Étiquette : The Revenant

  • Silence Plateau | The Revenant (Western, 2015)

     

     

    « The Revenant » de Alejandro Inarritu, avec Leonardo DiCaprio (2015 – 2h36)

     

    « The Revenant » est un Western New Age. Ce genre cinématographique dont l’action se situe lors de la conquête de l’Ouest en Amérique du Nord, au XIXe siècle, retrace en général des épisodes de la naissance de la nation. D’abord muet dans les années 1920 avec Broncho Billy, Hollywoodien en Technicolor dans les années 1950 avec John Wayne et Gary Cooper, spaghetti dans les années 1960 avec Clint Eastwood et le renouveau des réalisateurs italiens comme Sergio Leone (d’où son surnom), crépusculaire dans les années 1970 avec Sam Peckinpah, en série à la télévision avec « Bonanza » ou « Il était une fois dans l’ouest », période d’apogée du western, il disparaît peu à peu dans les années 1990 et 2000.

    Après l’an 2000, on parle désormais de « western contemporain ». Ce nouvel âge d’un western différent démarre avec Kevin Costner et « Danse avec les loups » en 1990. On laisse alors une place d’importance au décor, à l’immensité et à la lenteur. En  2007, avec « No country for old men » puis en 2010 avec « True Grit », les frères Coen réinventent le genre avec un humour toujours dosé, bercé de magnifiques paysages et un soin tout particulier pour la photographie. On est là, avec le nouveau western, loin, bien loin du rythme effréné des cavalcades et autres attaques de diligences. La cadence est à la lenteur, aux paysages sublimes et aux personnages dont on s’applique à traiter en profondeur la psychologie. Tarantino emboîte le pas des frères Coen avec « Django Unchained » en 2012, très loin encore des cow-boys et autres Indiens. On s’intéresse aux femmes (« The Homesman » en 2014), à l’esclavage ou aux chasseurs de prime (« Les Huit Salopards »).

    Avec « The Revenant » en 2015, Alejandro Inarritu, le réalisateur mexicain, oscarisé en 2015 pour « Birdman », monte encore une nouvelle marche. Il s’agit bien d’un western : l’action se déroule aux Etats-Unis d’Amérique, au début du XIXème Siècle. Il y a des Indiens, un fort, des soldats en uniforme. Les éléments du genre sont bien là. La différence et la nouveauté se trouvent dans le traitement et la réalisation. Il y a l’immensité, les paysages grandioses, le vide et de grandes étendues désertes de forêt et de neige. Il y a bien aussi une chasse à l’homme mue par un désir violent de vengeance. Mais il y a bien plus… Tourné au Canada en lumière uniquement naturelle, ce qui limite le nombre d’heures possibles de prises de vue chaque jour, le film prend le temps. Le réalisateur nous donne l’opportunité de vivre de l’intérieur un morceau de vie d’un homme dans sa totalité. Il prend le temps de raconter une histoire, de nous la faire ressentir à travers tous nos sens : à travers le décor, le silence de la forêt, la violence des scènes (extraordinaire scène de combat entre Glass et le grizzly), la dureté de la survie avec des scènes incroyables de réalisme : lorsque Glass cautérise le trou dans sa gorge, ou quand il se glisse dans le corps d’un cheval pour se réchauffer après lui avoir ôté les boyaux.

    Inspiré de faits réels, le film raconte l’histoire incroyable de Hugh Glass, un trappeur qui eut un fils avec une Indienne, Hawk, et qui travaille depuis la mort de sa femme avec un négociant en  fourrures, le capitaine Andrew Henry.

    Le film pourtant très long passe à une vitesse vertigineuse. N’étant pas sans rappeler Tom Hanks dans « Seul au monde » en 2000, « The Revenant » n’est pas qu’un film, c’est une ambiance, une atmosphère, avec des images et une photographie grandioses qui transmettent brillamment la sensation de vide et de solitude de cet homme face à l’obligation de survivre. Que ce soit pour revoir sa femme ou pour venger la mort de son fils, chacun est tenu en vie par un moteur surpuissant inouï qui lui permet dans les situations les plus désespérées de trouver la force et le ressort de s’en sortir grâce à un mental et une volonté ahurissante, un peu comme Beatrix Kiddo, l’héroïne de « Kill Bill » dans la scène du truck lorsqu’elle essaie de faire bouger ses doigts de pied, ou lorsqu’elle se retrouve enterrée vivante. Le point commun à tous ces personnages est une lutte héroïque pour braver tous les obstacles. En cela, ce sont des héros.

    Une gageure pour Léonardo Di Caprio dans la course aux Oscars 2016 puisqu’il a choisi ce rôle plutôt que celui de Steve Jobs dans le film éponyme. Un choix courageux quand on sait à quel point le tournage a été difficile et éprouvant : neuf mois au lieu de trois en raison d’une météo capricieuse, baignades dans des rivières glacées, siestes dans des carcasses d’animaux, dégustation de foie de bison cru… Un tournage cauchemardesque comme s’en explique Inarritu dans une interview pour « The Hollywood Reporter ». Des paysages de neige avec des températures pouvant aller jusqu’à – 40°, des techniciens excédés qui quittent le plateau, des scènes épiques avec 200 figurants, autant de conditions qui ont fait d’une pause vacances de six semaines une nécessité. Mais au final, un film qui marque un tournant par sa nouveauté et méritait en cela un Oscar. Grandiose. Et deux autres pour les acteurs Leonardo Di Caprio et Tom Hardy…

     

     

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  • Oscars 2016 : Episode 3

     

     

    OSCARS 2016 – Episode 3 : Les Nominations

     

    Les nominations aux Oscars 2016 ont été annoncées le 14 janvier 2016. La cérémonie, elle, est prévue le 28 février 2016 au Dolby Theatre de Los Angeles. Seront récompensés les films sortis en 2015.

