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  • Romain Gary : La Promesse de l’Aube (1960)

     

     

    Le 29 avril 1960, il y a soixante ans, paraissait le chef d’oeuvre de Romain Gary : « La Promesse de l’Aube ». L’auteur aux deux prix Goncourt et aux multiples identités se donnait la mort vingt ans plus tard, en 1980.

     

    Ce récit coïncide sur bien des points avec ce que l’on sait de l’auteur des « Racines du Ciel », et Romain Gary s’est expliqué là-dessus : « Ce livre est d’inspiration autobiographique, mais ce n’est pas une autobiographie. Mon métier d’orfèvre, mon souci de l’art s’est à chaque instant glissé entre l’événement et son expression littéraire, entre la réalité et l’œuvre qui s’en réclamait. Sous la plume, sous le pinceau, sous le burin, toute vérité se réduit seulement à une vérité artistique ».

    Le narrateur raconte son enfance en Russie, en Pologne puis à Nice, le luxe et la pauvreté qu’il a connus tour à tour, son dur apprentissage d’aviateur, ses aventures de guerre en France, en Angleterre, en Éthiopie, en Syrie, en Afrique Équatoriale… Mais il nous raconte surtout le grand amour que fut sa vie. Cette « promesse de l’aube » que l’auteur a choisie pour titre est une promesse dans les deux sens du mot : promesse que fait la vie au narrateur à travers une mère passionnée ; promesse qu’il fait tacitement à cette mère d’accomplir tout ce qu’elle attend de lui dans l’ordre de l’héroïsme et de la réalisation de lui-même.

    Le caractère de cette Russe chimérique, idéaliste, éprise de la France, mélange pittoresque de courage et d’étourderie, d’énergie indomptable et de légèreté, de sens des affaires et de crédulité, prend un relief extraordinaire. La suprême preuve d’amour qu’elle donne à son fils est à la hauteur de son cœur démesuré. Mais les enfants élevés par ces mères trop ferventes restent toujours, dit l’auteur, « frileux » de cœur et d’âme, et chargés d’une dette écrasante qu’ils se sentent incapables d’acquitter.

    Rarement la piété filiale s’est exprimée avec plus de tendresse, de sensibilité, et cependant avec plus de clairvoyance et d’humour. Et rarement un homme a lutté avec plus d’acharnement pour démontrer « l’honorabilité du monde », pour « tendre la main vers le voile qui obscurcissait l’univers et découvrir soudain un visage de sagesse et de pitié ».

    A redécouvrir d’urgence…

     

    Source : Gallimard

     

    Romain Gary : La Promesse de l'Aube

     

     

     

  • Focus | Romain Gary et François Truffaut, résonances entre deux auteurs et leurs œuvres

     

    [kleo_pin type= »circle » left= »yes » right= » » top= » » bottom= » »]          « FOCUS » : un article de fond sur un thème que nos rédacteurs ont sélectionné.

     

     

    L’année 2014 commémorait à la fois le centenaire de la naissance de Romain Gary (1914-1980) et le trentième anniversaire de la mort de François Truffaut (1932-1984). Entre les deux auteurs, apparaissent des symétries, des parallèles, des points de convergence, à commencer par leur amour partagé de la littérature et du cinéma.

     

    Nommé Consul Général à Los Angeles en 1956, Romain Gary côtoie le tout Hollywood, épouse l’actrice Jean Seberg (pressentie par Truffaut pour le rôle de Jacqueline Bisset dans « La Nuit Américaine »), s’essaye à la mise en scène (01), et plusieurs de ses romans sont adaptés au cinéma (02). Quant à François Truffaut, d’abord critique dans « Arts » et dans « Les Cahiers du Cinéma », auteur d’un livre d’entretiens avec Alfred Hitchcock, il aurait certainement embrassé une carrière de romancier s’il n’avait été cinéaste. Passionné de littérature, il s’inspire de romans pour plusieurs de ses films (03), dont certains passages sont commentés d’une voix off, celle de Madame Jouve, par exemple, dans « La Femme d’à Côté » (1981). Et il n’est pas rare de voir les héros truffaldiens lire ou taper à la machine à écrire.

     

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    SOMMAIRE

    Le schéma familial
    Le poids du manque et celui du trop plein
    Je me suis toujours été un autre
    Les femmes, précieuses alliées
    Enquête d’identités

    Le rapport de la judéité
    Deux esprits libres
    De la fiction, faire une réalité
    C’est la fin
    Encore aujourd’hui
    Notes

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    Le schéma familial

    Leur destin d’auteurs prend naissance dans un même schéma familial : un père absent et une figure maternelle déterminante.

    Dans son premier film « Les 400 Coups » (1959), Truffaut fait le portrait à charge d’une mère autoritaire, volage, encombrée par un fils qui trouve refuge dans les livres et les salles obscures. Dans « La Promesse de l’Aube » (04), Romain Gary rend hommage à sa mère juive qui « n’était qu’amour » et voyait en lui un héros en devenir.

    « Avec l’amour maternel, la vie vous fait, à l’aube, une promesse qu’elle ne tient jamais. Chaque fois qu’une femme vous prend dans ses bras et vous serre sur son cœur, ce ne sont plus que des condoléances. On revient toujours gueuler sur la tombe de sa mère comme un chien abandonné. Jamais plus, jamais plus, jamais plus ».

     

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    Le poids du manque ou celui du trop plein

    Le cinéma de Truffaut comble un vide. « Le cinéma m’a sauvé la vie » déclare-t-il (05). Ferrand, le metteur en scène de « La Nuit Américaine » (1973), joué par Truffaut, sermonne son acteur Alphonse, interprété par Jean-Pierre Léaud : « Ne fais pas l’idiot, Alphonse. Tu es un très bon acteur, le travail marche bien. Je sais, il y a la vie privée, mais la vie privée est boiteuse pour tout le monde. Les films sont plus harmonieux que la vie, Alphonse. Il n’y a pas d’embouteillages dans les films, il n’y a pas de temps morts. Les films avancent comme des trains, tu comprends ? Comme des trains dans la nuit ».

    Pour Romain Gary, l’écriture libère d’un trop plein. Un besoin qu’il qualifie de « physiologique » le pousse à écrire dix heures par jour ! « L’écriture est un processus d’élimination, indispensable à mon équilibre psychique. Après je sors soulagé » (06). Se libérer des espoirs – voire de la mythomanie – de sa mère.

    Ambassadeur de France ! C’est ainsi qu’elle le rêvait. La France, patrie des Droits de l’homme, le paradis sur terre, aux yeux de Mina, juive polonaise, acharnée dans sa lutte pour survivre. En 1928, cette francophile invétérée quitte Vilnius et émigre à Nice avec son fils de 14 ans… Toute la vie de Gary est conditionnée par l’exigence maternelle. « Il me fallait tenir ma promesse, revenir à la maison couvert de gloire, après cent combats victorieux, écrire Guerre et Paix, devenir Ambassadeur de France, bref, permettre au talent de ma mère de se manifester » (04). Il s’engage dans les Forces aériennes françaises libres, rejoint De Gaulle à Londres, Leclerc en Afrique du Nord, risque sa vie plus d’une fois, est nommé Compagnon de la Libération, Commandeur de la Légion d’honneur, devient Consul Général de France en Californie et obtient deux fois le prix Goncourt (07) !

