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  • 1979, l’année qui changea le monde, Episode 05 : « Le Forum des Halles »

     

    [kleo_pin type= »circle » left= »yes » right= » » top= » » bottom= » »]          « FOCUS » : un article de fond sur un thème que nos rédacteurs ont sélectionné.

     

     

    L’année 1979 est définitivement une année-charnière, comme la fin d’un cycle. Elle scelle le sort des dernières utopies. Le monde prend une pelle et enterre à la hâte les cadavres encore fumants de nos illusions perdues. Après 1979, rien ne sera plus vraiment comme avant…

     

    Coincée à la fin d’une décennie qui paraît un peu creuse, durant laquelle les dirigeants politiques semblent manquer de charisme (le pâle Carter face au cowboy médiatique Reagan, VGE après De Gaulle et Pompidou), l’année 1979 n’attire décidément pas les flashes. Et pourtant… Que d’événements considérables ont eu lieu cette année-là, autant de tremblements qui ont marqué la face du monde et dont on ressent encore les répliques quarante ans plus tard.

    Révolution iranienne, arrivée de Saddam Hussein au pouvoir en Irak, début de la Guerre d’Afghanistan qui mènera à la chute de l’URSS et à l’apparition du terrorisme islamiste, second choc pétrolier et crise économique mondiale, paix entre Israël et l’Egypte, fin des Khmers Rouges… Il n’est pas insensé de penser que 1979 a en réalité été l’année la plus importante de l’après-Seconde Guerre Mondiale.

     

    Cette année 2019 est ponctuée de deux anniversaires. Il y a 50 ans, du 28 février au 2 mars 1969, les « Halles Centrales » partaient à douze kilomètres de Paris, à Rungis. Dix ans plus tard, le 4 septembre 1979, était inauguré le Forum des Halles, en présence de Jacques Chirac, Maire de Paris. 

     

    Il y a soixante ans, le 6 janvier 1959, au terme de longs débats, le Conseil des Ministres décide par ordonnance de transférer les Halles de Paris à Rungis et à la Villette. Malgré la mobilisation d’une partie de l’opinion en faveur du maintien des pavillons de Baltard in situ, leur démolition commence en 1971, deux ans après le déménagement des Halles Centrales et l’ouverture du nouveau marché de Rungis, au sud de Paris, devenu le plus grand marché de produits frais au monde en approvisionnant plus de 18 millions de personnes.

    Pour mieux appréhender ce microcosme et ses usages avant qu’il ne disparaisse à jamais, Daniel Karlin partait en 1969 à la rencontre de ces travailleurs du marché des Halles Centrales, aussi surnommées par Zola « le Ventre de Paris ». On y croisait ces témoins de métiers aujourd’hui disparus : une approvisionneuse qui vendait les produits qu’elle achetait aux maraîchers, un tasseur qui montait des tas de légumes sur le carreau des Halles, Marius dont le bistrot était face au Pavillon de la Marée ou encore le plus ancien mandataire de viande, arrivé aux Halles en 1915.

     

    Mémoires d’un vieux quartier | ORTF | 08/10/1969 (Images d’archive INA)

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    Suite au déménagement en 1969 des Halles de Paris, installées depuis le 12ème siècle en plein coeur de la capitale, dans l’actuel 1er arrondissement, vers la banlieue de Rungis (Val-de-Marne), des habitants du quartier, d’anciens commerçants, vendeurs et « Forts des Halles » témoignent, avec nostalgie, de cette époque révolue où, du fait de sa localisation au centre de Paris, il existait une réelle ambiance et confraternité entre les résidents des Halles. Commentaire sur images factuelles et d’archives, interviews, témoignages et explications de ce qui sera construit à la place des anciennes Halles, sur fond de travaux publics, d’ouvriers, de chantier des nouvelles Halles et d’images du quartier, constituent la base de ce reportage tourné en 1977.

