Catégorie : Culture

  • Kristy Chatelain : Brooklyn Changing

     

     

    La photographe américaine Kristy Chatelain, originaire de Brooklyn, témoigne avec sa série de clichés intitulée « Brooklyn Changing » de la métamorphose de son quartier, où les façades de ses maisons et commerces passent peu à peu dans la grande lessiveuse gentrifugeuse du hipster new-yorkais.

     

    Il suffit de se rendre à pied de Manhattan à Brooklyn, et de traverser le borough du Nord vers le Sud, depuis le Williamsburg Bridge jusqu’au Brooklyn Bridge, en passant par Bedford Avenue, pour constater que ce quartier où se concentrait il y a encore une dizaine d’années la plupart des vendeurs de vinyles de New York, n’en compte aujourd’hui plus un seul… Ce qui ne signifie pas pour autant que le quartier a complètement perdu de son intérêt, mais il faut dire que l’amateur de musique qui pouvait passer des jours entiers à chercher son bonheur dans les magasins de disques du coin ne risquera dorénavant plus l’excédent de bagages à son retour… Et ce qui vaut pour les vinyles vaut pour le reste.

    Originaire de la Nouvelle Orléans, Kristy Chatelain est d’abord passée par Berlin pendant deux années pour affiner sa sensibilité aux architectures urbaines, avant de revenir trainer ses guêtres dans les rues de la Grande Pomme, et y décrocher un master en arts visuels.

    Durant ces huit dernières années, elle va donc fixer sur sa pellicule numérique ce borough de Brooklyn, de Greenpoint au Dumbo (Down Under the Manhattan Bridge Overpass) en passant par Williamsburg, et témoigner du lifting qu’ont opéré les hipsters sur les rues new-yorkaises, où les graffitis laissent place aux façades bien propres sur elles…

    Tiens, d’ailleurs, où est donc passé ce magnifique Space Invader que vous aurez sûrement remarqué sur la photo choisie comme image à la une de cet article ?

     

     

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Kristy Chatelain Official

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Kristy Chatelain Instagram

     

     

     

  • Gourmand Croquant

     

     

    Dans la série « Hubert a des putains de problèmes dans la vie… »

     

    Aujourd’hui, penchons-nous sur ces deux nouvelles expressions qui désormais encombrent sans cesse le champ lexical restreint de bon nombre de nos contemporains. S’ils s’expriment dans la langue de Molière, bien-sûr… Deux expressions qui d’ailleurs, au passage, ne peuvent pas trouver leur équivalent dans une autre langue, puisqu’elles ne sont absolument pas françaises. Tel est le contexte dans lequel elles sont généralement formulées. Ajoutons à cela le fait qu’elles ne veulent rien dire du tout, et ne font finalement que souligner une certaine vacuité, un manque total de personnalité de la part de celles et ceux qui s’expriment de la sorte.

    Ces deux sottes expressions sont donc :

    A – être sur quelque chose…

    et

    B – partir sur…

     

    Exemple…

    Dans un contexte défini, ça peut donner : « Alors là, on est sur une vraie bonne nouvelle… »

    et

    « Alors là, on peut partir sur un gris chiné… »

     

    Ces deux niaises formulations sont ainsi refourguées à toutes les sauces, sur tout et n’importe quoi. Ceux qui les emploient souhaitent sûrement donner une intention précise, presque technique, souligner un fait, une évidence qu’on ne pourra plus jamais remettre en cause après.

    On avait commencé à entendre ces deux crétines articulations syntaxiques tout d’abord dans des émissions culinaires. Vous savez, ces émissions où l’on voit des gens habillés en cuisinier hyper anxieux, en train de découper une tomate avec leur visage à un centimètre du légume de la famille des solanacées, avec cette précision que seuls possèdent les chirurgiens de l’œil.

    Et là, en commentaire annexe à la démonstration, le chirurgien oculaire, qui se trouve être en l’espèce découpeur de tomates en rondelles, balance avec un sérieux pédagogique et une prestance d’universitaire : « On va partir sur une déclinaison de tomate mozzarella avec du gourmand, du croquant… ». Et pour finir, en conclusion de sa démonstration dingue : « Et là, on est vraiment sur une note fraiche et estivale… Et ça, ça fait du bieng… »

    Vous noterez qu’au passage, quelques autres mots assez insupportables en ont profité pour se glisser dans ces saillies photocopiées et crispantes.

    Gourmand

    Croquant

    Cette expression immonde, « Et ça, ça fait du bien », ayant supplanté une autre plus usitée au début des années 2000, prononcée partout dans les émissions de télé, sur les radios, et tout aussi ignoble : « C’est que du bonheur ! ». Si vous entendez encore aujourd’hui, en 2017, quelqu’un dire dans votre entourage, au travail, dans le métro, dans les WC, « C’est que du bonheur ! », alors vous avez le droit de le gifler.

    Pour revenir précisément à :

    A – Partir sur…

    et

    B – On est sur…

    Des serveurs zélés mais définitivement cons se sentent aujourd’hui obligés, pensant que c’est le comble du chic, de la classe ou du swag, de prononcer à tour de bras le A et le B en toute désinvolture à la façon de Lord Brett Sinclair. Ils peuvent tout à fait vous les balancer si vous leur demandez un conseil sur le vin : « Alors là, on est sur une note de fruit rouge avec un peu d’épice »…

    C’est à dire qu’on y est vraiment, là. On est dans le fruit avec le serveur. On est là avec lui et qu’est ce que c’est beau, putain ! C’est beau un fruit dedans, en fait.

    Peut-être un conseil sur la blanquette ? « Si je puis me permettre, vous pourriez plutôt partir sur le plat du jour »… Oui, on part avec le serveur vers le plat du jour, la main dans la main. On part, c’est chouette, c’est chaud. Le plat du jour comme un couché de soleil.

    Mais ne blâmons pas trop nos amis de la restauration, car dans le milieu de la viennoiserie, de la parfumerie, de la banque même, on n’est pas non plus en reste : « Bon ben là, on est sur un vrai beau découvert et on va partir sur une belle interdiction bancaire ». Vous noterez d’ailleurs que le banquier a quant à lui fait une doublette, soit les deux expressions dans une même phrase et ça, ça n’a pas de prix.

    Merci qui ?

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Pour aller plus loin » class= » » id= » »]

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Dévoreur Hubertouzot

    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] Hubert Touzot : Photographe dévoreur d’images

     

     

     

  • Marseille : Du cinéma sous les étoiles (du 4 juillet au 15 septembre 2018)

     

     

    Cela fait maintenant vingt-trois étés que le Ciné Plein Air propose une vingtaine de projections durant la saison, sur des sites remarquables ou plus secrets de Marseille : Le couvent Levat, la Cité des Arts de la Rue, le toit du Mucem, la place Henri Verneuil à la Joliette, le jardin Guy Azaïs à la Capelette, le théâtre Silvain, les îles du Frioul et bien d’autres.

     

    Entièrement gratuite, la manifestation offre chaque année à plus de 10.000 spectateurs le bonheur de pouvoir découvrir ou redécouvrir des films en grand format. Une programmation grand public mais toujours exigeante, composée de films récents ou de patrimoine, de films d’auteur comme d’art et essai.

    Des films pour les petits et pour les grands, diffusés à la tombée de la nuit. On y vient en famille, entre amis ou entre voisins, avec coussins et couvertures. On partage un verre, un pique-nique, une partie de carte. On analyse le film, on débat, on rigole.

    On y croisera ainsi Spike Lee dans « Do The Right Thing », « La Femme du Boulanger » de Marcel Pagnol et « Cyrano de Bergerac » de Jean-Paul Rappeneau en versions restaurées, Charlot dans « Le Cirque », des hippies dans « Hair » de Milos Forman… et tant d’autres pépites du 7ème art.

    De plus, Cinétilt s’emploie chaque année à enrichir sa programmation avec une sélection de courts-métrages. Au final, un choix rigoureux qui agrémente la « sélection officielle » d’un avant-programme souvent riche en surprises.

    Rendez-vous du 4 juillet au 15 septembre pour une balade culturelle à travers la ville, et sous les étoiles.

     

     

     

  • Canicule, cette petite chienne qui nous éprouve…

     

     

    Une vague de chaleur s’abat actuellement sur l’Europe. À Paris, la température atteint régulièrement les 36 degrés. La canicule est donc au rendez-vous. Mais d’où vient son nom ? 

     

    Les beaux jours sont synonymes de soleil, glaces sucrées et vilains coups de soleil. En revanche, ce que nous vivons actuellement en Europe, désigné communément par le terme de « Canicule », représente un phénomène exceptionnel, mais qui devrait l’être de moins en moins, si on s’en tient à ce que nous prédisent les spécialistes du climat.

    Cruelle, la « Canicule » n’épargne personne et nous la redoutons tous. Certains gestes sont essentiels pour la supporter. S’hydrater régulièrement, porter des vêtements amples et légers, se reposer… Mais peut-être est-ce aussi l’occasion de s’interroger sur l’origine du nom qui désigne ce phénomène.

    Peut-être l’avez-vous remarqué, le terme « Canicule » a comme base le mot latin « Canis », signifiant « chien ». Et comme l’indique le Trésor de la Langue française, « Canicula » n’est autre que le diminutif féminin de « Canis », soit « petite chienne ». Alors quel rapport établir entre cette éprouvante période de chaleur qui s’abat actuellement sur l’Europe et l’animal réputé meilleur ami de l’Homme ?

