick que je joue soit au synthé direct, qui correspond bien à la mélodie, soit au piano, soit à la guitare, soit même au violoncelle comme sur « Beam ». Pour ce titre j’ai enregistré sur une sorte de violoncelle que j’ai ensuite trafiqué, c’est la première fois que je fais ça, donc c’est un peu exceptionnel. Composer c’est plein de manières différentes de créer un gimmick, quelque chose qui reste en tête,  et de créer autour.

    Où nourris-tu ton goût pour la world music dont tu parsèmes certains morceaux ?

    Ca vient de partout. C’est world parce que c’est traditionnel, mais c’est surtout hors du temps. Il n’y a pas une destination en particulier dont je me nourris parce que j’ai envie qu’on ne sache pas d’où ça vient. Certains vont dire que ça sonne indien, d’autres que c’est oriental. C’est juste partir à la découverte, être curieux de la différence. Il y a un côté ultra élégant et intemporel dans la world music.

     

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    Qui t’a donné envie de te lancer dans la musique électronique ?

    Sans doute Bonobo, Flume et Porter Robinson. Mais c’est surtout la myriade de petits artistes que je ne cite pas mais que j’ai vus se lancer dans l’électronique sur Soundcloud qui a déclenché mon envie. En fait, les grands artistes sont un peu des gourous, tu les respectes, mais les petits artistes tu te dis que ça pourrait être toi. C’est donc plutôt eux qui m’ont décidé en me montrant que je n’étais pas tout seul à me lancer.

    Tu aimes beaucoup le rap américain, pourquoi n’as-tu aucun rappeur en featuring sur ton album ?

    J’ai sûrement quelques idées en tête pour la suite (dit-il en rosissant un peu, l’air mystérieux). Aux Etats-Unis et en Angleterre, beaucoup de rappeurs se mettent à rapper sur de l’électronique, comme Asap Rocky sur Mura Masa ou Flume. Le producteur prend une place plus forte qu’avant où il n‘était même pas cité. Aujourd’hui, le producteur inspire même les textes des rappeurs. Pour le moment, je me concentre sur mon projet mais je pourrais produire par la suite. Il faudrait qu’on amène en France ce mouvement. Produire est toujours intéressant. Mais si tu fais juste une instru pour un rappeur c’est un simple exercice. Tandis que si tu as une réflexion commune avec le rappeur afin qu’il y ait une cohérence entre l’instru et les textes, là ça devient intéressant, ça devient de l’artistique.

     

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    Tu étais en terminale S au printemps, quelles études fais-tu maintenant ?

    J’évite désormais de parler de mes études. En fait j’essaye de faire des études, mais c’est très compliqué et du coup je n’ai pas envie que les gens sachent où je suis, ça m’a déjà posé des problèmes au lycée. Surtout, on a trop parlé de mes études et de mon âge, et pas assez de ma musique dans certains médias. Ils en ont fait le principal atout du projet alors que je n’ai pas envie que ça soit ça. Alors disons que le plan A c’est de faire de la musique mon métier. Mais j’ai aussi un plan Z. Et faire des études me permet de m’ouvrir à d’autres gens et d’autres choses.

    Tu fais une tournée des Zénith ce mois-ci (voir dates ci-dessous), tu as le trac ?

    Je suis prêt mais c’est un tout nouveau show, alors il y a toujours le petit trac des premières. Je suis carrément excité de proposer ça parce que c’est un album pensé pour le live. Il y aura du spectacle, avec des visuels superbes réalisés par mon copain Quentin Deronzier. C’est un show très préparé en amont. Certains disent qu’ils préfèrent sentir que c’est fait en direct mais pour moi il y a une petite part de science dans un show avec des moments ultra cadrés. Bien sûr, je joue beaucoup en live même si je lance certaines séquences en playback parce que je ne peux pas tout faire en même temps. Sur scène, il y aura davantage de spectacle qu’avant parce que j’ai réfléchi à l’effet que ça allait produire sur les spectateurs. Ce qui m’intéresse c’est que le public comprenne bien ce que je joue pour faire monter la pression et ménager des effets de surprise.

     

    Album « Presence » de Petit Biscuit (Petit Biscuit Music / Believe Digital) est sorti vendredi 10 novembre 2017

     

    Petit Biscuit est en tournée des Zénith
    ✓ Le 14 novembre à Lille
    ✓ Le 16 novembre à Nantes
    ✓ Le 20 novembre à Toulouse
    ✓ Le 21 novembre à Paris

    Il sera aussi le 27 novembre à Bruxelles, le 1er février à Rouen et le 3 février à Bordeaux

     

    Article par Laure Narlian, journaliste et responsable de la rubrique Rock-Electro-Rap de Culturebox.

    Photo à la Une © Jonathan Bertin

     

     

  • Les Portraits Princiers de Rubens au Musée du Luxembourg

     

     

    Les plus grands portraits princiers composés par Rubens sont exposés au Musée du Luxembourg à Paris jusqu’au 14 janvier 2018.