     

    Images d’archive INA | 19/12/1977

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    Ce déménagement permet ainsi de concevoir une vaste opération d’urbanisme au cœur même de la capitale, pour redynamiser le centre de la rive droite. Le projet du Forum des Halles voit le jour, afin de créer une véritable ville souterraine, liée aux transports en commun et comportant des équipements commerciaux, culturels, sportifs et de loisirs. Cette orientation est confirmée par la décision gouvernementale d’y réaliser le point central d’interconnexion du RER, le Réseau Express Régional, situé à plus de 20 mètres sous terre.

    Durant l’été 1971, la démolition des Halles Baltard est donc rendue nécessaire afin de créer, à ciel ouvert, la gare souterraine du RER. Le vide et l’espace vacant laissé sur la partie ouest du site reçoivent rapidement le surnom de « Trou des Halles ». Au cinéma, le site sert, en 1973, à la transposition en plein Paris des aventures de Buffalo Bill, du général Custer et des indiens dans « Touche pas à la Femme Blanche », interprété par Marcello Mastroianni et Philippe Noiret. On l’aperçoit également dans « Les Gaspards », ayant pour thème les grands travaux de cette époque.

    Ce « Trou des Halles » symbolisera durant plusieurs années cette France en pleine mutation, entre traditions séculaires et modernité, et marquera l’entrée du pays dans la société de consommation et des loisirs. Malgré les résistances, c’est un monde qui disparaît avec la fin des « Halles Centrales ». La faune du quartier des Halles dans ces années 70, entre petits maquereaux, receleurs, dealers et punks, s’accroche à ses dernières chimères…

     

    Aujourd’hui Magazine | Antenne 2 | 19/12/1977 (Images d’archive INA)

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    A partir de 1979 et l’inauguration du Forum des Halles, le quartier des Halles verra déferler massivement, grâce à l’interconnexion du RER, une jeunesse en mal de consommation et de loisirs, fuyant l’ennui des cités-dortoirs. Les petites frappes de la décennie précédente se voient supplantées peu à peu par la nouvelle délinquance à la mode « banlieue », bâtissant la triste réputation du quartier jusqu’à sa nouvelle réhabilitation dans les années 2010.

    L’inauguration du Forum des Halles a lieu le 4 septembre 1979, en présence de Jacques Chirac, maire de Paris. 190 enseignes s’installent sur 43.000 m2 répartis sur quatre niveaux. L’ensemble de cette première tranche comprend 70.000 m2, auxquels il faut ajouter 50.000 m2 de parcs de stationnement.

     

    Sources : Wikipedia / Ina Vintage

     

     

     

  • Les 50 ans de Woodstock : la célébration impossible

     

     

    Le 15 août 1969, Le « Woodstock Music and Art Fair » ouvrait ses portes, pour trois jours de concerts qui allaient marquer l’histoire de la musique comme celle de la contre-culture, d’abord aux Etats-Unis, alors en pleine tourmente, puis partout dans le monde. Les initiateurs du festival historique de 1969 rêvaient d’organiser son « remake » en août 2019, pour en célébrer le 50ème anniversaire. Mais l’événement a du être annulé, de guerre lasse, après de multiples défections d’artistes et changements de lieux susceptibles d’accueillir Woodstock 2019.

     

    Au printemps 1969, personne, et encore moins les jeunes organisateurs de cet événement qui allait marquer l’histoire, ne pouvait prévoir que le festival de Woodstock deviendrait à ce point emblématique de toute une génération et du mouvement hippie naissant. Avec son message idéaliste de paix et d’amour, il tranchait avec la décennie finissante, faite de contestation violente et de meurtres, sur fond de guerre du Vietnam.

    En 1969, la société américaine est en effet fracturée comme elle ne l’avait jamais été auparavant, entre manifestations contre cette guerre à l’autre bout de la planète, le mouvement des droits civiques et les assassinats de Martin Luther King Jr et Robert Kennedy, un an plus tôt. Ultime remède à la colère, Woodstock promet « trois jours de paix et de musique ».