    « Canicula » désignait chez les Anciens la plus brillante des étoiles fixes, étoile principale de la constellation du Grand Chien et située à plus de huit années-lumière de la Terre. Mais elle est également la cinquième étoile par ordre de distance au Soleil. Et cela a toute son importance… Toujours selon le Trésor de la Langue française, dès l’Antiquité, les Anciens ont observé que l’étoile centrale de notre système solaire se levait et se couchait avec la constellation du Grand Chien, entre le 22 juillet et le 23 août. Période de l’année pendant laquelle surviennent généralement les fortes chaleurs…

    L’étoile Canicula est aujourd’hui connue sous le nom de « Sirius » (Alpha Canis Majoris) qui vient du Grec « Seirius » , signifiant « brûlant », « ardent ». Comme souvent, les noms des constellations, des planètes ou des corps célestes de notre univers sont en lien avec le divin. Ainsi, Sirius est le nom du chien d’Orion, un célèbre et beau chasseur de la mythologie grecque. La mythologie égyptienne, quant à elle, associerait l’étoile Sirius à Anubis, le dieu des Morts, au corps d’homme et à la tête de chacal.

     

    Source : Claire Conruyt pour Le Figaro

     

     

     

  • Tomorrowland 2018

     

     

    Tomorrowland est le plus grand festival de musique électronique au monde. Chaque année, sa programmation déborde littéralement de DJs parmi les plus populaires et les plus respectés de la planète. Mises en scène démesurées et hallucinantes, feux d’artifices spectaculaires… Tomorrowland est un véritable pays des merveilles électro, unique en son genre.

     

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    Depuis des débuts assez confidentiels en 2005, le festival belge s’est hissé au fil des années au sommet du panthéon de la Dance Music, par son esthétique toujours renouvelée et des line up absolument monstrueux. Depuis 2010, c’est bien simple, tous les meilleurs DJs au monde se donnent rendez-vous chaque année à Tomorrowland. Plus de 15 scènes réparties sur le site qui accueille le festival explorent ainsi toutes les variations du spectre électro : EDM, House, Techno…

    Et chaque année, Tomorrowland régale ses festivaliers en leur proposant des shows de plus en plus démesurés, pour tous les goûts et toutes les envies.

    L’évolution de la Main Stage de Tomorrowland depuis sa création en 2005 reflète ainsi l’ascension fulgurante du plus grand festival Dance de la planète.

    Petit festival tranquille il y a dix ans, Tomorrowland est aujourd’hui un événement Dance de très grande échelle…

     

     

    2005

    En 2005, Tomorrowland ouvre ses portes pour la toute première fois, avec certes une Main Stage de qualité, mais rien de bien exceptionnel.

    Malgré un line up déjà composé de grands noms, avec entre autres Armin van Buuren, Ferry Corsten et Sven Väth, le festival belge ne se distingue pas encore des ses illustres rivaux, comme Coachella ou le Burning Man.

     

     

     

     

    2006

    La deuxième édition s’appuie sur le même concept qu’en 2005, avec cette année-là un oeil grand ouvert sur une foule de fans. Si à première vue le festival affiche plutôt un  look heavy metal, on peut aussi, avec le recul, y voir les prémices de l’esthétique caractéristique de Tomorrowland.

     

     

     

     

     

    2007

    La Main Stage arbore un look simple et dépouillé pour la dernière fois en 2007, s’offrant toutefois quatre écrans et un mur de lumières, éléments qui constitueront un premier pas vers des shows visuels de plus en plus époustouflants.

     

     

     

     

    2008

    Certains verront dans cet impressionnante tête d’animal surplombant la scène un bison, d’autres une tortue…

    Mais c’est bien l’édition 2008 de Tomorrowland qui marque le début d’une ascension fulgurante, avec une Main Stage affichant une esthétique qui deviendra la marque de fabrique du festival.

     

     

     

     

    2009

    On ne va pas se mentir : la Main Stage de 2009 est un peu glauque.

    La taille de la scène impressionne, la touche arty est là, quitte à faire froid dans le dos !

    Et pour refléter le thème de l’année, « Masker » (masque, donc), quoi de mieux qu’une scène démoniaque avec une tête géante à l’énorme bouche, au lipstick bien rouge et à la moustache-pieuvre ? Ambiance chair de poule assurée !

     

     

     

    Petit zoom… Et oui, les DJs sont aux platines, dans la bouche de ce monstrueux personnage…

     

     

     

     

    2010

    Contrastant avec l’édition 2009, Tomorrowland 2010 apporte plutôt paix et amour. Le visage serein et apaisant du « Zon » (soleil) brille sous un arc-en-ciel étincelant, alors que des tours de nénuphars (et pourquoi pas ?) donnent pour la première fois une certaine profondeur à la Main Stage.

     

     

     

     

     

    2011

    Le face du festival change encore une fois en 2011, avec « The Tree of Life », un arbre bienveillant aux racines ancrées dans une forêt enchantée de sucettes et autres champignons délirants.

     

     

     

     

     

    2012

    Le thème « Book of Wisdom » clôt définitement l’ère des toiles de fond simplistes. Comme en 3D, des décors poussent de toute part, et repoussent les limites de la mise en scène du festival.

    De nombreux événements commencent dès lors à s’inspirer de l’univers Tomorrowland, qui nous conte en 2012 les histoires des DJs du monde entier. Une autre page se tourne dans la destinée du festival…

     

     

     

     

    Le succès énorme du « Book of Wisdom » assure la renommée internationale du festival, et contribue à la naissance de TomorrowWorld USA en 2013 et Tomorrowland Brasil en 2015.

     

     

     

     

     

    2013

    « The Arising of Life » accueille les artistes au pied d’un volcan en éruption, dans un décor quasi apocalyptique…

     

     

     

     

    Une mise en scène reproduite pour l’édition USA un an plus tard, avec TomorrowWorld 2014…

     

     

     

    2014

    « The Key to Happiness » reflète vraiment l’âme de Tomorrowland et replace l’humain au centre de la Main Stage, avec ce visage à l’allure de masque inca.

     

     

     

    Tout comme en 2013, le décor de l’édition 2014 sera réutilisé à Chattahoochie Hills pour TomorrowWorld 2015 et Tomorrowland Brasil en 2016, la deuxième (et dernière)  édition du festival en Amérique du Sud.

     

     

     

     

    2015

    Cette année-là émerge de nulle part une impressionnante cathédrale gothique, devenu le temps d’un week-end le temple païen de la Dance Music, avec le grand « Secret Kingdom of Melodia ». Grandiose, la structure est la plus imposante de l’histoire du festival.

     

     

     

     

     

    2016

    Après une célébration de l’architecture gothique en 2015, « The Elixir of Life » reconnecte Tomorrowland à la nature avec la canopée d’un monde mystérieux, surplombant les artistes et les fans de ses arbres tropicaux…

     

     

     

     

     

     

    2017

    Et pour finir (jusqu’à 2018…), le thème de l’année 2017 est le cirque. Pour la seconde fois depuis sa naissance en 2005, le festival se déroulera donc sur deux weekends, avec l’impressionnante « Amicorum Spectaculum », son ambiance carnavalesque et… ses équilibristes. Rien de trop surprenant pour l’événement incontournable qu’est devenu Tomorrowland en 13 éditions !

     

     

     

     

     

    A présent, rendez-vous à Boom, en Belgique, les week-ends des 20, 21, 22 et 27, 28, 29 juillet 2018, pour le Tomorrowland 2018 !

    Live Today, Love Tomorrow, Unite Forever…

    www.tomorrowland.com

     

    Source : Joel Robertson for Festicket Magazine

     

    What if I told you

    That the most ordinary things in life

    can hold mysteries you would never believe.

    Stories waiting to be discovered.

    Take a closer look and be guided on a quest

    that will show you a new perspective on life.

    Somewhere in these endless surroundings

    embraced by the most valuable gifts

    of Mother Nature

    lies a place rarely visited by mankind.

    Follow your coordinates in search of

    fundamental beauty.

    The Story of Planaxis…

     

     

    Discover now the Official Tomorrowland 2018 Aftermovie. Each and every one of you has the rhythm of the ocean beating inside of you. We have connected to that rhythm together… You have answered the call of Planaxis.

     

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  • Chapeau Melon et Bottes de Cuir de retour tout l’été sur Arte

     

     

    En 1976, Patrick Macnee reprenait du service pour de nouvelles aventures de « Chapeau Melon et Bottes de Cuir », épaulé cette fois-ci par la « so sexy » Joanna Lumley et Gareth Hunt, la caution « action » de la fine équipe. Profitons donc de la rediffusion de la seconde série « The New Avengers » sur Arte cet été, tous les jours du 09 au 25 juillet, pour nous replonger dans les arcanes de l’une des séries télévisées parmi les plus mythiques.

     

    « Chapeau Melon et Bottes de Cuir » est le titre français de deux séries télévisées britanniques, « The Avengers » et « The New Avengers », mélangeant espionnage, science-fiction et action, et mettant en scène John Steed, le personnage principal (la seconde série pouvant être considérée comme la suite de la première).

    La seconde série, intitulée en anglais « The New Avengers » (Les Nouveaux Justiciers), fut créée par Brian Clemens et Albert Fennell et se compose de 26 épisodes de 52 minutes. Elle a été diffusée en Angleterre entre le 22 octobre 1976 et le 18 novembre 1977 sur ITV.

    Relancée par le producteur français Rudolf Roffi et coproduite par TF1, la série « Chapeau Melon et Bottes de Cuir » renaît donc en 1976 avec, à la demande du public français, toujours l’inoxydable Patrick Macnee. Secondé par Joanna Lumley (Purdey, qui succède à la mythique Emma Peel et à Tara King), Steed peut désormais aussi compter sur un jeune et fougueux homme de main pour assurer les scènes d’action.

    A ne pas rater sur Arte, du 09 au 25 juillet. Et pour les séances de rattrapage, c’est ici !

     

    Musique : Laurie Johnson

    Production : Associated British Pictures Corp.