     

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    « Je me suis toujours été un autre »

    Né Roman Kacew, il s’invente un premier pseudonyme, Romain Gary, pour « Education Européenne » (1945, Prix des Critiques). Gary veut dire « brûle » en russe. Après trois autres prête-noms, Fosco Sinibaldi, Shatan Bogat (le « vagabond opulent » ou selon les sources, « le riche Satan » en russe) et Lucien Brûlard, Gary s’efface derrière Ajar, qui signifie « braise » en russe (08).

    Brûle, brûlard, braise… Faut-il y voir un hommage à Blaise Cendrars (de son vrai nom Frédéric Louis Sauser), avec la fille duquel il eut une courte liaison, qui comme lui, vit un temps en Russie, combat dans l’armée française, se passionne pour l’Afrique, est naturalisé Français, fait Commandeur de la Légion d’honneur, signe une oeuvre prolifique… ? Il ne serait pas étonnant que Gary se soit trouvé des affinités avec le poète dont l’oeuvre mêle autant réel et imaginaire.

    Pas plus qu’à Truffaut qui s’imagine un double cinématographique en Antoine Doinel, la vie ne suffit à Gary… au point qu’il s’en invente plusieurs. « Je lisais au dos de mes bouquins : plusieurs vies bien remplies… Aviateur, diplomate, écrivain… Rien, zéro, des brindilles au vent, et le goût de l’absolu aux lèvres. La vérité est que j’ai été très profondément atteint par la plus vieille tentation protéenne de l’homme : celle de la multiplicité. Une fringale de vie, sous toutes ses formes et dans toutes ses possibilités, que chaque saveur goûtée ne faisait que creuser davantage ». Le vrai, le faux s’emmêlent et s’alimentent comme des vases communicants. Gary travestit sa vie dans « La Promesse de l’Aube », qualifiée pourtant d’autobiographique, et fait de sa vraie vie une oeuvre romanesque dans laquelle il s’amuse à changer souvent de rôle. « Je me suis toujours été un autre » écrit-il dans « Vie et Mort d’Emile Ajar ».

    Gary écrit la légende, s’invente « un mélange de sang juif, cosaque et tartare », une naissance dans un wagon aux confins des steppes russes. Et dit se souvenir « des coups de feu, de la Révolution de 1917… Ma mère était comédienne au théâtre. Elle jouait pour les soldats, pour les comités d’ouvriers, pour les Soviets. On allait d’usine en usine, en traîneau, en plein hiver. Ma mère m’emmenait partout. Je me souviens des soldats de l’Armée Rouge qui étaient tous très gentils avec moi… » (04).

    « La vie, c’était l’écran » (05) pour Truffaut, tout autant attaché à fuir le monde réel. « Mon cinéma est un prolongement de la jeunesse avec un refus de voir la vie telle qu’elle est, le monde dans son état réel, et, en réaction, le besoin de créer quelque chose qui participe un peu du conte de fées ».

     

     

    Les femmes, précieuses alliées

    La vie ne suffisant pas à Gary, les femmes vont lui être utiles. « Chaque fois que vous aimez une femme, vous changez de peau » (09). Comme Truffaut qui tombe amoureux de la plupart de ses actrices, qui se projette dans « L’homme qui aimait les femmes » (1977) en un Charles Denner obsédé par les jambes féminines, Gary multiplie les conquêtes et les aventures à un rythme quasi obsessionnel. Si bien que l’âge venant, il est terrorisé à l’idée de perdre sa vigueur sexuelle. Il traduit sa crainte dans l’un de ses plus savoureux romans, « L’Angoisse du roi Salomon » (1979, Mercure de France) et prévient dans plusieurs interviews : « Je ne connaîtrai jamais la vieillesse. D’une manière ou d’une autre, je ne veux connaître cet état absolument effrayant où l’on devient vraiment vieux… Je crois que je peux prendre cet engagement devant vos spectateurs » (09).

     

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    Enquête d’identités

    A 36 ans, François Truffaut décide de rechercher l’identité de son père, qu’il n’a jamais connu. Il s’en remet à Albert Duchenne, patron de l’agence de détectives Dubly, rencontré pour « Baisers Volés » (1968). Après quelques semaines, l’enquêteur lui révèle le nom de son père, Roland Lévy, son origine juive, son métier, chirurgien-dentiste, son adresse. En septembre 1968, Truffaut se rend à Belfort observer discrètement son père sortir de son immeuble pour sa promenade du soir. Truffaut découvre un homme d’une soixantaine d’années, seul, de corpulence assez forte. Truffaut reste caché et repart avec ses questions sans réponses… finir la soirée dans une salle de cinéma.

    L’identité paternelle ? Gary préfère s’en amuser. Il affirme que son père est Ivan Mosjoukine, plus grande star russe du cinéma muet, un bel homme à fière allure que sa mère adulait, et en qui il se trouve une certaine ressemblance… Information formellement démentie par Myriam Anissimov dans sa remarquable biographie (10) : le père de Gary, Arieh-Leïb Kacew, s’avère être en réalité un polonais juif, propriétaire d’un magasin de fourrures à Vilnius.

     

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    Le rapport à la judéité

    Apprenant l’origine juive de son père, Truffaut s’en émeut mais ne s’en étonne pas. Le cinéaste « s’est toujours senti juif. Cette judéité, il l’associe à son penchant pour les proscrits, les martyrs, les marginaux, à l’affirmation de cet autre qu’il dit avoir été tout au long de sa jeunesse » (11).

    Le rapport à la judéité est aussi complexe chez Gary qui l’a tour à tour assumée, littérairement exploitée (« Gros-Câlin », « La Vie Devant Soi »…) et cachée, notamment en temps de guerre. « Tout ce que je leur avais dit à Paris lorsqu’on m’a interrogé… c’est que j’étais demi-juif. Je ne renie pas mes origines, je prends simplement des précautions pour l’avenir » (12).

    Aucun des deux n’est croyant, cela n’empêchant pas une certaine forme de mysticisme. Julien Davenne, joué par Truffaut, dans « La Chambre Verte » (1978), rejette la présence du prêtre et se construit sa propre liturgie dans un culte rendu aux morts, si intense qu’il prend le pas sur la vie.

    « Mes rapports avec la vie sont très mystiques, mais les religions organisées, les dogmes me sont totalement étrangers, confie Romain Gary. Je me sens épouvanté par le rituel. Ceci dit, je suis incapable de croire qu’il n’y ait rien d’autre que nous… » (06)

     

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    Deux esprits libres

    Les deux hommes sont des esprits libres, tendres et cruels, critiques à l’égard de leur oeuvre, tourmentés, d’une sensibilité tendant à la mélancolie, d’une indépendance confinant à la solitude, et paradoxalement, inlassables curieux de la nature humaine. Alors que Truffaut en explore souvent les ressorts dans l’espace triangulaire de la passion amoureuse (« Jules et Jim », « Le Dernier Métro »…), qu’il n’a jamais vraiment milité que pour la défense du cinéma, Gary est agité de questionnements plus politiques.

