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  • Thom Yorke sort son 3ème album solo : « Anima »

     

     

    Décidément, Thom Yorke est sur tous les fronts ces temps-ci… Alors qu’il présentait il y a quelques semaines ses premières compositions classiques en compagnie des soeurs Labèque et créait l’an dernier la bande originale hantée du « Suspiria » de Luca Guadagnino, voilà que le chanteur de Radiohead publie son troisième album solo, « Anima », le premier depuis « Tomorrow’s Modern Boxes » en 2014.

     

    Et il faut bien reconnaître que le chanteur de Radiohead n’a pas son pareil pour brouiller les pistes… L’énigme « Anima » démarrait avec une étrange affiche publicitaire assez « cryptique » qui a commencé à fleurir dans quelques villes du monde, dont Londres, affichant un slogan tout aussi mystérieux, « Avez-vous des problèmes à vous souvenir de vos rêves ? », et vous proposant d’appeler un numéro, le 07588 733 111. En composant ce numéro, vous pouviez en fait découvrir un court extrait du titre « Not The News ».

     

     

     

    C’est ensuite Thom Yorke lui-même qui annonce la parution imminente de son troisième album solo, quelques jours avant sa sortie officielle prévue le 27 juin. Il se prénomme donc « Anima ». Réalisé par son complice de toujours Nigel Godrich, le producteur historique de Radiohead, ce nouvel opus est composé de neuf titres, avec un extra bonus track présent uniquement sur la version vinyle.

    « Anima » est ainsi édité en versions CD, 2LP, « Limited Edition Orange Double Vinyl » ainsi que « Deluxe 180g Orange Double Vinyl » incluant un lyric book de 40 pages, illustré de dessins originaux de Stanley Donwood et Dr Tchock. A retrouver directement sur le record’s website

     

     

    Et dans la foulée, nous apprenions que la sortie de l’album s’accompagnait également d’un court-métrage, créé par Paul Thomas Anderson et disponible exclusivement sur Netflix le même jour que la parution du disque. Dans ce « one-reel film » d’une quinzaine de minutes, conçu comme un clip illustrant deux titres de l’album, Thom Yorke évolue à contre-courant des foules en bleu de travail, dans un décor urbain nu et crépusculaire, puis s’offre un pas de deux avec sa compagne, l’actrice italienne Dajana Roncione. Dans ce film tout aussi onirique que l’album, la présence de Thom Yorke a la saveur burlesque, fragile et bouleversante d’un Buster Keaton.

     

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  • Suspiria 2018 : et dansent les Sorcières…

     

     

    On avait tout à craindre de ce remake du mythique « Suspiria » sorti en 1977, même si son réalisateur Luca Guadagnino brille sous un vernis chic avec ses deux derniers films, « A Bigger Splash » et « Call Me By Your Name ».

     

    En s’attaquant au chef d’œuvre de Dario Argento sorti en 1977, Luca Guadagnino tente un pari culotté, fou et selon ses détracteurs, tout simplement pétri de vanité… Car beaucoup le considèrent, au même titre qu’un Paolo Sorrentino, tout juste capable d’étaler de belles images, sans une once de réflexion ou de cohérence.

    « Suspiria » est le premier volet de la « Trilogie des Enfers » (ou « Les Trois Mères »), qui comprend ensuite « Inferno » (1980) et « Mother of Tears » (2007). Ces trois films nous immergent dans des récits de sorcellerie et d’horreur, dont l’action se déroule dans trois grandes villes européennes.

    Le « Suspiria » de Dario Argento s’appréhendait ainsi comme un conte horrifique, une sorte de relecture du roman « Alice au Pays des Merveilles » de Lewis Carroll. Ses couleurs, ses décors, sa mise en scène et son ton général nous embarquaient dans une expérience sensorielle, hypnotique et onirique, telle une sorte de sortilège.

    Un film effrayant et beau, qui fascine toujours autant, comme ces histoires que l’on raconte aux enfants. Pour ceux qui l’ont découvert à sa sortie, force est de constater qu’il ne les a plus jamais quittés…

    On se demandait donc comment Luca Guadagnino, le réalisateur qui avait déjà remaké avec « A Bigger Splash » le film mythique de Jacques Deray, « La Piscine », avec Delon, Schneider et Ronet, et qui affichait d’évidentes accointances avec le cinéma d’Eric Rohmer, allait bien pouvoir nous surprendre avec sa relecture du mythique « Suspiria »…

     

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    Le « Suspiria » version 2018 n’est définitivement pas un film de commande, un de ces succédanés que l’on voit fleurir chaque année, ces sempiternels remakes de classiques des années 70 et 80. Non ! Car de toute évidence, Luca Guadagnino chérit le film de Dario Argento et le considère, selon ses propres dires, comme l’un de ses films préférés… En souhaitant se le réapproprier, il déconstruit malgré tout complètement l’œuvre de son mentor italien.

    L’histoire se situe toujours en 1977, mais le parallèle entre les deux films s’arrête là. On délaisse la ville de Fribourg pour Berlin, en pleine époque dite « des années de plomb », celles de la bande à Baader et du fameux mur. Ici, point d’ambiance onirique et de lumières primaires. On est dans une réalité crue où se disputent les gris, les ocres et les bruns ; que des couleurs passées… Fini l’art nouveau poétique et tortueux, on passe à l’art déco, brut, ample et froid.