     

    Apprenti du Titien, Pierre Paul Rubens devient au XVIIème siècle l’un des peintres les plus demandés par les cours européennes. Les modèles de cet artiste baroque flamand, né en 1577 et mort en 1640, sont aussi bien Charles Quint que Philippe IV ou encore l’Archiduc Ferdinand de Hongrie. Rubens fut donc le peintre des rois, un golden boy à la cour des princes d’Europe. Tant la Reine de France, Marie de Médicis, que son fils Louis XIII se sont battus pour se faire brosser le portrait dans son atelier.

    Rubens, c’est l’histoire d’une success story qui commence à Anvers, là où grandit le petit Pierre Paul. Une exposition consacrée à ses portraits princiers vient de s’ouvrir au Musée du Luxembourg. Alors, comment ce fils de juriste né en 1577 est-il devenu en quelques années le peintre le plus couru d’Europe ? Réponse avec Nadeije Laneyrie-Dagen, historienne de l’art, et Philippe Forest, auteur de l’essai « Rien que Rubens » (Editions Rmn).

     

    « Il part de rien, sinon de pas grand chose, et parvient à s’imposer par la seule force de son talent, de sa culture et de son énergie. » (Philippe Forest)

     

    « Rubens ne sait pas où il va faire carrière, où il veut faire carrière… Les Pays-Bas du Sud viennent en effet de traverser une véritable tourmente, politique, religieuse, militaire, et les peintres ont eu beaucoup de mal à exercer leur art durant cette période. Rubens n’est donc pas tout à fait sûr qu’il pourra faire carrière chez lui, en Flandre. » (Nadeije Laneyrie-Dagen)

     

    Rubens tente alors sa chance en Italie. Il est appelé à la cour du Duc de Gonzague à Mantoue. Il n’a que vingt ans. Tel une sorte de globe-trotter, Rubens passe de cour en cour, et va peu à peu se faire connaître des puissants.

     

    « Pour Rubens, dès lors, tout change. Il faut imaginer une sorte de cannibale de la peinture, qui avale les collections et les toiles, et qui regarde le monde avec un appétit, une curiosité, une gourmandise extrême. Ce long séjour en Italie, entrecoupé de quelques intermèdes plus courts en Espagne, va ainsi nourrir sa peinture. » (Nadeije Laneyrie-Dagen)

     

    « Le portrait l’ennuie, mais en même temps, Rubens a aussi été page lorsqu’il était plus jeune, aux Pays-Bas. Il connaît bien la cour et ses rites, presque de naissance. Son père a servi un prince. Il comprend ainsi intuitivement ce que veulent les princes. Il va donc mêler l’art du portrait d’apparat, avec ces costumes et ces poses grandioses, à la chair de l’homme. » (Nadeije Laneyrie-Dagen)

     

    « Rubens était de très bonne compagnie. C’était quelqu’un de fiable et d’accessible. Rubens, tout en peignant, recevait des visiteurs et en même temps, se faisait lire des textes antiques, en latin. Il était capable de faire plusieurs choses à la fois. Cela montre aussi qu’à l’époque, la culture et l’érudition sont nécessaires à un peintre pour réussir. » (Philippe Forest)

     

    Tout au long de sa vie, Rubens a produit près de 3000 oeuvres. C’est absolument colossal… Ainsi, dès son retour à Anvers en 1609, il ouvre un atelier à la productivité redoutable. Cet atelier travaille pour lui, et répond sans cesse aux nombreuses commandes qui affluent de toute part, passées par les puissants, les princes et les rois, voire même par l’église.

     

    « Rubens, très vite, a ainsi conçu sa pratique de la peinture comme un exercice collectif, et tel un redoutable homme d’affaire, s’est entouré d’assistants qui ne sont pas pour autant des débutants. C’est un homme qui mesure ses propres efforts, selon la nature de la commande. Si le modèle est Marie de Médicis, il la peint lui-même, seul. En revanche, il confie à ses collaborateurs les commandes passées par des personnalités de moindre rang, ainsi que des répliques ou des variations à partir de ses propres toiles. » (Nadeije Laneyrie-Dagen)

     

    Sa ville d’origine, Anvers, est l’un des grands centres du commerce de l’époque. Et son sens du commerce, Rubens le pousse jusque dans sa volonté de diffuser ses oeuvres à grande échelle. Il fait en sorte que ses oeuvres puissent voyager, sous toutes formes de support. Autant il est compliqué de faire voyager de grands tableaux sur support bois, autant il est plus aisé de transporter des toiles que l’on peut rouler. Il peint donc beaucoup d’huiles sur toile, ou encore des gravures qui peuvent être expédiées dans des livres ou sur page libre jusque dans le nouveau monde.

    Ambitieux, Rubens est bien plus qu’un peintre. En effet, il se voit aussi confier des missions diplomatiques à travers l’Europe. Autant de qualités qui transparaissent d’ailleurs de son autoportrait, à la une de l’article… Un portrait remarquable, non seulement par le fait qu’il représente un bel homme, un homme qui se sait beau ou qui sait se peindre beau… Un homme plein de vitalité, qui se représente en blond-roux, avec des lèvres pulpeuses et très rouges, et qui se montre sous son plus beau profil. Un homme qui connaît sa valeur, et qui sait l’afficher, sans pour autant en faire ostentation.