    Gary est un combattant acharné ; « même si aucun livre au monde ne pourra briser le cou à la haine », il porte en lui un grand « espoir de fraternité », pilier de toute son oeuvre. Dans « Les Racines du Ciel », le personnage principal se bat contre le massacre des éléphants en Afrique. Morel est l’allégorie de Gary, révolté par la privation de liberté, l’abus de pouvoir, l’injustice, le racisme, le fanatisme, la lâcheté… « Tous mes personnages sont des contestataires. C’est peut-être le seul fil conducteur de toute mon oeuvre. Il n’existe pas un roman de moi qui ne soit une protestation… C’est mon rôle d’écrivain de gueuler comme un écorché » estime Gary (06), toujours fidèle aux idéaux de sa mère. « Quand on pense à l’histoire de l’homme, on s’aperçoit que la plus grande puissance spirituelle humaine, c’est la Connerie, avec un C majuscule ». Ecœuré par l’indignité, la fin de la grandeur européenne, la médiocrité humaine…, Gary ne renonce pas. « Mes airs amusés et ironiques ne tromperont personne : le phénomène humain continue à m’effarer et à me faire hésiter entre l’espoir de quelque révolution biologique et de quelque révolution tout court » (13). Gary assouvit sa soif de changer le monde et les hommes dans ses romans, où in fine l’humour et l’innocence triomphent.

     

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    De la fiction, faire une réalité

    En 1975, Gary porte la mystification à son paroxysme, en organisant l’escroquerie littéraire du siècle. Il change de nom pour signer « La Vie Devant Soi ». « Il y avait la nostalgie de la jeunesse, du début, du premier livre, du recommencement… C’était une nouvelle naissance. Tout m’était donné encore une fois. J’avais l’illusion parfaite d’une nouvelle création de moi-même par moi-même » (12).

    La duplicité va plus loin. Dans un mouvement contraire au processus créatif classique, qui va du vrai à la fiction, Gary fait de son invention une réalité et trouve l’idée géniale de donner vie à son identité virtuelle. Il choisit Paul Pavlowitch, son petit cousin, pour endosser le rôle d’Emile Ajar. Duperie mémorable qui lui vaut, à ce jour, d’être le seul détenteur de deux prix Goncourt. Mais la mystification dépasse l’auteur. Gary enrage d’être enfermé dans « la combine métaphysique infernale » qu’il a lui-même échafaudée, et ne supporte pas de voir Paul Pavlowitch tirer gloire de sa propre création. Gary n’est plus maître de l’histoire et n’arrive plus à tirer les fils de sa marionnette.

     

     

    C’est la fin

    La vie échappe à Gary et ne lui suffit définitivement plus. Reste à écrire le mot fin. Le 1er décembre 1980, dans son appartement parisien, il se tire une balle dans la bouche… Ce n’est qu’à titre posthume que Gary tombe le masque.

    L’imposture est révélée dans « Vie et Mort d’Emile Ajar », publié le 17 juillet 1981. Mais là encore, le 3 juillet 1981, sa doublure, Paul Pavlowitch, préempte le devant de la scène et lui grille la vedette dans un témoignage lumineux d’intelligence, sur le plateau d’Apostrophes, pour la parution de son livre « L’homme que l’on croyait ». Paul Pavlowitch s’interroge : « Je ne sais pas si Gary était vraiment, je ne sais pas s’il a vécu par lui-même. J’ai tendance à croire qu’il n’existait pas »… (14)

    Quatre ans plus tard, Truffaut succombe d’une tumeur au cerveau.

     

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    Encore aujourd’hui

    De leur vivant et encore aujourd’hui, l’un et l’autre obtiennent un succès international. Truffaut obtient l’Oscar du meilleur film étranger pour « La Nuit Américaine » en 1974. Il est admiré de Spielberg qui, en 1977, lui confie un rôle dans « Rencontres du Troisième Type ». Gary est un écrivain adulé en Allemagne, en Pologne et aux Etats-Unis.

    Leurs films et romans se relisent et se revoient avec un plaisir changeant à mesure que nos vies passent. Et quand l’un et l’autre s’amusent à faire résonner l’écho d’une oeuvre à l’autre, qu’on reconnaît des répliques déjà prononcées, comme fiers d’avoir saisi le clin d’œil, on a cette délicieuse impression de les avoir approchés.

     

     

    Auteur : Anne Rohou

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Notes » class= » » id= » »]

     

    01. « Les Oiseaux vont mourir au Pérou », titre d’une de ses nouvelles, (Folio Gallimard, 1962); Kill! (1972).

    02. « Les Racines du Ciel » de John Huston (1958) ; « Clair de Femme » de Costa-Gavras (1979) ; « Au-delà de cette limite, votre ticket n’est plus valable » de George Kaczender (1981) ; « La Vie Devant Soi » de Moshé Mizrahi (1977) ; « Les Cerfs-volants » de Badel (1984) et de Jérôme Cornuau (2007) ; Adaptation de « La Tête Coupable », « The Impostors » réalisé par Frédéric Blum.

    03. « Tirez sur le pianiste » de David Goodis, 1960; « Jules et Jim » de Henri-Pierre Roché, 1961 ; « Farenheït 451 » de Ray Bradbury, 1966 ; « La mariée était en noir »  1967 et « La Sirène du Mississippi » 1969, de William Irish.

    04. « La Promesse de l’Aube » (1960, Gallimard)

    05. « Les films de ma vie » de François Truffaut, Flammarion, 1975.

    06. « Romain Gary, Le Nomade multiple », 2 CD, entretien avec André Bourin, Archives Sonores, Les grandes heures Ina / France Culture, diffusées sur France Culture en mai et juin 1969.

    07. « Les Racines du Ciel » de Romain Gary en 1956 et « La Vie Devant Soi » d’Emile Ajar en 1975.

    08. Il signe Emile Ajar « Gros-Câlin » en 1974, « La Vie Devant Soi » en 1975 et « L’Angoisse du roi Salomon » en 1979, Gallimard.

    09. Entretien télévisé avec Jacques Busnel dans l’appartement parisien de Romain Gary, archives Ina.

    10. « Romain Gary, le caméléon » de Myriam Anissimov, Ed. Denoël.

    11. « François Truffaut » d’Antoine de Baecque et Serge Toubiana, Biographies, Ed. Gallimard, 1996.

    12. « La Nuit Sera Calme », 1974, Gallimard.

    13. Citation de Romain Gary, au sujet du recueil de nouvelles « Les oiseaux vont mourir au Pérou (Gloire à nos illustres pionniers) », Folio, 2009.

    14. Apostrophes, interview de Paul Pavlowitch, 1981, Antenne 2, archives Ina.

     

     

     

  • Le dernier selfie de Romain Gary

     

     

    « Je pense ne plus avoir assez de vie devant moi pour écrire une autre autobiographie. »

     

    Le 2 décembre 1980, l’écrivain Romain Gary mettait fin à ses jours. Quelques mois plus tôt, il avait tenu ces sombres propos lors d’un entretien accordé à Radio-Canada. A l’occasion du centième anniversaire de sa naissance en 2014, Gallimard publiait « Le sens de ma vie », une retranscription de cet entretien avec Jean Faucher.