    Scénario : Brian Clemens

    Acteur : Patrick Macnee, Gareth Hunt, Joanna Lumley

    Pays : Royaume-Uni

    Année : 1976

     

    Quant à la première série, ayant pour titre original « The Avengers » (Les Vengeurs), elle se compose de 161 épisodes de 52 minutes, dont 104 en noir et blanc, et fut créée par Sydney Newman et Leonard White. Elle a été diffusée du 7 janvier 1961 au 21 mai 1969 sur le réseau ITV.

    Dans la première saison, Steed n’est qu’un personnage secondaire, le héros est le médecin David Keel, joué par Ian Hendry. La fiancée de Keel est tuée par des trafiquants de drogue et Steed, sorte de policier non officiel, l’aide à venger la mort de sa fiancée en faisant arrêter le coupable, d’où le titre anglais de la série, qui signifie « Les Vengeurs ».

    Steed entraîne ensuite le docteur dans d’autres missions où ils vont lutter ensemble contre le crime. On notera la présence récurrente de Carol Wilson (jouée par Ingrid Hafner), secrétaire et partenaire du médecin pour certaines de ses enquêtes. Leur relation assez ambiguë préfigure les futurs duos mythiques de la série. Un des chefs de Steed, One-Ten (1-10, joué par Douglas Muir) qui lui fournit régulièrement des missions jouera également dans la saison 2.

    A noter que seuls deux des épisodes de la première saison ont été conservés en entier (ainsi que les vingt premières minutes du pilote). En effet, la première saison était diffusée en direct à la télévision anglaise sous la forme d’un show TV entièrement tourné en plateau. C’est la raison pour laquelle cette Saison 1 n’est pas considérée comme une « vraie saison » sur le plan commercial : la commercialisation de la série en DVD l’ignore ainsi totalement. La deuxième saison est donc dénommée commercialement « Saison 1 », la troisième saison « Saison 2 » et ainsi de suite.

    Dans la deuxième saison, Ian Hendry parti, le docteur Martin King (Jon Rollason) assiste Steed durant trois épisodes, et Steed devient ensuite le héros de la série. Steed a pour partenaire féminine l’anthropologue Cathy Gale (jouée par Honor Blackman) dans 17 épisodes de la saison, et la chanteuse de cabaret Venus Smith (Julie Stevens), dans six épisodes. Cette saison est un succès grâce notamment à l’arrivée de Cathy Gale, première femme forte de l’histoire de la télévision et dont la relation avec Steed reste avant tout professionnelle même si elle produit étincelles et tension sexuelle par leurs disputes incessantes.

    Dans la troisième saison, Cathy Gale reste finalement la seule partenaire de Steed. Il est élégant, fait preuve d’un flegme inaltérable et d’un humour très britannique. Elle est belle et efficace, souvent habillée de cuir (d’où le titre français de la série). Les scénarios progressent en qualité, probablement grâce à l’arrivée de Brian Clemens. Le nom de ce scénariste-producteur reste attaché à cette série à laquelle il a donné ses lettres de noblesse. La fantaisie, marque de fabrique des saisons suivantes, fait ici son apparition.

    Ces trois premières saisons sont peu connues en France, car elles n’ont jamais été doublées.

    Pour la suite de la première série, vous pourrez toujours vous référer à la très exhaustive page Wikipedia consacrée à « Chapeau Melon et Bottes de Cuir ».

     

    Chapeau Melon et Bottes de Cuir (The Avengers) – Trailer Saison 1 & 2 (1961)

     

    Chapeau Melon et Bottes de Cuir (The Avengers) – Générique 1965-66

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    Chapeau Melon et Bottes de Cuir (The Avengers) – Générique 1967

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    Chapeau Melon et Bottes de Cuir (The Avengers) – Trailer Saison 5 (1967)

     

    La dernière apparition de la mythique Emma Peel dans la série (Saison 6, Episode 1)

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    Chapeau Melon et Bottes de Cuir (The Avengers) – Générique 1968

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    Chapeau Melon et Bottes de Cuir (The New Avengers) – Générique Série 2 (1976-1977)

    [youtube id= »8-lJeLYTHIk » align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

    Et pour le plaisir, la revisite du générique de « Chapeau Melon et Bottes de Cuir » par Alice Mancini…

     

    Ainsi que quelques projets graphiques inspirés par la série…

    https://vimeo.com/search?q=chapeau+melon+et+bottes+de+cuir

    [youtube id= »I_wcBFN-sBQ » align= »center » mode= »normal » maxwidth= »900px »]

     

     

     

     

     

     

     

  • La première chronique de Jean d’Ormesson publiée dans Le Figaro en 1969

     

     

    Le premier article signé Jean d’Ormesson parait dans le journal le 2 mai 1969. Relisons cette lettre ouverte adressée à Jean-Jacques Servan-Schreiber, quelques jours après la démission du général de Gaulle, conséquence du non au référendum du 27 avril 1969. Chronique parue dans Le Figaro le 2 mai 1969 : Lettre ouverte à J.-J. S.-S.

     

    Mon cher Jean-Jacques,

    Voilà longtemps déjà que nous nous connaissons. Je me suis pourtant demandé hier quel âge tu pouvais bien avoir. J’ai beaucoup de sympathie pour toi, et un peu d’admiration envieuse pour les qualités qui ont fait ton succès. Et toi, je crois, tu as de l’indulgence pour moi, et pour les défauts qui n’ont pas fait le mien.

    « Pour la première fois », écris-tu, « pour la première fois dans la vie d’un homme de ma génération, on peut être fier de son pays. » Je me suis frotté les yeux, j’ai relu de nouveau. Rien à faire : « Pour la première fois dans la vie d’un homme de ma génération, on peut être fier de son pays ». C’est écrit, noir sur blanc, au début de ton éditorial, à la page 45 du numéro 929 de l’Express. Les bras m’en sont tombés. Tu as dû naître, j’imagine, dans ce que les Américains appellent le début des années vingt. Je veux bien t’accorder que les premières années n’ont pas vu grand-chose d’exaltant : la France en face de la guerre d’Espagne, ce n’était pas exaltant, en en face de Nuremberg, ce n’était pas exaltant, en face de l’Ethiopie, ce n’était pas exaltant. Et en face de la France, ce n’était pas exaltant. Et Daladier peut-être ne suscitait pas l’enthousiasme, ni l’honnête Lebrun, ni les Croix de Feu, ni la drôle de guerre. Et d’abandon en abandon, les catastrophes et les effondrements n’avaient pas de quoi, en vérité, rendre un jeune Français de notre génération très fier d’être Français.

    J’étais un très petit jeune homme au sein de l’abîme de 1940. Toi aussi, si je ne me trompe. Et alors, c’est étrange, au sein de l’abîme justement, j’ai été pour la première fois fier de mon pays. C’est drôle que tu ne l’aies pas été. J’étais un bon petit bourgeois entre mon père et ma mère, dans un château de famille un peu en ruine. On écoutait beaucoup, autour de nous, le vieux maréchal parler de la défaite. Mais mon père, qui était ambassadeur, très comme il faut, un peu conformiste peut-être, souriant et mondain, écoutait la radio anglaise. Il n’aimait pas beaucoup les militaires. Mais un soir où un obscur général à titre temporaire avait prononcé quelques mots, je lui dis que j’étais fier d’être Français. Et je me souviens très bien qu’il me répondit que j’avais raison d’avoir, pour la première fois dans la vie d’un homme de ma génération, été fier de mon pays. Mais mon cher Jean-Jacques, tu étais né, toi aussi ?

    En 1944, un autre ambassadeur, et très comme il faut lui aussi, et à qui je dois beaucoup, m’avait emmené à un balcon du Figaro voir passer un défilé. C’était un peuple qui défilait. Il y avait les facteurs et les policiers et les ménagères et les dames d’oeuvres. Il y avait mon professeur d’histoire que j’aimais beaucoup et qui s’appelait Georges Bidault. Et puis, il y avait un général qui n’en finissait pas, dont on avait appris à connaître la voix mais dont personne ne connaissait le visage. Et c’était un visage familier, pourtant, puisque c’était celui de la France. Ah ! non, ceux qui sont nés après 1944 ne savent pas ce qu’étaient alors le bonheur et l’honneur et la fierté. Mais mon cher Jean-Jacques, tu étais né, toi aussi ?

    Oh ! je comprends bien ce que tu veux dire. Tu veux dire – et tu as raison – qu’il est exceptionnel pour un pays de répondre non au lieu de répondre oui. Ce pays-ci l’a déjà fait pourtant – et à l’appel de qui ? Tu me répondras : c’est à un plébiscite qu’il est rare de dire non. Je te répondrai que, par définition, un plébiscite auquel un peuple dit non n’est pas un plébiscite. Mais voilà que je fais de la politique. Pardon, je ne voulais pas faire de politique. Tu as tout à fait le droit d’être contre un régime et contre un homme : je me ferais volontiers tuer pour que tu aies ce droit-là. Et je persiste à croire que c’est pour que tu aies précisément ce droit-là que l’homme, dont la chute le rend enfin si fier, a joué et a perdu.

    Et puis, est-ce que ce n’est pas étrange, mon cher Jean-Jacques, d’être si fier – pour la première fois dans la vie d’un homme de ta génération – d’un non sans précédent dans les annales de ta jeune mémoire ? La chute qui -pour la première fois dans la vie d’un homme de ta génération – te rend enfin si fier de ton pays, c’est celle d’un homme qui n’avait peut-être qu’un seul titre de gloire, mais qui ne lui sera pas retiré : celui d’avoir su dire non. Il est vrai que ce n’était pas à un de ces plébiscites dont l’issue te rend si fier de ton pays -pour la première fois dans la vie d’un homme de ta génération : c’était à la tyrannie, à la mort, à la dictature, à la violence déchaînée. Mais, mon cher Jean-Jacques, tu étais né, toi aussi? Allons, allons! Pour la première fois de la vie d’un homme de ta génération, mon cher Jean-Jacques, tu es fier de ton pays parce qu’il a dit non à une politique. Il faudra peut-être tâcher, la prochaine fois, de te rappeler une occasion où, sous la conduite d’un homme qui était bourré de défauts, il avait dit non à l’histoire.