    A découvrir aussi le magnifique documentaire, « Rubens, peindre l’Europe » réalisé par Jacques Loeuille pour France Télévisions.

    Rubens, ou l’histoire d’une réussite flamboyante…

     

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    « Rubens, fleuve d’oubli, jardin de la paresse,
    Oreiller de chair fraîche où l’on ne peut aimer,
    Mais où la vie afflue et s’agite sans cesse,
    Comme l’air dans le ciel et la mer dans la mer. »

    Baudelaire, « Les Phares », dans les Fleurs du Mal

     

    « Rubens fait vraiment sur moi une forte impression. Je trouve ses dessins colossalement bons, je parle des dessins de têtes et de mains. Par exemple, je suis tout à fait séduit par sa façon de dessiner un visage à coups de pinceau, avec des traits d’un rouge pur, ou dans les mains, de modeler les doigts, par des traits analogues, avec son pinceau 46. »

    Lettre 459 de Vincent van Gogh à son frère Théo (1885)

     

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    Rubens fut donc, sans doute un peu malgré lui, un immense portraitiste de cour. S’il se voulait d’abord peintre de grands sujets historiques, il excella dans le domaine du portrait d’apparat, visitant les plus brillantes cours d’Europe. Prisé pour son érudition et sa conversation, il joua aussi un rôle diplomatique important, jouissant d’une position sociale sans égale chez les artistes de son temps. Autour des portraits de Philippe IV, Louis XIII ou encore Marie de Médicis réalisés par Rubens et par quelques célèbres contemporains (Pourbus, Champaigne, Velázquez, Van Dyck…), l’exposition plonge le visiteur dans une ambiance palatiale au cœur des intrigues diplomatiques du XVIIe siècle.

    Commissariat : Dominique Jacquot, conservateur en chef du musée des Beaux-Arts de Strasbourg, avec la collaboration d’Alexis Merle du Bourg, historien de l’art, conseiller scientifique auprès du commissaire

    Scénographie : Véronique Dolfus

     

     

     

     

     

  • Rétrospective Irving Penn au Grand Palais, à partir du 21 septembre

     

     

    Irving Penn est mondialement connu pour ses portraits de personnalités et ses photos de mode réalisés pour le magazine Vogue. Le photographe américain, décédé en 2009, est à l’honneur au Grand Palais, à Paris, jusqu’au 29 janvier 2018. Pour cette rétrospective consacrée à l’artiste, 235 tirages ont été réunis, qui couvrent soixante-dix ans d’une carrière marquée par l’éclectisme.

     

    Si ses portraits ont fait le tour du monde, Irving Penn est aussi le photographe de sublimes natures mortes, de nus surprenants, ou de mégots de cigarette qu’il rend étonnement poétiques. L’exposition au Grand Palais montre ainsi toutes les facettes de son travail. Irving Penn, l’homme des portraits, photographie aussi bien les inconnus que les stars. Représentants des petits métiers parisiens, Indiens de Cuzco, femmes du Bénin ou personnalités en vue posent en studio, tous devant le même rideau acheté à Paris en 1950. C’est le cas notamment du jeune Yves Saint Laurent…

     

     

    « Yves Saint Laurent vient tout juste d’être désigné comme le successeur de Christian Dior à la tête de la maison Dior. C’est donc un inconnu dont on ne connait pas encore la personnalité. Irving Penn va saisir immédiatement, comme on le voit sur son portrait, à la fois cette fragilité physique et en même temps, dans ce regard, cette détermination qui est le signe d’un grand artiste qui a un programme en tête et qui va mettre en oeuvre ce programme. Il est d’ailleurs frappant de voir comment Penn se focalise sur le regard de ses personnages. » (Jérôme Neutre, Commissaire de l’exposition)

     

    Irving Penn, qui réalise la même année, en 1957, un incroyable portrait de Picasso, saisissant dans son seul oeil droit la vérité de l’artiste, explore l’âme, mais aussi les corps, avec sa série sur les nus réalisée en 1950 et demeurée inconnue jusqu’en 2002. Le photographe plasticien montre les corps, sans tabou.

     

     

    « Ces nus, il faut les imaginer comme des morceaux de corps féminins, très en chair, avec une « végétation pubienne » fournie, comme disait Irving Penn, ce qui dans l’Amérique puritaine de la fin des années 40, début des années 50, n’est pas du tout évident à montrer. Et le cadrage des corps sur ces clichés, qui nous font plus penser à des sculptures qu’à des photos de pin up… Avec un travail plastique extrêmement innovant, osé et radical, notamment en décolorant les photographies noir & blanc, de façon à rendre ces corps quasiment d’albâtre. On a l’impression de voir du marbre sculpté, dans la blancheur diaphane de ces corps. » (Jérôme Neutre, Commissaire de l’exposition)

     

    L’exposition qui est consacrée à Irving Penn au Grand Palais se referme avec la dernière photo prise par l’artiste en 2007 : une cafetière napolitaine, devenue œuvre d’art par la magie de son regard…

     

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    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] The Irving Penn Foundation

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Irving Penn au Grand Palais