     

     

     

    Cheese… on dirait que Romain Gary a fait le choix, lorsqu’il se confie au réalisateur québécois, de disparaître avec le sourire. Car, en cette année 1980, les jeux sont faits, de toute évidence. « Je pense, confie Gary, ne plus avoir assez de vie devant moi pour écrire une autre autobiographie ». Vie devant moi, vie devant soi. Que Gary ne cesse de raconter, pour vaincre le temps dont il se plaint de ne pouvoir maîtriser la course effrayante. Vieillir ? On connaît, sur le sujet, sa religion…

     

    « J’imagine que ce doit être une chose atroce, mais comme moi je suis incapable de vieillir, j’ai fait un pacte avec ce monsieur là-haut, vous connaissez ? J’ai fait un pacte avec lui aux termes duquel je ne vieillirai jamais. »

     

    Le voici donc, à quelques mois de la chute finale (il se tire une balle dans la bouche le 2 décembre 1980), qui tire les derniers feux de cette vie d’artifice, racontant à un rythme d’enfer, depuis ses premiers souvenirs de la révolution soviétique – « J’étais couché sur la place Rouge, il y avait des balles qui sifflaient, ma mère s’est jetée sur moi pour me protéger » – les mille facettes de sa personnalité.

    On dirait un guide de musée qui ferait visiter Chambord dix minutes avant la fermeture : enfance russe, passage en Pologne, installation en France. Mais soudain Gary passe en mode ralenti : sa mère entre en scène, l’amour de sa vie.

    On sait, depuis « La Promesse de l’aube », le rôle fondamental qu’a joué la tenancière de la pension Mermonts à Nice. Francophile, Mina Owczynska, qui fabriquait en Russie de fausses étiquettes Paul Poiret pour les coller sur des chapeaux de sa fabrication, est persuadée que son chouchou de fils cumulera les honneurs : « ambassadeur de France » et « grand écrivain français ».

     

    Le Paris de Gary

     

    Romain, pour l’heure, fait surtout du sport. Il excelle dans l’art du tennis de table, publie une nouvelle dans « Gringoire » (Gary écrit depuis l’âge de neuf ans), et monte à Paris. Il gagne sa vie comme marchand de glace, puis comme serveur dans un restaurant russe, et passe ses nuits dans les maisons closes de la capitale, où il interviewe des prostituées pour le compte d’un journaliste qui lui sous-traite le job. Monde fantastique où, dit-il, sa part obscure manque de prendre le dessus.

     

    « Je me suis souvent trouvé à Paris entre deux métiers, n’ayant guère de quoi vivre, je n’avais que deux chemises, je vivais de concombres et de pain et je me souviens d’un épisode particulièrement pénible […] à Miromesnil, un établissement pour dames où à la fois des messieurs pervers et des dames un peu trop libérées à l’époque et trop affranchies venaient pour se satisfaire. Un camarade américain m’avait proposé contre très forte rétribution d’aller en quelque sorte procurer les satisfactions que vous imaginez à ces dames. »

     

    Portrait de l’artiste en demi-mondain, avant de finir mondain tout plein…

    Car l’écrivain semble conduire sa vie comme un amusant bolide, curieux des obstacles et s’amusant des embardées. Avec son premier roman, « Le Vin des Morts » (1937), ouvrage néocélinien que refuse Robert Denoël, il cherche sans succès à se faire un nom dans la littérature.

    Qu’importe, la guerre éclate, donc la promesse d’une mort héroïque. Gary rejoint de Gaulle à Londres. Le Général, que Gary insupporte avec ses manières de voyou de grand chemin et de bandit au coeur noble, lui fait passer un sale quart d’heure. Puis ce seront les missions (dans l’aviation) et la victoire. Auteur d’un livre à succès, il est félicité par le Général. D’être sacré compagnon de la Libération sera, dit-il, le plus beau moment de sa vie.

     

    Gary féministe ?

     

    Fier militaire auréolé de toutes les gloires, il rentre à Nice pour découvrir que sa mère est morte depuis plusieurs années. Gary, dès lors, va mener cette existence brillante mais dont on sent que lui manque le moteur essentiel. Vie de femmes (Lesley Blanch, Jean Seberg), de films (il devient scénariste à Hollywood), d’écrivain (sous son nom et sous celui, entre autres, d’Emile Ajar), de diplomate aussi.

    Dans l’étrange conclusion qui parachève le livre, et où il livre l’explication de sa vie, Gary rend hommage à la féminité qui l’a, dit-il, toujours inspiré.

     

    « Je pense que si le christianisme n’était pas tombé entre les mains des hommes, mais entre les mains des femmes, on aurait eu une tout autre vie, une tout autre société, une tout autre civilisation. »

     

    Gary féministe ? De tous les masques dont il n’a cessé de se parer, il ne manquait plus que ce dernier…

     

    Auteur : Didier Jacob

     

    ✓  « Le Sens de ma vie », par Romain Gary, Gallimard, 110 p., 12,50 euros.
    ✓  Du même auteur chez le même éditeur, « Le Vin des Morts », 240 p., 18 euros.
    ✓  « La Promesse de l’aube (CD) », lu par Hervé Pierre, Gallimard.
    ✓  Un album consacré à Jean Seberg, préfacé par Antoine de Baecque, paraît au Mercure de France.

     

    Romain Gary, né le 8 mai 1914 à Vilnius, de son vrai nom Roman Kacew, est l’auteur d’une quarantaine de livres dont « Les Racines du Ciel » (prix Goncourt 1956), « Les Clowns Lyriques » et, sous le pseudonyme d’Emile Ajar, « La Vie devant Soi » (Prix Goncourt 1975). Il est mort le 2 décembre 1980, à Paris.

     

     

     

  • Romain Gary s’en va-t-en guerre

     

     

    À l’occasion de la publication de « Romain Gary s’en va-t-en guerre » de Laurent Seksik, revenons sur la vie et l’oeuvre du diplomate et romancier français originaire de Lituanie.

     

    Il est l’homme aux deux prix Goncourt et aux multiples identités. Romain Gary, alias Emile Ajar, de son vrai nom Roman Kacew, double prix Goncourt, d’abord en 1956 pour « Les Racines du Ciel », puis en 1975, sous un autre nom, Emile Ajar, pour « La Vie Devant Soi », naît à Vilna, en Russie, en 1914 (Aujourd’hui, Vilnius en Lituanie).

    Aviateur, diplomate, mais surtout écrivain à la fécondité exceptionnelle, capable d’écrire plusieurs ouvrages en même temps, Romain Gary a livré une oeuvre littéraire drôle, tendre et humaniste.

    Romain Gary, c’est une vie marquée par sa relation avec sa mère. Quant à son père, il va abandonner la famille pour épouser une autre femme, avoir d’autres enfants, avant de mourir dans le ghetto pendant la guerre.

    Rencontre avec Laurent Seksik, qui vient tout juste de publier « Romain Gary s’en va-t-en guerre », Myriam Anissimov, sa biographe, auteur de « Romain Gary, le Caméléon » (Editions Folio), et Joann Sfar qui a illustré « La Promesse de l’Aube » en 2014.