    A l’origine du projet, il s’agissait avant tout de promouvoir, avec une série de 32 concerts, la fine fleur de la musique populaire américaine, qu’elle fût montante ou déjà confirmée. C’était donc il y a 50 ans, du 15 au 18 août 1969, un temps où le rock venait tout juste de naître, où porter les cheveux longs était un acte de rébellion et où les manifestations contre la guerre étaient quasi-quotidiennes.

    Entre 400.000 et 500.000 personnes devaient ainsi rallier les champs de luzerne détrempés appartenant à un certain Max Yasgur, pour entendre des musiciens vedettes de l’époque, comme Janis Joplin ou Jimi Hendrix, dans une atmosphère de liberté et de fraternité, illustrée par les images devenues cultes de ces jeunes gens marchant à moitié nus, voire complètement, main dans la main, partageant herbe ou acide, au beau milieu du déchaînement des éléments…

    Les organisateurs avaient initialement prévu d’accueillir 50.000 spectateurs et fixé à 18 dollars le prix des billets, pour ces trois jours de musique réunissant des groupes aux noms devenus mythiques comme Creedence Clearwater Revival, The Who ou encore Crosby, Stills, Nash and Young. Mais les initiateurs du projet, John Roberts, Joel Rosenman, Michael Lang et Artie Kornfeld, tous âgés à l’époque d’une vingtaine d’années, avaient dû se résigner à rendre l’accès du site libre, confrontés à des embouteillages monstres qui paralysaient toutes les routes de campagne menant à Bethel, à une centaine de kilomètres au sud-ouest de la ville de Woodstock. De surcroît, dès les premiers accords, des trombes d’eau se mirent à tomber, transformant la prairie en un immense champ de boue.

     

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    « C’était légendaire » 

     

    Sri Swami Satchidananda, maître yogi venu d’Inde, devait donner le ton du festival en l’ouvrant par un appel à la compassion. « Je suis ravi de voir tous les jeunes d’Amérique rassemblés ici au nom de cet art qu’est la musique », déclarait cet homme mince et barbu, assis en tailleur, entraînant la foule dans des vibrations de sons « Om̐ ». D’autres chants plus musclés allaient suivre : Joe McDonald du groupe de rock psychédélique Country Joe and the Fish allait faire reprendre par l’assistance un retentissant « Fuck », avant d’entonner le chant anti-guerre par excellence, « I Feel Like I’m Fixin’ to Die Rag ».

    Alors que des milliers de gens repartaient déjà vers le « monde réel », en ne se rendant aucunement compte qu’ils venaient d’écrire une des plus grandes pages de l’histoire des années 60, le festival se terminait sur une réinterprétation hautement contestataire de l’hymne national américain, « The Star-Spangled Banner », par Jimi Hendrix. La guitare du gaucher légendaire figurait les attaques des bombardiers au Vietnam et les explosions mortelles mêlées aux notes de l’hymne.

     

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    Comme un film torpillé par la critique avant de devenir culte, l’événement avait alors été traité avec dédain par les grands médias. « Les rêves de marijuana et de rock ont attiré quelque 300.000 fans et hippies dans les Catskills, guère plus sains d’esprit que les lemmings qui se jettent dans la mer pour mourir », jugeait le New York Times dans un éditorial du 18 août 1969. Annie Birch, festivalière âgée de 20 ans à l’époque, se souvient au contraire d’un moment « très paisible, vu la masse de gens réunis pour l’occasion ». « Malgré cette pluie démentielle, on avait un feu étonnant qui ne s’éteignait jamais », a-t-elle indiqué. « Tous ces groupes sont devenus mythiques (…) C’était légendaire ». Un demi-siècle plus tard, Annie Birch, désormais septuagénaire, s’estime « heureuse » d’avoir participé à un événement aussi marquant. « Je resterai éternellement dans l’espoir que, pour le bien de l’humanité, une célébration aussi incroyable puisse se reproduire », dit-elle. « Je préfère infiniment l’amour et la paix à la guerre et la haine ».