    Jean d’Ormesson

     

     

     

  • La vraie histoire de Jacques Mayol

     

     

    Il y a trente ans, « Le Grand Bleu » de Luc Besson était présenté au festival de Cannes, avant d’enchanter plus de neuf millions de spectateurs en France. Un film devenu culte, et qui nous livrait une évocation très romancée de l’histoire de Jacques Mayol. Un documentaire revient aujourd’hui sur la vraie vie du célèbre plongeur.

     

     

    Trente ans après le succès du « Grand Bleu » de Luc Besson, Jean-Marc Barr prête à voix au documentaire « L’homme dauphin, sur les traces de Jacques Mayol » de Lefteris Charitos, sorti en salle mercredi 30 mai. Le film nous propose ainsi un voyage sur les traces de ce précurseur de la cause écologique et raconte la vraie vie de cet homme qui aura tout sacrifié à sa passion pour la mer.

    Jacques Mayol a suscité bien des vocations, fait rêver avec ses plongées dans les abysses, tout en nous ouvrant les yeux sur la beauté et la fragilité des océans. Mais le Jacques Mayol du « Grand Bleu » n’est pas le bourlingueur, bohème, né à Shanghai en 1927 et qui s’est donné la mort en 2001, dans sa maison de l’île d’Elbe.

    Ce documentaire rétablit la vérité, celle d’un homme qui se rêvait dauphin, avec ses parts d’ombre, le premier à franchir la barre des 100 mètres en apnée en 1976. Quand sort le film de Luc Besson en 1988, Mayol a 61 ans, il est d’une autre époque et vit mal le succès du « Grand Bleu » qui éclipse sa propre vie. Jean-Marc Barr qui a joué son personnage à l’écran, prête sa voix au documentaire, dans lequel il lit des extraits du livre de Mayol, « Homo Delphinus ».

     

    « La mer est à l’origine de la vie. A la contempler, on éprouve un sentiment d’harmonie. »

     

    « Personne ne s’attendait à un tel succès pour « Le Grand Bleu », à tel point que lorsque les gens évoquaient Jacques Mayol, ils voyaient ma gueule et plus la sienne, tant le succès du film a éclipsé l’identité du vrai bonhomme… Le documentaire remet les pendules à l’heure, car l’histoire de ce vrai bonhomme est bien plus intéressante que celle du personnage que j’ai incarné. » (Jean-Marc Barr à propos de Jacques Mayol)

    « Jacques m’a fait un cadeau exceptionnel en me permettant de camper son personnage. J’ai appris l’apnée mais le film m’a surtout aidé à choisir mon chemin, ma route, en tant qu’acteur. Aujourd’hui, après trente ans de métier, je pense que « Le Grand Bleu » est un film qui inspire toujours autant, qui continue à faire vibrer en nous ces émotions que nous avons ressenties à l’époque en le faisant, mais qui surtout célèbre un homme qui a encore un message très important à faire passer. » (Jean-Marc Barr à propos du « Grand Bleu »)

    « Soudain, cette chose si sensuelle qu’est la mer nous ouvre les portes d’une forme de spiritualité, quand on est dans ses profondeurs. Et là, ça n’est plus l’intellect qui nous guide, mais l’esprit… Ce qui restera quand on sera mort, en quelque sorte. Cette chose qui devient physique et poétique à la fois, quand on surplombe ce bleu immense, qu’on y plonge et qu’on entre dans cet univers qui nous emporte, c’est vraiment me mettre au contact de ma propre insignifiance… D’un coup, je peux imaginer ma mort. Ca n’est peut-être qu’un fantasme, mais l’expérience est tellement sensuelle et spirituelle. » (Jean-Marc Barr à propos de la mer)

     

    Et c’est un personnage insaisissable qu’on découvre dans « L’homme dauphin, sur les traces de Jacques Mayol ». Un homme libre, qui a vécu en Chine, au Japon, en Suède, aux Etats-Unis, qui a abandonné femme et enfants quand il découvre les dauphins, qui a connu un immense chagrin d’amour lorsque sa compagne Gerda a été assassinée en 1975 en Floride. Mayol a été chauffeur pour stars à Hollywood, il a joué de son charme, s’est initié passionnément au yoga, un personnage hors norme qui a souffert de la solitude, alors qu’il fuyait le monde dans les grandes profondeurs des océans.

     

    « Chaque être humain, mais plus particulièrement quelqu’un comme Jacques Mayol, a en lui sa part de génie et en même temps d’horreur. Jacques a décidé d’assouvir sa passion, jusqu’au bout, mais il a fait beaucoup de dégâts autour de lui. Il a sacrifié sa femme, son garçon et sa fille. Il a vécu par instinct, comme un jeune homme de 20 ans, jusqu’à 70 ans… You can beat everybody but not father time. On peut leurrer tout le monde, sauf le père-temps. »

    « Et il s’est retrouvé à un moment avec le corps qui ne suivait plus. Et surtout seul… La liberté a un prix. Se retrouvant ainsi, soit il assistait à sa lente décomposition, soit il se plongeait lui-même dans cet état qu’il avait recherché toute sa vie. Il s’est pendu, peut-être pour ressentir une dernière fois cette ivresse des profondeurs. On s’est parlé deux semaines avant sa mort, j’écoutais ce qu’il me disait, mais je n’avais pas de solution à lui apporter…. » (Jean-Marc Barr à propos de Jacques Mayol)

     

    « Imaginez à présent que vous êtes un dauphin… Libre de vivre au gré de vos besoins. Il y a un dauphin qui dort en chacun de nous. »

     

    « L’homme est à la recherche de ses origines. Et depuis une vingtaine d’années, il me semble avoir découvert que l’homme est finalement beaucoup plus aquatique qu’on ne le pensait. » (Jacques Mayol)

     

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  • Manifesto de Julian Rosefeldt, au cinéma le 23 mai

     

     

    Manifesto rassemble aussi bien les manifestes futuriste, dadaïste et situationniste que les pensées d’artistes, d’architectes, de danseurs et de cinéastes tels que Sol LeWitt, Yvonne Rainer ou Jim Jarmusch. A travers treize personnages dont une enseignante d’école primaire, une présentatrice de journal télévisé, une ouvrière, un clochard, Cate Blanchett scande ces manifestes composites pour mettre à l’épreuve le sens de ces textes historiques dans notre monde contemporain.

     

    [MANIFESTE] n. masc. : déclaration écrite, publique et solennelle, dans laquelle un artiste ou un groupe d’artistes expose une décision, une position ou un programme. Voilà donc toute une littérature dont le cinéma ne s’était, jusqu’à présent, pas emparé. Réalisé par l’artiste et vidéaste allemand Julian Rosefeldt, enseignant à l’Académie des beaux-arts de Munich, « Manifesto » redonne vie à treize textes fondateurs de l’histoire de l’art et des idées, incarnés par Cate Blanchett.

    Devenant tour à tour une tradeuse, une punk ou une présentatrice TV, l’actrice donne un visage contemporain à ces textes de cinéastes, d’architectes mais également d’artistes dadaïstes, futuristes ou surréalistes, pour mieux nous faire entendre leur inépuisable modernité.

    A l’origine, « Manifesto » n’était pas un film. Ce film est une exposition. Une exposition où les treize portraits incarnés par Cate Blanchett étaient joués simultanément. Une à une, les vidéos représentent un manifeste, de penseurs, artistes, architectes, cinéastes.

    Si elle a déjà été transformée pour des rôles emblématiques (Hela dans « Thor Ragnarok », Galadriel dans « Le Seigneur des Anneaux »…), c’est la première fois que l’actrice dévoile autant de facettes en si peu de temps. Et c’est un véritable challenge. Dans chacun des manifestes, elle est la seule à s’exprimer à l’écran, malgré la présence d’autres acteurs. Déjà visible dans la bande-annonce, la talent de Cate Blanchett transparaît pour faire de ces manifestes complexes un terrain de jeu.

     

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    Manifesto, Official Trailer

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  • Ulysse Terrasson, un auteur « Plein de Promesses »

     

     

    Ulysse Terrasson est un auteur « Plein de promesses ». Le format autant que l’écriture, les personnages et leur histoire contribuent à la réussite de ce premier roman dont le succès à venir est sans nul doute assuré. Car ce n’est pas un petit livre anecdotique.

     

    Dans ce roman, il y a plusieurs niveaux de lecture. Le plaisir, d’abord : le ton est à l’humour, omniprésent, aux phrases choisies, travaillées pour être percutantes. Les chapitres sont très courts, rythmés. L’émotion ensuite, produite en grande partie par une tendresse infinie qui émane de l’écriture. La verve transpire de chaleur et de bienveillance à l’égard des ces personnages parfois malmenés par les mots, mais pour lesquels on sent une immense affection. Et enfin l’histoire, dont on a tant envie de connaître l’issue.

    Qui remportera les suffrages d’Ulysse, ce jeune homme de presque vingt ans dans quelques jours, qui navigue entre Ingrid et Claire, Victor et Marius, son appartement et L’Esprit Vin, Paris et Montpellier, Nicolas Rey et Frédéric Beigbeder ? Car, au-delà du passage à l’âge adulte, l’auteur nous raconte un parcours amoureux. On est surpris de manière assez globale, qu’un jeune de dix-neuf ans parle en ces termes du couple, de la paternité, des enfants. Et il en est beaucoup question. Le père, ou plutôt le papa, prend une place assez importante dans le livre. Le papa qu’on a eu et celui qu’on va devenir. Les enfants, ceux des autres, celui qu’on a été, ceux de la fratrie, ceux que l’on regarde par la fenêtre, un des thèmes forts du livre avec la relation amoureuse et la maturité.