     

    « Gary se levait tôt, il descendait vers 7h00 du matin, dès que les bistrots ouvraient. Ils les faisait tous, en écoutant toutes les conneries que les gens disaient, les notant minutieusement en mangeant un oeuf dur. Puis il remontait chez lui et travaillait jusque midi, une heure. » (Myriam Anissimov).

     

    « Gary écrit puissamment. C’est un flot, c’est une colère, c’est ininterrompu. Puis il y a des redites, il répète beaucoup les choses. On sent le diplomate rompu à l’écriture de mémos, qui a l’habitude de composer une littérature efficace, qui a une grande connaissance du cinéma et du roman américain, et qui pour se purger, se détendre ou faire plaisir à sa maman qui n’est plus là, écrit du roman. » (Joann Sfar)

    Sa maman, justement, il en fait une des plus belles héroïnes littéraires dans la « Promesse de l’Aube » publiée en 1960. Ce que cette femme a d’intéressant, c’est qu’elle est une héroïne sans homme, toute entière dévouée, peut-être pas intrinsèquement au bonheur de son fils, mais plutôt à l’avénement d’un fils roi.

     

    « J’ai écrit la Promesse de l’Aube pour m’exorciser, pour me débarrasser du fantôme de ma mère, qui vécut à mes côtés pendant quinze ou vingt ans, et qui semblait encore demander quelque chose. Aujourd’hui, je me sens beaucoup plus libre, Je me suis, comme on dit, affranchi… » (Romain Gary en 1960)

     

    Romain Gary a réussi à échapper au cadre très rigide du roman français traditionnel, pour introduire dans la littérature française quelque chose de nouveau, à savoir l’idée de l’émigré, avec la notion de métissage entre les cultures française et juive, yiddish d’Europe orientale, plus précisément.

    Il y a chez Gary, outre cette poésie et une façon peu commune de décrire les sentiments, les émotions ou les personnages, en les esquissant, cette forme d’humour, humour juif, humour du désespoir, plein de tendresse.

    Aviateur dans les Forces Françaises Libres pendant la Seconde Guerre Mondiale, voyageur et diplomate, Romain Gary ancre les thèmes de ses romans dans l’actualité du monde. En 1956, avec « Les Racines du Ciel » récompensé par le prix Goncourt, il livre l’un des premiers récits écologiques. Autre exemple avec « Chien Blanc » en 1970, sur la lutte pour les droits civiques aux Etats-Unis, et contre le racisme. Autant de sujets qui n’ont rien perdu de leur pertinence.

     

    « Chien Blanc préfigure Donald Trump. Quand on parle de l’actualité de Gary, tout ce qu’il dit sur l’Europe, sur la montée des périls ou sur l’Amérique, résonne aujourd’hui de façon totalement hallucinante. » (Laurent Seksik)

     

    C’était un humaniste, un homme profondément généreux qui aimait les autres hommes, mais aussi les femmes. Il en parlait d’ailleurs comme on en parlait peu à l’époque, comme des égales, des partenaires, aussi bien sur le plan amoureux que plus généralement dans la vie.

    En 1975, Romain Gary invente Emile Ajar, pseudonyme sous lequel il va remporter un second prix Goncourt pour « La Vie Devant Soi ».

     

    « Il a voulu se débarrasser de Romain Gary pour qu’enfin, on le lise vraiment. Il se plaignait toujours qu’on ne le lisait jamais. Tout roman de Gary relève du doute. Il a mis tellement d’énergie à raconter des mensonges qui lui plaisaient, à s’inventer un personnage qui lui convenait. Il a décidé que le roman, c’était finalement plus important que l’existence. Quand on prend cette décision-là, on peut finir un jour avec le canon d’un fusil dans la bouche. » (Joann Sfar)

     

    En 1980, Romain Gary décide donc de mettre fin à ses jours. ll eut cette phrase avant de se supprimer : « Je me suis totalement exprimé ». Comme pour Gary, il n’y avait que le roman qui importait, on peut imaginer qu’au moment de commettre l’irréparable, il eut le sentiment de s’être totalement exprimé sur le plan romanesque.

    Romain Gary est un génie, même si le terme peut paraître aujourd’hui quelque peu galvaudé. Déjà par le fait que c’est un auteur qui est extrêmement facile à lire. Et puis il y a cet humour irrésistible allié à un sens de l’auto-dérision poussé à son paroxysme… De ce point de vue, « Gros Câlin » est probablement le roman dans lequel l’humour de Gary, allié à un sens inné du surréalisme, est le plus jubilatoire. Oui, Romain Gary est un humaniste. Et finalement, est-ce que ce n’est pas ça, réussir sa vie ?

    Profitez de la sortie de « Romain Gary s’en va-t-en guerre » pour aller jeter un oeil à « La Promesse de l’Aube » illustrée par Joann Sfar. C’est magnifique…

     

     

     

     

  • Romain Gary et Jean Seberg : un mystérieux mariage

     

     

    16 octobre 1963, à Sarrola-Carcopino, un petit village de 500 habitants dans le maquis corse, sur la route entre Ajaccio et Bastia, Jean Seberg, actrice de 24 ans, épouse Romain Gary, diplomate et écrivain de 49 ans.

     

    La photo d’en-tête d’article sera la seule et unique preuve en image de cet événement. Celui qui l’a prise est un certain « Domy », agent secret. L’acte de mariage sera retrouvé en 2010 sur l’île de beauté. Les rumeurs, légendes et interprétations sont nombreuses autour de ces deux personnages. Jean, enceinte, aurait menacé de se suicider si elle mettait au monde l’enfant avant leur union. Romain Gary aurait donc fait marcher ses relations afin que l’acte de naissance de leur fils Diego date de 1963, afin de dissimuler la grossesse antérieure au mariage. Mais Alexandre Diego est bien né en 1962, le 17 juillet. Pour sauver les convenances, sa naissance est annoncée le 26 octobre 1963. Entre les deux, l’enfant est envoyé en Espagne où il sera élevé par Eugénia Munoz.

    Tout a commencé à Los Angeles en 1959, un peu avant les fêtes, par un véritable coup de foudre entre la petite WASP de l’Iowa et l’enfant de Vilnius en Lituanie. Gary est Consul de France et marié à Lesley Blanch. Jean est marié à un avocat, François Moreuil. Tous deux vont divorcer pour vivre leur amour à la manière de Roméo et Juliette, jusqu’à leurs suicides respectifs. Romain Gary se donnera la mort le 2 décembre 1980 avec un revolver Smith et Wesson de calibre 38, en se tirant une balle dans la bouche après avoir fumé un dernier cigare. Jean Seberg le 30 août 1979.