    Les grandes questions de ces Oscars sont :

    • Chris Rock réussira-t-il à être drôle ?
    • Le record d’audience d’Ellen DeGeneres en 2014 avec son célèbre selfie sera-t-il battu ?
    • Y aura-t-il comme l’an passé des manifestations d’associations afro-américaines pour dire leur désapprobation face à un palmarès jugé un peu trop blanc ?
    • Stallone et Di Caprio auront-ils, enfin, leur Oscar ?
    • Combien d’Oscars décrochera le dernier Star Wars ?
    • La France remportera-t-elle un Oscar grâce à « Mustang » ?

     

    Meilleur acteur :  cinq nommés

    2016 serait-elle enfin l’année de la consécration pour Leonardo DiCaprio avec la nomination du film « The Revenant » ? Il aura en face de lui Matt Damon pour « Seul sur Mars » et Eddie Redmayne dans le rôle transformiste de la première femme transgenre des années 1930, l’artiste Lili Elbe, Michael Fassbender pour « Steve Jobs » et Bryan Cranston pour « Dalton Trumbo ».

    A 41 ans, nommé à quatre reprises sans succès, Leonardo Di Caprio a dû affronter plus durs concurrents par le passé, comme l’excellentissime Matthew McConaughey l’année du « Loup de Wall Street » en 2014 ou Clint Eastwood et Johnny Depp l’année de « Aviator » en 2005, ce qui lui laisse une réelle chance cette année. Cette 5ème nomination sera-t-elle enfin la bonne ? Le fait d’avoir gagné les Golden Globes, anti-chambre des Oscars, est un bon présage, mais sans plus, car il avait déjà reçu ce prix pour « Aviator » et « Le Loup de Wall Street » sans pour autant gagner l’Oscar ensuite. Redmayne ayant déjà eu un Oscar en 2015 pour son rôle dans « Une merveilleuse histoire du temps », la porte reste ouverte. Mais Matt Damon n’a jamais reçu d’Oscar lui non plus. Le jury pourrait-il se laisser influencer pour récompenser à posteriori la carrière d’un membre de la bande de Georges Clooney, très appréciée à Hollywood ? Même si sa prestation dans « Seul sur Mars » n’est en rien comparable à celle de Léonardo DiCaprio dans « The Revenant »…

     

    Meilleur film : huit nommés

    « The Revenant », « Mad Max », « Seul sur Mars », « Le Pont des Espions » (très mou et vite oublié), « Spotlight » (une enquête journalistique haletante), « The Big Short : le casse du siècle » (au casting de rêve), « Brooklyn » et « Room ».

    Huit très bons films mais il faut le dire, parmi lesquels seul « The Revenant » sort du lot par son originalité et sa réalisation. Un western comme on n’en a jamais vu, traité de manière totalement nouvelle, avec un parti pris singulier. Une découverte comme on aime en faire au cinéma. Meilleur film dramatique aux Golden Globes 2016.

     

    Meilleure Actrice : cinq nommées

    La nomination de Jennifer Lawrence pour le film « Joy » fait polémique, certains critiques se demandant ce qu’elle vient faire là. Peut-être rattraper, elle-aussi, des Oscars manqués par trois fois les années précédentes. On dirait ainsi, avec les nominations cette année, que le manque de concurrents sérieux et méritants laisse libre champ à d’autres artistes oubliés auparavant. La cérémonie des Oscars de cette année ressemble quelque peu à une séance de rattrapage…

     

    Meilleur second rôle masculin

    Sylvester Stallone est le grand favori : à 69 ans, il a été ovationné aux Golden Globes lors de la remise de son prix comme meilleur second rôle masculin dans « Creed ». Il décroche de fait le record du plus grand écart entre deux nominations : la première pour « Rocky » en 1977 et la seconde pour « Creed » en 2016, 39 ans plus tard. Cet Oscar ressemblera là encore, sans doute, à un Oscar d’honneur pour l’ensemble de la série des « Rocky » et pour son influence sur le cinéma américain.

     

    Petites anecdotes

    Steven Spielberg obtient le record de nominations avec 128 pour l’ensemble de sa filmographie. Inarritu est le premier réalisateur, depuis 1950, à être nommé deux années de suite en même temps que son film (« Birdman » en 2015 et « The Revenant » en 2016). Avec sa 4ème nomination, Jennifer Lawrence, à 25 ans, est l’actrice la plus jeune à avoir été autant nommée.

     

    Ce qu’on ne comprend pas…

    L’absence de Maggie Smith (81 ans), déjà deux Oscars, et celle de Tarantino pour « Les Huit Salopards ».

     

    La polémique

    Elle bat déjà son plein. Il s’agit exactement de la même que l’an dernier, visant de nouveau des Oscars « trop blancs », dont les nominations manquent de diversité. Même le maître de cérémonie, Chris Rock, s’y met sur son compte Twitter le samedi 16 janvier, seulement deux jours après l’annonce officielle des nominés, en surnommant les Oscars « BET Awards Blancs », en référence aux BETS, une cérémonie dédiée aux plus grands artistes afro-américains. A quels acteurs noirs aurait-on dû s’intéresser en 2016 ?

     

     

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