    Pour Instant City, Ulysse Terrasson a accepté de répondre à nos questions. De cet échange a émergé la partie cachée de l’iceberg, une comparaison qui lui est chère. Les personnages en première lecture égoïstes ou narcissiques eu égard à leur jeune âge, un peu immatures aussi, apparaissent en fin de roman transformés. On sent qu’une prise de conscience a eu lieu. Le passage de dix-neuf à vingt ans, comme la traversée d’une rive à l’autre, de l’état d’enfant à celui d’adulte, s’accompagne d’une compréhension du monde adulte. Il s’agit de faire des choix, de comprendre la relation à l’autre, de vouloir en toute conscience tirer parti des événements plutôt que de les subir.

    Explications par l’auteur lui-même, riche d’un univers déjà bien construit.

     

    Instant City : Bonjour Ulysse, comment est-ce qu’on se sent à trois jours de la sortie de son premier livre ?

    Ulysse Terrasson : On se sent comme un type qui est interviewé pour la première fois de sa vie. C’est très excitant. Depuis un mois, je m’amuse à faire un compte à rebours sur Facebook et Instagram. Chaque jour, hop, un petit post. Des choses évidentes comme la couverture du livre, deux-trois citations, les dédicaces prévues… Mais aussi d’autres choses plus intimes, plus personnelles. Quand j’ai tenu « Plein de Promesses » pour la première fois dans mes mains, par exemple. Et là, aujourd’hui, c’est cette interview que je veux partager. Ce moment. Ce jour historique qu’est J-3, pour moi.

     

    Instant City : Comment imaginez-vous les jours, les semaines qui vont suivre cette sortie ?

    Ulysse Terrasson : Je les imagine comme des jours qui se suivent mais ne se ressemblent pas. Il y a cette chose incroyable qui apparaît en même temps qu’un livre : les dédicaces. Et il y a cette chose encore plus incroyable : la complicité entre les dédicaces en question et mon cheminement personnel. À Montpellier, par exemple. Je bosse parfois en intérim à la Fnac de Montpellier. Et bim, où vais-je dédicacer vendredi 19 mai ? À la Fnac de Montpellier. De même, j’ai travaillé quatre années de suite à la Comédie du Livre. Je faisais partie de l’équipe des bénévoles qui s’occupent des écrivains, les amènent sur leurs stands pour dédicacer, à tel ou tel café pour qu’ils soient interviewés… Et bim, où vais-je dédicacer le week-end du 25 au 27 mai ? À la Comédie du Livre. Je trouve ça magique. Les semaines qui vont suivre et ne pas se ressembler seront pour moi une gigantesque enquête, à découvrir et comprendre l’arrière du spectacle…

     

    Instant City : Si vous deviez vous présenter à vos futurs lecteurs ?

    Ulysse Terrasson : D’abord, je leur dirais bonjour. Parce que la politesse, c’est essentiel. En tout cas, le grand philosophe Vald semble de cet avis… (Rires). Et puis, ensuite, je ne sais pas, je leur parlerais de l’éternelle difficulté pour la jeunesse d’exister par elle-même. De « La Confession d’un enfant du siècle » chez Musset, devenue 150 ans plus tard le « Monde sans Pitié » d’Eric Rochant. Peut-être aussi des « 37°2 le matin » de Philippe Djian et de Jean-Jacques Beinex. Parce que « Plein de promesses », c’est un peu tout ça à la fois. C’est essayer de sauvegarder sa jeunesse tout en jouant le jeu du réel autour de soi. Comment survivre à l’éloignement de nos plus proches ? Comment s’aimer quand la magie des rencontres est remplacée par les algorithmes de Tinder ? Et surtout : comment rester jeune quand la publicité nous interdit de vieillir, et en même temps comment vieillir quand le monde du travail nous interdit de rester jeune ?

     

    Instant City : Selon vous, qu’est-ce qui vous définit ?

    Ulysse Terrasson : Je dirais : l’intimité. Mon but ultime, c’est d’être l’écrivain de l’intime. Mais une intimité qui se mêle à une ambiance un peu rock. Mes lectures préférées sont toutes comme ça : elles allient l’émotion des grands moments au fun des plus petits. Et plus que mes lectures, on peut dire que mes histoires préférées sont toutes comme ça. Ce que j’aime, au fond, c’est le genre de la comédie dramatique. S’il y a autant de dialogues dans mes écrits, c’est parce qu’il y a énormément de séries TV parmi mes influences. Je pense à « Californication », mais aussi à « How I Met Your Mother », « Friends »…

     

    Instant City : Racontez-nous la genèse de votre roman.

    Ulysse Terrasson : Au début, c’était très intime. Je piochais dans mon vécu pour en faire des nouvelles. Mon but, c’était de traduire mes émotions le plus fidèlement possible, en les transposant sur la page le plus sincèrement possible. Et, idéalement, de dégoter une petite vérité universelle là-dedans. J’étais très attiré par le romantisme américain des Bukowski, John Fante, Kerouac, Henry Miller… Ce mélange entre la vie insérée dans l’écriture et l’écriture insérée dans la vie. Et un jour, j’ai sauté le pas. J’en ai envoyé une à Nicolas Rey. Et il l’a aimée. Je me souviendrai toujours de ce moment-là. Dans la nuit, le téléphone sonne. Et c’est Nicolas Rey. Je me demande si je ne suis pas en train de rêver. Après tout, c’est la nuit. Et il me dit que ce n’est pas une nouvelle, ce que je lui ai envoyé. Que c’est le début d’un roman. Qu’il me faut écrire le roman. Et voilà. Qu’auriez-vous fait à ma place ? Vous vous seriez recouchée ? (Rires)

     

    Instant City : Comment avez-vous travaillé ?

    Ulysse Terrasson : En interrogeant beaucoup mes amis. C’est ensemble qu’on a convenu d’une « crise de la vingtaine ». Dans un monde qui va toujours plus vite, où les plus jeunes obtiennent plus tôt les choses des plus grands, ça nous est apparu comme une évidence : on vieillit de plus en plus jeune. D’abord, il y a eu la crise de la cinquantaine. Ensuite, celle de la quarantaine. Enfin, celle de la trentaine. Et maintenant, voili voilou : la crise de la vingtaine. Bon, ça ne veut peut-être pas dire grand-chose. Mais quand j’imagine un monde où tout est devenu à portée de main, de doigts, de clics, quand je pense à la génération de mes parents, poireautant pendant des heures dans l’espoir d’un appel, le téléphone fixe sur les genoux, rêvant à l’intonation d’une voix, aux choses qui seront dites, et quand je me rappelle avec quelle précipitation la mienne de génération a eu accès à tout ça, et encore plus, je me dis : ça a tué l’attente, la magie de l’attente. Même au cinéma, on peut réserver nos places à présent. Pour le prochain Star Wars, je n’aurai pas à patienter trois plombes dans une queue interminable : j’ai juste à être au Gaumont Multiplexe, place M17, à 13h20. Sauf que l’imagination vient justement de cette attente, de cette frustration, de cette incompréhension.

    Bref, c’est comme ça que j’ai écrit « Plein de Promesses » : en reprenant goût à cette attente, cette frustration, cette incompréhension. En débranchant Internet, d’abord. En éteignant mon portable, ensuite. Et en m’enfermant chez moi ou dans un café (l’Esprit Vin), enfin. Pour écrire vraiment. C’est-à-dire : en essayant de piger les choses par moi-même, plutôt qu’en les googlisant. Mais j’interrogeais aussi beaucoup mes potes sur leur rapport au couple, aux amis, aux parents, à l’avenir – à la vie, quoi. Parce que je voulais savoir ce qu’il y avait de commun à cette génération, au-delà de mon petit cas personnel. Je voulais embrasser la vie d’un jeune homme de presque vingt ans et en saisir les rêveries, les fantasmes, les émotions, sans les étouffer tout de suite par l’immédiateté des technologies. Ça a tout déclenché. Les chapitres sont très courts, mais c’est une rapidité qui va de paire avec l’époque. C’est une suite d’épisodes avec les mêmes personnages, mais c’est comme ça qu’est faite la vie. C’est encore parfois très naïf, mais c’est une naïveté qui va de paire avec l’âge décrit. Enfin, j’aime à le croire… Ça me rassure de penser que c’est fait exprès… (Rires)

     

    « Le meilleur café de Montpellier – et donc du monde – se situe au 3 place Chabaneau. Cette place est si merveilleuse que Francis Ponge en personne a décidé d’y naître, le 27 mars 1899. Ça n’est nullement une coïncidence. L’Esprit Vin est à côté. » (p. 14)

     

    Instant City : Vous êtes chez vous maintenant à l’Esprit Vin (auquel un chapitre est consacré) ?