    Leur mariage, tout autant que leurs morts, ont fait de ces deux êtres hors normes des personnages de roman. Romain Gary laisse derrière lui une lettre mystérieusement datée du « Jour J », dans laquelle est écrite cette phrase sur une feuille retrouvée au pied de son lit : « Aucun rapport avec Jean Seberg. Les fervents du cœur brisé sont priés de s’adresser ailleurs ». Il faut dire que tous deux avaient refait leurs vies, et pas toujours avec bonheur. En 1979, Jean Seberg s’était remariée avec Ahmed Asni, associé à des trafics de stupéfiants, qui la battait et l’a dépouillée de tout son argent. Portée disparue le 30 août 1979, elle est retrouvée le 8 septembre enroulée dans une couverture, posée à l’arrière de sa voiture, une Renault blanche, tout près de son domicile, rue du Général Appert dans le XVIème arrondissement de Paris. Son mari, Asni, avait déclaré à la police qu’elle s’était enfuie de chez elle toute nue sous son manteau, avec seulement une bouteille d’eau. Etrange déclaration… Dans sa main, les enquêteurs trouvent une lettre d’adieu adressée à son fils Diego. Le rapport d’autopsie indique qu’elle est morte d’une overdose de médicaments mélangés à de l’alcool. Elle avait plus de 8 grammes d’alcool par litre de sang, ce qui est énorme. C’est ce qui rend sa mort douteuse : avec une telle quantité d’alcool absorbée, on tombe dans le coma. Si on sort, on ne pense sûrement pas à emporter une bouteille d’eau ! Malgré tout, l’enquête conclut au suicide.

    Le mariage est tout aussi mystérieux. Aucun des biographes de l’héroïne d’A bout de souffle ou de l’auteur de La Promesse de l’Aube n’a réussi à résoudre l’énigme. C’est un vrai jeu de piste. Le mariage a eu lieu en pleine semaine, pas un week-end, après la rentrée des classes. En plein âge d’or des paparazzi, ce mariage aurait dû faire la Une de tous les magazines, Paris-Match en tête, en France et aux Etats-Unis. Le point de départ de cette longue enquête : une simple photographie en noir et blanc remise par Diego, leur fils, sur laquelle on distingue plusieurs personnes : les mariés bien-sûr, ainsi que trois hommes et une femme. Il s’agit du maire et son secrétaire, du général Charles Feuvrier et de son épouse Françoise, les témoins. Tous morts. Tous, sauf un : le photographe, celui qu’on ne voit pas mais qui est bien là, caché derrière son appareil. C’est lui qui a témoigné pour raconter. Romain Gary organise son mariage comme s’il était encore en mission sous la France occupée : dans le plus grand secret. Pour cela, il utilise les rouages qu’il connaît et les relations qu’il a, celles de ses années dans l’armée. Il demande l’aide et la complicité du Général De Gaulle. Un avion est affrété par les services secrets, direction l’aérodrome d’Ajaccio, en Corse, loin, très loin de la capitale, des médias, là où l’omerta est une seconde nature, sur une terre où les secrets savent être bien gardés, question d’honneur. A leur arrivée, une voiture les attend, avec à son bord le capitaine Domy Colonna Cesari. C’est lui qui, ce jour-là, immortalisera les mariés sur la photo. Aujourd’hui âgé de 94 ans, vivant toujours en Corse non loin de Porto Vecchio, l’ancien colonel et agent de renseignements a enfin livré le secret des amoureux. La presse n’annoncera le mariage que cinq jours après.

     

     

    Interview de Jean Seberg :

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    Gary & Seberg, un coup de foudre :

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  • Focus | Romain Gary et François Truffaut, résonances entre deux auteurs et leurs œuvres

    Focus | Romain Gary et François Truffaut, résonances entre deux auteurs et leurs œuvres

     

    [kleo_pin type= »circle » left= »yes » right= » » top= » » bottom= » »]          « FOCUS »: un article de fond sur un thème que nos rédacteurs ont sélectionné.

     

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    L’année 2014 commémore à la fois le centenaire de la naissance de Romain Gary (1914-1980) et le trentième anniversaire de la mort de François Truffaut (1932-1984). Entre les deux auteurs, apparaissent des symétries, des parallèles, des points de convergence, à commencer par leur amour partagé de la littérature et du cinéma.

    Nommé consul général à Los Angeles en 1956, Romain Gary côtoie le tout Hollywood, épouse l’actrice Jean Seberg (pressentie par Truffaut pour le rôle de Jacqueline Bisset dans La Nuit Américaine), s’essaye à la mise en scène (1), et plusieurs de ses romans sont adaptés au cinéma (2). Quant à Truffaut, d’abord critique dans Arts et dans Les Cahiers du Cinéma, auteur d’un livre d’entretiens avec Alfred Hitchcock, il aurait certainement embrassé une carrière de romancier s’il n’avait été cinéaste. Passionné de littérature, il s’inspire de romans pour plusieurs de ses films (3), dont certains passages sont commentés d’une voix off, celle de Madame Jouve, par exemple, dans La Femme d’à Côté (1981). Et il n’est pas rare de voir les héros truffaldiens lire ou taper à la machine à écrire.

     

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    SOMMAIRE

    Le schéma familial
    Le poids du manque et celui du trop plein
    Je me suis toujours été un autre
    Les femmes, précieuses alliées
    Enquête d’identités

    Le rapport de la judéité
    Deux esprits libres
    De la fiction, faire une réalité
    C’est la fin
    Encore aujourd’hui
    Notes

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    Le schéma familial

    Leur destin d’auteurs prend naissance dans un même schéma familial : un père absent et une figure maternelle déterminante.

    Dans son premier film Les 400 Coups (1959), Truffaut fait le portrait à charge d’une mère autoritaire, volage, encombrée par un fils qui trouve refuge dans les livres et les salles obscures. Dans La Promesse de l’Aube (4), Romain Gary rend hommage à sa mère juive qui «n’était qu’amour” et voyait en lui un héros en devenir.

    “Avec l’amour maternel, la vie vous fait, à l’aube, une promesse qu’elle ne tient jamais. Chaque fois qu’une femme vous prend dans ses bras et vous serre sur son cœur, ce ne sont plus que des condoléances. On revient toujours gueuler sur la tombe de sa mère comme un chien abandonné. Jamais plus, jamais plus, jamais plus”.

     

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    Le poids du manque ou celui du trop plein

    Le cinéma de Truffaut comble un vide. “Le cinéma m’a sauvé la vie” déclare-t-il (5). Ferrand, le metteur en scène de La Nuit Américaine (1973), joué par Truffaut, sermonne son acteur Alphonse, interprété par Jean-Pierre Léaud : “Ne fais pas l’idiot, Alphonse. Tu es un très bon acteur, le travail marche bien. Je sais, il y a la vie privée, mais la vie privée est boiteuse pour tout le monde. Les films sont plus harmonieux que la vie, Alphonse. Il n’y a pas d’embouteillages dans les films, il n’y a pas de temps morts. Les films avancent comme des trains, tu comprends ? Comme des trains dans la nuit”.

    Pour Romain Gary, l’écriture libère d’un trop plein. Un besoin qu’il qualifie de “physiologique” le pousse à écrire dix heures par jour ! “L’écriture est un processus d’élimination, indispensable à mon équilibre psychique. Après je sors soulagé”. (6) Se libérer des espoirs – voire de la mythomanie – de sa mère.