    Le fantastique est pourtant bien au rendez-vous, mais il nous est suggéré non par une ambiance mais par la mise en scène. Guadagnino prend ses distance avec l’œuvre matricielle dès le début, et il préfère tout expliquer, tout rationaliser, pour mieux ensuite nous plonger dans l’horreur et l’incrédulité.

    Il utilise également beaucoup mieux ce collectif de femmes qui vivent ensemble, avec de vraies personnalités accordées. Il en est de même pour tout ce qui entoure la danse, puisqu’il en fait le pivot central de l’histoire quand Dario Argento n’en faisait qu’un prétexte. Le maître italien a toujours été un fétichiste et un plasticien. Il préférait s’attarder sur les détails d’un décor plutôt que sur ceux d’un visage.

    Dans les premiers rôles, Tilda Swinton joue Madame Blanc, la chorégraphe largement inspirée d’une autre célèbre danseuse et chorégraphe allemande, Pina BaushDakota Johnson tellement insignifiante dans le diptyque lénifiant, « 50 Nuances de Grey », s’empare ici de son personnage à bras-le-corps, avec autant d’ingénuité que de perversité.

    Car ce « Suspiria » version 2018 est d’abord un film de femmes, dans lequel celles-ci occupent l’espace à 95 % et où on nous les représente tour à tour puissantes, mystérieuses, souriantes et solidaires. Jamais on nous avait d’ailleurs dépeint un univers de sorcières avec autant de sincérité et de crédibilité. Le film en est au final d’autant plus déstabilisant.

     

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    Le « Suspiria » de Guadagnino n’est certes pas un film facile… Pour les fans de jump scares et autres effets de manche, ils en seront pour leur frais. Si le film se révèle pourtant toxique à souhait, en distillant une atmosphère étouffante et malsaine, il ne cherche pas à faire plaisir et caresser dans le sens du poil. Sur 2h30 que dure le métrage, plusieurs histoires s’entremêlent sans véritable conclusion ni réel début.

    Seule certitude, ces sorcières ont toujours été là et le seront encore bien longtemps après. Elles nous laisse juste partager des moments de leur vie et de leur quotidien, mais le sens profond de leur existence nous dépasse, même s’il y est question en filigrane de quête de pouvoir. Malgré sa thématique et ses enjeux, ce « Suspiria » reste un film intime, qui se chuchote à l’oreille comme certains morceaux qu’on apprécie et que l’on préfèrera écouter au casque, et seul.

    Pour la musique, c’est Thom Yorke qui se charge de composer une partition mélancolique et belle, quand celle de la version de Dario Argento était signée par le groupe de rock progressif italien Goblin. Le piano et la voix plaintive du chanteur du groupe Radiohead se baladent et se marient parfaitement aux images, pour offrir un ton général doux, triste, mais paradoxalement réconfortant et enveloppant.

    S’il est néanmoins imparfait, en souffrant de problèmes de rythme et de compréhension, ce « Suspiria » deuxième du nom mérite une seconde chance, tant il fut boudé à sa sortie et injustement très vite oublié. Car il reste une ode magnifique à la féminité, mystérieuse, dangereuse, puissante, multiple, tellurique et radieuse ; un hymne à la volupté des corps, de la danse et de son pouvoir.

     

     

     

  • Radiohead : « Lucky », la conscience du bonheur…

     

     

    Nous sommes tous pétris de cette chance d’ahuri. Cette naïveté lourde, si elle se révèle à nous parfois, ne provoquera guère plus qu’un éclat d’angoisse crue qu’on appellera conscience du bonheur. Nous avons tous sauvé nos vies dix ou mille fois,  plus ou moins sans le savoir, ne serait-ce qu’en naissant plutôt par ici que par là-bas.

     

    « Lucky », de Radiohead, est sorti en single en France en décembre 1997. Ce titre a bientôt 22 ans. 22 ans, l’âge où l’on est chanceux et malheureux.

    En marge de cet anniversaire, c’est l’occasion de redécouvrir aussi le travail de Stanley Donwood, l’illustrateur de la pochette de l’album « Ok Computer », et sixième membre du groupe… Également connu sous le pseudonyme de Stanley Donwood and the White Chocolate Farm, il a collaboré avec un certain Dr Tchock, ce mystérieux docteur s’avérant être Thom Yorke, le chanteur de Radiohead. Les deux hommes se connaissent depuis longtemps, ils étudiaient ensemble aux Beaux Arts d’Exeter.

     

     

     

     

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  • Nude de Radiohead : entre ombre et lumière…

     

     

    Ce titre de Thom Yorke (Radiohead) date de 2007. « Nude » m’a, un soir, donné la conscience d’un certain état de grâce, par sa beauté et son sens. Comme si le guitariste me murmurait ses notes dans le creux de l’oreille. Tout dans une extrême finesse, toutefois sans légèreté. Les mots pénètrent. Ils comptent, restent, et la musique les rend encore plus directs. On s’arrête, on apprécie, on ressent, on réfléchit et on se l’approprie.

    Ces mots évoquent les mensonges qu’on se raconte sur ce que nous voulons être. On vit, animé de cette quête inutile d’un bonheur qu’on peut palper. Mais il y aura toujours quelque chose qui manque (« There’ll be something missing »). On vit à la recherche de ce quelque chose, et une fois qu’on l’obtient, la frustration domine. On est perdu. On est nu. Nude… Des illusions / désillusion…

    Une chanson brute et certes pessimiste. La musique fait jaillir ce qu’il y a de sombre en nous et ce qu’il y a de lumineux…

     

     

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