    Ulysse Terrasson : C’est mon Q.G. ! D’ailleurs, à ce sujet, une petite anecdote que je trouve rigolote. J’étais censé recevoir quelques exemplaires du livre avant sa sortie. Plusieurs fois par jour, j’allais voir du côté de ma boîte aux lettres si le colis était arrivé. Avec mon père, on s’appelait souvent : « Tu l’as reçu, toi ? Dis, est-ce que tu l’as reçu ? », « Non, pas encore. », « T’es sûr ? Tu ne me mens pas afin de le garder pour toi ? », « Non, je t’assure. », « Ouais, c’est ça, je veux une preuve ! » (Rires). Bref, j’avais hâte de tenir l’objet dans ma main. Et puis, un jour, je reçois un appel. Mon père. « Va faire un tour à l’Esprit Vin, une surprise t’y attend ». Curieux, je suis son jeu de piste. Et sitôt arrivé, le serveur me sort un petit colis et, vlan ! Je me retrouve à tenir le livre dans mes mains, l’objet, la matérialisation d’un rêve, pour la première fois de ma vie. C’était le bonheur ! J’aime cette idée d’avoir un petit endroit pour soi, pour venir écrire, pour rejoindre ses potes, comme le prolongement de son propre appartement – et de soi, un peu, par la même occasion. Philippe Jaenada a son Bistrot Lafayette ; Frédéric Beigbeder a son Café de Flore ; j’ai mon Esprit Vin. J’aime cette idée d’un écrivain dont la vie intime est accessible à tout le monde. Et je continue d’y aller. Plusieurs fois par semaine, même…

     

    Instant City : Comment s’est fait le choix de l’éditeur « Bamboo Edition » ?

    Ulysse Terrasson : Ça s’est fait en deux temps, en fait. Comme Bamboo publiait seulement des BD, je n’avais pas pensé à leur envoyer un manuscrit. C’est mon père qui, auteur chez eux, curieux de savoir ce qu’ils en penseraient, leur en a envoyé un Long story short, ce qu’ils ont lu leur a plu et ils ont voulu l’adapter en BD. Je n’étais pas contre, mais je faisais la fine bouche parce que je voulais le publier en roman – d’abord. Si je me permettais de faire le compliqué comme ça, c’était parce que, au même moment, Flammarion s’intéressait à moi. Pendant une année, Robert Macia des éditions Flammarion et moi avons rebossé le manuscrit comme des malades mentaux. Voilà pour le premier temps. Sauf que, au bout de la dix-neuvième version, ça ne lui plaisait toujours pas et on a laissé tomber. Et puis, pouf : le deuxième temps. Par je ne sais quel miracle, Bamboo a fait : « Bon, rien à foutre, on ouvre une section littérature ! Ulysse, tu te joins à nous ? » J’étais tellement honoré, je me suis empressé d’accepter.

     

    Instant City : Qu’est-ce que vous appelez « rebosser sur un manuscrit » ?

    Ulysse Terrasson : Ce petit enfer qu’est la grande minutie. Hemingway racontait que le premier jet de n’importe quoi était de la merde. Je ne sais pas pour lui, mais pour moi, c’est sûr à 100 %. D’ailleurs, c’est ce que m’a raconté Robert Macia lorsque mon manuscrit a atterri sur son bureau : « Le potentiel n’est pas suffisamment exploité. Allez, au boulot ! ». J’ai eu de la chance. Il a réussi, par je ne sais quel miracle, à dégoter un peu de potentiel derrière le fouillis de mon texte. Il me l’a ensuite renvoyé, raturé au possible – de notes pertinentes, avec du rouge partout, j’avais l’impression de retourner à l’école. Il m’a donné de nombreuses pistes de travail et de réécriture : passages à modifier, passages à rajouter, passages à laisser tomber. Au tout début, il y a eu une intuition : le premier jet était la tentative d’exprimer cette intuition dans une forme romanesque. J’ai énormément écrit. Le plus souvent, tôt le matin ou tard la nuit ; j’étais en classe prépa, je venais de me faire larguer, je manquais de temps. Par je ne sais quel miracle, j’ai réussi à écrire 800 pages en une année. Ces 800 pages furent cette tentative. Ensuite, il a fallu tout retoucher et retourner à l’intuition initiale, revenir à l’émotion première. Robert Macia m’y a sacrément aidé. En fait, quand j’y pense, ce livre n’est pas si éloigné de la première version. C’est la première version qui s’éloignait du livre, plutôt…

     

    Instant City : Dans quelle mesure votre roman est-il autobiographique ?

    Ulysse Terrasson : Aïe, la question qui fâche ! (Rires). Je me rappelle Nicolas Rey me donnant un superbe conseil, une fois : « Quand tu écris et que tu penses : « Oups, non, ça c’est trop perso, pas moyen de révéler ça, c’est mon secret », eh bien, c’est très simple : tu vires tout ce qu’il y avait avant et tu commences là. Parce que c’est là que ça devient intéressant. ». Et je crois qu’il a raison. Je pense comme lui que, si ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort, ce qui nous tue un peu nous rend plus vrai. C’est pourquoi le livre est autant autobiographique. Parce que c’est dans les secrets, dans ce qu’on cache habituellement, que le lecteur se retrouve vraiment – enfin, je crois. Céline disait qu’il fallait « mettre sa peau sur la table ». Et c’est aussi un peu ça, « mettre sa peau sur la table », pour que le lecteur ensuite se glisse dedans…

     

    Instant City : Que ressent-on au moment de donner à lire le contenu à son entourage ?

    Ulysse Terrasson : On fait les cent pas dans son appartement, en se posant mille questions. Oui, quelque chose dans le genre : un pas, dix questions. Mais ce n’est pas aussi angoissant qu’on peut le croire. Au contraire. Bon, je suis peut-être maso sur les bords, mais je crois que j’aime carrément ça. J’aime que mon entourage me connaisse vraiment, comme j’aime à le connaître tout à fait. J’ai une bande d’amis qui sont pour moi une véritable famille, avec qui on déconne pas mal, mais avec qui on se dévoile beaucoup aussi. Et je refuse de leur cacher quoi que ce soit, parce que c’est très désagréable d’être aimé pour ce que l’on n’est pas. C’est tricher. Et les décevoir parfois fait partie du jeu. Même si, bien sûr, les décevoir parfois n’arrive jamais…! (Rires)

     

    Instant City : Quelle a été leur réaction ? Dans le livre, vous décrivez celle de Claire qui le prend plutôt mal…

    Ulysse Terrasson : Oh oui, Claire… Je m’en veux toujours, pour Claire… Au fond, il y a eu quelque chose comme trois sortes de réactions. La réaction style Claire : « Adios, tu n’es plus mon amigos ! ». La réaction qui n’en est pas vraiment une : « Je n’arrive pas à croire que tu aies écrit un roman entier, c’est dingue ! ». Et la réaction plus positive : « J’ai l’impression de te connaître davantage, et pour ça j’ai l’impression de t’aimer davantage. ». Aussi étrange que ça puisse paraître, je préfère cette dernière sorte de réaction. Avec mon amoureuse, par exemple, c’est ce qui s’est passé : on se draguait un peu, et puis je lui ai mis mon manuscrit dans les mains. Et elle a eu l’impression de me connaître davantage. Et juste pour ça, je suis l’écrivain le plus heureux du monde !

     

    Instant City : Quels retours avez-vous de votre livre ?

    Ulysse Terrasson : Il y a votre retour, qui me fait extrêmement plaisir… En fait, il n’y en a pas encore vraiment. Pas assez, du moins. J’attends la sortie du livre ! Même les critiques, celles qui m’enfonceront six pieds sous terre, je les attends de pied ferme. Bien sûr, je veux écrire des livres que j’aimerais lire. Mais je veux aussi écrire des livres que les autres aimeraient lire. Et pour ça, je veux absolument progresser. M’améliorer. Bon, je ne rechignerai pas non plus sur les compliments, hein… Je ne sais pas pourquoi, je les trouve globalement supportables… (Rires)

     

    Instant City : Quelles valeurs vous sont les plus chères ?

    Ulysse Terrasson : Je dirais l’amour et la communication. Toutes les histoires commencent avec un manque de communication. Ça marche aussi bien avec les livres, les films, qu’avec la réalité. Quelqu’un cache quelque chose à un autre quelqu’un, et c’est parti pour les quiproquos, les malentendus, les disputes. Au fond, je crois que tous les problèmes du monde sont liés à l’ego : parce qu’on veut avoir un coup d’avance sur l’autre, parce qu’on cherche le contrôle plus qu’on ne s’abandonne, la communication vient à manquer. Et ainsi l’intimité. Et ainsi l’amour. Mais pourquoi a-t-on si peu confiance en soi qu’on craint pour notre sécurité intime ? C’est sûrement très naïf, voire carrément utopique, mais si, là maintenant, tout le monde osait se dire ce qu’il avait sur le cœur, franchement, que se passerait-il ? Les gens se comprendraient, non ? Et peut-on haïr quelqu’un qu’on comprend, quand ses lâchetés sont des failles déguisées en frimes ? Qu’est-ce qu’on a à perdre, en gagnant à redevenir humain ? Ah, euh, oups ! Pardon d’être devenu sérieux, tout à coup ! (Rires)

     

    Instant City : Parlez-nous du choix du format : des chapitres très courts.

    Ulysse Terrasson : Ça va de paire avec les séries TV que je regarde, et un conseil que m’a donné Nicolas Rey. Les séries TV, d’abord. J’ai remarqué un truc : quand je me mate un film, je le regarde jusqu’à la fin et puis voilà. Quand je me mate une série, je suis poussé par le désir de binge-watcher. Et le soir, je me retrouve à passer plus de temps devant l’écran. Alors, je me suis demandé pourquoi, sachant que les épisodes de séries sont plus courts. Et j’ai réalisé ceci : justement, ils sont plus courts. Suffisamment longs pour faire avancer la narration, et suffisamment courts pour fabriquer une petite frustration. C’est comme avec les cigarettes : à peine le temps d’en savourer une qu’elle est déjà finie. Alors, pourquoi ne pas s’en griller une autre ? Le chapitre court, c’était le moyen de créer l’équivalent de la série TV en littérature : en recréant cette petite frustration qui pousse au chapitre suivant. Le rêve de tous les écrivains, c’est que le lecteur ouvre son bouquin à 22 ou 23 h, pensant : « Je vais lire dix-quinze pages et dormir », et puis qu’il le referme à 3 h du matin en maudissant l’auteur. Ensuite, le conseil de Nicolas Rey. Il m’a dit : « L’essentiel d’un chapitre, c’est son accroche et sa chute. Ce qu’il y a à l’intérieur, au fond, le lecteur s’en fout. Ça l’emmerde. Et retiens ceci, Ulysse : il est absolument interdit d’emmerder le lecteur. » La parole de Nicolas Rey est une parole biblique, pour moi. Alors, j’ai fait tous mes efforts pour retenir ce conseil…

     

    Instant City : L’inclusion de six chapitres « mon enfant » : leur rôle, leur rédacteur ?