    Ambassadeur de France ! C’est ainsi qu’elle le rêvait. La France, patrie des Droits de l’homme, le paradis sur terre, aux yeux de Mina, juive polonaise, acharnée dans sa lutte pour survivre. En 1928, cette francophile invétérée quitte Vilnius et émigre à Nice avec son fils de 14 ans … Toute la vie de Gary est conditionnée par l’exigence maternelle. “Il me fallait tenir ma promesse, revenir à la maison couvert de gloire, après cent combats victorieux, écrire Guerre et Paix, devenir Ambassadeur de France, bref, permettre au talent de ma mère de se manifester” (4). Il s’engage dans les Forces aériennes françaises libres, rejoint De Gaulle à Londres, Leclerc en Afrique du Nord, risque sa vie plus d’une fois, est nommé Compagnon de la Libération, Commandeur de la Légion d’honneur, devient Consul Général de France en Californie et obtient deux fois le prix Goncourt (7) !

     

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    « Je me suis toujours été un autre »

    Né Roman Kacew, il s’invente un premier pseudonyme, Romain Gary, pour L’Education Européenne (1945, Prix des Critiques). Gary veut dire “brûle” en russe. Après trois autres prête-noms, Fosco Sinibaldi, Shatan Bogat (le “vagabond opulent” ou selon les sources, “le riche Satan” en russe) et Lucien Brûlard, Gary s’efface derrière Ajar, qui signifie “braise” en russe (8).

    Brûle, brûlard, braise… Faut-il y voir un hommage à Blaise Cendrars ( de son vrai nom Frédéric Louis Sauser), avec la fille duquel il eut une courte liaison, qui comme lui, vit un temps en Russie, combat dans l’armée française, se passionne pour l’Afrique, est naturalisé Français, fait Commandeur de la Légion d’honneur, signe une oeuvre prolifique… ? Il ne serait pas étonnant que Gary se soit trouvé des affinités avec le poète dont l’oeuvre mêle autant réel et imaginaire.

    Pas plus qu’à Truffaut qui s’imagine un double cinématographique en Antoine Doinel, la vie ne suffit à Gary… au point qu’il s’en invente plusieurs. ”Je lisais au dos de mes bouquins : plusieurs vies bien remplies… Aviateur, diplomate, écrivain… Rien, zéro, des brindilles au vent, et le goût de l’absolu aux lèvres. La vérité est que j’ai été très profondément atteint par la plus vieille tentation protéenne de l’homme : celle de la multiplicité. Une fringale de vie, sous toutes ses formes et dans toutes ses possibilités, que chaque saveur goûtée ne faisait que creuser davantage”. Le vrai, le faux s’emmêlent et s’alimentent comme des vases communicants. Gary travestit sa vie dans La Promesse de l’aube, qualifiée pourtant d’autobiographique, et fait de sa vraie vie une oeuvre romanesque dans laquelle il s’amuse à changer souvent de rôle. “Je me suis toujours été un autre” écrit-il dans Vie et mort d’Emile Ajar.

    Gary écrit la légende, s’invente “un mélange de sang juif, cosaque et tartare”, une naissance dans un wagon aux confins des steppes russes. Et dit se souvenir ”des coups de feu, de la Révolution de 1917… Ma mère était comédienne au théâtre. Elle jouait pour les soldats, pour les comités d’ouvriers, pour les Soviets. On allait d’usine en usine, en traîneau, en plein hiver. Ma mère m’emmenait partout. Je me souviens des soldats de l’Armée Rouge qui étaient tous très gentils avec moi…” (4).

    “La vie, c’était l’écran” (5) pour Truffaut, tout autant attaché à fuir le monde réel. “Mon cinéma est un prolongement de la jeunesse avec un refus de voir la vie telle qu’elle est, le monde dans son état réel, et, en réaction, le besoin de créer quelque chose qui participe un peu du conte de fées.”

     

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    Les femmes, précieuses alliées

    La vie ne suffisant pas à Gary, les femmes vont lui être utiles. ”Chaque fois que vous aimez une femme, vous changez de peau” (9). Comme Truffaut qui tombe amoureux de la plupart de ses actrices, qui se projette dans L’homme qui aimait les femmes (1977) en un Charles Denner obsédé par les jambes féminines, Gary multiplie les conquêtes et les aventures à un rythme quasi obsessionnel. Si bien que l’âge venant, il est terrorisé à l’idée de perdre sa vigueur sexuelle. Il traduit sa crainte dans l’un de ses plus savoureux romans, L’Angoisse du roi Salomon (1979, Mercure de France) et prévient dans plusieurs interviews : “Je ne connaîtrai jamais la vieillesse. D’une manière ou d’une autre, je ne veux connaître cet état absolument effrayant où l’on devient vraiment vieux… Je crois que je peux prendre cet engagement devant vos spectateurs” (9).

     

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    Enquête d’identités

    A 36 ans, François Truffaut décide de rechercher l’identité de son père, qu’il n’a jamais connu. Il s’en remet à Albert Duchenne, patron de l’agence de détectives Dubly, rencontré pour Baisers Volés (1968). Après quelques semaines, l’enquêteur lui révèle le nom de son père, Roland Lévy, son origine juive, son métier, chirurgien-dentiste, son adresse. En septembre 1968, Truffaut se rend à Belfort observer discrètement son père sortir de son immeuble pour sa promenade du soir. Truffaut découvre un homme d’une soixantaine d’années, seul, de corpulence assez forte. Truffaut reste caché et repart avec ses questions sans réponses… finir la soirée dans une salle de cinéma.

    L’identité paternelle ? Gary préfère s’en amuser. Il affirme que son père est Ivan Mosjoukine, plus grande star russe du cinéma muet, un bel homme à fière allure que sa mère adulait, et en qui il se trouve une certaine ressemblance… Information formellement démentie par Myriam Anissimov dans sa remarquable biographie (10) : le père de Gary, Arieh-Leïb Kacew, s’avère être en réalité un polonais juif, propriétaire d’un magasin de fourrures à Vilnius.

     

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    Le rapport à la judéité

    Apprenant l’origine juive de son père, Truffaut s’en émeut mais ne s’en étonne pas. Le cinéaste “s’est toujours senti juif. Cette judéité, il l’associe à son penchant pour les proscrits, les martyrs, les marginaux, à l’affirmation de cet autre qu’il dit avoir été tout au long de sa jeunesse”. (11)

    Le rapport à la judéité est aussi complexe chez Gary qui l’a tour à tour assumée, littérairement exploitée (Gros-Câlin ; La Vie devant soi…) et cachée, notamment en temps de guerre. “Tout ce que je leur avais dit à Paris lorsqu’on m’a interrogé… c’est que j’étais demi-juif. Je ne renie pas mes origines, je prends simplement des précautions pour l’avenir” (12)

    Aucun des deux n’est croyant, cela n’empêchant pas une certaine forme de mysticisme. Julien Davenne, joué par Truffaut, dans La Chambre Verte (1978), rejette la présence du prêtre et se construit sa propre liturgie dans un culte rendu aux morts, si intense qu’il prend le pas sur la vie.