     

     

    Peur des attentats et des fusillades

     

    Mais cinquante ans après, une répétition du Woodstock originel s’est donc avérée impossible à organiser, dans un pays désormais hanté par la peur des attentats et des fusillades. Les initiateurs du festival d’août 1969 rêvaient pourtant d’un « remake », afin de célébrer dignement ce 50ème anniversaire. Leurs efforts se sont révélés vains, à l’ère des détecteurs de métaux, des chiens renifleurs de bombe et des fouilles systématiques de sacs. « On n’autoriserait pas, de nos jours, un événement comparable à Woodstock », souligne Stuart Cameron, chef de la police du comté de Suffolk, à l’est de New York, et spécialiste de la sécurité des festivals. « Il y aurait trop de risques pour la sécurité du public ». Les comptes rendus de l’époque sont parfois contradictoires, mais les trois jours du festival en 1969 n’auraient fait que deux morts : l’un écrasé par un tracteur de nettoyage et un autre (au moins…) décédé d’une overdose.

    Pour cet anniversaire avorté, Michael Lang, l’un des organisateurs du festival originel, avait pourtant invité quelque 80 groupes ou musiciens à venir jouer, du rappeur Jay-Z à Santana, espérant faire renaître, cinquante ans plus tard et le temps d’un week-end, l’esprit du Woodstock de 1969. Mais impossible de trouver un paysan prêt à les accueillir sur son terrain. Les organisateurs se sont aussi vu refuser l’un après l’autre les permis nécessaires, pour des raisons tenant au dispositif d’assistance médicale, à l’eau, à la nourriture ou au personnel de sécurité. Au-delà du simple aspect sanitaire, la multiplication des fusillades et attentats ces dernières années aux Etats-Unis, notamment lors de concerts, a sensiblement compliqué l’organisation de ce genre de rassemblements de masse.

    « Autrefois, on s’inquiétait surtout des gens qui introduisaient alcool et drogues en douce, maintenant ce sont ceux qui apportent des armes de destruction massive pour tuer tout le monde », souligne Joseph Giacalone, détective retraité, qui travailla longtemps à sécuriser les célébrations du Nouvel An à Times Square à New York. Et l’ex-détective de lâcher : « La société a changé au cours des 20-30 dernières années (…) Les gens qui ont vécu les années 1960 ne connaîtront plus jamais la même expérience ».

     

     

     

    Source : Woodstock Official, France Info et Wikipedia

     

     

     

  • Jim Morrison | Le futur de la musique (1969)

    Jim Morrison | Le futur de la musique (1969)

     

     

    Dans une interview datant de 1969, Jim Morrison est questionné à propos de sa vision du futur de la musique. Il nous livre alors une analyse plutôt claire, mais surtout curieusement visionnaire…

     

    Il évoque le mariage de la musique noire et de la musique blanche traditionnelle, qui ont enfanté le rock’n’roll, et le chanteur des Doors prédit ensuite rien de moins que l’arrivée de la musique électronique, près de 20 années avant son avènement. Et ça donne ça…

     

    « Je pense qu’aujourd’hui, les deux genres qui sont les piliers de la musique de ce pays sont d’une part la black music, le blues, et d’autre part la musique folk qui prend ses racines en Europe. J’imagine qu’on appelle ça country music. Ce sont les deux courants mainstream aux États-Unis. Il y a dix ans, ce qu’on a appelé le rock’n’roll était un mélange de ces deux formes. »

     

    « J’imagine que dans quatre ou cinq ans, les nouvelles générations reviendront à une synthèse entre ces deux mouvements, plus un troisième qui s’appuiera davantage sur l’électronique et les bandes magnétiques. On peut tout à fait imaginer une seule personne, entourée de machines, de bandes, d’éléments électroniques, qui chanterait ou parlerait, et utiliserait ces machines. »

     

    Amazing…

     

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    [kleo_icon icon= »link » icon_size= »large »] The Doors