    Ulysse Terrasson : Là aussi, ça vient de deux choses. Il y a eu la chanson de Benjamin Biolay : « Ton héritage ». Et ensuite, il y a eu un mot écrit par mon père pour mes vingt ans. Ma sœur m’avait fait un truc formidable, pour mes vingt ans. Elle avait rempli un livre vierge d’un tas de photos de nous, de moi, de tout, quoi. Elle avait demandé à tous mes proches d’écrire un quelque chose à mon sujet, et elle avait tout glissé à l’intérieur. Parmi ces proches, forcément, il y a eu mon père. Et il m’avait écrit un quelque chose sur le temps qui passe, mon premier appartement, et pourquoi je ne retournais pas vivre chez mes parents. Ce petit mot m’a tellement ému que j’ai voulu l’insérer dans le livre. C’est le premier chapitre « mon enfant ». Et j’aimais tant le principe que j’en ai écrit cinq autres dans la même veine. Les chapitres « mon enfant » étaient pour moi l’occasion de faire le point sur ma vie, mon passé, mais également le moyen de parler à l’enfant qu’hypothétiquement j’aurai un jour. Que j’ai cru être sur le point d’avoir – mais je n’en dirai pas plus, pour ne pas spoiler. Au fond, je crois que « Plein de Promesses » ne raconte pas tant le passage à la vingtaine que le passage en général. L’idée du passage. Passage du temps, passage à la vie adulte, passage d’une génération à une autre… La transmission, si on veut. Et qu’est-ce que l’écriture, sinon une forme de transmission ?

     

    Instant City : Nicolas Rey et Frédéric Beigbeder sont vos mentors dans le livre : qu’est-ce qui vous plait chez eux ?

    Ulysse Terrasson : Dans son bouquin « Ardoise », Philippe Djian note un truc intéressant : que tous les livres qu’on lit, on les lit pour retrouver l’émotion du tout premier. Celui qui nous a ouvert les portes de la lecture. Il va encore plus loin : cette émotion originelle, c’est celle que tous les écrivains, ensuite, tentent de reproduire dans leurs écrits. Et pour moi, le tout premier livre, celui qui m’a donné le déclic, c’est « L’amour est déclaré » de Nicolas Rey. J’avais déjà pris quelques claques, avant ça. Je me rappelle « Sur la Route » de Kerouac, « Le Petit Prince » de Saint-Exupéry, « L’amour dure trois ans » de Beigbeder. Mais avec ce livre, Nicolas Rey ne s’est pas contenté d’une claque. Il m’a giflé si fort que ma vie entière s’en est retrouvée chamboulée. Je me souviens avoir ouvert le livre, m’être dit : « Bah, je vais lire dix-quinze pages et refermer le truc », puis m’être pris la première phrase dans la tronche, puis m’être pris toutes les autres aussi. J’avais l’impression d’une rencontre, pas tant avec un livre, qu’avec une âme. Une vraie personne. Un frère. J’aime cet homme. J’aime sa sincérité et ses déguisements empruntés, sa mélancolie, ses joies, son romantisme excessif comme ses confidences pudiques.

    Je me souviens, après deux-trois pages, avoir pensé : « Eh mais ça claque ! Moi aussi, je veux faire ça ! » C’est pourquoi il a autant d’importance pour moi. Parce qu’il en a eu une immense sur ma vie. Parce que c’est lui qui m’a donné envie d’écrire. Au début, bien sûr, j’ai eu envie de « faire comme ».  J’ai passé des heures à recopier sur mon ordi mes livres préférés, intégralement, afin d’en comprendre la structure, pourquoi tel chapitre est placé à tel endroit, comprendre comment tout cela est construit, et puis le style, les mots, les phrases, les paragraphes, apprendre, apprendre, apprendre. Chez Beigbeder, c’est son don pour l’aphorisme qui m’épate. « L’amour dure trois ans », « 99 francs », ce sont deux suites ininterrompues d’aphorismes déguisées en romans. Tout un tas de petites phrases que j’ai envie d’apprendre par cœur. Comme si elles avaient été écrites pour se retrouver sur Evene ou Babelio. J’adore. Et puis, il y a ses titres. « L’amour dure trois ans », par exemple. Ça fait partie du top trois de mes titres préférés. Définitivement. Avec « J’aimerais que quelqu’un m’attende quelque part » et « Quelques uns des cent regrets ». J’adore !

     

    Instant City : Parmi vos influences, vous citez « Californication », la série de Tom Kapinos jouée par David Duchovny.

    Ulysse Terrasson : Ça mêle intime et rock : ça aussi, j’adore. C’est du Bukowski mis à l’épreuve du format série. Par contre, Tom Kapinos n’est pas le seul derrière les manettes. Jusqu’à la saison 5 – il me semble –, il travaillait sur le scénario avec Gina Fattore. Et son aide à elle était essentielle : à la seconde où elle est partie, la série a tout perdu de ses envoûtements. Tom Kapinos, solo, s’est mis à se répéter, à devenir un cliché de lui-même, à faire et refaire du sous-Bukowski invraisemblable. Mais avant, ah la la, avant ! C’était un riff de Jimmy Page enrôlé autour d’un poème de Raymond Carver. C’était profondément léger, et romantique, et drôle, et triste, et humain. C’était, et c’est toujours, une gigantesque source d’inspiration pour moi.

     

     

     

     

    Instant City : Traitons de ces thèmes qui se dégagent de votre roman. Tout d’abord, la paternité. On sent bien la transformation entre l’avant et l’après vingt ans. Au départ, un jeune plutôt ado, enferré dans le reproche vis-à-vis de son père, puis cet adulte qui prend conscience qu’il y a un homme derrière ce père.

    Ulysse Terrasson : Ce qui m’intéressait dans le traitement d’une « crise de la vingtaine », c’était toutes les petites transformations qui changent un enfant en homme. Qui dans son entourage est le mieux placé pour lui filer un conseil, sinon son papa ? Sauf qu’Ulysse ne le voit pas de cet œil-là. Sur le moment, il préfère se chercher un nouveau père, en quelque sorte un mentor, dans ces figures d’écrivains qu’il adule. Sauf que, tous ces écrivains s’avèrent de la même trempe que son père : une génération d’hommes qui sortent, voient leurs amis, font la fête, souvent travaillent, ne sont donc pas forcément disponibles ou partent du principe qu’il vaut mieux laisser la jeunesse grandir par elle-même – en les laissant faire leurs propres choix, leurs propres erreurs. Toute sa vie, le héros a vu son papa comme ce type inaccessible alors que, en réalité, c’était seulement lui qui le rendait inaccessible. Il l’a tellement idéalisé qu’il en veut à présent à ce père d’être une version idéalisée de lui-même. Parler du père, c’est parler d’une version idéalisée de soi. Or, il faut accepter que le père soit juste un être humain. Derrière la fonction, il y a un homme qui a vécu et qui a plein de choses à nous apporter. Il faut sortir de l’idéalisation.

     

    Instant City : Vous avez écrit cette phrase magnifique : « Freud avait tort. Il ne s’agit pas de tuer le père, mais de lui donner naissance. » (p. 83)

    Ulysse Terrasson : Oh, merci ! Oui, c’est une de ces petites phrases que j’apprécie beaucoup dans le roman. Ça arrive justement au moment où le héros réalise qu’il a fait le con. Et puis, que la relation père-fils se déroule en deux temps : d’abord, le père permet la naissance du fils ; ensuite, le fils permet celle du père. Il découvre l’homme caché derrière la représentation qu’il s’est faite du père : un homme, juste un homme, qui fait de son mieux au quotidien, un homme comme lui-même en est un.

     

    Instant City : Le second thème, c’est la relation amoureuse des jeunes vingtenaires. On ressent à nouveau cette dualité objet du  livre : rester enfant ou devenir adulte,  la liberté sexuelle ou la quête d’un bonheur durable en couple, la parentalité ou l’avortement. Le ton utilisé pour parler des femmes oscille entre sexe et romantisme. On retrouve là beaucoup l’univers de Beigbeder et de « L’amour dure trois ans ». La femme à la fois considérée comme un partenaire sexuel et comme une Vénus transformée en Graal. Le héros oscille entre le bad boy et l’hyper romantique.

    Ulysse Terrasson : C’est vrai, il y a un peu de ça. Cette attitude a peut-être à voir avec le travail solitaire de l’écrivain qui plonge dans son intériorité. Quand on a passé le cul vissé sur une chaise pendant de longues semaines, à s’efforcer de traduire en mots ce qui nous anime à l’intérieur, eh bien, ça nous éteint un peu à l’extérieur. Alors, quand enfin on redécouvre le dehors, c’est avec l’envie d’en récolter tous les fruits ! Et puis, il y a aussi peut-être une lutte entre deux conditionnements : celui de la jeunesse, plus insouciant, avec sexe, drogue, déconne, et celui plus petit-bourgeois, avec cet autre à trouver, à chérir jusqu’à la nuit des temps, à aimer jusqu’à l’épreuve de la grande mort. Derrière ça, c’est la lutte entre le jeune et l’adulte qui est racontée. La lutte entre le boulot à trouver, le fric à gagner, les meubles Ikea à acheter, et cette sensation que, au fond, quatre murs et un toit, un frigo pour ranger la bière, et un lit aussi peut-être, ça suffit. C’est l’éternelle lutte entre la réalité et le rock ‘n’ roll. Entre la lumière et le côté obscur de la Force. Le Bien et le Mal…

     

    Instant City : « La fidélité, j’ai essayé » dit Victor. La relation plurielle semble acceptée : un phénomène visible chez les 20 ans ?