    “Mes rapports avec la vie sont très mystiques, mais les religions organisées, les dogmes me sont totalement étrangers, confie Romain Gary. Je me sens épouvanté par le rituel. Ceci dit, je suis incapable de croire qu’il n’y ait rien d’autre que nous…”(6)

     

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    Deux esprits libres

    Les deux hommes sont des esprits libres, tendres et cruels, critiques à l’égard de leur oeuvre, tourmentés, d’une sensibilité tendant à la mélancolie, d’une indépendance confinant à la solitude, et paradoxalement, inlassables curieux de la nature humaine. Alors que Truffaut en explore souvent les ressorts dans l’espace triangulaire de la passion amoureuse (Jules et Jim, Le Dernier Métro…), qu’il n’a jamais vraiment milité que pour la défense du cinéma, Gary est agité de questionnements plus politiques.

    Gary est un combattant acharné ; “même si aucun livre au monde ne pourra briser le cou à la haine”, il porte en lui un grand ”espoir de fraternité “, pilier de toute son oeuvre. Dans Les Racines du Ciel, le personnage principal se bat contre le massacre des éléphants en Afrique. Morel est l’allégorie de Gary, révolté par la privation de liberté, l’abus de pouvoir, l’injustice, le racisme, le fanatisme, la lâcheté… “Tous mes personnages sont des contestataires. C’est peut-être le seul fil conducteur de toute mon oeuvre. Il n’existe pas un roman de moi qui ne soit une protestation… C’est mon rôle d’écrivain de gueuler comme un écorché” estime Gary (6), toujours fidèle aux idéaux de sa mère. “Quand on pense à l’histoire de l’homme, on s’aperçoit que la plus grande puissance spirituelle humaine, c’est la Connerie, avec un C majuscule“. Ecœuré par l’indignité, la fin de la grandeur européenne, la médiocrité humaine…, Gary ne renonce pas. “Mes airs amusés et ironiques ne tromperont personne : le phénomène humain continue à m’effarer et à me faire hésiter entre l’espoir de quelque révolution biologique et de quelque révolution tout court” (13). Gary assouvit sa soif de changer le monde et les hommes dans ses romans, où in fine l’humour et l’innocence triomphent.

     

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    De la fiction, faire une réalité

    En 1975, Gary porte la mystification à son paroxysme, en organisant l’escroquerie littéraire du siècle. Il change de nom pour signer La Vie Devant Soi. “Il y avait la nostalgie de la jeunesse, du début, du premier livre, du recommencement… C’était une nouvelle naissance. Tout m’était donné encore une fois. J’avais l’illusion parfaite d’une nouvelle création de moi-même par moi-même” (12)

    La duplicité va plus loin. Dans un mouvement contraire au processus créatif classique, qui va du vrai à la fiction, Gary fait de son invention, une réalité et trouve l’idée géniale de donner vie à son identité virtuelle. Il choisit Paul Pavlowitch, son petit cousin, pour endosser le rôle d’Emile Ajar. Duperie mémorable qui lui vaut, à ce jour, d’être le seul détenteur de deux prix Goncourt. Mais la mystification dépasse l’auteur. Gary enrage d’être enfermé dans “la combine métaphysique infernale” qu’il a lui-même échafaudée, et ne supporte pas de voir Paul Pavlowitch tirer gloire de sa propre création. Gary n’est plus maître de l’histoire et n’arrive plus à tirer les fils de sa marionnette.

     

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    C’est la fin

    La vie échappe à Gary et ne lui suffit définitivement plus. Reste à écrire le mot fin. Le 1er décembre 1980, dans son appartement parisien, il se tire une balle dans la bouche… Ce n’est qu’à titre posthume que Gary tombe le masque.

    L’imposture est révélée dans Vie et Mort d’Emile Ajar, publié le 17 juillet 1981. Mais là encore, le 3 juillet 1981, sa doublure, Paul Pavlowitch, préempte le devant de la scène et lui grille la vedette dans un témoignage lumineux d’intelligence, sur le plateau d’Apostrophes, pour la parution de son livre L’homme que l’on croyait. Paul Pavlowitch s’interroge : “Je ne sais pas si Gary était vraiment, je ne sais pas s’il a vécu par lui-même. J’ai tendance à croire qu’il n’existait pas “… (14)

    Quatre ans plus tard, Truffaut succombe d’une tumeur au cerveau.

     

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    Encore aujourd’hui

    De leur vivant et encore aujourd’hui, l’un et l’autre obtiennent un succès international. Truffaut obtient l’Oscar du meilleur film étranger pour La Nuit américaine en 1974. Il est admiré de Spielberg qui, en 1977, lui confie un rôle dans Rencontres du troisième type. Gary est un écrivain adulé en Allemagne, en Pologne et aux Etats-Unis.

    Leurs films et romans se relisent et se revoient avec un plaisir changeant à mesure que nos vies passent. Et quand l’un et l’autre s’amusent à faire résonner l’écho d’une oeuvre à l’autre, qu’on reconnaît des répliques déjà prononcées, comme fiers d’avoir saisi le clin d’œil, on a cette délicieuse impression de les avoir approchés.

     

    Auteur: Anne Rohou

     

     

     

    [kleo_divider type= »full » double= »no » position= »center » text= »Notes » class= » » id= » »]

     

    1. Les Oiseaux vont mourir au Pérou, titre d’une de ses nouvelles, (Folio Gallimard, 1962); Kill! (1972).
    2. Les Racines du ciel de John Huston (1958); Clair de femme de Costa-Gavras (1979); Au-delà de cette limite, votre ticket n’est plus valable de George Kaczender (1981) ; La Vie devant soi de Moshé Mizrahi (1977); Les Cerfs-volants de Badel (1984) et de Jérôme Cornuau (2007); Adaptation de La Tête coupable, The impostors réalisé par Frédéric Blum.
    3. Tirez sur le pianiste de David Goodis, 1960; Jules et Jim de Henri-Pierre Roché 1961; Farenheït 451 de Ray Bradburry, 1966; La mariée était en noir 1967 et La Sirène du Mississipi, 1969, de William Irish
    4. La Promesse de l’Aube (1960, Gallimard)
    5. Les films de ma vie de François Truffaut, Flammarion, 1975.
    6. Romain Gary, Le Nomade multiple, 2 CD, entretien avec André Bourin, Archives sonores, Les grandes heures Ina/France culture, diffusées sur France Culture en mai et juin 1969.
    7. Les Racines du ciel de Romain Gary en 1956 et La vie devant soi d’Emile Ajar en 1975.
    8. Il signe Emile Ajar Gros-Câlin 1974, La Vie devant soi, 1975 et L’Angoisse du roi Salomon, 1979, Gallimard
    9. Entretien télévisé avec Jacques Busnel dans l’appartement parisien de Romain Gary, archives Ina.
    10. Romain Gary, le caméléon de Myriam Anissimov. Ed. Denoël
    11. François Truffaut d’Antoine de Baecque et Serge Toubiana, Biographies, Ed. Gallimard, 1996.
    12. La Nuit sera calme, 1974, Gallimard.
    13. Citation de Romain Gary, au sujet du recueil de nouvelles Les oiseaux vont mourir au Pérou (Gloire à nos illustres pionniers), Folio, 2009
    14. Apostrophes, interview de Paul Pavlowitch, 1981, Antenne 2, archives Ina