    Ulysse Terrasson : Ce sont des personnages à la recherche d’un plaisir faux, par défaut, par faiblesse un peu, par refus des responsabilités permettant le vrai bonheur. Des personnages qui essayent de s’en sortir à plusieurs, pour moins souffrir tout seul. Et puis, à plusieurs, il y a moins d’intimité : c’est plus un jeu qu’un dévouement sérieux. Si je parle autant de « crise de la vingtaine », c’est parce qu’il y a justement une crise dans ce choix à faire, entre jouer ou être. Mais je m’égare… Ce que je veux dire, c’est que ce sont des personnages blessés, aux cœurs brisés, qui tentent d’en recoller les morceaux à travers l’autre. En remplaçant la personne absente par une autre présente. Comme si ça leur suffisait pour récupérer ce quelque chose qui leur manque. Comme si c’était une solution. Enfin, du moins, ils agissent comme ça jusqu’à comprendre que, finalement, la solution est en eux. Et ce qui leur manque, ce n’est pas tant une personne que le courage d’affronter le passage du temps.

     

    Instant City : Les femmes de vingt ans prennent le contrôle et semblent plus libérées encore que leurs homologues masculins; Ingrid va jusqu’à proposer la vie à trois…

    Ulysse Terrasson : Elles sont libres. Elles sont belles. Elles veulent s’amuser, être heureuses. Pourquoi devraient-elles attendre jusqu’au mariage si elles en ont envie ? Pourquoi devraient-elles se soucier de ce que pensent la voisine, la famille, tous les qu’en-dira-t-on ? Heureusement, nous ne sommes plus dans un monde où les hommes sont les maîtres de maison. En tout cas, presque plus. En tout cas, je l’espère. Le rapport homme/femme me paraît complètement faussé. C’est seulement un rapport de personne à personne. On doit s’ôter de la tête toutes ces conneries que sont les préjugés. Pourquoi la sensibilité serait-elle l’apanage des femmes et l’adultère celui des hommes ?

    Quant à Ingrid, son comportement a plus à voir avec sa fragilité qu’avec sa sexualité – je pense. Ingrid, c’est le personnage que je trouvais le plus intéressant, quoique peut-être le plus discret. Elle est à la fois mystérieuse, fascinante, manipulatrice, et blessée, vivante, libre. Elle est bien plus libre que le narrateur, par exemple. Et cette proposition de vie à trois, ça traduit son état d’esprit : elle est tiraillée entre Ulysse et Guillaume, entre deux histoires d’amour. Elle sait que choisir engendrera une insatisfaction, alors, pourquoi choisir ? Ce n’est pas vraiment une revendication de liberté sexuelle. C’est davantage lié à sa psychologie personnelle. Les personnages sont excessifs, mais c’est peut-être parce qu’ils craignent le vide qui les attend : ce qu’ils considèrent comme la vie adulte. En fait, au fond, ils sont juste des personnages en manque d’amour. Ils demandent à être aimés, sans savoir eux-mêmes le faire. Mais dans leurs choix, on se rend compte qu’ils ne réfléchissent pas aux conséquences de leurs actes.

     

    Instant City : Le risque de grossesse fortuit est-il un vrai sujet pour les jeunes de vingt ans, l’avortement, l’alcoolisme ?

    Ulysse Terrasson : C’est vrai, c’est une question qui se pose. Dans mon entourage, ça s’est répété plusieurs fois. On picole, on couche ensemble, on avorte : ce sont des choses qui arrivent. Je me suis souvent demandé pourquoi il y a autant d’alcool dans les soirées. J’imagine que ça a toujours été le cas. Mais peut-être que la mort du Coca-Cola a joué un rôle là-dedans. Une amie de cinquante ans m’a raconté qu’avant, dans un bar, elle avait le choix entre boire un Coca ou un verre d’alcool. Qu’on pouvait boire du Coca et être cool. Aujourd’hui, dans les bars, il suffit qu’un jeune commande un Coca pour qu’on le harcèle de questions : « T’es sûr ? Tout va bien ? T’as une pancréatite aiguë, c’est ça ? Ton foie t’a lâché ? Tu as décidé de changer de camp ? Tu nous lâches pour devenir un sportif végétarien ? Vas-y, explique-nous pourquoi tu t’en vas méditer dans un monastère tibétain pendant trois ans ! Mec, je ne te reconnais plus ! ». Et c’est triste. Même si, bon, j’exagère peut-être un peu… (Rires)

     

    Instant City : La maturité : Le ton oscille entre jeunesse et maturité.

    Ulysse Terrasson : C’est ce qui m’amusait dans le livre, justement. Tout cela découle du concept initial : la crise de la vingtaine. Ce passage entre l’avant et l’après vingt ans. Les personnages, et le héros tout particulièrement, jonglent entre ces deux états d’esprit : la jeunesse insouciante, la vieillesse plus sérieuse. Et comme le passage n’est pas évident, Ulysse est sujet à quelques égarements. Avec son père et sa petite sœur, par exemple. S’il est dans le jugement, s’il regarde tout ce beau monde de haut, c’est parce qu’il ne se sent proche d’aucun d’eux. Il n’est pas encore un adulte comme son père, il n’est plus vraiment un jeune comme sa sœur. Il est perdu, complètement perdu. « Plein de Promesses », j’ai essayé d’en faire l’histoire d’un peu tout le monde. De ces gens qui, comme moi, ont enclenché le pilotage automatique une fois entré dans le système scolaire. Ces gens qui sont passés, sans réfléchir, de l’école primaire au collège, du collège au lycée, du lycée à la fac. Ces gens qui, d’un coup, au moment où il faut trouver un boulot, regardent avec nostalgie le passé, les anniversaires surprises, les premiers amours, le temps où c’était plus simple. Quand ils mouraient d’impatience d’avoir 18 ans pour quitter leurs parents, pour enfin être libres, et qui découvrent, quand ça arrive, quand enfin ils ont atteint le stade de liberté qu’ils croyaient absolu, que ce n’étaient rien d’autres que des fantasmes, des attentes cristallisées sur un chiffre, que les choses ne seront pas aussi simples que prévues…

     

    « Mon avenir est chaque jour un peu plus tracé. » (p. 102)

     

    Instant City : L’appartement et la fin des études : deux symboles forts du passage à l’âge adulte.

    Ulysse Terrasson : Carrément. Avant, il y a les journées de cours et le dodo chez les parents. C’est inscrit en soi, parce que ça a toujours été comme ça. Et puis après, boum ! Plus de journées de cours, plus de dodo chez les parents ! Plus rien. Et dans le livre, Ulysse souffre de ce plus rien. Il pensait que sa vie démarrerait à ce moment-là. Et il découvre qu’en réalité, elle s’arrête. Ses amis partent dans d’autres villes, pour leurs études. Son amoureuse veut qu’ils emménagent ensemble. Il n’a jamais vraiment décidé de ce qu’il fera quand il sera grand : et voilà qu’il l’est, grand. C’est vraiment un passage, un pont, entre deux mondes que sont la jeunesse et l’âge adulte. Et si Ulysse refuse de traverser ce pont, il voit aussi tout le monde s’occuper à le franchir. Et même lui dire : « Hé, mec ! Tu viens ? ». Et il comprend que rester jeune, ce sera peut-être rester seul. Et il n’en a pas tellement envie, finalement…

    Ulysse est quelqu’un d’un peu passif. Il attend que le monde lui apporte le bonheur plus qu’il ne part lui-même à sa recherche. Il est enchaîné à tellement de choses, quand on y pense : son pote, ses parents, sa chérie. Il a besoin d’apprendre à transcender tout ça. Il a besoin d’apprendre à devenir lui-même. Et c’est ce que raconte le roman : comment il y est parvenu. Comment il a perdu beaucoup de choses : des amis, des amours, des emmerdes. Mais aussi comment il en gagné d’autres : un père, un livre, une meilleure compréhension de lui-même. Bref, comment il est devenu adulte. C’est-à-dire : comment il a traversé le pont, vers une nouvelle vie pleine de promesses…

     

    Instant City : Vous avez répondu à beaucoup de questions. Quelle question n’aimez-vous pas que l’on vous pose ?

    Ulysse Terrasson : Je suis comme tout le monde. Quand j’entends : « T’as l’air fatigué, aujourd’hui. Tout va bien ? », ça n’est pas vraiment du miel pour mes oreilles… Mais sinon, je ne sais pas. Je n’ai absolument aucune idée. Euh, celle-ci peut-être ? (Rires)

     

    Instant City : Quelle question ne vous pose-t-on jamais alors que vous auriez aimé y répondre ?

    Ulysse Terrasson : J’aimerais bien qu’un jour quelqu’un vienne me voir pour me demander : « Tu veux boire une bière avec Dieu ? » Alors je répondrais : « Ouais, grave. » Et on me dirait : « C’est bon. Il t’attend dans son bureau. ». Je serais curieux d’avoir une conversation avec le Grand Bonhomme. Enfin, s’il existe. Enfin, même s’il n’existe pas, je serais curieux… Ah, vous vouliez dire : au sujet de mon livre ? Oh, mince… (Rires)

     

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